Digitized by the Internet Archive
in 2018 with funding from
Getty Research Institute
https://archive.org/details/rapportsdujuryin64expo
MINISTÈRE DU COMMERCE, DE L’INDUSTRIE
ET DES COLONIES
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
À PARIS
— - - - ~
RAPPORTS DU JURY INTERNATIONAL
PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION
DE
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
M. ALFRED PICARD
INSPECTEUR GÉNÉRAL DES PONTS ET CHAUSSÉES, PRÉSIDENT DE SECTION AU CONSEIL D’ÉTAT
RAPPORTEUR GÉNÉRAL
Groupe VI. — Outillage et procédés
(4e partie)
CLASSES 53 À 59
M DCCC XCI
RAPPORTS DU JURY
SUR
L’EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
MINISTERE DU COMMERCE, DE L’INDUSTRIE
ET DES COLONIES
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
À PARIS
RAPPORTS DU JURY INTERNATIONAL
PUBLIES SOUS LA DIRECTION
DE
M. ALFRED PICARD
INSPECTEUR GÉNÉRAL DES PONTS ET CHAUSSÉES, PRÉSIDENT DE SECTION AU CONSEIL D’ÉTAT
RAPPORTEUR GÉNÉRAL
Groupe VI. — Outillage et procédés des industries mécaniques
(4e partie)
CLASSES 53 À 59
M DCCC XCI
CLASSE 53
Machines-outils
RAPPORT DU JURY INTERNATIONAL
PAR
M. LE COMMANDANT PLY
CHEF D’ESCADRON D’ARTILLERIE
Groupe VI. — îv.
nu» r. ni
COMPOSITION DU JURY.
MM. Léon, Président, ingénieur principal du matériel à la Compagnie des che¬
mins de fer de Paris, Lyon à la Méditerranée, membre du jury des ré¬
compenses à l’Exposition de Paris en 1878 . France.
Flamme (J. B.), Vi ce- Président , ingénieur en chef au chemin de fer de
l’État . Belgique.
Ply (le capitaine), Rapporteur, adjoint à l’inspection des manufactures
d’armes . France.
Labouret (le capitaine), Secrétaire, attaché au Laboratoire central de la
marine . France.
Goodwin (Ch. B.) . Etats-Unis.
Perry (John), membre de la Société royale de Londres, professeur à l’In¬
stitut technique de Londres . Grande-Bretagne.
llouART (Henri), constructeur-mécanicien, médaille d’or à l’Exposition de
Paris en 1878 . France.
Vaslin ( Henri ) , suppléant . Grande-Bretagne.
1 .
' •
MACHINES-OUTILS.
INTRODUCTION.
Le nombre des exposants réels dans la classe 53 a été de i5a. Il a été accordé
1 28 récompenses ainsi réparties :
Grands prix . 5
Médailles d’or . 2 4
Médailles d’argent . 36
Médailles de bronze . 37
Mentions honorables . 26
De plus, 4 exposants ont été hors concours, comme membres du jury dans diverses
classes.
Nous donnons à la fin du rapport la liste des exposants hors concours et des expo¬
sants récompensés, ces derniers classés dans chaque genre de récompenses par ordre
alphabétique, et nous y joignons l’indication sommaire des objets exposés. Cette liste
servira de complément utile au rapport; il aurait été intéressant d’examiner séparément
l’exposition de chacun afin d’en faire ressortir les mérites, mais, outre qu’un semblable
travail eût été long, difficile et même délicat, il n’aurait pas été conforme au but que
nous avons à remplir, qui est de chercher à tirer de ce que nous avons vu des ensei¬
gnements d’intérêt général, abstraction faite, autant que possible, de toute considé^
ration capable de profiter ou de nuire a des intérêts particuliers.
Notre rôle serait de signaler les progrès accomplis dans les dernières années et
particulièrement depuis l’Exposition de 1878. Nous nous efforcerons de le faire, autant
qu’il nous sera possible de distinguer clairement l’existence d’un progrès incontestable.
Mais nous reconnaissons qu’il y a là une très grande difficulté, eu égard à la nature
du matériel dont se compose la classe 53. Celle-ci comprend, en effet, principalement
les machines de construction qui, par leur mode d’emploi, sont intermédiaires entre
les machines motrices et les machines de fabrication courante; tandis que ces dernières
s’appliquent à des travaux de nature parfaitement déterminée et peuvent, par cela
même , utiliser tous les genres de mécanismes, même les plus complexes, pourvu qu’ils
s’adaptent au but particulier auquel ils sont destinés, les machines de construction
doivent pouvoir répondre à des exigences très diverses, se prêter à l’exécution des tra¬
vaux les plus variés et surtout au passage facile de l’un à l’autre; ce caractère d’univer¬
salité, qui est leur principe même, entraîne la simplicité de leurs dispositions d’en-
6
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
semble et une certaine communauté de dispositions de détail pour les divers modèles;
on pourra réunir sur une même machine un plus ou moins grand nombre de méca¬
nismes, mais on n’en fera jamais qu’une machine composée d’éléments de machines
simples.
En outre, les machines de construction sont très probablement, ou du moins à peu
d’exceptions près, les plus anciennes en date , puisqu’elles ont servi à la confection des
autres; on peut même dire qu’elles existaient seules à l’époque où l’industrie n’était
qu’à l’état d’enfance : elles suffisaient alors à la fabrication d’objets dont l’usage peu
développé ne rendait pas utile la création de machines spéciales; c’est, d’ailleurs, en¬
core à elles que l’on a recours aujourd’hui pour l’exécution de travaux accidentels.
Elles ont, par suite, été étudiées de tout temps; elles ont reçu, les premières, l’appli¬
cation des mécanismes trouvés aux divers âges; elles se sont seulement modifiées pro¬
gressivement dans leurs formes et leurs dimensions, pour s’adapter aux exigences
croissantes des autres industries; la fraise même, l’outil à la mode de nos jours, n’est
nullement d’invention récente, et la machine à fraiser n’est autre chose qu’un tour un
peu modifié.
Nous ne pouvons donc guère espérer rencontrer dans les machines de construction
des découvertes saillantes, comme il s’en produit tous les jours dans les branches plus
jeunes de l’industrie s’adressant à des agents encore incomplètement connus et pleins
de promesses en révélations étonnantes, telles que l’électricité, le magnétisme, la lu¬
mière et la vapeur elle-même, ou qui, exploitant les besoins de bien-être et de luxe de
l’homme, sont assurées du succès en lui offrant abondamment et à bon marché les
objets de ses désirs : tissus, étoffes, meubles, bijoux, matières d’alimentation, etc.
Les machines de la classe 53 n’offrent pas moins pourtant la marque de progrès
très sérieux, mais il faut les chercher dans un esprit général de perfectionnement plutôt
que d’invention; en modifiant leurs modèles et en augmentant leur nombre, les con¬
structeurs se sont efforcés non seulement de les approprier à une variété plus grande
de travaux, mais encore d’accroître leur capacité de production, leur commodité d’em¬
ploi et d’entretien, ainsi que leur durée; beaucoup ont manifestement accordé une
large part à la précision de l’exécution; les outils ont été l’objet d’une très grande solli¬
citude et ont reçu de nombreuses améliorations tant au point de vue de leurs formes et
de leur construction qu’à celui de leur entretien.
Toutefois il ne serait pas aisé de faire la part de progrès qui revient aux dernières
années et de ne parler que d’elle en négligeant les dispositions déjà anciennes et connues.
Il ne serait pas non plus équitable d’omettre des modèles qui, précisément parce qu’ils
sont excellents, ont été représentés sans avoir subi de modifications importantes depuis
1878. D’un autre côté, nous savons pertinemment que l’Exposition est loin de ren¬
fermer toutes les dispositions récentes et de réel intérêt de machines et d’outils : bon
nombre de constructeurs très renommés n’y ont pas pris part, et ceux qui sont venus
n’ont exposé qu’une partie de leur portefeuille de machines. Il serait donc imprudent
MACHINES-OUTILS.
7
de présenter les modèles que nous avons eus sous les yeux comme donnant la note
exacte de la situation des machines-outils.
Nous avons pris le parti de traiter la question d’une façon générale et de noter tous
les objets qui nous ont paru avoir quelque intérêt, quelle que fût, d’ailleurs, l’époque
de leur introduction dans le domaine industriel. Nous classons le matériel par catégories;
nous cherchons à définir, quand cela est possible, le type d’ensemble de chaque caté¬
gorie et à en spécifier les points essentiels, sans nous arrêter aux dispositions de détails;
nous signalons à part les modèles qui offrent des écarts marqués par rapport à ce type ;
quant aux machines qui se trouvaient être seules de leur espèce, nous en faisons une
description succincte. Par ce moyen , et avec l’aide de la liste des objets exposés par
chacun, nous avons pensé pouvoir représenter l’aspect de la classe et donner une idée
suffisamment approchée de son contenu et de ses particularités les plus intéressantes.
DIVISION DU MATÉRIEL DE LA CLASSE.
Le matériel examiné par le jury de la classe 53 comprend les catégories suivantes :
i° Machines et outils servant au travail des métaux :
Machines employant des outils coupants : tours, machines à raboter, à mortaiser, à
percer et à aléser, à tarauder, a fraiser, à scier;
Meules et machines a meuler;
Machines à outils de pression : clécoupoirs, poinçonneuses, cisailles, machines a
emboutir ;
Machines à outils de choc : marteaux-pilons;
Machines affectées spécialement au travail des tôles et des fers en bandes;
Matériel d’ajustage, de traçage, de mesure et de vérification, d’essai des matières.
2° Machines servant à l’exploitation de la pierre et des matériaux pierreux :
Machines à scier, à broyer, à malaxer, à polir.
Nous suivrons cette division pour l’étude du matériel. Mais, auparavant, nous pré¬
senterons quelques observations dans lesquelles nous rappellerons les conditions à
remplir par les parties principales des machines et des outils. Nous traiterons, en
même temps, certaines questions générales s’appliquant à l’ensemble des machines.
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
8
CHAPITRE PREMIER.
OBSERVATIONS GÉNÉRALES.
Distinction entre le matériel de construction et le matériel de fabrication. — Importance de la précision dans
l’exécution du matériel. — Etude des machines : arbres principaux; surfaces de frottement; de la masse dans
les machines. — Outils; machine à extraire l’huile des copeaux. — Transmission de la force motrice aux
machines-outils portatives.
Distinction entre le matériel de construction et le matériel de fabrication. — Les diverses
catégories du matériel de la classe peuvent rentrer dans deux groupes principaux : ma¬
tériel de construction , matériel de fabrication ; le premier devant se prêter à des tra¬
vaux variés, le second disposé essentiellement en vue d’effectuer des opérations parfai¬
tement déterminées. A la limite de séparation des deux groupes se placent certaines
machines qui, par leurs caractères généraux, sont des machines de construction, mais
qui peuvent devenir facilement des machines de fabrication, grâce à l’addition de
quelques dispositifs appropriés au genre de travail à exécuter, dispositifs auxquels
convient très bien la dénomination d’appareils, augmentant le nombre des mouve¬
ments disponibles, ou donnant le moyen de mettre en place rapidement et sûrement
les pièces à usiner.
Nous ferions volontiers un troisième groupe de ces machines mixtes. Malheureuse¬
ment, l’Exposition ne nous en a montré que peu d’exemplaires, et elle nous les a
montrés généralement incomplets, c’est-à-dire sans leur appareillage. A la vérité, il
ne pouvait guère en être autrement; car il eût fallu transporter au Champ de Mars des
ateliers complets, avec les jeux de machines que comportent les séries d’opérations à
exécuter sur une même pièce. Nous croyons toutefois devoir signaler ce côté défectueux
de l’exposition des machines-outils, commun d’ailleurs aux machines de construction
et aux machines mixtes; sauf de rares exceptions, elles apparaissent comme des pro¬
duits de fabrication, et non dans leur véritable rôle, qui est celui de producteurs; ne
les voyant pas à l’œuvre, non seulement le public ne s’intéresse pas à elles, mais les
gens du métier eux-mêmes, pour qui leur étude offre un sérieux intérêt, peuvent
difficilement se rendre compte de toutes leurs dispositions et les apprécier à leur va¬
leur.
Les machines de construction et les machines de fabrication demandent à être exa¬
minées à des points de vue sensiblement différents. Les premières, afin de satisfaire à
leur principe de généralité, doivent posséder un certain nombre de mouvements pour
le déplacement soit de la pièce, soit de l’outil; ces mouvements doivent être indépen-
MACHINES-OUTILS.
9
dants les uns des autres; toutefois il faut prévoir cpie plusieurs pourront avoir à agir
simultanément et préparer les moyens de réaliser leur combinaison suivant des lois va¬
riables; les uns pourront servir uniquement au réglage préliminaire, les autres servi¬
ront pour le réglage comme pour le travail. Il résulte de là que ces divers mouvements
ne peuvent être que des mouvements simples, rectilignes ou circulaires, et ceux d’entre
eux auxquels on donne la propriété d’être automatiques ne peuvent être qu’uniformes
ou alternatifs, suivant une règle invariable. Les constructeurs n’ont donc de latitude
que pour le choix du nombre des mouvements, la disposition relative des uns par
rapport aux autres, leur amplitude, les rapports de vitesse à établir entre eux, la na¬
ture des organes de commande, enfin les dimensions des diverses parties. De ce choix,
qui constitue la conception de la machine, résulte, selon qu’il a été plus ou moins
heureux, la valeur de la machine au point de vue de son emploi dans la pratique.
Certes, le nombre des moyens utilisables est assez grand pour que dans une même
catégorie de machines il se produise beaucoup de variétés de types ; les constructeurs
peuvent même s’exercer à réunir sur un seul bâti plusieurs catégories de machines,
faire des machines qui servent à la fois à raboter et à fraiser, comme celle de M. Steinlen ;
ou à percer, aléser et fraiser verticalement ou horizontalement, comme celle de la So¬
ciété d’Albert; ou encore à fraiser, percer et mortaiser, comme celle de M. Prétot.
Tous ces dispositifs peuvent présenter des avantages sérieux et, en particulier, être,
dans certains cas, d’une très grande commodité par suite de la simplification apportée
à la manipulation des pièces lourdes ; nous y voyons même volontiers une tendance à
accroître le degré de précision du travail. Il n’est pas moins vrai qu’on y trouvera dilfi-
cilement les éléments d’une invention réelle, capable de révolutionner les méthodes ou
l’économie du travail.
Les machines de fabrication ayant, au contraire, à exécuter des programmes en gé¬
néral nettement définis offrent une grande latitude dans le choix des outils à employer,
des mécanismes à mettre en œuvre pour les actionner, et des dispositions de l’ensemble
des mécanismes. On peut dire qu’il suffit d’avoir posé le problème, on est alors près
de sa solution ou du moins d’une de ses solutions; car celles-ci sont pour ainsi dire
en nombre infini. Il y a là deux points de vue à considérer : d’abord la découverte de
l’idée elle-même, qui est la véritable invention, et ensuite la première réalisation de
l’idée et les perfectionnements ultérieurs des procédés; l’un et l’autre offrent un vaste
champ à l’activité des chercheurs. Le progrès peut être, de ce côté, très apparent : nous
voyons en effet chaque jour apparaître soit un objet nouveau, soit une machine pré¬
sentant sur ses devancières des avantages de rapidité, d’économie ou de qualité de pro¬
duction; sans sortir de notre classe, nous pouvons citer la fabrication des vis qui a
passé successivement par le tour simple et la filière à main, les machines à décolleter
et enfin les machines complètement automatiques; ces dernières offrent elles-mêmes
des procédés très distincts, puisque les uns emploient les outils coupants et la filière,
d’autres l’étampe et le laminoir. En un mot, les machines de fabrication représentent
10
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
le côté brillant des machines-outils, celui qui séduit le plus le public, comme aussi
les inventeurs; et, à la vérité, c’est évidemment là qu’il y a le plus à faire.
Quelque intéressantes que soient les machines de fabrication, comme elles sont en
trop petite quantité dans la classe 5 3 pour montrer des séries bien nettes et bien sui¬
vies de procédés, nous ne séparerons pas leur étude de celle des machines de construc¬
tion; celles-ci resteront notre objectif principal, et nous mettrons à la suite de chacune
des catégories entre lesquelles nous les avons réparties, les machines spéciales qui s’y
rattachent d’une façon plus ou moins directe.
Il ne faudrait pas conclure des réflexions précédentes que le matériel de construc¬
tion proprement dit que nous avons eu à examiner n’offre pas de particularités nou¬
velles; nous avons, au contraire, constaté que bon nombre de machines et d’outils réa¬
lisent un progrès considérable sur le passé; nous voulons seulement dire que ce progrès
n’est pas dans des inventions récentes; nous nous efforcerons de le montrer sous son
véritable jour; à notre avis, il réside dans les deux points suivants :
i° Extrême précision apportée dans l’exécution des parties essentielles des ma¬
chines et des outils, tendant à assurer l’invariabilité de leur position et leur conser¬
vation ;
2° Etude des divers éléments dirigée en vue de procurer aux machines le maximum
de puissance, de stabilité et de résistance aux efforts de flexion et de torsion provenant
de l’action des outils et des organes de mouvement, de réduire le nombre des mon¬
tages de pièces, de faciliter les réglages, les manœuvres dans le cours du travail et la
surveillance de l’ouvrier.
Nous nous étendrons quelque peu sur la considération de ces deux points, pour
tâcher de les dégager de l’ensemble de ce qui n’est que variétés de dispositifs, et de les
faire ressortir avec la valeur qui doit leur être attribuée.
Importance de la précision dans l’exécution du matériel. — Certains constructeurs s’é¬
tonneront peut-être que nous leur parlions de précision : la plupart ne doutent pas
qu’ils ne soient capables d’en atteindre le plus haut degré, à condition qu’on le leur
demande; si, d’habitude, ils ne font pas de précision, c’est parce que, disent-ils, la na¬
ture de leur industrie ne le comporte pas , ou la nécessité de la concurrence les force
de produire à bon marché. Beaucoup d’ouvriers, pris parmi les meilleurs, sont imhus
d’idées analogues : ceux-ci vous répondront qu’il n’est pas nécessaire d’avoir des outils
de qualité supérieure pour faire de bon travail, et ils se chargent de faire l’ouvrage le
plus précis avec un tour de rencontre, avec la lime et le burin. Sans mettre en doute
l’habileté de ces praticiens, il suffira de leur faire remarquer que, pour vérifier leur
travail, ils n’ont le plus souvent que des pieds à coulisse ou des palmers achetés chez
le quincailler, des règles et des équerres qui ont traîné à l’atelier pendant nombre
d’années; le tourneur se fie à son œil ou à la trace laissée par un morceau de craie
pour s’assurer qu’une pièce tourne rond, et, quand il a monté une pièce en lunette, il
MACHINES-OUTILS.
11
est certain de faire une surface concentrique à celle qui est prise dans la lunette. Ce
n’est pas ici le lieu de démontrer que de pareils moyens de mesure sont insuffisants
et que les procédés de travail les plus rationnels ont besoin de vérification ; mais nous
prierons ceux qui veulent bien admettre qu’ils ont encore quelque chose à apprendre
sur les méthodes de construction , de se reporter aux expositions des constructeurs les
plus renommés ajuste titre, tels que MM. Bariquand, Brown et Sharpe, Steilen; ils y
verront, à côté d’objets parfaitement exécutés, les instruments qui ont servi a les vérifier
dans le cours et à la fin du travail; ils remarqueront que ces instruments donnant
le centième et même le millième de millimètre, réglés d’après l’étalon de mesure du
pays , sont mis couramment entre les mains des ouvriers , et que ceux-ci veulent bien
en faire usage. Le tourneur, par exemple, a, outre le palmer, un comparateur à aiguille
amplificatrice qui lui dévoile les moindres traces de faux rond; le même instrument
permet, après le montage des arbres sur les machines, de s’assurer qu’ils tournent par¬
faitement dans leurs coussinets et que les logements intérieurs sont exactements con¬
centriques aux tourillons. Chez les mêmes constructeurs, on vérifie par des moyens
analogues le parallélisme et la perpendicularité des arbres et des chariots; les surfaces
frottantes n’admettent en aucune de leurs parties le passage d’une feuille de 1 cen¬
tième de millimètre d’épaisseur.
Un tel degré de précision peut sembler exagéré à ceux qui, fournisseurs ou ache¬
teurs, se croient obligés, pour des raisons quelconques de nécessité, de rechercher la
construction à des prix peu élevés. Nous ne les convaincrions sans doute pas en nous
contentant de leur opposer le vieux proverbe : « Il ne coûte pas plus de bien que de
mal faire ». Nous ne prendrons pas non plus ce proverbe au pied de la lettre, mais nous
le modifierons sans hésiter ainsi qu’il suit : « Si l’on peut gagner en fabriquant du ma¬
tériel médiocre, on perd au moins le double en s’en servant».
On peut évidemment faire des bénéfices en fabriquant mal ; mais les seuls moyens que
nous connaissions pour arriver à ce résultat sont d’employer des matières de qualité
inférieure et de payer la main-d’œuvre à vil prix. Nous estimons que l’intérêt du pro¬
ducteur est moins à considérer que celui du consommateur, autant du moins qu’il ne
s’agit pas d’articles de luxe.
Dans le cas présent, le consommateur est celui qui achète des machines et des outils
avec lesquels il fabriquera des produits industriels ; c’est le constructeur de machines
lui-même qui se sert de ses propres produits pour sa fabrication. Or, il est pour nous
absolument démontré qu’une fabrication ne peut être économique qu’à la condition
d’employer un bon outillage : une machine dont l’étude ou l’exécution est défectueuse
est sujette à des mouvements excentriques et irréguliers des arbres, à des déplacements
variables de la position des chariots , à des flexions et des torsions des divers organes
dont l’intensité change avec la résistance offerte à l’outil, à des modifications de vitesse
des pièces tournantes, au développement de forces centrifuges susceptibles parfois de
devenir dangereuses, à des frottements considérables sur les surfaces de glissement,
Vï
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
enfin à des vibrations et des trépidations incessantes de la pièce et de l’outil. Toutes
ces causes entraînent un excès de dépense de force motrice, l’usure très rapide des
machines et des outils , une exécution très imparfaite et manquant de toute certitude d’un
degré quelconque d’approximation. Ainsi, d’une part, les frais d’entretien du matériel
deviennent énormes, et leur valeur dépasse vite l’excédent de prix qu’on aurait dû
mettre à l’acquisition d’un meilleur matériel; d’autre part, les produits, de quelque
faible importance qu’en soit la qualité, doivent être repassés à d’autres machines ou,
ce qui est pis encore, au burin et à la lime.
On nous objectera peut-être que certaines machines travaillant, par exemple, clans
la poussière, l’émeri, le sable, le mortier, ont besoin de jeu dans toutes leurs parties
afin d’éviter les grippements, ou bien qu’il est certains ouvriers trop peu soigneux pour
qu’on puisse leur confier des machines délicates. A cela, nous répondrons que nous
ne croyons pas du tout à la nécessité des jeux, et nous citerons la machine de préci¬
sion par excellence, employée pour la rectification des surfaces cylindriques ou planes,
et dont MM. Brown et Sharpe ont été les auteurs; cette machine emploie comme outil
une meule d’émeri; les arbres, les chariots sont parfaitement ajustés, et cet ajustage
même les préserve de l’introduction de l’émeri entre eux et leurs appuis; d’ailleurs, les
constructeurs ont eu soin de couvrir et de protéger latéralement les surfaces de frotte¬
ment. Quant a la question d’entretien, on peut assurer que les machines bien con¬
struites sont celles pour lesquelles elle est le plus simple : il faut seulement renouveler
l’huile de temps à autre. Et, d’ailleurs, est-ce une exigence déraisonnable que de de¬
mander un peu de surveillance de la part des directeurs d’ateliers ?
Si, d’ailleurs, nos arguments, trop brièvement exposés, ne paraissent pas concluants,
nous adressons les incrédules aux établissements industriels de fabrication courante les
plus prospères, tels que les fabriques de machines a coudre, de montres, de tissus, etc.
Ils verront que ces établissements n’ont pu se développer, tout en produisant des
articles d’un bon marché étonnant, qu’en employant un matériel excellent réduisant
au minimum les frais de fabrication et les retouches manuelles. Nous pourrions mettre
les manufactures d’armes de l’Etat en regard des manufactures privées d’armes de luxe
si faiblement outillées malheureusement dans notre pays; la comparaison des prix de
revient devrait réjouir le contribuable qui, ayant à payer les frais d’un armement
énorme, s’en trouve, tous comptes faits, quitte a très bon marché.
Nous croyons donc avoir raison d’attribuer la plus grande importance à la précision
dans l’exécution du matériel de construction. Des observations du même genre s’ap¬
pliquent à son étude comprenant le nombre, la nature, la forme et l’arrangement des
organes, leur matière, leur masse, etc.
Elude des machines. — Les machines de construction, ayant a exécuter des travaux
très variés, doivent posséder des mouvements multiples. Toutefois il faut se garder
d’exagérer le nombre des parties mobiles, qui sont toujours des causes d’irrégularité
MACHINES-OUTILS.
13
dans le travail. On cherchera tout d’abord à assurer les positions respectives de la pièce
et de l’outil contre leur poussée mutuelle; on évitera, par exemple, dans une machine
a mortaiser, qu’a l’attaque de l’outil, la pièce commence par reculer et quelle recule
plus ou moins suivant que l’épaisseur du copeau est plus ou moins forte. Des effets de
ce genre sont évidemment favorisés par la présence d’un échaffaudage de chariots,
surtout dans les machines de petite et de moyenne grandeur; aussi, pour ces dernières,
a-t-on avantage à réduire au strict minimum le nombre des chariots et à compléter au
moment du besoin les mouvements nécessaires au moyen de montages légers, dont la
mise en place est facile et rapide. Grâce à ces montages, qui sont généralement pour¬
vus de mouvements circulaires, les machines deviennent aussi universelles que pos¬
sible ; nous en verrons chez M. Bariquand toute une collection destinée aux machines
â fraiser; nous en trouverons également chez MM. Brown et Sharpe, Steinlen, Schultz,
Demoor.
L’effet de recul entre la pièce et l’outil est encore favorisé notamment par le porte-à-
faux et la flexion des supports de l’une ou de l’autre , le déplacement des engrenages
qui commandent immédiatement les chariots. Le porte-à-faux des supports a été géné¬
ralement évité ou atténué d’une façon très satisfaisante, comme nous l’indiquerons dans
l’étude de chaque catégorie de machines. Quant au déplacement des engrenages de
commande des chariots, nous croyons utile de donner à son sujet quelques explica¬
tions.
Autrefois, les chariots à long parcours, pourvus ordinairement d’un mouvement
automatique, étaient souvent actionnés par une crémaillère et un pignon à dents
droites. Le contact entre ces deux éléments d’engrenage a lieu à chaque instant suivant
une génératrice de dent; la normale commune aux deux surfaces le long de cette géné¬
ratrice est oblique par rapport à la direction du chariot, et de cette obliquité résulte
une composante de la pression tendant à éloigner de la crémaillère l’axe du pignon,
effet qui peut se produire grâce au jeu de l’axe du pignon dans ses encastrements et
à l’élasticité meme de la matière; au moment d’un changement brusque de la résis¬
tance offerte à l’outil et par suite de la pression sur les dents, l’écartement de l’axe
du pignon et de la crémaillère change, le point de contact des dents se déplace, ce qui
équivaut à un retour en arrière du pignon; or, comme l’avance de la crémaillère est
égale dans un temps donné à l’arc de parcours de la circonférence primitive du pignon,
tout recul du pignon se traduit par un recul d’une quantité égale du chariot.
Aujourd’hui, dans la bonne construction, on tend à abandonner la crémaillère et le
pignon comme organes de travail, les réservant seulement pour les manœuvres de
réglage approché de certains supports, de retrait et de mise en place rapides des pièces
dans l’intervalle de deux opérations. On les remplace par une vis et un écrou ou une
portion d’écrou à filet carré ou très peu incliné; outre que l’appui se fait sur toute la
longueur de l’écrou ou au moins sur une grande partie, il a lieu suivant la direction
commune de Taxe de la vis et du chariot; il ne peut se produire d’action de recul de la
l/l
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
vis que suivant son axe; mais, pour que ce recul s’effectue, il faut que la vis tourne, ce
à quoi s’oppose le frottement sur les filets, et, quand même la vis tournerait d’une
petite quantité, le recul longitudinal qui en résulterait serait très faible, puisqu’il
serait à cette rotation dans le rapport du pas des filets à leur circonférence moyenne.
Dans quelques machines à raboter, on trouve un système intermédiaire : la crémaillère
est conservée; elle est à dents de flancs très peu inclinés; elle engrène avec une vis
dont l’axe est oblique par rapport à la direction du chariot, de manière que le filet de
la vis soit tangent à la dent de la crémaillère avec laquelle il est en prise ; le recul du
chariot ne pourrait guère se produire que par suite de la flexion de la vis, qu’on doit
alors faire très forte; cependant le peu d’étendue du contact de la crémaillère avec la
vis, qui n’a lieu que sur quelques filets, est encore un désavantage.
Les autres engrenages intercalés dans la commande des chariots, possédant ordi¬
nairement une vitesse relative très grande par rapport à celle des chariots, ont par eux-
mêmes peu d’influence pour faire varier cette dernière; par contre, leur forme défec¬
tueuse, de même que celle des engrenages de commande de l’outil, occasionne des
vibrations. Nous dirons qu’aujour d’hui tout constructeur qui se respecte n’emploie
plus que des engrenages taillés mécaniquement, aussi bien pour les mouvements lents
que pour les mouvements rapides; nous verrons des machines qui exécutent la taille
des roues d’angle, en particulier, d’une façon tout a fait théorique. Les roues cylin¬
driques à dents hélicoïdales prennent la place des roues a dents droites partout où
cela peut se faire sans gêner les manœuvres. Il résulte de là beaucoup de douceur et
de régularité dans les mouvements, une économie notable de force motrice et une
amélioration sensible de la qualité du travail.
Pour les machines de force, telles que les découpoirs, on emploie fréquemment les
roues à chevrons, qui participent des avantages des roues à dents hélicoïdales et sont
censées les renforcer en procurant deux points de contact au lieu d’un. Cependant,
comme ces roues sont en général brutes de fonte, il est rare que le contact simultané
des deux parties se réalise. Nous croyons donc qu’il ne peut y avoir d’avantage sérieux
à l’emploi de ces roues qu’autant qu’on les taille, en les faisant au besoin de deux
pièces.
Nous signalerons la préoccupation des constructeurs de faciliter à l’ouvrier la con¬
duite et la surveillance de sa machine, notamment dans les tours, les machines à per¬
cer radiales, les machines à raboter, en mettant les mécanismes de manœuvre à la portée
de sa main et les rendant aussi commodes que possible, en réduisant l’usage des clefs
de service pour les parties à serrer et desserrer fréquemment; c’est ainsi que les bou¬
lons servant à fixer les contrepointes de tour sont souvent remplacés par des excen¬
triques munis de poignées. Des mesures de précaution sont prises soit pour la sécurité
de l’ouvrier, soit pour la préservation des organes mêmes des machines; MM. Brown
et Sharpe, Janssens, Steinlen, les ateliers d’Oerlikon mettent soigneusement à l’abri
tous les engrenages dangereux; dans ses tours possédant des mouvements automa-
MACHINES-OUTILS.
15
tiques dans le sens longitudinal et le sens transversal, M. Bariquand organise ses
déclenchements de façon que les deux mouvements ne puissent être embrayés à la fois.
Arbres principaux. — Dans les machines, telles que tours, fraiseuses, l’arbre prin¬
cipal, qui porte la pièce ou l’outil, est une des parties essentielles de la machine; il
est a désirer non seulement qu’il tourne parfaitement rond, qu’il ne fléchisse ni ne se
torde, qu’il n’ait aucun jeu dans le sens longitudinal comme dans le sens transversal,
mais encore que sa direction, une fois réglée par rapport aux surfaces du bâti et des
chariots, ne puisse varier par l’effet des pressions, de la dilatation et de l’usure. La
résistance aux efforts développés par le travail s’obtient en répartissant convenablement
les points d’application de ces efforts et les rapprochant le plus possible des points
d’appui, en donnant aux arbres des diamètres suffisants et aux portées une grande lon¬
gueur, et enfin en faisant l’ajustage de ces dernières d’une façon très précise. On a
pu craindre autrefois d’exagérer l’étendue des surfaces d’appui, à cause de réchauffe¬
ment et des grippements susceptibles de résulter de la vitesse circonférentielle; mais on
sait aujourd’hui qu’on peut atteindre sans inconvénient des vitesses considérables, à
condition que les surfaces soient bien ajustées et constamment lubrifiées. Les dilatations
n’ont d’influence sensible que si leur effet se produit sur de grandes longueurs; on évi¬
tera cette influence en rapprochant autant que possible les deux appuis longitudinaux
de l’arbre , en les disposant , par exemple , près d’un même tourillon , l’autre tourillon
étant cylindrique et libre de s’allonger.
Les causes principales d’usure d’un arbre et de ses appuis sont : i° l’insuffisance
d’étendue des portées et le mauvais ajustage de l’arbre; 2° le manque ou l’insuffisance
de graissage.
Si les portées sont trop faibles , la pression déprime leurs surfaces , fait engrener les
moindres aspérités des deux parties, y incrusle des poussières parfois très dures et pro¬
duit ainsi un rodage incessant; de plus, elle en chasse le lubrifiant, dont nous exami¬
nerons plus loin le mode d’action. Un mauvais ajustage produit identiquement le même
effet; par exemple, si l’axe des tourillons ne coïncide pas avec celui des coussinets et
si, par suite, l’arbre se place obliquement dans ces derniers, si les tranches d’appui de
l’arbre ou des coussinets ne sont pas normales à l’axe de rotation, à chaque instant la
portée n’a lieu que sur de petites surfaces, et la pression se porte tout entière sur
celles-ci. Le jeu de l’arbre dans les coussinets favorise aussi l’usure; car il permet l’in¬
troduction et le séjour de matières étrangères, tout en donnant à l’huile toute facilité
de s’écouler rapidement.
Le lubrifiant agit entre les organes de machines en mouvement surtout à la façon
d’un diaphragme qui, si mince qu’il soit, empêche les surfaces de se toucher, d’exer¬
cer l’une sur l’autre une action mécanique et de s’échauffer; on s’explique bien ainsi
que les huiles grasses conviennent en général pour les machines et les transmissions, et
qu’elles n’ont pas besoin d’y être renouvelées fréquemment, tandis que les outils
16
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
exigent des huiles très fluides, même des essences volatiles, versées avec abondance;
dans ce dernier cas, le lubrifiant ne peut s’opposer au contact de Toutil et de la
matière , il a pour fonction d’absorber la chaleur qui se dégage et de refroidir l’outil.
Pour ce qui concerne le graissage des arbres des machines, nous insisterons sur ce
point, qui est un fait d’expérience parfaitement acquis, que le lubrifiant ne doit pas
être considéré comme un réfrigérant; tout au plus peut-il servir de conducteur de cha¬
leur entre l’arbre et ses supports, et pour cela il n’est pas nécessaire qu’il soit abondant.
Son véritable rôle est de former entre le tourillon et le coussinet un matelas souple
remplissant complètement l’intervalle, étendant la surface d’appui jusqu’à se produire
sur tout le pourtour de la portée, et par cela même empêchant le contact direct des
deux parties en aucun de leurs points. L’effet du graissage sera d’autant meilleur que
ces conditions seront plus près d’être réalisées, et par conséquent que le jeu sera
moindre à sec entre le tourillon et le coussinet, bien qu’il en faille cependant un peu
pour loger le lubrifiant; 1/100 de millimètre peut être regardé comme la valeur con¬
venable pour la différence des diamètres. Mais , d’autre part, il est essentiel d’entre¬
tenir constamment la lubrification, et pour cela il est absolument nécessaire quelle se
fasse automatiquement; le procédé consistant à verser de temps à autre de l’huile dans
un trou de graissage doit être rejeté comme coûteux et insuffisant à la fois; car si Ton
met à un moment donné la portée en libre communication avec un réservoir d’huile,
celle-ci s’écoulera au dehors comme dans un tuyau ouvert à ses deux bouts , le réser¬
voir se videra rapidement et il ne restera que ce que la portée est capable de retenir
par effet de capillarité; ce restant s’éliminera lui-même plus ou moins vite, et la portée
deviendra bientôt sèche. Les paliers à réservoir avec rondelle de barbotage, outre qu’ils
ne peuvent se placer que dans un nombre de points très limités, offrent l’inconvénient
de faire servir toujours la même huile qui, au bout de peu de temps, s’acidifie, se salit
et ramène constamment sur l’arbre des matières corrodantes; leur emploi n’est donc
pas à recommander. Puisque l’arbre n’a besoin que d’une très faible quantité de lubri¬
fiant, il n’y a qu’à la lui donner pour ainsi dire goutte à goutte; on peut même lui en
fournir un excès, on réalisera encore une économie très notable; le lubrifiant ainsi
versé sera toujours neuf, en parfait état de conservation et de pureté. Les procédés de
graissage par ce dernier moyen sont aujourd’hui assez nombreux et donnent la facilité
de choisir entre eux pour la commodité de leur application aux diverses parties à grais¬
ser; nous citerons les graisseurs à réservoir inférieur ou supérieur avec entraînement
de Tbuile par des mèches, des rotins ou des lames métalliques capillaires (système
Denis Poulot); les graisseurs Verny à réservoir d’huile supérieur avec filtre de gre¬
naille ou de plombagine; les graisseurs Staufer à pâte de graisse mêlée d’huile avec
couvercle compresseur; ces derniers offrent une très grande commodité, en ce qu’ils
peuvent se placer latéralement et horizontalement; toutefois ils exigent une manœuvre et
sont soumis par suite aux inconvénients qui peuvent résulter d’un oubli de la part de l’ou¬
vrier. Il convient en outre de constituer dans les portées mêmes de l’arbre et sur les tranches
MACHINES-OUTILS.
17
d’appui de petits réservoirs secondaires chargés de distribuer le lubrifiant à tous les
points de la surface frottante; c’est l’objet des pattes d’araignée, des rainures circu¬
laires échelonnées sur les longs tourillons, des godets réservés sur les butées et sur les
crapaudines.
Nous pouvons citer, comme données d’expériences répétées, qu’un trou graisseur
exigeant 80 grammes d’huile dans une journée par l’alimentation à la burette n’en
dépense que lx grammes avec l’emploi d’un graisseur automatique; on peut juger ainsi
de l’économie considérable que ce dernier procure. Nous devons constater que bon
nombre de constructeurs sont entrés franchement dans la voie du graissage automa¬
tique, en installant des appareils dans toutes les parties des machines où la lubrifica¬
tion est nécessaire; nous signalerons sous ce rapport les dispositions de MM. Demoor,
Fétu-Defize, Denis Poulot, Stiles et Parker, des ateliers d’Oerlikon, de la Société
alsacienne.
Les arbres principaux sont tous aujourd’hui en acier, mais les constructeurs diffèrent
beaucoup d’avis sur la forme a donner aux tourillons, ainsi que sur le degré relatif de
dureté des tourillons et des coussinets. Les uns, comme M. Steinlen, font les tourillons
cylindriques et les encastrent dans des coussinets en deux parties serrées par des cha¬
peaux. D’autres, comme M. Bariquand et MM. Brown et Sharpe, font le tourillon voisin
de l’outil en cône allongé et l’enveloppent par une coquille d’une seule pièce; l’autre
tourillon est cylindrique et engagé dans une coquille fendue en trois parties sur une
certaine longueur et conique extérieurement pour permettre de donner du serrage.
M. Schultz rapporte sur l’arbre un deuxième tourillon conique en sens inverse du pre¬
mier, assemblé seulement par clavette, avec liberté dans le sens de la longueur pour lui
donner du serrage dans la coquille.
La préférence a donner à l’une ou à l’autre de ces différentes formes de tourillons
doit être basée principalement sur la considération des inconvénients susceptibles de
résulter de l’usure. Nous devons avouer qu’un choix convenable de la matière de l’arbre
et des coussinets, et surtout une bonne construction et une lubrification bien faite
atténuent considérablement la production de l’usure; nous pensons cependant que
celle-ci est a prévoir et, dans ce cas, nous ne pouvons nous empêcher d’opter en faveur
de la forme conique des tourillons, au moins pour celui voisin de l’outil, et voici nos
raisons : avec les tourillons cylindriques, il est difficile de compenser l’usure latérale;
mais si nous ne considérons que le sens dans lequel se fait le serrage du chapeau, on
voit facilement que l’usure du tourillon cylindrique ou de son coussinet force à déplacer
l’axe de l’arbre d’une quantité égale à la diffé¬
rence des diamètres avant et après usure, tandis
que celle du tourillon conique n’occasionne pas
de déplacemént de l’axe et que celle de son cous¬
sinet n’entraîne a déplacer l’axe que de la moitié
de la valeur précédente; si l’on suppose en effet l’usure portant seulement sur le cous-
Groupe VI. - IV. 2
A'
B'
D'
Ai
IMPRIMERIE NATIONALE.
18
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
sinet à sa partie inférieure et égale dans les deux cas à B B' = BjB/, le tourillon cylin¬
drique ABCD devra venir en A'C'B'D'; au contraire, le tourillon conique A1YBl G restant
toujours appliqué contre la partie supérieure de sa coquille viendra en A'j FB^G^, et
n’aura descendu que d’une quantité égale à 1/2 BjB'V
Les appuis dans le sens longitudinal sont formés par des épaulements plans, coniques
ou à profil courbe, ou par des butées en bout de l’arbre. Nous reprochons aux appuis
coniques ou courbes d’avoir une tendance à donner la direction à l’arbre et à reporter
sur eux une partie, sinon la totalité de sa portée, le tourillon ne touchant alors son
coussinet qu’en un seul point ou pas du tout. Nous préférons donc les appuis plans,
qu’ils soient fixes ou réglables au moyen cl écrous ; dans le premier cas , ils exigent un
ajustage très soigné; dans le deuxième cas, il convient de ne pas former l’appui direc¬
tement par la tranche de l’écrou, qui a toujours une tendance à prendre une position
oblique, et d’interposer entre lui et le bâti une bague parfaitement ajustée sur l’arbre
et suffisamment longue. Les appuis de l’arbre dans chaque sens doivent être aussi rap¬
prochés que possible l’un de l’autre, afin de 11e pas donner lieu à des effets de coince¬
ment et de grippement par suite de la dilatation de l’arbre sous l’influence des variations
de température dans le cours du travail; suivant que les variations de la longueur
totale de l’arbre, entraînant celles de la pièce ou de l’outil, ont ou n’ont pas un incon¬
vénient sensible, on devra les rapprocher du tourillon voisin de l’outil ou on pourra les
mettre près du tourillon opposé; le premier cas est celui des machines à fraiser, le
deuxième, celui des tours.
Les constructeurs sont loin d’être d’accord sur la question de dureté relative des arbres
et des coussinets : les uns font l’arbre en acier dur, trempé même, et les coussinets en métal
plus tendre, quoique d’une certaine dureté, bronze dur ou pbosphoré, fonte; certains
font de préférence les coussinets en matière très tendre , telle que le régule d’antimoine ;
d’autres au contraire (Brown et Sharpe) font simplement l’arbre en acier dur et trempent
les coussinets; M. Bariquand trempe à la fois l’arbre et les coussinets en leur donnant
un même degré de dureté. L’emploi d’une matière tendre pour les coussinets peut être
une excellente condition, quand il 11’y a pas a craindre d’inconvénient sérieux d’un dé¬
placement de l’arbre; car le coussinet s’use ou tout au moins se tasse et se déprime par
l’effet de la pression, mais on constate que l’arbre se conserve généralement en parfait
état; il peut même se faire que dans les machines où la pression sur les portées est
faible, par exemple dans les machines à grande vitesse, l’usure des coussinets ne se
produise que très lentement. Quand la pression atteint une valeur notable sur les por¬
tées, et quand il importe essentiellement d’éviter le déréglage des machines par suite
d’usure, comme dans les tours et les machines à fraiser, on est forcément amené à
prendre pour les coussinets une matière d’une certaine dureté; il semble alors que plus
l’arbre et le coussinet seront durs l’un et l’autre, mieux ils résisteront à l’usure. Il est,
d’autre part, incontestable que le coefficient de frottement varie avec la nature des sur¬
faces en contact, à degré égal de dureté et de poli. Il y a donc lieu, croyons-nous, de
MACHINES-OUTILS
19
rechercher le plus grand degré de dureté possible pour les deux surfaces, tout en les
choisissant de façon à réduire au minimum la valeur du coefficient de frottement de
l’une sur l’autre; on peut être ainsi conduit à leur donner des duretés inégales. Il est
possible que la meilleure solution ne soit pas dans l’emploi de l’acier trempé à la fois
pour l’arbre et le coussinet , mais nous ne pensons pas que celui de l’acier trempé avec
l’acier non trempé soit préférable. Certains bronzes paraissent donner de bons résultats;
malheureusement, cette matière est trop sujette à des variations considérables de qualité,
par suite de mélange de matières étrangères ou de fabrication défectueuse, pour que son
usage offre une certitude suffisante de résistance et de durée : il est en effet à remarquer
que ce ne sont pas toujours les bronzes les plus durs qui se conservent le mieux. Nous
pensons pouvoir recommander l’emploi de la fonte dure pour les coussinets, avec
l’acier trempé pour les arbres, comme rentrant le mieux dans les conditions du pro¬
blème.
Si l’on tient à prendre des matières de duretés différentes pour l’arbre et les coussi¬
nets, il est à peu près indifférent, d’après ce que nousVvons vu plus haut, que l’excès
de dureté soit attribué à l’un ou à l’autre, dans le cas des portées cylindriques;
mais, dans le cas des portées coniques, il conviendrait de donner, comme le font
MM. Broun et Sliarpe, le plus de dureté au coussinet, pour que l’usure se produisît
de préférence sur l’arbre, qui reste centré, tandis que le coussinet, en s’usant, entraîne
le déplacement de l’axe de l’arbre.
La trempe des arbres est une opération délicate, en ce qu’elle les fausse générale¬
ment et oblige de leur faire subir un dressage et une rectification de la surface. L’opé¬
ration du dressage présente de grandes difficultés avec l’emploi de l’acier dur; il paraît
préférable de prendre de l’acier doux et de le cémenter à une profondeur d’environ
o m. 001. Il est très important de ne pas tremper l’arbre aussitôt après la sortie du
four à cémenter; car il a dû être porté dans le four à une température élevée, qui a
mis l’acier à gros grains, d’autant plus que, sa couche extérieure étant passée de l’état
d’acier doux à celui d’acier extra-dur, la température qui lui convenait tout d’abord
pour le travail à chaud, se trouve, après cémentation, trop élevée de plusieurs cen¬
taines de degrés; la trempe, a la sortie du four, aurait pour effet de maintenir l’état du
grain et de donner a l’acier une fragilité très grande. Le mieux a faire est de laisser
refroidir l’arbre, de lui faire subir un recuit ou une trempe à l’huile à une température
assez élevée pour rétablir le grain de l’intérieur, et de le tremper finalement à la tem¬
pérature qui convient a la partie cémentée. On est assuré, par ce procédé, d’obtenir
du grain fin dans la partie cémentée et une très grande résistance, en même temps
qu’un degré considérable de dureté et une répartition homogène de cette dernière;
on pourra faire le dressage de l’arbre sans risquer de le rompre. Cette observation n’est
d’ailleurs pas spéciale aux arbres, elle s’applique à toutes les pièces soumises à l’action
de la cémentation.
La rectification des arbres trempés ne peut guère se faire qu’à la meule d’émeri.
20
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
A la vérité, on peut employer le tour en mettant l’arbre entre les pointes et disposant la
meule sur le chariot, comme on le fait pour les appareils de fraisage; nous trouvons
chez plusieurs exposants des montages de meule construits dans ce but. Nous ferons
remarquer que les tours ne sont pas organisés pour travailler à l’émeri; l’usage de ce
dernier occasionnera vite l’usure de toutes leurs parties et leur ôtera les qualités indis¬
pensables pour une opération de la plus grande précision; non seulement la machine
sera détériorée, mais ses produits seront très imparfaits, manqueront de rectitude et
auront du faux rond. Il est donc indispensable de se servir, pour la rectification, de
machines outillées spécialement pour ce genre de travail et offrant toutes les commo¬
dités pour leur appropriation aux divers cas de la pratique.
Il convient non seulement que les arbres soient rectifiés de façon que toutes leurs
parties, telles que tourillons, portées de poulies et d’engrenages, soient exactement
concentriques entre elles, mais il faut encore que les tourillons soient parfaitement
polis, exempts de traits de meule ou de tout autre défaut capable de constituer une
cause de grippement. Cette dernière opération se fait avantageusement en rodant les
tourillons dans leur coussinets mêmes, au moins quand ceux-ci sont en acier, à l’aide de
potée d’émeri; ce procédé permet d’ajuster exactement les deux parties l’une sur l’autre.
La stabilité et la capacité de résistance d’une pièce ou cl’un outil monté sur un arbre
dépendent de la rigidité de ce dernier, et par suite de ses dimensions, de celles de ses
portées et de la position des points d’application des efforts. Nous avons déjà dit qu’on
ne devait pas craindre d’exagérer la longueur et même le diamètre des portées, à la
condition de les faire exactement concentriques l’une à l’autre et d’en assurer la lubri¬
fication. Par contre, il faut réduire autant que possible les longueurs en dehors des
portées et rapprocher des points d’appui les points d’application des efforts, pour éviter
de donner aux forces de flexion et de torsion des bras de levier trop considérables.
Nous rappellerons que les pièces montées sur les arbres doivent être très bien ajus¬
tées et équilibrées, de manière à ne pas provoquer l’excentrage, des masses et le déve¬
loppement de forces centrifuges; en particulier, les clavettes d’assemblage ne doivent
serrer que sur les côtés des rainures et non sur le fond ; il est même prudent de ne pas
les employer dans les machines de grande précision et de les remplacer, par exemple,
par des cônes d’ajustage très aigus, susceptibles d’adhérer par coincement seul. On
fera bien de ne pas placer les poulies folles directement sur les arbres, mais de les
monter de préférence sur une douille fixe adaptée au bâti; cette disposition facilite en
outre leur graissage.
Il est de toute nécessité que la commande des chariots dépende de l’arbre principal,
c’est-à-dire quelle soit prise sur lui ou sur un arbre qui le précède dans le sens de la
transmission du mouvement et qui lui soit relié par engrenages; il convient en effet
que l’avance soit toujours dans un rapport constant avec la vitesse de rotation de l’arbre
principal, quelles que soient les variations de cette dernière par suite de glissement
des courroies ou de tout autre motif, et il faut quelle s’arrête en même temps que
MACHINES-OUTILS.
21
l’arbre, surtout si la cause de l’arrêt est accidentelle. Il y aurait lieu pourtant de mettre
le moins possible d’organes de force sur l’arbre principal; aussi, toutes les fois qu’il
sera actionné par des engrenages, devra-t-on prendre la commande des chariots sur
l’axe d’une des roues précédant la sienne.
Surfaces de frottement. — Les parties frottantes, avec surface de contact de peu d’éten¬
due, celles notamment qui sont soumises a des efforts de pression ou à des chocs,
doivent être trempées, rectifiées et polies; telles sont les butées et les agrafes de dé¬
clenchement, les manchons dentés d’embrayage et de changement de marche, les vis
sans fin et leurs roues; il en est de même pour les engrenages interposés dans les
mouvements qui demandent une grande sensibilité de transmission, comme sont ceux
des mécanismes de reproduction. Il est bon en outre de lubrifier abondamment les vis
sans fin, en les faisant plonger en partie dans un réservoir d’huile.
Nous insistons sur ces détails de construction, parce que ce sont eux qui font la
qualité d’une machine, bien plus en général que les variétés de dispositifs, qui se rat¬
tachent plutôt à des questions de commodité de manœuvre.
De la masse dans les machines. — Nous dirons encore quelques mots sur les relations
de masse entre le$ différentes parties d’une machine. Il y a lieu à cet égard de consi¬
dérer séparément les parties en mouvement et les parties fixes.
Il semble qu’au point de vue de la qualité du travail et delà conservation des outils,
il y ait intérêt à donner une grande valeur à la masse des organes en mouvement, car
l’augmentation de leur masse accroît leur force vive et leur puissance; en outre, l’effet
des variations de résistance et des diverses causes susceptibles de troubler la régularité
du travail, effet qui revient à communiquer aux masses sur lesquelles il se produit une
force vive d’une certaine valeur, sera d’autant moindre par rapport à la force vive im¬
primée régulièrement au système, que les masses seront plus considérables; or, c’est
cet effet qui engendre les accélérations et les ralentissements de vitesse, et surtout les
vibrations et les trépidations si nuisibles à la qualité du travail et à la conservation des
outils. A la vérité, les masses des organes mobiles sont le plus souvent limitées par l’en¬
semble des dimensions qu’on s’est imposées à l’avance pour la machine; on doit toute¬
fois chercher a se rapprocher des valeurs maxima que permettent ces dimensions. Nous
pensons que l’addition d’un volant sur un arbre sera en général avantageuse. Cepen¬
dant, quand les organes mobiles sont soumis à des vitesses variables, changeant même
de sens, ou quand, étant animés d’une vitesse assez grande, ils doivent pouvoir être
arrêtés brusquement; il faut, au contraire, réduire leur masse au minimum; mais alors
on peut souvent reporter la masse sur la partie de la transmission dont la vitesse reste
uniforme; c’est ce qu’on fait ordinairement dans les machines à mortaiser, les décou-
poirs, etc.
Quant aux parties fixes, on a toujours avantage à leur donner beaucoup de masse;
<22
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
non seulement les supports clés organes de mouvement doivent être robustes, courts,
opposés aussi directement que possible à la direction des efforts, mais le bâti lui-même
doit être lourd ; il faut , pour ces parties , multiplier le coefficient de sécurité par un
autre que nous pourrions appeler coefficient d’inertie. Leur rôle est, en effet, dans le
plus grand nombre des cas, moins de résister aux efforts qui agissent sur elles, que de
s’opposer au moindre déplacement pouvant résulter de ces efforts, d’atténuer dans la
plus large mesure et même d’arrêter complètement les vibrations de nature normale
ou accidentelle. On s’étonne parfois de voir des machines bien exécutées, mais légères,
fournir peu de travail avec une qualité médiocre des produits, tandis que des machines
dans lesquelles l’exécution est loin de briller par la précision , mais qui sont lourdes et
inébranlables, donnent un rendement supérieur à celui des précédentes et au moins
égal pour la qualité : l’influence de la masse est incontestablement l’unique cause de
cette différence.
OUTILS.
L’attention des constructeurs s’est portée d’une façon toute particulière sur les ou¬
tils. Ils n’ont pas, à la vérité, découvert de formes nouvelles, mais ils se sont attachés
à leur assurer la correction des formes théoriques, à prolonger la durée de leur con¬
servation, à augmenter leur capacité de rendement.
La correction des formes est nécessaire pour la production économique du travail ;
mais leur constance est un élément indispensable de la précision; si, en effet, dans le
cours du travail, on est appelé à remplacer l’outil ou à l’affûter, le nouvel outil ne
pourra travailler dans les mêmes conditions que le précédent, que s’il lui est iden¬
tique. Les procédés mécaniques sont seuls capables de répondre à ces exigences de
construction et d’entretien des outils; aussi doit-on considérer comme un progrès con¬
sidérable la vulgarisation, si rapide en ces derniers temps, des machines à rectifier de
MM. Brown et Sharpe , des machines à affûter les fraises de toutes formes de M. Kreutz-
berger, des machines à affûter les forets, enfin la création récente de la machine de
M. Sellers pour l’affûtage des outils de tours, de raboteuses, de mortaiseuses.
Les difficultés de construction et d’entretien d’un outil, l’élévation de son prix de
revient sont évidemment de puissants obstacles à son adoption par la masse des in¬
dustriels. Les outils de tours, de raboteuses, de mortaiseuses d’une seule pièce sont
coûteux et difficiles à conserver; M. Sellers n’hésite pas cependant a les maintenir et
rend par sa machine à affûter leur entretien aussi simple que possible; mais d’autres
constructeurs divisent l’outil, adaptent à la machine un porte-outil de position inva¬
riable et réduisent l’outil proprement dit à un morceau de barre de section constante,
dont l’affûtage se fait toujours suivant des sections planes. La fraise fut longtemps un
objet de luxe pour la plus grande partie des ateliers; les machines à fraiser univer¬
selles et les machines spéciales à tailler les fraises, aujourd’hui si répandues, les ma¬
chines a rectifier de MM. Brown et Sharpe, à affûter de M. Kreutzberger, nous
MACHINES-OUTILS.
23
montrent que sa fabrication est parfaitement abordable pour tous et que son entretien
est des plus faciles; MM. Brown et Sharpe, Smith et Coventry nous fournissent même
des procédés de taille et d’affûtage qui, s’ils ne sont pas théoriquement les meilleurs,
sont du moins très suffisants et d’application commode.
La durée des outils dépend beaucoup sans doute de la qualité de la matière dont ils
sont faits; la métallurgie a, sous ce rapport, considérablement augmenté nos ressources
par la création des aciers au chrome, au tungstène, etc.; elle nous a appris aussi à tra¬
vailler, a tremper les aciers. Toutefois on doit reconnaître que la qualité du métal ne
peut faire que l’arête si vive et si mince d’un outil ne s’émousse et même ne s’égrène
rapidement sous l’action d’une infinité de petits chocs, conséquences des vibrations
occasionnées par la mauvaise construction des machines et l’insuffisance de fixation
des outils ; aussi est-il incontestable que la conservation des outils est attribuable , pour
la plus forte part peut-être, a l’organisation des machines et au soin avec lequel elles
sont exécutées: grande masse des organes qui subissent l’effort du travail, invariable
position de l’axe de l’arbre principal, rigidité et inflexibilité absolues des supports de
la pièce et de l’outil.
Pour des considérations diverses, dont l’une notamment est le prix élevé de la
main-d’œuvre, il y a lieu de chercher à faire produire aux outils le plus de travail pos¬
sible , sans s’inquiéter outre mesure de la force motrice dépensée. Il est d’ailleurs prouvé
que, sauf dans le cas de machines très puissantes, les outils ne prennent qu’une infime
partie de la puissance développée par les moteurs; celle-ci, dans un atelier de ma¬
chines-outils de dimensions ordinaires, est absorbée souvent pour les neuf dixièmes par
les transmissions générales de l’atelier et par celles des machines elles-mêmes.
Or, étant donnée une machine, par quel moyen peut-on augmenter son rendement
absolu, c’est-à-dire le poids de copeaux débité dans l’unité de temps? Le travail utile,
dans l’unité de temps, est le produit de la vitesse v supposée appliquée à la pointe de
l’outil par une force F de même direction que cette vitesse, et capable de dégager le
copeau; pour une épaisseur déterminée de copeau, la force F est à peu près indépen¬
dante de v dans les limites de vitesse que l’on peut ordinairement employer; si donc
on laisse l’épaisseur de copeau, et par suite F constantes, et si l’on fait varier v, le ren¬
dement croîtra proportionnellement à v. Il n’en serait pas de même si, laissant v con¬
stant, on faisait croître l’épaisseur des copeaux, au moins à partir d’une certaine épais¬
seur. D’ailleurs F a une limite imposée par la puissance de traction des organes de la
machine, et plus encore parleur capacité de résistance compatible avec une bonne qua¬
lité de travail. Il sera toujours préférable de se tenir en dessous de cette limite de F ;
on ne pourra plus alors disposer que de v. Voyons donc s’il a été possible de dépasser
pour la vitesse les valeurs habituellement admises.
Remarquons d’abord que, la faculté de résistance des organes de la machine n’étant
affectée en principe que par la valeur de la force F, on peut augmenter la vitesse sans
inconvénient, à la condition qu’il n’en résulte pas de vibrations nuisibles aussi bien à
24
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
l’outil qu’à la machine ; c’est par la bonne construction de cette dernière qu’on évitera
les vibrations.
On admet ordinairement pour les outils travaillant le fer et la fonte une vitesse de
8 o à îoo millimètres par seconde; on l’augmente pour le bronze, on la diminue pour
l’acier. Or, la seule considération valable qui impose cette limite de vitesse est celle
de l’échaulfement de la pointe de l’outil, qui augmente avec le produit Fr, par suite
avec v si on laisse F constante; un écbauffement exagéré de la pointe la détrempe, la
ramollit et l’amène rapidement à s’émousser. Mais il suffit d’empêcher réchauffement
d’atteindre ce degré nuisible; on conçoit que des aciers d’une dureté naturelle très
grande et non trempés puissent résister à une température plus élevée que les aciers
h outils ordinaires trempés, et l’on comprend ainsi que ces aciers aient obtenu quelque
faveur pour certains genres de travaux; nous ne pensons pas toutefois que la véritable
solution du rendement maximum soit dans leur usage, car ils n’acquerront jamais sans
doute le degré de dureté qu’on peut obtenir par la trempe, et nous croyons que c’est
surtout la dureté qu’il convient de rechercher, en la joignant, bien entendu, au maxi¬
mum de cohésion de la matière de l’outil correspondant à une extrême finesse de grain
ou même a l’état amorphe. Pour conserver la dureté donnée par la trempe, il faut
absorber la chaleur dégagée; c’est à quoi l’on arrive en injectant abondamment sur
la pointe de l’outil un liquide ou même un gaz qui l’approche d’aussi près que pos¬
sible, et qui ait essentiellement la propriété de mouiller le métal; l’emploi du liquide
ou du gaz en pression favorise l’action du refroidissement. Comme il faut dégager la
pointe le plus possible pour mieux y faire arriver le lubrifiant, il y a intérêt à briser
le copeau ou tout au moins à le diviser, malgré le surcroît de travail qui peut en ré¬
sulter; on produit la division des copeaux par une forme convenable de l’outil, par
exemple en faisant le tranchant en échelons, ou en multipliant les outils. C’est par de
tels procédés qu’on arrive dans les machines de fabrication courante à décupler la
vitesse des fraises, forets, outils de tours des machines à décolleter; rien n’empêche
d’en faire autant pour les outils des machines d’usage général; aussi voyons-nous avec
plaisir M. Bariquand adjoindre à son plus fort tour à charioter et à fdeter une pompe
à huile et un système de lubrification.
Beaucoup de machines spéciales de différents constructeurs , telles que des machines
a fraiser, à décolleter, et surtout des machines automatiques, sont munies de pompes à
huile. Il serait à désirer que ce système se généralisât; car il est toujours à craindre,
pour bien des motifs, que le graissage laissé à la disposition de l’ouvrier soit insuffi¬
sant. Il faut, bien entendu, organiser les machines de manière à recueillir le liquide.
Quant au liquide qui reste mêlé aux copeaux, il est facile de l’en extraire, grâce aux
essoreuses de copeaux; de plus, les fdtres permettent de rendre à l’huile sa limpidité
et ses propriétés de lubrification primitives.
La lubrification des outils ne souffre aucune difficulté dans le travail du fer et de
l’acier; nous croyons qu’il doit en être de même pour celui de la fonte et du bronze.
MACHINES-OUTILS.
25
On reproche à ces derniers métaux cle faire avec le liquide une pâte qui encrasse et
gêne l’outil; cela peut être vrai, si on verse le liquide goutte à goutte; si on l’emploie
au contraire abondamment, la limaille s’écoulera sans produire d’inconvénient.
Nous avons dit qu’il convenait de diviser et même de briser le copeau pour per¬
mettre au lubrifiant d’atteindre plus facilement la pointe de l’outil. On pourrait ob¬
jecter qu’il y aurait difficulté à produire cet effet pour les gros copeaux des fortes
machines; nous répondrons que souvent on peut décomposer l’arête coupante; nous
voyons M. Steinlen mettre sur ses tours deux outils travaillant à l’opposé l’un de
l’autre par rapport à l’axe de rotation; on met aussi souvent sur les chariots de tour
deux outils jointifs, mais coupant à des distances différentes de l’axe; on taille quel¬
quefois en gradins (queue d’aigle) les outils à mortaiser; les fraises ne sont, pas autre
chose qu’un outil à nombreux gradins. Mais nous poserons encore la question suivante :
n’est-il pas préférable d’employer une grande vitesse de l’outil et une épaisseur de co¬
peau relativement faible, plutôt qu’une faible vitesse de l’outil et une forte épaisseur
de copeau? Nous croyons que l’on peut répondre affirmativement, a la condition que
l’on veuille bien s’attacher à perfectionner la lubrification.
Une autre objection se présente pour les machines à mouvement alternatif : la force
vive des masses en mouvement n’est-elle pas un obstacle à un accroissement de vitesse?
Le succès de la machine à raboter de M. Sellers, dont le retour est huit fois plus
rapide que l’aller, nous apprend que, par des arrangements convenables, on évite
les effets nuisibles résultant du changement de sens du mouvement des plus fortes
masses.
Afin de bien préciser le mode de travail d’un outil, nous rappellerons que la sec¬
tion de la partie coupante, dans le plan dans lequel il a un mouvement de déplace¬
ment réel ou relatif par rapport à la matière, doit être un coin dont un des côtés fasse
avec la direction du déplacement un angle, dit de coupe , égal à 3 ou A degrés pour
les métaux, et dont l’autre côté fasse avec le précédent un angle, dit de tranchant , qui
varie avec la dureté du métal depuis 5o jusqu’à 85 degrés; les valeurs de ces angles
dépendent des conditions de pénétration de chaque élément d’outil et ne sont évidem¬
ment relatives qu’à la direction dans laquelle a lieu la pénétration. L’arête coupante
étant donc déterminée soit arbitrairement, soit à un profil dépendant des conditions
du travail, la forme de l’outil sera obtenue en traçant les angles de coupe et de tran¬
chant, en chaque point de l’arête, dans un plan qui contient la direction du déplacement.
Cette dernière peut résulter d’un seul mouvement, comme dans les machines à raboter,
ou bien, comme dans les tours, de deux ou plusieurs mouvements, dont l’un est géné¬
ralement rapide et dont les autres correspondant à l’avance sont ordinairement lents;
ceux-ci n’ont pour effet que d’obliquer légèrement la direction résultante sur celle du
mouvement rapide. La considération de la direction du déplacement résultant est im¬
portante pour la confection et l’entretien des outils, ainsi que pour la connaissance de
la façon dont ils travaillent; elle fait voir, en particulier, cpi’il ne faut pas prendre
26
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
l’angle de coupe dans le plan normal à l’arête de chacun de ses points, et l’y tracer,
par exemple, en formant des angles de 3 à A degrés avec l’intersection de ce plan par
le plan tangent à la surface que décrit l’arête coupante supposée au contact de la ma¬
tière; on obtiendrait ainsi pour l’angle de coupe une valeur tantôt trop forte, tantôt
trop faible. On s’explique ainsi qu’un outil très aigu suivant ses sections normales à
l’arête coupante, et placé de façon que sa surface de dégagement fasse dans ces sec¬
tions un angle voisin de 90 degrés avec la surface décrite dans la matière, puisse ce¬
pendant avoir l’angle de coupe théorique par rapport à une direction de déplacement
très inclinée sur le plan normal à l’arête; ce cas est celui de la machine à rayer les
canons de fusils exposée dans la section mexicaine. On voit aussi qu’un outil ordinaire
de tour doit avoir très peu de dégagement dans les sections normales latérales, qu’un
outil à saigner n’a pas besoin de dégagement latéral, qu’une fraise à dents courbes doit
avoir d’autant moins de dégagement suivant les sections normales à l’arête de la dent
que ces sections sont plus obliques par rapport à celle qui comprend la direction du
déplacement et qui est ordinairement normale à l’axe.
On s’écarte sensiblement de la valeur théorique , que nous avons indiquée plus haut
pour l’angle de coupe, dans certains outils, tels que limes, scies à ruban, qui ont un
assez grand nombre de dents engagées a la fois dans la matière; l’appui multiple des
dents ayant pour effet de s’opposer à la pénétration de l’ensemble de l’outil, on cherche
à compenser cet inconvénient en augmentant l’angle de coupe de chaque élément, ce
qui lui donne une tendance à piquer dans la matière et à attirer celle-ci vers lui : on
dit alors que l’outil est friand.
Machine à extraire l’huile des copeaux. — Nous terminerons ces considérations
sur les outils en disant quelques mots des machines à extraire l’huile des copeaux ex¬
posées par I’American Screw C° et par M. Bariquand, qui ne trouveraient pas facile¬
ment leur place dans notre classement général, mais dont l’étude fait naturellement
suite à nos remarques sur la lubrification des outils. Les copeaux entraînent une très
notable partie de l’huile; une machine, permettant d’extraire cette dernière, constitue
donc un moyen très sérieux d’économie.
Le principe de la machine exposée n’est autre que celui des essoreuses employées
pour le séchage des étoffes, c’est-à-dire la séparation du liquide sous l’action de la
force centrifuge. Les copeaux se mettent dans un bassin tronconique monté, la grande
hase en haut, à l’extrémité d’un arbre vertical tournant à environ 800 tours par mi¬
nute; un couvercle vissé sur l’arbre empêche de s’échapper les copeaux, qui refluent
vers les bords; mais l’huile filtre sous le couvercle et retombe au dehors dans l’enve¬
loppe fixe du bassin. Le montage de l’arbre offre une particularité intéressante : la ré¬
partition inégale des copeaux, pouvant excentrer la masse de l’arbre par rapport à son
axe de rotation, si on fixait celui-ci, occasionnerait des pressions nuisibles et une usure
rapide; pour éviter cet effet, on ne soutient pas l’arbre à sa partie supérieure, et on le
MACHINES-OUTILS.
27
maintient seulement dans le bas à hauteur de la poulie de commande en encastrant
un épaulement formé sur son pourtour entre deux rondelles de caoutchouc, la ron¬
delle supérieure étant serrée par un bouchon vissé. Grâce à l’élasticité du caoutchouc,
l’arbre, qui est d’ailleurs libre entre les parois du logement, peut s’incliner légèrement
sur la verticale et ramener de lui-même le centre de gravité de la masse à se trouver
sur l’axe vertical de rotation.
TRANSMISSION DE LA FORGE MOTRICE AUX MACHINES-OUTILS PORTATIVES.
Il est encore des cas fréquents où l’homme est obligé d’appliquer aux machines sa
propre puissance. Mais tout industriel ayant en vue l’économie de la production doit
tâcher de réduire au minimum le nombre de ces cas et, toutes les fois qu’il dispose
d’un moteur, chercher à lui emprunter sa force. On se sert, à cet effet, autant que
possible, de transmissions fixes sur lesquelles on prend la commande au moyen de
courroies, câbles, etc.; les machines sont elles-mêmes disposées à poste fixe, les pièces
à usiner leur sont amenées par des moyens divers, selon leur importance; l’étude de
ces moyens, dont nous n’avons pas à nous occuper, mérite une attention très grande
de la part des constructeurs; elle rentre dans le plan même de l’organisation des ate¬
liers et contribue dans une forte proportion à l’économie générale de la fabrication.
L’étude de la construction d’un objet doit aussi prévoir a l’avance tous les genres de
travaux d’usinage qui devront être exécutés sur ses diverses parties ou sur les pièces
qui le constituent, déterminer la succession des opérations de façon quelles puissent
s’effectuer correctement et sans perte de temps; en particulier, on doit terminer toutes
les pièces isolément, de manière a réduire le montage à n’être qu’une simple ma¬
nœuvre d’assemblage n’exigeant pas l’emploi des outils.
Cependant il est des cas où l’importance du travail â faire sur une pièce est hors de
proportion avec les frais qu’entraînerait son déplacement, quand, par exemple, tout le
travail se réduit au perçage de quelques trous, au dressage d’une petite surface; tel est
encore le cas de réparations à exécuter sur quelque partie d’une grosse machine, d’un
bâtiment, d’un navire, etc. Alors se présente la solution consistant à déplacer la ma¬
chine-outil elle-même : il ne peut s’agir, bien entendu, que de machines simples, d’un
nombre de mouvements limité au strict nécessaire, occupant peu de volume pour pou¬
voir sc disposer dans des emplacements très divers et parfois très restreints, sur des
supports installés à côté de la pièce et souvent sur la pièce elle-même; ce seront de
petites machines à percer, à fraiser, à polir, etc.
Il s’agit de transmettre le mouvement à la machine : l’Exposition nous offre plusieurs
moyens.
MM. Dandoy-Maillard et Lucq transportent directement le mouvement d’un renvoi
spécial â la machine, en se servant d’une corde dont la longueur excède notablement
celle qui serait strictement nécessaire. La chaise du renvoi supporte une chape suscep-
28
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
tible de pivoter autour d’un axe vertical et munie d’un axe horizontal qui reçoit deux
poulies à gorge; sur chacune des poulies passe un brin de la corde, soit en venant
d’une poulie du renvoi, soit avant d’y retourner; l’objet de la chape pivotante est ainsi
de permettre à la corde de s’orienter suivant la direction dans laquelle elle doit aller
à la machine. Le brin tirant, avant d’arriver à la machine, passe au besoin sur un ten¬
deur enchapé suspendu à un point fixe (ateliers des chemins de fer du Nord). Le
brin de retour est chargé, entre la poulie de la chape pivotante et celle du renvoi,
par une poulie à chape disposée comme la poulie mobile d’un palan; l’excès de lon¬
gueur de la corde se loge dans cette dernière portion; la poulie à chape mobile n’a
pas besoin d’ailleurs d’être très lourde, à cause du peu de tension nécessaire au brin
de retour.
En outre , le porte-outil des machines portatives est généralement articulé à charnière
sur son support, de manière à prendre la direction convenable par rapport à la surface
sur laquelle il doit travailler. Le machine à percer exposée par MM. Dandoy-Maillard
et Lucq comprend tout un système de réglage qui donne à la machine elle-même une
grande mobilité d’orientation. La semelle, qui se fixe à l’objet à travailler, présente
deux douilles à oreilles fendues , l’une parallèle à sa hase , l’autre normale , dans l’une
ou l’autre desquelles peut se mettre un pivot surmonté d’un plateau circulaire avec roue
et vis sans fin; sur le plateau est un chariot à vis portant à une extrémité une douille
sphérique à chapeau de serrage; c’est dans cette douille que s’engage par une rotule
sphérique le support proprement dit de la machine, dont l’arbre reçoit l’avance a la
main ou automatiquement, suivant les modèles. L’ensemble de ces dispositions permet
de déplacer le foret de o m. Ao en hauteur dans un espace circulaire de 1 m. 08 de
diamètre, et de plus de l’incliner en tous sens.
M. Fonreau établit entre l’arbre de l’atelier et la machine une sorte de renvoi inter¬
médiaire, qu’il fixe au sol ou à un support quelconque, et qu’il commande par un
système de corde analogue au précédent. Le mouvement est transmis du renvoi à la
machine par un flexible. On sait que le flexible est formé par des couches superposées
de fil d’acier enroulé en hélice, le sens de l’enroulement étant différent pour deux
couches successives, le diamètre du fil et le nombre des brins de la spire allant en
augmentant de l’intérieur vers l’extérieur; le câble ainsi formé joint à une flexibilité
suffisante une grande résistance a la torsion. Un emmanchement à baïonnette, qui
laisse au câble un certain jeu dans le sens longitudinal, relie ses deux bouts l’un à l’axe
du renvoi et l’autre à l’axe d’un pignon d’angle qui commande l’arbre de la machine. On
voit que l’emploi simultané de la corde à moufle et du flexible étend notablement
la distance à laquelle on peut s’écarter de la transmission de l’atelier.
M. Fonreau rend cette distance illimitée en substituant à la corde et au renvoi un
conducteur électrique et une petite dynamo-réceptrice qui actionne le flexible.
L’Hydraulic Enginneering C° se sert, comme transmetteur de mouvement, d’eau
en pression venant d’un accumulateur par des tuyaux en cuivre; le récepteur est
une
MACHINES-OUTILS.
29
petite machine portative Brotherhood à trois cylindres. La machine-outil peut s’adap¬
ter directement au récepteur au moyen d’une bride concentrique à l’arbre , sur lequel
le mouvement est pris par des roues d’angle. On peut aussi employer un flexible
comme intermédiaire entre le récepteur et la machine-outil; la prise du mouvement du
flexible se fait comme pour une machine actionnée directement.
Enfin la transmission par l’air comprimé peut, avec un petit récepteur, se substituer
aux moyens précédents. Nous en signalerons l’application faite par M. Mac Coy pour
produire un mouvement alternatif de o m. 001 d’étendue à peine, à raison d’une vi¬
tesse qui peut atteindre i 5,ooo coups par minute. Cet ingénieux appareil, qui constitue
un véritable burin automatique, a été examiné par une autre classe.
30
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
CHAPITRE IL
TOURS.
Dispositions générales : banc, poupée, contre-poupée. — Chariotage et filetage: tours à charioter à la main;
tours à charioter et à fileler automatiquement; tours à fileter divers. — Tours divers : tours en l’air, à banc
séparé; tours à poulies; louis à roues; tours à reproduire. — Accessoires de tours; appareils de fraisage. —
Grand tour universel de M. Steinlen. — Outils de tours. — Machines à décolleter; machines à faire les
vis à métaux.
DISPOSITIONS GÉNÉRALES.
Banc. — Les bancs des tours ont le plus souvent une table plane, avec bords en
queue d’aronde pour l’agrafement du chariot inférieur; les deux poupées s’ajustent au
moyen de nervures engagées dans la fente médiane.
Les bancs des tours de MM. Brow n et Sharpe, Hurtu et Hautin sont surmontés de
quatre À , dont les deux latéraux reçoivent la poupée et les deux autres la contre-pou¬
pée. Ces À supportent en outre le chariot et les lunettes; mais le chariot peut aussi
être agrafé sur les bords du banc (Brown et Sharpe). Dans son tour a deux vis,
M. Bariquand monte les poupées et le chariot sur deux  seulement.
Dans un petit tour de MM. Greenwood et Batley, le chariot est placé complètement
sur le côté du banc, où il est monté sur des glissières en queue d’aronde. Cette dispo¬
sition dégage le banc et permet de tourner de plus grands diamètres qu’avec les
chariots ordinaires; mais l’appui de l’outil paraît moins bien assuré.
Quelques constructeurs emploient pour de petits tours des bancs a section triangu¬
laire. MM. Sulfort-Maliiar et Meurice remplacent, dans des tours d’amateur, le banc
par un cylindre sur lequel les organes sont orientés au moyen de rainures et de cla¬
vettes; ce système laisse a désirer au point de vue de la stabilité dans le sens trans¬
versal.
Dans plusieurs tours à banc rompu, l’échancrure peut être comblée au moyen d’une
pièce rapportée, fixée par des vis et des goujons, de manière à constituer un banc
ordinaire et à permettre d’approcher le chariot du plateau. D’autres fois, le banc est
rapporté sur une semelle à laquelle il se fixe par des rainures à boulons; on peut alors
l’approcher plus ou moins de la poupée suivant les dimensions de la pièce a loger dans
l’échancrure; la manœuvre de déplacement se fait à l’aide d’un levier à rochet agissant
par un pignon sur une crémaillère adaptée à la semelle.
Le banc du grand tour de MM. Greenw ood et Batley est muni de deux lignes de
glissières, chacune portant deux supports de chariots à deux outils.
MACHINES-OUTILS.
31
Poupées. — La commande de l’arbre principal est communément à vitesse variable
et donnée au moyen de cônes à étages. Dans un tour de M. Bocuze, elle est produite
a l’aide d’un plateau et d’un disque de friction, ce dernier pouvant être disposé à une
distance variable de l’axe du plateau.
Dans les forts et les moyens tours, la poupée possède un harnais de commande à
double engrenage, à dents droites ou hélicoïdales. L’arbre auxiliaire est ordinairement
du côté opposé a l’ouvrier; MM. Brown et Sbarpe et les ateliers d’Oerlikon le placent
sous l’arbre principal et l’encastrent dans le bâti de la poupée, ce qui est une excel¬
lente condition de sécurité; de plus, cette disposition n’offre pas l’inconvénient de la
précédente, que la poussée de l’engrenage voisin du nez de l’arbre tend à soulever
celui-ci et, par suite, a produire des vibrations. La séparation des deux arbres pour
la marche à la volée se fait par excentrage ou par déplacement longitudinal (Oerlikon)
de l’arbre auxiliaire, et par réunion de la roue de l’arbre principal au cône au moyen
d’un boulon à T. Dans un tour à revolver, M. Bariquand fait la réunion du cône
et de la roue à l’aide d’un léger déplacement longitudinal du premier et d’un em¬
brayage par six nervures qui pénètrent dans des entailles, comme dans l’embrayage
par manchons dentés; on produit ainsi la marche à la volée ou la marche aux engre¬
nages, sans arrêter l’arbre du tour. Un tour de M. Janssens possède comme premier
engrenage des harnais un double jeu de roues donnant deux vitesses différentes; on
embraye l’un ou l’autre par le déplacement des roues de l’arbre auxiliaire.
Les tours puissants ont un harnais de trois et quatre engrenages ; la dernière roue
est adaptée au plateau du tour, ou même vient de fonte avec lui. L’embrayage du
deuxième et du troisième arbre auxiliaire se fait, soit par simple glissement des roues
le long de ces arbres, soit mieux par le déplacement longitudinal des arbres eux-
mêmes au moyen d’un levier à cliquet. MM. Bouliey placent le harnais du côté de
l’ouvrier, afin que le dernier pignon du harnais, au lieu de concourir avec l’outil â
soulever l’arbre principal, tende, au contraire, à l’appuyer sur ses coussinets.
Certains constructeurs font cylindriques les tourillons de l’arbre principal et les
encastrent dans des demi-coussinets en bronze; l’un des deux tourillons est épaulé
d’un côté ou de part et d’autre du coussinet, et, dans le premier cas, le bout de
l’arbre est appuyé contre une butée. D’autres font conique le tourillon voisin du nez
et l’emboîtent dans une coquille d’une seule pièce en acier trempé, avec épaulement
vers le nez, bague et écrous de serrage de l’autre côté; le deuxième tourillon est cylin¬
drique et engagé dans une coquille en bronze fendue et conique extérieurement;
l’arbre peut également être buté en bout, mais uniquement pour soulager les appuis.
La deuxième disposition nous paraît préférable , parce qu’elle assure mieux que la pre¬
mière la conservation de la position de l’axe de l’arbre.
M. Schultz fait les deux tourillons coniques en sens inverses : le tourillon du côté
opposé au nez est rapporté sur une partie cylindrique de l’arbre et lui est relié par une
clavette qui le laisse libre de se déplacer dans le sens de la longueur; un écrou per-
32
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
met d’en régler le serrage dans la coquille, qui est fixe. L’arbre est ainsi buté entre
ses deux tourillons; mais, les appuis étant trop éloignés fun de l’autre, il est à craindre
que l’effet des dilatations pendant le travail modifie le réglage et enlève au procédé le
degré de précision qu’il semble comporter.
Les arbres nous ont paru avoir, en général, de bonnes dimensions; on ne saurait
trop répéter toutefois qu’on ne doit pas craindre de leur donner un fort diamètre, sur¬
tout au tourillon voisin du nez, ainsi qu’une grande longueur de portées, à condition
d’en assurer le graissage.
Dans un certain nombre de tours, les arbres sont creux, pour permettre l’introduc¬
tion de barres d’alésage; parfois, la butée du bout est elle-même percée (Bariquand).
Contre-poupée. — La contre-poupée se monte généralement sur le banc avec l’in¬
termédiaire d’une semelle sur laquelle elle peut coulisser transversalement , donnant
ainsi le moyen de mettre exactement la contre-pointe dans le prolongement de l’arbre
du tour; le réglage fait, les deux parties doivent être bloquées ensemble par des bou¬
lons. La semelle se fixe le plus souvent sur le banc au moyen d’un ou de deux bou¬
lons; d’autres fois, le serrage se fait au moyen d’une tige rappelée par une came, ce
qui procure une grande rapidité de manœuvre et évite l’emploi toujours incommode
des clefs à écrous.
Dans les gros tours (Bouhey, Greenwood et Batley, Steinlen), le déplacement de
la contre-poupée se fait à l’aide d’un levier à cliquet ou d’une manivelle et d’engre¬
nages prenant appui sur une crémaillère fixée au banc.
L’arbre de contre-pointe est taraudé et vissé sur une tige terminée par une mani¬
velle de manœuvre, ou fileté et vissé dans une douille engagée dans la contre-poupée; il
se bloque par le serrage d’oreilles fendues, ménagées à la partie antérieure de son
logement. Dans les tours disposés pour monter sur la contre-pointe une barre d’alé¬
sage, l’avance peut en être produite automatiquement au moyen d’un rochet et d’un
cliquet actionné par le renvoi, ou mieux par des engrenages prenant leur commande
sur l’arbre de la vis de filetage (Steinlen).
Dans les grands tours à canons de MM. Bouhey, Greenwood et Batley, l’arbre de
contre-pointe est disposé pour recevoir un plateau de centrage monté fou sur lui.
CHARIOTAGE ET FILETAGE.
Tours à charwter à la main. — Nous ne nous arrêterons sur les tours à charioter à
la main que pour signaler un petit tour de MM. Brown et Sharpe qui présente de
grandes commodités, en même temps que des dispositions intéressantes. L’organisation
de la poupée est un modèle de montage d’arbre, de précaution contre l’introduction
des poussières et de lubrification. L’arbre est creux et alésé en cône à hauteur du
nez; outre la pointe ordinaire, il peut recevoir un mandrin de serrage rapide fendu en
MACHINES-OUTILS.
33
Tour à cliarioler à main de MM. Biown et Sharpe.
Support de cliariolage.
trois parties sur presque toute sa longueur; un ressort à boudin tend à appliquer le
mandrin dans son logement conique; pour le desserrer instantanément, il suffit d’agir
Groupe VJ. — iv.
LULIUE .NATIONALE.
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
3/i
à l’aide d’un levier sur un manchon extérieur qui lui est relié par une vis ; ce mandrin
donne ainsi le moyen de centrer rapidement des bouts de barre cylindriques. La
contre-poupée possède un serrage à excentrique ; l’arbre de contrepointe peut se man¬
œuvrer à l’aide d’un levier. Le support principal de l’outil pour le chariotage comprend
une semelle à queue d’aronde s’agrafant au banc et une équerre orientable sur la
semelle; le bord vertical de l’équerre forme appui pour une barre de section carrée a
laquelle se fixe l’outil; l’équerre étant disposée à la distance et à l’inclinaison conve¬
nables par rapport à Taxe du tour, il suffit, pour charioter, de déplacer la barre sur
elle en la maintenant contre le bord vertical. La barre peut d’ailleurs recevoir un
support de chariot à main ordinaire et une lunette.
Tours à charioter et à fileter automatiquement. — Un tour complet comprend un cha¬
riot longitudinal et un chariot transversal automatiques, un plateau pivotant gradué et
un ou deux chariots supérieurs pour l’approche de l’outil ou pour le tournage à la
main. Le plateau pivotant n’est qu’exceptionnellement commandé mécaniquement; on
le bloque apres le réglage de son orientation. On bloque aussi avec avantage le chariot
longitudinal, quand l’avance est donnée au chariot transversal.
MACHINES-OUTILS.
35
Le chariot longitudinal est mû soit par vis, soit par crémaillère. Les tours com¬
muns n’ont souvent qu’une vis pour charioter et pour fileter; le mouvement automa¬
tique est donné au chariot par un ou deux secteurs d’écrou que l’on embrave sur la vis,
le mouvement à la main par une roue de vis sans fin qui prend appui sur la vis, comme
sur une crémaillère. Mais le travail continuel et avec des courses variables amenant vite
l’usure irrégulière de la vis, celle-ci ne tarde pas a devenir impropre à produire un bon
filetage; de pareils tours doivent être considérés comme ne convenant qu’au chariotage.
Dans les tours soignés, on emploie des organes distincts pour le chariotage ^t pour le
filetage, généralement une crémaillère pour le premier et une vis pour le second, la
crémaillère servant en même temps pour la manœuvre rapide à la main; M. Bariquand
présente un tour muni de deux vis , la vis de filetage étant construite particulièrement
avec une grande précision et ayant un pas d’un nombre exact de millimètres. A la
qu’il ne se produit pas suivant la direction de l’outil et ne tend qu’a faire varier la lar¬
geur des passes; nous croyons cependant que, pour des travaux de précision, cet effet
n’est pas négligeable , et nous donnons volontiers la préférence à la disposition de
M. Bariquand.
Les crémaillères sont taillées normalement à leur longueur; le profil des dents est
celui des roues d’engrenages ordinaires. Les vis sont à filet carré ou a profil épicycloïdal ,
légèrement incliné quand elles doivent recevoir des écrous débrayables, pour facili¬
ter l’entrée et la sortie de l’écrou; les arêtes des dents sont souvent arrondies; certains
constructeurs font en arc de cercle le sommet de la dent et le fond de l’intervalle
(Dândoy-Maillard et Lucq).
La vis de filetage reçoit la commande de l’arbre principal du tour au moyen d’un
équipage de roues montées sur une tête de cheval; elle est placée tantôt à l’extérieur
du banc, tantôt à l’intérieur, sous la partie médiane du chariot longitudinal; il semble
que, dans ce dernier cas, elle exerce son action dans des conditions plus favorables.
Pour rapprocher la vis le plus possible du chariot, les tours à banc rompu sont ordi¬
nairement munis d’un arbre intermédiaire qui passe sous le banc et actionne la vis
à l’extrémité voisine de la contre-poupée. Quand la vis a quelque longueur, on la sup¬
porte de distance en distance; elle est toujours soutenue par un support adapté au
chariot dans le voisinage de l’écrou, quand celui-ci est débrayable.
Le retour du chariot, après une passe de filetage, ne peut se faire d’une façon cor¬
recte qu’en changeant le sens de marche de la commande générale par le renvoi; sou¬
vent une barre agissant sur le débrayage règne tout le long du tour et permet a l’ou¬
vrier de manœuvrer le renvoi d’un point quelconque du banc où se trouve lé chariot*
Dans ces conditions, le temps exigé pour le retour est quelquefois très long; outre
qu’elle ne produit rien comme travail, l’attente est fatigante pour l’ouvrier; celui-ci
prend alors l’habitude de débrayer l’écrou, de ramener le chariot à la main jusqu’à un
point déterminé et de réembrayer l’écrou au moment ou une des dents d’uné des preT
3.
36
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
mières roues de lequipage passe en face d’un trait de repère fixe. On rend ce genre de
manœuvre plus commode et, dans tous les cas, plus exact, en ajoutant a la poupée un
mécanisme d’arrêt et de changement de marche, qui se trouve être à l’origine de l’équi¬
page et qui est combiné de diverses façons, mais toujours avec des engrenages et de
manière à être actionné rapidement ; le mécanisme étant mis a l’arrêt, on peut ramener
le chariot a la main et embrayer l’écrou; il ne s’agit plus alors que d’embrayer le mé¬
canisme en faisant correspondre deux dents repérées. Ce mécanisme permet encore de
fileter à gauche ou à droite avec le même équipage de roues , sans nécessiter l’emploi
d’une roue intermédiaire.
L’écrou mobile est formé tantôt d’un seul secteur, tantôt de deux qui se manœuvrent
simultanément. Certains constructeurs, comme M. Bariquand, réduisent l’étendue du sec¬
teur au quart ou au tiers au plus de la circonférence et font le filet carré; d’autres en¬
veloppent une demi-circonférence et sont obligés de faire le filet trapézoïdal ou en arc
d’épicycloïde très allongé pour pouvoir engager le secteur sur la vis. Il ne semble pas
que la première disposition soit désavantageuse; car si le secteur a moins d’étendue,
par contre l’appui des filets se fait plus sûrement et l’écrou n’a pas de tendance à
s’écarter de la vis. Quant à l’emploi de deux secteurs, il n’est pas non plus certain qu’il
assure mieux le guidage de l’écrou, la question étant du même ordre que celle qui con¬
siste à faire toucher constamment trois points d’une règle se déplaçant sur une surface
plane; tout au plus peut-on dire que l’action réciproque des deux secteurs tend à main¬
tenir constante la profondeur d’engrénement.
La commande du chariotage se fait le plus souvent au moyen d’un arbre disposé le
long du banc et muni d’une vis sans fin qui suit le chariot; elle est prise sur l’arbre
tantôt par une ou par deux séries de cônes avec arbre intermédiaire et courroies, tantôt
par un deuxième équipage de.roues, et enfin, dans les tours de M. Bariquand, elle em¬
ploie l’équipage même des roues de filetage; dans les deux premiers cas, un méca¬
nisme d’arrêt et de changement de marche , avec embrayage ordinairement par manchons
dentés, produit la marche dans l’un ou l’autre sens et l’arrêt du chariotage; M. Bariquand
se sert d’un embrayage analogue, placé sur l’axe de la première roue de l’équipage, pour
commander soit la vis de filetage, soit l’arbre et la vis sans fin de chariotage ; ce dispo¬
sitif a l’avantage de ne pas permettre l’embrayage simultané du filetage et du chario¬
tage. Les cônes et courroies ne procurent qu’un nombre limité de vitesses pour l’avance
du chariot, mais le passage d’une vitesse à l’autre est facile et rapide; les engrenages
fournissent des variations plus étendues, seulement ils exigent le changement des roues.
MM. Brown et Sharpe se servent de la vis même de filetage comme arbre de com¬
mande du chariotage; à cet effet, la vis est creusée d’une rainure longitudinale dans
laquelle coulisse une nervure fixée à l’intérieur d’une vis sans fin entraînée par le
chariot. On peut objecter a cette disposition que la rainure de la vis donne prise à la
mutilation des filets par le passage de la nervure ou par toute autre cause et à la pro¬
duction de bavures susceptibles de nuire a la régularité du filetage.
MACHINES-OUTILS.
37
Le mouvement de la vis sans fin est transmis par des roues a la crémaillère du
chariot longitudinal. Quand le chariot transversal est automatique, sa commande est
également prise sur l’arbre de la vis sans fin par une deuxième série de roues; mais
comme ce chariot est mû par vis, le passage par la vis sans fin pouvant produire un
ralentissement exagéré d’avance, sa commande est souvent prise directement sur l’arbre
latéral par roues d’angle. Des embrayages indépendants, par déplacement de roues
sur leurs axes, ou par manchons dentés, ou mieux par friction, permettent d’actionner
à volonté l’un ou l’autre chariot. Les engrenages prenant une certaine place sur le
côté des chariots , habituellement on les dispose avec l’arbre à vis sans fin du côté opposé
à l’ouvrier; MM. Brown et Sharpe et M. Janssens ont pu les mettre du côté de l’ouvrier
et les recouvrir, sans qu’il en résulte d’encombrement, avec l’avantage de rendre les
manœuvres très simples et très faciles. La conduite du chariot longitudinal à la main
se fait en débrayant ce chariot de la vis sans fin et en agissant directement à la mani¬
velle sur le pignon de la crémaillère.
Un tour de MM. Bouhey n’a pas de chariot transversal inférieur; mais sur le plateau
pivotant sont disposés deux chariots, dont l’inférieur peut recevoir un mouvement auto¬
matique sous tout degré d’inclinaison, ce qui donne le moyen de faire automatiquement
des cônes d’une certaine longueur; la commande est communiquée à volonté à ce cha¬
riot ou au chariot longitudinal inférieur par un embrayage de roues à bascule.
Le tour à canons de MM. Bouhey et un tour de 4oo millimètres de hauteur de
pointes de M. Bariquand sont munis de dispositifs qui ne permettent pas de pouvoir
embrayer à la fois deux quelconques des trois mouvements de filetage, chariotage lon¬
gitudinal et chariotage transversal; cette mesure de [précaution se recommande d’elle-
même à l’attention des industriels.
Dans le tour à deux vis de M. Bariquand, une seule commande sert pour les deux
vis, qui tournent toutes deux en même temps; on embraye le chariot sur l’une ou sur
l’autre par le déplacement d’un coulisseau portant deux secteurs d’écrou, de sorte que
les deux vis ne peuvent jamais être commandées à la fois. La manœuvre a la main du
chariot longitudinal se fait a l’aide d’une roue qui engrène avec la vis de chariotage et
prend appui sur elle.
Ce tour n’a pas de mouvement transversal automatique.
Un tour de M. Aemmer chariote longitudinalement par la vis de filetage et transver¬
salement par la vis sans fin; il ne peut, par suite, être employé pour des travaux de file¬
tage précis.
Le grand tour de MM. Greenwood et Batley chariote longitudinalement par vis ; il peut
toutefois charioter aussi dans le même sens par crémaillère par l’intermédiaire d’un
arbre latéral à vis sans fin, dont la commande s’embraye sur l’arbre de la vis princi¬
pale; c’est d’ailleurs sur l’arbre latéral qu’est prise la commande du chariotage trans¬
versal. L’embrayage de l’un ou l’autre chariot sur cet arbre se fait à l’aide de vis sans
fin, qui donnent à l’ouvrier une puissance suffisante d’action, sans exiger beaucoup de
38
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
temps. Pour la manœuvre rapide des chariots, qui ne pourrait se faire à la main,
MM. Greenwood et Batlev se servent d’un renvoi indépendant de celui du tour et com¬
mandant un arbre qui s’embraye avec l’arbre latéral.
Les tours d’une certaine puissance emploient avec avantage deux supports d’outils
ou même un plus grand nombre travaillant simultanément. M. Steilen dispose sur le
chariot longitudinal deux chariots transversaux opposés l’un à l’autre et actionnés par
des vis indépendantes. MM. Boubey montent sur le même banc deux chariots longitu¬
dinaux agissant séparément. Les deux lignes de glissières du tour de MM. Greenwood
et Batley ont chacune une vis et un arbre latéral à commande propre , et sur chaque
ligne sont deux chariots longitudinaux indépendants.
Tours à fileter divers. — MM. Pesant frères, de Maubeuge, exposent un tour à fileter
par vis-mère , n’exigeant que l’emploi d’un nombre très limité de roues de rechange sur
l’équipage qui conduit la vis. Celle-ci peut s’incliner en pivotant à une extrémité autour
de Taxe d’une roue d’angle dont elle reçoit la commande ; elle se fixe à l’autre extré¬
mité sur un secteur circulaire à coulisse , muni de graduations correspondant à chacune
des roues de rechange de l’équipage. L’écrou est monté sur un pivot horizontal adapté
à une glissière qui peut monter et descendre dans une longue coulisse verticale fixée
sur le côté du chariot longitudinal. La vis étant disposée sous un certain angle, l’écrou
ne communique au chariot par l’intermédiaire de la glissière que la valeur de la com¬
posante horizontale de son déplacement. Avec cinq roues de rechange, on peut faire
tous les pas de 1 a 5 millimètres. Ce dispositif a surtout l’avantage de permettre l’exé¬
cution de pas non métriques; il offre des causes d’irrégularité, tenant à l’obligation
pour l’écrou et sa glissière de se déplacer verticalement; il peut en résulter des à-coups
provenant de frottements variables aux différents points de la coulisse; il s’ensuit, dans
tous les cas, des variations dans le porte-à-faux du point par lequel la vis agit sur le
chariot. Nous pensons toutefois qu’on peut obtenir des résultats satisfaisants, si l’exécu¬
tion des surfaces de frottement est très bonne, de manière que les mouvements se
fassent à la fois très librement et sans jeu, et si l’on se contente de travailler dans les
positions où l’écrou est voisin de la masse principale du chariot.
MM. Sculfort-Malliar et Meurice ont également des petits tours qui donnent des
résultats analogues, en laissant la vis horizontale; ils utilisent cette propriété qu’une
droite mobile assujettie à passer constamment par un point fixe décrit sur deux autres
droites parallèles des chemins proportionnels. La direction des deux parallèles est la
direction commune de la vis et du déplacement du chariot, Tune des parallèles étant
la vis elle-même, l’autre la droite parcourue par une goupille adaptée au chariot; la
droite mobile est constituée par une règle qui oscille autour d’un pivot horizontal fixé à
l’écrou et qui possède vers ses extrémités deux coulisses par lesquelles elle s’appuie
d’une part sur la goupille fixée au chariot et d’autre part sur une deuxième goupille
(point fixe) engagée dans une traverse inférieure fixe. On voit ainsi que la goupille du
MACHINES-OUTÏLS.
39
chariot décrit des chemins proportionnels à ceux du pivot de l’écrou. La raison de la
proportion dépend de l’écartement des deux parallèles, la distance de l’axe de la vis
au point fixe de la traverse étant constante; pour faire varier commodément l’écarte¬
ment des parallèles, on a adapté au chariot une longue règle verticale graduée avec cou¬
lisse, dans laquelle on fixe la goupille au point de la graduation correspondant au pas
à obtenir.
Il reste à signaler les dispositions des machines à décolleter, spéciales pour le file¬
tage, ainsi que celles des machines à tarauder; nous nous occuperons plus tard de ces
machines.
TOURS DIVERS.
Tours en îair, à banc séparé. • — Les quelques tours exposés de ce genre n’offrent pas
de particularités bien saillantes, en dehors des dispositions exigées par leur emploi spé¬
cial. Leurs poupées sont celles des tours ordinaires, avec harnais à triple ou à qua¬
druple engrenage. Les supports à colonne des chariots de tours en l’air (Bouhey) re¬
çoivent deux chariots rectangulaires montés sur plateau pivotant, se manœuvrant à la
main. Le banc séparé (Société alsacienne, Steinlein) est mobile sur une semelle au
moyen d’un levier à cliquet prenant appui sur une crémaillère; les chariots et la contre-
pointe peuvent être mus automatiquement par des encliquetages recevant un mouve¬
ment alternatif de cordes passant sur le renvoi et actionnées par un plateau à excen¬
trique monté sur la dernière roue d’un équipage de la poupée; un support de tour en
l’air placé sur le côté de la semelle reçoit les chariots pour le tournage des grands dia¬
mètres (Société alsacienne); l’arbre est creux et peut servir à guider la barre pour l’alé¬
sage des moyeux de poulies, roues, etc.
Tours a poulies. — Un tour à poulies de la Société d’Albert possède une poupée
avec harnais à triple engrenage, une forte poupée de contre-pointe et deux supports
opposés de chariots dont la position est réglable sur une semelle. Les supports de cha¬
riots sont rapprochables simultanément de l’axe du tour au moyen d’une vis à filetages
inverses; chacun porte un plateau pivotant et deux chariots, dont l’un a un mouvement
d’avance automatique parallèlement à l’axe du tour donné par une commande par
cônes prise sur la poupée, et dont l’autre, dépourvu de vis, se meut en même temps
normalement à l’axe, pour former le bombement de la jante, sous l’action d’une tige a
galet engagée dans une rainure circulaire fixe; les deux outils s’avancent l’un vers
l’autre, en allant des bords vers le milieu de la jante, où leurs passes se raccordent. La
contre-poupée porte une barre d’alésage animée d’un mouvement d’avance automatique
pris sur la poupée, en même temps qu’elle reçoit directement du renvoi un mouve¬
ment de rotation de sens contraire à celui de la poupée. L’indépendance des commandes
des rotations de la poulie à tourner et de la barre permet de faire simultanément le
tournage et l’alésage; de plus, la rotation donnée à la barre augmente sa vitesse rela-
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
40
tiyc piu* rapport à celle de la poulie, qui, suffisante pour le tournage de la jante, serait
trop faible pour l’alésage du trou.
Tours à roues. — Les tours à roues montées sur essieu (Fétu-Defize, Société alsa¬
cienne) possèdent une contre-poupée avec plateau de centrage semblable a celui de la
poupée, le dernier arbre auxiliaire du harnais pouvant commander à la fois les roues
des deux plateaux (Société alsacienne). Deux supports, un pour chaque roue, sont
montés à coulisse normalement à l’axe du tour, sur des tables réglables elles-mêmes
a coulisse sur la semelle ou sur un banc parallèlement a l’axe; ils reçoivent un plateau
pivotant et deux chariots, dont l’un peut être commandé par encliquetage. Le tour de
la Société alsacienne comporte en outre deux supports d’outils supplémentaires placés
à l’opposé des précédents, déplaçables transversalement par crémaillère pour permettre
le montage des roues.
Tours à reproduire. — M. Steinlen transforme des tours ordinaires en tours à repro¬
duire en supprimant la vis du chariot inférieur transversal et faisant appuyer, au moyen
d’un ressort, une touche adaptée à ce chariot contre une règle à profil convenable placée
sur le côté. MM. Bouhey emploient également leur tour à canons pour reproduire, en
disposant sur un prolongement du chariot transversal un coulisseau qui suit une plaque-
guide latérale. Le tour a poulies de la Société d’Albert, dont nous avons parlé plus
haut, n’est pas autre chose qu’un tour a reproduire.
M. Duval-Pihet nous montre un tour organisé spécialement pour tourner les pro¬
jectiles; le travail de la partie cylindrique se fait comme d’habitude avec le chariot
inférieur longitudinal; la particularité du tour est relative au tournage de l’ogive, sur¬
face de révolution dont la génératrice est un arc de cercle allongé. Le dessus du chariot
inférieur est plan et supporte un plateau muni des dispositions ordinaires pour le
réglage de l’outil; le chariot inférieur et le plateau sont reliés d’un côté par un pivot
vertical situé a la place du centre de l’arc de cercle générateur de l’ogive, considéré dans
le plan horizontal de l’axe du projectile, de l’autre côté par une vis parallèle au banc
du tour avec écrou susceptible de coulisser dans une rainure du plateau dirigée vers le
pivot. On conçoit que, le chariot inférieur restant fixe et la vis du plateau étant embrayée,
celui-ci se mette à tourner autour du pivot et fasse décrire a la pointe de l’outil l’arc
de cercle voulu; le déplacement de l’écrou dans sa rainure produit seulement une légère
variation de la vitesse de rotation.
La Société d’Albert expose un tour à charioter conique automatiquement. Le chariot
transversal inférieur se meut en même temps que le chariot longitudinal avec une
avance déterminée par un choix convenable de l’équipage de roues. Une lunette à suivre,
à trois griffes d’appui complétant avec l’outil les sommets d’un carré, est montée sur
F chariot longitudinal; elle se déplace tout entière en sens inverse de l’outil à l’aide
d un filetage de la vis du chariot transversal égal a celui qui produit l’avance de ce
MACHINES-OUTILS,
41
chariot, mais inverse. Les griffes supérieure et inférieure se meuvent en même temps
en sens convenables par l’aclion d’une vis verticale à deux fdetages inverses de même
pas que celui de la vis inférieure et commandée par elle au moyen de roues d’angle
égales.
M. Moreau présente un plateau se montant sur le nez d’un tour, pour faire des formes
elliptiques; le système est de ceux qui sont bien connus. Sur la tranche de la poupéo
se fixe, avec réglage dans le sens horizontal par vis de rappel, une plaque portant un
disque dont l’axe est parallèle à celui du tour; le plateau vissé sur le nez de l’arbre
possède une coulisse à queue d’aronde dirigée suivant un diamètre; un coulisseau mo¬
bile dans cette dernière est muni à ses extrémités de deux règles normales a sa direction
et s’appuyant sur le pourtour du disque, auquel elles sont astreintes à rester constam¬
ment tangentes. Le coulisseau reçoit en son milieu et à égale distance des deux règles
un nez sur lequel se monte la pièce à tourner. La ligne médiane du coulisseau et la
normale passant par son nez représentent deux droites rectangulaires mobiles dont
chacune passe constamment par un point fixe, qui est pour l’une sur l’axe du tour et
pour l’autre sur l’axe du disque. Tout point fixe, par exemple la pointe de l’outil, consi¬
déré comme lié invariablement à la droite passant par les deux points fixes, tracera
une ellipse sur le plan des deux droites mobiles ou sur tout plan parallèle qui lui est
invariablement lié.
Nous trouvons chez M. Christophe un petit tour avec dispositif assez ingénieux pour
reproduire des formes variées ; il n’emploie pas de chariots , mais deux cadres articulés
l’un sur l’autre a angle droit par deux côtés qui constituent les axes d’un joint universel.
Les côtés opposés de chaque cadre sont eux-mêmes des axes dont l’un relie le cadre
inférieur au banc et dont l’autre supporte un barillet porte-outils. Les axes du premier
cadre sont parallèles à l’axe du tour; ceux du second lui sont perpendiculaires. L’hori¬
zontalité et la hauteur du barillet sont maintenues au moyen d’une règle a profil fixée
au banc et sur laquelle il prend appui. Le mouvement horizontal du barillet est déter¬
miné par un gabarit fixe, le long duquel on fait appuyer un galet qui lui est adapté. Le
profil du gabarit n’est autre chose qu’une parallèle a une génératrice de la surface de
révolution à obtenir. Avec ce système et un peu d’habitude, on exécute très correcte¬
ment des formes assez accidentées; son auteur l’applique à la fabrication d’embouchures
d’instruments de musique.
ACCESSOIRES DE TOURS.
Plateaux et mandrins. — Les plateaux et les mandrins servant au montage des pièces
sur l’arbre du tour sont représentés par des types assez nombreux, assez bien connus
d’ailleurs et indépendants des modèles de tours : plateaux a tocs; plateaux à trous ou
à rainures avec griffes de serrage constituées par des poupées dites à talon ou à pompe
se fixant en des points variables du même rayon du plateau, ou des mords se déplaçant
tout le long du rayon à l’aide de vis encastrées dans l’épaisseur du plateau, ces mords
42
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
étant à un ou à plusieurs étages et pouvant prendre les pièces par l’extérieur ou par
l’intérieur; plateaux centrant automatiquement par le serrage simultané des griffes à
l’aide d’engrenages ou de rampes en spirale; mandrins à vis pour les petites pièces;
mandrins à coussinets rentrants ou expansibles de formes diverses, à serrage successif
ou simultané des coussinets. Les plateaux et mandrins à centrage automatique sont d’un
emploi très commode et très rapide; mais, de l’avis à peu près général de ceux qui
s’en servent, ils ne sont pas susceptibles de donner un très grand degré de précision;
ils suffisent toutefois et sont très avantageux pour des travaux de dégrossissage de pièces
de forge ou de barres laminées, et surtout quand la partie de la pièce sur laquelle se
fait le centrage ne doit servir que de guide provisoire et est destinée à disparaître dans
la suite des opérations.
Nous signalerons un système de toc de MM. Hurtü et Hautin, évitant l’inconvénient
de l’appui en porte-à-faux des tocs ordinaires, duquel résulte un déplacement du point
de contact de la pièce avec la pointe aux divers moments d’un même tour de la pièce.
Le toc a deux branches égales qui s’appuyent sur deux talons ou épaulements parallèles
en saillie sur un coulisseau mobile dans le plateau. Grâce à la présence du coulisseau,
l’effort d’entraînement se répartit également entre les deux branches du toc et les deux
actions inverses s’équilibrent.
Lunettes. — Les lunettes à suivre sont représentées par des équerres réglables en
hauteur et transversalement, des V réglables seulement transversalement, des cadres
complets enserrant la pièce entre quatre points d’appui , trois griffes à 1 2 0 degrés ou
disposées seulement du côté opposé à Toutil et se réglant suivant des rayons de la pièce.
Tous ces systèmes ne peuvent empêcher que, si une pièce à fileter a du faux rond ou
des irrégularités quelconques, quand ces défauts passeront devant un point d’appui,
ils occasionneront un déplacement de la pièce et un défaut correspondant sur le filet, et
que, si, au début du tournage, il s’est formé quelque irrégularité, elle se reproduise
d’autant plus souvent qu’il y a plus de points d’appui et qu’il devienne parfois impos¬
sible de continuer le travail. Pour des opérations de précision, il conviendra toujours
de se servir, comme le fait M. Steinlen, de lunettes cylindriques fermées en bois ou en
bronze au diamètre de la pièce à fileter ou à tourner.
Les lunettes fixes sont formées par des coussinets en bois contenus dans un cadre
rectangulaire avec chapeau de serrage , ou par trois griffes à 1 2 0 degrés montées sur
un cercle; nous ferons pour ces dernières les mêmes observations qne pour les lunettes
mobiles.
Dispositions spéciales des chariots. — Les tours soignés portent des disques gradués
sur les vis des chariots supérieurs et du chariot transversal inférieur. On se sert notam¬
ment des graduations dans le filetage pour remettre l’outil en position et donner le fer
au commencement de chaque passe. On facilite l’opération et l’on soulage considéra^-
MACHINES-OUTILS.
43
blement l’attention de l’ouvrier, en établissant une butée sur le chariot inférieur; l’outil
est ramené en arrière, pour le retour, par la manœuvre du chariot inférieur; on le remet
à la position qu’il occupait précédemment en portant ce chariot en avant jusqu’à la
rencontre de la butée; on donne ensuite le fer en avançant le chariot supérieur d’une
quantité constante pour des passes égales.
Dans un petit tour de précision, M. Bariquand rend mobile la bride de la vis du
chariot inférieur et dispose sur la semelle du chariot un mécanisme d’excentrique dont
l’amplitude de rotation est limitée par deux butées, qui agit sur la bride, et au moyen
duquel on produit le recul et la remise en place rapides de la vis et du chariot inférieur
sans faire tourner la vis et sans risquer, par suite, de modifier les indications de sa gra¬
duation.
L’ouvrier n’a ainsi à s’occuper que de la quantité de fer a donner à chaque passe
et ne peut que bien difficilement commettre des erreurs.
Supports d’outils. — On fixe habituellement les outils sur le chariot supérieur, soit,
pour les petits tours, en les encastrant dans une sorte de châssis ou de logement de
section convenable et les serrant par une vis, soit, pour les tours plus forts, en les
appuyant au moyen de brides et de boulons; on met la pointe à hauteur convenable
en plaçant des cales sous l’outil.
Pour éviter l’emploi des cales , au moins dans le chariotage cylindrique , MM. Brown
et Sharpe enlèvent l’ensemble du plateau pivotant et du chariot supérieur, et le rem¬
placent par un support avec axe constitué par un boulon libre seulement de tourner à
son intérieur; ce boulon se visse dans l’écrou qui servait à fixer le plateau pivotant; en
agissant sur lui, on monte ou abaisse le support, qu’un ergot empêche d’ailleurs de
tourner et qui reste guidé dans le logement cylindrique du collet du plateau pivotant
Le réglage de la hauteur achevé, un appareil de bloquage fixe solidement le support
sur le chariot transversal; on ne dispose plus alors que des mouvements des deux
chariots inférieurs.
M. Hure emploie pour le même objet un support formé d’une douille fendue à oreilles
montée sur un pivot vertical de fort diamètre faisant partie du chariot supérieur. La
douille est terminée par un plateau sous lequel les outils se fixent par brides et boulons.
Une tige verticale vissée sur le bord du plateau appuie par son extrémité sur une sorte
de voie circulaire réservée à la base du pivot. Il suffit de desserrer légèrement les oreilles
de la douille pour rendre celle-ci libre ; on peut alors la faire monter ou descendre en
agissant sur la tige filetée; on resserre ensuite la douille.
Les tours ordinaires se transforment facilement en tours à décolleter, en rappor¬
tant un barillet à plusieurs outils sur le chariot supérieur, comme le fait la Société
d’Albert; le changement d’outils se fait en dégageant un verrou à ressort d’un des
crans diviseurs du barillet et faisant pivoter le barillet à la main, indépendamment du
recul et de la remise en place d’un ou de plusieurs chariots.
h h
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Disposition pour tourner sphérique . — Dans certains tours, le plateau pivotant est
muni d’une roue sur laquelle on peut agir à l’aide d’une vis sans fin. Quand les tours
sont dépourvus de roue et de vis sans fin , on peut rapporter sur le chariot transversal
inférieur un appareil simple comprenant essentiellement les éléments nécessaires pour
fixer l’outil et pour donner le mouvement de rotation.
La manœuvre de ces appareils, comme celle du plateau pivotant, ne se fait en gé¬
néral qu’à la main.
Appareils de fraisage. — On cherche à donner aux tours un caractère d’universalité ,
en leur adjoignant des appareils qui les transforment en machines à fraiser. Ordinai¬
rement, la pièce est montée entre les pointes ou sur le plateau du tour et les appareils
se placent sur le chariot transversal inférieur; ces derniers sont de véritables machines
à fraiser avec arbre disposé horizontalement, verticalement ou à inclinaison variable;
le plus souvent, la fraise reçoit sa commande du renvoi et ses mouvements de déplace¬
ment se font à la main; dans son grand tour, M. Steinlen prend la commande de la
fraise sur la poupée du tour et lui communique des déplacements automatiques. Ce
genre d’utilisation du tour convient pour certaines catégories de travaux pour lesquels
on ne dispose pas de machines appropriées, tels que taille de crémaillères, d’alésoirs
allongés, etc., et quand, une pièce importante ayant été tournée, il est essentiel de ne
pas déranger le centrage pour en terminer l’usinage; mais il nous paraît absolument
défectueux pour les cas ordinaires de travaux qui peuvent se faire sur des machines
plus simples, mieux appropriées et par suite plus puissantes, tels que taille des fraises,
des roues d’engrenages, des forets, etc.
Le tour, ainsi employé, exige souvent l’usage d’un diviseur; on peut monter sur
l’arbre du tour, ou sur un axe qui lui est relié, un plateau denté ou à trous, ou se
servir des roues de fdetage, dont on repère les dents utiles. Le système diviseur com¬
prend dans tous les cas deux parties principales, l’une dépendant de la pièce et ser¬
vant à l’entraîner pendant le mouvement de division de la quantité voulue, l’autre fixe
ou dépendant de la vis de filetage dans le cas du fraisage en hélice ; la liaison des deux
parties assure la stabilité de la pièce ou la commande réciproque de sa rotation et de
la translation de la fraise. M. Steinlen et M. Schultz ont des diviseurs spéciaux à en¬
grenages, comprenant une vis sans fin et un jeu de roues que l’on choisit de façon
qu’une division de la pièce corresponde à un tour ou à un demi-tour exact de la pre¬
mière roue du système; pour les fraisages rectilignes, ils appliquent la roue de vis
sans fin du diviseur sur l’arbre du tour ou sur la vis de fdetage. Pour le fraisage en
hélice, M. Schultz fixe sur le nez même de l’arbre le support de la vis sans fin, la
roue de vis sans fin étant concentrique à l’arbre, mais folle sur lui et fixée, par contre,
au plateau porte-pièce; le système diviseur est entraîné avec l’arbre dans son mouve¬
ment de rotation pendant le travail, mais le mouvement de division n’a d’effet d’en¬
traînement que sur le plateau.
MACHINES-OUTILS.
45
M. Jamelin présente un tour conçu dans un ordre d’idées inverse : il monte la fraise
sur l’arbre du tour en l’air ou entre pointes et il dispose sur le chariot transversal in¬
férieur un échafaudage de supports à mouvements rectilignes et circulaires, dont le
dernier porte la pièce a fraiser prise dans un étau, entre pointes ou d’une façon ap¬
propriée quelconque. Son appareil comprend un plateau pivotant à axe vertical, un
deuxième plateau pivotant à axe horizontal, puis deux chariots rectangulaires; il obtient
un troisième mouvement de rotation en montant la pièce sur un axe; en reliant cet
axe par engrenages avec la vis de manœuvre dun des derniers chariots, il produit un
mouvement hélicoïdal. M. Jamelin peut ainsi orienter la pièce de façons très diverses et
lui donner des déplacements variés successifs ou même simultanés. On doit reconnaître
toutefois qu’un semblable appareil manque de stabilité; s’il peut, à la vérité, rendre
des services, son emploi doit être limité aux cas assez rares où, notamment dans de
petits ateliers, on ne dispose pas d’autres moyens mécaniques.
Grand tour universel de M. Steinlen. — Pour donner un exemple de tour complet et
en résumer les dispositions, nous décrirons sommairement le grand tour exposé par
M. Steinlen.
Le banc et la poupée sont rapportés sur une semelle et fixés au moyen de rainures a
boulons; une crémaillère adaptée à la semelle permet au besoin de déplacer le banc;
celui-ci, affleurant l’extrémité de la semelle, laisse .une échancrure de 1 m. 3o entre lui
et le plateau de l’arbre. La hauteur de pointes est de o m. 575 au-dessus du banc et
de 1 m. 175 au-dessus du fond de l’échancrure; la distance maximum entre pointes
est de 5 m. 900.
La surface du banc est plane , les bords sont à queue d’aronde pour l’agrafage du
chariot; la fente médiane sert de guide a la semelle de la contre-poupée, qui y est en¬
gagée par un tenon. Sous un des bords de la fente est adaptée la crémaillère de cha¬
riotage; cette crémaillère sert également au déplacement longitudinal de la semelle de
la contre-poupée, qui est munie à cet effet d’un système d’engrenages avec volant de
manœuvre.
La poupée porte un arbre a tourillons cylindriques, le tourillon voisin du nez ayant
0 m. 9 25 de diamètre et 0 m. 38 0 de longueur; les coussinets sont en bronze, en
deux parties serrées par des chapeaux; l’arbre est appuyé dans le sens longitudinal par
une butée en bout et par un épaulement voisin. La commande comporte un cône à
cinq étages et un harnais à triple engrenage, le premier arbre auxiliaire étant a tou¬
rillons excentriques, le deuxième se déplaçant suivant sa longueur; la dernière roue
du harnais est adaptée au plateau et est a denture intérieure. Le plateau possède
quatre rainures a T, dans lesquelles se déplacent au moyen de vis des poupées de ser¬
rage avec piston, et mord a deux étages intérieurs et un seul extérieur; la roue du pla¬
teau est dentée obliquement sur son pourtour extérieur et engrène avec une vis sans
fin qui peut servir soit pour la division, soit pour le mouvement de rotation lent et
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
A6
automatique du plateau, celui-ci étant rendu indépendant de la commande directe à
la volée ou par le harnais. L’arbre est percé pour le passage d’une barre d’alésage.
La contre-poupée est reliée à sa semelle par queue d’aronde transversale avec vis
de réglage; le réglage fait, elle est bloquée par des boulons. L’arbre de contre-pointe
est vissé dans une douille munie d’un volant de manœuvre; il peut être actionné auto¬
matiquement, pour le perçage et l’alésage, à l’aide d’une roue adaptée à la douille et
engrenée avec une vis sans fin qui prend sa commande sur un équipage de roues
monte à l’arriéré du banc; il se bloque par le serrage des oreilles ménagées sur le
manchon fendu du devant de la contre-poupée.
Le chariot longitudinal inférieur est commandé soit par la crémaillère, soit par la
vis de filetage disposée à l’intérieur du banc, du côté opposé à celui de la crémaillère.
L’embrayage se fait sur la vis par un écrou en deux parties; l’embrayage du mouve¬
ment de la crémaillère a lieu par Tengrènement d’une roue avec une vis sans fin cia-
vetée dans la rainure d’un arbre latéral situé du côté opposé à l’ouvrier. Sur le chariot
longitudinal, sont montés deux chariots transversaux, un de chaque côté du banc, et
sur chacun de èes derniers, un plateau pivotant gradué et deux chariots rectangu¬
laires, destinés spécialement au réglage des outils de tour, mais dont l’inférieur peut
être actionné mécaniquement pour des travaux de tour cylindriques et coniques de peu
de longueur. La commande des chariots transversaux et des chariots supérieurs est
prise sur l’arbre latéral par roues d’angle et transmise aux vis des chariots en passant
par des roues mobiles d’embrayage, remontant pour les chariots supérieurs par l’axe
dé chaque plateau pivotant. Pour tourner de longs cônes, on emploie simultanément
le chariotage par la vis de filetage et l’avance des chariots transversaux; celle-ci est
alors prise sur un deuxième arbre latéral situé du côté de l’ouvrier et relié à l’arbre de
la vis par un équipage de roues monté sur tête de cheval à l’extrémité du banc.
A la place des deux chariots supérieurs, peut se monter, sur le chariot transvérsal
voisin de l’ouvrier, un appareil de fraisage muni d’un chariot horizontal, d’un chariot
vertical, d’un plateau pivotant a axe horizontal et d’un troisième chariot susceptible
d’être orienté dans toute direction autour de l’axe du plateau; sur le troisième chariot
et parallèlement à sa direction, se trouve l’arbre de la fraise. La commande de ce der¬
nier est prise sur un troisième arbre latéral , situé du côté de l’ouvrier et venant de la
poupée ; elle aboutit à l’axe du plateau pivotant horizontal et passe par l’axe de l’autre
plateau. Les trois chariots de l’appareil peuvent être actionnés mécaniquement par
commande prise sur celle de la fraise.
Il s’agit, à présent, de voir comment a lieu la commande de la vis de filetage et des
trois arbres latéraux. L’origine des mouvements vient de l’une ou l’autre de deux
roues, l’une montée au bout de l’arbre principal de la poupée, l’autre montée sur un
axe auxiliaire et engrenant avec le premier pignon du harnais; la première et une troi¬
sième roue calée sur Taxe de la deuxième peuvent être engrenées à volonté par dépla¬
cement sur leurs axes avec une quatrième roue qui, au moyen de systèmes de man-
MACHINES-OUTILS.
47
chons dentés d’embrayage, actionne soit un arbre inférieur passant au milieu de la
semelle, soit un arbre extérieur à la poupée; l’arbre inférieur allant à l’autre extrémité
du tour est mis par des têtes de cheval en relation avec là vis de filetage ou avec le
premier arbre latéral, ou simultanément avec la vis et le deuxième arbre latéral pour le
tournage conique; l’arbre extérieur, qui n’est autre que le troisième arbre latéral et
qui est essentiellement destiné au fraisage, va d’abord commander la fraise, comme
nous l’avons vu, et au besoin les chariots de l’appareil de fraisage; il peut en outre,
par des systèmes d’embrayage, être relié soit par l’intermédiaire cl’une vis sans fin de
ralentissement à l’arbre inférieur et par lui aux chariots inférieur et transversaux , soit
par l’intermédiaire d’un équipage de roues et d’une vis sans fin à la roue du plateau
de l’arbre du tour. Des mécanismes de changement de marche sont interposés sur la
commande de l’arbre inférieur et sur celle du plateau.
Un appareil diviseur à engrenages peut se placer sur la vis sans fin du plateau et
un autre sur l’arbre de la vis de filetage à l’extrémité du banc.
Une tringle pour la manœuvre du débrayage du renvoi court latéralement et paral¬
lèlement au banc ; elle peut être manœuvrée par des leviers disposés de chaque côté du
banc sur le chariot inférieur.
On voit qu’avec ce tour, par la combinaison convenable des différents mouvements,
il est possible d’exécuter sur une même pièce, sans la démonter* toutes sortes de tra¬
vaux de tournage cylindrique, conique ou sphérique, de fdetage, de perçage ou d’alé¬
sage, de fraisage rectiligne, circulaire ou hélicoïdal.
OUTILS DE TOUR.
On s’est beaucoup attaché à simplifier la confection des outils de tour, dont la forme
théorique est évidemment d’une réalisation assez coûteuse. On emploie souvent dé
simples barres profilées, dont on sectionne le devant suivant un plan faisant avec la
longueur l’angle de tranchant théorique; la fabrication est ainsi très simple, et l’affû¬
tage se fait en rafraîchissant la tranche. Mais il est à remarquer que, pour obtenir un
travail de bonne qualité et économique comme force dépensée, il faut toujours dis*-
poser l’outil de manière qu’une des deux faces du tranchant fasse avec la direction du
mouvement au point attaqué de la pièce l’angle de coupe de 3 à 4 degrés. On est
alors conduit à écarter notablement la pointe de l’outil du plan horizontal de l’axe du
tour, si l’on dispose l’outil horizontalement, ou bien à l’incliner par rapport à ce plan;
la première solution n’est pratiquement applicable que lorsqu’on a toujours affaire à des
pièces de même diamètre, ce qui est le cas des fabrications spéciales; la deuxième a
entraîné l’usage de porte-outils, qui se fixent sur le chariot et dans lesquels ôn serre
l’outil proprement dit au moyen de vis.
MM. Smith et Coventry ont cru pouvoir aller plus loin : ils réduisent l’outil à un
bout de barre ronde coupé de façon que la tranche' fasse avec les génératrices l’angle
48
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
théorique; sa forme cylindrique permet de l’orienter à volonté dans le porte-outil.
Il y a lieu, avec un semblable outil, d’observer très rigoureusement la direction
du mouvement résultant de l’ensemble des mouvements dont sont animés l’outil et
la pièce, et de placer le premier convenablement par rapport à cette direction, le
moindre écart de position ayant pour effet de modifier notablement les valeurs des
angles de coupe et de tranchant en chaque point de l’arête coupante, et surtout de les
rendre variables d’un point à l’autre.
Nous croyons que M. Sellers est bien plus dans la véritable voie en conservant
l’ancien outil et en effectuant mécaniquement son affûtage, de manière a reproduire
toujours des formes identiques; l’outil se conserve plus longtemps, produit un meil¬
leur travail, et il est fort probable que l’économie finale est en sa faveur.
M. Demoor simplifie la forge des outils en se servant de barres profilées a section
de quadrilatère, dont les différents côtés ont des directions correspondantes à la forme
de la partie antérieure de l’outil ; on façonne facilement la pointe dans une étampe et
Outils en acier profilé de M. Demoor. de M. Demoor.
à la meule, en la relevant pour obtenir l’angle de tranchant par rapport à la direction
de la longueur.
M. Demoor et MM. Smith et Coventry font des porte-outils destinés non seulement
a procurer une économie de confection des outils proprement dits et a faciliter leur
Porte-outil de M. Demoor pour saigner,
dresser et fileter intérieurement.
r— = - êfl
Porte-outil de M. Demoor
pour fileter intérieurement et aléser.
entretien, mais encore à donner des moyens de réglage pour la hauteur ou l’orienta¬
tion de la pointe. Les porte-outils dits à tourillon se fixent sur le chariot par une forte
tige de section rectangulaire; ils sont munis a leur extrémité d’un pivot vertical percé
d’une mortaise dans laquelle le bout d’outil est serré au moyen d’une vis; un écrou se
MACHINES-OUTILS.
49
vissant sur le bout fileté du pivot permet de le fixer après que l’orientation a été don¬
née à l’outil; l’orientation peut même être changée dans le cours du travail, et le
même outil être employé, avec une forme convenable de l’arête coupante, successive¬
ment pour ébaucher et pour finir. Les bouts d’outil ronds de MM. Smith et Coventry
se placent dans une douille fendue formée à l’extrémité de la tige; on rapproche à
l’aide de vis les deux parties de la douille, après réglage de la hauteur et de l’orienta¬
tion de la pointe. Pour saigner, fileter, aléser, M. Demoor emploie une tige cylindrique
et rapporte simplement l’outil dans une mortaise; en tournant la tige sur elle-même, on
modifie la position de l’outil dans le sens latéral d’après l’inclinaison qu’il y a lieu de lui
donner, suivant qu’il travaille sur une tranche ou entre des filets de vis; ces porte-outils
se montent sur des chariots ordinaires par l’intermédiaire de cales en V.
MACHINES À DÉCOLLETER.
Les machines à décolleter les plus simples et les plus anciennement employées com¬
prennent un banc rectangulaire, parfois terminé supérieurement en À ( Gotendorf ), sur
lequel sont montés : une poupée à arbre creux; un support fixe avec chariot transver¬
sal a deux outils opposés travaillant successivement pour saigner, dresser des tranches
ou faire un profil; un support mobile avec levier de manœuvre pour le sens longitudi¬
nal et levier transversal portant l’outil a décolleter proprement dit. Des butées, au be¬
soin mobiles; disposées sur le dernier support et sur le levier transversal, limitent la
course de l’outil suivant l’axe du tour et sa saillie normalement a cet axe selon les diffé¬
rents diamètres a obtenir. Un tour de AI. Lapointe a deux leviers transversaux, l’un
d’eux articulé sur un axe oblique par rapport à l’axe du tour, de façon que son outil
puisse venir se mettre à la place de celui du levier normal. Ces tours sont principale¬
ment employés pour la fabrication des vis; toutefois ils ne font pas le filetage.
Les tours a revolver sont aujourd’hui beaucoup plus répandus que les précédents et
d’un usage plus général. On peut dire qu’on a intérêt a les employer, dès qu’on a
à faire des séries de pièces semblables ou analogues offrant plusieurs opérations de
tournage. Ils constituent, à proprement parler, l’application du tour a la fabrication
courante. Leur avantage consiste en ce qu’ils permettent d’exécuter un certain nombre
d’opérations sur la même machine sans démonter ni recentrer la pièce, et sans avoir à
mettre en place et à régler chaque fois les outils. Ils sont tout aussi capables que les
tours ordinaires de travailler avec précision, à la condition que leur construction soit
soignée au même degré.
Jusqu’à présent, les tours à revolver n’ont guère été appliqués qu’à des petites pièces,
atteignant au plus un poids de quelques kilogrammes : c’est que, dans la pratique, on a
rarement à confectionner des séries de pièces plus considérables, et que d’ailleurs, pour
des travaux de quelque longueur, l’avantage de leur disposition s’atténue notablement,
à cause de la nécessité de démonter et de régler à nouveau les outils usés. Toutefois
k
Groupe AI. — iv.
IMPRIMERIE NATIONALE*
50 x
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
on peut prévoir le cas où leur emploi serait encore de quelque utilité pour l’usinage
de grosses pièces; il suffit, à l’instar de la Société d’Albert, de disposer des tours or¬
dinaires de manière qu’ils puissent recevoir un barillet à la place du support d’outil
habituel.
Les modèles de tours à revolver sont assez variés. Le plus ordinaire a une poupée
sans engrenages, venue souvent de fonte avec le banc (ce qui est loin d’être un avan¬
tage au point de vue de la facilité de la construction), avec cône à étages, arbre creux
et mandrin à coussinets; un support de chariot transversal à main à deux outils oppo¬
sés, pour saigner, faire des gorges ou des profds; un support allongé se fixant sur le
banc, avec chariot longitudinal mû à la main par levier ou par manivelle et crémail¬
lère et portant un barillet à axe vertical percé sur son pourtour de trous cylindriques ou
coniques pour le placement des outils. La position de ces derniers est assurée par des
vis de serrage. Le changement d’outil se fait automatiquement par rotation du baril¬
let pendant le recul du chariot, sous l’action d’une butée fixe qui agit sur une noix
concentrique à l’axe du barillet; en même temps, un verrou conique se dégage d’un
trou ou d’une encoche du barillet, pour le libérer, et vient ensuite le ressaisir en ren¬
trant dans un nouveau logement. Il est important que le verrou soit le plus éloigné
possible de Taxe du barillet, pour réduire au minimum l’influence des écarts dans
la division de ses divers logements sur la position que prennent les outils par rap¬
port à Taxe du tour; son emplacement le plus favorable est à la circonférence du ba¬
rillet.
On accroît notablement la commodité de ces tours, en leur adaptant un plateau de
centrage automatique par serrage simultané des coussinets, ou mieux encore un man¬
drin à coussinets coniques dont on produit le serrage et le desserrage, sans arrêter
l’arbre, à Taide d’une tringle creuse manœuvrée de l’extrémité de l’arbre opposée au
nez (Brown et Sharpe, Steinlen, Warner et Swasey). Pour le décolletage sur barre,
on ajoute un mécanisme d’avance automatique de la barre, qui fonctionne au moment
du desserrage des coussinets; le mécanisme le plus simple consiste en un poids relié
a la barre par une corde et l’entraînant jusqu’à la rencontre d’une butée, qui peut être
fixée au barillet.
Les outils du barillet se montent ordinairement sur des porte-outils, sur lesquels ils
ont certains moyens de réglage. On peut n’avoir qu’une butée pour limiter la course
du chariot porte-barillet dans chacune des opérations de décolletage; mais cela oblige
à régler avec soin la saillie des outils; il est préférable d’adjoindre à chacun de ces
derniers une butée sur le barillet. M. Bariquand emploie des butées à vis graduées
longitudinalement et circulairement, comme les vis de palmers.
On peut mettre sur le barillet des filières et des tarauds, et on les monte avanta¬
geusement sur des porte-outils qui se déclanchent automatiquement et deviennent fous
quand ils rencontrent une résistance, butée ou épaulement de la pièce même. Mais
alors on est obligé d’adapter au tour, pour le retrait de l’outil , un système de change-
MACHINES-OUTILS.
51
ment de marche, qui consiste habituellement dans le remplacement du cône de com¬
mande par trois poulies, dont deux fixes et une folle, avec deux courroies, dont une
est croisée.
L’emploi de la filière d’une seule pièce adaptée au barillet exige donc une disposi¬
tion spéciale de commande; de plus, elle est parfois insuffisante, notamment pour des
filets de forte dimension, ou pour un taraudage conique, ou quand la profondeur de
l’intervalle entre les filets doit être uniforme jusqu’à leur extrémité, sans que celle-ci
se trouve sur une partie saillante. MM. Smith et Coventry et M. Hulse montent sur le
chariot, en dehors du barillet , un porte-filière à peignes mobiles représentant un man¬
drin universel à serrage ou desserrage simultané des peignes; pour le taraudage, on
amène le porte-filière suivant l’axe du tour; le desserrage des peignes après le ta¬
raudage permet de reculer le chariot à la main; on peut, avec ce genre de filière, faire
le taraudage en plusieurs passes, en rapprochant les peignes de plus en plus. Mais le
procédé le plus employé consiste à munir les tours de barres de filetage avec outil
simple ou en forme de peigne, prenant appui par un secteur d’écrou sur une vis-mère
concentrique à l’arbre; la vis est en acier, souvent trempé; l’écrou est ordinairement
en bronze. M. Huré fait ce dernier en régule d’antimoine, qu’il coule sur la vis même;
le régule, paraît- il, s’use sans cesser de conserver la forme exacte de l’empreinte
des filets. On donne du fer à l’outil à chaque passe de filetage; à cet effet, on le dis¬
pose sur un petit chariot que l’on avance à l’aide d’une vis ou d’un excentrique adapté
au levier de manœuvre de la barre. Quand la barre est assez lourde, on lui adjoint
un poids ou un ressort qui la ramène de lui-même à sa position initiale après chaque
passe.
L’usage d’une barre de filetage permet de faire des filetages coniques, tout en uti¬
lisant une vis-mère cylindrique. On fait appuyer le levier porte-outil sur une règle
inclinée par une touche comprise avec l’outil dans un plan normal à l’axe du tour; on
compte ordinairement sur l’élasticité des diverses parties de la barre pour obtenir la
forme conique sans autre expédient; M. Bariquancl réunit le levier à la barre par un
ressort sufïisant pour assurer l’appui sur la vis-mère , mais cédant assez pour que l’ap¬
pui sur la règle-guide ait lieu sans un effort trop grand de la main.
On complète les tours en mettant un harnais d’engrenages sur la poupée, en don¬
nant au chariot porte-barillet un mouvement d’avance automatique commandé , comme
dans les tours ordinaires, par vis sans fin et crémaillère et muni d’un retour rapide à la
main, en superposant au chariot inférieur un chariot transversal qui donne la possibi¬
lité de déplacer le barillet normalement à l’axe du tour; ce deuxième chariot permet la
suppression du support spécial pour saigner et profiler, et l’utilisation d’un plus grand
nombre d’outils pour la confection des gorges, épaulements, profils; mais il est néces¬
saire de lui adjoindre une butée cpii corresponde à la position des porte-outils de dé¬
colletage dans, le prolongement de l’axe du tour. Au lieu de placer le barillet directe¬
ment sur ce deuxième chariot, M. Bariquand et MM. Smith et Coventry interposent un
52
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
plateau pivotant et deux chariots rectangulaires , au moyen desquels on peut donner aux
outils tout degré d’inclinaison dans un plan horizontal et tourner conique. La rotation
du harillet pour le changement d’outil est alors produite a la main, ainsi que la ma¬
nœuvre du verrou d’arrêt, lequel est adapté à un petit levier et rappelé vers le barillet
par un ressort.
Gomme exemple de tour complet, nous décrirons sommairement un tour de M. Ba-
riquand. Ce tour possède : une poupée à arbre percé au diamètre de o m. oôo avec com¬
mande par cône et harnais à double engrenage (l’embrayage du harnais se fait, sans arrê¬
ter Tarbre , par rotation excentrique de l’arbre auxiliaire et par un léger déplacement du
cône, dont le moyeu engrène, pour la marche a la volée, par six nervures dans des en¬
tailles de la roue voisine); un équipage de roues pour la commande du chariot, avec
mécanisme de changement de marche et d’arrêt; un chariot longitudinal a conduite
automatique par crémaillère et a manœuvre rapide à la main rendue possible par le
desserrage de la friction qui relie l’axe du pignon de la crémaillère à la roue de vis
sans lin qui le commande ; sur le chariot longitudinal , un chariot transversal , un pla¬
teau pivotant gradué et deux chariots rectangulaires supportant le barillet, les trois
chariots se manœuvrant à la main par vis avec écrou, le plateau pivotant par vis sans
fin et roue ; un barillet à axe de rotation vertical avec six porte-outils engagés dans des
douilles trempées, six butées micrométriques, verrou diviseur à levier; une barre de
filetage avec écrou en bronze portant sur une vis-mère en acier trempé, ressort rap¬
pelant la barre à sa position initiale après chaque passe de filetage , support d’outil à
chariot , pour donner le fer, réuni à la barre avec intermédiaire d’un ressort qui permet
une légère rotation du support sur l’axe de la barre pour le filetage conique; une
règle-guide à inclinaison variable, sur laquelle on appuie le levier de manœuvre de la
barre pendant le filetage; enfin, sur le banc et près de la poupée, un support de cha¬
riot transversal à deux outils opposés pour le saignage des barres et autres travaux que
les outils du barillet, trop éloignés, ne peuvent faire commodément. Une butée et une
goupille mobiles repèrent les positions des chariots transversaux et du plateau pivotant,
pour les cas où l’on doit mettre les porte-outils du barillet dans le prolongement de
l’axe du tour. La bride de la vis du chariot qui repose sur le plateau pivotant peut
être soulevée, de manière a rendre le chariot libre; d’autre part, le même chariot
possède un mécanisme de manœuvre par crémaillère et manivelle; ces dispositions
servent dans le cas où l’ont veut tarauder avec un taraud ou une fdière monté sur le
barillet.
MM. Smith et Cov.entry exposent deux modèles de tours qui offrent quelques parti¬
cularités intéressantes. Dans l’un, représenté par deux tours de puissances différentes,
l’arbre principal est prolongé du côté du nez par un manchon de fort diamètre supporté
en lunette a son extrémité, dégagé de manière à permettre le montage de pièces très
diverses; au moyen d’un levier à excentrique, on peut prendre appui sur le manchon
pour bloquer l’arbre pendant le montage. L’un des tours est muni d’un mandrin a ser-
MACHfNES-OUTILS.
53
rage simultané des coussinets. Le barillet est monté sur un système de deux chariots;
le chariot inférieur peut être mené automatiquement par une vis avec secteur d’écrou
débrayable, recevant sa commande de l’arbre principal par cônes et courroie; une cré¬
maillère et une manivelle à croisillon servent également à le conduire à la main. Une
filière d’un modèle spécial peut venir se placer suivant l’axe de l’arbre par rabattement
a charnière ou, pour le plus fort modèle, par déplacement sur la glissière du chariot
transversal; elle est constituée par trois peignes disposés comme les coussinets d’un man¬
drin a serrage simultané, de manière que les dents correspondantes des peignes se
trouvent sur le même filet; le rapprochement des peignes se fait instantanément par
l’action d’un levier ou d’un pignon engrenant avec un secteur denté, il est limité par
la rencontre d’une butée réglable; le mouvement inverse desserre les peignes, le tarau-
dage terminé, et permet le retrait du chariot inférieur. Le tour comporte encore une
contre-pointe, dont on peut faire usage pour soutenir la pièce ou la barre, pendant que
les outils du barillet travaillent latéralement; la machine représente alors un véritable
tour ordinaire à outils multiples.
Le deuxième modèle est principalement destiné au décolletage du cuivre. Il com¬
prend une poupée avec harnais d’engrenages , un système de chariots et une barre a
fileter avec guide, semblables à ceux du tour de M. Bariquand que nous avons décrit;
seulement le chariot longitudinal inférieur n’a pas de mouvement automatique; il a, au
contraire, en plus de la conduite par crémaillère, un mouvement à la main excessi¬
vement rapide produit par l’emploi d’une chaîne Galle fixée au chariot et manœuvrée
à l’aide d’un pignon ; le petit chariot de l’outil à fileter est également susceptible d’ün
rapprochement et d’un éloignement très rapides obtenus à l’aide d’un excentrique. La
vis-mère n’est pas sur l’arbre principal , mais sur un axe auxiliaire relié à cet arbre par
engrenages et pouvant en être séparé au moyen d’un débrayage à excentrique. Le tour
comporte, de plus, une contre-pointe, qui peut se mettre sur le plateau pivotant à la
place des chariots supérieurs et du barillet, et un support de chariot à deux outils
opposés se montant directement sur le banc, la contre-pointe et le support se serrant
rapidement par levier à excentrique; avec les outils du support et un outil adapté à la
contre-pointe, on peut, grâce â la faculté de cette dernière de s’orienter en tous sens
sur le plateau pivotant, exécuter des travaux très variés de décolletage sans le secours
du barillet.
Nous signalerons chez M. Huré deux dispositifs pour la manœuvre du barillet. Le
barillet à six porte-outils de ses tours à revolver proprement dits est traversé par un
axe central terminé inférieurement par une embase et percé dans le haut d’une mor¬
taise; dans celle-ci s’engage une partie excentrée de la tige d’une poignée horizontale
adaptée à un chapeau qui peut tourner sur le barillet; en tournant légèrement la poi¬
gnée sur son axe, on bride le barillet entre l’excentrique, qui presse sur lui par l’inter¬
médiaire du chapeau, et l’embase, qui prend appui contre le chariot supérieur; par le mou¬
vement inverse, on desserre le barillet. L’embase présente sur son pourtour une portion
54
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
de came et un évidement circulaire ; si l’on fait tourner l’axe central et le chapeau dans
le sens convenable au moyen de la poignée horizontale, jusqu’à faire buter l’extrémité
de l’évidement circulaire contre un goujon fixé au chariot, la came dégage un verrou
à ressort, qui maintenait le barillet dans une de ses positions de travail; pendant cette
rotation le barillet ne bouge pas, mais une tige verticale, qui traverse librement le
chapeau, glisse sur l’une des six rampes hélicoïdales d’une sorte de rochet qui surmonte
le barillet, et retombe à la fin en s’arc-boutant contre l’épaulement qui termine la rampe;
faisant alors tourner la poignée en sens inverse, on entraîne le barillet, grâce à l’appui
de la tige contre l’épaulement de la rampe , le verrou à ressort redescend la came et
tombe dans un trou du barillet ; on bride enfin ce dernier, en tournant sur elle-même la
poignée du chapeau. Ces divers mouvements s’exécutent d’une façon très commode et
très rapide.
Dans l’autre modèle de M. Huré, le barillet est remplacé par deux plateaux carrés
montés sur un axe central, entre lesquels on fixe, le long des côtés, quatre outils au
moyen de vis de serrage ; chaque position du système est assurée par un verrou adapté
à un levier à ressort, qui pénètre dans une entaille d’un des côtés du plateau infé¬
rieur.
L’axe central est terminé inférieurement par une embase qui s’appuie sous le chariot
supérieur, et en haut par un filetage qui reçoit une poignée ; une tige verticale traverse
librement l’écrou de la poignée et repose sur une des rampes d’un rochet à quatre
dents analogue à celui du modèle précédent. Pour changer d’outil, il faut desserrer
la poignée d’une main, jusqu’à ce que la tige verticale vienne buter contre l’épaulement
d’une dent du rochet, dégager le verrou de l’autre main, faire tourner les plateaux par
un mouvement convenable de la poignée, qui les entraîne par l’intermédiaire de la tige
verticale et du rochet, laisser tomber le verrou dans une entaille et resserrer la
poignée.
Ce dernier dispositif est appliqué à un tour construit spécialement en vue du décol¬
letage des boulons. M. Huré limite à huit le nombre des pas usuels à produire, qu’il
échelonne par demi-millimètres; il fait alors le fdetage par une vis avec écrou fendu,
comme dans les tours ordinaires, et il obtient ses huit combinaisons au moyen de
quatre engrenages, sur l’un desquels il prend le mouvement de la vis par des em¬
brayages à manchons dentés , et qu’il commande par l’un ou l’autre de deux équipages
de roues s’embrayant sur l’arbre principal. Il pourrait d’ailleurs changer les roues des
équipages de manière à obtenir d’autres combinaisons.
Enfin quelques constructeurs montent le barillet sur un axe horizontal et disposent
les outils soit sur la tranche (Prétot), soit sur le pourtour du barillet; cette dernière
disposition permet d’amener le barillet très près de la poupée et est particulièrement
commode pour des décolletages avec profils.
Machine à tronçonner les barres, exposée par M. Janssens. — Dans cette machine, le
MACHINES-OUTILS.
55
sectionnement de la barre est fait automatiquement par deux outils disposes vis-à-vis
l’un de l’autre sur deux chariots conduits par une même vis à deux fdetages inverses ; un
débrayage automatique arrête les outils dans le voisinage de Taxe de la barre; l’ouvrier
doit alors achever de séparer le tronçon par un léger coup de marteau et donner
l’avance à la barre pour une nouvelle opération. La machine comprend un banc de tour,
portant à une de ses extrémités la poupée de commande à arbre creux muni d’un man¬
drin à serrage simultané des coussinets, et le système des chariots porte-outils dont le
mouvement, pris sur l’arbre principal, est donné par cônes et courroie à une vis sans fin
débrayable par déclanchement et transmis par une liaison à friction de la roue de vis
sans fin à la vis à filetages inverses; un deuxième mandrin, déplaçable sur l’autre partie
du banc le long d’une crémaillère latérale, sert à soutenir la barre.
Machines automatiques à faire les vis à métaux. — Deux modèles de machines sont ex¬
posés pour la fabrication automatique des vis à métaux : l’un , d’origine étrangère , per¬
fectionné et présenté par M. Bariquand; l’autre, d’origine américaine, présenté par
M. Legoux. Ils reposent tous deux sur l’emploi de cames pour la production des divers
mouvements : desserrage, avance et serrage de la barre, décolletage de la tige et de
la tête, filetage, sectionnement de la barre. Une pompe rotative est adjointe à chaque
machine et verse un abondant jet d’huile sur les outils.
Les machines exposées par M. Bariquand comprennent, montés sur le banc :
i° Une poupée de tour avec arbre traversé suivant sa longueur par la barre et por¬
tant : une poulie fixe, accompagnée d’une poulie folle, pour le travail des outils de
tour; deux cônes à étages commandés chacun par une courroie, fous sur l’arbre, mais
pouvant lui être reliés, pour le filetage ou le recul de la filière, par l’intermédiaire
d’un manchon denté, claveté sur lui; un manchon d’avance, claveté sur l’arbre, mais
mobile longitudinalement, renfermant deux coussinets destinés à venir pincer la barre
pour la porter en avant, et portant les pivots de deux petits leviers qui doivent appuyer
sur les coussinets par le bout de vis réglables ; un manchon fou sur l’arbre , ayant une
partie conique destinée à s’engager sous les branches libres des leviers précédents pour
produire la pression sur les coussinets ; à l’avant de l’arbre , un emprunt de serrage à
quatre coussinets et quatre leviers semblables à ceux des manchons d’avance, mais
tournés inversement; enfin, derrière l’emprunt, un manchon avec rainure circulaire,
destiné à produire le serrage ou le desserrage des coussinets de l’emprunt, suivant que
des galets portés par les bouts des leviers reposent sur son cordon saillant ou dans sa
rainure ;
2° Un chariot servant de support aux outils de tour et à la filière, susceptible de se
déplacer parallèlement à Taxe de l’arbre; les outils sont montés chacun à l’extrémité
d’un bras de levier dont l’autre bras porte sur une came, et l’outil lui-même est fixé à
un piston logé dans une douille avec interposition d’un ressort à boudin, qui puisse
céder, si une résistance trop considérable se produit accidentellement; la filière est
56
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
adaptée à un mandrin qui traverse une douille fixe parallèle à l’axe de l’arbre, et est
rappelée en arrière par un ressort; un bras de levier relié a une came se présente vis-
à-vis de l’extrémité du mandrin. Le chariot porte une lunette dans laquelle pénètre et
se guide la barre tout près du point où elle reçoit l’action des outils de tour ;
3° Deux arbres latéraux parallèles à l’arbre principal et portant toutes les cames,
qui agissent par l’intermédiaire de leviers sur les organes correspondants de la poupée
ou du chariot, savoir : la came qui maintient la courroie principale sur la poulie fixe
pendant les opérations de tour et le fait passer sur la poulie folle pendant le filetage ;
la came qui, au moment du filetage et du dégagement de la filière, embraye le man¬
chon denté avec l’un ou l’autre des cônes et le maintient débrayé le reste du temps ; la
came qui ramène en arrière le manchon d’avance pour prendre une longueur de barre
convenable, et le porte en avant avec la barre; la came qui pousse le manchon voisin
sous les petits leviers du manchon précédent et produit la pression des coussinets sur
la barre; la came qui déplace le manchon voisin du mandrin de serrage pour des¬
serrer la barre pendant l’avance et la resserrer ensuite; des cames actionnant chacun
des outils de tour, qui sont au nombre de deux dans une machine destinée aux- petites
vis, l’un à profil tournant toute la longueur, l’autre faisant le profil de la tête et sai¬
gnant la barre, et au nombre de quatre dans une deuxième machine, deux servant pour
charioter la tête et la tige, les deux autres pour'profiler la tête et saigner; la came qui
produit le déplacement longitudinal du chariot pour faire passer les outils devant les
différents points de la vis; enfin la came qui pousse le mandrin de la filière pour
mettre cette dernière en prise.
D’après cette énumération des organes de la machine , on comprend facilement leur
jeu, qui se produit pour chacun d’eux successivement par l’action de la came corres¬
pondante. Nous ajouterons qu’une dernière came actionne une griffe quadrillée, placée
entre le mandrin de l’arbre de la poupée et la lunette du chariot , et servant à produire
l’avance de la barre, concurremment avec le manchon à coussinets; cette griffe agit
seule quand la barre, devenant trop courte, n’est plus en prise sous le manchon. Quand,
enfin, le bout de la barre se présente dans le mandrin de serrage, un doigt logé dans
ce mandrin, qui appuyait sur la barre sous Faction d’un ressort, tombe dans le vide, et,
par ce mouvement, fait agir un levier qui manœuvre la corde du débrayage du renvoi
et fait passer la courroie de ce dernier sur la poulie folle.
La machine présentée par M. Legoux n’est autre qu’un tour à revolver dont la ma¬
nœuvre a été rendue automatique par l’adjonction de cames montées sur un arbre
situé au-dessous de l’arbre principal. Les deux arbres sont commandés par des courroies
distinctes venant du renvoi : l’arbre principal porte une poulie fixe entre deux poulies
folles et peut être mû par l’une ou l’autre de deux courroies tournant en sens inverses
et ayant des vitesses différentes , l’une correspondant au taraudage , l’autre au tournage
et au détaraudage; l’arbre des cames est actionné par une vis sans fin, dont l’axe peut
recevoir d’une seule courroie et de deux poulies égales deux vitesses qui sont dans le
MACHINES-OUTILS.
57
rapport de 1 à 2 3 , la vitesse lente correspondant aux périodes de travail des outils , la
vitesse accélérée à celles de changement d’outil; nous reviendrons plus loin sur le mé¬
canisme au moyen duquel on obtient les variations des vitesses; nous dirons seulement
pour l’instant que le passage de l’une à l’autre se fait parle déplacement de la courroie
au moyen d’une fourche.
Les diverses parties de la manœuvre automatique comprennent l’avance et le serrage
de la barre, le décolletage de la tête et de la tige, le taraudage et le détaraudage, le
façonnage du dessus de la tête et le sectionnement de la barre, et en outre, dans l’in¬
tervalle de ces opérations, le changement des outils du barillet par recul, rotation et
report en avant de ce dernier, le passage de l’arbre des cames de la vitesse lente à la
vitesse accélérée pendant ces changements d’outil pour éviter les pertes de temps,
enfin le changement du sens et de la vitesse de rotation de l’arbre principal pour le
taraudage.
L’avance et le serrage de la barre s’obtiennent au moyen de deux tubes intérieurs
l’un à l’autre et à l’arbre principal, qu’ils traversent dans toute sa longueur, pinçant la
barre par une de leurs extrémités fendue et actionnés, à l’autre extrémité, par des man¬
chons reliés à des cames ; la pression constante des branches élastiques du tube intérieur
sur la barre suffit à faire l’entraînement pour Tavance ; les branches du deuxième tube
se terminent par une partie extérieure conique, qui est appliquée, pour le serrage,
contre un cône intérieur de l’arbre.
Le décolletage de la tête et de la tige a lieu en deux opérations, l’une d’ébauche,
l’autre de finissage ; chaque opération emploie un porte-outil du barillet , chaque porte-
outil ayant deux outils en retrait l’un par rapport à l’autre. La filière, qui est d’une
seule pièce, est également adaptée à un porte-outil du barillet. Le barillet est d’ail¬
leurs disposé d’une façon analogue à celle des tours à revolver ordinaires; les mouve¬
ments à effectuer pour le changement d’outils sont les mêmes; c’est pendant qu’ils se
font que se produit l’accélération de l’arbre des cames. Le façonnage de la tête et le
sectionnement de la barre emploient deux outils latéraux montés sur de petits chariots ,
qu’un ressort tend à écarter et que des cames rapprochent.
Le mécanisme de changement de vitesse de l’arbre des cames est constitué de la
façon suivante : des deux poulies montées sur l’arbre de la vis sans fin, l’une est calée
à l’extrémité de l’arbre et l’actionne directement à vitesse accélérée, quand la courroie
est placée sur elle ; l’autre , folle sur l’arbre , porte excentriquement un pignon satellite
de 18 dents, fou sur son axe; l’arbre possède en outre deux roues engrenant toutes
deux avec le pignon, l’une de 2 A dents, calée sur lui, l’autre de 2 3 dents, folle et
faisant corps avec un rocbet entre les . dents duquel s’engage un cliquet s’opposant à
sa rotation dans le sens du mouvement des poulies. La courroie étant sur la deuxième
poulie, le pignon satellite ne peut que tourner autour de la roue à 23 dents qui est
maintenue fixe par le cliquet; mais il entraîne la roue de 2 A dents, afin de pouvoir
rester lui-même engagé dans les deux roues; après avoir fait le tour de la roue de
58
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
2 3 dents, c’est-à-dire après un tour de la poulie, il a fait avancer l’autre roue d’une
dent et tourner la vis de la quantité correspondante. Quand la courroie est sur la pre¬
mière poulie, la roue de 2 A dents entraîne autour d’elle le pignon, qui ne pourrait
tourner sur son axe sans faire en même temps tourner la roue du rochet contre le cli¬
quet; mais elle l’entraîne avec une vitesse angulaire moindre que la sienne; le pignon,
engagé également dans la roue du rochet, est obligé de faire reculer celle-ci, ce à quoi
le cliquet ne s’oppose pas.
MACHINES-OUTILS.
59
CHAPITRE III.
MACHINES À PERCER ET À ALÉSER.
Dispositions générales. — Machines à percer; machines radiales; oulils de perçage;
machine à centrer. — Machine à aléser; outils d’alésage.
DISPOSITIONS GÉNÉRALES.
On a été amené à donner généralement aux arbres des machines dusage général
dites à percer, la disposition verticale , et à ceux des machines dites à aléser , la disposi¬
tion horizontale. La raison de cette différence est apparemment pour les premières une
question de simplicité de montage de la pièce et d’économie de temps, pour les se¬
condes une question de précision d’exécution. On considère souvent en effet que le
perçage a seulement pour objet d’ouvrir un trou, lequel n’est qu’un dégagement dont
les dimensions ont peu d’importance , ou qui n’est que le préliminaire d’un travail ulté¬
rieur de mortaisage, de taraudage, d’alésage, etc.; il semble qu’alors il suffise de
pointer l’origine de Taxe du trou et d’y engager le foret, après avoir fixé la pièce très
sommairement sur la table de la machine, ou même en la maintenant simplement entre
les mains pour l’empêcher de tourner; la disposition verticale pour l’outil, horizontale
pour la table, munie au besoin d’un chariot et d’un système d’élévation et de rotation,
se prête très bien à ce genre d’opération. Au contraire, l’alésage étant un travail de
rectification de la direction et du diamètre du trou, il convient de fixer la pièce et de
régler sa position , de guider l’outil à son entrée et à sa sortie à l’aide de supports ré¬
glables, de manière que les axes des supports, de l’outil et du trou rectifié coïncident;
de là toute une installation qui conduit à placer horizontalement l’axe commun.
Le nombre des machines à percer exposées est assez grand, celui des machines à
aléser est très faible. Nous savons bien qu’une machine à percer peut être employée
pour l’alésage, et que l’inverse peut aussi se faire. Cependant nous craignons de voir,
dans la prédominance des machines apercer proprement dites, une tendance à négliger
la précision dans le travail même de perçage; car, pour obtenir sûrement cette dernière,
il est nécessaire de guider le foret, et les machines à percer que nous avons eu à exa¬
miner se prêtent difficilement à l’installation de supports de guidage; on ne pourrait
guère en établir qu’en les adaptant à la pièce même , procédé qui convient bien à des
travaux de fabrication courante, mais non à des travaux variés comme ceux de la con¬
struction. Or, la précision nous paraît indispensable dans le perçage : un trou bien
percé peut souvent être laissé tel quel; quant aux trous qui ont besoin d’être très nets
60
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
et très exacts comme direction et comme diamètre, on sait quelles difficultés on éprouve
dans leur rectification, si leur direction première est défectueuse. Nous croyons donc
que la machine à percer d’usage général peut et doit être améliorée, pour recevoir des
guides commodes à employer dans les principaux cas de la pratique.
D’autre part, dans les machines à percer comme dans les machines à aléser, le
mouvement de rotation est généralement donné à l’outil, la pièce restant fixe. Nous
admettons volontiers qu’il est plus commode de faire tourner l’outil que la pièce. Il est
cependant certain que, pour assurer la direction d’un trou, il est préférable de faire
tourner la pièce; en effet, si un foret, tournant dans une pièce fixe, même étant guidé
à l’entrée du trou, s’engage pour une raison quelconque dans une fausse direction, il
tend à dévier de plus en plus sous l’action de la composante de la pression qui se dé¬
veloppe normalement a l’axe de rotation; si, au contraire, la pièce est en mouvement,
le foret, même ayant une mauvaise direction, ne peut, par l’effet de cette dernière,
qu’agrandir le diamètre de son trou; il est ramené, en vertu de sa rigidité, vers l’axe de
rotation de la pièce. Aussi les constructeurs ont-ils recours au tour, quand ils ont à
percer un trou d’une certaine longueur, à faire un trou cylindrique ou conique concen¬
trique à une surface cylindrique extérieure. Le tour est, en principe, une excellente ma¬
chine a percer; malheureusement, ses dispositions, étudiées pour un autre genre de
travail , rendent son emploi peu économique pour le perçage ; la vitesse de rotation de
son arbre est généralement insuffisante; sa contre-pointe, qui pourrait porter le foret,
n’a que rarement un mouvement d’avance automatique et continu, condition importante
pour le perçage, et le foret ne peut que péniblement se centrer en se montant sur le
chariot.
Le tour, convenablement adapté, est pourtant fréquemment employé pour le per¬
çage dans les travaux de fabrication courante; dans les mêmes genres de travaux, on se
sert aussi de machines à percer spéciales, dans lesquelles la rotation est donnée a la
pièce. Pourquoi le même procédé ne s’étendrait-il pas aux machines d’usage général,
quitte à être limité aux pièces dont les dimensions ne seraient pas de nature à exagérer
le volume des machines?
Nous n’avons rencontré à proprement parler que deux machines a percer et à aléser
d’usage général établies sur le principe du tour; l’une est le tour à poulies de la Société
d’Albert, dont nous avons déjà parlé; l’autre se trouve dans l’exposition de MAI. Brown
et Sharpe. Celle-ci comporte un plateau circulaire à axe vertical, reposant sur une
partie fixe du bâti, pouvant porter des pièces de o m. 90 de diamètre et de o m. 36
de hauteur, recevant le mouvement de rotation; un chariot vertical, portant un barillet
à quatre outils, à descente automatique commandée par un plateau et un disque de
friction qui permettent de varier la vitesse à volonté et par une vis sans fin débrayable par
levier de déclanchement, à remonte également automatique sous l’action d’un contre¬
poids qui l’entraîne après le débrayage de la vis sans fin; une lunette adaptée au bâti,
réglable en hauteur et recevant des bagues mobiles au diamètre de chaque outil. Cette
MACHINES-OUTILS,
61
machine est en somme un tour à revolver, dont Taxe de l’arbre principal est vertical ;
mais il présente sur les tours un grand avantage au point de vue de la facilité du mon¬
tage des pièces.
Le tour à poulies de la Société d’Albert est plutôt disposé pour l’alésage; la barre
a un mouvement d’avance automatique et est animée d’un mouvement de rotation, de
sorte que la pièce et l’outil tournent en sens inverses l’un de l’autre, ce qui ne peut
qu’être une condition favorable a un bon travail. La barre d’alésage est guidée dans
une bague rapportée sur le plateau même de la poupée.
Après avoir signalé les exceptions précédentes au principe des types habituels des
machines a percer et à aléser, nous allons passer rapidement ces derniers en revue.
MACHINES A PERCER.
La machine a percer est une de celles dont Tüsage est le plus répandu : on la trouve
jusque chez les plus humbles artisans, chez le maréchal ferrant de village; nous l’avons
rencontrée dans l’exposition des colonies, où elle figurait à titre de spécimen de Tin-
62
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
dustrie primitive; là, Toutil était un silex monté au bout dune tige en bois à laquelle
on imprimait un mouvement de rotation par le déroulement d’une ficelle. Des instru¬
ments très sommaires sont encore employés de nos jours, et trop souvent nous voyons,
même dans de grands ateliers, des ouvriers manœuvrer péniblement un archet ou un
vilebrequin.
Nous n’insistons sur les procédés élémentaires de perçage que pour réclamer leur
disparition de tout atelier où l’on dispose de la moindre force motrice. Il ne se présente
de difficulté, pour l’application du perçage mécanique, que dans les cas où l’on a affaire
à de grosses pièces qu’il ne serait ni commode, ni économique de transporter sous
une machine : c’est alors le lieu de se servir de machines portatives avec transmissions
appropriées.
Les machines d’usage général sont, comme nous l’avons déjà dit, disposées vertica¬
lement. Dans les machines actionnées mécaniquement, la poupée de commande est
munie d’un cône à changement de vitesse; dans les fortes machines, elle possède un
harnais à simple ou à double engrenage. L’avance est le plus souvent donnée au porte-
foret; habituellement, celui-ci coulisse sur une clavette dans une douille cylindrique
qui reçoit le mouvement de rotation; cependant M. Steinlein donne la rotation au porte-
foret et l’avance à la douille; la pièce à percer est disposée sur une table réglée à hau¬
teur convenable. Quelques machines, parmi lesquelles deux à 3 forets, l’une de M. Go-
tendorf, l’autre, d’un type ancien des manufactures d’armes, exposée par M. Prétot,
sont à porte -foret fixe, montés comme les arbres des machines à fraiser, et à table
mobile se manœuvrant à la main ou au pied, avec ou sans emploi d’un contrepoids et
d’une crémaillère, suivant la valeur plus ou moins grande du poids de la table. Nous
estimons que, au moins pour les machines dans lesquelles l’avance est produite à la
main, la mobilité du foret est préférable à celle de la table, car la masse à mouvoir
est moins considérable dans le premier cas, et la sensibilité, qui est recherchée pour
l’emploi de petits forets, est plus grande; on équilibre bien, à la vérité, le poids de la
table, de même qu’on équilibre celui du porte-foret mobile; mais il est à remarquer
que la sensibilité est alors en raison inverse du frottement produit sur l’axe d’oscillation
par la somme du poids de la masse à équilibrer et du contrepoids.
La manœuvre à la main du porte-foret, de même que celle de la table, se fait ordi¬
nairement par action directe au moyen d’un levier; quelquefois ce levier est relié à une
pédale, qui permet d’employer l’action du pied, dans le cas où l’ouvrier a besoin des
deux mains pour maintenir la pièce. Dans une petite machine de M. Steinlein, le porte-
foret est adapté à un chariot vertical équilibré , qui sert à diriger le mouvement de des¬
cente et évite l’inconvénient d’augmentation du porte-à-faux du foret à mesure qu’il
avance; c’est sur le chariot qu’agit le levier de manœuvre; mais la masse à mouvoir est
assez grande, et la sensibilité est par suite faible.
Dans les machines mues à bras, le porte-foret est relié à pivotement à une vis qui
le surmonte et qui traverse un écrou fixe; on agit sur cette vis directement à l’aide
MACH1NES-0LT1LS.
63
d’une manivelle, ou par un système d’encliquetage actionné par un excentrique monté
sur la douille du porte-foret; dans les deux cas, l’avance est donnée par à-coups au
foret, qui serait obligé de pénétrer brusquement dans le métal, si l’élasticité des organes
de la machine n’absorbait momentanément la pression; il suffit de signaler le moyen
pour en mettre en évidence le côté défectueux. Ajoutons que, pour relever le foret, on
n’a qu’à soulever le cliquet et agir à l’aide d’une manivelle sur l’arbre latéral qui porte
le rochet et qui commande l’écrou de la vis. M. Dard rend l’avance continue, mais non
uniforme, en se servant de deux cliquets adaptés à l’opposé l’un de l’autre par rapport
à l’axe sur un levier qui reçoit d’un excentrique un mouvement alternatif de rotation;
les cliquets se déplacent en sens inverses, de sorte que l’un cl’eux pousse pendant que
l’autre revient en arrière. M. Dard varie l’amplitude de l’oscillation du levier et par
suite l’avance, en éloignant plus ou moins de l’axe du levier le point d’articulation d’un
troisième bras avec la douille qui constitue la bielle d’excentrique.
Dans les machines commandées mécaniquement, la descente automatique est égale¬
ment donnée à une vis ou à une crémaillère reliée par pivotement au porte-foret, ou
bien à une crémaillère adaptée à la douille du porte-foret dans les machines à douille
mobile de M. Steinlen; elle est quelquefois transmise, comme précédemment, par ex¬
centrique et par encliquetage, mais plus généralement d’une façon continue. La com¬
mande, prise sur l’arbre de la poupée ou sur la douille du porte-foret, admet ordinai¬
rement plusieurs vitesses, par suite de l’introduction des cônes à étages; M. Sellcrs
remplace ces derniers par deux plateaux de friction disposés dans un meme plan,
respectivement sur deux axes parallèles; un système de deux autres plateaux portés par
un axe mobile encastre les portions les plus rapprochées des précédents et transmet la
vitesse d’un axe à l’autre avec une valeur qui dépend de sa distance à chacun d’eux. Le
ralentissement de vitesse est obtenu par l’interposition d’une ou de deux vis sans fin,
selon que le dernier élément de la commande est une vis ou une crémaillère. L’em¬
brayage de la descente automatique se fait soit par le déplacement d’une vis sans fin ,
soit par la liaison d’une roue de vis sans fin à l’arbre latéral qui porte une partie des
engrenages; ce même arbre, muni d’une manivelle, sert à la remonte rapide à la
main, quand le débrayage est opéré. L’emploi de la crémaillère pour la descente,
combiné avec le débrayage d’une vis sans fin, permet la manœuvre rapide du porte-
foret à la main à l’aide d’un levier (Huré, Hurtu et Hautin, Janssens, Saÿn); le porte-
foret est toujours équilibré dans ce cas, et l’on peut rendre sa remonte automatique
sous l’action du contrepoids; il est d’ailleurs souvent aussi équilibré dans les machines
qui ne sont pas munies de levier, et même dans des machines radiales (Steinlen).
M. Sellers a gradué le volant de manœuvre de l’arbre latéral, pour faciliter la re¬
mise au point du foret après un débourrage ; il est à désirer que ce procédé se géné¬
ralise, en s’améliorant au besoin.
Les porte-forets manœuvrés à la main sont fréquemment pourvus d’une bague de
butée, qui limite la profondeur de perçage pour les trous borgnes; les machines à des-
64
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
conte automatique de MM. Hurtu et Hautin sont disposées de manière cjue le débrayage
de l’avance se produise à temps voulu, par la rencontre d’une butée avec le levier de
déclanchement d’une vis sans fin; ces machines, qui peuvent percer jusqu’à o m. i4 de
diamètre, sont particulièrement commodes pour des travaux de fabrication courante.
La réunion du porte-foret avec la vis ou la crémaillère de commande de la descente
demande à être faite avec beaucoup de soin , pour éviter ou pour compenser la produc¬
tion d’usure et de jeu entre les deux pièces; elle a lieu quelquefois bout à bout, par
interposition d’un pivot avec grain trempé , goupille ou bague en deux parties et bou¬
chon fileté ; d’autres fois, le porte-foret traverse toute la longueur de lavis ou de la cré¬
maillère et est arrêté à sa partie supérieure par une butée et des écrous. Le graissage
des tranches de contact doit toujours être parfaitement assuré.
La table des petites machines à percer est tantôt une équerre mobile le long d’une
crémaillère et parfois équilibrée (Steinlen, Schultz), tantôt un simple plateau circu¬
laire dont la tige se fixe à hauteur convenable par une vis de pression ; la surface est
lisse et ne sert que d’appui à la pièce, qui doit être maintenue à la main. Les machines
plus fortes ont un support mobile le long d’une vis ou d’une crémaillère, organisé de
façons très diverses en vue de permettre l’orientation facile de la pièce qui est alors
généralement fixée. Certains supports pivotent autour du bâti, qui est en forme de co¬
lonne cylindrique, en entraînant la vis ou la crémaillère dans leur rotation; la table
est constituée de deux parties symétriques, l’une garnie de rainures à boulons ou munie
d’un plateau circulaire, l’autre portant un étau. D’autres fois, le support ne peut
que monter le long d’une glissière à queue d’aronde, mais il est surmonté de deux
chariots rectangulaires et souvent d’un plateau pivotant; ou bien il possède deux tables
mobiles à charnière autour de deux axes latéraux ou autour d’un seul axe , qui est la vis
même d’élévation dans la machine de M. Sellers. Enfin la semelle du bâti peut, elle-
même, constituer un plateau (Janssens), pour recevoir des pièces de grande hauteur, à la
condition qu’on rabatte sur les côtés les tables du support.
Dans la machine de M. Janssens, le support peut être monté mécaniquement, à l’aide
d’une commande de la vis prise par embrayage à friction sur une poulie tendeur de la
courroie motrice.
M. Steinlen expose une forte machine à percer à descente automatique à quatre fo¬
rets disposés autour d’une colonne ; chaque élément représente une machine simple du
modèle ordinaire du constructeur, c’est-à-dire à douille porte-foret mobile par cré¬
maillère, à débrayage automatique d’une vis sans fin par levier de déclanchement sur
lavis et butée sur la douille; la commande des forets et de l’avance est prise sur un
arbre central par engrenages indépendants. Les supports de pièces sont adaptés au
pourtour cylindrique d’une table fixe; ils peuvent être immobilisés à l’aide de verrous à
ressort, mais ils peuvent aussi coulisser sur le pourtour de la table et se remplacer
mutuellement. La machine étant essentiellement destinée à la fabrication courante, les
supports reçoivent des montages appropriés aux opérations à exécuter.
MACHINES-OUTILS.
(>5
Machines radiales . — Les machines radiales permettent d’éloigner le foret du bâti et
de le faire tourner autour de ce dernier, de manière à l’amener facilement en un point
quelconque d’une pièce sans avoir à déplacer celle-ci. Dans les petits modèles, la dis¬
lance du bras à la table est quelquefois invariable; le bras vient de fonte avec une
douille qui embrasse la colonne du bâti; la douille est fendue à ses deux extrémités et
porte des oreilles, dont le rapprochement fixe la position du bras et du foret dans une
orientation déterminée. Dans les autres modèles, le bras peut en outre se déplacer
verticalement le long d’une glissière en queue d’aronde formée soit sur une douille
semblable à la précédente, soit sur la colonne du bâti même; dans ce dernier cas, le pi¬
votement, au lieu de se faire sur l’axe de la colonne, a lieu par des tourillons main¬
tenus par des chapeaux de serrage sur le support mobile , et le bras ne peut décrire
qu’un arc d’au plus 180 degrés. La manœuvre de montée et de descente du support se
fait le long d’une vis, soit à la main avec un cliquet à levier, soit automatiquement, à
l’aide d’un embrayage spécial.
Le foret est disposé sur un chariot mobile le long du bras ordinairement à la main
et par vis, â l’aide d’ùne manivelle placée à l’extrémité du bras ou, mieux, reportée sur
le chariot par des engrenages intermédiaires, de façon â être â la facile disposition de
l’ouvrier. Le chariot représente d’ailleurs une tête complète de machine à percer ordi¬
naire, dont on aurait seulement détaché la poupée de commande et la table; la poupée
rester sur le bâti, et le mouvement de rotation est communiqué à la douille du porte-
foret au moyen d’engrenages, l’une des roues se transportant avec le chariot le long
d’un arbre horizontal.
Dans une puissante radiale de MM. Bouhey, le bras peut recevoir un mouvement de
rotation autour d’un axe horizontal dirigé suivant sa longueur; ce mouvement est pro¬
duit par une commande automatique à vis sans fin. Le porte-foret repose lui-même sur
le chariot par l’intermédiaire d’un plateau pivotant à axe normal aux glissières du cha¬
riot; le foret peut ainsi être orienté dans une direction quelconque.
La table des machines radiales est souvent formée par la semelle plus ou moins
élevée qui supporte le bâti; elle est simplement munie de rainures â boulons pour la
fixation des pièces. Quelquefois elle est indépendante du bâti.
MM. Ssiith et Govextry exposent une machine radiale disposée pour pouvoir égale¬
ment tarauder. La poupée de commande possède, au lieu d’un cône à étages, un jeu de
deux poulies fixes et d’une poulie folle avec deux courroies, dont l’une croisée, pour pro¬
duire le changement du sens de la marche. Un porte-taraud spécial, adapté â la place
du foret, permet de limiter exactement la profondeur du taraudage; il est essentielle¬
ment formé de deux plateaux montés sur le même axe, engrenant ensemble par leurs
tranches voisines au moyen d’espèces de larges dents, dont les flancs ont une inclinaison
convenable; le plateau inférieur porte le taraud et est fou sur l’axe; le plateau supér-
rieur est relié â l’axe par l’intermédiaire d’un ressort en hélice, qui a ainsi pour fonc¬
tion de maintenir l’engrènement des plateaux jusqu’à concurrence d’une résistance dont
Grocpk vi. — îv. r>
IM PMMEME
66
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
la valeur dépend de sa tension, qui est réglable par des écrous de serrage, et de l’in¬
clinaison des lianes des dents. Le taraud rencontrant une butée ou le fond d’un trou et
ne pouvant plus avancer, le plateau supérieur se
soulève par glissement sur les lianes des dents
et continue de tourner seul, ses dents retom¬
bant alternativement dans les entailles du plateau
inférieur et s’en séparant ; l’ouvrier, prévenu de
la lin de l’opération par le battement des pla¬
teaux, n’a qu’à renverser le sens de la marche.
Appareil à tarauder de MM. Smith et, Covenlry.
Outils de perçage. — Nous n’avons pas re¬
marqué de formes nouvelles de forets. Le foret
dit américain , à deux cannelures en hélice, pa¬
raît être jusqu’à présent le dernier mot des ou¬
tils de perçage : on peut en effet donner à son
tranchant un angle très voisin de la valeur théo¬
rique; sa forme cylindrique le maintient parfai¬
tement dans son trou et assure la direction du
perçage; les copeaux se dégagent facilement dans
les cannelures en hélice, et Ton peut percer un
trou très long sans être obligé de débourrer. Ces
propriétés, que les autres espèces de forets ne
possèdent pas au même degré , assurent au foret américain une supériorité incontes¬
table au point de vue de la production et de la dépense de force motrice. Il serait cepen¬
dant téméraire d’affirmer que cette forme d’outil est la plus capable de produire le plus
de travail, c’est-à-dire de débiter le plus de copeaux, ou plutôt d’avancer le plus vite
dans le perçage : ce qui peut être vrai , quand on travaille à sec , ne Test plus forcé¬
ment quand on emploie un lubrifiant; la forme la plus convenable devient alors celle
qui permet d’amener le plus facilement le lubrifiant au contact du tranchant, et sur¬
tout de l’y amener sous pression. Nous savons qu’on a pu accroître considérablement
la vitesse habituelle de perçage en se servant d’un foret mi-rond, appelé quelquefois
foret à canons, le long duquel est disposé un tube injectant de Teau de savon à une
pression de 12 à i5 atmosphères; le tranchant du foret est divisé par une petite rai¬
nure qui brise le copeau, et, le foret étant disposé horizontalement, le copeau est
entraîné facilement hors du trou par la vitesse d’écoulement de Teau. Le foret russe,
laissant une âme pleine au milieu des trous de diamètre suffisant, se prête aussi à
l’emploi d’un lubrifiant sous pression. Sans nier que le foret américain puisse être
[ubrifié de la même façon, nous constatons seulement que sa forme est un obstacle
sérieux à l’introduction d’un liquide jusqu’au fond du trou.
Nous pensons que les considérations précédentes sont assez sérieuses pour être ca-
MACHINES-OUTILS.
f>7
pables d’entraîner non seulement la modification de la forme des forets, mais encore
celle de la disposition des machines à percer, qu’il vaudrait mieux rendre horizontales;
les machines se rapprocheraient alors des tours dans le cas où l’on peut faire tourner
la pièce, et des machines à aléser proprement dites dans le cas contraire.
De même qu’on s’est préoccupé d’accélérer le montage des pièces sur le tour par l’em¬
ploi de plateaux et de mandrins à centrage rapide, de même on a cherché à abréger
la construction et la mise en place des forets au moyen de mandrins analogues.
La Morse Twist drill C° expose une belle collection de forets américains et de man¬
drins universels. Nous ne nous attacherons pas à décrire les diverses formes de ces
mandrins; nous dirons seulement qu’ils reposent, pour l’économie de construction des
forets, sur la forme cylindrique de la tige de ces derniers, et que, dans les meilleurs
modèles, le serrage se fait par le rapprochement de griffes ou de coussinets glissant le
long de surfaces coniques; les mandrins eux-mêmes se terminent par une tige conique,
qui s’engage dans l’arbre de la machine.
Certes, nous n’avons pas l’intention de blâmer l’usage des mandrins universels.
Nous ferons remarquer toutefois qu’ils ont pour effet d’interposer entre l’arbre de la
machine et le foret une série d’emmanchements concentriques, desquels il est bien dif¬
ficile d’attendre un degré de précision absolu. Nous estimons que la préférence doit
être accordée à ceux qui ont le moindre nombre d’emmanchements et, en particulier, a
ceux , de modèle ancien , dont les coussinets prennent directement appui sur l’évidement
conique même de l’arbre. Enfin nous sommes de l’avis des constructeurs qui renoncent
a l’emploi de mandrins universels au delà d’un certain diamètre de foret, par exemple
o m. o 6 à o m. 08, et qui fixent directement ce dernier sur l’arbre au moyen d’une
queue conique rectifiée au cône de l’évidement intérieur.
Machine à centrer. — Avant de quitter les machines à percer, citons une petite ma¬
chine de M. Hure, qui permet de pointer, d’une façon suffisamment précise dans beau¬
coup de cas, Taxe d’un barreau cylindrique. La machine comprend deux paires de
mords en Y, les V de chaque paire se faisant face par leur partie concave et se rappro¬
chant simultanément par l’action d’une vis à filetages inverses. Le barreau étant serré
entre les V, on pousse à l’aide d’un levier un pointeau animé d’un mouvement de rota¬
tion, qui trace sur la tranche un trou de centre conicpie.
MACHINES À ALÉSER.
Nous avons déjà dit que les machines à percer verticales pouvaient être employées
pour l’alésage. Gela ne fait aucune difficulté pour des trous de peu de longueur, n’exi¬
geant que des alésoirs courts; car il n’est pas alors nécessaire de guider l’alésoir du
côté de sa sortie du trou. Certains constructeurs donnent en outre la facilité de
guider Talésoir à la sortie, en rapportant une bague sur le plateau de la tabffi, soit
5.
68
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
que Taxe de ce plateau soit invariablement fixé sur le prolongement de celui de l’arbre
porte-foret, soit qu’il puisse y être amené par un réglage préalable. Enfin la machine
à percer convient encore quand on monte la pièce sur un appareil qui porte lui-même
les guides de Talésoir.
Pour des travaux variés , la disposition horizontale est plus commode, en ce quelle
permet de supporter la pièce sur un banc de grande longueur et de monter sur ce
banc des lunettes destinées a guider la barre d’alésage. Les tours sont fréquemment
organisés pour aléser les pièces après ou pendant le tournage; la barre d’alésage est
montée sur la contre-pointe , qui reçoit un mouvement d’avance automatique ; elle est
guidée dans le trou central du plateau et passe à travers l’arbre percé à cet effet; elle
peut encore, au besoin, être supportée par des lunettes placées sur le banc ou sur le
chariot. Nous rappellerons ici le tour a tourner et aléser les poulies, de la Société
d’Albert. Mais pour les pièces qui ne peuvent être montées sur le tour ou qu’il n’v a
pas intérêt à y monter, on doit recourir à des machines spéciales.
On peut distinguer deux types de machines à aléser, selon que l’avance est donnée
à la barre d’alésage ou à la pièce.
La Société alsacienne nous offre deux modèles du type avec barre d’alésage mobile.
Le plus simple, spécial pour coussinets de boîtes à graisse de wagons et de locomo¬
tives, paliers de transmission, etc., se compose d’un banc de tour sur lequel la pièce
se fixe directement entre deux lunettes à douilles-guides échangeables, d’une poupée
avec cône de commande sur un arbre latéral, harnais à simple engrenage, arbre
porte-barre et série de roues fixes et auxiliaires qui, prenant le mouvement sur ce der¬
nier arbre, le transmettent à une vis qui prolonge la barre et produit son avance auto¬
matique. Le rappel de la barre se fait à la main, en agissant sur un des axes de la série
de roues.
Le deuxième modèle, d’usage général, présente une table basse, avec deux rainures
à boulons, sur laquelle sont disposés le support de la pièce, deux lunettes et le sup¬
port fixe de la barre. Le support de la pièce peut être déplacé à l’aide d’un cliquet à
levier le long d’une crémaillère venue de fonte avec la table ; il porte un chariot trans¬
versal, manœuvrable a la main, au moyen duquel on règle la position de la pièce. Le
montant de chaque lunette est en deux parties superposées, la supérieure coulissant
sur l’inférieure normalement a Taxe de la barre; la boîte-guide coulisse également
sur la partie supérieure dans le sens vertical, le long d’une vis. Le support de la barre
est réglable en hauteur, le long d’un montant fixe, au haut duquel est la poupée de
commande munie d’un harnais à double engrenage ; la rotation est transmise à Tarbre
porte-barre par des engrenages et un arbre vertical; la commande de l’avance, prise
sur ce dernier par un cône à étages, est transportée à une vis qui prolonge la barre;
l’arrêt de l’avance a lieu par débrayage d’une roue de vis sans fin interposée dans la
commande, et le retour se fait à la main en agissant sur Taxe de cette roue.
Dans ces deux machines, le porte-barre est formé de deux éléments, dont l’un fait
MACHINES-OUTILS.
69
partie de la machine et dont l’autre, mobile, s’engage par son extrémité dans le précé¬
dent et constitue le porte-lame; les deux éléments sont assemblés à mortaise ét clavette.
M. Steinlen expose une machine de fabrication courante, rentrant dans ce premier
type; elle est principalement destinée à l’alésage de la chambre des canons de fusils.
La machine comprend une poupée simple avec poulies de commande, dans laquelle le
canon se centre par un mandrin a coussinets, et un support à huit broches d’alésage
parallèles, disposées autour de l’axe cl’une sorte de tambour susceptible de tourner
dans deux lunettes fixes; un verrou a levier, s’engageant dans une des huit divisions du
tambour, met la broche correspondante dans l’axe de la poupée; la broche vient en
même temps se relier, par l’épaulement d’un collet formé à son extrémité , avec l’arbre
d’une contre-pointe; on peut alors, en avançant l’arbre de contre-pointe à l’aide d’un
croisillon qui l’actionne par pignon et crémaillère, engager l’alésoir dans le canon. La
machine permet de faire une série d’opérations dans la chambre du canon, sans le dé¬
monter. Pour la facilité de la mise en place du canon dans la poupée, celle-ci pivote
autour d’un axe horizontal à excentrique, disposé sous l’une de ses extrémités. Cette
machine nous fournit un exemple d’une machine à aléser de fabrication courante, dans
laquelle la pièce possède le mouvement de rotation, l’alésoir n’ayant que le mouve¬
ment d’avance.
Un bon exemple du type dans lequel l’avance est donnée à la pièce est fourni par
la machine à aléser de M. Bariquand. Celle-ci comprend un banc dont chaque bord
présente deux bandes dressées d’équerre avec le dessus, formant une surface d’appui ver¬
ticale de grande hauteur pour le support de la pièce; une haute poupée de tour fixée à
un bout du banc, avec cône de commande, harnais d’engrenages, équipage de roues
comme dans les tours a fileter, avec mécanisme d’arrêt et de changement de marché;
70
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
une contre-poupée cle tour réglable longitudinalement sur un support qui peut lui-
même se déplacer sur le banc; un support de pièce, formé de trois faces d’un cadre
rectangulaire, s’appuyant sur le dessus et les côtés du banc, et supportant un deuxième*
cadre qui coulisse verticalement sur lui par ses deux faces latérales; ce deuxième cadre,
reposant sur deux fortes vis manœuvrées simultanément, porte sur sa face supérieure
un chariot transversal surmonté d’un plateau circulaire gradué. Le porte -lame est
monté entre pointes; l’avance est donnée au support de la pièce par une vis conduite
par l’équipage de roues; la manœuvre à la main peut d’ailleurs se faire, le mécanisme
de changement de marche étant à l’arrêt, par des volants disposés en avant et en
arrière du support de la pièce sur un arbre latéral relié à la vis.
La maison Fétu-Defize présente une machine dans laquelle l’avance peut être
donnée à la barre ou à la pièce. Le support de la pièce est analogue à celui de
M. Bariquand; le porte-barre est en deux parties assemblées à mortaise et clavette; il
est soutenu par une lunette du côté opposé à la poupée. Celle-ci est fixe; elle possède
un harnais à double engrenage et actionne par cônes à étages un arbre latéral qui
peut transmettre le mouvement soit à la vis du support de la pièce, soit, par un
deuxième jeu de cônes, à une vis qui prolonge l’arbre porte-barre; l’une ou l’autre
commande s’embraye et se débraye par le déplacement d’une roue d’engrenage le long
de son axe.
Nous avons maintenant à parler de machines qui, par leurs dispositions, sont sus¬
ceptibles de destinations multiples.
M. Huré expose une machine à aléser du deuxième type, qui est en même temps
une excellente machine à fraiser. La semelle forme une sorte de banc de tour, à bords
en queue d’aronde ; sur ce banc peut se mouvoir un système de deux chariots rectan¬
gulaires, surmontés d’un plateau circulaire, les deux chariots et le plateau circulaire
pouvant être actionnés automatiquement. Un support de lunette , avec réglage en hau¬
teur, peut se déplacer sur le banc. A Tune des extrémités , est fixé un montant sem¬
blable à celui du deuxième modèle de la Société alsacienne, portant à sa partie supé¬
rieure la poupée de commande et, sur une coulisse verticale, le support de l’arbre
porte-outil; mais cet arbre n’a pas de déplacement suivant son axe. Une transmission
par cônes conduit à un mécanisme de changement de marche, d’où part la commande
automatique, soit du support vertical de l’arbre porte-outil, soit du support de la
pièce; la dernière se dédouble elle-même deux fois, pour actionner l’un ou l’autre des
trois mouvements de la pièce; l’embrayage et le débrayage de chaque mouvement se
font par le déplacement d’une roue d’engrenage le long de son axe. Cette machine
offre de grandes ressources : elle permet, avec un seul montage delà pièce, de faire de
nombreuses opérations de perçage , d’alésage et de fraisage , avec certitude d’observer
l’équerre et le parallélisme des axes et des surfaces, si les directions d’axes et de
chariots sont elles-mêmes correctes. Nous ne lui adresserons qu’un reproche de prin¬
cipe , qui lui est commun d’ailleurs avec bon nombre d’autres modèles : la commande a
MACHINES-OUTILS.
71
la partie supérieure de la machine ne nous paraît pas heureuse , malgré les avantages
qu’elle peut avoir; elle exige, en effet, que la courroie venant de la transmission de
l’atelier soit verticale (disposition qui ne sera pas toujours possible), sous peine
d’exercer une traction oblique sur un grand bras de levier et d’occasionner, sous l’effet
des variations de résistance et par suite de tension de la courroie , des trépidations nui¬
sibles à la qualité du travail.
Une machine de M. Steinlen offre des ressources encore plus grandes que la précé¬
dente, par suite de ses dimensions et de la présence de deux supports d’outil; c’est
une machine double avec une seule table. Elle est du premier type. Les deux supports
d’outil sont disposés, se faisant face, sur une plaque de 5 mètres de largeur, qui porte
en outre la commande principale; celle-ci est elle-même double, chaque partie pou¬
vant, au moyen de mécanismes de changement de marche, être appliquée à l’un ou à
l’autre des deux supports d’outil , ou aux deux à la fois. Les supports ont sur la plaque
un mouvement lent et un mouvement rapide produits à volonté au moyen d’un méca¬
nisme de changement de vitesse, indépendamment d’un mécanisme de changement de
marche qui l’accompagne. Chaque support reçoit un chariot à déplacement vertical, et
celui-ci un chariot horizontal sur lequel est monté l’arbre horizontal porte-outil , ces
deux chariots possédant des mouvements automatiques. La table, indépendante de la
plaque, a 3 mètres de longueur sur 2 mètres de largeur; elle est munie, sur ses côtés,
d’équerres mobiles le long de crémaillères, permettant d’augmenter ses dimensions;
elle reçoit des supports de lunette à hauteur réglable; les lunettes peuvent prendre, sur
chaque support, trois positions à des distances différentes de la partie qui forme mon
tant. Nous ferons remarquer que la machine présente une différence importante pai
rapport aux machines ordinaires à aléser à barre mobile : ce n’est pas la barre même
qui se déplace suivant son axe , elle reçoit l’avance par l’intermédiaire d’un long cha¬
riot horizontal sur lequel elle est montée; cette disposition a une grande importance
au point de vue du fraisage , en ce qu’elle évite le porte-à-faux trop considérable que
prendrait la fraise à une certaine distance du support.
Nous signalerons encore une machine à disposition radiale de la Société d’Albert,
qui peut percer, aléser et fraiser verticalement ou horizontalement. Le bâti offre une
colonne verticale sur laquelle pivote une douille déplaçable par vis sans fin et roue,
une table basse avec un système de deux chariots et d’un plateau circulaire semblable
à celui de la machine de M. Huré , et , du côté opposé à la table par rapport à l’axe de
la colonne, une face verticale avec rainures, à boulons sur laquelle on peut fixer cer¬
taines catégories de pièces. La douille de la colonne présente, à iBo degrés l’une de
l’autre, deux coulisses en queue d’aronde , portant l’une un bras radial de machine à
percer se manœuvrant à la main, l’autre un support mobile de barre d’alésage pouvant
se manœuvrer automatiquement; l’appareil à percer, monté sur le bras radial, com¬
prend en outre un chariot vertical manœuvrable à la main. Enfin un support ver¬
tical, mobile sur la coulisse de la table, permet de soutenir le bras radial vers son
n
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
extrémité, ou peut recevoir une lunette pour guider la barre d’alésage horizontale. La
poupée de commande, avec harnais à double engrenage, est disposée à la partie supé¬
rieure de la colonne; elle transmet le mouvement de rotation aux outils et l’avance au¬
tomatique à l’arbre pour le perçage ou l’alésage; elle peut également actionner le
déplacement vertical du support de la barre d’alésage horizontale. Mais la commande
automatique des chariots et du plateau circulaire de la table est prise directement sur
le renvoi; il peut y avoir ainsi indépendance entre la vitesse des outils et celle de la
pièce; c’est là le côté faible de la machine, dont la disposition d’ensemble est très
bonne et se prête à une variété très grande de travaux.
Outils d'alésage. — Les outils d’alésage accompagnant les machines que nous avons
décrites sont généralement ou des lames auxquelles on donne la saillie convenable sur
la barre par des procédés plus ou moins parfaits, ou des fraises légèrement coniques
dont le plus grand diamètre est celui du trou à obtenir; ces fraises sont parfois expan¬
sibles, par suite de la présence de deux ou de plusieurs fentes longitudinales dans leur
partie médiane et d’un mandrin conique qui se visse à leur intérieur et les force de
s’ouvrir plus ou moins. 11 convient de ne pas employer indifféremment l’un ou l’autre
outil; la lame peut, en effet, rectifier un trou, à la condition d’être guidée très exacte¬
ment et d’assez près, mais elle peut produire des traits; la fraise, au contraire, a tou¬
jours une tendance à suivre le trou de perçage, mais elle est capable de polir. On doit
donc se servir de la lame, si l’on a principalement en vue la rectification d’un trou; et,
si l’on veut rendre très propre un trou dont la direction est reconnue suffisamment
exacte, on utilisera avantageusement la fraise. La fraise est particulièrement commode
pour faire des trous coniques; il suffit, en la prenant au cône voulu, delà passer dans
le trou rectifié auparavant cylindriquement.
M. Huré présente un outil pour alésage sphérique, se montant sur le nez d’un arbre
de tour, pendant que la pièce à aléser est fixée sur le chariot. Ce porte-outil possède
un corps sphérique muni de deux sortes de tourillons, dont l’un est taraudé pour se
fixer sur l’arbre du tour, et dont l’autre porte les organes de mouvement qui action¬
nent l’outil ; celui-ci, qui a la forme d’un bout d’outil de tour, est adapté suivant un
rayon à un disque intérieur concentrique à la sphère, à laquelle il est relié par un axe
normal à l’axe des tourillons; au disque, est accolée une roue engrenant avec une vis
sans fin , dont l’axe aboutit sur la tranche du deuxième tourillon et y est muni d’une
roue dentée; un petit levier, monté sur l’axe du tourillon et relié à un point fixe du
banc, porte une dent qui, à chaque tour du porte-outil, rencontre la roue extérieure et
la fait marcher d’une dent; ce mouvement d’avance, transmis par la vis sans fin au dis¬
que porte-outil, le fait tourner lentement autour de son axe, en entraînant l’outil, dont
la pointe décrit ainsi un arc de grand cercle passant par l’axe du tour. Le réglage de
la saillie de l’outil se fait par une vis adaptée au bout de sa tige dans son prolonge¬
ment et butant contre le fond de son logement; il ne peut se faire qu’en sortant l’outil.
MACHINES-OUTILS.
73
CHAPITRE IV.
MACHINES À TARAUDER.
Considérations générales. — Machines à tarauder. — Outils de taraudage.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
La confection des vis et des écrous se fait habituellement sur le tour avec des outils
dits à fileter extérieurement ou intérieurement, quanti on a affaire à un petit nombre
de pièces ou à une forme particulière de fdets, ou quand l’opération exige un certain
degré de précision : c’est le cas des vis et des écrous employés dans les machines pour
la transmission du mouvement. Dès que l’on a une série de pièces aux mêmes dimensions
de fdet et a la forme ordinaire de fdet des boulons et des vis de serrage, on a avantage
à se servir d’un outillage spécial; on est même parfois obligé de toutes façons de créer
cet outillage, notamment pour la fabrication des écrous, qui ne se prête pas commodé¬
ment à l’usage du tour.
Les constructeurs ont généralement soin d’établir, pour leur fabrication , des séries de
filets dont le diamètre, le pas et la forme varient suivant une loi déterminée. Malheu¬
reusement, chaque constructeur se fait souvent sa loi propre, et comme, de plus, les
unités de mesure sont variables avec les divers pays, les échelles des diamètres sont
elles-mêmes différentes. Il résulte de là un surcroît de dépenses pour les ateliers qui
possèdent des machines ou même des objets quelconques provenant de plusieurs éta¬
blissements de construction; car il leur faut, pour les réparations, se procurer ou se
créer la série de filières et de tarauds de chaque constructeur, ou recourir à des expé¬
dients toujours coûteux ou nuisibles à la qualité du matériel, tels que le passage dans
des écrous de tarauds de filet différent du filet primitif, le réalésage et le taraudage de
l’écrou a une nouvelle forme de filet.
Nous réclamons donc, avec beaucoup d’autres, en faveur de l’uniformisation des
séries de filets, ou au moins de la réduction du nombre des séries. La réforme s’impose
impérieusement, en raison du développement que prend l’usage des machines et de la
précision qu’on exige du travail. Il nous semble qu’une entente pourrait se faire sans
grandes difficultés entre les constructeurs, grâce aux sociétés dont ils font partie, aux
congrès qui se réunissent fréquemment et enfin aux publications industrielles, qui justi¬
fieraient leur raison d’être et mériteraient l’attention des lecteurs en traitant des ques¬
tions d’intérêt général aussi bien que des questions de pure réclame.
Les outils spéciaux de taraudage sont les tarauds et les filières; ce sont, en réalité.
74
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
des outils multiples qui, par leur disposition en hélice et la forme de leur partie posté¬
rieure guidée en restant engagée dans le fdet tracé, n’ont besoin que de recevoir un
mouvement de rotation et prennent d’eux-mêmes le mouvement de translation ; il convient
cependant de les conduire par une vis dans les forts travaux et dans ceux qui demandent
quelque précision. Notamment, avec l’emploi des filières à peignes indépendants, on
observe fréquemment des reprises sur les fdets, tenant à l’incertitude de la direction
au début et à la difficulté de régler exactement les peignes les uns par rapport aux
autres.
Nous avons déjà vu l’emploi des tarauds et des filières sur les machines à percer et
sur les tours à décolleter. On peut d’ailleurs les adapter à un tour quelconque, en les
montant soit sur l’arbre, soit sur le chariot, et en laissant à celui-ci la liberté d’avance ou
en l’actionnant par la vis de fdetage. Toutefois, pour des travaux très courants, comme
ceux des boulons et des écrous, il est préférable de se servir de machines spéciales, qui
peuvent en général recevoir des dispositions très simples. Les mêmes machines font
d’ailleurs indifféremment les boulons ou les écrous, quoique parfois on les organise
plus particulièrement pour l’un ou l’autre genre de pièces.
L’usage des fdières à peignes indépendants , encastrés dans des mandrins universels
à rapprochement ou écartement simultané des peignes, permet le dégagement facile
et rapide des pièces après l’opération; il en est de même pour le taraudage des trous
complètement à jour et d’un diamètre suffisant, pour lesquels on peut faire traverser
le taraud et le démonter avec la pièce. Mais on a intérêt à se servir de fdières d’un seul
morceau pour les petites vis et de tarauds non amovibles pour les petits trous; dans ces
cas, et pour le taraudage des trous borgnes, on est obligé de dévisser l’outil de la pièce
et d’introduire un changement de marche dans le renvoi ou dans la machine même.
MACHINES À TARAUDEE.
Pour le taraudage des petits écrous et des trous de vis, M. Bariquand et MM. Bouhey
emploient une sorte de petite machine à percer verticale , à arbre mobile et à levier,
dont la commande porte trois poulies, deux fixes et une folle, avec deux courroies,
Tune d’elles étant croisée. La pièce à tarauder est tenue à la main sur le plateau. Le
changement de marche se fait par le déplacement de la fourche de débrayage à la main
ou sous faction automatique d’un déclanchement opéré par la rencontre d’une butée,
et sous celle d’un poids qui entraîne la fourche.
MM. Brown et Sharpe et M. Gotendorf se servent d’une petite poupée horizontale,
qui porte deux poulies folles sur des douilles et tournant en sens inverses l’un de l’autre.
Le porte-taraud, engagé suivant l’axe commun des poulies, embraye avec l’une ou avec
l’autre par manchon denté ou par friction , suivant qu’on pousse sur lui pour engager
la pièce, ou qu’on tire en arrière pour la dégager. La pièce est disposée sur un support
leger qui coulisse dans une douille cylindrique fixe et que l’on manoeuvre à la main.
MACHINES-OUTILS.
l o
MM. Hurtu et Hautin ont une poupée analogue; seulement la manœuvre d’embrayage
de l’arbre, au lieu d’être faite par action directe sur le taraud, est produite au moyen
de deux pédales actionnant des tringles qui aboutissent à un même manchon calé sur
l’arbre. Il paraît que ce mode de manœuvre du taraud est moins brutal que l’action
directe de la main et occasionne moins souvent la rupture de l’outil. Ajoutons que le
support de la pièce est guidé par deux tringles qui traversent le bâti de la poupée.
Les machines précédentes ne conviennent guère que pour le taraudage de petits
trous. Celles dont nous allons nous occuper peuvent tarauder des trous de plus grand
diamètre; elles sont généralement présentées pour le travail des boulons; pour les
employer à celui des écrous, il faut monter le taraud sur l’arbre et la pièce sur le
chariot à la place de la filière , ou inversement.
Les machines exposées par M. Steinlen ressemblent assez à des tours : elles ont un
banc, une poupée avec cône de commande et engrenage simple et avec plateau pour le
centrage de la pièce, une contre-poupée , un chariot longitudinal actionné par crémaillère
avec intermédiaire d’un équipage de roues échangeables et d’une vis latérale menant
une roue montée sur l’axe du pignon de la crémaillère. La roue est reliée par friction
â Taxe; en la desserrant, on peut agir directement à la manivelle sur l’axe, pour ma¬
nœuvrer rapidement le chariot. Sur le chariot est disposé le porte-fdière , comprenant
quatre peignes, dont le rapprochement ou l’écartement est produit simultanément par
un système de mandrin universel actionné à l’aide d’une manivelle. L’ouverture des
peignes permet le retrait à la main du chariot à la fin de l’opération. Le chariot trans¬
porte un pot à huile pour la lubrification des peignes. On voit que, dans ces machines,
l’entraînement de la filière est produit, en réalité, par la commande du chariot et que
les peignes n’agissent que comme quatre outils ordinaires; il convient toutefois que le
pas donné par l’équipage de roues conduisant la vis soit reproduit aussi exactement
que possible sur la disposition des peignes, afin que ceux-ci travaillent également.
Les machines de MM. Duval, Dandoy-Maiiliard et Lucq, Sculfort-Malliar et Meu-
rice diffèrent surtout de celles de M. Steinlen en ce que le chariot porte-filière n’a pas
de commande mécanique et qu’il avance par le seul effet de l’entraînement delà filière.
Celle-ci est d’une seule pièce ou constituée par un système de deux peignes montés
sur deux chariots transversaux, qu’on peut rapprocher ou écarter simultanément à l’aide
d’une vis à deux filetages inverses.
Dans la machine de la Société alsacienne, le porte-filière se visse sur le nez de
l’arbre de la poupée et reçoit le mouvement de rotation. La pièce à tarauder se place
sur un support poussé à la main le long de deux tringles horizontales fixées à la poupée.
Le porte-filière possède trois peignes montés sur un mandrin universel à trois arcs de
spirale. Le rapprochement ou l’écartement des peignes peut être produit simulta¬
nément; il résulte de cette disposition que l’on n’a pas besoin d’arrêter la commande
de la machine à chaque changement de pièce. Le déplacement des peignes est opéré
par le jeu, normalement à l’axe du tour, d’une plaque qui agit à l’aide d’un bouton sur
76
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
une rampe, pour faire tourner le plateau des arcs de spirale. Le mouvement de cette
plaque a lieu par la rencontre de Tune ou l’autre de ses deux extrémités, taillées en
forme de came, avec une butée qu’on lui présente au moment convenable : le passage
d’une des extrémités devant la butée ouvre les peignes; celui de l’autre extrémité les
rapproche. La plaque étant dans l’une ou l’autre position, la poussée en avant de la
butée ne peut avoir pour effet que de l’amener à l’autre position, à laquelle elle reste,
si l’on a soin de cesser à temps l’appui sur la butée, qui revient d’elle-même en arrière
sous l’action d’un ressort. Les deux positions de la plaque sont d’ailleurs assurées par
un verrou à ressort , qu’une autre plaque, dont les saillies précèdent un peu celles de la
première, dégage au moment opportun.
M. Demoor expose plusieurs machines à tarauder à une seule poupée, de puissances
différentes. Dans la plus forte, la pièce se monte sur l’arbre de la poupée, et le porte-
filière coulisse sur deux tringles-guides. La poupée a une poulie fixe et une poulie folle,
pour permettre au besoin l’arrêt pendant le changement de la pièce. Le porte-filière a
trois peignes montés sur un mandrin universel et se manœuvrant simultanément à l’aide
d’un levier qui agit sur un plateau à rainures-guides. Le mouvement des peignes se fait,
pour chacun, par pivotement autour d’un axe fixe, sous l’action d’un galet engagé dans
la rainure-guide correspondante. Les tringles supports du porte-filière sont taillées en
crémaillère sur une partie de leur pourtour; on peut ainsi déplacer le porte-filière a la
manivelle, en prenant appui sur l’une de ces crémaillères.
M. Demoor présente en outre une machine à double poupée , chacun des deux arbres
Machine simple à tarauder de M. Demoor.
étant disposé pour tarauder des boulons à l’une de ses extrémités et pour tarauder des
écrous a l’autre. Le côté des écrous comporte simplement des tarauds à tige de section
MACHINES-OUTILS.
77
carrée s’engageant à chaque fois sur les arbres, et des supports mobiles le long de
tringles fixes recevant les écrous. Pour le taraudage des boulons, les porte-filières à trois
peignes reçoivent le mouvement de rotation; les boulons se placent sur un support
mobile à la main le long de deux tringles; les peignes des filières s’ouvrent automa¬
tiquement sous l’action d’un ressort à boudin mis en jeu par le déclanchement d’un
levier à la rencontre d’une butée adaptée au support mobile : le ressort pousse un
manchon monté sur l’axe du porte-filière et muni de trois petites crémaillères engrenant
avec des pignons dont les axes agissent sur les porte-peignes; on n’a pas ainsi à arrêter
la machine à chaque changement de boulon : il suffit de réenclancher le levier du
ressort.
Nous ajouterons que M. Demoor a des mandrins universels porte-filières pouvant se
monter sur des tours, et d’autres s’adaptant a des tourne-à-gauche pour le taraudage
à la main.
M. Sternbergh expose une machine double pour le taraudage des boulons, disposée
d’une façon analogue à la machine double de M. Demoor. Les porte-filières ont quatre
peignes; les boulons se placent sur des chariots, dont chacun est muni d’un levier pour
la manœuvre et est constamment attiré vers sa poupée par un ressort à boudin. Une
butée fait saillir un bouton , qui vient rencontrer une came montée sur l’arbre et agit
pendant une portion de tour pour pousser un manchon, dont le déplacement provoque
l’ouverture des peignes; il faut alors retirer vivement le chariot en arrière; les peignes
se referment aussitôt.
Des appareils portatifs de MM. Curtis et Curtis, pour le taraudage des extrémités
de tubes, comprennent une enveloppe, dans laquelle sont réunis un mandrin à deux V
cannelés se serrant simultanément et centrant le tuyau, et un mandrin universel à
quatre peignes; ce dernier est vissé dans l’enveloppe au même pas (pie le filet à obte¬
nir; on le fait tourner à la main, en agissant sur un pignon qui engrène avec sa cir¬
conférence. Un appareil est nécessaire pour chaque espèce de pas.
OU TJ LS DE TARAUDAGE.
Si l’on excepte les outils de tour, on n’emploie guère pour le taraudage intérieur
(pie des tarauds filetés au pas voulu, dont on arase les premiers filets sous forme de
cône allongé, de manière à leur donner de l’entrée dans le trou et à atteindre progres¬
sivement la profondeur définitive ; l’outil lui-même, ou plutôt la série des outils est con¬
stituée par la formation de rainures longitudinales dont la section du côté de la partie
coupante se rapproche le plus possible de la direction du rayon, et par un dégagement
fait sur le filet lui-même en arrière de la partie coupante pour donner un certain angle
de coupe. C’est surtout par la façon dont ce dégagement est formé que se distinguent
les divers modèles de tarauds. M. Morisseau, sans toucher à la forme générale du filet,
abat simplement son arête, mais il ne fait commencer l’abattement qu’à environ 1 mil-
78
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
limètre du tranchant, afin d’éviter que l’angle de ce dernier s’usant rapidement, le
diamètre du taraud se trouve affaibli. La Société alsacienne donne de la coupe à toute
la section du filet et conserve à son arête la même largeur sur toute la portion com-
_ AAAAAAAA>VVVV\ rrnw,
==! ■ ;zjis®!iiw
- * - ^ - WWvVWVvW'AAA/J
Taraud de M. Morisseau.
prise entre deux rainures, en excentrant légèrement l’axe de cette portion par rapport
à Taxe général du taraud; la confection de semblables outils exige un outillage spécial,
mais leur forme paraît être rationnelle.
Les filières en une seule pièce ne sont plus guère employées, comme outillage de
machines, que pour le taraudage des vis et des petites pièces sur les tours à décolleter
et les machines à faire les vis; elles sont d’ailleurs construites d’après les mêmes prin¬
cipes que les tarauds, c’est-à-dire évasées coniquement à l’entrée, creusées de rainures
longitudinales et dégagées sur le filet pour avoir de la coupe. Dans les autres cas, on
a, de préférence, recours à des peignes disposés sur un mandrin universel. Les machines
à tarauder de MAL Steinlen, Duval, Dandoy-Mailliard et Lucq, Sculfort-Malliar et
Meurice et de la Société alsacienne, les tours à décolleter de MAL Smith et Coventry
et de AL Hulse ont des peignes taillés en forme circulaire, comme les portions d’une
filière d’une seule pièce, et se disposent suivant des rayons du mandrin universel. Les
peignes des machines à tarauder les boulons, de M. Demoor et de AL Sternbergh ,
sont des bouts de barre plate creusés sur une face de cannelures à l’écartement du pas
des filets et cl’une profondeur progressive, dressés sur le devant suivant un plan ou
une surface cylindrique de manière à constituer un angle de tranchant et à amorcer
progressivement la profondeur du filet; ils se placent sur le mandrin de façon que les
cannelures prennent la direction du filet. Les deux systèmes de peignes ont l’avantage
de pouvoir servir pour des diamètres différant de quelques millimètres, sans qu’il ré¬
sulte d’inconvénient sensible de la légère différence entre la direction du blet à obtenir
et celle des filets ou des cannelures des peignes; de plus, ils peuvent s’affûter. Le
deuxième modèle de peigne, en particulier, peut s’affûter indéfiniment; ce même mo¬
dèle offre sur l’autre l’avantage d’avoir un angle de tranchant plus aigu et plus exact
théoriquement; il est donc susceptible d’un plus grand rendement.
MACHINES-OUTILS.
79
CHAPITRE V.
MACHINES À RABOTER.
Considérations générales. — Machines à raboter proprement dites. — Étaux-limeurs. — Machines mixtes :
machine à raboter de M. Steinlen avec commande de la table par bielle; machine à raboter latérale, système
Richards; étau-limeur à vis, système Richards. — Machines spéciales : machine de MM. Bouhey, à chan-
freiner les tôles; machines à tailler les roues d’angle. — Outils de rabotage. — Machine à rayer automa¬
tiquement les canons de fusils.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
On distingue habituellement, parmi les machines a raboter, les machines à raboter
proprement dites et les étaux-limeurs ou limeuses.
Le type ordinaire des machines à raboter proprement dites comprend un banc sur
lequel une table, qui reçoit la pièce, se déplace d’un mouvement alternatif uniforme;
deux montants solidement fixés au banc supportent une traverse, sur laquelle l’outil n’a
que des mouvements d’avance.
Les étaux-limeurs sont constitués par un bâti ou par un banc élevé, sur le côté du¬
quel sont disposés les supports de la pièce, et qui porte sur sa face supérieure une tète,
dans laquelle le porte-outil coulisse d’un mouvement alternatif varié produit par excen¬
trique et par bielle. L’avance est donnée a la tête dans les étaux-limeurs à banc, au
support de la pièce dans les autres modèles.
Toutefois cette distinction, qui repose surtout sur l’aspect général des machines et
sur la nature du mouvement principal , tend à s’effacer par suite de la création de mo¬
dèles mixtes comprenant les petites raboteuses de Al. Steinlen, à mouvement de table
produit par bielle, les raboteuses latérales en forme d’étaux-limeurs, dont la tête re¬
çoit par vis le mouvement principal, et les limeurs dont l’outil reçoit par vis le mou¬
vement principal avec une vitesse uniforme, les deux derniers modèles étant du système
Richards et exposés par AI. Janssens.
Dans l’étude qui va suivre nous n’envisagerons , sous la dénomination de machines à
raboter et d’étaux-limeurs, que les machines d’usage général et des modèles ordinaires;
nous dirons ensuite quelques mots des modèles mixtes que nous venons de signaler, et
de plusieurs machines spéciales.
MACHINES À RABOTER PROPREMENT DITES.
L’appui de la table sur le banc a lieu de façons assez diverses. Le plus grand nombre
des constructeurs emploient deux glissières en V formées sous la table; chez Al. Schultz
80
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
et AL Fétu-Defize, les deux glissières sont rectangulaires. Dans les petits modèles,
MAI. Dando v-Mailliard et Lucq forment le dessus du banc en queue daronde sur les
bords, ou en queue daronde d’un côté et rectangulairement de l’autre, et ils accrochent
la table sous les rebords de la queue d’aronde. Dans tous ses modèles, M. Steinlen fait
venir une queue d’aronde sous les deux côtés de la table et l’accroche au hanc au
moyen de règles rapportées sur les hords. Le hanc des machines de AL Sellers est
creusé d’un côté en V surmonté de deux bords verticaux et présente simplement de
l’autre côté une surface plane horizontale.
Ces diverses dispositions ont pour objet d’empêcher le déplacement latéral et le sou¬
lèvement de la table. Nous remarquerons que l’accrochage de la table par queue
d’aronde coïncide généralement avec sa conduite par pignon et crémaillère;* que les
tables reposant sur le banc par des glissières en V ou rectangulaires sont souvent
conduites par vis avec écrou ou avec crémaillère, et que dans d’autres, qui ont une cré¬
maillère avec pignon, le pignon est disposé au-dessus de la crémaillère, faisant ainsi
pression sur elle et par suite sur la table (Chaligny, Fétu-Defize, Hurtu et Hautin).
Le graissage des surfaces de glissement des tables se fait au moyen de réservoirs
d’huile creusés dans le banc, dans lesquels plongent ordinairement des galets en bois
léger, ou des galets en acier soulevés par des ressorts; M. Sellers emploie des lan¬
guettes à pendule articulées à la table, qui ramassent de l’huile dans les réservoirs et
la transportent sur les glissières; la Société alsacienne fixe de la filasse de coton sur
les parois des réservoirs. Des pattes d’araignée régnent en outre sur la longueur des
glissières.
Les moyens usités pour la conduite de la table sont : la crémaillère avec pignon,
parfois taillés l’un et l’autre à chevrons (Steinlen, Sculfort-Alalliar et Afeurice); la vis
avec écrou (Lomont); la vis oblique à filets multiples avec crémaillère à dents nor¬
males à la longueur de la table, les filets de la vis et les dents de la crémaillère ayant
une section légèrement trapézoïdale ou épicycloïdale allongée (Aemmer, Sellers, So¬
ciété alsacienne). Nous avons déjà exposé notre avis au sujet de ces diverses méthodes ;
la crémaillère, même employée avec la vis, expose la table à des effets de recul et
même de soulèvement, au moment de l’attaque de l’outil ou sous l’influence des varia¬
tions de résistance; la meilleure preuve en est dans ce fait, qu’on éprouve le besoin
d’accrocher par des queues d’aronde les tables a crémaillère. Au contraire, la vis est
parfaitement guidée dans son écrou; toutefois il convient de parer à son usure par une
lubrification soignée, et a la production de jeu dans l’écrou en faisant, par exemple,
ce dernier en deux parties réglables l’une par rapport à l’autre suivant la direction de
l’axe; la présence d’un jeu est en effet très nuisible à la conservation des deux pièces,
à cause du déplacement et du choc qui se produisent au moment des changements de
marche.
La commande de la table, le changement de marche et le retour rapide se font gé¬
néralement comme il suit : trois poulies de même diamètre sont actionnées par une
MACHINES-OUTILS.
81
même courroie; celle clu milieu est folle, celles des extrémités sont montées sur deux
arbres concentriques l’un à l’autre et indépendants; ces deux arbres sont reliés à un
troisième, soit tous deux directement par des engrenages d’angle de dimensions diffé¬
rentes, soit par engrenages cylindriques, l’un directement, l’autre avec des intermé¬
diaires, de manière à établir un certain rapport entre les vitesses; le troisième arbre,
suivant l’espèce de machine, transmet le mouvement au pignon de la crémaillère, ou est
lui-même l’arbre de la vis. Le passage de la courroie d’une poulie sur l’autre est opéré
par l’action de butées, fixées à la table, contre deux bras d’un levier dont un troisième
bras actionne la fourche d’embrayage; ces deux bras doivent avoir une longueur telle,
qu’ils permettent aux butées de les franchir. La résistance de la courroie à son dépla¬
cement pouvant tendre à ramener le levier en arrière, en lui faisant exercer une action
de soulèvement sur la table, on lui adapte souvent un poids qui s’oppose à cet effet;
il est préférable, pour éviter le choc que produit ce poids par sa chute, de régler la
longueur des bras de levier de telle façon qu’à fin de course ils appuient contre le des¬
sous des butées et ne puissent ainsi prendre un mouvement de recul.
M. Schultz emploie, pour la commande de la table, une poulie fixe entre deux pou¬
lies folles, et deux courroies, l’une droite, l’autre croisée; la poulie fixe actionne un
arbre unique, et la différence des vitesses de travail et de retour est donnée par la dif¬
férence des diamètres des poulies du renvoi. M. Schultz remplace les deux bras de
butée du levier par un petit chariot, qui est entraîné par les butées et qui porte un
galet à axe vertical engagé dans une rainure en forme de came creusée sur le pourtour
d’un cylindre à axe horizontal; le cylindre reçoit ainsi des butées un mouvement alter¬
natif et fait, par suite, l’office du levier précédent.
La commande de M. Seilers comprend deux poulies, qui sont folles sur un même
arbre relié à la vis de la table , mais qui peuvent lui être réunies par embrayage avec
un manchon à deux cônes de friction claveté entre elles sur l’arbre et manœuvré par
une tringle mise en mouvement par le levier de changement de marche ; les deux pou¬
lies reçoivent chacune une courroie, l’une droite, l’autre croisée, venant du renvoi, et
la différence entre les vitesses de travail et de retour est donnée par la différence entre
les diamètres des poulies du renvoi correspondant à chaque courroie. On peut d’ail¬
leurs, par le simple changement de la poulie de commande du travail sur le renvoi,
modifier la vitesse de travail suivant la nature du métal, sans toucher à la vitesse de
retour.
On n’avait pas osé jusqu’ici dépasser, pour la vitesse de retour, une valeur de trois
fois la vitesse de travail; Al. Seilers a pu porter cette valeur à huit fois, ou plus exac¬
tement atteindre une vitesse de retour de o m. 72 à la seconde, quelle que soit d’ail¬
leurs la vitesse de travail, grâce à l’embrayage par friction qu’il a introduit dans la
commande; le changement de marche se produit sans choc, et le lancé de la table, ou
l’excédent de course faite après la rencontre des butées, est même inférieur à celui des
autres modèles; la sensibilité et la sûreté de fonctionnement du mécanisme sont telles,
6
GnouPE VI. — iv.
IMPÎUJIEftiE NATIONALE.
82
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
qu’on peut effectuer des courses de o m. 2 ou 0 m. 3 seulement. Mais, en outre, ces
qualités de l’embrayage par friction permettent de le manœuvrer directement à la main,
à l’aide d’une poignée adaptée à Taxe du levier de changement de marche; l’ouvrier
peut ainsi, sans toucher à ses butées, soit arrêter la table dans l’intervalle de la course
pour laquelle elles sont réglées , soit dépasser cette course et amener la table à l’extré¬
mité du banc. Dans une machine, l’axe du levier de changement de marche traverse
le bâti et porte une poignée de manœuvre de chaque côté, ce qui procure de grandes
commodités à l’ouvrier pour le réglage et la surveillance.
La traverse reçoit un ou deux supports d’outil, suivant l’importance des machines;
on monte souvent aussi un porte-outil sur l’un des montants. Chaque support d’outil
représente un chariot portant un plateau pivotant, qui permet l’orientation de l’outil
sous diverses inclinaisons, et un deuxième chariot muni d’un axe d’articulation pour
l’attache du porte-outil proprement dit et pour son soulèvement pendant le retour.
L’avance automatique peut être donnée au support directement par vis, ou au deuxième
chariot par un arbre à rainure et par des roues d’angle qui commandent sa vis propre.
Tous ces mouvements sont ordinairement actionnés par le levier de changement de
marche par l’intermédiaire d’autres leviers, de bielles ou cl’une crémaillère (Schultz),
de cliquets et de rochets, les cliquets et les dents des rochets étant symétriques, de ma¬
nière à produire l’avance dans l’un ou l’autre sens; on règle les longueurs des bras de
leviers pour prendre un plus ou moins grand nombre des dents du rochet, suivant la
valeur d’avance qu’on veut obtenir.
M. Sellers rend l’avance indépendante, jusqu’à un certain point, de l’action du levier
de changement de marche et des divisions de rochet, en prenant la commande de l’avance
sur un arbre auxiliaire à mouvement lent, constamment actionné par la poulie de travail,
et en ne demandant au levier que le déplacement d’un taquet, qui vient se présenter
en face de Tune ou l’autre de deux butées disposées sur cet arbre sur des génératrices
opposées et dans des plans normaux à Taxe différents; en quittant une butée pour
passer à l’autre, le taquet permet à une roue de s’embrayer avec l’arbre auxiliaire et
d’exécuter un demi-tour, lequel est transmis à Taxe d’un plateau auquel est adaptée ex¬
centriquement, et à une distance réglable de Taxe, la tringle de manœuvre d’un secteur
denté engrenant avec une roue fixée au rochet; celui-ci actionne le cliquet, qui, à son
tour, entraîne l’arbre de la traverse sur lequel il est monté. A l’autre extrémité de la
course, le plateau exécute un nouveau demi-tour dans le même sens, qui ramène le ro¬
chet au point de départ, sans entraîner T arbre du cliquet. Dans le petit modèle de ma¬
chine, le rochet est formé à la surface intérieure de la roue actionnée par le secteur
et constitué de dents très fines, ou stries, dans lesquelles engrène une des branches du
cliquet; celui-ci est adapté à une douille intérieure à la roue et fixée sur Taxe de l’arbre
ou de la vis de la traverse. Dans le grand modèle, le rochet est constitué cl’une façon
très différente, tout en étant encore formé à l’intérieur de la roue qui engrène avec le
secteur: ii représente un manchon évidé par deux profondes entailles triangulaires; la
MACHINES-OUTILS.
83
douille qui porte le cliquet possède deux bras, qui s’engagent dans ces entailles, et à
l’extrémité de l’un deux est le cliquet, simple dent pouvant être portée contre l’un ou
l’autre bord de l’entaille, suivant le sens dans lequel on veut marcher; la douille du
cliquet est folle sur l’arbre, mais se termine par un cône de friction susceptible de
s’emboîter sur un cône fixé à l’arbre; quand le rochet tourne de façon à pousser contre
le cliquet, celui-ci glisse sur le plan incliné de l’entaille et repousse la douille, qui
s’embraye avec le cône de friction fixé à l’arbre et entraîne ce dernier; le rochet tour¬
nant en sens inverse n’exerce pas de pression sur le cliquet, et les cônes restent éloi¬
gnés; ce dispositif offre l’avantage que l’avance ne dépend pas d’un nombre entier de
dents de rochet, et qu’elle peut prendre des valeurs quelconques , déterminées seule¬
ment par l’excentricité du bouton de manivelle actionnant la tringle de manœuvre du
secteur.
Dans les mêmes machines, le sens de l’avance est donné en faisant porter sur le ro¬
chet l’une ou l’autre des deux branches symétriques du cliquet; mais la suppression de
l’avance se fait au moyen cle la poignée du levier de changement de marche, dont
la manœuvre est bien mieux à la portée de l’ouvrier que celle du cliquet, surtout dans
le modèle muni d’une poignée de chaque côté du bâti. A cet effet, en tournant la poi¬
gnée sur son axe, on écarte la pièce portant le taquet des butées de l’arbre auxiliaire,
laquelle était reliée à l’axe du levier par cône de friction; on soustrait ainsi cette pièce
et le taquet à l’action du levier.
La montée et la descente de la traverse porte-outil se font ordinairement à la main,
au moyen d’un arbre disposé à la partie supérieure des montants et commandant à la
fois les deux vis qui supportent la traverse. M. Sellers, dans son plus fort modèle,
donne le moyen de les produire automatiquement, par l’adjonction sur l’arbre supérieur
d’une poulie qui reçoit directement le mouvement du renvoi et qui s’embraye avec
l’arbre par friction ; l’embrayage n’a lieu qu’à la condition que l’ouvrier le maintienne ,
il cesse dès que l’ouvrier abandonne le levier qui sert à sa manœuvre.
Bien que le porte-outil soit articulé à charnière de façon qu’il puisse se soulever au
retour, l’outil ne frotte pas moins contre la pièce et subit une succession de petits chocs
qui contribuent à son usure. La Société alsacienne met l’outil franchement hors du
contact de la pièce, au moyen d’un excentrique agissant sur le porte-outil et actionné
par le rochet d’avance par l’intermédiaire de leviers et d’une tringle munie de deux
butées. M. Sellers produit le même effet, à l’aide d’une corde partant d’une poulie com¬
mandée par l’arbre auxiliaire pour l’avance et venant actionner par un excentrique un
butoir placé sous le porte-outil.
ÉTAUX-LIMEURS.
Les étaux-limeurs que nous avons eu à examiner, si l’on excepte le système à vis de
M. Richards, sont assez uniformes comme principe de construction, et nous n’aurons
6.
84
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
ra-
guère à signaler que des différences de détails. La plupart sont pourvus de retour
pide.
L’outil est adapté à l’extrémité d’un coulisseau horizontal guidé à queue d’aronde
et attaché à une bielle qui s’articule d’autre part sur un plateau ou sur un balancier
tournant autour d’un axe fixe ; le mouvement de rotation est communiqué à l’aide d’un
bouton de manivelle, qui est adapté à l’arbre principal à mouvement uniforme et qui se
déplace dans une rainure dirigée suivant un rayon du plateau ou du balancier. Appe¬
lons e et e' les distances de Taxe de l’un et l’autre de ces derniers à Taxe de l’arbre
principal, et r la longueur du rayon de manivelle; pour un tour de l’arbre principal,
le plateau fait aussi un tour complet, mais avec une vitesse variable et en deux périodes
de temps telles, qu’une des demi-révolutions du plateau se fasse pendant que Tarbre
principal parcourt un angle 2(p, pour lequel on a cos(p=^; le balancier exécute , au
contraire, deux oscillations avec des vitesses moyennes différentes, Tune d’elles corres¬
pondant à un angle de parcours de Tarbre principal tel, que cos(p' = ^. Ces expres¬
sions de (p et (p> donnent la valeur du retour rapide dans chaque cas, c’est-à-dire la
valeur du rapport — — — ou — — — On dispose Taxe d’articulation de la bielle de ma-
11 2 7T — 2<£> 27T — 2<£ 1
nière que chacune des périodes précédentes s’exécute symétriquement par rapport à un
plan vertical passant par Taxe de rotation du plateau ou du balancier, et que la bielle
soit horizontale dans sa position moyenne; l’amplitude de la course s’obtient par la va¬
riation de longueur du rayon du cercle décrit par Taxe d’articulation, qui peut, à cet
effet, être déplacé dans une rainure dirigée suivant ce rayon. Dans le cas du plateau, les
positions extrêmes de la bielle de part et d’autre de l’horizontale sont deux tangentes
au cercle complet décrit par Taxe d’articulation; dans le cas du balancier, elles corres¬
pondent à une tangente à ce cercle et à une corde peu éloignée; comme il n’est pas
possible, à cause de l’obliquité de la poussée, de donner un grand angle de déplace¬
ment à la bielle, on voit que, de ce chef, le balancier a un certain avantage sur le pla¬
teau; toutefois il est indispensable que Taxe' d’oscillation du balancier soit très robuste,
et d’autant plus que le balancier est plus court, à cause des réactions considérables qui
se développent sur lui pendant le retour rapide. On remarquera d’ailleurs que la valeur
de la course est limitée par la nécessité de ne pas exagérer le porte-à-faux de l’outil;
le maximum est variable suivant la puissance de la machine, mais il atteint au plus
o m. 65o (Bouhey).
Quant à la position de Taxe d’oscillation du balancier par rapport à Tarbre principal,
MM. Bouhev le placent au-dessus, dans un limeur à tête mobile; MM. Eétu-Defize le
mettent au-dessous , dans un limeur à chariot porte-pièce mobile.
Le support de l’outil comprend généralement les mêmes éléments que ceux qui
se montent sur le chariot de la traverse des machines à raboter, c’est-à- dire un pla¬
teau pivotant, un chariot et un porte-outil oscillant; le plateau pivotant est souvent
muni d’un secteur denté actionné par une vis sans fin, quelquefois automatiquement
MACHINES-OUTILS.
85
(Bouhey); le chariot est, dans beaucoup de machines, pourvu d’un mécanisme de des¬
cente automatique, consistant en un rochet monté sur la vis. avec cliquet actionné par
une tringle munie de deux butées; la rencontre des butées avec un support fixé au
bâti détermine le mouvement du cliquet. Le même rochet, transporté sur la vis sans
fin du plateau pivotant, produit sa rotation automatique.
La commande comprend un cône à étages, un harnais à simple et parfois à double
engrenage (Chaligny), et ordinairement un volant dans les machines à chariot porte-
pièce mobile.
Dans les machines à tête mobile, l’arbre principal se prolonge le long du banc; un
pignon, entraîné sur lui avec la tête, conduit une grande roue sur laquelle se fixe le
bouton de manivelle.
Dans les machines à chariot porte-pièce mobile, ce chariot est disposé sur un sup¬
port réglable en hauteur le long de rainures à boulons et s’appuyant sur une vis. La
table du chariot est le plus souvent horizontale ; sa vis est commandée par un rochet
avec cliquet, tringle et levier actionné par un bouton d’excentrique ou mieux par une
came, qui est placée sur l’arbre a manivelle ou sur un autre arbre relié à ce dernier de
manière à tourner à la même vitesse. D’autre fois, la table du chariot est verticale et
reçoit, attaché par des rainures à boulons, un nouveau support de forme appropriée
au genre de travail à exécuter, équerre, étau, etc.; M. Chaligny adapte en outre, nor¬
malement à la table, un axe, au moyen duquel il peut raboter cylindriquement des
pièces montées sur lui; cet axe reçoit une avance automatique de rotation d’une vis
sans fin, sur laquelle se place le rochet de l’avance rectiligne.
L’usage de la came, pour donner l’avance, est devenu à peu près général; il produit,
en effet, la manœuvre du rochet, et par suite l’avance, â fin de course, alors que l’ou¬
til est en dehors de la pièce. L’excentrique, au contraire, agit pendant toute la course
de l’outil et peut occasionner des irrégularités sur l’épaisseur du copeau, par suite des
jeux et des tassements qui se produisent tout le long de la série des organes interposés
entre l’excentrique et l’outil .
Dans les machines à tête mobile, celle-ci coulisse directement sur la face supé¬
rieure du banc et est commandée comme le chariot précédent. La face latérale du banc
reçoit un ou deux supports, qui se fixent par des rainures à boulons et peuvent quel¬
quefois, dans les gros étaux-limeurs, se déplacer le long d’une crémaillère au moyen
d’un cliquet à levier; le support porte une équerre réglable dans le sens vert:cal le long
de rainures à boulons au moyen d’une vis munie de rainures sur sa face supérieure et
sur ses faces latérales pour la facilité de l’attache des pièces. Le banc porte souvent, en
outre, un axe horizontal pour l’attache des pièces à raboter cylindriquement; cet axe
reçoit une avance automatique de rotation par un système à rochet commandé par la
came de l’avance de la tête ou par une came spéciale.
Certains constructeurs (Steinlen, Dandoy-Mailliard et Lucq) mettent deux têtes sur
le même banc; mais ils leur donnent des commandes distinctes disposées â chaque
86
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
bout du banc. Cette disposition donne la facilité de raboter des pièces longues simul¬
tanément avec deux outils.
MA CHENES MIXTES.
Machine à raboter de M. Steinlen, avec commande de la table par bielle. — Cette ma¬
chine ne diffère des machines à raboter proprement dites que par la commande de la
table, qui est celle des têtes d’étaux-limeurs par balancier et bielle. La bielle, de
grande longueur, est attachée à la face inférieure de la table ; Taxe fixe d’oscillation du
balancier est à la partie inférieure du banc, et le bouton de manivelle se fixe entre cet
axe et le point d’articulation de la bielle. L’avance et la descente automatique de l’outil
sont commandées par une came montée sur l’arbre de la manivelle. La disposition de
la machine, dont la course maximum est de o m. 600, a sur celle des étaux-limeurs
l’avantage d’éviter le porte-à-faux de l’outil à la fin de la course du coulisseau, de
même que celui de la pièce sur son support.
Machine à raboter latérale, système Richards. — Cette machine, exposée par M. Jans-
sens, a la disposition générale d’un étau-limeur àhanc; seulement la tête représente la
MACHINES-OUTILS.
87
traverse d’une machine à raboter, le long de laquelle l’outil a un mouvement d’avance,
et qui, elle-même, a sur le banc un mouvement de va-et-vient aux mêmes vitesses de.
travail et de retour rapide que celles de la table d’une machine à raboter; ces vitesses,,
données par une vis, sont uniformes. La commande, appliquée à l’extrémité de la vis,
se compose d’une large poulie fixe entre deux poulies folles ; sur ces poulies se placent
deux courroies, l’une droite, l’autre croisée, correspondant à deux poulies de dia¬
mètres différents sur le renvoi. Les fourches de débrayage sont adaptées au bout d’une
longue tringle munie de deux butées, sur lesquelles agit la tête mobile pour opérer le
changement de marche. Un secteur circulaire, garni à son pourtour d’une bande de
cuir, est relié par son axe à la tête mobile , mais il ne peut tourner que d’une quantité
limitée par deux arrêts; il appuie sur une règle latérale et fait, en vertu du frottement,
sa fraction de révolution au commencement de la course dans chaque sens, glissant
sans tourner pendant le reste de la course; il actionne un cliquet et un rochet relié a
la vis du support de l’outil, pour produire le mouvement d’avance.
Cette machine est avantageuse dans certains cas, pour lesquels elle facilite le mon¬
tage des pièces. Le porte-à-faux de l’outil ne paraît pas avoir d’influence nuisible;
comme il est le même pour une passe complète de l’outil, on conçoit que la flexion de
la tête, si elle a lieu, ne puisse entraîner que des variations légères et régulières sur
le niveau de la partie rabotée et dans le sens normal à la direction du banc.
Etau-limeur à vis , système Richards. — Dans cet étau-limeur, le mouvement du cou¬
lisseau a lieu au moyen d’une vis parallèle à sa direction et commandée comme la vis
de la machine à raboter précédente. La vis porte une roue dentée qui actionne, pour
l’avance, un axe de manivelle, une bielle et un rochet; celui-ci peut être relié par fric¬
tion à la vis d’un chariot porte-pièce ou par une roue amovible à un axe sur lequel se
montent des pièces à raboter cylindriquement.
MACHINES SPÉCIALES.
Machine de MM. Bouhey àchanfreiner les tôles. — MM. Bouhey se sont proposé de faire
sur le bord de la tôle un chanfrein régulier et partout égal, sans dresser préalablement la
tôle ni la fixer sur toute sa longueur; ils assujettissent simplement les extrémités en les
butant normalement à la direction du chanfrein, et supportent la tôle dans l’intervalle par
une table de forme quelconque. Le support de l’outil se meut sur un banc de 1 o mètres
de longueur, sous l’action d’une vis munie à une extrémité de deux poulies fixes et
de deux poulies folles conduites par deux courroies, l’une droite, l’autre croisée, qui
passent, au renvoi, sur des poulies inégales correspondant aux vitesses de travail et de
retour rapide; sur une barre de débrayage qui suit toute la longueur du banc se
fixent, comme des butées, deux manchons taillés chacun sur leur pourtour d’une rai¬
nure en forme de came; un galet adapté au support de l’outil s’engage à bout de
88
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
course dans la rainure d’un des manchons et, en faisant tourner la barre, entraîne le
déplacement des courroies et produit le changement de marche. Le support de l’outil
porte un chariot vertical équilibré, et même soulevé, par un contrepoids qui agit sur
l’extrémité de sa vis; ce chariot est muni de deux mâchoires qui viennent saisir les
bords de la tôle, la mâchoire supérieure étant elle-même appuyée par un ressort, et
d’un chariot horizontal servant au réglage de l’outil. L’outil étant mis en place sur le
dernier chariot, la tôle est prise entre lui et la mâchoire inférieure; pendant le rabo¬
tage, la tôle, selon sa résistance , quelque ondulée qu’elle soit, cède ou déplace le cha¬
riot vertical sans que la position du chanfrein par rapport à la face inférieure puisse
varier, la mâchoire supérieure cédant elle-même sous les inégalités d’épaisseur.
On peut immobiliser la vis du chariot supérieur, en fixant le levier du contrepoids :
on a alors une machine à raboter latéralement ; un système de cliquets manœuvrés par
la barre de débrayage permet d’actionner automatiquement l’un ou l’autre des cha¬
riots du porte-outil.
Machines à tailler les roues d'angle. — Ce genre de machine s’est beaucoup répandu
dans ces dernières années, avec juste raison, puisqu’il est le seul qui procure la taille
des roues d’angle suivant une forme correcte. Il est représenté par deux machines des
ateliers d’Oerlikon pouvant tailler des roues dont le diamètre maximum est pour l’une
de o m. 36 o , pour l’autre de 3 mètres, par une machine de M. Steinlen pour roues
maxima de o m. 55o et par un modèle réduit de M. Van der Stegen. Le principe de
ces machines réside dans l’emploi d’un outil à raboter formant successivement chacune
des génératrices du cône des dents; des déplacements convenables sont donnés soit â
la roue , soit à l’outil , avec appui sur un gabarit qui n’est autre chose qu’une section
faite sur le cône d’une dent; un système diviseur permet de passer d’une dent à la sui¬
vante.
Dans le petit modèle des ateliers d’Oerlikon , l’outil est adapté à un coulisseau hori¬
zontal d’étau-limeur et porté par deux chariots, l’un vertical, l’autre horizontal, ser¬
vant à régler sa position, de manière à mettre l’arête coupante dans le plan vertical de
l’axe de la roue à tailler et à hauteur de son sommet. Les déplacements nécessaires
sont donnés à la roue, savoir, une rotation autour de son axe et une seconde rotation
autour d’un axe passant par son sommet et perpendiculaire au plan vertical de Taxe
précédent; on dispose à cet effet d’un cadre rectangulaire, mobile autour d’un de ses
côtés horizontal et normal à la direction du coulisseau; la roue est montée sur un axe
normal au milieu de ce côté, de manière que son sommet se trouve en ce point, qui
est à la rencontre des deux axes de rotation. Le gabarit est placé à cheval sur le pro¬
longement de Taxe de la roue; il participe aux mouvements de la roue et s’appuie
contre l’arête presque vive de Tune ou de l’autre des deux touches fixes correspondant
chacune à un flanc de la dent. Le cadre est muni de deux secteurs dentés concen¬
triques à son axe fixe, engrenant avec des pignons montés sur un axe qu’un contre-
MACHINES-OUTILS.
89
poids tend à faire tourner constamment dans un certain sens, de façon à produire
précisément l’appui du gabarit contre la touche ; l’axe des pignons porte en outre un
rochet, qui reçoit la commande d’une came adaptée à l’arbre de la manivelle motrice
du coulisseau; la rotation ainsi donnée au cadre entraîne celle de la roue sur son axe,
Machine petit modèle à raboter les roues d’angle des ateliers d’Oerlikon.
par suite du déplacement du gabarit sur la touche. Une dent de loup, constamment en¬
gagée dans le rochet, l’empêche d’obéir à l’action du contrepoids, quand le cliquet est
soulevé.
Le système diviseur, porté par le cadre , est constitué par un équipage de roues , avec
tête de cheval, actionnant l’axe de la roue à tailler; le mouvement se fait à l’aide d’une
manivelle, dont la branche s’arrête dans l’une des quatre entailles dun plateau; la
division se fait ainsi par un nombre exact de quarts de tour de la manivelle.
La machine n’a pas de débrayage automatique; mais le rochet a un diamètre assez
grand pour n’avoir pas à faire plus d’un tour pendant le rabotage d’une dent; sa cir¬
conférence présente une portion lisse; on règle l’orientation du rochet sur son axe de
façon que, quand l’outil est arrivé au pied de la dent, le cliquet tombe sur la portion
lisse et, par suite, soit sans action sur le rochet. Gomme la dent de loup passe à un mo-
90
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
ment sur cette même portion lisse, on Ta faite à double griffe, pour que son action ne
soit pas interrompue.
Gomme particularité de la machine, la vitesse de retour du coulisseau est égale à
celle du travail; cela tient à ce que la conduite par le bouton de manivelle a lieu sans
intermédiaire de plateau excentré et de bielle, le bouton étant engagé dans une rai¬
nure verticale creusée dans le coulisseau.
La machine de M. Steinlen comporte également, pour le mouvement de l’outil, un
dispositif d’étau-limeur à coulisseau horizontal et, pour la roue à tailler, deux mouve¬
ments de rotation , dont l’un , autour de son axe, est produit par gabarit, et l’autre, autour
d’un axe horizontal passant par son sommet et normal au précédent ainsi qu’à la direc¬
tion du coulisseau, est pris sur l’arbre principal au moyen d’une came, puis ramené par
un mécanisme de cliquet, rochet, engrenages à vis à un arc denté concentrique à Taxe.
Le système des chariots porte-outils est rapporté sur la face latérale du coulisseau. Le
support de la roue est un fort secteur concentrique au deuxième axe et s’appuyant sur
le côté du bâti dans une coulisse circulaire fixe; sur le secteur est un chariot de
réglage, et sur celui-ci se trouvent la douille qui reçoit le mandrin porte-roue et le
système diviseur; à la douille est adapté le gabarit à l’extrémité d’un arc denté en-
MACHINES-OUTILS.
91
grenant avec un pignon a manivelle, par lequel on peut régler la position initiale. Le
gabarit est appuyé par un poids tendeur sur une touche fixée à un bras rapporté sur
le bâti. Le système diviseur comprend une grande roue montée sur le mandrin, une
vis sans fin munie d’un disque gradué et une poignée de manivelle qui peut être
reliée à la vis ou rendue folle au moyen d’un mécanisme de serrage; la manivelle porte
un verrou qui, en se logeant dans une échancrure du disque, constitue le point de
départ des tours de la vis ; un vernier peut être fixé à une division quelconque du disque
et porte une butée mobile qui sert d’arrêt pour les fractions de tours; il convient seule¬
ment de commencer toujours la manœuvre du diviseur en faisant partir la manivelle
de l’échancrure du disque , et , pour cela , de le desserrer pour parcourir à blanc l’inter¬
valle compris entre la butée et l’échancrure. Un tableau donne les tours et fractions
de tour à faire pour tout nombre de dents de la roue ; ce système de diviseur est com¬
mode , mais exige une certaine attention de la part de l’ouvrier.
Dans la machine de M. Van der Stegen, dont nous ne pouvons exposer que le prin¬
cipe, la roue à tailler est disposée sur un axe vertical, autour duquel elle reçoit un
mouvement de rotation automatique. L’outil est adapté à un coulisseau d’étau-limeur
se mouvant dans un bâti qui tourne dans un plan vertical autour du sommet de la
roue ; la rotation est donnée au bâti au moyen de deux paires de tourillons susceptibles
de se déplacer dans des rainures sous l’action de vis verticales dont ils portent les
écrous , et qui tournent à des vitesses différentes proportionnelles à leur éloignement du
sommet de la roue. Les mouvements sont obtenus par l’emploi d’un très grand nombre
d’engrenages, qui sont certainement une cause réelle de complication de l’ensemble
de la machine.
La disposition du grand modèle des ateliers d’Oerlikon diffère notablement des
précédentes. Les deux flancs d’une même dent sont rabotés simultanément chacun par
un outil; la roue, dont Taxe est horizontal, reste fixe pendant la taille d’une dent; les
outils, outre le mouvement de va-et-vient, reçoivent deux mouvements d’avance résul¬
tant de deux rotations autour d’axes passant par le sommet de la roue, l’un vertical,
l’autre horizontal, l’ensemble des mouvements étant guidé par un gabarit.
Les outils sont montés chacun sur un chariot mobile le long d’une longue barre
qui repose à une de ses extrémités sur le gabarit, et dont l’autre extrémité est articulée
à un axe horizontal; celui-ci peut lui-même tourner autour d’un axe vertical fixe. La
roue est montée sur le nez de l’arbre d’une forte poupée, qu’on peut faire coulisser sur
une semelle par un mouvement de manivelle actionnant une crémaillère, de manière
à amener le sommet du cône de la roue exactement au point de rencontre des deux
axes précédents; un système diviseur, analogue à celui du petit modèle, permet de faire
tourner la roue pour passer d’une dent à la suivante.
L’axe vertical fixe fait partie d’un support robuste disposé à un bout de la semelle ;
il sert de pivot au système qui porte Taxe horizontal de rotation des barres et la trans¬
mission du mouvement de va-et-vient aux chariots porte-outils, système dont l’orienta-
92
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
tion est variable avec l’angle du cône de la roue. Le mouvement, venant d’une poupée
latérale fixe, est communiqué, par l’intermédiaire de l’axe vertical, à un arbre horizontal
de manivelle qui actionne un balancier à axe d’oscillation fixe; à ce balancier est atta¬
chée une pièce, dont un autre point parcourt une coulisse tracée de façon que la pièce
se déplace parallèlement à elle-même; sur une verticale de cette pièce sont attachées
deux longues bielles aboutissant aux chariots porte-outils; le dispositif produit donc un
retour rapide et assure à la fois la concordance, rigoureuse à tout instant, des positions
des deux outils dans un même plan vertical.
Le support des gabarits peut se déplacer sur une voie circulaire tracée autour de
l’axe vertical fixe, afin de suivre l’orientation du mouvement des outils d’après l’angle
du cône de la roue. Il possède deux chariots, dont la direction est normale à la position
moyenne des barres porte-outils sur les gabarits, et qui sont reliés aux barres chacun
par une bielle; le déplacement des chariots est produit au moyen d’un rochet actionné
par une tringle à deux butées, que rencontre un taquet fixé à la bielle d’entraînement
du chariot porte-outil supérieur. Le débrayage du rochet se fait automatiquement, à la
fin du rabotage d’une dent, par le soulèvement du cliquet au moyen d’un poids adapté
à un levier d’enclanchement , qu’une butée fixée à un des chariots vient dégager.
La machine rabote aussi bien les dents des roues en bois que celles des roues mé¬
talliques; on remplace seulement les outils par d’autres ayant une coupe spéciale. Les
dents des roues en fonte ou en acier coulé sont ordinairement déjà formées par la
coulée même; le rabotage a alors pour objet de régulariser la forme des dents et leur
position. Si l’on doit tailler les dents sur un disque massif, on commence par dégager
les intervalles par un rabotage sans gabarit ; on peut aussi avantageusement faire ce
premier travail sur une machine à fraiser pourvue d’un appareil diviseur.
Nous ajouterons de suite, pour ne plus revenir à la machine grand modèle des ate¬
liers d’Oerlikon, que cette machine peut servir à tailler à la fraise les roues cylin¬
driques à dents droites ou inclinées. A cet effet, une voie normale à la direction de
l’axe de la roue permet d’approcher un appareil à fraiser. La tête du porte-fraise est
disposée sur un chariot dont la table se trouve parallèle au plan vertical de l’axe de
la roue et normale à l’arbre de la fraise ; le chariot est monté lui-même sur un plateau
pivotant à axe horizontal, qui sert à donner l’inclinaison voulue à la fraise. La com¬
mande est donnée à la fraise par le renvoi, et celle du chariot est prise sur l’arbre de
la fraise; un embrayage à friction, placé sur la vis du chariot, permet d’établir la com¬
mande automatique du chariot ou de le manœuvrer à la main.
OUTILS DE RABOTAGE.
Comme pour les tours, on remplace souvent, par mesure d’économie, l’ancien
outil par un porte-outil et un bout de barre profilée ou ronde (Smith et Coventry), qui
se fixe sur le porte-outil suivant une direction convenable. M. Demoor construit des
MACHINES-OUTILS.
93
porte-outils qui possèdent la faculté de relèvement de l’outil au retour : ce sont des tiges
de section rectangulaire, terminées par un pivot horizontal disposé parallèlement à la
direction du mouvement et se serrant par un écrou; le pivot possède lui-même un axe
d’oscillation normal à sa direction, et sur cet axe est montée, encastrée dans le pivot,
une pièce dans laquelle l’outil se fixe par une vis; la pièce prend appui, pendant le
travail, sur la partie inférieure de l’encastrement du pivot, et, au retour, elle se soulève
en tournant autour de son axe; ce dispositif donne la facilité d’orienter l’outil de toutes
façons, et, grâce au faible poids de la pièce oscillante, le frottement au retour est
insignifiant par rapport à celui que donnent les supports ordinaires.
Porle-outil pour faire des rainures de M. Huré.
Al. Huré présente un porte-outil disposé pour faire les rainures des poulies, vo¬
lants, etc., et qui peut s’adapter à une machine à raboter ou à un étau-limeur. C’est
une barre percée normalement à la longueur de deux mortaises à 90 degrés l’une de
l’autre; dans l’une, de section carrée, se place l’outil ayant même section, mais arrondi
94
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
sur les angles dans sa partie médiane et denté sur ces angles de manière a former la
vis d’un écrou logé dans l’autre mortaise; l’écrou est taillé sur une de ses tranches en
roue d’angle très aplatie; celle-ci engrène avec un petit pignon, dont l’axe traverse une
extrémité de la barre parallèlement à sa longueur et se termine au dehors par un bou¬
ton moleté. En agissant sur le bouton, on fait tourner l’écrou et avancer l’outil : on
donne ainsi le fer à chaque passe.
MACHINE À RAYER AUTOMATIQUEMENT LES CANONS DE FUSILS.
Nous trouvons, dans l’exposition du Gouvernement mexicain, une machine construite
dans les ateliers du Secrétariat de la guerre et destinée au rayage des canons de fusils.
La particularité de cette machine , d’un genre très spécial , réside moins dans ses méca¬
nismes que dans son outil et le mode d’action de ce dernier.
La machine porte un nombre d’outils égal à celui des rayures du canon, c’est-à-
dire quatre , logés dans des mortaises creusées sur la paroi d’un tube et allongées sui¬
vant une direction oblique par rapport à Taxe, se confondant avec la direction des
rayures. Chaque outil est un petit prisme sur lequel font saillie deux lames de couteau
obliques par rapport à sa longueur, cette
obliquité s’ajoutant à celle de sa direc¬
tion par rapport à l’axe; chaque lame
a, en section normale, la forme d’un
angle aigu dont les faces ont une incli¬
naison variable aux différents points de
la longueur ; mais à l’extrémité qui entre
la première dans la matière, la droite, section de la face située du côté vers lequel a
lieu le déplacement, est à peu près normale à Taxe du porte-outil, quel que soit d’ail¬
leurs le sens du déplacement. Cette forme donnée aux lames permet à l’outil de tra¬
vailler à la fois en allant et en revenant. L’arête des lames a un profil correspondant
à celui du fond de la rayure. Le tube porte-outils est traversé suivant son axe par
une tige taillée en plan incliné sur l’emplacement de chaque outil; la face d’appui de
celui-ci ayant la même inclinaison, il suffit de pousser la tige dans le tube pour donner
de la saillie aux outils. Le tube est monté à l’extrémité d’une tringle animée d’un
mouvement de va-et-vient d’amplitude telle , que les outils dépassent chacune des extré¬
mités du canon. Pour éliminer les causes tenant aux différences de forme ou de saillie
des outils , et qui pourraient occasionner des inégalités de dimensions pour les diverses
rayures, on fait exécuter un quart de tour au canon après chaque passe d’une allée
et venue. Enfin la lubrification et le nettoyage des outils se font par un jet d’huile en¬
voyé sur eux à leur sortie de chaque bout du canon.
Toutes ces opérations s’effectuent automatiquement, outre le mouvement hélicoïdal
de la tringle à l’intérieur du canon; les mouvements ont pourpoint de départ l’arbre
Coupe, cvô.
MACHINES-OUTILS.
95
de commande. Une bielle, adaptée au bouton d’un balancier monté sur l’arbre, con¬
duit un chariot entre des glissières parallèles à Taxe du canon: le chariot entraîne une
crémaillère normale à la direction du mouvement et susceptible de se déplacer sui¬
vant sa longueur, sous l’action d’un coulisseau auquel elle est reliée par pivot et qui
suit une règle inclinée; la différence des ordonnées, résultant de l’inclinaison de la
règle par rapport à l’axe du canon , se transforme en un mouvement de rotation par l’in¬
termédiaire d’un pignon conduit par la crémaillère, et dont Taxe coïncide avec celui de
la tringle porte-outils; la tringle y participant en outre au mouvement du chariot, prend
ainsi un mouvement de va-et-vient hélicoïdal. L’arbre de commande porte une came
qui actionne une barre parallèle à Taxe du canon , en produisant son déplacement au
moment où les outils sortent a l’un ou l’autre bout de ce dernier; à chaque bout, la barre
met en jeu, au moyen d’une butée, un levier qui fait fonctionner une pompe à huile;
a un des bouts seulement, elle agit de la même façon sur un système de crémaillères et
de secteurs dentés, qui dégage un verrou en libérant le canon, fait faire à celui-ci un
quart de tour et remet le verrou en prise; elle pousse également un cliquet menant un
rochet-écrou , dont la vis, rencontrant la tige à plans inclinés du tube porte-outils,
produit la saillie des outils. La limite de la profondeur des rayures est donnée par la
rencontre d’une butée adaptée à la vis du rochet contre un point fixe du bâti; bien que
la machine continue de marcher, le rochet cesse de tourner, le cliquet étant sans effet
sur lui, grâce à l’interposition d’un ressort entre la tige et le levier qui la commande.
Nous ajouterons que, dans cette machine, l’effort de torsion opposé au tube porte-
outils est relativement grand par rapport à la résistance dont il est capable, surtout à
cause de la présence des mortaises qui découpent sa paroi; aussi ne peut-on donner
aux outils qu’une avance très faible dans le sens de la profondeur des rayures; l’épais¬
seur des copeaux est inférieure a un demi-centième de millimètre. Ce travail est cepen¬
dant un des plus délicats qui se présentent dans la fabrication des armes; il prouve
bien qu’on peut faire des outils avec un degré de précision pour ainsi dire illimité.
96
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
CHAPITRE VI.
MACHINES À MORTAISER.
Revue des machines exposées : machine de M. Fétu-Defize à faire les rainures de daveltes dans les poulies,
volants, etc.; machine à queue d’aigle de M. Demoor à faire les pans des tètes de boulons et des écrous.
— Outils de mortaisage.
REVUE DES MACHINES EXPOSÉES.
L’uniformité de type, que noiis avons signalée dans les étaux-limeurs, se retrouve à
un degré plus élevé encore dans les machines à mortaiser; c’est à peine si, à part les
dimensions, les divers modèles présentent quelques caractères qui permettent de les
distinguer.
La machine à mortaiser représente un étau-limeur dont le coulisseau, ou flèche
porte-outil, est disposé verticalement; le mouvement de l’outil est produit de la même
façon, par bielle articulée sur un plateau à une distance de l’axe qui constitue la moitié
de l’étendue de la course; le retour rapide est également donné de la même manière,
soit par un plateau à rainure disposé le plus souvent sur -le côté du bâti opposé à l’outil
et actionné par un bouton de manivelle, soit par un balancier (Bouhey, Fétu-Defize)
disposé près de la flèche , l’axe du plateau ou du balancier étant sensiblement dans le
plan horizontal de l’axe de l’arbre à manivelle. Mais nous ne comprenons pas pourquoi,
tandis que la plupart des étaux-limeurs ont un retour rapide, une partie seulement des
machines a mortaiser en est pourvue; il est bien évident que, quelle que soit l’am¬
plitude de la course de l’outil , le retour rapide peut toujours diminuer dans la même
proportion la durée d’une oscillation complète; si l’on craint la production de chocs,
par suite du lancé dans le sens vertical et de la chute par réaction du poids de la
flèche , il suffit d’équilibrer ce poids pour se trouver dans les mêmes conditions qu’avec
les étaux-limeurs, comme le fait M. Steinlen; il est probable qu’on pourrait ainsi
accroître le rapport de la vitesse de remonte à celle de descente, qui est ordinairement
comme k est à 3.
La commande de l’arbre principal, ou de l’arbre à manivelle, se fait généralement
par un cône à étages, quelquefois sans intermédiaire pour les petites machines (Stein¬
len), ordinairement avec interposition d’un ou plusieurs engrenages réduisant la vi¬
tesse, ou d’un harnais de tour à double engrenage (Bariquand, Société alsacienne)
qui permet, à l’occasion, de marcher a la volée. Nous avons remarqué peu de machines
à mortaiser munies de volant; cet organe trouve pourtant naturellement sa place dans
MACHINES-OUTILS.
97
des machines à résistance essentiellement variable, à la remonte comme à la descente
de l’outil.
Dans le plus grand nombre des machines, le système de chariots, qui reçoit la pièce,
repose directement sur un support venu de fonte avec le bâti; on obtient ainsi une
grande solidité pour l’appui de la pièce ; mais on est obligé , pour mettre l’outil à une
hauteur moyenne convenable , de caler la pièce ou de faire varier le point d’attache de
la bielle à la flèche, ce qui, dans un cas, compromet la stabilité de la pièce et, dans
l’autre cas, met la flèche en porte-â-faux à une extrémité de sa course. La Société alsa¬
cienne interpose dans une de ses machines, entre la flèche et le bâti, un chariot
réglable en hauteur qui, ayant une base plus large que la flèche, contribue a soutenir
cette dernière. M. Bariquand et M. Duval disposent le support de la pièce sur une cou¬
lisse en queue d’aronde formée le long du bâti, et le soutiennent par une vis; ce moyen
nous paraît préférable, à condition que la vis soit suffisamment éloignée du bâti et
qu’on prenne la précaution de bloquer le support, une fois le réglage fait.
Plusieurs machines (Duval, Lomont, Société alsacienne, Société d’Albert) possèdent
un support de flèche à plateau pivotant gradué, par lequel on peut incliner l’outil. Par
raison de symétrie des positions extrêmes de la bielle par rapport à la flèche, et pour
éviter son action en porte-à-faux, on a mis Taxe du plateau sur le prolongement de
celui de l’arbre principal; il en résulte que, cet arbre étant à peu près à hauteur du
milieu du support de la flèche, l’outil s’écarte rapidement de la verticale du milieu du
bâti et, pour une inclinaison même très faible, tombe en dehors des chariots.
Une machine de la Société alsacienne possède un dispositif qui écarte automa¬
tiquement l’outil de la pièce à la remonte; il consiste en une plaque en forme de
coin à faible angle, disposée à l’arrière du porte-outil oscillant et manœuvrée par une
tringle à butées adaptée à la flèche , de façon à s’effacer à la remonte pour permettre
à l’outil de reculer, et à faire saillie sous le porte-outil à la descente pour le porter et
le maintenir contre la pièce.
Dans toutes les machines, la pièce est portée par un système de deux chariots rec¬
tangulaires munis de vis et surmontés d’un plateau circulaire avec roue menée par une
vis sans fin; les uns et les autres peuvent être manœuvrés à la main par leur vis, ou
automatiquement à l’aide d’une commande par came prise sur l’arbre principal et
transmise par cliquet, rochet et engrenages; on embraye ou on débraye à volonté
chaque mouvement par le déplacement d’une roue sur son axe. Les cfents du rochet
sont ordinairement symétriques et le cliquet réversible pour produire la marche dans
les deux sens; dans une machine de la Société alsacienne, le rochet n’est actionné que
dans un sens, mais son axe est muni d’un embrayage double à manchons dentés pour
le changement de marche.
Le système de deux chariots rectangulaires avec plateau circulaire donne bien la
facilité de travailler en ligne droite dans toutes les directions sans démonter la pièce,
mais il ne permet de faire que des parties circulaires concentriques à l’axe du plateau;
7
Groupe VI. — 17.
LUI» IUM El
10XALE,
98
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
à l’exemple de Withworth, M. Bariquand ajoute sur le plateau circulaire deux chariots
rectangulaires se manœuvrant seulement à la main; ces chariots, en tournant autour
de l’axe du plateau, peuvent s’orienter dans toute direction horizontale, facilitant ainsi
les manœuvres, et de plus ils donnent le moyen d’amener un point quelconque de la
pièce sur l’axe du plateau, par suite de tracer tout arc de cercle situé dans un plan
horizontal.
Machine de M. Fètu-Defize à faire les rainures de clavettes dans les poulies, volants, etc. —
La flèche des machines ordinaires ne peut souvent s’introduire à l’intérieur de pièces
telles que poulies, volants, roues cl’engrenage; d’autre part, si on lui adapte un outil
allongé, ce dernier se trouve trop en porte-à-faux pour ne pas fléchir sur la lon¬
gueur à mortaiser. M. Fétu-Defize a construit une machine qui s’adapte spécialement
à ce genre de travaux. Un fort bâti de forme cylindrique est surmonté de deux cha¬
riots rectangulaires et d’un large plateau circulaire; les déplacements des chariots
MACHINES-OUTILS.
99
devant être très faibles , on a pu évider l’ensemble dans son milieu d’une ouverture cir¬
culaire assez grande. La flèche est disposée sur un support dans la partie inférieure
du bâti et prolongée par une forte barre cylindrique qui s’engage dans l’ouverture
précédente et qui porte l’outil monté transversalement, comme sur les porte-outils sou¬
vent employés avec les machines ordinaires; le mouvement est donné à la flèche par
un balancier qui se meut autour d’un axe horizontal et qui est commandé à son autre
extrémité par un bouton de manivelle mobile dans une rainure. L’outil travaille en
descendant et a un retour accéléré; sa course est de o m. 275. Le chariot inférieur
seul est mû automatiquement. Le support de la flèche peut être incliné, à l’aide d’un
mouvement de vis sans fin, pour permettre de donner de l’entrée aux rainures.
Machine à queue d’aigle de M. Demoor à faire les pans des têtes de boulons et des écrous. —
Cette machine se rapproche des machines a mortaiser par son outil, dit à queue
d’aigle, qui est formé d’une barre munie sur une face de dents inclinées à 45 de¬
grés environ par rapport â la longueur, la face taillée étant elle-même inclinée sur la
direction de mortaisage; c’est, en réalité, un outil à mortaiser multiple, dont chaque
tranchant a une avance progressive. Les outils sont au nombre de deux, correspondant
à deux pans opposés, et sont fixés sur la table, qui présente, à 90 degrés des outils,
deux échancrures servant de guides au porte-pièce. Le travail se fait par le passage
entre les deux outils de la pièce guidée par le porte-pièce, dans lequel elle est vissée
par quelques filets, sous l’action d’un poinçon à descente automatique. Le poinçon est
adapté à un coulisseau vertical de section rectangulaire, muni d’une crémaillère sur une
de ses faces et relié dans le haut à une traverse horizontale guidée entre deux mon¬
tants; des ressorts disposés sous la traverse, le long des montants, tendent à maintenir
constamment le coulisseau relevé; on produit la descente en embrayant par manchon
denté l’axe du pignon de la crémaillère avec l’arbre moteur; à fin de course, un butoir,
agissant sur le levier du manchon, le débraye, et le coulisseau remonte de lui-même
sous l’action des ressorts, qui avaient été comprimés dans la descente. La machine est
double, par accouplement de deux appareils semblables sur le même bâti et le même
arbre moteur.
OUTILS DE MORTAISAGE.
Comme pour les tours et les machines à raboter, on emploie souvent, avec les ma¬
chines à mortaiser, des outils formés de bouts de barres profilées ou rondes et rap¬
portés sur un porte-outil. Ue plus, pour éviter la pression de l’outil contre la pièce au
retour, on monte fréquemment l’outil dans un petit support articulé au porte-outil sur
un axe horizontal.
M. Demoor construit des porte-outils formés de deux parties réunies bout à bout,
l’inférieure s’emboîtant dans la supérieure par une tige conique et rappelée vers elle
par un ressort; de plus, la base de la partie supérieure est dentée, et la partie infé-
100
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
rieure porte une dent qui s’engage dans les intervalles des dents précédentes. Ce
dispositif permet d’orienter à volonté l’outil fixé à la partie inférieure; en outre, à la
remonte, la pression de l’outil contre la pièce dégrène légèrement les deux parties, ce
Porte-outil de MM. Smith et Coventry.
Porte-outil de M. Demoor.
qui donne à l’inférieure la faculté de s’obliquer et réduit le frottement de la pointe de
l’outil.
Rappelons le dispositif de la Société alsacienne qui éloigne complètement l’outil de
la pièce à la remonte.
Nous ferons remarquer que l’outil à queue d’aigle de M. Demoor, pour faire les pans
des têtes de boitions et des écrous, constitue un passage de l’outil à mortaiser ou à ra¬
boter à la fraise : il peut, en effet, être considéré comme une fraise plane, même a
dents hélicoïdales; en comparant les modes d’avance dans l’emploi de cet outil et dans
celui de la fraise , on voit qu’ils sont tout à fait analogues.
MACHINES-OUTILS.
101
CHAPITRE VII.
MACHINES À FRAISER.
Considérations générales. — Caractères applicables à tous les modèles de machines à fraiser : arbres porte-
fraise; montage de la fraise; chariots; montages accessoires. — Machines horizontales. — Machines verti¬
cales. - — Machines à orientation variable de la fraise. — Machines à reproduire. — Machines spéciales : ma¬
chines à tailler les fraises; machines à tailler les forets en hélice; machines à tailler les roues d’engrenage;
machines à fraiser les têtes de boulons et les écrous; machine à fraiser les lames d’épées-baïonnettes. —
Outils de fraisage.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
La machine à fraiser est la dernière venue des machines d’usage général : elle a pris
naissance en Amérique, ou la nécessité de fabriquer rapidement des armes pendant la
guerre de la Sécession contribua à son extension; elle a été importée en France vers
1 864, principalement pour être appliquée à la transformation du matériel des manu¬
factures d’armes de l’Etat. Son usage s’est rapidement développé dans les ateliers de
fabrication courante, ou ses avantages étaient tellement évidents, surtout au point de
vue économique, qu’elle s’imposait pour ainsi dire : la fraise peut, en effet, exécuter
toute surface ayant une génératrice d’un profil constant, et elle seule est capable de
faire, sans qu’il y ait lieu à retouches, une surface à directrice irrégulière et même des
surfaces souvent relativement simples. On n’a pas hésité à faire des fraises à profd
parfois très complexes, applicables aux machines à mouvements simples, rectilignes
ou circulaires, ou des gabarits de forme très accidentée, mais simplifiant les profils
des fraises et s’employant avec des machines dites à reproduire , à façonner ou à pro¬
filer.
Mais la fraise, quelque simple qu’elle fût, la fraise même cylindrique, a été, dès
l’abord, un outil de confection coûteuse et d’un entretien peut-être plus coûteux encore :
la principale difficulté provenait de la sensibilité de la fraise aux effets de la trempe
et de la fragilité à laquelle l’exposaient ses nombreuses découpures. On la recuisait
alors partiellement, ce qui lui enlevait une partie de sa dureté et entraînait son usure
rapide; on recuisait aussi les fraises a profd, afin de pouvoir les affût< r à la lime ou au
grattoir. Peu à peu, cependant, on apprit à se rendre maître des effets de la trempe, et
l’on arriva a laisser toute leur dureté aux fraises cylindriques ou coniques que l’on
pouvait affûter a la meule d’émeri; certains fabricants ne recuisaient pas non plus les
fraises a profil, mais, ne pouvant les affûter lorsqu’elles étaient usées, ils les détrem¬
paient et les retaillaient à nouveau. Enfin apparurent les machines de M. Kreutzberger
pour l’affûtage des fraises de tous profils; dès lors on put donner aux fraises une très
102
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
grande dureté, leur affûtage devint une opération très facile et très rapide. Le prix de
l’outil se réduisit ainsi dans une proportion considérable, au point de devenir une
quantité infime dans la dépense totale de la fabrication d’une pièce.
Ajoutons aussi que, dès l’abord, on attacha peu d’importance aux conditions d’éta¬
blissement, de puissance et d’entretien des machines, non pas que les machines n’eussent
pas souvent été bien construites, mais les fabricants et les ouvriers qui les employaient,
manquant d’expérience, négligeaient fréquemment de proportionner leur puissance au
travail à exécuter, de régler convenablement la vitesse de l’outil et l’avance de la pièce ,
de faire disparaître ie jeu des arbres et des chariots. Il en résultait que la machine
fatiguait beaucoup, rendait peu, et que l’outil s’usait très vite. Des progrès considérables
se sont faits avec le temps sous ce rapport; les ouvriers sont devenus plus soigneux,
les fabricants plus attentifs à l’état des machines; on est arrivé à faire des machines à
fraiser des instruments de la plus haute précision , et d’une part le rendement des ma¬
chines a été notablement augmenté, d’autre part la durée des fraises s’est accrue dans
une très grande mesure.
Pendant quelque temps , les constructeurs n’ont assisté que de loin à cette évolution
de la fraise dans la voie du progrès; ils construisaient bien les machines, mais ils ne
s’en servaient pas eux-mêmes. C’est que, pour des travaux peu répétés, la fraise ne leur
paraissait pas devoir payer ses frais de confection ; elle était alors d’autant plus coûteuse
pour eux que, s’en servant peu, ils étaient malhabiles aussi bien pour l’employer que
pour la faire et l’entretenir. Les premiers constructeurs qui entrèrent dans la voie de
l’application des machines à fraiser à leur propre industrie furent ceux qui possédaient,
à côté de leurs ateliers de construction, des ateliers accessoires de fabrication courante.
Il sera toujours vrai que, pour apprécier la valeur d’un objet, il faut s’en servir; aussi
ne croyons-nous pas hors de propos de rappeler aux constructeurs ce principe, d’une
vérité indéniable, à savoir, qu’ils doivent joindre à leurs ateliers une industrie qui
emploie couramment les principaux modèles des machines qu’ils exécutent, et qui soit
pour eux un laboratoire d’études et d’expériences. C’est à cette seule condition qu’ils
connaîtront exactement les points délicats des machines, ce qu’il est possible ou indis¬
pensable de leur demander, d’où les améliorations à y introduire, les modèles nou¬
veaux à créer, et qu’ils pourront se tenir à la hauteur du progrès, lui apporter leur
part de contribution et prospérer par cela même qu’ils offriront au public des fabricants
un outillage d’un fonctionnement irréprochable, répondant à leurs besoins et à leurs
aspirations toujours croissantes.
La fraise a donc fini par pénétrer dans les ateliers les plus rebelles; elle en est
devenue un élément nécessaire , comme moyen de produire bien, autant que de produire
vite; nous voyons même des constructeurs, qui ne font pas habituellement de machines
à fraiser, s’appuyer, pour faire valoir la qualité de leurs produits, sur ce que les pièces
en ont été exécutées à la fraise. Nous voyons la fraise se substituer à l’outil h raboter,
ou tout au moins rectifier son travail pour le dressage des surfaces; enfin les machines
MACHINES-OUTILS,
103
à fraiser en viennent à atteindre et même à dépasser les dimensions des plus fortes
machines des autres catégories. Or, ces machines si puissantes ne sont pas précisément
destinées à des travaux de fabrication courante, qui ne portent pas généralement sur
de très grosses pièces ; tout au plus devront-elles servir à exécuter des séries d’un petit
nombre de grosses pièces semblables; plus généralement, elles seront employées à des
travaux essentiellement variables de construction.
Plus que toute autre, la machine à fraiser demande à être étudiée et construite avec
un très grand soin, à cause de la nature de l’outil et de son mode d’action. La fraise
est une réunion d’outils analogues à ceux des tours ou des machines à raboter; ils offrent
toutefois ces différences : que l’arête coupante a une longueur souvent assez grande;
que, au moins pour les fraises à dents droites, ils n’ont pas de coupe latérale; et qu’enfin
l’angle de tranchant se rapproche plus de 90 degrés que de la valeur théorique de
5 1 degrés. Ces différences leur donnent une certaine infériorité par rapport aux autres
outils. De plus, en général, les dents se dégagent de la matière de la pièce et s’y ren¬
gagent constamment; de là résultent des variations de la résistance opposée à l’arbre
de la machine, susceptibles de déplacer à chaque instant son appui dans ses supports
et d’occasionner des flexions de valeurs différentes. Par contre, une fraise travaillant
correctement possède les avantages suivants : chaque outil partiel fait son copeau, et le
découpage de ces copeaux très minces fatigue moins chaque outil individuel, et même
tout l’ensemble de la fraise , que ne le ferait celui cl’un gros copeau avec un seul outil; les
dents, en se dégageant de la pièce, viennent se refroidir au contact de l’air, et quand
on emploie un lubrifiant, si ce dernier n’arrive pas jusqu’à l’arête coupante pendant
quelle est engagée , du moins il l’atteint directement à sa sortie ; il résulte de là la
possibilité de faire travailler les fraises à une très grande vitesse , puisqu’on peut s’op¬
poser à leur échaufîement. Mais on comprend de suite que , pour que les avantages de
la fraise soient supérieurs à ses désavantages, il est indispensable que son mode d’action
réalise les conditions capables de procurer les premiers, sinon elle deviendrait un très
mauvais outil. Pour que chaque dent fasse son copeau, il faut que l’ensemble des arêtes
tourne parfaitement rond et ne subisse aucun déplacement sur l’arbre, quelles que
soient les conditions de résistance ; par suite , que la fraise soit exactement centrée sur
le porte-fraise , et celui-ci sur l’arbre ; que l’arbre n’ait pas trop de porte-à-faux et n’ait
aucun jeu dans ses supports, sans y être forcé en aucun de ses points pour ne pas subir
de flexions et de déviations variables; que les deux tourillons de l’arbre soient parfaite¬
ment concentriques, de même que les deux coussinets; que l’arbre et les coussinets
soient exactement de révolution, pour que leurs axes restent toujours en coïncidence;
il faut que l’avance soit régulière et continue , ce à quoi la vis convient mieux dans les
chariots que la crémaillère , pour les raisons que nous avons déjà données; que les chariots
sur lesquels repose la pièce ou l’outil, et sur lesquels l’outil prend appui, soient très bien
ajustés sur leurs glissières, n’y aient pas de jeu et n’aient pas non plus une élasticité
trop grande ; que les supports fixes de l’outil et de la pièce soient assez robustes pour
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
104
ne pas fléchir. Il faut encore que les arêtes des dents soient toujours très vives et aient
une coupe suffisante, sinon les dents auraient une très grande difficulté a pénétrer
dans la matière; la présence de plusieurs dents en prise augmentant cette difficulté en
multipliant les points d’appui résistants, la fraise cesserait de mordre et ferait fléchir
les organes de la machine, jusqu’à ce que la réaction de ces organes devint assez puis¬
sante pour la forcer à pénétrer de nouveau; elle agirait alors irrégulièrement, fatiguerait
considérablement la machine, compléterait très vite sa propre usure et souvent se
briserait.
On voit quelles précautions il y a lieu de prendre pour la construction et l’emploi
des machines à fraiser et des fraises. De leur observation dépendent les résultats à
obtenir du fraisage, et ceux-ci peuvent être envisagés à deux points de vue : l’un, sur
lequel nous n’insisterons pas pour le moment, est l’exécution de travaux que les autres
catégories de machines ne permettent pas de faire; l’autre, sur lequel nous désirons
appeler l’attention , est la valeur du rendement fourni par les machines à fraiser compa¬
rativement avec les autres catégories. On a pu croire longtemps que, à degré d’impor¬
tance égal , une machine à fraiser rendait moins qu’un tour ou qu’une machine à raboter,
pour des travaux exécutables indifféremment à l’une ou à l’autre machine. Gela est vrai
pour les machines mal construites ou mal employées; il n’en est pas de même dans
le cas d’une construction soignée et d’un emploi judicieux : nous pouvons affirmer, par
expérience , que la machine à fraiser est capable de produire un rendement très supé¬
rieur à celui des autres machines et que la valeur du rendement peut atteindre le
double.
La variété de nature des travaux demandés aux machines à fraiser conduit à l’emploi
d’un certain nombre de mouvements utilisables soit pour le travail même, soit pour le
réglage des positions initiales respectives de l’outil et de la pièce. Les machines les plus
simples comportent trois mouvements rectangulaires donnés le plus souvent à la pièce,
mais parfois aussi en partie à l’outil. Les machines plus complètes possèdent un axe de
rotation vertical correspondant à un mouvement circulaire, qui est toujours donné à la
pièce. De plus, des appareils accessoires ou montages peuvent se rapporter sur les
chariots et fournissent généralement des mouvements de rotation à orientations très
diverses.
Certains modèles ont une position fixe, verticale ou horizontale pour l’arbre de la
fraise : c’est le cas des machines simples et de celles qui sont destinées à des tra¬
vaux de fabrication courante; mais, dans d’autres modèles, le bâti se décompose en
deux ou même en un plus grand nombre de parties réglables les unes sur les autres ,
mais se fixant solidement, le réglage terminé, et permettant soit de déplacer l’arbre de
la fraise rectilignement , soit de l’orienter sous des angles divers autour d’un axe hori¬
zontal ou dans des plans verticaux différents (Société d’Albert); quelques constructeurs
(Rariquand, Rouhey, Frey) disposent le bâti de façon qu’il puisse recevoir indifférem¬
ment une tête verticale ou une tête horizontale portant l’arbre de la fraise; enfin M. Huré
MACHINES-OUTILS.
105
met à la fois sur le même bâti un arbre horizontal et un arbre vertical, qui peuvent être
amenés au-dessus de la pièce par rotation du bâti autour d’un axe vertical.
Telles sont les dispositions que nous avons rencontrées à l’Exposition; rappelons
qu’elles s’appliquent surtout à des machines d’usage général; il existe également d’autres
dispositions, mais qui se* rapportent plus spécialement à des machines de fabrication
courante.
Nous examinerons d’abord quelques caractères applicables à la généralité des mo¬
dèles, puis les particularités relatives aux machines à arbre de fraise horizontal ou,
simplement, machines horizontales, aux machines verticales, aux machines a orienta¬
tion variable de l’arbre de la fraise, aux machines à reproduire; enfin nous dirons
quelques mots de plusieurs machines spéciales.
CARACTÈRES APPLICABLES À TOUS LES MODELES DE MACHINES À FRAISER.
Arbres porte-fraise. — Les arbres porte-fraise sont en acier; la plupart des construc¬
teurs se flattent de les rectifier après cémentation et trempe. Le tourillon voisin de
l’outil est généralement conique, la grande hase du côté de l’outil; son logement est
quelquefois formé dans la fonte du support (Huré, Prétot, petites machines Hurtu et
Hautin); plus souvent, il est enfermé dans une coquille d’une seule pièce en bronze dur
ou phosphoreux, en acier cémenté et trempé (Bariquand, Brown et Sharpe). Dans les
machines moyen modèle de MM. Hurtu et Hautin, le tourillon est cylindrique et pris
dans deux coussinets, entre lesquels s’engage un coin par lequel on règle le serrage
sur l’arbre; un chapeau maintient les coussinets.
Le deuxième tourillon est souvent cylindrique, encastré directement dans la fonte
du support, ou entre des coussinets semblables à ceux du premier tourillon (Hurtu et
Hautin), ou dans une coquille en bronze d’une seule pièce; chez MM. Bariquand,
Brown et Sharpe, cette coquille est fendue suivant deux génératrices sur une grande
partie de sa longueur et complètement suivant une troisième , conique extérieurement
et fdetée à un bout pour recevoir des écrous par lesquels on lui donne du serrage en la
déplaçant suivant son axe. D’autres constructeurs (Huré, Lomont, Prétot, Schultz) rap¬
portent sur l’arbre cylindrique un tourillon entraîné avec lui dans la rotation, conique
extérieurement en sens inverse du premier tourillon, et le font tourner dans la fonte
ou dans une coquille en bronze ; un écrou et un contre-écrou , vissés sur le bout de
l’arbre, permettent de lui donner du serrage dans son logement. MM. Dandoy-Mailliard
et Lucq font, au contraire, le deuxième tourillon conique dans le même sens que le
premier, et ils donnent le serrage sur l’arbre par le rappel d’une coquille en bronze
au moyen d’un écrou et d’un contre-écrou vissés sur le bout de l’arbre.
Pour l’appui dans le sens longitudinal, le plus souvent l’arbre porte un épaulement
à l’extrémité du tourillon voisin de l’outil , du côté de l’outil : cet épaulement est or¬
dinairement normal à l’axe; MM. Brown et Sharpe le font conique à 45 degrés; à l’autre
106
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
bout du même tourillon ou du tourillon opposé, se visse sur l’arbre, en s’appuyant sur
le support, avec ou sans rondelle de frottement interposée, un écrou traversé par un
coussinet et une vis de pression, ou maintenu par un contre-écrou; dans le cas du
deuxième tourillon conique de sens inverse rapporté, les mêmes écrous, qui produisent
le serrage de ce tourillon, assurent également l’appui de l’arbre; mais il faut en outre
maintenir l’arbre dans le sens opposé par un épaulement ou des écrous sur l’un ou
l’autre tourillon, pour éviter que l’appui longitudinal se fasse sur le cône d’un tou¬
rillon, ce qui, en raison de la faible ouverture de ce dernier, pourrait entraîner le
coincement et le grippement de l’arbre; quelquefois, l’arbre n’est pas épaulé du côté
de l’outil : M. Lomont met alors des écrous vissés sur l’arbre des deux côtés du
deuxième tourillon , MM. Dandoy-Mailliard et Lucq et M. Demoor opposent au bout
de l’arbre une butée réglable.
On voit que les dispositions d’arbres sont assez variées; il peut être intéressant de
les discuter. Les conditions à rechercher sont : que la position de Taxe de l’arbre reste
invariable dans le temps , malgré l’usure , notamment dans le plan vertical qui contient
une partie des directions habituelles des chariots et des axes de rotation, et qui est
normal aux autres; et que, le réglage des appuis dans le sens longitudinal étant une
fois fait, l’arbre n’éprouve pas de déplacement dans ce sens pendant le travail, soit à
chaque révolution, soit au bout d’un temps plus ou moins long par suite d’échauffe-
ment. Il faut d’abord remarquer que le tourillon voisin de l’outil constitue l’appui prin¬
cipal, celui qui supporte le maximum d’efforts et, dans tous les cas, celui qu’il est le
plus important d’assurer comme ayant une influence directe sur l’outil. La forme cy¬
lindrique pour ce tourillon est de suite à rejeter, car son usure ou celle de son cous¬
sinet le déplacera forcément; au contraire, la forme conique, avec moyens de compenser
l’usure, ne peut avoir d’effet que sur la coquille; mais si l’on a soin de tenir constam¬
ment l’arbre juste dans la coquille, avec un ou deux centièmes de millimètres au plus
de jeu pour permettre au lubrifiant de se loger, la grande surface d’appui des deux
pièces, en répartissant la pression sur une étendue considérable, atténuera beaucoup
les effets du frottement, l’usure sera très lente et se produira presque uniformément
sur tout le pourtour de la coquille; on réduira encore l’usure en faisant la coquille en
métal dur, en acier trempé et mieux en fonte dure. Il va de soi que le tourillon et sa
coquille doivent être faits avec des angles de cônes identiques, avec une correction ab¬
solue des sections circulaires et des génératrices, une netteté et un poli parfaits de la
surface.
Le tourillon voisin de l’outil ainsi assuré, le tourillon opposé n’a qu’à lui être con¬
centrique et s’ajuster sans effort de flexion dans son logement ; cette dernière condition
est essentielle pour que la position du premier tourillon ne soit pas contrariée et qu’il
ne se produise pas de fausses portées, et par suite d’échauffement et de grippement;
dans ces conditions cl’ajustage, le métal du tourillon peut être relativement tendre,
ainsi que celui de son logement : fonte, bronze ou acier non trempé; il peut être in-
MACHINES-OUTILS.
107
différemment cylindrique ou conique; nous pensons même qu’il est préférable de le
faire cylindrique, la forme conique ayant une tendance dirigeante trop accentuée; il
convient seulement de veiller à ce qu’il n’existe jamais autour de lui de jeu sensible.
Les appuis, dans le sens longitudinal, doivent s’opposer au ballottement de l’arbre
dans ce sens ; on doit surtout éviter que , dans une même révolution , l’arbre soit bridé
dans une position et libre dans une autre, ce qui arriverait si les parties en contact de
l’arbre et d’un support étaient toutes deux obliques par rapport à l’axe, au moins iné¬
galement dans le cas de portées coniques. Les portées peuvent être planes, coniques
ou d’un profd courbe; nous reprochons à ces deux derniers modes d’avoir une tendance
à produire la direction de l’arbre, à empêcher le tourillon de toucher les parois de son
logement et à contrarier son effet, dans le cas où elles ne lui seraient pas parfaitement
concentriques, et, ce qui est le plus dangereux, sans qu’il soit facile de s’en apercevoir;
une portée plane, même ne soit-elle pas normale à l’axe, ne peut avoir le même in¬
convénient et nous semble par suite préférable. Il convient néanmoins que les portées
planes soient normales à l’axe ; il faut éviter de les faire consister en des tranches d’é¬
crous, qui obéissent toujours plus ou moins à l’action déviatrice des fdets et se placent
par suite obliquement; le remède consiste à interposer entre les deux parties une ron¬
delle a tranches bien dressées, aussi longue possible, ajustée exactement sur l’arbre,
fixée sur lui ou folle ; l’appui se fait alors sans inconvénient par les tranches de la ron¬
delle sur les tranches plus ou moins bien dressées du support fixe et de l’écrou. Il est
également avantageux d’interposer, entre l’épaulement de l’arbre et le support fixe , une
bague mince et libre sur l’arbre, mais à tranches bien parallèles; le frottement se ré¬
partit entre l’épaulement de l’arbre et les tranches de la bague, qui obéit plus ou
moins à l’entraînement ; ce moyen donne en outre la facilité de remplacer la bague ou
de réduire son épaisseur pour compenser le jeu survenu autour du tourillon.
Nous avons vu que les appuis de l’arbre contre le déplacement dans un sens ou dans
l’autre se font tantôt sur les deux faces du support d’un même tourillon, et tantôt se
répartissent entre les supports des deux tourillons. Il y a lieu de considérer l’effet occa¬
sionné par l’échauffement de l’arbre, qui se produit toujours, sans atteindre pour cela
une valeur dangereuse par l’augmentation de diamètre des tourillons. La dilatation
de l’acier étant d’environ 0,000,012 pour une variation de température de 1 degré,
une longueur d’arbre de 0 m. 4oo entre les appuis, pour une augmentation de
1 0 degrés, se dilatera de 0 m. 000,0 5 ; cette valeur est évidemment très grande au point
de vue soit du réglage d’un travail de précision, soit surtout de la stabilité de l’arbre.
11 s’ensuit qu’il faut rapprocher le plus possible les appuis longitudinaux et les mettre
de préférence de part et d’autre du même tourillon, laissant l’autre tourillon libre de
se dilater; et le tourillon à choisir de préférence est celui voisin de la fraise, afin que
les variations de longueur de l’arbre aient le moins d’influence sur la position de la
fraise par rapport a la pièce.
On conclut aussi de là que l’emploi de deux tourillons coniques dirigés dans le
108
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
même sens est défectueux , en ce que , par suite d’échauffement , l’arbre prenant appui
sur le tourillon opposé à Toutil, de part et d’autre duquel sont forcément les appuis
longitudinaux, s’allonge du côté de Toutil en produisant du jeu autour du tourillon de
ce côté. Il en est de même d’ailleurs avec les tourillons coniques en sens inverses,
quand les appuis longitudinaux sont sur le tourillon le plus éloigné de Toutil; quand
ils sont répartis entre les deux tourillons, la poussée de la fraise tend ordinairement à
appliquer l’appui du tourillon qui en est voisin; l’autre tourillon prend un peu de jeu,
mais l’inconvénient est moindre que dans le cas précédent.
On doit éviter avec soin toutes les causes capables de donner à l’arbre des mouve¬
ments irréguliers; les organes rapportés sur lui, tels que poulies, roues d’engrenage,
doivent être très bien centrés et ajustés pour ne pas donner lieu au développement de
forces centrifuges; nous rappellerons à ce sujet les observations que nous avons faites
au commencement, relativement aux clavettes d’assemblage et aux poulies folles.
Montage de la fraise. — La fraise ou le mandrin porte-fraise se monte en général
sur Tarbre au moyen d’une tige conique, dont le coincement doit suffire pour former la
liaison des deux parties ; l’ouverture du cône , ou la tangente de Tangle de deux géné¬
ratrices opposées varie de 1/1 o à 1/2 5, selon la longueur du cône et la résistance oppo¬
sée à la fraise. Il est de toute nécessité que Taxe du logement conique intérieur de
Tarbre coïncide exactement avec celui des tourillons. Pour augmenter l’adhérence de la
fraise, on prolonge assez souvent sa tige par une partie filetée, qui se visse dans Tarbre;
comme il est difficile de centrer le filetage de la fraise et le taraudage de Tarbre sur
Taxe commun , et que cependant le filetage ne doit pas tendre à déranger Taxe de la
fraise, on doit donner une très grande liberté aux filets des deux pièces, de façon
qu’ils ne servent que d’appui dans le sens longitudinal opposé à l’appui du cône. Plu¬
sieurs constructeurs taraudent, au contraire, en écrou le bout de la tige de la fraise et
y vissent une tringle qui traverse Tarbre dans toute sa longueur et s’arrête à son extré¬
mité au moyen d’écrous; ce procédé est préférable toutes les fois que les dimensions
transversales de la fraise et de Tarbre permettent de l’employer; la tringle sert en
outre à chasser la fraise , pour la sortir de Tarbre. Quant au serrage de la fraise par
une clavette traversant normalement sa tige, ainsi que Tarbre, dans des mortaises, il est
à proscrire d’une façon absolue : la pente de la clavette tend à dévier Taxe de la fraise,
et la présence d’une mortaise sur Tarbre est la cause de mutilations très nuisibles.
D’une manière générale d’ailleurs, il faut éviter que, dans la manipulation des machines,
0:1 ait à se servir de marteaux ou tous instruments de choc, qui ne peuvent qu’occa¬
sionner des détériorations.
Chariots. — Les chariots disposés soit sous la pièce, soit sous Toutil, sont presque
toujours guidés en queue d’aronde, avec règle de serrage sur un bord, ce qui est le
moyen le plus sûr pour supprimer le jeu en tous sens. Pour leur conduite, on emploie
MACHINES-OUTILS.
109
ordinairement des vis avec écrou ou portion d’écrou; l’un des deux, vis ou écrou, est
adapté au chariot, l’autre l’est à la semelle et reçoit le mouvement de rotation; le plus
souvent l’écrou est court, et la vis a toute la longueur du chariot ou de la semelle; quel¬
quefois (machines horizontales moyennes de la Société alsacienne, forte machine hori¬
zontale de M. Bariquand) lavis, adaptée à la semelle, est courte, de grand diamètre et
a plusieurs filets; elle engrène avec un secteur d’écrou allongé en forme de crémaillère
et occupant la longueur du chariot; cette dernière disposition a l’avantage de fournir
un retour rapide. La conduite des chariots de travail par crémaillère et pignon se ren¬
contre dans une machine verticale à profiler de la Société alsacienne et dans des ma¬
chines horizontales de MM. Brown et Sharpe; dans la première de ces machines, la
crémaillère et le pignon sont en deux parties semblables accolées, au moyen desquelles
on peut supprimer le jeu à peu près complètement; dans les machines de MM. Brown
et Sharpe, la partie taillée de la crémaillère est verticale et normale à la surface du
chariot, de manière à ne pas exercer sur ce dernier d’action de soulèvement; toutefois
ces dispositions ne sont cpie des correctifs partiels des inconvénients de la crémaillère;
elles ne s’opposent pas à la poussée sur le pignon et à l’effet de retard cpii en résulte ,
quand la résistance s’accroît un peu brusquement. On trouve encore la crémaillère
dans des chariots servant uniquement au réglage; elle n’a pas d’inconvénients dans ce
cas, à condition qu’on prenne soin de bloquer les chariots après le réglage.
Les trois directions rectangulaires des chariots possèdent assez fréquemment le mou¬
vement automatique, surtout dans les machines cl’usage général; d’autres fois, les deux
directions horizontales seules et même le chariot supérieur seul, particulièrement dans
les machines de fabrication courante, en sont pourvus. Souvent aux trois chariots
s’ajoute un plateau circulaire, avec ou sans mouvement automatique de rotation; il se
place sur le chariot supérieur et ne sert qu’a orienter la pièce ou à fraiser circulaire-
ment, ou bien se place sous ce chariot, qu’il permet cl’obliquer pour fraiser en hélice avec
les machines horizontales, dans une direction quelconque avec les machines verticales; la
dernière disposition est beaucoup plus générale que la première, mais elle assure moins
bien la stabilité de la pièce et force de limiter le chariot supérieur à une assez faible
longueur. M. Steinlen dispose fréquemment une large plate-forme circulaire sous les
deux chariots horizontaux; mais il ne s’en sert que pour orienter les chariots, et jamais
comme organe de mouvement; il la fixe fortement par boulons après orientation. Enfin,
dans son grand modèle de machine universelle, M. Steinlen ajoute sur les chariots rec¬
tangulaires aulomatiques un plateau circulaire également automatique et surmonte ce
dernier par un système de deux chariots rectangulaires se manœuvrant à la main et
servant a orienter la pièce pendant le travail et à l’amener dans toutes les positions
possibles; c’est la disposition Withworth que nous avons déjà rencontrée dans la machine
à mortaiser de M. Bariquand et dans les tours à revolver de M. Bariquand et de
MM. Smith et Coventry.
Pour remédier à l’inconvénient résultant du diamètre relativement faible du plateau
1 JO
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
circulaire, qui est une insuffisance d’appui pour les pièces de quelque grandeur,
MM. Bouliey disposent autour du plateau, qui est monté sur le chariot supérieur, et
sur le chariot même deux plates-formes de même niveau que la surface du plateau ; les
pièces, fixées sur ce dernier et entraînées par lui dans le mouvement de rotation, ne
cessent pas moins de reposer sur les plates-formes, en glissant sur elles.
Les plateaux circulaires sont mus par vis sans fin et roue, conduite très analogue a
celle d’une crémaillère par une vis et offrant une surface de contact très limitée;
comme, de plus, le glissement est considérable, les organes sont sujets à une usure
rapide; si donc ils doivent servir couramment dans le travail, si notamment ils
sont pourvus du mouvement automatique , il y a lieu de prendre des dispositions spé¬
ciales pour entretenir constamment leur lubrification; le mieux est de constituer sous
la vis un réservoir d’huile dans laquelle elle plonge constamment en partie; on fera
bien aussi de tremper la vis et même la roue. Ajoutons de suite que ces observations
s’appliquent à fortiori aux vis sans fin et à leurs roues intercalées dans la suite de la
commande des chariots et même de la fraise (Brown et Sharpe).
La commande générale de la machine n’a lieu que rarement par poulies fixe et
folle (Dandoy-Mailliard et Lucq), du moins pour les machines d’usage général;
M. Steinlen commande directement, par poulie et courroie venant du renvoi, l’arbre
de la fraise de ses machines verticales , avec intercalation de deux galets renvoyant la
courroie a 90 degrés; une forte machine horizontale de M.. Ere y porte son renvoi à
poulies fixe et folle, auquel succède une transmission par cônes. Le plus souvent, la
commande se fait sur un cône à étages; le cône est souvent placé sur l’arbre porte-
fraise dans les machines horizontales; dans les machines verticales, il est placé sur un
arbre indépendant, duquel le mouvement est renvoyé à la fraise par poulies et cour¬
roies avec galets intermédiaires, ou par engrenages et arbres auxiliaires; dans une ma¬
chine de MAL Brown et Sharpe, les engrenages interposés sont une vis sans fin et
une roue de vis sans fin. Les machines de quelque puissance sont munies d’un harnais
d’engrenages analogue à celui des tours, mais parfois plus ramassé et à engrenages
disposés jointivement (Dandoy-Alailliard et Lucq, Prétot , Société alsacienne, Société
d’Albert); ce harnais est quelquefois placé sur l’arbre même de la fraise (Société
d’Albert), et non sur l’arbre de commande, quand la transmission a lieu entre ces
deux arbres par courroie. AL Huré et M. Prétot remplacent le harnais par un équi¬
page épicycloïdal , dont nous dirons quelques mots plus loin.
La commande de l’avance doit être prise sur l’arbre de la fraise ou sur un arbre
qui le précède dans la transmission du mouvement, mais qui lui est relié par engre¬
nages, sans interposition de courroies; il faut en effet éviter que, la fraise s’arrêtant
ou ralentissant sa vitesse par suite de la chute ou du glissement d’une courroie,
l’avance continue néanmoins avec le même degré de vitesse. Les machines bien étu¬
diées réalisent cette condition.
Les organes des mouvements automatiques comprennent généralement une ou deux
MACHINES-OUTILS.
111
séries de cônes avec courroies, puis une succession d’engrenages, dont certains élé¬
ments sont au besoin mobiles sur clavette le long de leurs axes, poursuivre les dépla¬
cements des supports auxquels ils sont adaptés; ils sont dirigés de façon à aboutir à
la vis ou à l’écrou de chaque chariot, au pignon de la crémaillère, ou à la vis sans fin
du plateau circulaire; on réduit souvent le nombre des engrenages, dont l’objet est
uniquement de racheter les différences de niveau et de direction des points de départ
et d’arrivée, en intercalant un arbre extensible formé de deux parties engagées à té¬
lescope l’une dans l’autre, avec liaison par clavette, et se réunissant par chaque bout
aux axes voisins au moyen d’un joint universel.
Dans la machine dont l’arbre de la fraise est conduit par une vis sans fin, MM. Brown
et Sharpe se servent pour varier la vitesse d’avance, au lieu de cônes, d’un plateau de
friction monté sur l’axe de la vis, et sur la tranche duquel appuie avec pression réglable
un galet que l’on peut éloigner plus ou moins de l’axe et disposer en dessus ou en des¬
sous de l’axe pour changer le sens de la marche. M. Fétu-Defize a un dispositif ana¬
logue, formé de deux plateaux de friction parallèles et tournant en sens inverses avec
la même vitesse; un galet placé entre eux est actionné à la fois par tous deux. Enfin
nous signalerons le système à plateaux de friction de Sellers, appliqué par MM. Smith
et Coventry.
Quand l’avance automatique peut être donnée à plusieurs mouvements, l’origine de
la commande est quelquefois indépendante pour un ou deux d’entre eux; plus souvent,
elle est commune à l’ensemble des mouvements et se divise ensuite; chaque mouve¬
ment possède un mécanisme d’embrayage et de débrayage permettant de l’employer à
l’exclusion des autres, ou bien de l’isoler et de le manœuvrera la main; ce mécanisme
réside soit dans le simple déplacement d’une roue suivant son axe, mouvement qui a
le grand inconvénient de ne pouvoir se faire qu’au repos, soit dans un système de
friction qui peut se manœuvrer en marche, mais qui n’est pas instantané, soit de pré¬
férence dans le déplacement d’un manchon denté, ou dans celui d’une vis sans fin qui
se sépare de sa roue ou s’y relie par un effet de bascule autour de l’axe d’un pignon
d’angle qui la commande. L’usage de la vis sans fin à bascule est le plus répandu dans
les machines qui n’emploient qu’un mouvement automatique; il existe même dans bon
nombre de machines munies de plusieurs mouvements automatiques, et souvent indé¬
pendamment des mécanismes d’embrayage de chacun; il précède alors ces derniers
dans la série des organes de commande; il est particulièrement commode pour opérer
le débrayage automatique de l’avance, quel que soit le mouvement, rectiligne ou cir¬
culaire, employé; à ce point de vue, il est indispensable dans les machines de fabri¬
cation courante, et une machine d’usage général complète doit le posséder. Le dé¬
brayage automatique se fait par la rencontre d’un levier, qui maintient la poignée de
manœuvre de la vis sans fin à la position d’embrayage, avec une butée fixée le long
du chariot ou du plateau en mouvement; le levier est enclanché avec la poignée de la
vis par une sorte de crochet à épaulement ou même par la simple pression d’un res-
112
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
sort ( Hurtu et Hautin) ; la butée , le soulevant , dégage la poignée , qui tombe par le poids
de la vis ou s’écarte par l’action d’un ressort. Les butées et les surfaces d’enclanche-
ment doivent être trempées et très bien polies, pour que le déclanchement se produise
toujours de la même façon et sans hésitation.
Un mécanisme de changement de marche est ordinairement intercalé sur la com¬
mande commune; il peut s’établir entre deux arbres parallèles, ou entre deux arbres à
axes perpendiculaires; dans le premier cas, la liaison des arbres se fait par engrenages
directement ou par l’intermédiaire d’un axe auxiliaire, avec l’emploi d’un système de
bascule portant une partie des roues ou d’un manchon doublement denté, claveté sur
le deuxième arbre et mobile suivant sa longueur; dans le deuxième cas, elle se fait
par trois roues d’angle avec déplacement d’un système de deux d’entre elles ou d’un
manchon doublement denté, semblable au précédent; M. Bariquand emploie une bas¬
cule de deux vis sans fin parallèles, dont les axes sont commandés par un même
pignon monté sur le premier arbre et en reçoivent des mouvements de sens contraires,
et dont l’une ou l’autre est engrenée avec l’une des deux roues calées sur le deuxième
arbre; dans leur commande par plateau et disque de friction, MM. Brown et Sharpe et
M. Fétu-Defize déplacent simplement le galet par rapport à l’axe du plateau, en le
mettant de l’un ou l’autre côté de cet axe. Les leviers de manœuvre de ces mécanismes
sont ramenés a la portée de la main de l’ouvrier et ont trois positions dans lesquelles
ils se fixent, correspondant a l’arrêt et a la marche dans chaque sens.
Le mécanisme de changement de marche se confond quelquefois avec celui du dé¬
brayage automatique; c’est ainsi que M. Bariquand ajoute simplement à son système
de bascule de deux vis des ressorts qui tendent toujours à ramener à l’arrêt le sys¬
tème dégagé du levier d’enclanchement.
Pour la manœuvre des chariots et du plateau circulaire à la main, on actionne le
plus directement possible, à l’aide d’une manivelle ou, pour les fortes machines, à
l’aide d’un levier à cliquet et rocliet, la vis, l’écrou, le pignon de crémaillère ou la vis
sans fin qui conduit le chariot. Les chariots munis d’une crémaillère, soit pour le frai¬
sage ordinaire, soit pour la reproduction, fournissent naturellement un retour rapide;
il en est de même, à un degré moindre toutefois, du chariot avec vis à plusieurs filets
de la Société alsacienne, lorsqu’on agit directement sur la vis; M. Bariquand s’est
proposé d’obtenir, avec une vis semblable, une rapidité égale à celle fournie par la
crémaillère : à cet effet, le débrayage étant effectué par son système ordinaire indépen¬
dant de la vis, il la sépare elle-même de son secteur d ecrou allongé et agit sur ce
dernier, à l’aide d’un pignon comme sur une crémaillère.
Nous signalerons un mécanisme de changement de marche automatique et de retour
rapide existant dans la machine de MM. Brown et Sharpe à tailler automatiquement
les roues d’engrenage. L’axe actionne constamment Taxe mené, qui lui est normal, par
une vis sans fin et une roue qui ralentissent considérablement la vitesse; le pre¬
mier axe porte également un manchon denté et une roue d’angle folle; celle-ci est
MACHINES-OUTILS.
113
reliée au deuxième axe par des couples de roues égales. Si Ton réunit le manchon
denté au moyeu de la roue d’angle, la vitesse du premier axe se transporte au
deuxième avec la même valeur, mais avec changement de sens; toutefois, comme la
conduite par la vis sans fin ne cesse pas d’agir, la vitesse réelle du deuxième axe est
la différence entre la vitesse donnée par la roue d’angle et celle donnée par la vis sans
fin, et ne diffère en définitive de la vitesse du premier axe que d’une fraction très
faihle, qui est le rapport de l’unité au nombre de dents de la roue de vis sans fin.
Nous ajouterons que la manœuvre du manchon denté est opérée automatiquement, à
chaque fin de course du chariot de travail dans l’un ou l’autre sens.
Une machine complète doit posséder des hutées non seulement sur les chariots à
mouvement mécanique, pour le débrayage automatique, mais encore sur tous ses cha¬
riots, pour le réglage. Il convient que les butées de réglage soient distinctes de celles
de débrayage; les premières doivent être d’une grande sensibilité, pour permettre d’ob¬
tenir les dimensions des pièces avec un aussi grand degré de précision que possible :
ordinairement ce sont des vis micrométriques de palmer avec graduation longitudinale
et circulaire; elles se placent et coulissent dans des rainures à T creusées sur le côté
des chariots; on les fixe près de la position définitive d’arrêt et on achève le réglage
au moyen de la vis. C’est alors, que le réglage est terminé, qu’on approche les hutées
de débrayage des mouvements mécaniques, disposées dans d’autres rainures, ordinai¬
rement non graduées, plus simples, mais plus robustes que les précédentes, afin de
résister a la poussée sur le levier de déclanchement. Certains constructeurs se con¬
tentent de graduer les vis des chariots soit pour remplacer les butées de réglage,
soit pour avertir l’ouvrier du moment où il doit faire lui-même le débrayage; ce moyen
est peu précis, à cause du jeu qui existe souvent entre la vis et l’écrou et qui ne per¬
met pas d’obtenir les mêmes indications suivant que la vis supporte ou non l’effort du
travail.
Montages accessoires. — Les montages rapportés sur le chariot supérieur ou le pla¬
teau circulaire, pour augmenter l’universalité des machines et les adapter à des tra¬
vaux de nature plus ou moins déterminée, peuvent
être assez variés et être menés a la main ou auto¬
matiquement. La commande automatique est sou¬
vent prise sur Taxe de la vis du chariot supérieur
(Brown et Sharpe, Schultz, Steinlen) au moyen
d’un équipage de roues échangeables; M. Bariquand
la prend sur un axe intermédiaire de la commande
générale a l’aide d’une lyre a équipage de roues se
fixant au bâti et transmettant le mouvement au mon-
Lyre pour la commande des mordages
de M. Bariquand.
lage, quelle que soit sa position sur la machine, par un arbre a emmanchement téles¬
copique et à joints universels.
Groupe VI. — îv. 8
rtfinniERiE nationale.
114
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
En premier lieu, nous trouvons les montages circulaires à axe vertical, qui se placent
sur le chariot supérieur des machines dépourvues de plateau circulaire. M. Bariquancl
Montage circulaire commandé à la main. Montage circulaire à commande mécanique.
Appareil diviseur de MM. Brown et Sharpe.
expose deux formes de ce montage, l’une qui se manœuvre seulement à la main ou à
l’aide d’un levier, l’autre commandée mécaniquement par vis sans fin à débrayage au¬
tomatique, a l’aicle de la lyre dont nous venons de parler. M. Demoor présente un
montage avec vis sans lin, mais manœuvré à la main par manivelle. M. Bariquand a
MACHINES-OUTILS.
115
également un montage à axe horizontal, avec support mobile de contre-pointe, com¬
mandé et débrayable automatiquement comme le précédent.
Nous voyons chez MM. Bariquand, Brown etSharpe, Schultz, Steinlen, des montages
dits appareils diviseurs , qui possèdent deux axes de rotation, l’un vertical ou horizon¬
tal, l’autre normal au précédent et s’inclinant en pivotant autour de lui; ils sont munis
d’un système diviseur formé d’un plateau à trous ou d’un plateau denté avec verrou de
fixation (Bariquand, Steinlen), ou d’un équipage de deux roues échangeables action¬
nant une vis sans fin (Schultz, Steinlen). Une contre-pointe accompagne l’appareil et
est tantôt de hauteur fixe, tantôt de hauteur et d’orientation réglables (Steinlen). Le
mouvement automatique de rotation, pris par équipage de roues sur l’axe de la vis du
chariot supérieur, peut se combiner avec la translation de ce dernier pour produire des
surfaces hélicoïdales. L’appareil diviseur accompagnant le plus fort modèle de machine
verticale de M. Steinlen repose sur un chariot qui se place sur le plateau circulaire
de la machine; ce chariot se manœuvre uniquement à la main et sert pour le réglage
de la position de la pièce, qu’il permet, en particulier, d’excentrer par rapport à l’axe
du plateau circulaire.
Gomme accessoires de machines à fraiser, nous avons encore à signaler les étaux
destinés a fixer sur les machines les pièces de petites et de moyennes dimensions. Us
comprennent ordinairement une semelle avec plateau pivotant gradué, sur lequel se
place l’étau proprement dit et qui se bloque avec réglage de l’orientation de la pièce.
Le mord mobile coulisse sur une glissière en queue d’aronde ou à bords rectangulaires;
il est important que la coulisse du mord ait une grande longueur, et surtout que la vis
de serrage soit placée le plus haut possible, pour s’opposer à la tendance des mords à
s’obliquer par l’effet du serrage. Des mordaches mobiles se rapportent sur les mords,
au moyen de vis qui traversent la longueur de ces derniers; elles reçoivent des formes
appropriées à celles des pièces à serrer. Celles-ci se placent à hauteur convenable à
l’aide de chevalets interposés entre elles et le fond de l’intervalle, entre les mords.
MACHINES HORIZONTALES.
Le modèle de machine horizontale le plus fréquent offre un bâti surmonté d’une
poupée portant la commande principale et l’arbre de la fraise, très analogue à celle
des tours et rapportée de préférence, pour la facilité de la construction; un support
vertical formant chariot, soutenu par une vis quelquefois conduite automatiquement,
surmonté de deux chariots et souvent d’un plateau pivotant , qui peut être sur le chariot
supérieur ou entre les deux chariots (Brown et Sharpe), ou sous le chariot inférieur
(Steinlen), le mouvement automatique pouvant être donné a ces trois organes, mais
étant donné en réalité le plus souvent au chariot supérieur seul. Quand la poupée est
munie d’un harnais d’engrenages, l’arbre auxiliaire est habituellement sur le côté de
l’arbre principal; MM. Brown et Sharpe le placent en dessous, dissimulé dans le bâti.
8.
116
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Dans une de leurs machines de fabrication courante, MM. Brown et Sharpe n’em¬
ploient pas de support de chariot mobile dans le sens vertical; ils donnent le réglage
dans ce sens à l’arbre porte-fraise, qu’ils font pivoter autour de l’arbre de commande
relié au précédent par engrenages, et qu’ils soutiennent du côté opposé au pivot par
une vis reliée par un tourillon à la partie mobile et ayant son écrou sur le bâti.
Dans les petits modèles, on laisse ordinairement la fraise en porte-à-faux ou en l’air,
Machine à fraiser horizontale , sans contre-pointe, de MM. Brown et Sharpe.
suivant l’expression consacrée. Dans les machines plus puissantes, la fraise étant su¬
jette à être reportée assez loin de la poupée, à cause des dimensions des pièces à
usiner, on la soutient par une contre-pointe adaptée à un bras qui se fixe soit sur le
dessus des deux montants de la poupée, soit sur le devant de la poupée (Bariquand).
La partie du bras adaptée à la poupée est cylindrique et se déplace d’après la position
à donner à la contre-pointe; ou bien la partie libre du bras est cylindrique ou façonnée
inférieurement en queue d’aronde, et le support de contre-pointe peut se fixer en un
point quelconque de sa longueur; la contre-pointe se visse dans le support ou dans
MACHINES-OUTILS.
117
une douille rapportée, ou mieux encore elle est lisse et munie dune oreille à écrou
entraîné par une vis fixée au support; parfois, elle est renfermée dans une boîte de
section carrée qui coulisse dans une rainure verticale du support , et maintenue par des
vis de rappel qui servent à la régler en hauteur. Dans tous les cas, il est essentiel que
l’axe de la contre-pointe soit exactement le prolongement de celui de l’arbre de la
fraise.
Une machine de M. Lomont peut servir de machine à aléser; le support des chariots
est très allongé et soutenu en son milieu par une forte vis; un montant se place à l’ex¬
trémité du support et reçoit une
contre-pointe de fraisage ou une
lunette guide de la barre d’alé¬
sage. Dans cette machine, la vis
du support des chariots peut être
commandée automatiquement.
M. Frey expose une machine
de très grandes dimensions, qui
peut aussi servir de machine a
aléser. L’arbre de la fraise est dis¬
posé sur un chariot mobile verti¬
calement le long d’un support qui
coulisse parallèlement à l’arbre,
et tout l’ensemble se déplace nor¬
malement a la direction horizon¬
tale précédente sur une longue
table posée sur le sol; ces trois
mouvements peuvent être com¬
mandés automatiquement; celui
du système inférieur peut se faire
lentement ou rapidement, suivant
qu’on actionne la vis de conduite avec ou sans l’intermédiaire d’une vis sans fin. Une
deuxième table, disposée devant la fraise, reçoit les pièces; elle porte un plateau cir¬
culaire manœuvrable à la main et un support de contre-pointe de fraisage ou de lunette
d’alésage. Nous reprochons aux dispositions de cette machine d’exiger le déplacement
de masses énormes, surtout pour le mouvement principal de chariotage, et d’absorber
de ce fait une notable portion de force; il est vrai de dire qu’elle se prête au travail de
pièces de très grandes dimensions.
M. Hulse expose une machine d’un modèle très spécial, pour fraiser les coulisses de
bielles : il emploie deux outils disposés vis-à-vis l’un de l’autre, suivant le même axe
comprenant entre eux la bielle, qu’ils creusent progressivement par des passes succes¬
sives suivant sa longueur. La pièce est montée entre deux supports de forme appropriée:
Coupe de la machine à fraiser horizontale, sans contre-pointe,
de MM. Crown et Sharpe (p. 116).
118
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
deux poupées, dont les arbres sont munis chacun d’un outil à deux lames, sont disposées
sur des chariots susceptibles de s’avancer l’un vers l’autre automatiquement, grâce à la
taille en sens inverses de leur vis; ces deux chariots sont eux-mêmes portés par un
troisième qui se déplace normalement à leur direction. L’avance , prise sur la com¬
mande générale et réduite à l’aide d’une vis sans fin, est communiquée au chariot
inférieur par un système de deux roues elliptiques, dont la deuxième porte un bouton
de manivelle plus ou moins excentré auquel s’adapte une bielle attachée d’autre part
au chariot; l’objet des roues elliptiques est de compenser, dans une certaine mesure,
les variations de vitesse résultant de l’emploi de l’excentrique. Une came, disposée sur
la deuxième roue elliptique, actionne par cliquet et rochet les vis des deux chariots
supérieurs au commencement de chaque passe. Pour la dernière passe, on débraye
un des deux outils, et la passe se fait avec le deuxième seul.
MACHINES VERTICALES.
Dans les machines verticales, le support de l’arbre de la fraise fait souvent partie
intégrante du bâti; il résulte de cette disposition une difficulté de construction sérieuse,
pour rendre l’axe du logement de l’arbre
exactement parallèle aux surfaces d’appui
antérieure et latérales du support des
chariots; M. Bariquand préfère rapporter
cette partie sur le bâti et la fixer solide¬
ment, après avoir réglé sa position. Dans
bon nombre de machines, le support de
l’arbre est non seulement rapporté, mais
encore il forme chariot dans le sens ver¬
tical et se manœuvre soit seulement à la
main, soit indifféremment à la main ou
automatiquement; il est alors générale¬
ment équilibré. Quelquefois, la partie in¬
férieure du support, correspondant au
tourillon voisin de la fraise, est seule mo¬
bile; l’arbre coulisse par un prolongement
cylindrique dans l’autre partie, qui est
adhérente au bâti. Dans le plus fort mo¬
dèle de M. Steinlen, l’arbre de la fraise
est monté sur un système de deux chariots parallèles équilibrés : l’inférieur sert seule¬
ment pour le réglage de la hauteur de la fraise par rapport à la pièce, dont le sup¬
port n’est pas mobile dans le sens vertical; le supérieur sert pour le déplacement
automatique de la fraise.
MACHINES-OUTILS.
119
Nous ferons remarquer que la mobilité du support de la fraise, surtout quand il est
équilibré, est une cause de faiblesse de la machine; car, quelque bien ajusté que soit
ce support sur ses glissières, il n’a pas moins une tendance au jeu, accentuée par la
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
120
faiblesse relative de sa masse; il forme pendule autour de l’écrou de la vis ou du
pignon de la crémaillère (Smith et Coventry) et est sujet à des vibrations sous l’in¬
fluence des variations de la résistance opposée à la fraise. Il semble toutefois que la
division du support en deux parties, dont une fixe, atténue l’inconvénient que nous
signalons. Quoi qu’il en soit, il convient, toutes les fois que le mouvement du support
ne sert que pour le réglage, de le bloquer quand celui-ci est terminé.
Lorsque le support de la fraise est fixe, celui des chariots est toujours mobile dans
le sens vertical; dans le cas contraire, il est encore parfois mobile et contribue a
augmenter l’étendue de la course en hauteur, mais il est plus souvent fixe et fait partie
de la semelle de la machine, fournissant aux chariots qu’il reçoit une large assise et
une certaine commodité pour le logement de la commande des mouvements.
La fraise étant toujours montée en l’air, on doit éviter de lui donner une saillie
trop grande, capable d’occasionner la flexion du porte-fraise. En raison de ce porte-à-
faux de la fraise, on a souvent reproché aux machines verticales de manquer de puis¬
sance. Nous pensons que ce reproche, qui a pu être vrai, avait une autre raison,
provenant de la construction même, et consistant en un défaut de perpendicularité
des surfaces d’appui longitudinal de l’arbre par rapport à Taxe, d’où il résultait que
l’arbre, entraîné vers le bas par son poids et sollicité vers le haut par la résistance de
la pièce, éprouvait des oscillations très nuisibles dans le sens de son axe; ce fait se
présentait moins dans les machines horizontales, où l’arbre restait appuyé du côté vers
lequel la résistance le poussait. A part ce défaut qu’une bonne construction évite, il
n’y a aucun motif d’infériorité pour les machines verticales, si on les emploie dans des
conditions qui n’exagèrent pas le porte-à-faux de la fraise; elles offrent, par contre,
des avantages très sérieux dans beaucoup de circonstances, notamment pour le dres¬
sage de grandes surfaces par le travail en bout; aussi les voyons -nous dominer dans
la catégorie des machines d’usage général.
Nous avons à signaler quelques dispositions particulières dans les machines verti¬
cales. M.'Hulse forme le support mobile de la fraise d’un long et fort coulisseau de
section carrée, équilibré et maintenu dans son logement par deux chapeaux; il com¬
mande l’arbre de la fraise par un long pignon cylindrique engrenant avec une roue
courte. Nous reconnaissons que le genre de guidage du support, bien exécuté, offre
des garanties sérieuses de solidité et de stabilité pendant le mouvement; mais le mode
de commande par pignon allongé nous paraît critiquable : au bout de quelque temps,
la roue a occupé plus fréquemment certains points de la longueur du pignon; il s’en¬
suit que ce dernier s’use d’une façon inégale et que la portée de la roue se fait d’une
façon très défectueuse sur plusieurs parties, l’engrenage ferraille et fait vibrer l’arbre.
Les maisons Smith et Coventry, Dandoy-Mailliard et Lucq exposent chacune une
machine disposée en forme de machine à raboter : la fraise est montée sur un sup¬
port coulissant le long de la traverse; les trois mouvements, de la table sur le socle,
du support de la fraise sur la traverse et de la traverse le long des montants, sont
MACHINES-OUTILS.
121
commandés automatiquement et sont munis d’un mécanisme de changement de
marche. Chez MM. Smith et Coventry, la table est conduite par crémaillère; chez
MM. Dandoy-Mailliard et Lucq, elle est mue par une vis et est susceptible de deux
vitesses d’avance, qui sont dans le rapport de 1 à 3o, indépendamment des variations
fournies par des cônes à étages, la vitesse réduite étant obtenue par l’intervention
d’une vis sans fin dans la commande.
Dans une machine de la Société d’Albert, les deux mouvements rectangulaires hori¬
zontaux sont donnés à la fraise et sont, d’ailleurs, automatiques. L’ensemble de la
machine a la forme d’un étau-limeur à tête mobile actionnée par vis, le support de la
fraise se déplaçant le long de la tête également par vis; la fraise a, en outre, un
déplacement vertical par chariot de réglage sur son support. La pièce se fixe sur deux
supports à équerre d’étau-limeur disposés le long du banc. La machine possède, en
outre, un dispositif de reproduction sur lequel nous reviendrons plus loin; disons de
suite que, grâce à l’utilisation du débrayage de l’écrou en deux parties de la vis du
chariot formé par la tête, débrayage adapté surtout en vue de la reproduction, on peut
manœuvrer rapidement le chariot a la main à l’aide d’une manivelle et d’un pignon
engrenant directement avec la vis.
MACHINES À ORIENTATION VARIABLE DE L’ARBRE DE LA FRAISE.
Tout d’abord, on peut facilement adjoindre à une machine horizontale la disposi¬
tion des machines verticales : il suffit de rapporter, à la place du bras-support de
contre-pointe, sur les montants de la poupée (Bouhey, Frey) ou sur le devant du bâti
(Bariquand), une tête munie d’un arbre horizontal prenant sa commande par engre¬
nages sur l’arbre de fraise horizontal et actionnant par roues d’angle l’arbre de fraise
vertical.
Le modèle de M. Huré porte en permanence deux arbres de fraise, l’un horizontal,
l’autre vertical, disposés dans deux plans verticaux rectangulaires; la partie fixe du
bâti se termine supérieurement par une sorte de fût avec plate-forme circulaire hori¬
zontale, sur laquelle pivote la tête portant les deux arbres; la réunion des deux par¬
ties se fait par quatre boulons engagés dans une rainure circulaire. Chaque arbre est
muni d’une poulie; deux galets renvoient horizontalement la courroie sur l’arbre ver¬
tical; la courroie venant du renvoi peut passer directement d’un arbre sur l’autre; il en
est de même, avec l’adjonction d’un, tendeur, pour les machines, du même construc¬
teur, qui reçoivent la commande sur un cône â la partie inférieure du bâti et la trans¬
mettent par poulies aux arbres. La commando des chariots est prise sur l’arbre de fraise
et renvoyée par courroie au bas du bâti. M. Huré obtient une réduction de vitesse de la
fraise par rapport à celle de la poulie de commande au moyen de J’emploi d’un train
épicycloïdal : sur le moyeu de la poulie, fou sur l’arbre, est fixé un pignon de 1 8 dents,
qui engrène avec une roue satellite de 27 dents dont l’axe est fou sur un plateau calé
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
122
sur l’arbre; une couronne, interposée entre la poulie et le plateau, est taillée intérieure¬
ment de 72 dents et engrène avec la roue satellite; elle peut être à volonté, par la
manœuvre d’un verrou, reliée à la poulie pour la marche à la volée, ou fixée au bâti
et rendue immobile pour la marche à vitesse réduite. Le train épicycloïdal est consti¬
tué par le pignon du moyeu de la poulie, la couronne dentée et le plateau formant
levier, la roue satellite servant d’intermédiaire. On trouve facilement que la vitesse de
la marche par les engrenages est à celle de la marche à la volée dans le rapport de
1 a b.
On donne souvent à l’arbre de la fraise la possibilité de s’orienter sous toutes les
inclinaisons possibles dans un même plan vertical, en montant la tête rapportée des
machines verticales sur une plate-forme, sur laquelle elle se fixe par boulons engagés
dans une rainure circulaire concentrique a l’arbre horizontal qui communique le mou¬
vement à l’arbre de la fraise par roues d’angle. On peut ainsi utiliser une même
fraise, cylindrique par exemple, pour faire des surfaces d’inclinaison variable sur une
pièce , sans la démonter ; toutefois on ne peut se servir à cet effet que du mouvement du
chariot perpendiculaire au plan d’orientation de la fraise, qui a ordinairement la plus
faible amplitude, et de celui du plateau circulaire, quand ce dernier est disposé tout
au moins sous un des chariots. Un inconvénient de la plupart des machines est que
l’axe du pivotement de l’arbre de la fraise se trouve vers le milieu de sa longueur, de
sorte cpie la fraise en est assez éloignée, et que, pour une inclinaison assez faible, elle
est de suite rejetée fortement en dehors du plan vertical de symétrie du support des
chariots.
Dans une de ses machines, la Société d’Albert combine la disposition précédente
avec celle de M. Huré, en faisant pivoter la partie supérieure du bâti et lui adjoignant
deux arbres de fraise, l’un horizontal, l’autre orientable sur une plate-forme verticale ;
l’axe de l’arbre horizontal et l’axe d’orientation du deuxième arbre sont dans un même
plan vertical. Cette machine offre de nombreuses facilités pour la position de la fraise;
elle permet, en particulier, d’incliner le deuxième arbre et de l’amener en dehors du
plan vertical de symétrie du support des chariots, et comme, déplus, le chariot supé¬
rieur est monté sur le plateau circulaire, on peut orienter ce chariot pour l’utiliser
avec toute sa course. Enfin le pivotement de la partie supérieure du bâti permet par¬
fois d’éviter, avec l’emploi de l’arbre incliné, de donner à la pièce a usiner une posi¬
tion latérale qui la mettrait trop en porte-à-faux. Dans cette machine, la transmission
du mouvement de rotation à l’un ou à l’autre arbre de fraise se fait par arbres concen¬
triques aux axes de pivotement et par roues d’angle.
M. Prétot dispose la plate-forme verticale pour l’orientation de l’arbre de la fraise
dans un plan parallèle au plan de symétrie du support des chariots, ce qui lui donne
toute facilité d’utiliser le chariot supérieur allongé avec l’inclinaison de l’arbre de la
fraise. Il réduit la plate-forme verticale à un quart de cercle dont les rayons extrêmes
sont l’un horizontal, l’autre vertical et dirigé de bas en haut; le support de l’arbre de
MACHINES-OUTILS.
123
la fraise est une douille s’appuyant par deux méplats sur le sommet de l’angle du
secteur, autour duquel elle pivote, et sur le bord de la couronne, auquel elle se fixe
par boulon traversant une rainure circulaire. La fraise peut ainsi être disposée tout
près de l’axe de pivotement de son arbre; celui-ci se place aussi bien horizontalement
que verticalement, et la machine est alors dans les mêmes conditions qu’une machine
horizontale ou qu’une machine verticale ordinaire; entre ces deux positions extrêmes,
l’arbre prend tous les degrés d’inclinaison désirables. Le chariot supérieur est placé sur
le plateau circulaire. Ces dispositions donnent éminemment à la machine le caractère
d’universalité d’emploi; on y trouve encore quelques particularités que nous signalerons.
La commande est donnée à la machine par un cône dont l’axe est à mi-hauteur du
bâti et dans le plan vertical d’orientation de l’arbre de la fraise, et elle est transmise a
l’extrémité de celui-ci par poulies et courroie; la courroie venant de l’arbre du cône
descend sur deux galets tendeurs dont la hauteur est réglable le long du bâti, et re¬
monte sur deux autres galets tendeurs adaptés à un support fixé sur la douille de
l’arbre de la fraise, desquels elle se rend à la poulie de cet arbre. L’arbre de la fraise
peut être commandé à la volée ou à vitesse réduite, soit, dans un modèle, par un har¬
nais d’engrenages avec axe auxiliaire porté par la douille, soit, dans un autre modèle,
\n
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
par un train épicycloïdal monté sur les deux faces de la poulie et composé ainsi qu’il
suit : du côté de la face intérieure de la poulie sont deux roues égales, lune folle sur
l’arbre, T autre satellite de la première et fixée sur un axe fou traversant la poulie; du
côté de la face extérieure sont également deux roues, l’une de 3o dents calée sur
l’arbre , l’autre de t 8 dents montée sur l’axe du premier satellite et elle-même satel¬
lite de la précédente. Si l’on fixe à la poulie la roue extérieure concentrique à l’arbre,
la roue intérieure correspondante restant folle, on a la marche à la volée; si, au
contraire , on sépare la roue extérieure de la poulie et qu’on rende la roue intérieure
immobile en la reliant à la douille de l’arbre, on a la marche réduite, dont la vitesse
est, d’après les données, les deux cinquièmes de la vitesse de la marche a la volée.
Dans son plus fort modèle, M. Prétot manœuvre la douille de l’arbre de la fraise
sur le secteur au moyen d’une vis actionnée par manivelle et roue d’angle, pivolantpar
sa bride sur l’axe de la manivelle, avec écrou pivotant lui-même sur l’axe du boulon
de réunion de la douille au secteur. La console support des chariots est soutenue par
un système de deux vis dont l’une est intérieure à l’autre, qui forme écrou, la vis inté¬
rieure étant reliée a la console, l’écrou de la vis extérieure étant fixé à la semelle; par
ce moyen, la hauteur de l’écrou fixe peut être notablement réduite et la course de la
console augmentée d’autant. Enfin, pour la taille des fraises, M. Prétot substitue à la
douille porte-fraise un appareil à levier, dont nous parlerons plus tard; il peut même
lui substituer un bras supportant une tête de machine à mortaiser; seulement, dans ce
dernier cas, il ne peut utiliser rationnellement l’avance automatique des chariots, qui
est continue. Il est d’ailleurs évident que ces dispositifs accessoires ne conviennent qu’à
de petits ateliers n’ayant à les employer qu’accidentellement.
La Société d’Albert a disposé une de ses machines, comme M. Prétot, de façon que
le plan vertical d’orientation de l’arbre de la fraise fût parallèle au plan de symétrie du
support des chariots, mais elle transmet le mouvement à l’arbre à la façon ordinaire,
par roues d’angle; elle a seulement supprimé une partie du bas de la plate-forme
d’appui de l’arbre, afin de rapprocher le plus possible la fraise de l’axe d’orientation.
MM. Bouhey exposent une machine très puissante, dans laquelle le support de la
fraise coulisse le long d’un bras horizontal analogue à celui des machines à percer
radiales, mais n’ayant pas toutefois le mouvement radial. Ce support possède lui-
même un deuxième chariot vertical et une plate-forme d’orientation sur laquelle est
monté l’arbre de la fraise; un chariot, dont les glissières, normales à la longueur du
bras, sont dans un plan vertical, supporte un plateau circulaire sur lequel se place la
pièce à usiner ; les quatre mouvements ainsi obtenus peuvent être conduits automati¬
quement. Cette machine est également munie d’un dispositif de reproduction, sur lequel
nous reviendrons,
Nous rappellerons ici la machine radiale de la Société d’Albert, dont nous avons
parlé au sujet des machines à aléser.
AL Steinlen a ajouté à une forte machine à raboter des dispositifs de fraisage; il
MACHINES-OUTILS.
125
remplace les supports d’outils à raboter, au nombre de trois, par un même nombre
de supports de fraise possédant également un mouvement de déplacement le long de
la traverse ou d’un montant, un mouvement perpendiculaire au précédent et disposé
sur le support même, tous deux automatiques, et un mouvement de pivotement de
l’arbre de fraise sur un plateau circulaire réglable à la main; en outre, la table reçoit
un mouvement ralenti d’avance. La commande générale de la machine pour le fraisage
est indépendante de celle du rabotage; le mouvement est communiqué à la fraise par
engrenages et par des arbres disposés le long d’un montant et de la traverse; la com¬
mande des mouvements de la table et des supports de fraise aboutit aux organes de
commande des mouvements analogues du rabotage après les rochets, de façon à ne pas
faire intervenir ces derniers.
MACHINES À REPRODUIRE.
La reproduction, exigeant la confection d’un gabarit, sauf dans le cas très rare ou
l’on peut se servir comme modèle d’une pièce existante, n’est pratiquement applicable
que quand on a à exécuter un certain nombre de pièces semblables ; elle procure alors
une identité complète de formes. Son utilité pourrait être contestée pour les cas où il
est possible d’employer une fraise de forme; nous n’hésitons pas à nous déclarer en
faveur de son emploi, au moins quand il s’agit d’un travail de finissage; nous dirons
même qu’elle est avantageuse pour le fraisage de surfaces absolument planes, au point
de vue de la propreté et de la précision du travail. En effet, dans le fraisage ordinaire,
les chariots ne sont jamais absolument sans jeu, les variations de résistance les dé¬
placent et occasionnent des trépidations qui se traduisent par des piqûres des dents
de la fraise, du broutage et des irrégularités; au contraire, dans la reproduction, la
pression produite sur le gabarit, à condition qu’elle soit suffisante, applique constam¬
ment les chariots du même côté sur leurs glissières et, s’il se développe une tendance
au déplacement, la présence de la pression, par le fait même quelle ne s’oppose pas
complètement au mouvement, la détruit vite et amortit les vibrations.
Nous supposons que, dans les divers cas de reproduction, la fraise travaille par sa
surface latérale. Nous devons ajouter que les avantages de la reproduction ne s’obtien¬
nent sûrement que si tous les mouvements s’en font automatiquement et si la pression
est indépendante de la main de l’homme; la conduite à la main, sujette à des causes
de variations de toute nature, ne peut donner que des résultats incertains. Cependant
on peut encore avoir des surfaces d’une netteté suffisante, à la condition que le dépla¬
cement principal soit automatique, la pression sur le chariot reproducteur étant donnée
a la main; les dimensions pourront seulement être altérées. La main est même souvent
obligée d’intervenir à la montée et à la descente des fortes rampes du gabarit, quand
on n’emploie qu’un seul chariot reproducteur, pour aider ou modérer l’action du poids
ou du ressort qui produit la pression.
126
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Le mode le plus simple de reproduction, pour les surfaces dont les génératrices sont
sensiblement parallèles entre elles, comprend un seul gabarit avec une touche et deux
mouvements rectangulaires, Tun arbitraire, le plus souvent de vitesse uniforme, l’autre
de vitesse et de sens imposés par la forme du gabarit. Si Ton suppose la fraise et la
touche fixes et de même diamètre, au moins dans leur section moyenne, la forme du
gabarit sera celle de la pièce à obtenir et lui sera parallèle, mais on voit de suite que
si , le diamètre de la touche restant le même , celui de la fraise varie , la forme de la
pièce pourra différer de celle du gabarit; d’où la nécessité de ne jamais s’écarter beau¬
coup, pour le diamètre de la fraise, de la valeur convenable, surtout quand on a à
faire des profils assez accidentés. La fraise étant fixe, on peut fixer le gabarit et donner
la mobilité à la touche : à égalité de diamètres de la fraise et de la touche , la forme du
gabarit sera encore celle de la pièce, mais placée symétriquement par rapport au mi¬
lieu de la droite joignant la fraise et la touche, quand toutes deux se trouvent sur la
normale à la direction du mouvement uniforme. La fraise peut avoir Tun des deux mou¬
vements; on retombe dans Tun ou l’autre des deux cas précédents, suivant que la
touche participe ou non au mouvement de la fraise. On remplace quelquefois le mou¬
vement uniforme de translation par un mouvement de rotation; mais alors la touche
est toujours rattachée à la fraise, et les courbes de la pièce et du gabarit sont sensi¬
blement équidistantes en tous leurs points suivant des rayons du plateau de rotation, si
Ton a soin de mettre les axes de la fraise, de la touche et du plateau dans le même plan.
Si le profil des pièces est très accidenté, les modes précédents de reproduction de¬
viennent d’une application difficile et incertaine : la touche ne peut gravir les fortes
rampes du gabarit, la vitesse de la fraise, mesurée le long du profil, s’accélère notable¬
ment et sa résistance croît proportionnellement. Si Ton s’astreint à maintenir constants
les diamètres de la fraise et de la touche, on peut rendre variables les vitesses de dépla-
ment suivant les deux directions, en employant deux gabarits et deux touches, comme
le fait la Société d’Albert; mais l’obligation de maintenir constant le diamètre de la
fraise, sous peine de renoncer a l’identité des surfaces obtenues, rend le procédé dé¬
licat et coûteux; il est cependant encore possible d’assurer l’emploi de la reproduction,
mais en faisant intervenir de nouveaux mouvements et en s’astreignant à mettre tou¬
jours les droites joignant les axes de la fraise et de la touche sur la normale au point
attaqué de la surface; nous n’insisterons pas sur ces procédés dont nous n’avons pas
d’exemple à l’Exposition, et qui ne sont applicables qu’a la fabrication courante. Pour
les mêmes raisons, nous ne nous occuperons pas de la reproduction des surfaces dont
les génératrices ont des orientations variables.
Les machines verticales se transforment facilement en machines a reproduire.
MM. Bouhey, Fétu-Defize, Smith et Goventry, la Société alsacienne et la Société d’Al¬
bert séparent la vis du chariot inférieur horizontal de son écrou, qui est en deux par¬
ties s’ouvrant simultanément, et adaptent à ce chariot une crémaillère, dont Taxe du
pignon est actionné dans le sens convenable par un poids réglable en position sur un
MACHINES-OUTILS.
127
levier; un gabarit et un galet sont fixés l’un sur le chariot supérieur, l’autre sur la glis¬
sière fixe du chariot inférieur, et sont maintenus en contact par faction du poids. Le
galet est monté dans une coulisse ou sur un petit chariot qui permet de régler sa
distance à la fraise, mesurée entre les génératrices de contact, d’après la distance des
points correspondants du gabarit et de la surface à obtenir; on peut, au moyen de ce
réglage, faire l’opération en plusieurs passes. Le déplacement du chariot inférieur se
produit d’après la forme donnée au gabarit, pendant que le chariot supérieur en¬
traîne la pièce d’un mouvement uniforme. Le mouvement uniforme peut être donné
aussi au plateau circulaire, pour reproduire des pièces très courbes, a condition qu’on
mette le gabarit sur ce plateau, le galet étant sur la glissière du chariot inférieur.
Dans la grande machine à bras support de fraise de MM. Bouhey, c’est le support
monté sur ce bras qui est rendu libre; c’est aussi lui qui porte le galet, ainsi que le
pignon actionné par le poids, tandis que la crémaillère est fixée au bras; le gabarit
est sur le chariot porte-pièce.
Dans sa machine verticale en forme d’étau-limeur, la Société d’Albert emploie
comme reproducteur le chariot monté sur la tête mobile; ce chariot porte le galet en
même temps que la fraise; le gabarit est fixé avec la pièce sur les supports en équerre
du banc.
Une autre machine, de forme ordinaire, de la Société d’Albert possède un deuxième
chariot reproducteur disposé sur le chariot supérieur parallèlement à celui-ci, par
suite a angle droit avec le premier chariot reproducteur; il porte le plateau circulaire
et le galet-touche; sur sa glissière est un pivot vertical, qui reçoit de l’axe du plateau
circulaire un mouvement de rotation de même vitesse au moyen d’un engrenage et
sur lequel se monte un gabarit. Le deuxième chariot reproducteur ne sert donc qu’avec
l’emploi du mouvement auto¬
matique du plateau circulaire;
alors l’utilisation simultanée des
deux directions de reproduc¬
tion permet de franchir les plus
fortes rampes du profil de la
pièce, et même de rendre ré¬
gulière la vitesse d’avance re¬
lative de la fraise le long de ce
profil, condition excellente pour
un bon travail.
Au lieu de se servir comme
reproducteur cl’un des chariots
de la machine, M. Bariquand
rapporte sur le chariot supérieur un montage, dont la semelle est munie d’une vis à
six filets actionnée par un poids; l’écrou de la vis entraîne normalement à la direction
Appareil à reproduire pour machine verticale de M. Bariquand.
I 28
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Appareil à reproduire pour machine horizontale
de M. Bariquand.
du chariot supérieur un chariot portant la pièce et le gabarit; la touche est fixée a la
tête du bâti en arrière de la fraise; elle est conique et fixée par des écrous, de sorte
qu’en la montant ou la descendant , on fait varier la distance de son point moyen de
contact avec le gabarit au point moyen de contact de la fraise avec la pièce.
M. Bariquand applique la reproduction automatique aux machines horizontales, en
rapportant également sur le chariot supérieur un montage muni d’un chariot reproduc¬
teur vertical, qui reçoit la pièce à usiner
et qui est actionné par une vis à pas al¬
longé et par un poids; le gabarit est dis¬
posé sur ce petit chariot, tandis que le
galet-touche est fixé sur le chariot infé¬
rieur de la machine. Dans un autre mo¬
dèle, la reproduction se fait à la main;
le montage comprend, outre le chariot
vertical, un deuxième chariot horizontal,
dont la semelle se fixe sur le chariot su¬
périeur de la machine; les deux chariots du montage sont conduits, le chariot hori¬
zontal à l’aide d’une manivelle, le chariot vertical reproducteur à l’aide d’un levier,
par lequel on appuie le gabarit sur le galet; celui-ci est alors disposé sur le chariot
supérieur, devenu fixe, de la machine.
La Société alsacienne expose une machine verticale d’un modèle fréquemment em¬
ployé à l’étranger, sous le nom de machine à profiler. La forme générale est celle d’une
machine a raboter avec table recevant la pièce et le gabarit, reposant sur des
glissières de section trapézoïdale et conduite automatiquement par crémaillère, tra¬
verse horizontale réglable en hauteur par vis enfermées dans les montants et mues si¬
multanément, support de fraise et de touche se déplaçant le long de la traverse et
muni d’un coulisseau vertical équilibré, mobile â la main par levier ou se fixant à hau¬
teur convenable, quand la position de la fraise est réglée. Ce support possède à sa partie
inférieure une crémaillère engrenant avec un pignon que l’on actionne à la main par
manivelle, pour la reproduction; la crémaillère et le pignon sont formés chacun de
deux parties assemblées parallèlement avec réglage, en vue d’éviter tout jeu entre les
deux pièces. Ainsi donc, pour reproduire, pendant que la table portant la pièce et le
gabarit se meut automatiquement d’un mouvement uniforme, l’ouvrier presse sur la
manivelle de l’axe du pignon de crémaillère et maintient la touche, qui est disposée
sur le coulisseau parallèlement à l’arbre de la fraise, constamment appuyée sur le ga¬
barit. Le coulisseau porte deux arbres de fraise parallèles commandés l’un par l’autre
par roues égales ou de diamètres différents, et donnant la facilité de travailler avec deux
fraises sur les deux côtés d’une même pièce ou, en travaillant avec une seule fraise, de
donner à celle-ci des diamètres variables avec vitesse circonférentielle sensiblement
constante. L’un des arbres reçoit sur un tambour le mouvement de rotation d’une
MACHINES-OUTILS.
129
courroie demi-croisée venant d’un long tambour horizontal disposé à l’extrémité du
banc avec hauteur réglable sur des montants. La commande générale de la machine a
lieu par un cône à étages, de l’axe duquel elle est transmise à la fraise par le tambour
et à la table par des engrenages et un mécanisme d’arrêt et de changement de marche.
Le support de fraise adapté à la traverse peut aussi être conduit automatiquement pour
le fraisage ordinaire; sa commande est alors dérivée de celle de la table et aboutit à
l’axe du pignon de la crémaillère.
En dehors du montage manœuvré à la main, de M. Bariquand, les machines précé¬
dentes offrent l’inconvénient assez sérieux d’interposer entre le chariot reproducteur et
le poids tendeur une série d’engrenages, de cliquets et leviers qui, par le jeu qu’ils ont
entre eux, parle frottement qu’ils éprouvent les uns sur les autres et par leur élasti-
Machine à reproduire à battant de M. Steinlen.
cité même, rendent l’action du poids plus ou moins paresseuse et le font agir quelque¬
fois par secousses. Cet inconvénient est évité dans une machine de M. Steinlein, du
type des machines dites articulées, ou le poids agit directement sur le gabarit. L’arbre
horizontal de la fraise est adapté vers Textrémité d’un levier, ou battant, suffisamment
9
Groi:pe VI. — iv.
IMPRIMERIE NATIONALE.
130
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
lourd, qui pivote par son autre extrémité autour d’un axe fixe parallèle à l’arbre; un
contre-poids, porté par une tringle prolongeant le battant au delà de Taxe, sert au
besoin, pour des travaux légers, à équilibrer une partie du poids du battant; le
galet-toucbe est disposé au-dessus de la fraise dans un plan normal à la longueur du
battant et dans une rainure qui permet de régler sa distance à la fraise. L’axe de pivo¬
tement du battant est supporté par deux montants fixés sur la table du bâti, qui reçoit
d’autre part le montage de la pièce à usiner et le gabarit. Dans le cas présent, la ma¬
chine étant destinée à faire des surfaces de contour moyen circulaire, le montage est
constitué par une poupée avec un axe horizontal de rotation; sa position se règle paral¬
lèlement à l’arbre de la fraise, par des rainures à boulons, sur une semelle qui se règle
de la même façon sur la table dans le sens perpendiculaire; la pièce se monte sur un
plateau ou un mandrin à l’extrémité de l’axe de la poupée, et en arrière d’elle se fixe
le gabarit suc le même axe. La commande générale est donnée par poulies fixe et folle
sur Taxe de pivotement du battant; elle est renvoyée par poulies à l’arbre de la fraise,
et par cônes, vis sans fin débrayable et engrenages à Taxe de la poupée. Le débrayage
automatique produit l’arrêt complet de la machine et s’opère par le passage de la cour¬
roie de commande de la poulie fixe sur la poulie folle; à cet effet, la roue, par laquelle
l’axe de la poupée reçoit le mouvement, porte une butée réglable en position dans une
rainure circulaire; la butée, rencontrant un levier enclanché avec la fourche de dé¬
brayage, rend libre cette dernière qui, obéissant à l’action d’un ressort, passe à hau¬
teur de la poulie folle.
MACHINES SPÉCIALES.
Nous réunissons, sous le titre de machines spéciales, des machines construites princi¬
palement en vue de travaux de nature déterminée , soit que leur emploi doive procurer
une économie notable, soit que les machines d’usage général ne se prêtent pas com¬
modément à l’exécution des travaux. Le nombre des machines à fraiser spéciales est
déjà grand et le deviendra évidemment de plus en plus, à mesure que les divers genres
d’industrie travaillant les métaux se développeront; nous ne les trouvons représentées
à l’Exposition que dans une très faible proportion; toutefois celles qui sont exposées
offrent un certain intérêt au point de vue soit de futilité, soit de l’instruction générale;
nous les examinerons en accordant à chacune d’elles l’importance qu’elle mérite à cet
égard. Ces machines sont les suivantes :
Machines à tailler les fraises ;
Machines à tailler les forets en hélice ;
Machines à tailler les roues d’engrenages ;
Machines à fraiser les têtes de boulons et les écrous;
Machine à fraiser les lames d’épées-baïonnettes.
Machines à tailler les fraises. — Ces machines offrent les modèles les plus simples ,
MACHINES-OUTILS.
131
comme les plus compliqués, suivant qu’on s’est proposé de produire les mouvements à
la main ou automatiquement, de faire le devant des dents sensiblement plan, ou héli¬
coïdal ou même d’un pas variable. La fraise à tailler se monte sur une poupée avec pla¬
teau à toc, contre-pointe et diviseur à trous, à crans, à équipages de roues (Steinlen) ; la
division se fait en général à la main, sauf dans la machine de la Société alsacienne, où
elle se fait automatiquement. Toutes les machines sont à reproduire ; dans celles où
les deux mouvements nécessaires pour la reproduction se font à la main (Bariquand,
Demoor, Huré, Hurtu et Hautin), on se sert d’un levier supportant la fraise taillante,
ou papillon, et le galet-touche; un levier semblable , avec mêmes dispositions de fraise et
de touche, est employé pour donner la pression sur le gabarit, dans les machines dans
lesquelles l’un des mouvements est automatique (Bouhey, Frey, Huré, Prétot); quand
les deux mouvements sont automatiques, le chariot reproducteur est actionné par un
poids (Société alsacienne, Steinlen).
Dans les machines de M. Bariquand et de MM. Hurtu et Hautin, le levier est arti¬
culé à une extrémité avec une sorte de joint universel, dont Taxe fixe, monté sur la
table, est vertical. L’arbre du papillon et le galet, à axes parallèles horizontaux, sont
adaptés au levier, chez MM. Hurtu et Hautin, par un support unique, qui a un peu de
réglage suivant la longueur; le galet cylindrique est réglable en hauteur; chez M. Bari¬
quand, les supports du papillon et du galet, qui est conique, sont inégalement distants
du point d’articulation, de façon à permettre l’amplification du gabarit, et sont tous
deux réglables suivant la longueur. La poupée qui reçoit la fraise à tailler et le support
du gabarit sont fixés directement sur la table. Les deux machines ont des modes d’ac¬
tion notablement différents : dans celle de MM. Hurtu et Hautin, le poids du levier est
en grande partie équilibré par un contrepoids disposé au delà du point d’articulation,
en sorte que l’ouvrier doit appuyer sur le levier pour maintenir le galet sur le gabarit;
dans celle de M. Bariquand, le levier est assez lourd et n’est pas équilibré, l’ouvrier
doit plutôt le soulever pour gravir les rampes du gabarit. Ce genre de machine con¬
vient à la taille, sans forme hélicoïdale des dents, des fraises de profil quelconque,
même très accidenté, mais de peu de longueur : le devant de la dent taillée prend en
effet une forme légèrement sphérique, qui est apparente, malgré la grande distance du
papillon au point d’articulation du levier, sur les fraises quelque peu longues.
Le modèle le plus simple de M. Huré diffère principalement des précédents en ce
que le levier, portant encore un galet réglable en hauteur, ne supporte pas directement
le papillon, mais est relié par joint sphérique, ou rotule, à un chariot vertical qui reçoit
l’arbre du papillon, et dont le support coulisse lui-même horizontalement sur une se¬
melle fixée à la table; ce moyen nécessite un peu de jeu dans le joint à rotule; il
offre l’avantage de maintenir constantes la direction de l’arbre du papillon et la posi¬
tion du plan vertical d’une quelconque de ses sections normales à l’arbre, et par suite
de permettre la taille de fraises de longueur assez grande. Le levier est équilibré.
La machine de M. Demoor ressemble beaucoup, comme dispositions de principe,
9*
132
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
à celle de M. Hure; toutefois le galet est placé sur le chariot du papillon, ce qui éli¬
mine toute cause d’écart dans la forme à obtenir, pouvant provenir de la flexibilité du
levier et du jeu de son assemblage avec le chariot.
Nous arrivons aux machines dans lesquelles l’un des mouvements est produit auto¬
matiquement. On ajoute généralement à ces machines un dispositif pour la taille des
dents en hélice, qui oblige de donner à la fraise à tailler un mouvement de rotation
dépendant, d’après une certaine loi, de son mouvement de translation, et d’incliner son
axe par rapport au plan normal à l’arbre du papillon d’un angle correspondant à l’in¬
clinaison de l’hélice extérieure de la dent. On remarquera que la section de l’intervalle
de deux dents, prise comme on voudra, ne peut jamais reproduire le profil du papil¬
lon et est toujours plus grande; considérons en particulier la portion du papillon qui
produit le devant de la dent, et prenons-la sous sa forme la plus simple et la plus
usitée, celle d’un plan; comme tout plan, même tangent, coupe une surface hélicoï¬
dale, si Ton veut que la partie arrière de la tranche plane du papillon ne recoupe pas
la surface faite par la partie avant, en un mot ne talonne pas, on est obligé de l’obli¬
quer légèrement sur la tangente à l’hélice au point considéré et de lui donner par
rapport à Taxe de la fraise à tailler une inclinaison un peu moindre que celle de l’hé¬
lice extérieure; comme, d’ailleurs, l’inclinaison de Thélice extérieure varie avec le dia¬
mètre, au moins pour la taille à pas constant, on devra prendre comme maximum
d’inclinaison du papillon Tangle de Thélice prise sur le plus petit diamètre. Pour les
fraises cylindriques, on peut éviter cette désorientation du papillon, en remplaçant sa
tranche plane par un cône très aplati, dont la convexité supprime le talonnement; il
faut seulement porter le sommet de la section axiale du papillon en avant du plan pas¬
sant par Taxe de la fraise a tailler et normal à Taxe du papillon, pour que les généra¬
trices de la surface produite passent toujours par Taxe de la fraise; ce procédé ne
pourrait être applicable aux fraises à profil qu’à la condition de faire varier le déplace¬
ment du papillon sur la longueur d’une même dent d’après le diamètre en chaque
point.
M. Huré, conservant son levier porte-galet et les deux chariots qui portent le papil¬
lon, adjoint au bâti, pour recevoir la pièce et le gabarit, une console de machine
d’usage général; la console, soutenue par une vis, se déplace verticalement et est munie
de deux chariots horizontaux, séparés par un plateau circulaire gradué; le chariot su¬
périeur est conduit automatiquement, entraînant la poupée avec diviseur et le gabarit.
L’axe de la poupée peut être mis en relation avec celui de la vis du chariot pour la
commande du mouvement hélicoïdal. La taille des dents dont le devant est plan peut
se faire en utilisant à la fois le mouvement du chariot automatique et le mouvement à
la main du chariot horizontal du levier, pour ralentir l’avance sur les rampes rapides
du profil de la dent; mais, pour la taille en hélice, il est indispensable de fixer le cha¬
riot horizontal du levier.
La machine de M. Frey est construite d’après des principes analogues à ceux de la
MACHINES-OUTILS.
133
précédente, tout en en différant notablement par les détails; en particulier, le chariot
vertical du levier, au lieu d’être parallèle à la position moyenne de ce dernier, lui est
perpendiculaire, disposition qui oblige de mettre le papillon plus en Tair.
M. Prétot fixe sur le secteur de sa machine universelle un long bras, à une extrémité
duquel il attache un levier non équilibré par l’axe horizontal d’un joint universel dont
l’autre axe est vertical; le levier supporte vers le milieu de sa longueur le papillon, au¬
quel un arbre auxiliaire donne le mouvement pris sur la commande de la machine, et
à son autre extrémité un galet conique réglable en position; le gabarit est monté sur
le chariot supérieur de la machine. La machine se trouve alors dans des conditions
analogues à celles de M. Bariquand, disposant en outre d’une commande automatique
pour la fraise à tailler, et pouvant tailler en hélice. Une console, adaptée au bras à hau¬
teur du galet, reçoit le levier au repos.
MM. Bouhey suppriment le chariot horizontal du papillon; ils disposent sur la par¬
tie saillante d’un fort montant, recourbé en forme d’un demi S, un premier chariot ver¬
tical, qui sert simplement pour régler à la main la hauteur moyenne du papillon;
sur ce chariot est un deuxième chariot parallèle, mais placé sur le côté du montant,
de manière à se trouver au-dessus d’un espace bien dégagé, portant l’arbre horizontal
du papillon et un galet réglable en hauteur; il est équilibré, et un levier monté sur
un axe horizontal fixé au premier chariot sert à le manœuvrer et à appuyer le galet
sur le gabarit. Sur la table fixe du bâti, sont deux chariots horizontaux séparés par un
plateau circulaire gradué; une poupée avec diviseur et contre-pointe, portant la fraise
à tailler, est placée sur le chariot supérieur et peut être actionnée, pour la taille en hélice,
par un équipage de roues commandé par la vis du chariot. Sur le bord du même
chariot, face au montant, est disposé un nouveau chariot horizontal, dont le plan des
glissières est vertical : c’est sur lui que se place le gabarit; sa vis est reliée à celle du
chariot supérieur par un équipage de roues, au moyen duquel on peut amplifier à vo¬
lonté la vitesse relative du gabarit par rapport à celle de la fraise â tailler, de manière
que le galet puisse toujours franchir les rampes ainsi allongées du gabarit, l’ouvrier
n’ayant qu’à appuyer sur le levier pour maintenir dans tous les cas le contact du galet
et du gabarit. MM. Bouhey font de cette machine, qui est puissante, une machine
à fraiser universelle, en substituant au chariot reproducteur du papillon un chariot
muni d’une plate-forme verticale pour l’orientation de l’arbre de la fraise; le chariot in¬
férieur de la table peut d’ailleurs être commandé automatiquement.
La machine système Bonnaz, construite par.M. Duval, comporte deux modes d’em¬
ploi distincts, l’un fonctionnant entièrement à la main pour les fraises de forme, l’autre
fonctionnant automatiquement pour les fraises cylindriques à dents droites ou en hé¬
lice; elle a été imaginée surtout en vue du premier mode cfemploi, l’autre ne lui
ayant été ajouté que pour l’utilisation facile d’une partie de ses organes avec l’addition
d’un petit nombre d’autres; nous allons examiner cl’abord le dispositif correspondant
à ce premier mode, dont le principe repose sur l’emploi d’un seul gabarit très agrandi,
13/i
EXPOSITION UNIVEPiSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
pouvant servir à tailler toutes les fraises pour lesquelles les ordonnées du profil géné¬
rateur varient suivant une loi linéaire , les abscisses restant les mêmes.
L’arbre du papillon est vertical et peut se déplacer horizontalement d’une façon
quelconque ; les deux déplacements composants sont obtenus a l’aide de deux leviers:
l’un tourne par une de ses extrémités autour d’un pivot vertical monté sur la table du
bâti et repose par l’autre extrémité sur une voie circulaire adaptée à la table et sup¬
portant aussi le gabarit disposé horizontalement; l’autre, sensiblement normal au pré¬
cédent, tourne autour d’un pivot également vertical, fixé sur celui-ci en un point assez
éloigné de sa direction générale. Le support du papillon est réuni aux deux leviers
par une glissière coulissant sur le premier suivant sa longueur, et par un bouton porté
par un petit chariot qui glisse sur le deuxième et se fixe à une distance réglable de son
pivot; une graduation sert a mesurer cette distance. L’arbre vertical du papillon est
monté sur un chariot coulissant le long du support parallèlement à la direction du pre¬
mier levier, et sa position est également indiquée par une graduation. Enfin une bielle
reliée par un axe au deuxième levier, et guidée d’autre part à l’aide d’un deuxième axe
qui coulisse dans une rainure du support du papillon, porte à son extrémité un galet
coniqué réglable en hauteur le long de son axe vertical, ce dernier se trouvant sur
l’alignement de Taxe de l’arbre du papillon et du pivot du premier levier. On voit ainsi
que, Taxe de la fraise à tailler étant horizontal et parallèle à la position moyenne du
premier levier, le rapport entre les déplacements du papillon parallèlement à Taxe de la
fraise à tailler et les abscisses du gabarit, mesurées dans le même sens, est égal au rap¬
port des distances respectives du pivot du premier levier à Taxe du papillon et au gaba¬
rit, et que le rapport entre les déplacements du papillon et les ordonnées du gabarit,
mesurés dans le sens normal au précédent , est égal au rapport des distances respectives
du pivot du deuxième levier au bouton par lequel il conduit le support du papillon et à
son axe d’articulation avec la bielle porte-galet. Les graduations repérant les positions
du chariot du papillon et du chariot du bouton indiquent précisément ces rapports et,
par suite, l’amplification du gabarit, ou inversement la réduction des coordonnées du
profil générateur de la fraise à tailler; il est donc facile de faire varier ces dernières,
sans changer de gabarit. Mais on peut en outre, laissant les abscisses du gabarit
constantes, faire varier les ordonnées, en l’inclinant autour d’un axe parallèle à la di¬
rection des abscisses; l’effet est accru par le double fait de l’inclinaison du gabarit et
de la forme conique du galet; c’est ainsi qu’avec une règle droite comme gabarit, on
peut produire une infinité de cônes, à l’aide de ce simple mouvement d’orientation.
La poupée diviseur, portant la fraise à tailler, est montée sur deux chariots horizon¬
taux disposés sur la table. Le réglage en hauteur du papillon se fait par son arbre
même.
La taille automatique des fraises se fait à l’aide du mouvement donné au chariot
supérieur, qui porte la poupée diviseur, parallèlement à Taxe de cette dernière. Pour la
taille en hélice, l’arbre de la fraise s’incline sur une plate-forme verticale formée sur
MACHINES-OUTILS.
135
son support, et dont l’axe se trouve à hauteur de celui de la poupée diviseur; le mou¬
vement de rotation est donné à ce dernier à Laide d’un pignon mené par une crémail¬
lère articulée avec un curseur, qui coulisse le long d’une règle horizontale inclinée sous
un angle convenable par rapport à la direction du déplacement du chariot.
Nous avons maintenant à examiner les machines dans lesquelles les mouvements de
reproduction se font automatiquement. La machine de M. Steinlen présente, à cet
égard , des dispositions très complètes ; elle a la forme d’une machine d’usage général
à orientation variable de l’arbre du papillon. La table porte un seul chariot, qui est h
mouvement automatique, sur lequel sont deux poupées pour le montage de la fraise
a tailler; les autres mouvements sont donnés au support du papillon, qui comprend
une tête coulissant horizontalement et normalement au chariot porte-pièce et recevant
le déplacement variable ; sur cette tête , un chariot vertical de réglage équilibré et muni
d’une plate-forme verticale sur laquelle l’arbre du papillon peut s’incliner pour la
taille des fraises à dents en hélice. Le chariot porte-pièce est muni latéralement d’une
crémaillère engrenant avec un secteur denté horizontal, sur l’axe duquel est monté le
gabarit; le rayon moyen de celui-ci est environ le double de celui du secteur, donnant
136
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
pour l’amplification du déplacement du chariot un rapport de 2 à 1 ; sur le gabarit
appuie , sous l’action d’un poids , un galet-touche adopté à un levier qui transmet par
une bielle à la tête du papillon le déplacement correspondant aux différences de rayon
du gabarit. Pour la taille en hélice, un équipage de roues, partant de Taxe de la vis
du chariot porte-pièce, commande un arbre latéral qui va actionner Taxe des poupées
par l’intermédiaire d’une vis sans fin débrayable; un système diviseur à équipage de
roues se monte sur ce même arbre et actionne les poupées par des engrenages, que
Ton embraye quand la vis sans fin précédente est débrayée.
M. Steinlen s’est proposé de faire varier le pas aux divers points de la longueur des
dents des fraises à profil , de manière que l’inclinaison du plan tangent au devant de la
dent sur Taxe de la fraise fût constante. Pour obtenir ce résultat, il abandonne la
commande des poupées porte-pièce par la vis sans fin, et il monte sur Tarbre latéral,
actionné de façon à faire au plus un tour pendant la durée de la taille d’une dent, une
came sur laquelle appuie un galet porté par un levier, dont l’autre bras, taillé en sec¬
teur denté, communique a Taxe des poupées un mouvement de rotation variable.
La Société alsacienne expose une machine taillant automatiquement les fraises de
forme à dents non hélicoïdales, effectuant automatiquement le retour rapide à la posi¬
tion initiale après la taille de chaque dent, ainsi que la division, c’est-à-dire le pas¬
sage d’une dent à la suivante. L’arbre du papillon est vertical et monté sur un chariot
à glissières situées dans un plan vertical, muni cl’un mouvement de translation hori¬
zontal automatique et uniforme; un galet à axe vertical est également adapté à ce
chariot. Sur la table, coulisse, normalement à la direction du chariot précédent, un
chariot horizontal portant la fraise à tailler sur poupée avec coulisse de réglage, ainsi
que le gabarit qu’un poids applique contre le galet. Le diviseur placé sur la poupée est
un plateau denté sur sa tranche en sorte de rochet; un cliquet, adapté à un levier à
ressort, s’engage entre les dents. Un manchon denté de changement de marche, monté
sur un axe intermédiaire de la commande à mouvement uniforme du chariot du pa¬
pillon, reçoit, suivant qu’il est poussé dans un sens ou dans l’autre, des vitesses très
différentes et de sens inverses, correspondant Tune à la marche en travail, l’autre au
retour; il est manœuvré à chaque fin de course, à l’aller comme au retour, par une
tringle à butées rencontrées par un taquet du chariot du papillon, et maintenu em¬
brayé par un poids qui bascule à chaque fois de part et d’autre de la verticale. L’axe
du levier du poids actionne une deuxième tringle à deux butées réglables, qui poussent
une barre d’une quantité déterminée ; la barre agit au commencement du retour sur
le plateau diviseur par deux leviers : Tun écarte le cliquet du diviseur; l’autre pousse
un deuxième cliquet, qui fait tourner le rochet d’une quantité correspondante à Té-
carlement des butées de la tringle; le retour achevé, le changement de marche dégage
le cliquet de poussée et ramène le cliquet diviseur en prise.
Cette machine aurait besoin d’être complétée pour la taille en hélice; elle ne con¬
stitue pas moins une tentative sérieuse de progrès au point de vue de la confection
MACHINES-OUTILS.
137
économique des fraises , en ce que , si la régularité du fonctionnement est assurée , elle
permet à un ouvrier de mener à la fois plusieurs machines.
Machines à tailler les forets en hélice. — Toute machine à fraiser dont l’arbre est
inclinable dans un plan vertical ou est horizontal, lui-même ou le chariot supérieur
étant inclinable autour d’un axe vertical, permet de tailler les forets en hélice, avec
l’adjonction d’un appareil diviseur simple et d’une commande de Taxe de cet appareil
par un équipage de roues relié à l’axe de la vis du chariot supérieur; mais elle ne
peut faire les cannelures que successivement. MM. Hurtu et Hautin présentent une
petite machine qui fait les deux cannelures à la fois; ils emploient, à cet effet, deux
papillons dont les arbres, situés dans des plans horizontaux différents, font entre eux
un angle égal au double de l’inclinaison moyenne de chaque cannelure par rapport à
Taxe du foret; celui-ci est horizontal et passe entre les papillons en avançant et tour¬
nant sur lui-même. Chaque arbre de papillon est porté par un chariot de réglage se
déplaçant parallèlement à Tarbre, qui est monté lui-même sur un chariot vertical; les
vis des chariots verticaux des deux papillons sont reliées par deux roues égales, de
sorte qu’en actionnant Tune, on fait tourner l’autre en sens inverse, et que les deux
arbres se déplacent simultanément en hauteur, en sens inverses et de quantités égales.
Le foret est monté entre une poupée à diviseur et une contre-pointe sur un chariot pa¬
rallèle à Taxe des pointes et commandé automatiquement, la vis du chariot et Taxe de
la poupée étant reliés par un équipage de roues.
Machines à tailler les roues d'engrenages. — La fraise convient très bien pour la taille
des roues cylindriques à dents droites ou hélicoïdales; le profil à lui donner, dans le cas
des dents droites, est celui de la section de l’intervalle des dents normalement à Taxe;
dans le cas des dents en hélice, on prend généralement, pour profil de la fraise, la sec¬
tion normale d’un cylindre oblique dont les génératrices sont parallèles à la tangente
à l’hélice passant par le point de la circonférence primitive d’un tracé fait comme pour
une roue à dents droites; la surface obtenue n’est pas, en réalité, conforme à ce tracé et
n’a de commun avec lui que les points situés sur la circonférence primitive, en restant
un peu plus ouverte pour les autres parties de la section; il n’y a toutefois pas a cela
d’inconvénient, puisque le contact des roues en hélice n’a jamais lieu que sur la cir¬
conférence primitive.
La taille des roues cylindriques a dents droites n’exige qu’un seul mouvement
d’avance pour le fraisage de l’intervalle de deux dents; pour passer à l’intervalle sui¬
vant, il faut ramener la fraise à la tranche de départ et donner à la roue une fraction
de tour. Ces opérations, simples en elles-mêmes, peuvent-être effectuées automatique¬
ment : MM. Brown et Sharpe et M. Steinlen ont ainsi réalisé des machines qui font la
tadle complète d’une roue, sans l’intervention de l’ouvrier autrement que pour la mise
en marche et l’arrêt. La taille en hélice exige que la roue tourne sur elle-même pen-
138
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
dant le déplacement longitudinal; la nécessité de faire la division pendant le retour,
sans interrompre le mouvement hélicoïdal, a empêché les constructeurs précédents
d’appliquer leurs machines à la taille automatique des roues à dents en hélice; nous
verrons toutefois, en étudiant des machines de MM. Sainte et March et de la Société
alsacienne, construites pour la taille en hélice, qu’il serait possible d’adapter à ces
dernières l’automaticité de tous les mouvements.
Les constructeurs disposent souvent les machines de façon que le déplacement lon¬
gitudinal puisse avoir lieu obliquement par rapport à Taxe de la roue; ils prétendent
tailler ainsi des roues d’angle , ils ne fraisent alors en une fois qu’un seul flanc de dent.
A la vérité, la taille des roues d’angle à la fraise est possible; mais, pour la faire exacte¬
ment, il faudrait, comme avec les machines à raboter, faire un grand nombre de passes
à différentes hauteurs de la dent, la fraise pouvant d’ailleurs avoir un profil quelconque,
pourvu qu’il fût plus ouvert que la plus grande section de la dent; en adoptant cette
dernière pour le profil de la fraise, on réduirait au minimum le nombre des passes à
exécuter; il conviendrait en outre de changer de fraise à chaque passe, pour pouvoir
faire converger les mêmes parties du profil vers le sommet de la roue. Un semblable
travail de fraise serait long; on se contente habituellement de fraiser chaque flanc en
une seule fois avec une fraise d’un profil moyen. Les roues ainsi obtenues ont une forme
de dent très défectueuse et ne portent jamais que par un point de la longueur de la
dent; elles sont susceptibles de s’user très vite. Aussi ne pouvons-nous considérer ce
procédé de taille des roues d’angle à la fraise que comme un dégrossissage destiné à
abréger le travail de la machine à raboter.
Dans une petite machine de M. Steinlen, destinée seulement à la taille des roues
cylindriques à dents droites, la roue est montée sur un axe horizontal adapté à un cha¬
riot de réglage vertical; cet axe porte une grande roue de vis sans fin actionnée par un
diviseur a équipage de roues. La fraise est disposée sur un chariot horizontal, que Ton
pousse à la main à l’aide d’un levier.
Une machine plus puissante de M. Steinlen produit automatiquement tous les mou¬
vements pour la taille des roues cylindriques à dents droites et pour le dégrossissage
des roues d’angle. La roue est montée comme dans la machine précédente; elle est
reliée au système diviseur par une roue de vis sans fin , qui peut être débrayée pen¬
dant le réglage. La fraise est disposée sur un petit chariot de réglage reposant norma¬
lement sur le chariot principal, qui est mené automatiquement avec changement de
marche à chaque fin de course et retour rapide après chaque passe. Le système divi¬
seur est relié à une commande venant du renvoi sur une poulie à moyeu de friction
et ne peut être actionné qu’après le dégagement d’un verrou des crans d’un compteur,
la poulie tournant folle à tout autre moment; ce verrou est précisément dégagé à la
fin du retour, et le système diviseur se met en mouvement, pour s’arrêter lorsque le
verrou, rencontrant un cran du compteur, s’y engage de nouveau. Le compteur se
compose, en réalité, de cinq roues qui ont respectivement 1, 2, û , 6 et 12 crans; en
MACHINES-OUTILS.
139
face de chacune d’elles on peut placer le verrou, ce qui fournit cinq combinaisons avec
un même équipage de roues. Pour la taille des roues d’angle, le chariot porte-fraise
repose sur une semelle qui peut pivoter autour d’un axe horizontal normal à l’axe de
la roue, à l’aide d’une manœuvre par pignons agissant sur deux secteurs dentés sem¬
blables; tout le système est monté sur un chariot de réglage horizontal et parallèle à
l’axe de la roue.
On trouve les mêmes dispositions d’ensemble et les mêmes mouvements dans la
1/10
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
machine de MM. Brown et Sharpe. La division se fait aussi par l’intermédiaire d’un
compteur à crans; mais, au lieu d’une poulie à friction pour l’entraînement momen¬
tané du système diviseur, la commande de ce dernier comporte une poulie ordinaire
dont l’arbre se relie à un arbre concentrique par un manchon denté, qui doit être
débrayé quand le verrou est engagé dans un cran du compteur et qui doit s’embrayer,
en même temps que le verrou se dégage, au moment convenable pour faire la division,
c’est-à-dire à la fin du retour rapide ; cet effet est produit à l’aide d’un levier qui ma¬
nœuvre à la fois le verrou et le manchon denté, et qui est lui-même actionné brusque¬
ment par le passage sur son autre branche d’une saillie du mécanisme mobile de chan¬
gement de marche. Le compteur comprend un disque principal à crans et deux autres
disques ayant respectivement 1 et 2 crans, tournant avec une vitesse différente de celle
du premier; le disque principal peut être employé seul ou combiné avec un des deux
autres; dans ce dernier cas, le verrou est obligé de rencontrer à la fois un cran de
chacun des disques combinés, pour pouvoir s’y engager, et ne fonctionne qu’après un
certain nombre de tours du disque principal dépendant du rapport des vitesses des
deux disques; la disposition existante sur la machine exposée donne 1, 2 et A tours
du disque principal.
La machine de MM. Sainte et March est disposée pour la taille des roues cylindriques
à dents droites ou en hélice et le dégrossissage des roues d’angle. La roue est montée
sur une poupée fixe horizontale avec contre-pointe. L’arbre de la fraise peut être
orienté dans un plan vertical sur une plate-forme portée par un chariot à glissière ver¬
ticale se manœuvrant horizontalement à la main; il se règle en hauteur à l’aide d’un
deuxième chariot vertical. Pour la taille des dents droites, l’arbre de la fraise se place
verticalement; pour la taille en hélice, il s’incline, et l’axe de la vis du premier chariot
se relie par un équipage de roues à une vis sans fin dont la roue actionne l’arbre de la
poupée. Enfin, pour la taille des roues d’angle, l’ensemble des supports de la fraise
s’oriente sur la table autour d’un pivot vertical. Le système diviseur est constitué par
un équipage de roues actionnant également l’arbre de la poupée
par une roue de vis sans fin. Une particularité intéressante de
la machine consiste en ce que l’arbre de la poupée peut être
commandé indifféremment par la roue de vis sans fin du mou¬
vement hélicoïdal ou par celle de la division, ou même par
les deux roues à la fois, sans qu’il soit nécessaire de faire in¬
tervenir aucun débrayage; à cet effet, l’arbre porte à son
extrémité une roue d’angle calée sur lui; la roue de vis sans
fin du mouvement hélicoïdal fait corps avec un manchon fou
sur l’arbre, portant les axes de deux pignons d’angle symé¬
triques qui engrènent avec la première roue d’angle; la roue de vis sans fin de la
division fait corps avec un manchon également fou, portant une deuxième roue d’angle
égale à la première et engrenant du côté opposé de celle-ci avec les pignons. D’après
Vis sans fin
(le
la division.
Vis sans fin
du mouvement
héliçoïdal.
MACHINES-OUTILS.
141
cela, si Ton agit sur la roue de vis sans fin de la division, le support des pignons se
trouvant fixe, ceux-ci transmettent avec la même vitesse le mouvement à l’arbre par
l’intermédiaire des roues d’angle; si, au contraire, on agit sur la vis sans fin du mou¬
vement hélicoïdal, on fait .intervenir un train épicycloïdal composé des deux roues
d’angle, dont Tune est fixe, de Taxe des pignons comme levier avec les pignons comme
intermédiaires, l’arbre prend une vitesse double de celle de la roue motrice de vis sans
lin. On voit que rien n’empêche d’actionner simultanément les deux roues de vis sans
fin; il serait donc facile de rendre la machine complètement automatique, puisque la
division pourrait se faire pendant et par le retour même.
La machine de la Société alsacienne, bien plus puissante que la précédente, lui est
fort analogue par les résultats, qui sont toutefois réalisés différemment. La roue à tailler
est montée sur le plateau d’un arbre mobile suivant Taxe d’une poupée fixe; l’arbre de
la fraise, inclinable dans un plan vertical, est disposé sur une plate-forme montée sur
deux chariots, Tun vertical de réglage, l’autre horizontal et pouvant se mouvoir auto¬
matiquement, parallèlement a Taxe de la poupée; l’ensemble des supports de la fraise
se règle en outre sur la table normalement à Taxe de la poupée. Pour la taille des
dents droites, on utilise le déplacement automatique du chariot horizontal de la fraise.
Pour la taille en hélice, le mouvement de translation est donné automatiquement à
l’arbre mobile de la poupée, avec interposition d’un manchon denté de débrayage, par
une roue fixée à un axe situé dans le prolongement de Tarbre et par un système de
roues satellites de la précédente, montées sur un bras relié à un manchon qui peut
tourner avec Tarbre sans avancer; Taxe de la dernière roue du bras porte une vis dont
l’écrou, fixé a Tarbre mobile, produit son déplacement; le mouvement de rotation est
donné à Tarbre par un équipage de roues partant d’une des roues satellites et aboutis¬
sant à une vis sans fin qui est réunie par ses colliers au manchon de Tarbre et dont
la roue est folle sur Tarbre; cette roue fait. corps avec la roue également folle qui ter¬
mine le système diviseur et qui engrène avec une vis sans fin dont les colliers sont
fixés à la poupée ; la fixité de cette dernière vis empêche le mouvement des roues , et la
vis sans fin du mouvement hélicoïdal est obligée de tourner sur sa roue, en entraînant
Tarbre. D’autre part, quand on fait la division, la rotation des deux roues réunies de
vis sans fin entraîne la vis sans fin du mouvement hélicoïdal et, par elle, Tarbre lui-
même. Il est évident qu’on peut produire simultanément les deux rotations pour le
mouvement héliçoïdal et pour la division, et par suite la complète automaticité de la
machine s’obtiendrait facilement. Dans la machine actuelle, le retour de Tarbre mobile
à sa position initiale, après chaque passe, se fait à la main, en agissant sur Taxe qui
prolonge Tarbre, après qu’on Ta séparé de la commande automatique par débrayage
du manchon denté. Ajoutons que les dispositions de la machine ne permettent pas
le fraisage des roues d’angle.
Machines à fraiser les têtes de boulons et les écrous. — La Société alsacienne présente
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
1A2
une machine à fraiser les pans des écrous. Elle porte deux poupées opposées, à arbre
horizontal, munies chacune d’une fraise travaillant en bout. Les écrous, montés en
série sur un mandrin, sont disposés sur un chariot qui a un mouvement automatique
normal aux arbres des fraises. On fraise ainsi à la fois deux pans diamétralement op¬
posés; en faisant exécuter au mandrin une rotation d’un angle déterminé, on taille
deux nouveaux pans. Une pompe à huile entretient constamment la lubrification des
outils.
M. Prétot expose également une machine à fraiser les pans des écrous; elle a aussi
deux poupées opposées, mais l’une sert seulement de soutien à deux arbres porte-fraises
horizontaux et parallèles, disposés dans le même plan vertical sur l’autre poupée et
commandés l’un par l’autre par engrenages; ces deux arbres peuvent être écartés pa¬
rallèlement, au moyen de vis à deux filetages inverses actionnées par une même com¬
mande, semblable à celle qui sert à mouvoir la traverse des machines à raboter. Sur
chaque arbre sont montées trois fraises cylindriques travaillant par leur pourtour ; un
couple de deux fraises taille ainsi deux pans d’écrou. Les écrous sont enfilés sur trois
mandrins avec systèmes diviseurs actionnés simultanément par une même vis sans fin et
portés par un chariot à mouvement automatique normal à la direction des arbres; ce
chariot repose lui-même sur un chariot perpendiculaire, qui sert, à la fin de chaque
passe, pour amener les écrous dans les intervalles des fraises, avant de ramener en ar¬
rière le chariot supérieur.
Une machine de M. Demoor, servant à arrondir le dessus de la tête des boulons et
des écrous, est une simple poupée à poulies fixe et folle, dont l’arbre , horizontal, porte
a chacun de ses bouts une fraise formée de trois outils de tour profilés, disposés sur un
mandrin; un chariot, portant le boulon ou l’écrou fixé dans une sorte d’étau, est poussé
à la main contre la fraise.
Pour arrondir la tête des boulons, M. Saÿn se sert d’une poupée horizontale dont
l’arbre porte encastrée une lame au profil voulu; le boulon est serré entre les coussi¬
nets d’une lunette montée sur deux tringles horizontales fixées au bâti et garnies
chacune d’une crémaillère; on agit sur les crémaillères par pignon et manivelle pour
faire avancer la lunette sur l’outil.
M. Saÿn arrondit les écrous à l’aide d’une petite machine verticale dont l’arbre
porte une laine profilée. L’écrou est serré dans un étau disposé sur un chariot verti¬
cal; celui-ci est manœuvré à l’aide d’une pédale.
M. Demoor expose, pour le décolletage des tiges de boulons, deux machines qui sont,
en réalité, des machines à percer à table fixe et à arbre mobile; ce dernier est, dans
l’une, manœuvré à la main par leviers; dans l’autre, il a un mouvement de descente
automatique par crémaillère, avec débrayage également automatique et remonte sous
l’action d’un contrepoids. Le boulon est simplement engagé par sa tête dans une
échancrure de l’arbre; la fraise est fxée à la table et est formée de trois séries super¬
posées d’outils de tour profilés, montés sur un plateau avec dispositions de réglage; les
MACHINES-OUTILS.
143
trois séries d’outils servent respectivement pour décolleter la tige, dresser la tranche
d’embase de la tête et faire le bout arrondi de la tige.
Machine à fraiser les lames cl’ épées-baïonnettes. — Cette machine a été construite par
M. Bariquand spécialement pour le fraisage des gouttières des lames d’épées-baïonnettes
modèle 1886. La lame a une section en forme de croix, dont les branches corres¬
pondent aux côtes et les creux aux gouttières; le profd de la section, formé d’un arc
de cercle entre deux droites tangentes, est constant tout le long de la gouttière, et la
directrice du fond de celle-ci est une droite inclinée sur l’axe de la lame, raccordée a
l’arrière avec un arc de cercle; l’extérieur des côtes fait partie d’un cône régulier. On
conçoit qu’en prenant une fraise ayant comme profil la section d’une gouttière et
comme plus grand diamètre le diamètre de l’arc de cercle qui termine le profd longi¬
tudinal du fond, il suffit, pour fraiser la gouttière, de déplacer la fraise le long de la
lame avec des avances régulières et proportionnelles parallèlement et perpendiculaire¬
ment à Taxe.
M. Bariquand fait à la fois, au moyen de quatre fraises, les quatre gouttières d’une
même lame, dont les côtes ont été finies préalablement. La lame est montée sur un
chariot vertical, la pointe en bas et libre, la poignée ou soie fixée. La table possède
quatre chariots horizontaux semblables, disposés comme les quatre côtés d’un carré;
sur chacun d’eux, normalement à sa direction, est adapté un arbre de fraise horizon¬
tal. La commande générale, donnée par poulies fixe et folle, est transmise aux fraises
par deux arbres latéraux et par roues d’angle, et à la vis du chariot vertical porte-
lame par cônes et vis sans fin débrayable; l’avance des chariots de fraises est prise
sur la vis du porte-lame et amenée par des engrenages à une vis sans fin et une roue
dont l’axe actionne simultanément les quatre chariots; cette dernière roue est reliée à
son axe par un verrou, dont nous verrons tout à l’heure l’usage. L’opération se fait en
faisant mouvoir la lame de bas en haut; la lame avançant d’un mouvement continu,
les fraises marchent vers elle à tout instant d’une quantité proportionnelle à la montée.
Mais il s’agit de guider la lame entre les fraises , pour que les gouttières se fassent
symétriquement par rapport à l’axe de l’extérieur des côtes ; cet effet est obtenu à l’aide
de quatre chiens , ou coussinets , qui pressent constamment les côtes dans le voisinage
des fraises; ils sont portés par des leviers qui appuient d’autre part sur des rampes en
spirale entraînées dans un mouvement de rotation par deux contrepoids agissant
chacun sur deux d’entre elles opposées; c’est la le mécanisme de reproduction du pro¬
cédé, s’appliquant non au travail proprement dit des fraises, mais au guidage de la
pièce. A fin de course, une butée fait déclancher la vis sans fin qui conduit le chariot
vertical; on soulève alors les contrepoids, pour écarter les chiens et enlever la lame;
dégageant le verrou qui relie à son axe la roue de vis sans fin produisant l’avance des
chariots porte-fraise, on peut faire reculer ensemble ces derniers par la manœuvre
directe de l’axe de la roue devenue folle, puis, après avoir mis une nouvelle lame en
l/l 'i
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
place, descendre le chariot porte-lame en agissant sur un des axes intermédiaires de
sa commande; on approche les chariots porte-fraise à la main jusqu’à un repère tracé
sur Taxe de manœuvre, pour amorcer la prise des fraises à la profondeur convenable,
on rabat les contrepoids et l’on réembraye les mouvements d’avance automatique. Le
réglage préliminaire de la position de chaque fraise se fait au moyen d’une coulisse
interposée entre elles et le chariot automatique, normale à la direction de ce dernier et
bloquée pendant le travail.
OUTILS DE FRAISAGE.
La fraise est, en principe, un outil à tranchants multiples, indépendamment de la
forme qui peut être donnée aux arêtes coupantes. On emploie parfois, sur des machines
à fraiser, des outils à un ou deux tranchants, ou encore à une ou deux lames rappor¬
tées; on doit bien entendre que ces outils ne font qu’utiliser la commodité des dispo¬
sitions des machines, mais que ces dernières travaillent alors comme machines à percer
ou à aléser, et non comme machines à fraiser; nous reconnaissons volontiers que les
mêmes outils, de construction simple et facile, ont contribué au développement, dans
les ateliers de construction , de l’usage des machines à fraiser, alors que ces ateliers
pouvaient difficilement se servir de la fraise proprement dite, soit qu’ils n’eussent pas
une expérience suffisante de sa confection, soit qu’ils n’eussent pas assez d’occasions
de l’employer pour en tirer un parti rémunérateur; quoi qu’il en soit, nous ne pouvons
leur donner le nom de fraises , ni assimiler leur mode de travail à celui de la fraise,
sur lequel nous nous sommes étendu précédemment.
La véritable fraise est une surface de révolution pouvant devenir à la limite la
tranche plane d’un disque , que l’on munit de dents coupantes en aussi grand nombre
que possible, autant que ce nombre est compatible avec le genre de travail à effectuer;
il faut en effet tenir compte de la nécessité de faire dégager les copeaux d’entre les
dents, afin qu’ils ne gênent pas le tranchant, ou qu’en s’accumulant en quelques points ,
ils ne deviennent eux-mêmes de véritables outils, naturellement très défectueux, qui
rayent et abîment la surface de la pièce. Cette condition est de la plus grande impor¬
tance, et nous y reviendrons au point de vue de la forme même des dents; pour le
moment, nous observerons que, quant à leur nombre, plus il est grand, moindres sont
la profondeur des intervalles et l’espace destiné aux copeaux; par suite, on devra réser¬
ver les dents nombreuses et fines pour les travaux qui prennent peu de matière, et
notamment pour les travaux de finissage, ou pour les fraises de peu de longueur qui se
débarrassent facilement de leurs copeaux; on emploiera des dents profondes et écar¬
tées pour les grandes fraises, dans les travaux de dégrossissage, ou encore quand les
dents de la fraise, restant à peu près constamment engagées dans la matière, par
exemple dans le travail en bout ou dans un travail analogue à celui de l’alésage, ne
peuvent que difficilement éjecter les copeaux.
MACHINES-OUTILS.
145
On doit chercher à rapprocher le tranchant de la dent de la forme théorique de
l’outil de tour, avec angle de coupe de 3 à 4 degrés et angle de tranchant de 5i de¬
grés; malheureusement, dans ces conditions, la dent serait trop maigre et ne résisterait
pas; aussi ne peut-on guère descendre pour l’angle de tranchant au-dessous d’une
valeur cle 8o degrés, en faisant passer les génératrices du devant de la dent, considé¬
rées normalement à Taxe, un peu en arrière de celui-ci. Quant a l’angle de coupe, il
peut et doit être soigneusement observé, si Ton veut que les dents ne plongent ou, au
contraire, ne refusent de pénétrer; une facette correspondant à l’angle de coupe doit
être formée même sur la fraise neuve, sinon cette fraise produit sur la pièce des stries
qui indiquent que les dents ont plongé; quand la coupe est insuffisante, la pièce pré¬
sente des broutements et des arrachements.
Dans une fraise cylindrique à dents droites, c’est-à-dire dont le devant des dents
est dans un plan parallèle à Taxe, la dent, attaquant la matière sur toute sa longueur,
éprouve une résistance relativement considérable, et la résistance varie dans un tour
de fraise par suite du renouvellement des dents actives. La taille en hélice fait que
chaqrre dent n’attaque que par un point, quelle s’engage progressivement et que l’effet
du renouvellement des dents est à peu près insensible; de plus, la pénétration de la
dent en hélice se fait par une sorte de mouvement, qui a été appelé très justement mou¬
vement louvoyant et qui revient à l’effet suivant : chaque élément de la dent possède à
la fois en un temps donné, dans le plan normal à Taxe, un mouvement de pénétration
dans la direction du rayon et un déplacement perpendiculaire au sens de la pénétra¬
tion, déplacement dont la valeur est égale à la projection, sur le plan normal à Taxe, de
Tare d’hélice parcouru dans le même temps; le frottement, qui s’oppose à la pénétration ,
et dont la valeur totale ne dépend que de l’angle du coin et de la profondeur de péné¬
tration, se répartit entre ces deux directions proportionnellement à la valeur des dé¬
placements suivant chacune d’elles; la résistance à la pénétration est, par suite, réduite
d’autant plus que l’inclinaison de la dent sur les génératrices est plus forte; cet effet
est analogue à celui qu’on observe pour une lame de couteau, laquelle entre avec peine
si on la pousse de front à la façon d’un coin, pénètre, au contraire, très facilement
quand on lui imprime un mouvement suivant sa longueur. Enfin la taille en hélice di¬
vise le copeau plus que la dent droite et réduit ainsi la résistance totale, comme nous
l’avons déjà fait remarquer; en outre, les copeaux sont d’autant plus entraînés par
le lubrifiant qu’ils sont plus menus. Il semblerait, d’après cela, qu’il y eût avantage à
pousser jusqu’à 45 degrés, ou même plus, l’inclinaison des dents : de pareilles fraises
coupent en effet très bien; mais elles entraînent une réduction notable du nombre des
dents; d’autre part, les traces de faction de chaque dent sur la surface fraisée se tra¬
duisent par des espèces de coups de gouje, qui la rendent ondulée et irrégulière; les
dents plongent aussi très facilement. En définitive, les fraises à grande inclinaison
d’héiiee conviennent pour le dégrossissage, les fraises à faible inclinaison et même à
dents droites donnent un finissage plus régulier et plus propre.
Groupe VI, — îv. îo
l.M i* AIME RIE NATIONALE*
146
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
L’avantage qu’offre la division des copeaux conduit à scinder les dents des longues
fraises par des cannelures transversales en hélice peu inclinée sur la section normale,
pour que le vide d’une dent soit recouvert par le plein de la dent suivante, en projec¬
tion sur un plan passant par l’axe. Un procédé très rationnel consiste à pratiquer les
sections sur chaque dent normalement à l’axe de la fraise et à les disposer en éche¬
lons d’une dent à la suivante; ce procédé exige l’emploi d’une machine spéciale et est
assez coûteux.
Le' profil de la section transversale des dents se détermine d’après des considéra¬
tions diverses : une des premières est de renforcer la dent autant que possible près de
son arête. Alors que les moyens d’affûtage mécanique n’existaient pas ou étaient très
imparfaits, certains constructeurs avaient pour principe de ne pas affûter les fraises et
de les retailler après recuit, quand elles étaient usées; ils donnaient alors à la dent son
maximum de résistance, en formant le devant de la section d’une courbe
concave a peu près tangente au rayon vers l’arête, et le dessus d’une
courbe convexe ou de deux portions de lignes droites, le dernier élément
faisant près de l’arête l’angle de coupe avec la normale au rayon; ce
moyen a moins de raison d’être actuellement; cependant il est encore le
plus rationnel pour des fraises, telles que celles en forme d’alésoir, qui ne
peuvent supporter d’affûtage en raison de l’exactitude de diamètre auquel elles doivent
être tenues, ou pour des fraises dont le profil longitudinal est trop compliqué pour se
prêter convenablement à l’affûtage.
Si l’on s’impose la condition de la possibilité de l’affûtage mécanique, ce qui est au¬
jourd’hui le cas le plus général, on est amené à d’autres formes, la précédente ne con¬
venant plus, parce que la direction du devant de la dent deviendrait défectueuse et que
la facette de coupe prendrait de suite une grande largeur. La nouvelle forme dépend de
la méthode d’affûtage adoptée.
Le plus souvent, à l’affûtage, on attaque le dessus de la dent en refaisant la facette
de coupe; il faut alors conserver la direction du devant *et éviter d’être amené par les
affûtages successifs à élargir trop vite la facette de coupe : on est ainsi conduit à une
section triangulaire. MM. Brown et Sharpe, Smith et Coventry retouchent le devant de
la dent à l’aide d’une meule dont la tranche s’applique contre lui; ils font encore la
section du devant en ligne droite; comme le dessus doit toujours conserver la même
MACHINES-OUTILS.
V\1
direction par rapport à ses divers rayons, ils le font en forme d’arc de spirale logarith¬
mique , ou tout au moins d’un arc de cercle très approché de la spirale , et le terminent
à une échancrure de largeur suffisante pour le passage de la meule. Cette dernière
forme de dent ne peut s’appliquer aux fraises en hélice, à cause du mode d’affûtage;
elle restreint notablement le nombre des dents, en raison du passage réservé pour
la meule; enfin la meule d’alfûtage forme sur le devant de la dent, près de l’arête,
des stries obliques qui égrènent l’arête et auxquelles les copeaux s’accrochent facile¬
ment; toutefois il procure de grandes facilités pour l’affûtage des fraises à profil lon¬
gitudinal complexe, telles que les fraises à tailler les roues d’engrenages, qui ne s’af¬
fûteraient pas commodément ni sûrement par l’autre procédé; il convient donc tout
particulièrement pour des cas semblables.
Les fraises dentées en bout, c’est-à-dire sur une tranche normale à l’axe, offrent la
particularité, au moins quand elles travaillent sur la plus grande partie de leur dia¬
mètre, que les dents restent toujours engagées clans la matière et que le refroidisse¬
ment des arêtes se fait d’autant moins bien que le lubrifiant ne peut se renouveler
commodément; cette circonstance ne permet pas de leur donner une vitesse égale à
celle des fraises à denture latérale. De plus, les copeaux se dégagent difficilement : il
n’en résulte pas d’inconvénient sérieux pour la fonte, dont les menus copeaux se logent
entre les dents et finissent par s’écouler latéralement; mais les copeaux allongés d’acier
se placent souvent en travers des dents, qui les impriment dans la matière de la pièce
en y produisant des stries et des arrachements. On a donc dû chercher pour le travail
en bout un modèle de fraise évitant 'ces divers inconvénients;
on l’a réalisé en composant la fraise d’un plateau sur lequel
se rapportent des outils ordinaires de tour, auxquels on a
pu donner le tranchant théorique, ce qui compense en partie
le sacrifice qu’on a dû faire sur le nombre des dents. M. Stei-
len, obliquant les outils par rapport au plan de la tranche
du disque, les forme simplement de bouts de barre profilée,
de manière qu’ils aient de la coupe en bout et latéralement;
la constance de section des outils permet de les appuyer tou¬
jours dans les mêmes parties des encastrements du disque
par deux de leurs faces et de les affûter également en se guidant sur ces mêmes faces ,
de sorte que leur remplacement et leur réglage se fassent sans difficulté. M. Steinlen
construit aussi des disques dont les outils sont obliqués à la fois par rapport à des
plans tangents au pourtour extérieur et par rapport à des plans diamétraux; le tran¬
chant des outils fait alors saillie en dehors du disque, et la fraise ainsi composée peut
servir à faire des cavités cylindriques d’assez grande profondeur.
Les fraises creuses et taillées intérieurement participent aux inconvénients des fraises
en bout. M. Demoor y remédie par un moyen analogue, dans ses machines à décolleter
les tiges de boulons, en disposant dans un plan parallèle aux tranches d’un disque des
1 o .
dj
Tk
©
o=rn
©
!
148
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
outils de tour profilés, dont les arêtes font saillie à l’intérieur du disque et se présen¬
tent à la tige du boulon sous l’angle de coupe convenable.
La confection et l’entretien des fraises demandent beaucoup de soins, mais plutôt
encore l’application rigoureuse d’une méthode rationnelle. On ne doit pas craindre
d’employer de l’acier de première qualité et surtout très homogène; on assurera l’ho¬
mogénéité de la matière, ainsi que l’uniformité et la finesse du grain, en recuisant les
bouts de barre, ou mieux, en les trempant à l’huile au rouge cerise franc et les recui¬
sant ensuite; on fera bien également de tremper à nouveau les fraises à l’huile et de les
recuire, avant que le travail en soit complètement fini, afin de faire disparaître les ten¬
sions intérieures résultant de l’usinage.
On doit en général éviter de faire la trempe définitive a l’eau seule, pour se mettre
a l’abri des accidents de rupture; en choisissant convenablement la nature de l’acier,
on doit obtenir le degré de dureté nécessaire par une trempe a l’huile pour les petites
fraises, à l’acide sulfurique pour les fraises moyennes, par une immersion de quelques
secondes dans l’huile, suivie d’un refroidissement complet dans l’eau pour les grosses
fraises; on fera revenir ces dernières seules au jaune. Dans tous les cas, la dureté ob¬
tenue par la trempe doit être telle, que les dents ne puissent être attaquées à la lime.
Après la trempe, on rectifiera le trou intérieur ou la tige d’après l’extérieur des dents,
et on dressera les tranches normalement à Taxe; ces opérations doivent être faites
avec le plus grand degré de précision. On donnera ensuite la coupe par un léger affû¬
tage, qui achèvera de rendre l’extérieur des dents parfaitement régulier et concentrique
avec le trou ou avec la tige.
Dans les fraises pourvues d’une tige, celle-ci doit être conique, avec un angle de
cône tel, quelle tienne dans l’arbre par coincement seul; si on la termine par un file¬
tage*, le filet sera très libre dans le taraudage de l’arbre, de manière à ne pas contrarier
le centrage du cône et à faire simplement office de contre-écrou.
Les fraises à trou se montent sur un porte-outil trempé , rectifié exactement au dia¬
mètre du trou. On doit éviter de visser la fraise sur lui; il est préférable de la main¬
tenir entre des rondelles et des écrous, avec une clavette d’assemblage qui ne touche pas
dans le fond des rainures. On fera mieux encore de faire le trou de la fraise très légère¬
ment conique et de la fixer par coincement sur le porte-outil avec rondelle et écrous
de serrage. Le porte-outil doit s’engager également sur l’arbre par une tige conique
concentrique à la partie qui reçoit la fraise, trempée et rectifiée; le meilleur moyen
d’assurer sa fixité est de le tirer à Taide d’une tringle vissée à son extrémité , traversant
toute la longueur de l’arbre et arrêtée au bout de l’arbre par des écrous; cette tringle
sert à le chasser pour le dégager de l’arbre.
Dans tous les cas, on doit proscrire l’usage des mortaises et des clavettes pour relier
la fraise ou le porte-fraise avec l’arbre, de même que celui des vis de serrage avec
des tiges cylindriques de fraise ou de porte-fraise. Le centre de contre-pointe doit être
exactement sur Taxe du porte-fraise. En un mot, il faut qu’une fraise, montée sur l’arbre
MACHINES-OUTILS.
149
d’une machine, tourne parfaitement rond sans le secours de calages ni de retouches
d’aucune sorte.
L’affûtage des fraises est une opération facile, qui peut être faite par un ouvrier
d’intelligence moyenne tant soit peu exercé : il faut seulement qu’il ait l’outillage et les
moyens de vérification nécessaires. L’outillage consiste en quelques mandrins, qui doivent
être exactement au diamètre des trous ou au cône des tiges de fraises; cet outillage est
peu de chose, si l’on a soin, dans un atelier, d’uniformiser les diamètres des trous et les
cônes des tiges et de les ramener à un petit nombre de types. Les moyens de vérifi¬
cation consistent en un appareil sur lequel la fraise, munie d’un mandrin, se monte
entre pointes, et en profils qui se placent devant la fraise dans une position repérée et
identique pour tous, avec un chariot qui permette d’approcher le profil de la fraise;
en faisant tourner la fraise sur son axe , on voit aisément si elle tourne rond dans toutes
ses sections et si elle est partout à la même distance du profil. Avec ces seuls moyens,
l’ouvrier arrivera vite à se servir de la machine pour des profils quelconques de fraises.
Nous terminerons par une observation qui a une importance bien plus grande pour
la conservation des fraises que pour celle des autres outils : nous voulons parler de
l’état des surfaces avant le fraisage. Tandis que les outils de tour et de raboteuse s’en¬
gagent sous la surface et la détachent sans la toucher, pour ainsi dire, la fraise, au
contraire, l’attaque directement et la déchiquète en innombrables éléments. Or, les pièces
de forge sont toujours recouvertes d’une croûte d’oxyde très dur, à laquelle les outils
les mieux trempés ne peuvent résister longtemps. Il est donc de toute nécessité de
débarrasser les pièces de forge de cette croûte d’oxyde, avant de les soumettre à la
fraise; on peut y arriver par l’emploi de meules d’émeri, mais bien plus sûrement par
un décapage aux acides.
Nous avons cru devoir entrer dans les détails précédents, parce qu’ils nous semblent
être l’expression des tendances qui ont guidé nos meilleurs constructeurs, des résultats
auxquels ils sont parvenus, choses que la description sommaire des machines, leur expo¬
sition même devant les yeux du public ne fait pas suffisamment ressortir. Si nous re¬
gardons, par exemple, la machine à affûter de M. Kreutzberger, elle dit peu à notre
vue, et pourtant cette modeste machine renferme toute l’histoire des machines à fraiser.
Nous pourrions dire de même de la machine à rectifier les pièces cylindriques et
coniques de MM. Brown et Sbarpe, qu’elle est la hase de la construction en général :
nous parlons, bien entendu, de la bonne construction.
150
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1839.
CHAPITRE VIII.
MACHINES A SCIER LES MÉTAUX.
Catégories de machines à scier : scies circulaires; scies à ruban sans fin; scies alternatives.
Outils à scier.
DES DIVERSES CATÉGORIES DE MACHINES À SCIER.
Les machines à scier les métaux, que nous avons eu à examiner, sont de trois espèces :
Les scies circulaires, dont Toutil est un disque plat denté sur son pourtour;
Les scies à ruban sans fin , dont l’outil est une lame mince dentée sur son bord et
formant un ruban continu s’enroulant sur deux grandes poulies;
Les scies alternatives, dont la lame, analogue à la précédente, mais d’une longueur
de quelques décimètres seulement , est animée d’un mouvement alternatif de translation
suivant sa longueur; elle ne coupe que pendant une moitié de la période de mouve¬
ment.
Scies circulaires. — La machine de MM. Panhard et Levassor comprend une table
fixe et deux chariots rectangulaires superposés, disposés latéralement par rapport à la
table, le chariot supérieur étant au même niveau qu’elle. La scie passe entre la table
et les chariots, son axe étant fixé au bâti de la table, un peu au-dessous de son niveau.
La pièce se fixe au moyen de rainures à boulons sur le chariot supérieur, qui n’a qu’un
mouvement de réglage à la main parallèlement à l’axe de la scie; le chariot inférieur
est muni d’un mouvement automatique perpendiculaire à cet axe. La présence de la
table fixe a pour objet de soutenir la pièce pendant quelle est transportée par les cha¬
riots.
La machine de M. Fétu-Defize comprend une table fixe et un seul chariot de même
niveau, entre lesquels passe la scie. La pièce se fixe sur la table et y est serrée par des
vis de pression adaptées à une forte traverse établie sur deux colonnes. L’axe de la scie
est adapté au chariot, qui possède un mouvement d’avance automatique, avec retour
rapide et arrêt déterminés par un mécanisme de changement de marche et d’arrêt
actionné par des butées.
Scies à ruban sans fin. — Les machines à scie à ruban sans fin sont représentées,
dans l’exposition de MM. Panhard et Levassor, par plusieurs modèles de puissances
différentes et appropriés pour des usages divers. Le ruban est monté entre deux poulies
MACHINES-OUTILS.
151
de 1 mètre de diamètre pour les petits modèles, de 1 m. 2 5 et plus pour les forts.
Les axes des poulies sont adaptés, l’un à la partie inférieure du socle, Tautre à un
chariot vertical disposé sur la partie supérieure d’un montant très courbé. Le mouve¬
ment de rotation est communiqué à la poulie inférieure; la tension du ruban est obtenue
par le réglage en hauteur de la poulie supérieure, qui est folle sur son axe. Les poulies
sont garnies de caoutchouc pour produire sûrement l’adhérence et l’entraînement du
ruban. La commande par cône à étages permet de varier la vitesse du ruban suivant
la nature du métal.
Le modèle le plus simple possède sur le socle une table fixe, fendue pour le passage
du ruban, sur laquelle les pièces se manœuvrent à la main pour scier droit ou pour
chantourner. Un deuxième modèle porte, encastré dans la table et à son niveau, un
chariot qui se manœuvre à la main à l’aide d’une manivelle et dont on peut se servir
pour scier, en variant la vitesse d’avance suivant l’épaisseur aux différents points de la
pièce, ou qu’on peut laisser au repos pour chantourner. Deux autres modèles, différant
surtout par la puissance, ont deux chariots superposés à angle droit, l’inférieur se
mouvant automatiquement en s’avançant contre la denture du ruban , le supérieur, de
même niveau que la table, se manœuvrant à la main pour le réglage.
Les modèles précédents n’utilisent pour scier que le brin descendant; un dernier
modèle est disposé de façon qu’on puisse utiliser les deux brins : le bâti, portant la scie
et la table comprise entre les deux brins . se déplace automatiquement sur un banc
muni de glissières en /\ dans le sens parallèle aux axes des poulies; les pièces, se
placent sur des supports fixes disposés latéralement et au niveau de la table mobile.
Cette disposition donne le moyen de scier les deux bouts d’une pièce sans la retourner
bout pour bout, en la déplaçant seulement suivant sa longueur; on peut également
scier en même temps une pièce à chaque brin.
Une condition importante pour le bon fonctionnement de ces machines est que le
ruban soit parfaitement guidé sur les côtés et appuyé à l’arrière à hauteur du point
où se fait le travail. A cet effet, on dispose deux guides, l’un à l’entrée de la scie dans
la pièce, l’autre à la sortie; le premier est porté par un support ordinairement cylin¬
drique, réglable en hauteur; le second est placé sous la table, le plus près possible de
la surface. L’un et l’autre sont des tiges cylindriques horizontales fendues à l’épaisseur
du ruban; on les déplace dans leur logement, de manière que le fond de la fente
appuie contre le dos du ruban, et on les fixe généralement dans cette position, mais
parfois on leur donne une pression d’une valeur déterminée à l’aide d’un poids agis¬
sant à l’extrémité d’un levier.
Pour le sciage de l’acier et du fer, on fait tomber sur le ruban, à son entrée dans
la pièce, un jet d’eau abondant.
Scies alternatives. — Ces machines s’emploient de préférence pour faire des décou¬
pages intérieurs fermés, dans lesquels on ne peut pénétrer avec les rubans sans fin;
152
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
leur production est d’ailleurs inférieure à celle de ces derniers. La seule machine ex¬
posée, de MM. Panhard et Levassor, comprend un bâti avec table fixe, fendue pour
le passage de la lame, et un montant fortement courbé, muni â son extrémité d’un
chariot vertical servant au réglage de la tension de la lame. Celle-ci est attachée, à
chacun de ses bouts, par une sorte de griffe avec vis de serrage, à un petit coulisseau de
section carrée, mobile dans un logement vertical; le support du coulisseau du bas est
fixé au bâti, sous la table; celui du coulisseau du haut est fixé au chariot du montant;
les deux coulisseaux sont, d’autre part, reliés par une courroie en chanvre qui passe
sur deux poulies de direction adaptées, l’une au pied du bâti, l’autre au haut du
chariot du montant, et, clans 1 intervalle, sur un galet de renvoi situé sur le coude du
montant. La poulie du bas reçoit par bielle d’un plaleau à manivelle, d’excentricité
réglable, un mouvement de rotation alternatif.
Habituellement, on ne donne pas â la lame sur les côtés, ni sur le dos, d’autre
appui que les bords et le fond de la fente de la table. L’ouvrier appuie la pièce à dé¬
couper sur la lame, pendant que celle-ci descend, en la faisant fléchir au besoin, et il
ramène légèrement la pièce en arrière au moment de la remonte, pour éviter quelle
soit soulevée par suite de l’entraînement des dents. Pour commencer un découpage
intérieur, on est obligé de percer tout cl’aborcl un trou ; on introduit la lame par ce
trou, en la détachant du coulisseau supérieur; la machine exposée est munie, pour le
perçage de ce trou, d’une petite broche porte-foret à levier, montée sur le côté du
chariot vertical.
OUTILS A SCIER.
Les scies ne sont pas autre chose que des fraises très étroites; leur taille doit donc
être semblable. L’écartement des dents dépend de la quantité de copeaux à loger dans
les intervalles en une passe de chaque dent, et par suite de l’épaisseur des pièces à
scier; il peut ainsi varier de o m. oo3 à o m. oio, et il descend au-dessous de
o m. oo 3 pour les petites lames des scies alternatives.
Le disque d’une scie circulaire se monte sur son arbre entre des plateaux de serrage
maintenus par des écrous; ses deux faces sont des plans parallèles. La condition obligée
d’une résistance suffisante conduit à lui donner une épaisseur qui ne peut guère être
inférieure à o m. ooô ou o m. oo5 pour les diamètres moyens; il résulte cîe là qu’en
faisant une quantité assez considérable de copeaux, il dépense beaucoup de force; sou¬
vent aussi, il éprouve du frottement dans son passage, qui tend parfois à se rétrécir.
La trempe du disque est une opération délicate, à cause de son peu d’épaisseur et de
son grand diamètre, ainsi que delà facilité qu’il offre aux effets de voilement; aussi,
craint-on le plus souvent de lui donner beaucoup de dureté, ce qui est cause qu’il s’use
vite et coupe mal. De plus, il se passe toujours, à partir de l’attaque, un certain
temps avant qu’il soit engagé sur toute la hauteur de la pièce à scier, et ce temps doit
être considéré comme une perte. 11 n’est donc pas étonnant que les scies circulaires se
MACHINES-OUTILS.
153
trouvent fréquemment dans un état réel d’infériorité par rapport aux autres moyens de
tronçonnage, et notamment par rapport aux scies à ruban.
Les rubans de scie se font en une qualité spéciale d’acier qui permet de leur donner
beaucoup de résistance, en meme temps qu’un degré assez grand de dureté; il est
toutefois très difficile d’arriver à leur procurer ces deux qualités dans des conditions
telles, qu’ils puissent être employés au travail des aciers durs. Leur épaisseur varie de
1 3 à 22 dixièmes de millimètre, suivant l’épaisseur et la dureté des pièces à scier;
elle doit être d’ailleurs en rapport avec le diamètre des poulies d’enroulement. La du¬
reté des dents fait qu’il est difficile de leur donner de la voie, comme aux scies à bois :
on préfère réduire un peu vers le dos l’épaisseur du ruban; cependant, lorsque le
bord des dents s’est usé au point d’être en retrait par rapport aux côtés du ruban , on
donne aux dents une légère inflexion, alternativement à droite et à gauche, afin
d’éviter d’avoir trop de matière à prendre à l’affûtage pour rétablir la scie dans son
état normal. On se garde, en même temps, d’exagérer la largeur du ruban, qui varie
de o m. o3o à o m. o5o pour le sciage en ligne droite, et qui, pour le chantour¬
nage, dépend des courbes à produire.
La forme même des dents, dans le sens de la longueur du ruban, ne parait pas jus¬
qu’ici être soumise à des règles bien précises; on dégage un peu le devant en le diri¬
geant obliquement par rapport à la section normale à la longueur, mais on n’a pas
de valeur déterminée pour l’angle de coupe, que l’on fait toujours assez grand. Quand
l’écartement des dents est faible, on se contente de joindre le sommet au pied de la
dent, qui a alors la forme triangulaire, l’angle de coupe pouvant atteindre 3o degrés;
pour un écartement assez fort, on abat le dessus de la dent qui prend la forme d’un
quadrilatère, l’angle de coupe ayant une valeur d’au moins îo degrés. En somme, on
donne d’autant plus de mordant aux scies , que les dents sont plus rapprochées et ont
de ce fait plus de difficulté pour pénétrer dans la matière.
La vitesse de translation du ruban peut être égale à la vitesse circonférentielle des
fraises et même un peu supérieure : 4o mètres à la minute, pour l’acier de dureté
moyenne, 55 mètres pour le fer, 70 mètres pour le bronze, et davantage pour le cuivre
et le zinc. La principale difficulté , qui s’est opposée longtemps a l’emploi des scies a
ruban, a été leur affûtage; l’usage de la lime pour cet objet était long, coûteux et sur¬
tout manquait de régularité; cette opération se faisant aujourd’hui automatiquement
avec des meules d’émeri, la difficulté se trouve complètement supprimée.
Nous devons à l’obligeance de MM. Panhard et Levassor, outre les renseignements
précédents, quelques données très intéressantes sur le travail des scies à ruban, don¬
nées résultant de leurs propres essais.
154
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
MATIÈRE SOUMISE
ÉPAISSEUR
LARGEUR
ÉCARTE¬
VITESSE
PRESSION
SURFACE
FORCE
de
MENT
DES RUBANS
contre
SCIÉE
DÉPENSÉE
À L'ESSAI.
LA BAURE.
DU RUBAN.
DES DENTS.
par minute.
LE RUBAN.
par minute.
par seconde.
millim.
millim.
millim.
mètres.
kilogr.
cent. car.
kilogr. met.
67 00
42
1 4 3o
//
8o
25
3
67 00
52
19 3o
7 3o
3 3o
//
Fer ordinaire de Châ-
70 00
22
//
tillon-Comraenlry -
i5
11
6oo
25
3
te
O
0
20
25
7 20
i4 4o
il
n
3o
17 3o
n
Acier Bessemer ( ban -
dage) .
(1)
20
3
0
0
•et
21 à 25
9 10
u
8 07
5g,85
A. (
S
0
C
| 63
77
1 1 75
i5 00
75,60
88,20
Fer. . .
320
4o
1 2 <
91
2 4 70
i42,3o
49
2 1 00
9i,35
v 60 80
63
77
3i 00
38 18
1 i3,4o
1 48, o5
91
45 o5
169,80
12 3o
67.00
f 49 00 <
| 63
77
16 60
22 o5
89,05
103,95
( 91
3i 80
124, 4o
' ^9
21 20
91,35
t 63
25 45
107,10
Acier Bessemer .
6i o
4o
12 i
\. 60 80 <
77
34 70
130,70
1 91
42 5o
1 54,35
k 1 o5
48 00
179,55
( 49
27 3o
i38,6o
\ 74 5o
56
3o 20
160, 65
J 63
37 60
173,25
I1) Section : ocm2oio^33.
Ces essais font voir que, dans les conditions de vitesse et de pression employées, le
rendement croît constamment, si l’on augmente l’une aussi bien que l’autre; toutefois,
à la limite supérieure de vitesse, il se ralentit très notablement, tandis qu’il continue
de croître régulièrement avec la pression.
Nous ajouterons que, dans ces essais, on a pu scier 3/4 de mètre carré de fer et
près d’un mètre carré d’acier doux dans l’intervalle de deux affûtages du ruban.
Les applications de la scie à ruban dans les ateliers de construction sont nom¬
breuses : elle remplace avantageusement la machine à mortaiser ou l’étau-limeur pour
le découpage des barres, des lingots et des tubes, le tronçonnement et le chantournage
des pièces de toute nature. Non seulement elle fait le travail avec une rapidité au
moins aussi grande que ces machines, mais encore elle produit moins de déchets; elle
se prête mieux, par la présence de sa grande table, à la manœuvre des pièces; elle est
d’ailleurs, elle-même, moins coûteuse. Les résultats que nous avons exposés montrent
que l’on peut scier des épaisseurs de plus de o m. 6oo, sans que l’économie du pro¬
cédé en souffre.
MACHINES-OUTILS.
155
CHAPITRE IX.
MEULES ET MACHINES A MEULER.
Généralités sur les mordants naturels; des meules en général; meules de grès. — Meules d’émeri; procédé de
fabricalion des meules; formes diverses de meules; instructions pour l’emploi et l’entretien des meules. —
Considérations générales sur les machines à meuler. — Machines à meuler d’usage général. — Machines à
dresser les surfaces planes. — Machines à rectifier les surfaces cylindriques ou coniques. — Machines à
affûter les outils simples. — Machines à affûter les forets héliçoïdaux et les forets à langue d’aspic. — Ma¬
chines à affûter les fraises. — Machines à affûter les scies.
GÉNÉRALITÉS SUR LES MORDANTS NAT L RE LS.
Toute matière peut, en principe, servir d’outil pour le travail d’une matière moins
dure; toutefois on est rarement descendu, comme degré de dureté, au-dessous de celui
de l’acier. Beaucoup d’espèces minérales sont plus dures que l’acier; il était naturel
de songer à les utiliser. Mais un outil doit non seulement être dur, il doit aussi offrir
une grande résistance au choc ; or, les minéraux que nous offre la nature , et surtout
les minéraux cristallisés et clivables, n’ont pas assez de résistance pour pouvoir être
employés comme outils avec coupe et tranchant réguliers : ils se brisent ou s’émous¬
sent très rapidement; le diamant lui-même ne peut se manier qu’avec les plus grandes
précautions et avec une très faible vitesse, ce qui annule complètement les avantages
qu’on pourrait espérer tirer de son extrême dureté et limite son usage à des cas fort
rares. On a cependant reconnu que ces mêmes minéraux pouvaient devenir des agents
très actifs d’usure par leur emploi sous forme de poudre, de grains ou de substance
poreuse, chaque grain ou aspérité agissant comme outil séparé : c’est ainsi qu’est
venu l’usage de la poudre de diamant, d’émeri, de .grenat, de quartz et de verre, du
tripoli, du sable, d’oxydes de fer, des pierres à rasoirs, des pierres dites du Levant 9
de la ponce, des meules de grès.
Pour faciliter l’emploi à la main des poudres et des grains, on a été amené à les
coller sur du bois, du cuir, du papier, de la toile; nous n’insisterons pas sur ce mode
d’emploi peu mécanique; nous dirons seulement que la qualité des papiers et des
toiles dépend de leur souplesse et de l’adhérence des grains par le collage; la colle
employée est un composé de colle de nerfs, de colle de peau et de colle de corne; on
en passe ordinairement deux couches, la première pour fixer le grain, la deuxième
pour relier les grains entre eux.
Les matières que nous avons citées ne craignant pas l’influence de la chaleur, leur
effet utile augmente évidemment avec la vitesse qui leur est communiquée. Pour don-
156
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
ncr de la vitesse aux poudres, on les délaie dans ITiuile, qui convient alors d’autant
mieux qu’elle est plus grasse, et c’est par l’adhérence de cette dernière qu’on les met
au contact des pièces en se servant comme intermédiaires de mâchoires en bois- ou en
métal si la pièce tourne, de disques également en bois ou métalliques dans le cas
contraire; on interpose aussi la poudre délayée dans l’huile directement entre deux
pièces, que Ton rode Tune sur l’autre pour les ajuster ensemble exactement. Quant aux
grains, on les colle sur des plateaux en bois, sans intermédiaire s’ils sont fins, avec
intermédiaire de buffle s’ils sont gros, ou bien on les imprime sur la surface de
disques en métal tendre, cuivre rouge ou plomb. L’inconvénient de ces procédés est
que la couche de matière mordante est toujours très mince et que cette matière, dispa¬
raissant rapidement, exige des manipulations constantes pour son renouvellement. Les
meules possèdent sous ce rapport une grande supériorité, puisque, malgré Tusure, leur
surface est toujours au même état.
Néanmoins il est quelques usages pour lesquels les plateaux de bois et les disques
métalliques auront toujours certains avantages : les premiers sont très commodes pour
le polissage, parce qu’on peut aisément façonner et entretenir leur pourtour à toute
espèce de proffl, que l’état même de la garniture de mordant, après un temps plus ou
moins long de travail, sert pour les différents degrés de polissage; les seconds, sous le
nom de lapidaires, sont très utiles pour le dressage des surfaces planes, parce qu’on
peut facilement, avec un léger coup d’outil de tour, les entretenir à l’état de plans par¬
faits; enfin les uns et les autres offrent toute sécurité.
Nous signalerons seulement, pour l’instant, l’emploi du sable à l’état de grains non
agglutinés, pour le débitage des pierres de construction ou d’ornement et le découpage
du verre ; nous reviendrons plus tard sur ce genre de travail.
Sans nous étendre plus longuement sur les procédés qui précèdent, nous arriverons
à l’étude des meules et surtout des meules d’émeri, qui se présente sous des aspects
beaucoup plus variés et plus intéressants au point de vue mécanique.
Des meules en général. — L’action des meules est due aux intervalles qui séparent
les éléments du mordant, que ces intervalles soient vides ou occupés par un ciment
qui, en s’usant plus vite que le mordant, laisse toujours celui-ci en saillie. Mais, pour
être susceptibles d’emploi, les meules ont à remplir un certain nombre de conditions,
dont les principales sont d’avoir assez de cohésion pour offrir toute garantie de sécu¬
rité, d’être homogènes pour avoir une action égale sur toute leur surface, de présenter
le mordant à un état de grain qui lui permette d’agir efficacement. Parmi les pierres
naturelles, bien peu réunissent ces conditions; les roches de quartz et d’émeri sont en
général trop compactes et peuvent tout au plus, comme la pierre à rasoir et la pierre
du Levant, servir à donner le fil à des outils après l’aiguisage; les meules mêmes en
corindon, outre qu’elle ne peuvent se faire que de petites dimensions, qu’elles sont
difficiles à tailler et coûteuses, manquent de coupant; on n’a, en somme, obtenu de
MACHINES-OUTILS.
157
résultats que des grès, formés de grains de quartz agglutinés par un ciment plus ou
moins facilement désagrégeable. Mais, en imitant la constitution des grès naturels, on
est parvenu a faire des grès artificiels a base d’émeri, mieux adaptés aux divers genres
de travaux, par suite de la possibilité de varier leur grain à volonté, et en outre offrant
une plus grande adhérence de leurs éléments et plus de sécurité.
L’emploi de l’émeri a pris dans ces derniers temps un développement considérable :
la meule d’émeri a supplanté celle de grès dans la plupart de ses applications : ébar-
bage et dégrossissage des pièces de forge, travail des objets de quincaillerie, aigui¬
sage et affûtage des outils, etc.; la facilité qu’elle offre de se fabriquer en faibles épais¬
seurs et à des profils variés, ainsi que de conserver assez longtemps ses formes
extérieures, Ta rendue applicable à des travaux de nature complexe, pour lesquels les
outils des machines ordinaires sont insuffisants, et l’y a substituée à la lime et au
burin; enfin elle a pris la place la plus élevée peut-être parmi les outils de précision,
comme moyen de rectifier, notamment après trempe, et de mettre à des dimensions
exactes les surfaces planes, de révolution et même réglées, et en général toute surface
qui peut être obtenue avec une fraise.
La meule d’émeri constitue certes un progrès notable par rapport à celle de grès :
elle permet défaire plus de travail, à cause à la fois de la dureté supérieure de sa ma¬
tière constituante et de la vitesse plus considérable dont sa cohésion plus grande la rend
susceptible; elle ne paraît pas jusqu’à présent avoir donné lieu à la maladie des aigui¬
seurs, qui compromettait si gravement la santé des ouvriers travaillant habituellement
sur la meule de grès. Toutefois la meule d’émeri n’est pas, plus que celle de grès,
exempte de causes d’accidents de rupture, et même les accidents qu’elle occasionne
sont d’autant plus redoutables qu’à masse égale elle est animée d’une vitesse beau¬
coup plus grande. Il y a là un motif sérieux pour ne pas employer la meule d’émeri
sans nécessité, surtout quand le travail peut être fait par d’autres machines moins dan¬
gereuses; nous donnerons encore plus loin une autre raison pour combattre son em¬
ploi dans les cas où elle n’est pas indispensable.
On dit quelquefois que la meule est une lime circulaire; on pourrait aussi la com¬
parer à la fraise. Ce mode de représentation n’est qu’une image très approximative du
mode d’action de l’un et l’autre outils : la lime et la fraise sont formées d’une série
d’arêtes coupantes de forme étudiée et régulière, qui pénètrent franchement dans le
métal et le détachent sous forme d’un copeau continu de longueur plus ou moins
grande. La meule possède également des aspérités qui doivent faire fofïice de cou¬
teaux, mais ces aspérités n’ont aucune régularité de forme et de position; si quel¬
ques-unes coupent, à la vérité, et font de vrais copeaux, d’autres, au contraire, ten¬
draient bien plutôt à refouler le métal ou à se refouler elles-mêmes dans l’intérieur de
la meule, et c’est surtout par la force vive considérable qu’elles communiquent aux
saillies métalliques contre lesquelles elles s’arc-boutent, que ces saillies se détachent
d’elles-mêmes et sont arrachées du reste de la masse. On comprend ainsi qu’il faut
158
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
rendre aussi léger que possible le contact de la meule avec la surface attaquée, pour
réduire la résistance à l’arracbement, en n’agissant en chaque point que sur une faible
quantité de matière, et en même temps donner à la meule le plus de vitesse possible,
aussi bien pour augmenter la force vive d’arrachement que pour accroître la produc¬
tion. Il faut bien remarquer que ce que nous disons du mode d’action de la meule
n’est pas une simple hypothèse : on en a une preuve dans réchauffement subit des
pièces sous la moindre pression; on le vérifie d’ailleurs facilement en examinant à la
loupe la surface du métal : on y voit non seulement des sillons d’apparence régulière,
mais encore, sur le bord des sillons, des stries transversales très nettes d’arrachement.
Il est probable que c’est ce même effet d’arrachement qui donne aux sillons leur pro¬
fondeur, bien plus que la saillie réelle des grains d’émeri; dans tous les cas, les sillons
et les stries constituent les points d’appui pour l’action des grains successifs d’émeri ou
de quartz, et, à ce point de vue, la meule agit comme la lime, qui ne mord bien que
sur une surface rugueuse.
Ces considérations montrent que la meule est, comme outil, dans de mauvaises con¬
ditions, qui ne sont compensées que partiellement par la dureté de sa matière, autant
du moins qu’on la compare aux autres outils pour des travaux abordables à ces der¬
niers; elle dépense beaucoup plus de force motrice qu’eux et n’est pas capable de pro¬
duire davantage. De plus, les meules de grande production, c’est-à-dire à gros grain,
ne peuvent être considérées comme des outils de finissage, à cause des traits qu’elles
laissent : un polissage est encore nécessaire après leur passage. Nous croyons donc qu’on
doit éviter de trop étendre leur emploi et les limiter à des cas spéciaux, tels que le
travail des outils et des pièces trempées ainsi que des parties de forme non géomé¬
trique , Tébarbage et l’écroûtage des pièces de forge sur lesquelles , par suite de la pré¬
sence d’un oxyde très dur, les outils ordinaires s’émoussent vite, le blanchissage des
surfaces pour lesquelles l’exactitude des dimensions n’est pas nécessaire. Il est certai¬
nement possible d’appliquer d’autres machines à des travaux pour lesquels on avait
jusqu’ici employé presque exclusivement les meules de grès ou d’émeri, en particulier
au travail des pièces minces et longues : ainsi M. Bariquand est parvenu à fraiser les
lames d’épées-baïonnettes; MM. Bouliey rabotent les chanfreins des tôles les plus
minces.
Meules de grès. — Nous avons peu de chose à dire des meules de grès, dont nous ne
trouvons d’exemplaires que dans l’exposition mexicaine, chez M. Gautier et dans quel¬
ques machines à affûter les outils (Smith et Coventry, Société alsacienne, Steinlen).
Les meules de grès ont un grain de finesse variable, d’après lequel elles ont été
classées pour leur adaptation aux différents genres de travaux. Outre leur insalu¬
brité , elles ont le grave inconvénient d’être susceptibles de renfermer des défauts inté¬
rieurs d’homogénéité que leur aspect extérieur ne décèle pas; de plus, toutes sont plus
ou moins hygrométriques et certaines variétés le sont a un haut degré, défaut très sé-
MACHINES-OUTILS.
159
rieux, puisqu’elles s’emploient le plus souvent à l’eau; aussi n’est-il pas prudent de les
faire tourner a une vitesse circonférentielle de plus de dix mètres par seconde, et il
faut toujours, avant de les mettre en service, les éprouver a une vitesse double de la
précédente.
Les meules en grès, ayant été jusqu’en ces derniers temps les seules en usage, ont
conservé des adeptes parmi les gens de la routine'. Certains ouvriers habitués à elles,
notamment pour TalFûtage des outils, éprouvent quelques difficultés a se mettre a l’em¬
ploi des meules d’émeri et prétendent que celles-ci brûlent les outils; cela tient a ce
qu’ils pressent sur la meule , chose inutile et même à éviter ; il convient d’ailleurs de
faire marcher à l’eau les meules d’affûtage, bien qu’il faille généralement pour cela les
préparer spécialement et réduire leur vitesse ; il faut aussi faire choix chi grain et du
procédé de fabrication des meules. On arrive alors à reconnaître que l’usage de la
meule d’émeri est avantageux pour la rapidité et la facilité de l’affûtage, ainsi que pour
la propreté des ateliers.
Les meules en grès se montent d’ailleurs comme les meules d’émeri.
M. Kreutzberger expose un appareil pour le dressage des meules de grès, qui est
d’une grande utilité en ce qu’il permet à l’ouvrier de se tenir à l’écart et d’éviter la respi¬
ration des poussières. Cet appareil se compose d’un tambour articulé suivant son axe
avec la semelle et portant, lui-même, sur un axe parallèle au précédent, un cylindre de
fonte blanche ou d’acier trempé creusé de cannelures en hélice, de manière à former
un filet à arête assez aiguë. La semelle étant fixée sur la monture de la meule, on ap¬
proche le tambour à l’aide d’une vis de rappel, en le faisant pivoter sur son axe. Le
cylindre se trouve entraîné par la meule, dans laquelle il imprime son arête; à cause
des différences de diamètre de la meule et du cylindre, les stries se recouvrent au bout
d’un certain nombre de tours et la meule finit par être parfaitement dressée. Le cy¬
lindre peut s’affûter avec une meule d’émeri pour l’entretien de l’arête mordante.
MEULES D’ÉMERI.
Les meules artificielles sont constituées par un mordant en grains cimentés par un
agglomérant. Les matières employées comme mordant sont principalement l’émeri, le
quartz, le silex, le verre de bouteilles; l’émeri est à peu près le seul qui soit employé
pour le travail des métaux ; les autres corps s’appliquent plus particulièrement au tra¬
vail des matières tendres, bois, pelleteries, étoffes, etc. La préparation et le montage
des meules se font, dans tous les cas, par des moyens analogues. Nous nous occuperons
plus spécialement des meules d’émeri, les meules faites en d’autres matières n’étant
d’ailleurs représentées que par un très petit nombre d’échantillons.
L’élément actif de l’émeri est le corindon, qui s’y trouve en petits cristaux mêlés
d’autres matières, telles que des produits ferrugineux et du mica. Si l’on excepte un
minéral de Chine, dont le prix de revient le rend inabordable à l’industrie, la supério-
160
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
qu’en deuxième lieu : l’émeri de Smyrne contient plus de matières étrangères que celui
de Naxos; il paraît aussi que la variété dominante de corindon, dans ce dernier, ne ren¬
ferme que o.63 p. îoo d’eau de cristallisation, tandis que celle de l’émeri de Smyrne
en renferme A p. îoo et aurait, en outre, trois clivages prononcés, qui lui donnent
une certaine fragilité.
La Société des émeris de l’Ouest exploite sur le littoral de la Bretagne, à Penestin
(Morbihan), des sables renfermant des cristaux de corindon, qu’elle sépare par un
triage; ces cristaux étant enveloppés d’une couche d’oxyde de fer, elle élimine ce der¬
nier par une opération spéciale, et elle obtient finalement un mélange de corindon et
d’un peu de silice, avec lequel elle fabrique ses meules dites en émeri de l’Ouest ou
émeri français.
M. Durrschmidt, de Lyon, fabrique des émeris artificiels, en calcinant une bauxite
du Var pauvre en fer. On sait que la bauxite est un hydrate d’alumine mêlé en propor¬
tions très variables de silice et d’oxydes de fer et de titane; on trouve même de la
bauxite blanche très pure, contenant 85 p. 100 d’alumine et i5 p. îoo d’eau; elle
forme une excellente terre réfractaire; la calcination la durcit au point que M. Durr¬
schmidt la met pour la dureté presque au niveau de l’émeri naturel et l’emploie, comme
lui , pour la confection des meules.
Nous donnons à titre de renseignement la composition des quatre qualités d’émeri
dont nous venons de parler :
DÉSIGNATION.
NAXOS.
SMYRNE.
OUEST FRANÇAIS
ARTIFICIEL
TRIÉ.
PRÉPARÉ.
ORDINAIRE.
SUPÉRIEUR.
Alumine . . . . .
83.8a
80. h 8
76. hk
90.28
76.75
84. 1 2
Oxyde de fer .
7.73
11.71
1 6.27
1 .00
8.45
1 2.63
Silice . .
7.82
6.62 ,
>
i4.8o
3.25
Eau et perle .
o.63
1.19 1
j 7-29
8.72
h
u
Total .
100.00
100.00
100.00
1 00.00
100.00
1 00.00
Procédé de fabrication des meules d’émeri. — L’émeri broyé est classé par grosseurs
de grains a l’aide du tamisage et du minutage dans l’eau; pour la confection des meules,
il est mêlé à un agglomérant destiné a former ciment, comprimé à la presse à la forme
voulue, puis séché ou cuit.
Les diverses propriétés d’une meule dépendent principalement de la provenance de
l’émeri , de la dimension des grains et de leur état plus ou moins anguleux qui tient au
mode de concassage, de la nature de l’agglomérant, des proportions relatives d’émeri
et cl’agglomérant et aussi de matières étrangères qui peuvent leur être mêlées, de la
MACHINES-OUTILS.
161
pression à laquelle le mélange a été soumis, enfin des soins apportés à la fabrication
et de certains procédés de manipulation ou tours de main qui , pour un semblable
genre de fabrication, peuvent avoir une importance sérieuse.
Les principaux agglomérants employés (du moins à notre connaissance, car certains
fabricants, notamment les étrangers, en font un secret) sont : l’oxychlorure de magné¬
sium déposé par cristallisation (Société des agglomérés magnésiens, Sainte-Kahn et Cie);
des silicates alcalins (Durrschmidt); la gomme laque dissoute à chaud et employée
seule ou mélangée avec certaines matières, telles que l’huile de lin, des essences, le
soufre, le bitume, dont l’objet est de produire sa vulcanisation (Henry, Société des
émeris de l’Ouest); le caoutchouc dissous avec des matières analogues et vulcanisé
(Deplanque aîné, Deplanque fds, Denis Poulot, Dumortier), et parfois allié à la gomme
laque (Delaunay et Tronchon, Huard). Nous signalerons seulement ici les agglomérés
métalliques du système Gay utilisés pour le polissage des pierres, mais dont l’emploi
ne convient pas pour les métaux, ou tout au moins ne s’est pas encore étendu à eux :
ces agglomérés sont obtenus en coulant avec de l’émeri en grains un alliage métallique
ou un métal même, tel que le cuivre, le laiton ou la fonte.
La cohésion de la- matière agglomérante constitue essentiellement la résistance de
la meule à la rupture. A ce titre, le caoutchouc paraît être la matière qui présente le
plus grand degré de sécurité, à condition, évidemment, qu’il soit bien traité; après la
vulcanisation, il acquiert une résistance à la rupture qui dépasse 100 kilogrammes par
centimètre carré; il conserve suffisamment d’élasticité pour qu’on puisse en faire des
meules de o m. ooi5 d’épaisseur sur o m. 5o de diamètre, utilisables pratiquement;
il ne se ramollit qu’à une température assez élevée, et enfin il n’est pas sensible aux
influences hygrométriques. La gomme laque et ses composés paraissent avoir un peu
moins de ténacité, se ramollissent par réchauffement produit dans le travail et for¬
ment, à la surface de la meule, une couche plastique dans laquelle les grains d’émeri
s’enfoncent : on dit alors que la meule se lisse ou s’encrasse. Les agglomérés magné¬
siens ont une résistance de 80 à 100 kilogrammes par centimètre carré, mais ils sont
susceptibles de s’altérer sous l’action de l’humidité et même de l’acide carbonique de
l’air. Les silicates solubles donnent des meules non homogènes, plus dures au milieu
qu’à l’extérieur; les silicates fondus et vitrifiés ne laissent pas de vides suffisants entre
les grains d’émeri et se lissent facilement.
Ce sont les considérations précédentes qui déterminent la limite de vitesse qu’il est
possible d’employer sans danger avec chaque espèce d’agglomérant; les vitesses circon¬
férentielles recommandées sont, par seconde, de 18 à 19 mètres pour les agglomérés
magnésiens et les silicates, 25 à 26 mètres pour les agglomérés au caoutchouc et ceux
à 1 a gomme laque, enfin 29 à 3o mètres pour les produits américains et anglais, dont
nous ignorons le mode d’agglomération.
Pour accroître le degré de sécurité des meules, certains fabricants introduisent dans
leur constitution des filaments de lin (Delaunay et Tronchon) ou des fils métalliques
Groupe VI. — iv.
1 1
IMruniERIE NATIONALE.
162
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
d’environ 3o millimètres de longueur (Durrschmidt); toutefois l’avantage ne paraît ob ■■
tenu qu’au prix d’une diminution de mordant par suite de l’encrassement qu’occa¬
sionnent ces matières étrangères.
La nature de l’agglomérant influe sur le rendement des meules, toutes conditions
égales d’ailleurs, d’abord par les variations de vitesse quelle entraîne, et ensuite par
la façon dont elle se comporte pendant le travail. Nous avons déjà dit que les meules à
la gomme laque et au silicate vitrifié se lissent, les premières à cause du ramollisse¬
ment de l’agglomérant qui empâte alors l’émeri, bien que la vulcanisation doive atté¬
nuer cet effet dans une certaine mesure, les secondes à cause de l’état trop compact
du mélange qui fait que le grain d’émeri s’usant se met au niveau de l’agglomérant,
sans qu’il se forme de nouveaux vides dans celui-ci; il se produit des effets analogues,
quoique à un degré moindre, avec le caoutchouc qui ne ramollit pas, il est vrai, mais
se laisse cependant pénétrer par le grain et s’affleure avec lui par l’usure. Au contraire,
les agglomérés magnésiens sont assez durs pour résister à la pénétration du grain, et,
d’autre part, ils se désagrègent avec une certaine facilité, d’où il résulte que l’émeri est
toujours à nu et conserve son mordant; la meule s’use assez vite, il est vrai, mais elle
produit beaucoup de travail, malgré son infériorité sous le rapport de la vitesse. Les
meules américaines et anglaises conservent aussi très bien le mordant et se lissent peu ;
de plus, elles s’usent lentement; ce sont ces qualités qui leur ont assuré jusqu’à pré¬
sent une supériorité incontestable sur les meules françaises.
Une meule est susceptible de produire d’autant plus de travail que la saillie des
grains d’émeri est plus accentuée; on arrive à varier les résultats dans ce sens de deux
façons, par la grosseur des grains et par la grandeur ou le nombre des vides; les
deux moyens peuvent d’ailleurs se combiner; c’est toujours en somme l’étendue des
vides par rapport aux pleins qui intervient, soit que les vides existent par la constitu¬
tion même de la meule, soit qu’ils se produisent par désagrégation de l’agglomérant
ou par détachement de l’émeri. Mais les deux moyens ne procurent pas la même qua¬
lité de travail; leurs effets sont assimilables à ceux cl’une lime, dans un cas à gros ou
à fins traits, dans l’autre cas neuve ou plus ou moins usée. Les meules à gros grain
s’emploient pour l’ébarbage et le dégrossissage, celles à grain lin pour le finissage et
pour l’affûtage des outils.
On augmente l’étendue des vides en réduisant la proportion d’agglomérant et la
pression; comme, dans ces conditions, la meule coupe mieux, en même temps quelle
s’use plus vite, on dit qu’elle est tendre; elle est dure dans le cas contraire. Les
meules dures conviennent pour le travail des tôles et des pièces minces, parce que
celles-ci, par le choc quelles occasionnent à l’attaque des grains et par leurs vibrations,
tendent à désagréger l’agglomérant et à faire sauter l’émeri; elles ont, par suite, besoin
d’une grande adhérence des éléments; d’ailleurs elles reconstituent suffisamment leurs
vides. Les meules dures et à grain fin s’appliquent aux travaux de finissage et de rec¬
tification, pour lesquels il est indispensable qu’elles conservent longtemps leur forme,
MACHINES-OUTILS.
163
pour l’affûtage des scies et des fraises. Les meules tendres conviennent pour le travail
de surface et celui des métaux gras, comme le bronze; les meules tendres et à grain
fin s’emploient avantageusement pour le finissage des surfaces, quand on n’a pas à
craindre d’inconvénient de la part de la rapidité de l’usure, et pour l’affûtage des
outils de tours, raboteuses, etc.
M. Deplanque fils strie parfois les tranches des meules plates sur une profondeur
de un demi à un millimètre; il paraît que le mordant se trouve augmenté, probable¬
ment par suite de l’amorce de désagrégation préparée sur les bords par les stries.
Nous appellerons l’attention des fabricants sur un défaut assez fréquent, notamment
dans les meules provenant de l’étranger : c’est le manque d’homogénéité, qui se recon¬
naît a l’inégalité d’usure aux diverses parties du pourtour, et parfois à la présence de
cavités assez grandes. Ce défaut provient apparemment de l’inégale répartition de
l’émeri et de l’agglomérant, soit que la faible proportion de ce dernier rende difficile
l’intimité du mélange, soit que l’état insuffisamment mou du mélange, au moment de
la compression , ne permette pas aux éléments de se distribuer d’une manière uniforme
dans toute la masse.
Formes diverses de meules. — Parmi les diverses formes de meules, les principales
a considérer sont les meules plates travaillant ordinairement sur le pourtour, et les
meules annulaires travaillant ordinairement sur la tranche. Leur épaisseur et leur dia¬
mètre sont généralement déterminés par des conditions d’emploi; on remarquera tou¬
tefois que les chances de rupture par excès de serrage au montage, chocs accidentels,
pression exagérée dans le travail, sont d’autant plus grandes que l’épaisseur est plus
faible par rapport au diamètre; il y
a donc intérêt à augmenter l’épais¬
seur, autant qu’on peut le faire sans
inconvénient pour le travail. Mais un
point important de sécurité réside
dans le mode de montage. On monte
habituellement les meules plates entre
deux plateaux, dont l’un s’appuie sur
une embase de l’arbre et dont l’autre
se serre contre la meule au moyen
d’écrous vissés sur l’arbre en sens in¬
verse du mouvement de rotation, ou
parfois, pour les grandes meules, se
réunit au premier au moyen de boulons (agglomérés magnésiens). Certains font les
plateaux de petit diamètre; d’autres, notamment MM. Sainte-Kahn et Cie, les font
très grands; les premiers laissent les deux faces des meules parallèles, les seconds
font une des faces, ou toutes les deux, en forme de cône convexe très ouvert et donnent
Monture de meule de MM. Sainte-Kahn et G1
164
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
aux plateaux la forme concave correspondante; il est bien évident qu’une meule en¬
castrée entre de grands plateaux concaves, sans être complètement a l’abri des causes
de rupture, a de grandes chances pour ne pas être projetée, si l’accident se produit;
cette disposition ne peut donc qu’être recommandée. Il convient que les plateaux
n’aient contre la meule que le degré de serrage suffisant pour l’empêcher de se dé¬
placer; pour faciliter l’adhérence et .répartir la pression sur la plus grande surface pos¬
sible, en l’égalisant en chaque point, on interpose entre les plateaux et la meule des
rondelles d’une matière souple, cuir, caoutchouc, carton, toile épaisse, feutre; cer¬
taines de ces matières sont susceptibles de durcir et de perdre leur élasticité ; il semble
que le feutre et la toile soient celles qui conservent le mieux leur état primitif. La
meule ne doit pas être ajustée sur l’arbre, pour éviter les effets de pression qui pour¬
raient résulter de réchauffement ou des trépidations de l’arbre; le jeu donne en outre
la facilité de centrer et d’équilibrer la meule.
Signalons ici une disposition employée par la Société des agglomérés magnésiens
pour parer à l’éclatement des grandes meules, ou tout au moins pour en atténuer les
effets : des cercles en fer de 2 5 à 3o millimètres de hauteur sont disposés sur les
tranches, encastrés dans l’épaisseur de la meule. L’efficacité du moyen peut être réelle,
mais elle peut aussi être contestée : les cercles réduisent l’épaisseur de la meule, et par
suite sa part de résistance; de plus, en raison des différences de dilatation du fer et de
la composition, ils peuvent exercer sur la meule une action tantôt de compression,
tantôt d’expansion.
La Société des agglomérés magnésiens présente une meule plate de 0 m. 600 de
diamètre et 0 m. 100 d’épaisseur, formée de trois secteurs dont les joints sont légère¬
ment obliques par rapport à des plans diamétraux, et qui sont séparés par de minces
tôles de fer; la réunion des secteurs entre eux et à l’arbre est faite comme à l’ordinaire,
par des plateaux; la meule a supporté une vitesse de 600 tours par minute, c’est-à-
dire la vitesse des meules ordinaires de même composition.
Les très petites meules plates, qu’il serait dangereux de serrer sur les côtés, se con¬
fectionnent avec un grain central en bronze, que l’on perce pour le passage de l’arbre
et sur lequel on fait le serrage; on peut aussi tarauder le grain et le visser sur l’arbre.
On fait quelquefois travailler sur leur pourtour des meules en forme de tubes d’un
diamètre de quelques centimètres seulement et relativement assez allongés; quand les
meules peuvent être supportées aux deux bouts , elles se montent sur un arbre assez
bien ajusté, sans forcer toutefois, et se serrent sur les tranches avec interposition de
rondelles souples épaisses. Les mêmes meules, forcées de travailler en l’air, et les bâtons
cylindriques sont serrés par l’extérieur, à l’une de leurs extrémités, à l’aide d’une douille
métallique fermée, avec interposition de matière souple, ou à l’aide d’une douille
fendue en trois ou quatre parties, fdetée et munie d’un écrou de serrage.
Les meules annulaires , travaillant sur une de leurs tranches , sont fixées par la partie
voisine de la tranche opposée. Les meules en forme de tube allongé et de faible dia-
MACHINES-OUTILS.
1 05
Meule de lapidaire horizontale
de MM. Saintc-Kalm et Cie.
mètre se serrent comme les meules semblables qui travaillent sur le pourtour. Les
meules d’un diamètre plus grand, mais ne dépassant guère o m. q5o, sont confection¬
nées avec un fond de même matière ou de matière moins coûteuse, réservé sur l’une
des tranches et d’épaisseur suffisante ; elles sont montées sur ce fond comme les meules
plates ; on les enveloppe parfois , sur une certaine longueur, d’une garniture métallique
réunie par des vis au plateau fixe. Les grandes meules communément appelées lapi¬
daires horizontaux ou verticaux, suivant la disposition de l’axe , se montent de diverses
façons : souvent l’anneau est complètement percé à jour, il s’engage, sur une petite lon¬
gueur, dans une rainure circulaire à section en
queue d’aronde creusée sur la tranche d’un grand
plateau métallique, et s’y colle à l’aide d’un ci¬
ment magnésien ou silicaté; ce procédé laisse à
désirer : l’adhérence du ciment n’est pas toujours
suffisante, surtout quand l’opération est faite par
des gens inexpérimentés, en dehors de l’atelier du
fabricant de meules; en outre, la prise du ciment demande plusieurs jours, ce qui exige
la possession d’un plateau de rechange, si l’on veut utiliser la machine pendant ce
temps. Quelques fabricants se font renvoyer le plateau et font directement la fabrication
de la meule sur le plateau, sans interposition de ciment. M. Denis Poulot ne cherche
pas à obtenir l’adhérence directe de la meule
sur le plateau, il forme légèrement en queue
d’aronde le bord extérieur de la meule et
saisit ce bord au moyen de huit griffes for¬
mant des segments presque jointifs, s’ap¬
pliquant d’autre part sur la tranche du pla¬
teau opposée a la meule et rappelées vers
l’axe par de fortes vis à collet engagées dans
des brides qui font corps avec le plateau.
Pour les lapidaires moyens, M. Denis Poulot
fait le serrage par des segments s’appliquant
à l’intérieur de l’anneau, dont les diamètres
sont rétrécis au bout en forme de fond de
cuvette, et par des vis qui relient les seg¬
ments à une couronne, extérieure faisant
partie du plateau; il emploie aussi simplement un plateau intérieur conique pressé
contre le bord de la meule également formée en cône; M. Bariquand, dans des lapi¬
daires horizontaux, applique la base de l’anneau contre un rebord extérieur du pla¬
teau au moyen d’espèces de serre-joint à boulon, avec interposition de plaquettes de
liège; cette disposition simple est suffisante dans le cas de lapidaires horizontaux, où
la pesanteur n’intervient pas pour excentrer la meule.
Lapidaire vertical de M. Denis Poulot.
IGG
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
M. Deplanque jfils expose deux lapidaires verticaux formés l’un de deux, l’autre de
trois secteurs; le bord extérieur de la tranche d’appui des secteurs s’applicpie contre un
rebord du plateau, du côté intérieur il est élargi près du bout en fond de cuvette et est
pressé par des segments poussés par des vis dont la tête est fixée au moyeu du plateau.
D’autres dispositions de meules s’emploient encore dans des cas spéciaux. Si, par
exemple , il y a intérêt à ce que le diamètre d’une meule travaillant sur le pourtour ne
s’écarte pas d’une certaine valeur, et si d’ailleurs l’usure est très lente, on peut, comme
le fait la Société des agglomérés magnésiens dans un ponceur pour chevreau, confec¬
tionner la meule en forme de couronne de quelques centimètres d’épaisseur sur la jante
d’une poulie.
Instructions pour 1’emploi et l'entretien des meules. — Les fabricants donnent quelques
instructions pour l’emploi et l’entretien des meules; il peut être à propos de rappeler
les principales :
Avoir soin que, dès sa mise en marche et dans tout le cours du travail, la meule
tourne rond, pour empêcher des inégalités de valeur de la force centrifuge de se pro¬
duire sur les différents rayons. Un montage bien fait peut réaliser cette condition; mais
si la surface présente des irrégularités, pour les faire disparaître, éviter de piquer,
tailler ou boucharder la meule ; se servir de préférence d’une lame mince d’acier qui
déchausse facilement les grains touchés, ou mieux d’un diamant noir monté comme
outil de tour sur un chariot manœuvré à la main ou automatiquement. Pour le dressage
au diamant, faire tourner la meule très lentement, afin de ne pas briser le diamant.
Si la meule se lisse au cours du travail, la raviver à l’aide d’une lame mince
d’acier.
Pour produire l’usure aussi régulièrement que possible, dans le cas d’une meule
dont le pourtour a ses génératrices rectilignes, faire passer la pièce par des allées et
venues devant tous les points de la meule, sans l’arrêter à aucun endroit.
Ne pas dépasser, au travail, la vitesse circonférentielle indiquée par le fabricant; il
est même prudent, malgré les garanties données par ce dernier, défaire après le mon¬
tage, pour les meules de grand et de moyen diamètre, une nouvelle épreuve à une vi¬
tesse double de la vitesse normale, dans un endroit isolé et sous une enveloppe pro¬
tectrice.
Tenir à l’abri de l’humidité, et en dehors du contact du sol, les meules destinées au
travail à sec, et ne faire marcher à l’eau que les meules confectionnées spécialement
pour ce genre d’usage.
Entretenir toujours sans jeu les tourillons de l’arbre de la meule dans leurs coussi¬
nets, pour éviter que, par la traction de la courroie ou la pression pendant le travail,
la meule s’excentre et prenne du faux-rond.
N’appuyer que légèrement les pièces sur la meule, la pression étant complètement
inutile et étant, au contraire, susceptible d’occasionner des accidents.
MACHINES-OUTILS.
167
Autant que possible, disposer les pièces sur un appui, sur lequel on les fait aller et
venir à la main ou automatiquement; disposer cet appui le plus près possible de la
meule , de façon que les pièces ne puissent s’engager entre lui et la meule et s’y coincer,
ce qui amènerait presque sûrement un accident.
Disposer autour de la meule une enveloppe en fonte ou mieux en forte tôle, qui
l’enferme le plus hermétiquement possible , ne laissant à découvert que la partie où se
fait le travail; l’enveloppe peut être, a la vérité, brisée par les éclats, mais elle amortira
néanmoins leur force vive de projection et les rendra inoffensifs.
Chaque jour, avant de reprendre le travail, inspecter la meule pour s’assurer qu’elle
n’a pas de trace de fêlure.
CONSIDERATIONS GENERALES SUR LES MACHINES A MEULER.
Les machines à meuler ont des dispositions très variées, tenant à ce qu’on a cherché
a utiliser les meules pour toute espèce de travaux, empiétant ainsi sur le domaine de
presque toutes les autres catégories de machines-outils, et en outre pour le dressage
et la rectification des pièces dures et pour l’affûtage des outils de tous genres. On ne
trouve guère, dans les divers modèles, qu’une partie qui offre des caractères communs
a un grand nombre d’entre eux, c’est le support de la meule même.
Le plus souvent, le support de la meule est constitué par deux montants de poupée,
avec paliers à chapeau et coussinets, et un arbre cylindrique. Les montants font tantôt
corps avec le bâti, tantôt ils font partie d’une véritable poupée rapportée et solidement
bloquée, ou parfaitement ajustée dans sa coulisse avec une large surface d’appui, si elle
est pourvue d’un mouvement d’avance; il est en effet important, à cause de la grande
vitesse de la meule et parfois de sa forte masse, qu’elle soit très stable et soustraite
autant que possible aux causes de trépidations; ces dernières lui seraient nuisibles plus
peut-être qu’à toute autre espèce d’outil, parce que, comme elle a une prise très faible
sur la matière de la pièce, toute cause capable de l’en écarter tant soit peu provoque¬
rait des interruptions de travail. Pour la même raison, l’ensemble du bâti doit être très
robuste, proportionnellement à la force vive que peut avoir tout le système animé du
mouvement de rotation, afin d’éteindre très vite les vibrations ou au moins de réduire
leur amplitude au minimum. En outre, si la pièce a un mouvement automatique
d’avance vers la meule, ou inversement, il faut que ce mouvement soit très sûr et ne
puisse donner lieu à des effets irréguliers de va-et-vient.
Les paliers à coussinets se rapprochent assez par leurs dispositions des paliers des
arbres de transmission, et l’on retrouve à peu près tous les types employés pour ces
derniers, dont le principal caractère est de posséder un réservoir d’huile soit à l’inté¬
rieur, soit à l’extérieur des coussinets; ainsi, tantôt les coussinets sont évidés à l’inté¬
rieur, et une rondelle fixée à l’arbre ramasse l’huile contenue dans le coussinet infé¬
rieur; tantôt l’évidemment est à l’extérieur, et l’huile est amenée au contact de l’arbre
1G8
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
par un bouchon plongeur ou par capillarité à travers des étoupes, des bouts de rotin,
des lames métalliques très rapprochées, etc. Pour empêcher l’introduction des pous¬
sières d’émeri entre les coussinets, ceux-ci sont renfermés, avec chambres de sépara¬
tion, dans l’intérieur d’une enve¬
loppe formée par le palier et le
chapeau et enserrant l’arbre de très
près; le palier est fréquemment rap¬
porté sur les montants , pour la fa¬
cilité de cette disposition particu¬
lière d’ajustage. Les coussinets sont
en bronze, en fonte et parfois en
régule. L’arbre est maintenu dans
le sens de sa longueur par des épau-
lements appuyant contre les paliers,
quelquefois par des butées en bout
réglables, particulièrement dans le
cas des lapidaires verticaux; dans
certaines machines, il reste mobile
suivant sa longueur et se manœuvre
à la main ou automatiquement.
Les arbres verticaux des lapi¬
daires horizontaux sont montés entre
un palier, dans le haut, et une cra-
paudine, à la partie inférieure.
Les arbres des petites meules sont
quelquefois mis en pointe sur des vis portées par les montants et réglables; il convient
alors d’entretenir les pointes constamment lubrifiées par un procédé automatique; un
des meilleurs procédés consiste à encastrer dans la contre-pointe un morceau de bois
creusé pour recevoir la pointe de l’arbre et disposé en
retrait de façon que, si la pointe échappe du bois, elle
soit encore arrêtée par le bord de la contre-pointe;
on a ainsi un frottement très doux, avec une garantie
suffisante contre la facilité de dépression du bois.
Telles sont les formes les plus ordinaires du mon¬
tage des arbres de meules. Nous signalerons quelques
exceptions : MM. Sainte- Kahn et C'c emploient une
seule douille cylindrique allongée, à la place de deux
paires de coussinets, dans leurs machines à dresser les surfaces à l’aide d’une meule
travaillant sur la tranche; M. Kreutzberger se sert également, dans ses machines a affûter
les fraises, d’une longue douille dans laquelle l’arbre prend appui par plusieurs parties
MACHINES-OUTILS.
169
en saillie sur le reste de la longueur; MM. Brown et Sharpe font Tarbre de leurs ma¬
chines à rectifier les pièces cylindriques ou coniques exactement semblable à celui de
leurs machines à fraiser, c’est-à-dire avec un tourillon conique près de la meule dans
une coquille en acier trempé, et un deuxième tourillon cylindrique dans une douille co¬
nique fendue; M. Steinlen emploie aussi des arbres à tourillon conique dans ses ma¬
chines à affûter.
Les meules se montent le plus souvent directement sur Tarbre , entre les montants
du support ou en dehors. Toutefois les très petites meules, qu’on est exposé à rem¬
placer fréquemment, se rapportent en bout de Tarbre à Taide d’un porte-meule mobile;
celui-ci s’engage par une partie conique sur l’extérieur ou dans l’intérieur d’une partie
correspondante de Tarbre; il a en outre une portion filetée à l’inverse du sens de la
rotation, laquelle est à filets gais pour ne pas contrarier le centrage.
On met quelquefois des meules à la place des outils ordinaires sur des machines,
telles que des fraiseuses et surtout des tours; certains tours, dits universels, comportent
même parmi leurs accessoires une monture de meule. Nous ne jugerons pas ce pro¬
cédé autrement qu’en disant que c’est vouloir à plaisir la perte des machines , car
celles-ci ne sont pas, en général, suffisamment garanties contre l’introduction des pous¬
sières d’émeri dans les organes; de plus, les montages ont rarement l’étendue de sur¬
face d’appui et la stabilité nécessaires pour résister convenablement à la grande vitesse
de la meule, et par suite ils ne peuvent procurer un bon travail.
Nous grouperons les machines exposées ainsi qu’il suit :
Machines à meuler d’usage général;
Machines à dresser les surfaces planes ;
Machines à rectifier les surfaces cylindriques ou coniques;
Machines à affûter les outils simples;
Machines à affûter les forets hélicoïdaux ou à langue d’aspic ;
Machines à affûter les fraises ;
Machines à affûter les scies.
MACHINES À MEULER D’USAGE GÉNÉRAL.
Nous comprenons, sous la dénomination de machines à meuler d'usage général, les
machines qui, n’ayant pas de dispositions accessoires spéciales, ni d’autres moyens de
diriger la pièce que la main de l’ouvrier, se prêtent par là même à des travaux variés,
mais sans qu’on soit en droit d’en exiger, comme degré de fini et de précision, autre
chose que ce que peut donner l’habileté de l’ouvrier. Ce sont les meules plates, de toutes
dimensions , montées sur une poupée rapportée sur le bâti ou en faisant partie , com¬
mandées directement sur Tarbre par poulies, ou par cône à étages quand, par suite de
l’usure, le diamètre est exposé à subir des variations notables. Le bâti des grandes
meules doit être lourd; il est essentiel d’y adjoindre une enveloppe protectrice. Les
170
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
petites meules se placent quelquefois sur des établis. Pour donner appui à la main de
l’homme, on adapte généralement au bâti un support plan un peu plus large que la
meule, réglable en hauteur ou inclinable autour d’un axe parallèle a celui de la meule,
afin de permettre de disposer convenablement les parties à attaquer, et déplaçable
également le long de glissières horizontales pour pouvoir être approché le plus pos¬
sible de la meule. On monte assez fréquemment sur le même arbre deux meules de
même nature ou de grain et de dureté différents ; elles sont alors placées aux extré¬
mités de l’arbre, et la commande est entre les montants; il convient que chaque meule
ait son support propre pour l’appui de la pièce. Certaines machines, notamment parmi
celles destinées à l’affûtage des outils, sont pourvues d’une petite pompe, qui prend
l’eau d’un réservoir ménagé dans le bâti et l’envoie sur la meule, à l’aide d’un tuyau
terminé par un distributeur à trous ou en éventail aplati;
Les lapidaires verticaux, disposés comme les meules plates, avec commande par
poulies, puisque le diamètre ne varie pas, et souvent accouplés par deux sur le même
arbre; le support de pièce se trouve alors disposé devant la tranche. Certains fabricants
mettent sur le même arbre une meule plate et un lapidaire; nous croyons que c’est
une erreur, parce qu’alors on ne peut modifier la vitesse en raison de l’usure de la
meule plate ;
Les lapidaires horizontaux, commandés directement sur l’arbre par poulie avec
galets de renvoi pour la courroie, ou par poulies et roues d’angles. On peut les munir
d’un levier pivotant autour d’un axe vertical, réglable en hauteur le long d’une tringle,
et servant à appuyer la pièce sur la meule;
Les machines à façonner, avec meules montées au nombre de cinq, six et plus sur
le même arbre, ordinairement d’assez petit diamètre et de faible épaisseur, se façonnant
â des profils divers pour faire des moulures variées sur les pièces , pour donner la
forme à certains outils et notamment aux outils de menuisier, pour affûter les petites
scies, etc. Elles ne comportent pas habituellement d’accessoires, sauf dans le cas où on
leur adjoint une meule ordinaire, que l’on munit d’un support de pièce. Ces machines
peuvent être légères;
Les machines à polir, analogues aux précédentes, mais portant seulement deux ou
quatre petites meules, auxquelles on peut substituer des plateaux en bois garnis de
buffle et d’émeri collé, ou des brosses en fil d’acier, en crin animal ou végétal, que l’on
saupoudre de potée d’émeri ou de toute autre matière à polir ou à lustrer;
Les machines à bâtons ou à tubes d’émeri disposés en bout de l’arbre , permettant
de travailler des surfaces concaves, de pénétrer dans tous les recoins des pièces et de
faire des travaux analogues à l’alésage.
Nous signalerons ici une application de la meule d’émeri faite par M. Gruhier à un
point de vue sanitaire, pour éviter que, dans le dolage des pelleteries, la poussière et
les déchets de cuir se répandent dans l’air et incommodent en particulier l’ouvrier qui
fait le travail. M. Gruhier fait tourner autour d’un axe vertical une meule en bois
MACHINES-OUTILS.
171
garnie de papier ou de toile d’émeri; la meule est entourée d’un tambour en tôle
dégagé du côté opposé à l’ouvrier, pour permettre d’y appliquer la pièce; le tambour
est en relation avec un ventilateur qui aspire la poussière et les déchets.
MACHINES À DRESSER LES SURFACES PLANES.
Les plus simples des modèles à dresser les surfaces planes sont constitués par des
machines de la catégorie précédente, à meule plate, dont on surmonte la meule d’une
table horizontale percée d’une échancrure rectangulaire; la table se règle en hauteur
au moyen d’une ou plusieurs vis, de manière que le dessus de la meule affleure la sur¬
face; l’ouvrier se contente de passer la pièce sur la meule, en la maintenant appliquée
contre la table. On peut ainsi dresser une surface plane avec une assez grande exacti¬
tude.
MM. Sainte-Kahn et C'e exposent une sorte de lapidaire horizontal renversé, c’est-à-
dire dont la face de travail se trouve en dessous; l’arbre est supporté à l’aide d’un levier
à main avec contrepoids équilibrant la meule; le système est porté par un long bras
horizontal formé de trois parties articulées sur deux axes verticaux; le mouvement est
transmis à la meule par l’intermédiaire de poulies adaptées aux axes d’articulation. La
pièce repose sur une table montée sur un pivot vertical réglable en hauteur. Cette dis¬
position permet à la fois d’orienter la pièce , d’amener la meule sur toutes ses parties
par la manœuvre du bras, et de donner, à l’aide du levier, une pression convenable à
la meule.
On obtient un dressage plus certain par la manœuvre d’un chariot sur lequel on fixe
la pièce. Le lapidaire vertical semble devoir bien se prêter à ce mode d’emploi, et nous
en trouvons en effet plusieurs munis de chariots se déplaçant parallèlement à la tranche
de la meule à la main ou automatiquement; un chariot de réglage, perpendiculaire au
premier, permet d’approcher la pièce de la meule. Toutefois la pièce, restant trop long¬
temps au contact de la meule, s’échauffe jusqu’à dépasser le bleu, ce qui peut être un
inconvénient dans certains cas. Il est préférable de faire travailler la meule par son
pourtour.
Nous avons à citer les modèles suivants comme offrant des dispositions particulières:
Machines à. dresser et à affûter les lames de cisaille. — La lame est montée sur une table
longue et étroite, à section en forme d’équerre, pivotant autour d’un axe parallèle à sa
longueur pour permettre d’incliner la lame suivant l’angle à donner aux faces de son
arête coupante. Chez M. Deplanque fds, la table se manœuvre à la main à l’aide d’une
barre cylindrique formant Taxe de pivotement, prenant appui sur deux secteurs qui
règlent son inclinaison et sur des galets intermédiaires; tout le système du support est
monté sur deux barres normales à Taxe de la meule, qui servent de guides pour l’ap¬
procher de cette dernière par la manœuvre d’une vis. Dans les machines de M. Sterne
172
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
et de M. Dumortier, la table est portée sur deux ou trois petits chariots transversaux,
que l’on manœuvre simultanément au moyen de vis sans fin montées sur un axe com¬
mun, et le tout repose sur un chariot longitudinal à transport automatique et change¬
ment de marche, prenant ainsi un mouvement continu de va-et-vient entre des butées
réglées d’après la longueur de la lame; pendant que le mouvement se produit, l’ou¬
vrier agit sur les chariots transversaux pour approcher la lame de la meule.
Machine à clianfreiner le bord des tôles , de M. Denis Poulot. — La tôle est fixée sur la
table d’un long chariot horizontal à crémaillère, qui reçoit un mouvement automatique
de va-et-vient; des galets, supportant le chariot, rendent le mouvement de transport
très doux. La meule est elle-même montée sur un chariot horizontal normal au précé¬
dent, que l’ouvrier manœuvre à la main pour donner l’approche. L’axe de la meule est
élevé au-dessus du niveau de la tôle , de manière que la meule attaque celle-ci oblique¬
ment d’après l’inclinaison à donner au chanfrein; toutefois l’absence de réglage en
hauteur ne permet pas de conserver facilement la constance du degré d’inclinaison,
suivant l’état d’usure de la meule.
Machine de M. Fétu-Dejize disposée comme une machine à raboter et portant sur sa traverse
une meule de lapidaire horizontal renversé. — La table est à vis et reçoit un mouvement
uniforme de va-et-vient d’un système de changement de marche par roues d’angle
égales. La traverse est très haute et bien guidée; elle se règle en hauteur comme celles
des machines a raboter, mais se bloque à une hauteur un peu supérieure à celle qui
convient au travail; l’approche de la meule est alors produite par la manœuvre à la
main de l’arbre même, qui est enveloppé à sa partie supérieure par une vis identique à
celle de l’arbre d’une machine à percer, et actionne également celle-ci par l’intermé¬
diaire d’une roue formant écrou. M. Lomont rapporte de même sur la traverse d’une
machine à raboter un support de meule de lapidaire horizontal; le support reçoit une
poulie de commande directe à axe horizontal; le mouvement est transmis à l’arbre de
la meule par deux cônes de friction.
Deux machines , hune de la Compagnie du Tanite, l'autre de M. Fétu-Dejize , ayant la
forme de machines a fraiser horizontales, avec console-support de chariots pour le ré¬
glage en hauteur et deux chariots horizontaux rectangulaires, l’inférieur servant au
réglage, le supérieur ayant un mouvement automatique de va-et-vient normalement
à l’arbre, donné soit par un mécanisme de changement de marche, soit par une bielle
reliée au bouton d’un plateau-manivelle. La meule est plate et allongée, ou tubulaire,
selon la nature des pièces à dresser. L’arbre reçoit d’un excentrique un mouvement
alternatif suivant son axe; il est soutenu en bout, près de la meule, par un support
muni d’une douille, au lieu de la contre-pointe ordinaire. Le déplacement de la meule
suivant son axe, outre qu’il produit la régularité de son usure, facilite beaucoup son
action et contribue à réduire réchauffement de la pièce.
MACHINES-OUTILS.
173
Machine de M. Fétu-Defize à rectifier les coulisses formées d'une partie circulaire . — Nous
plaçons cette machine ici, parce qu’elle a plus d’analogie avec les machines à rectifier
les surfaces planes qu’avec celles qui sont employées habituellement pour rectifier les
surfaces cylindriques. La meule et son arbre sont disposés d’une façon analogue à ceux
des machines précédentes et ont également un déplacement alternatif suivant leur axe.
La pièce est attachée par articulation à deux tringles, qui vont se réunir sur un même
axe horizontal porté par un chariot vertical de réglage; les tringles sont en deux parties
emmanchées à télescope l’une dans l’autre; on règle la position de l’axe commun de
façon que la portion circulaire de la coulisse lui soit concentrique. Enfin la pièce reçoit
d’une bielle attachée à un bouton de plateau-manivelle un mouvement automatique de
va-et-vient qui, par suite de la disposition précédente, se trouve être en mouvement de
rotation autour de l’axe de la coulisse; comme la pièce, attachée par suspension, pour¬
rait, par suite de l’entraînement même de la meule, balloter normalement au plan de
l’arc de cercle quelle décrit, on la maintient par ses deux faces, sans la serrer, entre
deux mords d’étau qui se rapprochent simultanément à l’aide d’une vis à deux filetages
inverses.
Deux modèles de grandeurs différentes , de MM. Broum et Sharpe, dont le principe
consiste à employer une meule plate, étroite, travaillant par le pourtour, et à lui faire
exécuter automatiquement, comme à un outil à raboter, une succession de passes dans
des plans parallèles aux tranches de la meule, en donnant à chaque passe une avance
dans le sens perpendiculaire; la meule ayant une faible étendue de contact avec la
pièce, réchauffement de celle-ci est peu à craindre. Le grand modèle ressemble assez à
une machine à raboter, dont les montants sont en arc de cercle allongé et munis de
secteurs, le long desquels la traverse peut être déplacée pour le réglage en hauteur; la
traverse porte un chariot horizontal sur lequel la meule est montée, son arbre étant
horizontal; la courroie de commande vient d’un tambour dont Taxe est le même que
celui des secteurs des montants. La table reçoit d’un mécanisme de changement de
marche un mouvement alternatif automatique; ce mécanisme fait en même temps exé¬
cuter, après la passe dans chaque sens, un tour à un plateau-manivelle actionnant par
bielle, cliquet et rochet la vis du chariot porte-meule; l’avance peut d’ailleurs être
aussi donnée à ce dernier à la main.
Le petit modèle a plutôt l’aspect d’une machine a fraiser à arbre horizontal, le sup¬
port de ce dernier pouvant coulisser entre deux montants pour le réglage en hauteur;
la pièce est placée sur deux chariots horizontaux rectangulaires, le supérieur se dépla¬
çant automatiquement, avec mouvement uniforme et alternatif, parallèlement aux tran¬
ches de la meule, l’inférieur recevant après chaque passe une légère avance à l’aide
d’un rochet et d’un cliquet, ce dernier manœuvré par le levier du manchon de change¬
ment de marche; l’avance peut également être donnée à la main.
Dans les deux machines précédentes, tous les organes des mouvements sont soigneu¬
sement protégés contre la poussière d’émeri.
!7/i
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
MACHINES À RECTIFIER LES SURFACES CYLINDRIQUES OU CONIQUES.
La machine qui tient le premier rang dans cette catégorie et, Ton pourrait dire d’une
manière générale, parmi les machines de précision, est le modèle de MM. Brown et
Sharpe, qui d’ailleurs a été reproduit par la plupart des meilleurs constructeurs. Elle
se construit sur plusieurs types de grandeur, sans que les dispositions générales soient
modifiées. Le hâti forme un hanc , sur lequel se meut un long chariot avec mouvement
automatique de va-et-vient produit par un mécanisme de changement de marche; sur
le chariot repose une tahle qui peut tourner autour d’un pivot vertical et s’incliner jus¬
qu’à 3° 1/2 ou 5 degrés, suivant les modèles; cette tahle reçoit une poupée montée sur
plateau pivotant gradué et une contre-poupée , toutes deux ou la première seule suppor¬
tant la pièce à rectifier. Une console latérale, fixée à hauteur du milieu du hanc, porte
un chariot se manœuvrant à la main normalement à la longueur du hanc et reçoit la
poupée de meule fixée dans des rainures à boulons; la meule peut être placée entre
les montants de la poupée ou en bout de l’arbre.
Pour rectifier extérieurement des pièces cylindriques ou coniques (la table étant
inclinée dans ce dernier cas), on fait usage de la meule placée entre les montants; la
pièce, montée entre pointes ou serrée dans un mandrin sur la poupée seulement, est
MACHINES-OUTILS.
175
animée d’un mouvement de rotation de sens inverse de celui de la meule et plus lent;
pendant le va-et-vient automatique du chariot longitudinal, l’ouvrier donne de temps
en temps au chariot de la meule une légère avance. Pour rectifier une tranche plane ou
un épaulement conique, on fait usage de la meule placée en bout de l’arbre; la pièce
est montée sur la poupée seule, et celle-ci est tournée de manière que son arbre soit
normal à la direction du banc ou fasse avec elle un angle égal au demi-angle du cône
à obtenir. La machine permet encore de rectifier des logements intérieurs cylindriques
ou coniques : on dispose a cet effet sur le chariot de meule, en avant de la poupée de la
grande meule, une deuxième poupée portant en bout une meule de petit diamètre,
et l’on commande son arbre soit directement par le renvoi, soit en se servant comme
intermédiaire d’une poulie mise à la place de la grande meule, dont la poupée reste
en place.
La machine comporte divers accessoires, entre autres un support de lunette à V
pour maintenir les longues pièces cylindriques contre la poussée de la meule, et un
montage en pointe fixe. Celui-ci consiste en une pointe, qui se met à la place de la
pointe ordinaire et qui porte une poulie folle munie d’un double toc; la courroie se
place sur la poulie folle , qui entraîne par le toc la pièce montée sur la pointe ; la poulie
fixe est bloquée pendant ce temps par un verrou, pour empêcher l’arbre de tourner :
ce mode de montage permet d’éliminer les causes de faux -rond qui peuvent provenir
de l’arbre et même de la pointe. Tous les organes essentiels de la machine sont mis
complètement à l’abri de la poussière d’émeri : nous rappellerons que l’arbre de la
meule, ainsi que l’arbre support de pièce, possède un tourillon conique tournant dans
une douille en acier trempé et est pourvu de moyens complets de réglage pour sup¬
primer le jeu.
Une machine de M. Janssens est disposée spécialement pour rectifier de fortes pièces
cylindriques, telles que tiges de pistons, essieux, etc. La poupée de la meule reçoit
un déplacement automatique le long du banc et une avance donnée à la main dans le
sens perpendiculaire; une grosse barre cylindrique, fixée sur deux montants aux extré¬
mités du banc, sert d’appui, concurremment avec le banc, à une pointe fixe et à une
contre-pointe, qui s’engagent sur elle par des douilles fendues à oreilles de serrage; cette
barre sert également de guide au chariot longitudinal de la meule. La pièce, montée
entre les pointes, reçoit un mouvement de rotation d’une courroie qui est placée direc¬
tement sur elle, ou par une poulie folle avec toc adaptée à la pointe fixe. Le mouvement
de va-et-vient automatique est donné à la meule à l’aide d’une vis, qui peut être reliée
par un manchon doublement denté à l’une ou à l’autre de deux poulies égales tour¬
nant en sens contraires; un taquet, porté par le chariot, manœuvre au moyen de butées
une tringle adaptée au levier du manchon, pour produire le changement de marche.
La machine exposée par la Société alsacienne a pour but la rectification des pièces
cylindriques et coniques, notamment dans le cas où la pièce ne peut pas recevoir de
mouvement de rotation; c’est alors la meule qui, indépendamment de son propre mou-
176
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
vement, reçoit une rotation autour de Taxe de la partie à rectifier. La pièce se monte
sur une poupée, avec ou sans le secours d’une contre-poupée disposée sur un chariot a
crémaillère manœuvré à la main sur le banc; ce chariot porte également le système
des supports de la meule. Ceux-ci sont constitués par deux chariots séparés par un pla¬
teau pivotant gradué, tous deux manœuvrables à la main, l’inférieur normalement au
banc , le supérieur parallèlement au banc quand le plateau est au zéro ; le dernier re¬
çoit un appareil , qui porte un arbre auxiliaire horizontal muni d’un plateau à une extré¬
mité; sur le plateau est un secteur gradué, articulé d’une part à un pivot horizontal,
d’autre part traversé par une vis dont les colliers sont fixés au plateau; l’arbre propre¬
ment dit de la meule est adapté au secteur et se trouve dans le prolongement de l’arbre
auxiliaire quand le secteur est au zéro, excentré dans toute autre position de ce der¬
nier. On peut ainsi faire tourner la meule autour de l’arbre auxiliaire d’un mouvement
relativement lent par rapport à celui qu’elle possède elle-même autour de son axe, et
atteindre tous les points de la circonférence d’une pièce immobile, soit à l’intérieur,
soit à l’extérieur de la pièce. La commande est donnée a un cône monté sur l’arbre de
la poupée, qui est ou non entraîné, suivant que le cône est ou non embrayé avec lui;
elle est transmise à deux tambours de diamètres différents disposés sous le support de
la meule; l’un des tambours communique à l’arbre auxiliaire un mouvement lent, l’autre
transmet un mouvement rapide à l’arbre de la meule en passant par l’intermédiaire de
poulies folles, montées sur l’arbre auxiliaire et sur le pivot du secteur.
Les Ateliers d’Oerlikon présentent une machine destinée a polir et à canneler les
cylindres en fonte dure de moulins. Quoique se faisant sur la même machine , les deux
opérations s’exécutent séparément et par des procédés différents. L’outil à rectifier est
une meule d’émeri, l’outil à canneler est un outil de tour; ces deux outils sont disposés
respectivement de part et d’autre du cylindre, sur un chariot manœuvré à la main nor¬
malement au chariot à mouvement automatique qui porte le cylindre; celui-ci est
monté sur un arbre qui peut tourner dans les paliers de deux poupées à un seul mon¬
tant fixées sur son chariot. Pour le dressage, le cylindre tourne assez rapidement autour
de son axe et reçoit le mouvement par une poulie fixée à son arbre; le déplacement de
son chariot est lent, mais de même vitesse dans les deux sens. Pour le cannelage, le
cylindre ne possède qu’un mouvement de rotation correspondant à l’inclinaison de Thé-
lice des cannelures ; le travail n’ayant lieu que dans un sens , son déplacement dans ce
sens est notablement plus rapide que pour le dressage, et sa vitesse de retour est en
outre accélérée. La commande du mouvement de transport du cylindre est donnée, pour
les deux cas, à des arbres distincts qui la communiquent a un arbre unique, par l’inter¬
médiaire d’un mécanisme de changement de marche à manchon denté et roues d’angle,
l’un, pour le dressage, par vis sans fin, l’autre, pour le cannelage, par roue d’angle
avec ou sans l’emploi d’un équipage de roues auxiliaires destiné à réduire la vitesse de
l’aller par rapport a celle du retour. Dans le cannelage, le mouvement héliçoïdal du
cylindre est produit par la combinaison du transport longitudinal avec une rotation,
MACHINES-OUTILS.
177
qui lui est communiquée par un secteur denté engrenant avec une crémaillère verticale
munie d’un patin à pivot, dans lequel glisse une règle inclinée participant au mouve¬
ment de transport longitudinal; le secteur denté n’est pas fixé directement à l’arbre,
mais à un manchon concentrique, et la liaison entre la douille et l’arbre a lieu par une
roue calée sur l’arbre, engrenant avec une vis sans fin dont l’axe est solidaire par roues
d’angle d’un axe fou adapté au manchon parallèlement à l’arbre; le manchon entraîne
l’arbre dans son mouvement de rotation par l’intermédiaire de l’axe fou , qui représente
dans ce cas une poignée de manivelle dont la branche serait fixée à l’arbre; il ne pour¬
rait en effet se produire d’autre mouvement, que si la roue de vis sans fin était capable
d’entraîner la vis; le manchon et l’arbre tournent donc avec la même vitesse. Cette dis¬
position est une conséquence de l’automaticité de la division pour le passage d’une can¬
nelure a la suivante, laquelle s’effectue ainsi qu’il suit : sur l’axe fou de roue d’angle
est fixé un rochet; un support de cliquet, orientable autour de l’axe de l’arbre, se fixe
au bâti dans la position convenable pour faire avancer le rochet du nombre de dents
voulu; pendant tout le temps que l’outil à canneler est vis-à-vis du cylindre, le ro¬
chet, entraîné par le manchon, est éloigné du cliquet, mais à fin de course il vient se
mettre en prise avec lui ; la rotation du rochet se communique à l’arbre par les roues
d’angle, la vis sans fin et sa roue, sans que la rotation composante du mouvement
hélicoïdal soit interrompue. Ce moyen de produire la division est suffisant dans le cas
actuel, sans être absolument rigoureux : on peut bien faire en effet que le cliquet
prenne à chaque fois le même nombre de dents du rochet, mais on n’empêche pas
que de légers écarts se produisent par suite de l’élasticité des butées et des organes
de transmission des mouvements, ainsi que du jeu qui peut exister entre eux.
MACHINES À AFFUTER LES OUTILS SIMPLES.
Nous entendons par outils simples ceux qui n’ont qu’une seule arête coupante, tels
que les outils ordinaires ou profilés de tours, de raboteuses et de mortaiseuses.
Pour affûter les outils profilés, dont il forme ses fraises en bout, M. Steinlen se sert
d’une meule en grès travaillant sur la tranche. L’outil est encastré dans un appareil, dans
lequel il prend appui par deux faces voisines; l’appareil est disposé sur un système de
deux chariots rectangulaires se manœuvrant à la main, l’inférieur étant parallèle à la
tranche de la meule, et il s’oriente sur le chariot supérieur à la fois autour d’un axe
horizontal et d’un axe vertical, de manière à présenter l’outil dans des positions conve¬
nables pour l’affûtage du tranchant principal et celui du biseau latéral; une vis de butée
règle l’avance du chariot supérieur contre la meule, afin d’assurer sur les divers outils
l’uniformité des positions respectives des deux faces affûtées.
MM. Brown et Sharpe adjoignent à leur machine à affûter les fraises un appareil
permettant l’affûtage des outils de tour : l’appareil se monte sur une barre cylindrique
parallèle à l’arbre de la meule, sur laquelle il peut pivoter, se déplacer longitudinale-*
Groupe VI. — iv.
178
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
ment ou se fixer par un serrage à oreilles fendues; il possède, sur un axe normal a la
barre, un plateau circulaire gradué, surmonté d’un petit chariot à levier; le chariot
porte le support d’outil monté sur un axe normal à la direction de son déplacement et
situé dans son plan ; l’encastrement de l’outil est normal au pivot et reçoit au besoin des
coussinets à la section de la tige. Par les deux mouvements de pivotement autour des
axes du support et du plateau circulaire, on peut orienter l’outil pour présenter une
de ses faces à la tranche ou au pourtour de la meule, et par les mouvements sur la
barre, on en opère le dressage. Toutefois ce procédé manque de repères certains
pour reproduire constamment les mêmes formes sur le même outil ou sur des outils
différents.
M. Sellers s’est proposé d’affûter mécaniquement les outils de tour, de raboteuse et
de mortaiseuse, quelles que soient leur destination et leur forme spéciale, pourvu que
dans celle-ci n’entrent pas de parties concaves. L’avantage de ce procédé est, comme
nous l’avons déjà dit, de reproduire toujours des formes identiques pour le même outil
ou pour des outils destinés au même travail, d’assurer le bon fonctionnement et la
conservation des outils par suite de leur rigoureuse conformité avec les conditions théo¬
riques, de faciliter leur mise en place et d’en abréger la durée. M. Sellers se sert d’une
meule de grand diamètre, dont le profil, au pourtour, offre un angle de yo degrés à
faces égales; Tune ou l’autre face est employée pour le travail, selon quelle se prête
mieux à l’opération à exécuter; un fort jet d’eau alimenté par une pompe arrose les
points touchés par l’outil. Tous les mouvements de l’outil se font à la main; l’ensemble
de ses supports comprend à partir du bas : un chariot vertical en partie équilibré, se
manœuvrant à l’aide d’un levier; deux chariots horizontaux rectangulaires, de directions
respectivement parallèles aux plans verticaux tangents aux deux biseaux de la meule,
se manœuvrant par des manivelles; un plateau circulaire gradué à axe vertical, ajusté
avec un peu de frottement dans son logement, de façon à se maintenir à la position
pour laquelle on Ta réglé; un manchon à axe horizontal susceptible d’osciller autour
d’un axe parallèle adapté dans le haut de la masse du plateau circulaire, mais appuyé
ordinairement sur un point du plateau par un contrepoids suffisant pour ne lui per¬
mettre de céder que sous une pression exagérée de travail; dans le manchon, un cy-
lind re avec embase graduée, ajusté aussi à frottement et percé, suivant son axe, d’un
trou de section carrée dans lequel se placent les différents porte-outils à employer sui¬
vant le genre d’opération à effectuer.
Les divers genres d’opérations d’affûtage se ramènent à quatre, savoir : i° dressage
d’une des faces de la tige de Toutil d’après une face voisine , pour assurer par ces deux
faces la régularité d’appui dans les mises en place successives de Toutil; 2° affûtage
des parties planes contribuant à former le tranchant des outils droits , c’est-à-dire dont
la pointe se trouve sensiblement dans la direction de la tige; 3° affûtage des parties
planes du tranchant des outils en forme de crochet, c’est-à-dire dont la pointe est dans
une direction voisine de la normale à celle de la tige; k° affûtage des parties convexes
MACHINES-OUTILS.
179
des outils à tranchant courbe. L’outil se fixe sur chaque porte-outil, en s’appuyant sui
les deux faces de la tige constituées à la première opération. Un outil dont la pointe
n’est formée que de parties planes peut s’affûter complètement avec l’emploi d’un seul
porte-outil et sans démontage , par l’orientement successif de chaque partie autour des
axes du plateau circulaire et du manchon, de manière à l’amener a être parallèle a l’un
des plans verticaux tangents aux deux biseaux de la meule ; à l’aide des deux chariots
horizontaux, on approche l’outil contre la meule, en fixant d’abord au besoin le chariot
vertical au moyen d’un verrou, de façon que la pointe se trouve dans le plan hori¬
zontal de l’axe de la meule, et à l’aide du chariot vertical (qu’on a libéré), on produit
un mouvement de va-et-vient qui dresse l’outil suivant un plan. Les angles d’orienta¬
tion, rapportés aux zéros des graduations du plateau circulaire et du manchon, sont in¬
diqués à l’ouvrier, pour chaque espèce d’outil, par un tableau très complet disposé a
hauteur de ses yeux; pour que l’ouvrier n’ait pas d’hésitation, l’outil est représenté sur
le tableau par la forme de sa pointe en grandeur naturelle avec indication des dimen¬
sions principales.
Dans le cas où la pointe comprend des parties planes, comme le dessus, et des
parties convexes, comme le devant et les côtés, on est obligé de faire deux montages
sur deux porte-outils différents. Pour le façonnage des parties convexes, on fait inter¬
venir l’oscillation du manchon autour de l’axe horizontal supérieur et une came disposée
dans un plan normal à l’axe du manchon et s’appuyant contre un disque fixé dans le même
plan sur le plateau circulaire; on assimile la partie convexe à un conoïde dont l’axe serait
sensiblement l’axe du manchon; il s’agit de placer l’outil de façon que ces deux axes se
trouvent en coïncidence. Prenons, par exemple, un outil droit : il se place, par construc¬
tion, dans son encastrement sur le porte-outil, de façon que sa tige soit normale à l’axe
du manchon; pour régler la position de la pointe, on le dispose horizontalement en
mettant aux zéros la graduation du manchon et une graduation circulaire adaptée au
porte-outil, et on fait buter la pointe contre une plaque qui se place sur le porte-outil
a un numéro de la graduation indiqué par le tableau; il reste à orienter le plateau
circulaire, pour donner l’angle de coupe, et à approcher l’outil d’un des biseaux de la
meule; on lui donne un mouvement de rotation autour de l’axe du manchon, en même
temps qu’on produit un léger va-et-vient du chariot vertical; la came du manchon, ap¬
puyant contre le disque, qui est fixe relativement a elle, provoque l’oscillation du man¬
chon, en faisant prendre à la pointe de l’outil la forme voulue. Pour d’autres formes
d’outil, on peut avoir à faire le réglage en partant d’une position de la tige inclinée sur
l’horizon; le tableau donne l’angle à employer sur la graduation circulaire du porte-
outil. Enfin la came peut être taillée par la meule même sur le porte-outil précédent,
avec l’aide d’un outil type que l’on fait appuyer sur une plaque verticale, pendant que
la came porte contre la meule, le disque étant naturellement ôté.
180
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
MACHINES A AFFUTER LES FORETS HELICOÏDAUX ET LES FORETS
À LANGUE D’ASPIC.
Nous appellerons poinle du foret l’ensemble de la surface terminale comprenant toute
la partie coupante, et sommet de la pointe l’extrémité voisine de Taxe.
L’affûtage dun foret hélicoïdal comprend deux opérations distinctes : l’affûtage de
l’arête coupante de l’extrémité de chaque rainure en hélice, et celui du sommet de la
pointe. Nous examinerons successivement ces deux opérations.
Affûtage de T arête coupante. — On donne ordinairement à la section de la rainure
une forme telle, que l’arête coupante sur la pointe soit sensiblement une ligne droite
rencontrant Taxe du foret ou, plus souvent, passant légèrement en dehors (cas général
des forets à langue d’aspic). Dans le premier cas, la surface de révolution enveloppe
de la pointe, c’est-à-dire celle qu’elle découperait dans la matière en supposant que
l’avance du foret fût nulle, est un cône; dans le deuxième cas, c’est un hyperboloïde
à une nappe. Négligeons, pour un instant, l’avance du foret; la question de l’affûtage
revient à former à l’intérieur de cette surface une ou plutôt deux autres surfaces telles,
que chaque section, par un plan normal à Taxe du foret, fasse à son origine sur Tarête
un angle de 3 à li degrés environ avec la section de la surface enveloppe, le reste de la
section étant suffisamment en retrait sur cette dernière pour que le foret ne talonne
pas. Les solutions à adopter sont différentes, suivant que la surface enveloppe est un
cône ou un hyperboloïde, puisque les tangentes aux sections du premier par les plans
que nous considérons aux divers points de Tarête sont parallèles, et qu’elles ne le sont
pas dans les mêmes sections du deuxième.
La surface enveloppe étant un cône, on peut adopter, comme surface la plus simple
de dégagement ou de dépouille, un cylindre ou un cône tangent à un plan qui fe¬
rait avec le plan tangent au cône enveloppe, suivant la génératrice de Tarête, un
angle a déterminé par la relation tga = ^^, (p étant le demi-angle d’ouverture du
cône enveloppe. Le nombre de cônes et de cylindres qu’on peut employer est, théori¬
quement, illimité; leurs axes se trouvent dans le plan mené par Tarête et faisant un
angle égal à 900— a avec le plan tangent au cône enveloppe suivant Tarête; les axes des
cylindres sont parallèles à Tarête, mais ceux des cônes peuvent faire avec elle un angle
quelconque; toutefois, clans la pratique, la position de Taxe est subordonnée à certaines
conditions : il faut que la surface de dégagement ne recoupe pas le cône enveloppe sur
l’épaisseur de la cloison dont fait partie Tarête dans l’intervalle compris entre les deux
extrémités de Tarête, afin d’éviter le tâtonnement; d’autre part, il faut qu’elle ne se rap¬
proche pas trop de Taxe du cône enveloppe, pour ne pas trop affaiblir la cloison;
enfin on doit remarquer que si Taxe du cône de dégagement (en négligeant toujours
l’avance du foret) rencontre la génératrice de Tarête en deçà du sommet de la pointe,
MACHINES-OUTILS.
181
ce dernier sera compris dans la deuxième nappe et disparaîtra par l’affûtage. On cherche
habituellement à réaliser ce dernier effet, qui donne a l’extrémité de la pointe une
forme aplatie, avec une arête obtuse peu coupante, il est vrai, mais pourtant préférable
a un cône plein, ou plutôt aux deux portions de cônes pleins qui subsisteraient dans
le cas contraire.
Si la surface enveloppe est un hyperboloïcle, on ne peut plus trouver de cylindre, ni
de cône satisfaisant a la condition que son plan tangent suivant la génératrice de l’arête
fasse un angle constant avec le plan tangent à l’enveloppe le long de l’arête, puisque
ce dernier plan est variable; on est amené à prendre également une surface voisine
d’un hvperboloïde pour la surface de dégagement. Remarquons que les moyens dont
on dispose pour obtenir cette surface avec l’emploi de la meule résident à peu près
uniquement dans le contact tangentiel d’un plan, d’un cylindre ou d’un cône, suivant
qu’on veut se servir de la tranche, du pourtour cylindrique ou d’un biseau conique de
la meule; ces moyens ne peuvent donner une surface exacte d’hyperboloïde; le plan
est même à écarter complètement ; toutefois on peut avoir une approximation suffisante,
en se servant de petites meules cylindriques ou coniques, qui seraient censées travailler
par une génératrice du pourtour, et, mieux encore, d’une meule à biseau, qui travaille¬
rait par son arête circulaire et a laquelle on donnerait un déplacement rapide perpen¬
diculairement à son axe ; on tracerait ainsi successivement chaque génératrice de la
surface. Quant à la nature et à la position de cette dernière, on se la représente faci¬
lement de la façon suivante : considérons l’arête coupante dans une de ses positions
sur Thyperboloïde enveloppe, les plans tangents à celui-ci aux deux extrémités de
l’arête, et le plan tangent en un point intermédiaire de l’arête ayant une inclinaison
moyenne entre les deux précédents; calculons, comme plus haut, l’angle a que devrait
faire avec ce plan moyen le plan tangent au même point de la surface de dégagement;
si nous avons déterminé un byperboloïde tangent à Thyperboloïde enveloppe tout le
long de l’arête, nous ne commettrons, dans les conditions de faible longueur et de
position peu excentrique de Tarête, qu’une erreur du deuxième ordre, et qui sera cer¬
tainement dans les limites de tolérance admises pour la valeur de l’angle de coupe, en
prenant pour surface de dégagement cet hyperboloïde , après l’avoir fait tourner de
l’angle a autour de Tarête. Nous n’avons plus alors qu’à déterminer les hyperboloïdes
que Ton peut tracer tangentiellement à Thyperboloïde enveloppe tout le long de Tarête ;
or, les normales aux plans tangents à Thyperboloïde enveloppe le long de Tarête sont
normales à celle-ci et par suite parallèles à un plan directeur; elles constituent une des
deux séries de génératrices d’un paraboloïde hyperbolique, dont la deuxième série
comprendrait Tarête elle-même et Taxe dè Thyperboloïde enveloppe, qu’elles ren¬
contrent toutes; on voit alors que toutes les génératrices de la deuxième série peuvent
être prises pour axes des hyperboloïdes cherchés, puisqu’elles sont toutes rencontrées
par les normales aux plans tangents le long de Tarête; Tarête elle-même et Taxe de
Thyperboloïde enveloppe ne sont que des solutions particulières de la question. Il y a
182
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
lieu toutefois, pour le choix de Taxe, de faire des réserves analogues à celles faites
dans le cas du cône enveloppe; si, au lieu du point où Taxe du cône de dégagement
rencontre l’arête, on considère le point de l’axe de Thyperboloïde situé sur sa nor¬
male commune avec l’arête, ce point pourra se trouver au delà du sommet de la pointe,
tout en permettant à la surface de dégagement de recouper ce dernier, pourvu que, dans
une section droite de Thyperboloïde passant par le sommet, la distance de celui-ci à Taxe
soit supérieure à la distance au même axe du point où le plan de section coupe l’arête.
Nous avons, jusqu’ici, négligé l’avance du foret; par suite de cette avance, l’arête
coupante décrit, en réalité, dans la matière à percer un héliçoïde qui est, dans le cas
où l’arête rencontre Taxe du foret, une surface de vis à filet triangulaire; tout en tour¬
nant, la génératrice méridienne de la surface enveloppe, considérée jusqu’ici, se
déplace parallèlement à elle-même dans la direction de Taxe; il faut donc que les sec¬
tions successives de la surface de dégagement, suivant les mêmes méridiens, aient, de
ce seul fait, un retrait au moins égal, retrait qui a la même valeur en tous les points
d’une section méridienne; or, l’affûtage autour d’un axe parallèle à Tarête coupante
ou incliné sur elle produit un retrait inégal aux divers points de chaque méridienne;
si Ton considère des sections faites normalement à Taxe du foret dans l’héliçoïde et
dans la surface de dégagement déterminée comme précédemment, comme l’avance du
foret par tour peut être de quelques dixièmes de millimètre, on voit que, notamment
dans le voisinage du sommet, la section de Théliçoïde sera intérieure à celle de l’autre
surface. Il ne suffirait même pas de tracer la surface de dégagement en augmentant la
valeur de l’angle de coupe : le seul moyen qui nous paraisse pratiquement sûr, pour
tenir compte de l’avance, est de combiner dans l’affûtage les deux surfaces, c’est-à-dire
de donner au foret un mouvement d’avance suivant son axe, pendant qu’on le fait
tourner autour de l’autre axe déterminé comme nous l’avons vu ci-dessus.
Quelque théoriques que soient les considérations qui précèdent, elles ont pourtant
une certaine valeur au point de vue du rendement des outils; nous voyons d’ailleurs
que les constructeurs ont cherché à s’y conformer, mais par des procédés assez diffé¬
rents. Nous signalerons, dans l’examen de chaque procédé, les points par lesquels il
nous semble pécher, en nous aidant précisément des considérations que nous venons
d’exposer et qui nous permettront de simplifier considérablement notre étude.
Dans toutes les machines à affûter les forets, Tarbre de la meule est horizontal;
MM. Smith et Coventry et la Société alsacienne font le dégagement cylindrique : ils
placent Tarête coupante à peu près en contact avec une génératrice du pourtour d’une
meule cylindrique, et ils donnent au foret un mouvement de rotation autour cl’un axe
parallèle à cette génératrice et situé à une très petite distance d’elle. Dans ce procédé,
il n’est pas tenu compte de divers points : le retrait correspondant à l’avance du foret,
et la direction même de Tarête coupante qui passe en dehors de Taxe. Il résulte, en
particulier, de la dernière circonstance que, l’affûtage étant fait comme si Tarête cou¬
pante rencontrait Taxe, le dégagement sur Tarête même est moindre qu’il n’est à
MACHINES-OUTILS.
183
quelque distance en arrière d’elle, et il faut, par suite, donner au dégagement une
inclinaison assez forte pour que le foret ne talonne pas près de l’arête.
Dans la machine de la Société alsacienne, le foret est centré dans une sorte de
mandrin expansible formé de quatre secteurs allongés, terminés aux deux bouts par
une partie conique qui se serre dans la douille du support; on passe d’une lèvre à
l’autre en tournant la douille de 180 degrés, les deux positions étant assurées par un
verrou; le foret est incliné sur l’axe de la meule à l’angle du cône moyen de la pointe,
de manière que l’arête touche une génératrice de la partie inférieure du pourtour
cylindrique de la meule. Le support du foret comprend un chariot vertical pour l’ap¬
proche du foret contre la meule et, sur ce chariot, un secteur denté se manœuvrant à
l’aide d’une vis sans fin autour d’un axe parallèle à celui de la meule et situé très près
de la génératrice de contact; la douille contenant le foret se fixe sur le secteur denté
par des boulons engagés dans deux rainures, qui permettent de placer l’arête coupante
d’une quantité variable en dehors du plan des axes de la meule et du secteur, suivant
la valeur a donner au dégagement. L’affûtage d’une lèvre se fait en tournant le secteur
de la main droite sur son axe à l’aide de la vis sans fin et donnant en même temps de
la main gauche à la meule un mouvement de va-et-vient suivant son axe.
La machine de MM. Smith et Coventry possède une meule cylindrique en grès. Le
foret se serre près de la pointe par pression contre un demi-coussinet mobile qui a
exactement son diamètre, et il est maintenu à l’arrière par une contre-pointe montée
sur une douille qui se tourne de 180 degrés pour le changement de lèvre et qui est
portée par une petite poupée réglable suivant la direction du foret; l’ensemble de ces
deux supports du foret repose sur une semelle munie d’une poignée de manœuvre et
disposée à une hauteur telle, que le foret vienne toucher le pourtour de la meule dans
un des quadrants supérieurs; la semelle pivote autour d’un axe horizontal parallèle à
la génératrice de contact de la meule, très voisin de cette génératrice, à une distance
d’ailleurs réglable à l’aide cl’une coulisse graduée. Enfin cet axe est porté par un sys¬
tème de deux chariots, l’un parallèle à Taxe de la meule, l’autre perpendiculaire et
incliné à A 5 degrés sur l’horizon; le dernier sert pour approcher le foret de la meule,
le premier pour lui donner de la main gauche un mouvement de va-et-vient le long
de la meule, pendant que de la main droite on fe fait pivoter autour de l’axe de la se¬
melle en soulevant celle-ci à l’aide de sa poignée.
M. Demoor fait un dégagement sensiblement en forme d’hyperboloïde ; il l’obtient
par la combinaison de deux mouvements de rotation du foret, l’un autour de son axe,
qui reste horizontal, l’autre autour d’un axe vertical passant en arrière du sommet de
la pointe et rencontrant le premier; la composition des mouvements autour de ces
deux axes équivaut à peu près, vu la faible amplitude de la rotation autour de Taxe
vertical, à une rotation autour d’un axe légèrement oblique sur l’horizon. L’affûtage se
faisant sur le pourtour d’une meule cylindrique, cet axe serait donc celui d’un hyper-
holoïde pour la génératrice moyenne parmi celles de la meule touchées par le foret.
1 84
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
lesquelles sont horizontales et d’ailleurs très rapprochées; la surface obtenue se rap¬
proche de la forme de dégagement théorique, autant que cela est possible avec l’emploi
d’une meule cylindrique; toutefois il n’est pas tenu compte du retrait correspondant a
l’avance pendant le perçage, au moins d’une façon nettement indiquée. Le foret est
monté par sa tige conique dans une douille fendue avec bague de serrage et supporté
à l’avant par une poupée à V réglable en hauteur; le changement de lèvre se fait par
rotation de la douille de 180 degrés. Le support de la douille fait partie d’un plateau
mobile autour de Taxe vertical passant en arrière du sommet de la pointe du foret, et
l’ensemble repose sur deux chariots horizontaux rectangulaires, l’inférieur servant à
Rapproche contre la meule, le supérieur recevant par bielle, d’un bouton de manivelle,
un mouvement automatique de va-et-vient devant la meule. Les deux rotations du
foret autour de son axe et de Taxe vertical sont produites par un seul mouvement
donné à la douille a l’aide d’un levier; à cet effet, une roue d’angle fixée à la douille
mène une deuxième roue adaptée au plateau horizontal; la dernière porte un bouton
de manivelle relié par bielle à un pivot fixé à la table sur laquelle repose le plateau ;
celui-ci est donc obligé de se mouvoir en sens inverse du bouton de manivelle; on peut
meme régler la quantité de déplacement du plateau et sa vitesse aux différents instants
par l’excentricité et la position initiale du bouton. La position de l’extrémité de la
pointe du foret en avant de Taxe vertical est déterminée à l’aide d’un calibre de ré¬
glage. Une butée limite l’approche du chariot de réglage contre la meule, afin d’assu¬
rer l’identité de forme des deux lèvres.
M. Kreutzberger et M. Sterne donnent au dégagement la forme approchée cl’une
surface de vis à filet triangulaire, par des mouvements simultanés de rotation du foret
autour de son axe et d’avance suivant cet axe, le premier au moyen d’une vis dont Taxe
prolonge celui du foret, le deuxième au moyen d’une came montée sur la douille porte-
foret; la pointe du foret appuie sur le pourtour d’une meule cylindrique. La surface
obtenue est, en réalité, l’enveloppe des positions du cylindre de la meule, pendant que le
foret reçoit le mouvement hélicoïdal; ces positions se recoupent sur Taxe, qu’elles ro¬
gnent successivement, de sorte que le sommet du foret est déterminé par son dernier
élément de contact avec la meule et que l’ouverture de la pointe est plus obtuse près
de l’arête coupante qu’à l’arriére, ce qui rapproche les conditions de ce mode d’affû¬
tage de ceux que nous avons déjà examinés; le dégagement sur l’arête coupante est
d’ailleurs toujours moindre qu’à l’arrière, parce qu’il n’est pas tenu compte de sa posi¬
tion en dehors de Taxe. Dans les deux machines, le porte-foret peut osciller autour d’un
axe horizontal, qui sert à amener l’arête coupante à être horizontale; le support repose
sur un système de deux chariots horizontaux rectangulaires et d’un plateau circulaire à
axe vertical; le foret étant orienté devant la meule et Tarête de la lèvre mise au con¬
tact, on fait tourner le foret sur son axe, pendant qu’on le fait aller et venir le long
de la meule. M. Sterne monte le foret dans une douille de centrage, sur laquelle est le
manchon à came; celui-ci se manœuvre à l’aide d’une poignée; la came entraîne le dépla-
MACHINES-OUTILS.
185
cernent longitudinal par son appui contre un galet fixe. M. Kreutzberger monte le foret
à l’avant dans une douille de centrage et relie sa tige, à l’aide d’une bride, à une vis de
manœuvre; l’amplitude de rotation de cette dernière est limitée par des butées formées
sur la douille-écrou. On passe d’une lèvre à l’autre en tournant de 180 degrés la
douille de centrage (Sterne) ou la douille-écrou (Kreutzberger) ; l’approche contre la
meule est arrêtée par une butée du chariot de réglage.
186
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
M. Steilen comI)ine le procédé de M. Demoor avec le précédent : le foret, disposé
horizontalement, tourne à la fois autour de son axe et autour d’un axe vertical passant
en arrière du sommet de la pointe et pouvant être mis dans un même plan avec Taxe
horizontal, ou déplacé à gauche ou a droite de ce dernier; en même temps, il reçoit
d’une came montée sur sa douille de centrage un mouvement d’avance suivant son axe;
il est présenté devant la tranche d’une meule plate. La surface obtenue, assez complexe
si l’on excentre l’axe vertical, est, en réalité, une surface à plans tangents. Ce dispositif
pourrait avoir un degré plus grand d’approximation, si l’on remplaçait la tranche de la
meule par une arête circulaire de biseau; tel qu’il est cependant, il paraît donner de
très bons résultats. Les mouvements alternatifs de rotation du foret sont obtenus auto¬
matiquement, par transmission d’un mouvement de bielle d’excentrique à un pignon qui
roule sur une crémaillère circulaire fixe et communique sa rotation par roues d’angle
à l’axe du foret, en même temps qu’il entraîne la rotation du support autour de l’axe
vertical; la meule est également animée d’un déplacement automatique alternatif paral¬
lèle au plan de sa tranche, produit par un levier muni d’un galet qui appuie sur une
came montée sur un axe auxiliaire de rotation.
Machine à affûter les forets, de M. Sellers.
Le dispositif de M. Sellers est combiné en vue de donner à la surface de dégagement
la forme d’un cône dont l’axe , oblique par rapport à celui du foret et ne le rencontrant
pas , coupe l’arête à une certaine distance en avant du sommet. L’affûtage se fait donc
comme si l’arête rencontrait l’axe du foret : aussi voit-on très nettement dans son voisi¬
nage une sorte de méplat triangulaire dont elle formerait un côté , le sommet du foret
étant le sommet opposé; de plus, le retrait correspondant à l’avance du foret est né¬
gligé, bien que compensé en partie par l’inclinaison assez forte du dégagement, en par-
MACHINES-OUTILS.
187
ticulier près cia sommet; mais, en cette partie même, la longueur du dégagement suivant
une section normale a Taxe du foret est très limitée, et le bord de la lèvre opposé à
l’arête risquerait de talonner si on ne l’abattait pas par une opération ultérieure, qui
est i’appointissage.
Le foret est monté d’une façon particulière : il est appuyé par les bords des lèvres
de la partie cylindrique, un peu en arrière de la naissance de la pointe, contre deux
griffes qui se rapprochent simultanément par la manœuvre d’un volant, saisissant ainsi
le foret par les angles compris entre chaque cannelure et le cylindre extérieur. Pour
Taffutage de la première lèvre, la pointe est butée contre un point fixe un peu en avant
de la naissance de la lèvre opposée , et la contre-pointe est amenée en bout de la tige
et fixée au support. On fait alors tourner l’ensemble du porte-foret autour de l’axe
oblique fixe, en avançant contre lui la tranche de la meule et donnant de l’autre main
à un battant, sur lequel elle est montée, un mouvement d’oscillation autour cl’un axe
horizontal situé à la partie inférieure du bâti. Pour affûter la deuxième lèvre, on desserre,
à l’aide du volant, les griffes qui maintiennent l’avant du foret, on le tourne de 180 de¬
grés en ayant soin de le faire appuyer contre la contre-pointe, et on referme les griffes.
Le réglage de l’approche de la meule suivant son axe se fait par le déplacement de son
battant , que l’on arrête par une butée.
Le dispositif de M. Sellers, bien qu’incomplet théoriquement , a certains avantages :
il détermine la position d’affûtage de chaque lèvre par rapport à un point d’appui fixe,
cette position étant ainsi indépendante de l’autre lèvre. Les deux arêtes coupantes seront
donc placées d’une façon exactement semblable par rapport à Taxe du foret, quand
bien même les cannelures ne seraient pas symétriques l’une de Tautre; par suite, elles
travailleront également au perçage , faisant chacune un copeau distinct.
Affûtage du sommet de la pointe, ou appointissage. — Les forets, pour lesquels l’affûtage
de l’arête coupante a été fait avec recoupement du sommet et formation d’une arête
obtuse, peuvent, à la rigueur, rester tels quels, surtout si la cloison est peu épaisse; il
n’en est pas de même pour les forets affûtés par le procédé de M. Sellers et, d’une
façon générale, pour les forets cl’un certain diamètre, à la cloison desquels on est
obligé de laisser une épaisseur notable; il convient alors d’appointir le sommet par
une opération spéciale. Cette opération consiste â former une petite rainure se raccor¬
dant d’aussi près que possible avec la cannelure en hélice et dirigée obliquement vers
le sommet, que l’arête coupante ainsi prolongée atteint, mais toutefois avec un angle
de tranchant assez fort. La matière enlevée étant prise surtout sur le bord non coupant
de la cannelure, l’excès de métal, qui, dans certains procédés d’affûtage, pourrait sub¬
sister en cette partie et serait capable de produire du talonnement, se trouve enlevé.
L’appointissage se fait souvent â la main sur une petite meule â biseau. Toutefois,
par cette manière de procéder, on risque d’excentrer la pointe; il est donc préférable
de faire l’opération mécaniquement.
1 88
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
MM. Smith et Coventry exposent une machine composée d’une poupée de meule à
arbre horizontal et d’un système de trois chariots, dont un vertical et deux horizontaux,
surmonté d’un support pivotant à axe vertical. Le foret se place sur ce dernier, incliné
par rapport à l’horizon et serré par une bride dans un demi-coussinet de diamètre
exact; une règle à coulisse de repérage permet de mettre le foret dans la même position
que la première fois, après l’avoir tourné de 180 degrés.
M. Kreutzberger se sert de la machine même a affûter les lèvres, qui est munie
d’une meule étroite; sans démonter le foret, il fait pivoter l’ensemble des supports sur
le plateau circulaire, de manière à présenter le foret à la meule dans une direction
convenable, et il fait tourner la semelle du porte-foret autour de son axe horizontal
d’oscillation pour amener le foret au contact de la meule; il fait la même opération
après retournement de 180 degrés; une butée limite l’amplitude de l’oscillation, afin
d’assurer la symétrie des deux rainures.
AI. Sellers se sert d’un appareil spécial muni d’une meule étroite et a bord arrondi.
Le foret est placé entre deux mâchoires reliées par articulation à un même levier et
susceptibles de glisser respectivement dans deux coulisses inclinées l’une sur l’autre à
l’angle d’ouverture de la pointe du foret; un contrepoids tend à fermer les mâchoires,
c’est-à-dire à les rapprocher du sommet de l’angle des coulisses. On engage le foret en
ouvrant les mâchoires et les laissant se refermer; il prend appui sur elles par les bords
des cannelures à la naissance des arêtes coupantes, l’un portant en dessus d’une mâ¬
choire, l’autre portant en dessous, de sorte qu’il faut le soutenir à la main pour l’empê¬
cher de se détacher; une butée sur l’une des mâchoires, en avant de la naissance de
l’arête correspondante , achève de déterminer la position du foret ; en poussant une contre-
pointe sur l’extrémité de la tige, on fixe cette position; l’axe du foret se trouve alors
légèrement incliné sur l’horizon. Le levier des mâchoires bute par un bras contre le
prolongement d’un des côtés d’un parallélogramme articulé sur quatre axes obliques
sur la verticale, dont l’un, situé sur le côté précédent, est fixe; ce même côté s’oriente
d’après le déplacement qui lui est communiqué par le levier; le côté parallèle porte
l’arbre de la meule, qui est réglable en hauteur à l’aide d’une vis de rappel graduée. Il
résulte de cette disposition, que le degré d’ouverture des mâchoires fait prendre à
l’arbre de la meule un angle variable par rapport au plan vertical de l’axe du foret :
plus elles sont écartées, plus la meule se présente obliquement par rapport au foret,
et plus la rainure qu’elle produit est large; pour les plus petites dimensions de forets,
la meule se trouve ajustée de façon à faire une rainure dont la largeur est égale à son
épaisseur. Le foret étant en place et maintenu de la main droite, l’ouvrier amène la
meule de la main gauche en la faisant pivoter autour de l’axe fixe du parallélogramme;
un côté étant fait, on tourne le foret de 180 degrés en ouvrant les mâchoires, et on le
replace en l’appuyant sur la contre-pointe; à l’aide de la vis de rappel graduée, on peut
ramener la meule exactement à la même position que pour le premier côté. L’emploi
de cette machine nécessite que les cannelures soient exactement symétriques par rap-
MACHINES-OUTILS.
189
port à l’axe du foret; sinon la différence de profondeur des deux rainures est double
de l’écart de symétrie.
MACHINES À AFFUTER LES FRAISES.
Comme nous Lavons fait remarquer, on affûte sur le devant les dents de certaines
fraises dont le profil du dessus est en forme de spirale logarithmique (Brown et Sharpe,
Smith et Coventry); pour les autres fraises, on affûte le dessus de la dent de manière
que, dans chaque section normale à l’axe delà fraise, la direction d’affûtage fasse, avec
la perpendiculaire à l’extrémité du rayon passant par le point où l’arête est coupée, un
angle de 3 à li degrés environ. Les machines à employer peuvent être les mêmes dans
les deux cas; nous passerons de suite à leur étude.
Dans toutes les machines exposées, les arbres de meule sont horizontaux ou peuvent
recevoir une légère inclinaison (Kreutzberger). Les mouvements nécessaires pour l’affû¬
tage se font a la main; ces mouvements, ainsi que ceux de réglage, sont produits à
l’aide de chariots ou de barres-guides et d’axes de rotation avec douilles ou plateaux
circulaires. Pour fixer la position d’une dent devant la meule et pour passer d’une dent
a la suivante, M. Steinlen se sert d’un appareil diviseur monté sur l’axe de la fraise;
les aulres constructeurs emploient un cliquet ou une lame de ressort plus ou moin; large
190
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
à son extrémité, qui s’engage dans le fond de Tentaiile à l’avant de la dent à affûter,
et contre laquelle la meule est appuyée à la main ou par un poids tendeur ; cette pièce
est montée sur une tige cylindrique ou sur un système de tiges articulées l’une sur
l’autre par des douilles fendues à oreilles, pouvant glisser et tourner dans leurs douilles
de manière à être amenées dans une position convenable par rapport à la meule; la
tige, ou le système de tiges, est solidaire du mouvement de la fraise pendant l’affûtage,
quand celle-ci est à dents hélicoïdales; elle est fixée à un support indépendant dans le
cas contraire, de manière que la lame, étant fixe, force la fraise a tourner au pas du
fond de l’échancrure sur lequel elle s’appuie.
Les machines de MM. Brou n et Sharpe, Smith et Coventry et de la Société alsacienne
ne peuvent affûter que les fraises cylindriques à dents droites ou hélicoïdales, les fraises
coniques et celles taillées en bout; l’affûtage se fait en général, au moins pour les
fraises de la seconde catégorie, par le
pourtour de la meule, devant lequel
on fait passer successivement l’arête de
chaque dent; le trait laissé par la meule
est alors normal à l’arête.
La machine de MM. Brown et Sharpe ,
qui est du reste celle employée pour
l’affûtage des forets , comprend une forte
barre cylindrique parallèle à Taxe de la
meule; sur cette barre peut se fixer ou
se déplacer un support reposant d’autre
part sur une barre plate parallèle. Le
support est muni d’un pivot vertical avec
plateau circulaire gradué et d’une douille
a axe normal au pivot , dans laquelle se
place une tringle ou un mandrin qui
porte la fraise; les fraises cylindriques
Machine à affûter les fraises, de MM. Brown et Sharpe.
se manœuvrent à la main le long de la tringle; pour les autres fraises, la tringle se
plaçant obliquement par rapport à l’axe de la meule, on doit se servir du déplace¬
ment du support le long des barres. L’affûtage du devant des dents se fait, avec cette
machine, en disposant la tringle porte-fraise perpendiculairement à l’axe de la meule,
et faisant glisser la fraise sur la tringle le long de la tranche de la meule.
La machine de MM. Smith et Coventry comprend un chariot vertical et deux chariots
horizontaux, le supérieur étant parallèle à l’axe de la meule et se manœuvrant à l’aide
d’une poignée, puis un plateau circulaire horizontal gradué, supportant un axe hori¬
zontal qui peut être manœuvré à l’aide d’une vis sans fin; la fraise se monte sur un se¬
cond axe normal au précédent. La position de la fraise étant réglée au moyen des divers
mouvements dont on dispose, on passe les dents devant la meule, suivant leur Ion-
MACHINES-OUTILS.
191
gueur, par le déplacement du chariot supérieur. La manœuvre de l’axe horizontal par
vis sans fin permet également d’affûter des fraises sphériques et, en particulier, de faire
circulaire le dégagement à l’avant des dents des fraises à profil transversal de spirale
logarithmique, de manière à rapprocher la forme du fond de celle de l’arête. Ce der¬
nier procédé a une certaine importance pour les fraises à profil longitudinal très
accentué, telles que celles qui servent à la taille des roues d’engrenages : si l’on faisait
en effet le fond du devant des dents rectiligne, on serait conduit à un écartement trop
considérable des dents.
La machine de la Société alsacienne comprend : un chariot vertical; un chariot hori¬
zontal parallèle à l’axe de la meule , et qu’on pousse à la main pour faire raffûtage ; un
second chariot horizontal normal au précédent; un plateau circulaire horizontal ser¬
vant de support a une douille à axe horizontal ; dans celle-ci s’engage une barre for¬
mant l’un des côtés d’un cadre articulé, dont le côté opposé porte la fraise mise entre
pointes; la fraise peut aussi se monter directement sur un mandrin engagé clans la
douille. Pour l’affûtage du devant des dents de fraises, ainsi que du bord coupant des
cannelures de tarauds ou cl’alésoirs, on emploie un support différant du précédent en
ce que le plateau circulaire est sous le chariot supérieur; l’axe de la douille et l’axe de
la fraise, montée sur son cadre, sont disposés parallèlement à ce chariot, que l’on
manœuvre à la main le long de la tranche de la meule.
M. Sterne expose une machine avec un arbre de meule porté par un battant équi¬
libré cpii oscille autour d’un joint universel, et une poupée à douille porte-fraise hori¬
zontale montée avec faculté d’orientation sur un système de deux chariots; une broche
permet de fixer le battant à un support réglable en hauteur par vis de rappel. Cette
machine serait facilement adaptée a l’affûtage des fraises de forme.
M. Hulse et M. Steinlen n’affûtent également que les fraises de forme simple; ils se
servent de meules annulaires travaillant par la tranche. Les traits de meule coupent
obliquement l’arête de la dent; cependant ce procédé forme franchement un plan sur
le dessus de la dent, tandis que la meule tournant normalement a l’arête fait une sur¬
face plus ou moins concave, qui oblige de donner un peu plus de coupe qu’il n’est né¬
cessaire, pour éviter le talonnement.
La machine de M. Hulse possède un chariot vertical et deux chariots horizontaux
séparés par un plateau circulaire; sur le chariot supérieur sont placées une poupée
et une contre-poupée, qui supportent la fraise. Un poids tendeur appuie la fraise contre
un cliquet.
Dans la machine de M. Steinlen, la meule est portée par un battant oscillant autour
d’un axe horizontal et se réglant à hauteur convenable le long d’un support vertical à
coulisse circulaire. La table porte un premier plateau circulaire, deux chariots rectan¬
gulaires et un deuxième plateau circulaire; sur celui-ci est une poupée avec douille
horizontale recevant le mandrin porte-fraise; l’axe du mandrin est muni d’un diviseur,
qui fixe la fraise dans chaque position et sert pour le changement de dent.
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
19 2
II nous reste à nous occuper des machines cpii permettent d’effectuer l’affûtage des
fraises de toutes formes et de tous profils d’une façon plus ou moins complète et sûre.
MM. Hurtu et Hautin mettent une meule à la place du papillon de leur machine à
tailler les fraises et se servent de celle-ci, sans changement de dispositions, pour affûter
le devant des dents de fraises à profil transversal en spirale logarithmique , ainsi que le
dessus des dents des fraises ordinaires, la position de la meule étant à chaque instant
assurée par l’appui du galet sur le gabarit; ils affûtent le dessus des dents en hélice
en obliquant la poupée porte-fraise sur la table. Le procédé de MM. Hurtu et Hautin
pour l’affûtage du dessus des dents, consistant dans l’emploi du pourtour d’une meule
cylindrique dont l’axe est normal à l’arête de la dent, est évidemment exact en théorie,
mais donne lieu en pratique à une critique sérieuse : la meule reste difficilement cy¬
lindrique, et les moindres irrégularités de dressage sont de l’ordre des différences de
distance à la fraise des divers points de la surface de dégagement ; le trait de la meule,
parallèle à l’arête de la dent, est une cause de grippement avec la surface de la pièce
fraisée; on éviterait en partie ces inconvénients, en donnant à la meule un déplace¬
ment suivant son axe.
M. Demoor se sert également, pour l’affûtage, de sa machine à tailler les fraises;
mais il remplace la poupée servant à la taille par une autre poupée, sur l’axe de la¬
quelle est disposée normalement la douille porte-fraise, et qui repose elle-même sur
un chariot mû par levier parallèlement à Taxe de la meule.
Les machines les plus complètes sont les deux modèles exposés par M. Kreutzber-
ger. Dans l’un, le plus ancien en date, la meule est montée à l’extrémité d’un arbre
porté par un battant qui oscille d’un côté autour de l’arbre horizontal de com¬
mande et qui est supporté d’autre part, près de la meule, par un levier équilibré, arti¬
culé sur un support vertical; le battant se meut le long d’une coulisse circulaire du
support vertical et peut se fixer en un point de cette coulisse au repos ou pour les
affûtages qui n’emploient pas de gabarit reproducteur. L’arbre de la meule peut lui-
même prendre une inclinaison de quelques degrés sur l’horizontale le long d’une
plate-forme normale à la longueur du battant , et sur laquelle la poupée se fixe par
deux rainures à boulons : l’inclinaison de l’arbre sert dans le cas de l’emploi de très
petites meules et de profils de fraise accentués, pour éviter le contact de l’arbre avec
la fraise. Le système des supports de la fraise est composé ainsi qu’il suit : une pou¬
pée repose par un plateau circulaire sur deux chariots horizontaux et sur une semelle
susceptible d’être orientée sur la table; elle porte un axe horizontal, sur lequel se monte
un système articulé dont la mobilité, jointe à celle du battant, constitue la partie es¬
sentielle de la machine. A cet effet, pour les fraises qui peuvent se mettre sur deux
pointes, l’axe horizontal de la poupée est percé normalement d’un œil qui reçoit une
barre cylindrique, et sur celle-ci se placent deux bras parallèles portant les pointes;
l’ensemble de la barre, des bras et de la fraise, montée entre les pointes, forme un
cadre rectangulaire, dont les diverses parties offrent de nombreuses facilités pour le
MAGHINES-OUTJLS.
193
réglage. Pour les fraises qui ne peuvent êtres mises entre pointes, fraises en bout,
fraises à tige, etc., l’axe horizontal de la poupée est terminé par une fourche, dont les
deux branches reçoivent et maintiennent solidement une barre analogue à la précé¬
dente; entre les deux branches se place le bras unique qui porte la fraise; une queue
prolongeant le bras est munie d’une vis de réglage qui, en prenant appui sur l’axe de
la poupée, permet de légers déplacements de la fraise, par rotation autour de la
barre. Ce dernier dispositif est d’ailleurs également applicable aux fraises montées
Machine à affûter les fraises, anrien modèle, de M. Kreulzberger.
entre pointes sur un mandrin de longueur suffisante; il leur procure un appui plus
stable que le premier moyen et une facilité de réglage de plus. L’assemblage des élé¬
ments interposés entre la poupée et la fraise se fait par douilles à oreilles fendues et
boulons de serrage; il permet un réglage très rapide; enfin diverses particularités de
détail assurent complètement l’exactitude de ce dernier : nous citerons notamment
l’usage des graduations d’un disque monté sur l’axe horizontal de la poupée pour les
fraises coniques, et celui du plateau circulaire de la base de la poupée pour les fraises
en hélice, dont Taxe doit être obliqué sur celui de la meule de la valeur de l’angle
d’inclinaison de l’hélice.
L’affûtage des fraises cylindriques à dents droites ou en hélice, des fraisés co¬
niques et des fraises en bout se fait comme avec les machines précédentes, avec l’aide
1 3
Groupe VI. — iv.
IMriHMEIUE NATIONALE.
104
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
d’un cliquet d’appui, par la manœuvre du chariot à vis de pas allongé, qui fait passer
tous les points de la dent sous la meule fixée à hauteur convenable. L’affûtage des
MACHINES-OUTILS.
195
fraises dont le profil est un arc de cercle convexe ou concave se fait facilement, en
amenant le centre du profil exactement sur la verticale du point le plus bas de la
meule, et en donnant à la fraise un mouvement d’oscillation autour de Taxe horizon¬
tal de la poupée; toutefois ce moyen, en faisant l’angle de dégagement constant dans
toutes les sections normales à Tarête de la dent, donne par là même un angle de
coupe variable; il convient donc de ne pas en exagérer l’emploi.
II reste, pour les fraises à profil, à établir le gabarit reproducteur. Celui-ci se place
à l’extrémité des bras du cadre porte-fraise, sur une sorte de deuxième cadre articulé;
grâce à l’articulation de ce dernier cadre, il peut toujours se disposer dans un plan
vertical, parallèlement à la ligne des pointes. La touche, par laquelle le battant repose
sur lui, est adaptée le long d’une tringle qui se fixe au battant par une espèce de
tête de cheval, ce qui lui procure toutes les facilités de réglage dans le sens vertical et
dans les deux directions horizontales principales. La commodité et même la possibilité
de Temploi du gabarit reposent sur la rapidité et l’exactitude de sa mise en place,
même pour le cas où Ton n’a qu’une fraise d’un profil donné à affûter : pour cela,
le gabarit doit être fait en même temps que la fraise, sur le profil même qui a servi
à tourner cette dernière; il faut ensuite dresser deux points du bord inférieur de la
tôle, pour représenter la direction de Taxe de la fraise, de telle façon que, le gabarit
étant monté sur son support et placé par ces deux points sur des appuis correspon¬
dants (lesquels servent pour tous les gabarits), son profil se trouve être exactement
parallèle à celui de la fraise montée entre les pointes du cadre , et qu’il suffise d’ame¬
ner la touche, à l’aide de ses moyens de déplacement, sur un point quelconque du
gabarit correspondant au point de la fraise sur lequel la meule vient en contact. La
touche étant réglée, on laisse le battant reposer librement par elle sur le gabarit, et
Ton déplace la fraise sous la meule au moyen du chariot à vis de pas rapide; le fer se
donne par l’action sur la vis de réglage de hauteur de la touche. Une précaution doit
cependant être observée, surtout pour le cas des fraises à profil très accentué : c’est
d’arrondir le bord de la meule de façon qu’il se rapproche de la forme de la partie
de la touche en contact avec le gabarit. Dans ces mêmes cas de profils très accentués
de fraises, on peut souvent, en inclinant convenablement Taxe de la fraise, mettre le
profil dans une position telle, que les différences de longueur des ordonnées soient peu
considérables; il convient seulement de tenir compte de l’inclinaison donnée, au point
de vue de la valeur de l’angle de coupe. Il n’est pas d’ailleurs nécessaire d’affûter en
une seule fois toute la longueur de la dent, et il est parfois avantageux de décomposer
le profil, en particulier quand il présente des angles vifs, en portions sur lesquelles on
opérera séparément. Nous rappellerons que l’ouvrier affûteur doit avoir à sa disposition
un appareil de vérification, du genre de celui dont nous avons parlé au chapitre relatif
à l’étude des fraises.
M. Kreutzberger a créé récemment un modèle qui offre quelques différences avec le
précédent et réalise certaines commodités nouvelles. Il a remplacé le battant porte-
196
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
meule par un support fixe, et reporté les mouvements de reproduction sur les chariots
du support de la fraise; il a ajouté, entre les chariots et le plateau circulaire de la hase
de la poupée, un deuxième plateau circulaire gradué, surmonté d’un chariot; c’est ce
MACHINES-OUTILS.
107
dernier qui devient le chariot reproducteur; on le fixe pour l’affûtage des fraises
simples; pour l’affûtage avec reproduction, il est poussé par un poids tendeur contre le
gabarit, ou bien il reçoit la pression de la main à l’aide d’un levier. L’affûtage se fait dans
le plan horizontal de l’axe de la meule; le gabarit se place horizontalement sur le cha¬
riot reproducteur; la touche, adaptée au support fixe de la meule, se règle par un petit
chariot parallèlement à l’axe de la meule et par une vis dans le sens perpendiculaire.
Le système articulé adapté à l’axe horizontal de la poupée porte-fraise est du deuxième
dispositif décrit plus haut, afin de permettre un léger réglage de la fraise en hauteur.
Enfin le chariot inférieur du support de la fraise est muni d’une graduation dont le
zéro, mis en face de celui du vernier de la semelle, se trouve dans le plan vertical de
l’axe de la meule; l’utilité de cette graduation se manifeste surtout pour l’affûtage des
fraises à gradins ou formées de plusieurs fraises de diamètres différents; elle permet
d’observer très exactement les différences de diamètre, à la condition toutefois qu’on
se serve de la même meule pour l’affûtage des diverses portions.
Le plateau circulaire additionnel sert non seulement pour le réglage de l’inclinaison
de l’axe des fraises coniques, l’affûtage des profds circulaires, mais il peut encore
être utilisé pour la reproduction de formes à courbes prononcées, qui se prêtent mal
à l’emploi du mouvement rectiligne du chariot de manœuvre : on le substitue alors
pour la manœuvre à ce dernier. Les ordonnées du gabarit sont tracées, dans ce cas,
suivant des rayons du plateau circulaire. Par suite de la position du gabarit en avant du
bord du plateau, son profil représente celui de la fraise avec un agrandissement notable,
qui en adoucit considérablement les rampes et les rend faciles à gravir pour la touche.
Nous ferons cependant encore observer qu’il convient de n’employer qu’avec réserve
ce procédé, qui donne des angles de coupe variables aux divers points du profil.
MACHINES À AFFÛTER LES SCIES.
Les scies à métaux peuvent subir deux genres d’affûtage : l’un sur le dessus de la
dent, qui rafraîchit la coupe; l’autre sur le devant de la dent, qui approfondit en même
temps l’échancrure. Les deux modes d’opérer ne diffèrent que par la façon dont la scie
est présentée a la meule et par la forme de celle-ci, qui peut être à pourtour cylin¬
drique pour l’affûtage du dessus et doit être à biseau pour celui du devant.
Dans la plupart des machines exposées pour l’affûtage des scies circulaires, l’opé¬
ration se fait à la main. Tantôt l’axe de l’arbre de la meule est fixe (Delaunay et Tron-
chon), et la scie est montée sur un cône de centrage porté par un joint universel, qui
permet l’orientation en tous sens et qui est adapté à un chariot manœuvrable a la main
dans la direction de la meule; tantôt (Dumortier, Deplanque fils, Sterne, Tanite Cc)
la scie est disposée sur un support orientable dans un plan horizontal avec chariot ou
coulisse de réglage, et la meule est adaptée à un battant équilibré susceptible de
tourner lui-même autour de son axe, de manière à donner au plan de la tranche
198
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
cle la meule, qui est également
celui dans lequel elle oscille, une
direction oblique par rapport à la
verticale.
M. Bocuze présente plusieurs
petites machines système Campis-
Tn _ tron, affûtant automatiquement
^j~" ~ ~ "•••-• ^ les scies circulaires. La scie est
montée sur un axe vertical adapté
excentriquement à un support , qui
peut pivoter dans un plan horizon¬
tal pour donner la direction conve¬
nable à la dent par rapport à la
meule: l’arbre de celle-ci est dis¬
posé sur un cadre , horizontal dans
un modèle , vertical dans un autre ,
qui reçoit dune came fixée sur
Tarbre de commande un mouve¬
ment alternatif servant à engager
la meule entre les dents et a la
dégager. Le cadre porte une cré¬
maillère engrenant avec un sec¬
teur denté , qui pivote autour d’un
axe fixe et entraîne la douille d’un
levier articulé avec un cliquet; le
mouvement alternatif du cliquet,
se produisant en sens inverse
de celui du cadre , fait avancer la
scie d’une dent au moment ou la
meule se dégage. Dans le modèle
à cadre vertical, M. Bocuze em¬
ploie, au lieu d’une meule d’é¬
meri, une molette en acier trempé,
à dents très fines.
Les machines précédentes ser¬
vent également à l’affûtage des
scies à ruban en lames finies ou
sans fin, à la condition de rem¬
placée le montage de la scie circulaire par un montage approprié. Mais le modèle le
plus complet de machine à affûter les scies a ruban est présenté par MM. Panhard et
MACHINES-OUTILS. 190
Lcvassor; tous les mouvements sont automatiques. La scie est montée sans tension sur
(leux poulies horizontales, la denture tournée vers le haut; la partie rectiligne du ru¬
ban est guidée sans serrage, du côté de l’affûtage, par trois petits étaux, dont l’un est
précisément sous la meule. Le bord de la meule prolonge la tranche d’un côté et est
taillé en biseau de l’autre côté, ces deux formes étant destinées, la première à l’affû¬
tage du devant de la dent, la seconde à celui du dessus, opérations qui se font simul¬
tanément pour les scies à faible écartement des dents, et séparément pour celles à écar¬
tement plus grand. L’arbre de la meule est incliné sur l’horizontale dans le plan
vertical du ruban à l’endroit du travail; il est porté par un bras susceptible d’osciller
autour d’un axe un peu moins incliné que lui, de façon que, dans le mouvement d’os¬
cillation, la tranche plane de la meule soit légèrement oblique par rapport au devant de
la dent et ne frotte pas contre celui-ci; l’orientation de l’axe, dont l’inclinaison déter¬
mine la direction du devant de la dent, est donnée par un plateau circulaire gradué
vertical sur lequel il est monté, et Taxe lui-même peut être déplacé en hauteur le long
de deux coulisses, pour compenser les grandes variations de diamètre de la meule. Le
plateau circulaire fait partie d’un balancier qui peut pivoter autour de Tarbre de la
commande générale et qui prend une position moyenne inclinée d’environ 70 degrés
sur l’horizon. Le balancier peut être fixé par une tringle qui lui est articulée et qui s’ac¬
croche à un axe adapté au bâti, ou rendu mobile par la réunion de la tringle avec un
bras d’un levier monté sur Taxe précédent et dont l’autre bras est articulé à une bielle
qui reçoit un mouvement alternatif d’un bouton de manivelle d’un arbre auxiliaire.
D’autre part, le bras porte-meule est muni d’une touche de longueur réglable repo¬
sant sur une règle orientable, comme inclinaison, sur un secteur; celui-ci fait partie
d’un petit chariot qui peut être, comme le balancier, relié par une tringle soit à Taxe
adapté au bâti, auquel cas il reste immobile, soit à un bras monté sur cet axe et qui
lui communique un mouvement de va-et-vient. Le soulèvement de la meule et son
dégagement des dents peuvent être produits soit à Taide de l’oscillation du balancier,
soit à Taide du déplacement de la règle support de touche. Le premier mode s’emploie
pour affûter le dessus des dents, la règle immobile servant à donner l’angle de coupe
voulu; le second s’emploie pour affûter le devant des dents, la meule n’ayant alors
qu’un mouvement d’oscillation dans son plan et la règle produisant le relèvement de
la meule en même temps que la profondeur de l’entaille entre les dents. L’avance est
donnée à la scie par un cliquet adapté à une barre horizontale , qui reçoit une poussée
brusque cl’une came montée sur Tarbre auxiliaire qui commande l’oscillation du balan¬
cier ou le va-et-vient de la règle support de touche ; la poussée de la came fait passer le
cliquet d’une dent à la suivante; un ressort, agissant en sens inverse sur la barre, pro¬
duit l’entraînement de la scie, et une vis de butée, disposée devant le bout opposé de
la barre, limite l’entrainement.
200
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
CHAPITRE X.
PRESSES.
Classification des presses. — Presses d’usage général, servant à découper, à poinçonner, à cisailler, etc.; outils.
— Presses à découper et à emboutir. — Balanciers. — Machines à emmandriner et à démandriner.
Machines à dresser. — Découpoirs et presses hydrauliques. — Machines à river. — Machines à faire par
compression les écrous, les rivets et les vis.
CLASSIFICATION DES PRESSES.
Nous comprenons sous la dénomination générale de presses toute une série de
machines dans lesquelles l’outil agit uniquement par pression rectiligne, avec une
vitesse variable, mais pas assez grande toutefois pour produire un effet de choc. Cer¬
taines de ces machines peuvent être, par le simple changement des outils, adaptées à
des travaux assez variés et sont dites, suivant les cas de leur emploi, machines à
découper, à poinçonner, à cisailler, voire même à mandriner, à dresser, à matricer,
à emboutir, à river; d’autres sont plus spécialement destinées à des genres de travaux
déterminés. Nous les classerons pour leur étude de la façon suivante :
Machines d’usage général, servant à découper, à poinçonner, à cisailler, etc.:
Presses a découper et à emboutir ;
Presses à vis à action directe, dites balanciers à main ou balanciers mécaniques à friction;
Machines à emmandriner et à démandriner;
Machines à dresser;
Découpoirs et presses hydrauliques;
Machines à river;
Machines à faire les écrous, rivets, vis par compression.
Nous ferons toutefois remarquer que plusieurs catégories de machines, telles que
les balanciers, les machines à emboutir et* les presses hydrauliques, rentrent plus
spécialement par leurs applications dans le domaine d’autres classes du jury, et ne se
trouvent qu’accessoirement dans la classe 53; nous ne nous en occuperons par suite
que très sommairement.
PRESSES DUSAGE GÉNÉRAL, SERVANT À DÉCOUPER, À POINÇONNER,
À CISAILLER.
Un appareil des plus simples pour poinçonner les tôles (Kircheis) est une sorte de
serre-joint formé de deux leviers articulés comme une paire de tenailles, enserrant la
MACHINES-OUTILS.
*201
pièce entre les deux branches courtes, dont l’une porte le poinçon; en rapprochant les
autres branches, on fait pénétrer le poinçon dans la pièce.
Le plus généralement, l’outil est adapté à un coulisseau qui se déplace sur des
guides fixes. Le guide est quelquefois une douille cylindrique, comme dans les petites
poinçonneuses Duplex; mais, ordinairement, il a la forme d’un prisme rectangulaire
creux ou plein, le coulisseau se déplaçant dans un cas dans son intérieur, dans l’autre
cas sur l’extérieur. Par raison de commodité, le coulisseau est disposé verticalement,
et la pièce est placée au-dessous de lui sur une table horizontale fixe. On a adopté,
pour la forme commune du bâti des découpoirs, celle d’un coude plus ou moins
accentué, dont le bras inférieur est dressé horizontalement pour former la table, et
dont le bras supérieur reçoit le coulisseau; cette forme, qui met l’outil en porte-à-
faux, nous paraît avoir sa raison d’être dans la facilité qu’elle offre pour la manipula¬
tion des pièces, puisqu’elle permet de faire circuler celles-ci dans un secteur libre de
plus des trois quarts d’un cercle; mais elle convient mal pour résister aux pressions
qui se développent entre l’outil et la pièce ; aussi est-on obligé de donner au bâti une
masse relativement considérable, et d’autant plus grande que le coude est plus accentué.
Quoi qu’il en soit, le découpoir ne peut, en général, être considéré comme une ma¬
chine de précision, à cause de la flexion susceptible de se produire entre les deux
bras du coude, laquelle a pour effet de fausser la direction du travail, en même temps
qu’elle modifie lecartement des deux parties principales du bâti.
Le mouvement du coulisseau est produit de façons diverses; mais l’action revient
toujours à celle d’un levier dont les bras auraient des longueurs très différentes, la
résistance étant appliquée au bras le plus court et la puissance au bras le plus long.
Il résulte aussi des moyens le plus fréquemment employés que la longueur du petit
bras est variable, de sorte que l’on peut utiliser jusqu’à un certain degré cette circon¬
stance, pour proportionner l’action de la puissance à celle de la résistance aux diffé¬
rents instants du travail.
Dans un modèle de M. Dard, un fort levier est manœuvré au moyen d’une vis à
bride fixe, et dont l’écrou lui est relié par deux tou¬
rillons; M. Dard monte plusieurs coulisseaux sur le
même levier et dispose un outil à chacune des extré¬
mités inférieure et supérieure du coulisseau; il peut
ainsi réunir sur la même machine trois coulisseaux
avec cinq outils différents et faire travailler à volonté
l’un quelconque d’entre eux.
Le système des poinçonneuses Duplex (Dandoy-
Mailliard et Lucq, Sculfort-Malliar et Meurice) se com¬
pose essentiellement de deux leviers, dont la position
moyenne est horizontale et dont les petits bras sont
articulés, l’un avec le coulisseau cylindrique, l’autre sur un axe fixé au bâti dans le
202
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
prolongement du coulisseau; un axe intermédiaire assemble les leviers entre eux; le
mouvement des leviers est produit à l’aide d’une vis à fdetages inverses à ses deux
extrémités, par laquelle on agit simultanément au bout des grands bras avec l’inter¬
médiaire d’écrous à tourillons. Les grands bras étant rapprochés, les trois axes d’arti¬
culation et les petits bras sont sensiblement sur une ligne droite, et le coulisseau est
au point le plus bas de sa course; l’ouverture des grands bras écarte l’axe intermédiaire
de la ligne droite et relève le coulisseau.
Dans un découpoir de M. Kircheis, le coulisseau est manœuvré à l’aide d’une pédale
et d’un système de leviers équilibrés; cette disposition donne à l’ouvrier la liberté des
deux mains, pour le maniement des feuilles ou objets à découper. Le découpoir pré¬
sente en outre la particularité que le coulisseau a une grande longueur et que la
table est réglable en hauteur le long de glissières à l’aide d’une vis.
M. Moulard expose des découpoirs dans lesquels le coulisseau est mû par un fort
levier, dont le grand bras est adapté à une bielle enveloppant un excentrique monté
sur l’axe d’un secteur denté; on agit sur ce dernier à l’aide d’un cliquet, qui est ma¬
nœuvré dans une machine à la main par levier, et, dans un autre modèle, par un bou¬
ton de manivelle, dont l’arbre est actionné à volonté à la main au moyen d’un volant
ou bien mécaniquement par poulie et courroie.
Un découpoir de Ai. Soyer est disposé d’une façon analogue; mais on agit sur le
secteur denté à l’aide d’un pignon, sur l’axe duquel est monté le levier de manœuvre.
La matrice se place sur un bord surélevé de la table , pour permettre de travailler sur
des pièces déjà profdées.
Dans de puissants découpoirs de MM. Rouhey et de M. Le Blanc, le coulisseau est
commandé par le petit bras d’un levier très robuste , dont l’autre bras est actionné par
une came. Mais dans le plus grand nombre de modèles, le coulisseau est monté sur
une partie excentrée d’un arbre , par l’intermédiaire soit d’un manchon à section exté¬
rieure carrée se déplaçant transversalement dans une mortaise du coulisseau, soit
d’une courte et forte bielle à douille enveloppant la partie excentrée de l’arbre et se
liant par un axe d’articulation avec le coulisseau.
L’arbre à excentrique est quelquefois, dans les petites machines, manœuvré direc¬
tement à l’aide d’un levier à main ou d’une pédale (Dandoy-Mailliard et Lucq, Kir¬
cheis, Picard, Sculfort-Mailliar et Meurice); les machines de moyenne et de grande
puissance possèdent un harnais à simple ou double engrenage, souvent avec roues à
chevrons, réduisant la vitesse de la commande dans le rapport d’au moins 8 à 1; elles
sont, de plus, munies d’un volant. Dans un découpoir de la Société alsacienne, l’arbre
à excentrique peut être commandé par engrenage simple ou par engrenage double,
suivant qu’on embraye avec sa roue une roue montée sur Tarbre moteur ou celle d’un
arbre auxiliaire. M. Huré commande Tarbre à excentrique par vis sans fin, ce qui lui
permet de faire pivoter tout le bâti autour de Taxe de la vis et de faire prendre au
coulisseau toutes les directions possibles de o à 90 degrés dans un plan vertical.
MACHINES-OUTILS.
203
Les tourillons de l’arbre à excentrique sont généralement cylindriques; celui voisin
de l’excentrique est cependant quelquefois conique et à cône assez ouvert. Les touril¬
lons sont logés soit dans la fonte même du bâti, soit dans des coquilles en bronze;
des écrous placés au bout opposé à l’excentrique règlent la position de l’arbre, en
l’appuyant contre un épaulement ou contre le tourillon conique. Le meilleur préser¬
vatif contre l’usure de l’arbre réside dans les fortes dimensions qu’on est obligé de
donner aux tourillons.
Les découpoirs mus mécaniquement sont rarement munis de mécanismes d’em¬
brayage agissant directement sur l’arbre ou sur la courroie; les premiers sont sujets à
se détériorer rapidement à cause du choc qu’ils reçoivent, par suite de la force vive du
volant; les seconds sont dangereux, parce qu’ils n’arrêtent pas la machine après cha¬
que coup et qu’ils n’empêchent pas sûrement la courroie, mise à l’arrêt, de passer acci¬
dentellement de la poulie folle sur la poulie fixe. Les débrayages se mettent en général
sur le coulisseau même, s’interposant entre lui et le petit bras du levier dans les ma¬
chines à came et, dans les autres modèles, entre lui et la face inférieure de l’organe de
liaison, manchon ou bielle, adapté à la partie excentrique de l’arbre; ils sont formés
d’une cale , dont l’épaisseur est inférieure au maximum de course possible du coulisseau
et qui s’engage et se dégage ordinairement à la main, ou qui, s’engageant à la main, se
dégage quelquefois automatiquement (Dard). La cale, étant dégagée de façon à être
soustraite à l’action du levier de came ou de l’excentrique, peut servir à maintenir le
coulisseau relevé; elle le soutient alors pendant la plus grande partie de la rotation de
l’arbre, mais, quand le levier ou l’excentrique revient au haut de sa course, soulevant
légèrement le coulisseau, elle se trouve dégagée du poids de ce dernier et peut être
réembrayée facilement. Dans certaines machines, le coulisseau est équilibré par un
contrepoids et se tient de lui-même relevé.
M. Dard adapte à l’axe du levier de manœuvre de la cale deux bras articulés avec
des bielles à griffe, les griffes ne pouvant se déplacer que verticalement sous deux
talons du coulisseau; un contrepoids, adapté également à l’axe du levier, tend toujours
a maintenir la cale dégagée et les griffes, ainsi que le coulisseau, relevés; en tour¬
nant l’axe pour soulever le contrepoids, on produit l’embrayage de la cale et l’abaisse¬
ment des griffes; le coulisseau descend alors en entraînant par adhérence de pression
la cale , dont le pivot d’articulation avec le bras qui la rattache à l’axe glisse dans une
coulisse de ce bras; les talons du coulisseau viennent, a la fin, reposer sur les griffes.
Au commencement de la remonte, le jeu qui se produit entre la cale et le coussinet de
la bielle d’excentrique permet au contrepoids d’agir, en dégageant la cale et relevant le
coulisseau à l’aide des griffes. Le débrayage est ainsi opéré automatiquement, et le
contrepoids le maintient. Ce dispositif permet encore, pour le réglage, d’effectuer
doucement la descente du coulisseau sans faire intervenir la cale et l’arbre à excen¬
trique; à cet effet, le bras du contrepoids est réuni à l’axe, de façon qu’en le soule¬
vant directement, il n’entraîne pas l’axe; alors le coulisseau descend par son propre
‘2 OA
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
poids, malgré la présence des griffes sous les talons, jusqu’au contact de la pièce à
découper.
Afin d’augmenter les ressources des machines, surtout dans l’intérêt de la petite
industrie, on adapte fréquemment plusieurs dispositions à une même machine. Nous
avons déjà cité la machine à levier et à vis, de M. Dard, qui possède cinq outils. En
montant sur le même arbre deux cames actionnant chacune un levier, M. Le Blanc
constitue un découpoir à deux outils placés symétriquement par rapport à l’arbre de
commande. M. Picard assemble, autour d’un pivot vertical et sur un même bâti, quatre
petites machines à excentrique et à levier, ayant chacune sa table de travail, son cou¬
lisseau et son outil; ce moyen lui permet d’amener l’un ou l’autre outil sur la pièce
sans la déplacer. Les fortes machines à excentrique peuvent porter sur le même arbre
deux excentriques disposés d’un même côté par rapport à la commande des engre¬
nages, ou de part et d’autre de cette commande; dans le premier cas, l’un des outils
est, pour ainsi dire, encastré dans le bâti, qui est muni d’une échancrure pour rece¬
voir la table de travail; dans l’autre cas, l’ensemble des organes de la commande est
logé dans une ouverture pratiquée au milieu du bâti , et les deux parties de la machine
sont symétriques par rapport à l’ouverture. Enfin on adapte encore deux outils au
même coulisseau, l’un à la partie inférieure, l’autre à la partie supérieure; toutefois
ce dernier, qui est nécessairement une lame de cisaille, n’est pas accompagné d’un
appareil de débrayage; le bâti présente alors un deuxième coude au-dessus du coulis¬
seau, pour l’adaptation de la matrice de l’outil supérieur.
M. Spühl expose une machine à poinçonner et river les tuyaux formés par enrou¬
lement d’une feuille de tôle. La machine n’est autre chose qu’un découpoir multiple;
elle comprend deux arbres parallèles mis en mouvement à la fois par intermédiaire
d’engrenages; chaque arbre porte seize excentriques actionnant par bielles autant de
coulisseaux munis de poinçons à percer pour l’un des arbres, de bouterolles à river
pour l’autre. Les axes des excentriques sont disposés deux à deux, sur des rayons dif¬
férents, de façon que les outils agissent successivement par deux pour un tour de
l’arbre. Pour le poinçonnage, le tube est présenté sur un mandrin muni de trous qui
correspondent aux poinçons; le tube est ensuite placé sur un autre mandrin muni de
contre-bouterolies, les rivets sont mis en place à la main, les têtes disposées à l’inté¬
rieur du tuyau, et l’ensemble est reporté sous le deuxième arbre, qui exécute le rivetage.
Afin de maintenir les bords de la tôle dans une position invariable, les tuyaux sont,
avant l’opération , serrés aux extrémités par des fils de fer.
M. Kireheis présente une machine à perforer les filtres automatiquement. La ma¬
chine est une petite poinçonneuse, à laquelle sont ajoutés des dispositifs pour supporter
le rond de tôle à perforer et pour lui donner à la fois un mouvement de rotation au¬
tour de son centre et un mouvement de translation suivant un rayon, les deux mou¬
vements étant combinés de façon que les trous soient équidistants les uns des autres
de bord à bord et placés sur une courbe qui est sensiblement une spirale d’Archimède.
MACHINES-OUTILS.
205
Le rond de tôle est monté, par son centre, entre les deux pointes verticales d’une sorte
de G adapté à un chariot horizontal, parallèle à l’arbre du découpoir; il reçoit le mou¬
vement de rotation de deux galets qui encastrent ses deux faces, près du bord .et à peu de
distance du point où agit le poinçon, les galets ayant à leur circonférence des vitesses
égales et de sens contraires et étant d’ailleurs montés sur des arbres semblables à ceux des
machines à moulurer que nous examinerons plus loin, l’arbre du galet supérieur étant
articulé sur un axe horizontal et appuyé par un levier à contrepoids réglable, qui pro¬
duit la pression nécessaire pour l’entraînement du rond par les galets. La vitesse de
rotation des galets étant constante et la marche du poinçon uniforme, le déplacement
suivant le rayon doit être variable; à cet effet, la commande des galets et du chariot
est prise sur l’arbre à excentrique par un bouton de manivelle et une bielle qui
actionne, par leviers séparés, deux cliquets entraînant deux rochets à dents fines; l’un
des rochets conduit les galets; l’axe de l’autre rochet commande la vis du chariot par
une sorte de treuil a corde qui s’enroule d’une part sur un cylindre, de l’autre sur
un cône à gorge spiraloïdale. L’avance du chariot est ainsi en raison inverse de la
longueur du rayon au point de travail du poinçon ; mais , pour tenir compte du dia¬
mètre constant du trou et de l’écartement uniforme des bords de trous voisins, cette
avance doit, en réalité, augmenter plus rapidement; pour cela, le chariot porte un galet
engagé dans une rainure d’un cylindre , dont l’axe est commun avec celui d’un des le¬
viers du cliquet qui produit l’avance du chariot; la forme de cette rainure fait varier
l’amplitude du mouvement du levier et, par suite, celle du mouvement du cliquet et
l’avance elle-même.
Outils. — Les outils adaptés aux découpoirs comprennent deux parties : l’une, fixée
au coulisseau, est un poinçon cylindrique ou de section conforme au trou a pratiquer,
à l’empreinte à découper ou à la pièce de forge à ébarber, une lame plane de cisaille,
un couteau à la section de la barre profilée, cornière, etc., à tronçonner; l’autre partie,
fixée sur la table, est une matrice creuse, une deuxième lame de cisaille ou contre-
lame, un tas servant à la fois de couteau et de support pour la barre; pour le décou¬
page des fils et des barres de faible diamiètre, le tas est une lunette qui est traversée
par le fil ou la barre et qui le soutient, tout en maintenant sa direction. Nous ne cite¬
rons que pour mémoire les poinçons et les matrices d’emboutissage et d’étampage que
l’on adapte quelquefois aux découpoirs, mais qui ne conviennent nullement au mode
d’action de ces machines, de celles du moins à course d’amplitude déterminée, à cause
de l’invariabilité même de cette course, et qui sont susceptibles d’occasionner des acci¬
dents de rupture, si les pièces soumises à l’opération ont trop d’épaisseur ou une résis¬
tance trop considérable a l’écrasement.
Les poinçons et les couteaux attaquent généralement la pièce par toute leur surface
inférieure; il est cependant avantageux d’incliner légèrement cette surface d’un bord
au milieu ou au bord opposé, afin d’amorcer leur attaque par les extrémités et de leur
206
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
donner une action progressive ou cisaillante ; il est bon aussi de former une sorte de
coupe légère à la partie extérieure du poinçon, ainsi que sur Ta face inférieure, pour
que l’arête. soit vive et franchement saillante sur le corps. On donne toujours aux lames
un tranchant plus ou moins prononcé, la face intérieure étant verticale ou plutôt paral¬
lèle à la direction du coulisseau; de plus, Tarête de la lame a une direction oblique
sur l’horizontale, de manière à couper par action progressive; cette arête est d’ailleurs
droite ou convexe. Les . couteaux profilés sont analogues à des poinçons n’agissant que
par un de leurs côtés; il convient de les dégager sur la face inférieure. Les matrices
offrent généralement une surface plane ou entaillée suivant la forme des pièces à sup¬
porter; leur bord doit également former une arête parfaitement nette et vive.
De ces divers outils, les lames de cisaille peuvent seules être considérées comme des
outils coupants. Les poinçons défoncent ou brisent la matière, plutôt qu’ils la coupent;
la section qu’ils forment est toujours arrachée; de plus, leur action, à la fois déprimante
et désagrégeante, s’étend toujours à une certaine distance de la surface de section; le
pourtour de la paroi du trou est fortement écroui. Ces effets des poinçons les ont fait
tomber avec raison en discrédit, malgré la rapidité de leur action, comparée à celle
des outils à percer ou à mortaiser. Quoi qu’il en soit, il est très important, pour que
l’outil d’un découpoir travaille dans les conditions les plus favorables, fournisse la sec¬
tion la plus nette et prenne le moins de force possible , que les arêtes des deux parties ,
telles qu’un poinçon et une matrice, étant rapprochées, se touchent d’aussi près que
possible, tout en étant très vives, et que, dans le mouvement de pénétration d’une par¬
tie dans l’autre, l’arête de l’une ne rencontre pas la surface latérale de l’autre.
Les outils se fixent au coulisseau ou à la table par des vis ou par des boulons à têtes
logées dans des rainures; il convient que la surface d’appui soit très large. Ordinaire-
rement, les poinçons et leurs matrices se rapportent dans des semelles, dans lesquelles
ils s’encastrent exactement; les lames de cisaille se rapportent également et se fixent
sur des semelles à équerre. On adjoint aux poinçons un appareil appelé vulgairement
rabot, qui est destiné à empêcher la pièce poinçonnée d’être soulevée par l’entraîne¬
ment du poinçon ou relèvement; il se compose d’une fourche ou de deux griffes se
fixant sous la partie du bâti qui sert de glissière au coulisseau, ou sur les faces latérales,
au besoin avec l’intermédiaire d’une semelle a équerre; ces pièces sont ordinairement
munies de coulisses à boulons, qui permettent le réglage en hauteur.
PRESSES À DÉCOUPER ET À EMBOUTIR.
Rien que ces presses aienfbeaucoup d’analogie avec les précédentes au point de vue
du mode de fonctionnement, elles s’en distinguent essentiellement, en ce que l’outil est
placé très peu en porte-à-faux sur un coude très court du bâti, ou même est disposé
entre des montants symétriques, et que la position du point le plus bas de sa course
peut être réglée exactement; en un mot, elles constituent des machines de précision;
MACHINES-OUTILS.
207
elles procurent la possibilité d’exécuter les découpages les plus délicats, tel que celui
d’organes de montre, et de mouler par emboutissage des objets métalliques dans les
empreintes les plus compliquées. Les outils se composent de poinçons et de matrices.
Une machine ne possède le plus souvent qu’un seul poinçon; cependant quelques-
unes sont disposées à la fois pour découper un disque de tôle, ou flan, et l’emboutir,
au moyen de deux poinçons, dont l’un est intérieur à l’autre, et qui agissent, successi¬
vement, le poinçon découpeur appuyant en outre ou guidant les bords du flan pendant
l’emboutissage, de façon a éviter la production de replis du métal. Le poinçon unique
Presse de MM. Sliles et Parker.
est adapté à un coulisseau guidé le long de coulisses rectangulaires, en V ou en queue
d’aronde, avec clavettes pour la suppression du jeu; le coulisseau est actionné par une
et quelquefois par deux bielles, quand il est à l’intérieur de deux montants, les bielles
étant montées sur des parties excentrées de l’arbre. M. Bliss et M. Robelet forment la
bielle de deux parties, dont les extrémités voisines sont filetées en sens inverses et vissées
sur un même manchon, avec contre-écrou à chaque bout de ce dernier; en faisant tour¬
ner le manchon , on produit le rapprochement ou l’écartement des deux parties de la
bielle; on peut ainsi, par la variation de longueur de la bielle, régler la position du point
le plus bas de la course du poinçon. M. Kircheis taraude les deux parties de la bielle
en sens inverses et les relie par une vis qui fait l’office du manchon précédent. Mais ces
dispositions ont l’inconvénient d’affaiblir la bielle et de faire porter la pression sur des
208
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
filets de vis. MM.Stiles et Parker forment la bielle d’une seule pièce et reportent le ré¬
glage du point le plus bas de la course du poinçon sur la position de la tête supérieure
delà bielle; à cet effet, au lieu d’envelopper directement l’excentrique de l’arbre par
la tête de la bielle, ils interposent entre ces deux parties une douille dont l’extérieur
est excentré par rapport à l’intérieur, et ils la réunissent, après réglage, à la tête en ser¬
rant les oreilles dont celle-ci est munie; c’est alors la position de l’axe de l’extérieur de
la douille qui détermine celle de la bielle, a un moment quelconque de la rotation de
l’excentrique; pour la facilité de la manœuvre et du réglage de la douille, celle-ci est
dentée sur son pourtour et engrène avec un pignon dont l’axe, fixé à la tête de bielle,
peut recevoir une manivelle ou un levier; de plus, elle porte une graduation, pendant
que la tête de bielle porte une aiguille de repère.
Les machines a double poinçon ont un coulisseau analogue au précédent et portant
le poinçon extérieur; le poinçon intérieur
est adapté a un coulisseau, ordinairement
cylindrique , logé dans le premier. Le cou¬
lisseau intérieur est actionné par excen¬
trique et bielle de longueur réglable. Le
coulisseau extérieur, dans les machines de
M. Bliss et de M. Kircheis, est actionné,
pour la descente, par deux cames égales
disposées sur l’arbre de part et d’autre de
l’excentrique , et il est rappelé vers le haut
par des ressorts attachés à des points fixes
du bâti; l’appui des cames sur le coulis¬
seau se fait par des galets que porte celui-
ci; la saillie du poinçon extérieur sur le
coulisseau est réglée au moyen des bou¬
lons qui relient les deux parties. MM. Stiles
et Parker font à l’emploi des cames un
grave reproche : pour maintenir convena¬
blement le flan, elles doivent exercer sur
lui une pression très forte; mais comme
elles tournent en même temps, elles éprou¬
vent sur leurs points de contact avec les
galets du coulisseau un frottement consi¬
dérable, qui ne tarde pas à les user, ainsi
que les galets, et souvent d’une façon irrégulière, de sorte qu’elles produisent un ser¬
rage variable et donnant lieu à des trépidations; de plus, l’appui pour la pression est
pris sur 1 arbre, qui, par suite, fatigue beaucoup; enfin, quand le deuxième poinçon
agit à son tour, la poussée qui en résulte tend à faire fléchir l’arbre et à réduire la
Machine à découper et emboutir,
de MM. Stiles et Parker.
MACHINES-OUTILS.
209
pression sur le flan, précisément au moment où celle-ci devrait être le plus forte.
MM. Stiles et Parker produisent le mouvement des deux coulisseaux par la seule action
de la bielle d’excentrique, de telle façon que le poinçon extérieur, étant venu au contact
de la matrice, y soit maintenu avec une forte pression, pendant que le poinçon inté¬
rieur continue son mouvement; à cet effet, le coulisseau extérieur est relié à un axe
fixé au bâti par deux systèmes formés chacun de deux bras articulés l’un sur l’autre
et, en outre, le bras supérieur sur le bâti par l’axe fixe, le bras inférieur sur le cou¬
lisseau; la longueur des bras est telle que, le coulisseau étant au bas de sa course, les
trois axes sont en ligne droite; le bras supérieur possède une coulisse, dans laquelle
est engagée une traverse cylindrique horizontale faisant corps avec la bielle d’excen¬
trique; la coulisse présente une partie courbe, dans laquelle la traverse se meut en
redressant les bras pendant la première période de la descente, et une partie droite,
dans laquelle la traverse achève son mouvement, les bras étant redressés; la fixité
des bras et, par suite, du coulisseau extérieur est ainsi assurée pendant la deuxième
période de la descente du coulisseau intérieur; quant à la pression, elle est réglée par
la production du contact du poinçon extérieur avec la matrice un peu avant le redres¬
sement complet du système des bras; on obtient l’instant du contact, comme du reste
dans les machines de M. Bliss et de M. Kircheis, en réglant la longueur même de l’en¬
semble du coulisseau extérieur et de son poinçon au moyen des boulons qui servent
à les relier. On voit qu’avec ce dispositif, la pression sur le flan est produite au moment
du travail par des organes sans mouvement, que son point d’appui est un axe indé¬
pendant de l’arbre et qu’on peut renforcer autant que cela est nécessaire, qu’en fin
l’usure est peu à craindre et n’atteint que les coulisses des bras supérieurs des systèmes
articulés.
M. Kobelet relie l’arbre à excentrique à l’arbre du volant au moyen de deux roues
coniques de friction; les deux arbres étant parallèles, les cônes de ces deux roues sont
tournés en sens inverses l’un de l’autre; l’arbre du volant est libre dans le sens de sa
longueur, mais ne maintient sa roue conique au contact de celle de l’autre arbre
que si l’on agit sur l’une de ses extrémités au moyen d’une vis de butée a écrou fixe;
la manœuvre rapide de cette vis à l’aide d’un levier opère l’embrayage ou le débrayage.
Mais la mise en marche et l’arrêt du mouvement de l’outil se font le plus ordinaire¬
ment en reliant l’arbre à excentrique avec la douille du volant , qui est toujours en
mouvement, ou en l’en séparant par la manœuvre d’un mécanisme d’embrayage pro¬
duite â l’aide d’une pédale; la liaison est obtenue par une clavette, qu’un ressort tend
à maintenir dans l’intérieur de l’arbre et qui est poussée contre le volant par une
pièce terminant la tringle de la pédale; la douille du volant présente des entailles, or¬
dinairement au nombre de trois, dans l’une desquelles pénètre la clavette; dès que
l’action du pied sur la pédale cesse, la clavette rentre d’elle-même dans l’arbre. Avec
ces dispositifs, l’embrayage persiste tant qu’on maintient le pied sur la pédale; MM. Stiles
et Parker ont complété le mécanisme, dans une de leurs machines, de façon qu’on ne
GnoupE VI.- iv.
210
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
puisse jamais donner qu’un seul coup, le débrayage s’effectuant de lui-même après un
tour de l’arbre a excentrique, malgré la présence du pied sur la pédale; la tringle de
manœuvre est formée de deux parties, qu’un ressort tend à rapprocher et qui sont
maintenues à l’écartement convenable par la griffe d’une espèce de cliquet; un bouton
en saillie sur l’arbre vient, après un tour, agir sur le cliquet et dégager la griffe; le dé¬
brayage se produit et se maintient par suite du raccourcissement de la longueur de la
tringle; il faut alors abandonner la pédale pour que la partie inférieure, en s’abaissant,
vienne ressaisir la griffe, pendant que la partie supérieure ne bouge pas.
Nous signalerons, comme autre particularité des machines de MM. Stiles et Parker,
l’ajustage de l’arbre dans ses portées sur le bâti : les tourillons sont cylindriques et
engagés dans des coquilles en bronze d’une seule pièce; les coquilles sont éviclées inté¬
rieurement à leur partie inférieure suivant un arc de courbe qui, en principe, doit être
un arc de spirale logarithmique, et dans cet évidement se place un coussinet, que l’on
avance plus ou moins sur le fond, de manière qu’il produise toujours l’appui de l’arbre
contre la partie supérieure de la coquille. Nous citerons encore le manchon, dit de dé¬
brayage , adapté à l’arbre : en tournant ce manchon, on soustrait la clavette d’embrayage
à l’action de la pédale, et l’on peut, sans arrêter le volant, amener le coulisseau au
point le plus bas de sa course, pour régler le poinçon et la matrice.
Dans un modèle de MM. Stiles et Parker, l’ensemble de la table et du support du
coulisseau est inclinable autour de l’axe de l’arbre, qui est lui-même supporté par un fort
bâti; la manœuvre de l’inclinaison du système mobile s’opère â l’aide d’une vis agissant
sur un secteur denté adapté au système; elle n’entraîne d’ailleurs aucun changement
dans le mode de fonctionnement de la machine, ni dans la position de la courroie,
ainsi que du mécanisme d’embrayage et cl’arrêt. Une machine de M. Bliss est égalemen t
inclinable, mais autour d’un axe qui se trouve â la hauteur moyenne de la table; toute
la machine pivote sur Tévidement cylindrique d’un support fixe; on est alors obligé de
modifier la longueur de la courroie et d’ajuster le mécanisme d’embrayage.
La mise en place des poinçons et des matrices a besoin cl’être faite avec beaucoup de
d’exactitude. Le poinçon est à tige cylindrique ou de section carrée, et s’engage ordinai¬
rement dans un logement formé par moitié dans le coulisseau et dans une plaque de
recouvrement fixée par des boulons; MM. Stiles et Parker font aussi le logement en
forme de V dans l’une et l’autre parties, ce qui leur permet de centrer toujours très
exactement des poinçons à tige cylindrique, malgré de légères différences sur le dia¬
mètre de la tige. La matrice se place sur la table entre deux glissières avec vis de
calage latérales; elle est parfois appuyée par des brides serrant sur sa face supérieure.
Dans un ordre d’idées un peu différent, M. Nury sépare les poinçons du coulisseau
et leur fait traverser des bagues amovibles rapportées sur le couvercle et le fond d’une
boîte, dans laquelle il dispose la pièce à poinçonner; les poinçons sont ainsi guidés, et
de plus, comme ils passent complètement au travers de la pièce, on évite les arrache¬
ments qui sont souvent produits, avec le procédé ordinaire, lors delà remonte par les
MACHINES-OUTILS.
211
bords plus ou moins refoulés de la tranche du poinçon. Pour le découpage de pièces
très délicates, MM. Stiles et Parker réunissent le poinçon et la matrice dans un même
appareil, qui se place sur la table de la machine; le poinçon de celle-ci ne sert alors
qu’à donner la pression sur celui de l’appareil , et tout le réglage portQ sur ce dernier.
BALANCIERS.
Le principe des balanciers repose sur la transformation du mouvement circulaire
en mouvement rectiligne, au moyen d’une vis qui tourne et avance en même temps
dans un écrou fixe : la puissance développée en ligne droite est à celle développée
suivant un arc de cercle en raison inverse des chemins parcourus par les points d’ap¬
plication de chacune, en ne tenant pas compte de la fraction absorbée par le frottement
de la vis dans l’écrou; pour que cette fraction ne soit pas trop considérable, on donne
au filet une inclinaison assez grande sur les plans normaux à l’axe, ce qui correspond
ordinairement à la présence d’au moins trois filets. La vis est à filet carré. Le mouve¬
ment de rotation peut être donné à la vis à la main ou mécaniquement; dans le pre-
la masse, multipliée par le carré de la vitesse qui leur est imprimée, constitue la force
vive principale communiquée au système; c’est cette pièce qui a donné son nom au
genre de machines que nous examinons; la poignée de manœuvre lui est adaptée près
d’une des extrémités. Pour la commande mécanique, la vis est munie d’un volant qui
fait l’olïice du balancier et aucpiel la rotation est donnée par friction, à la descente
comme à la remonte.
Dans un modèle particulier de MM. Dandoy-Mailliard et Lucq, la vis est disposée en
porte-à-faux sur un coude du bâti; elle agit sur un levier articulé à un point fixe de la
semelle et portant un des éléments de l’outil, dont l’autre élément repose sur la se¬
melle. Un balancier de AL kircheis présente également la vis en porte-à-faux; mais
celle-ci est reliée à un coulisseau, comme dans les machines suivantes.
Dans tous les autres modèles de balanciers, l’une des deux pièces, vis ou écrou, est
fixée au milieu d’un arc ou d’une traverse entre deux montants ou colonnes symétriques,
et l’autre pièce est reliée à un coulisseau à section rectangulaire ou à nervures-guides
en V, qui se meut entre des glissières adaptées aux montants; la semelle vient parfois
de fonte avec les montants, ou plus souvent est assemblée solidement avec eux; les
éléments de l’outil sont fixés au coulisseau et à la semelle.
La disposition des balanciers rentre donc dans celle des presses que nous avons étu¬
diées jusqu’à présent, et de plus dans les modèles de ces presses les mieux établis; on
voit, par suite, que le balancier se prête à tous les travaux qui peuvent être exécutés
par les divers genres de presses; en outre, comme son action s’éteint en même temps
que la force vive qui était accumulée sur la vis, il ne participe pas, au même degré,
aux dangers de rupture qu’offrent les presses, quand la résistance qui leur est oppo-
21 2
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1880.
sée est supérieure à celle de leurs organes; par contre, les pertes de force par frotte¬
ment y sont considérables, et l’excès de force vive, que, par précaution, on donne
toujours à la vis, est perdu et meme transformé en effets nuisibles pour la vis, l’écrou
et les diverses parties de la machine; aussi, pour cette raison, convient-il, en particulier,
de fixer très solidement l’écrou et de le faire en matière très résistante, telle que acier,
bronze dur ou phosphoreux. Une des conditions principales de la construction est que
les axes de la vis, de l’écrou et du coulisseau, dont la position est déterminée pour
chacun par leurs logements dans le bâti et par la forme de leurs parties encastrées
dans ces logements, ainsi que par la direction des glissières, soient parfaitement en
coïncidence : le moindre écart entre eux donne lieu à des efforts latéraux susceptibles
d’occasionner l’usure rapide de l’écrou et de la vis, et même leur rupture ou celle du
bâti.
Un balancier à main de M. Kircheis présente deux colonnes encastrées dans la
semelle et assemblées par boulons avec la traverse porte-écrou.
Un balancier de M. Le Blanc possède un arc venu de fonte avec la table; il est muni
d’un outillage destiné â Tébarbage des boulons; un chasse-pièce ou bonhomme, dis¬
posé au fond de la matrice, est actionné à l’aide d’une pédale.
M. Saÿn expose des balanciers mécaniques destinés à frapper les têtes des boulons
ou des rivets, ou â les ébarber. Dans les uns, le bâti est en fonte d’une seule pièce; il
représente un socle avec deux montants réunis vers le haut par une forte traverse dans
laquelle est encastré l’écrou, et surmontés de bras portant l’arbre de commande. Des
ruptures de bâtis s’étant produites, avec ce modèle, par suite des chocs et des réactions
auxquels les organes sont souvent exposés, M. Saÿn a séparé, dans un nouveau modèle,
le socle de la traverse supérieure et les a réunis par deux fortes colonnes qui les tra¬
versent et sont fixées par des goujons; les dispositions générales de la machine restent
d’ailleurs les mêmes; nous allons les indiquer sommairement.
L’écrou étant fixe, la vis reçoit le mouvement de translation et le communique au
coulisseau , avec lequel elle est assemblée par tourillonnement. Sur l’arbre de commande,
qui tourne constamment dans le même sens, deux plateaux en fonte sont disposés de
part et d’autre d’un volant qui surmonte la vis, et dont la couronne est garnie d’une
bande de cuir fixée par de petites broches en cuivre; une tringle de manœuvre, adaptée
à un bout de l’arbre , permet , par le déplacement de ce dernier suivant son axe , d’ap¬
procher l’un ou l’autre des plateaux jusqu’au contact du volant, suivant que l’on veut
opérer la descente ou la remonte de la vis. Durant la descente, l’ouvrier pressant sur
la tringle de manœuvre, le volant se déplace du centre vers le bord du plateau en con¬
tact et reçoit, par suite, une vitesse de rotation accélérée; la force vive du système mobile
de la vis va donc progressivement en augmentant , ce qui est une qualité précieuse de
ce genre de balancier. A la remonte, l’effet inverse se produit, l’ouvrier ayant soin
d’ailleurs de régler la pression sur le volant, de manière qu’il arrive sans force au haut
de la course; mais, dans le cas où il posséderait encore de la force vive à ce moment,
MACHINES-OUTILS.
213
un galet de sûreté, tendu par un contrepoids, est rencontré par la face supérieure du
volant et forme frein sur lui. Dans ces machines, la vis est à trois filets; l’écrou, ayant
à résister surtout à des réactions de bas en haut, s’appuie sous la traverse supérieure
par une large embase et, en outre, par deux épaulements disposés en gradins dans l’in¬
térieur de la traverse. Un chasse-pièce est adapté à la table; il se compose d’une tige
verticale, ou bonhomme, percée d’une mortaise, contre la face supérieure de laquelle
appuie un coin de réglage qui détermine la saillie de la tige dans la matrice; la
manœuvre se fait soit à l’aide d’une pédale agissant sur une sorte de piston vertical qui
vient frapper contre la tige, soit automatiquement par une tringle verticale adaptée
latéralement à la tige et munie d’une butée que le coulisseau rencontre à la remonte.
M. Le Blanc construit des machines, du système Vincent, destinées également à frap¬
per les têtes de boulons et de rivets. Ces machines ne sont autre chose que des balan¬
ciers dont plusieurs dispositions sont modifiées. La vis est fixée par des collets entre la
traverse supérieure du bâti et une deuxième traverse située vers le milieu de la hauteur
des montants; elle reçoit le poinçon à sa partie inférieure. L’écrou, qui est alors
mobile, est adapté à un coulisseau guidé le long des montants et relié par deux fortes
tiges à épaulements et mortaises de clavetage à un coulisseau inférieur qui porte la
matrice; le système des deux coulisseaux est équilibré par des poids attachés à des chaînes
passant sur des poulies de renvoi, de sorte que leur poids n’intervient pas dans le tra¬
vail. Le volant de la vis et les plateaux de l’arbre de commande sont remplacés par des
cônes de friction, le cône de la vis étant garni de cuir; la vitesse de rotation de la vis
et celle de l’approche de la matrice sont donc uniformes. Le mouvement alternatif de
montée et de descente est rendu automatique par l’adjonction , sur la tringle de manœuvre
de l’arbre , de butées qui sont rencontrées par un appendice du coulisseau porte-écrou ;
ces butées donnent en même temps le moyen de faire varier la course de la matrice et,
jusqu’à un certain point, la puissance de son action. Un chasse-pièce automatique, logé
dans une douille fixée à la semelle du bâti et réglable en hauteur, fonctionne quand la
matrice revient au point le plus bas de sa course.
MACHINES À EMMANDRINER ET À DEMANDRINER.
M. Janssens expose une machine, dont l’objet est d’enfoncer des mandrins cylin¬
driques ou coniques dans une pièce et de les en retirer. Elle s’applique principalement
au montage des pièces sur mandrin entre les pointes d’un tour; le mandrin doit forcer
dans la pièce, pour la centrer comme pour l’entraîner; trop souvent on emploie, pour
la mise en place et l’extraction du mandrin, des moyens barbares, consistant, par
exemple , à enfoncer le mandrin à coups de marteau ou à frapper la pièce sur un objet
quelconque, quelquefois sur le banc du tour, opération toujours nuisible à l’une ou à
l’autre des parties : pièce, mandrin ou tour. L’utilité de la machine est donc incontes¬
table, et d’ailleurs son emploi est des plus simples.
2l/i
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Machine à emmandriner de M. Richards.
Le principe de la machine réside dans l’em¬
ploi dune frappe animée d’un mouvement
rectiligne alternatif assez rapide, de quelques
millimètres d’amplitude, simulant de petits
coups de marteau et avançant progressive¬
ment au fur et à mesure de l’enfoncement.
La pièce munie du mandrin, engagé plus ou
moins à la main, se place sur la table de la
machine percée a jour ou surmontée d’un sup¬
port creux, avec interposition de bagues de
diamètre intérieur et de hauteur convenables
pour laisser passer le mandrin. La frappe est
formée par l’extrémité de la tige d’une vis,
dont l’écrou est un coulisseau cylindrique mû
par un arbre à excentrique ; un volant de ma¬
nivelle, disposé sur la partie inférieure de la
vis et manœuvré à la main, sert à produire le
mouvement d’avance pour l’enfoncement. Le
démandrinage s’opère d’une façon analogue;
la pièce est simplement retournée et replacée
sur la table , et l’on fait agir la vis sur l’autre
bout du mandrin.
MACHINES A DRESSER.
MM. Hurtu et Hautin exposent une machine servant à redresser, principalement
après la trempe, des pièces faussées, telles que arbres, tarauds, forets, alésoirs. La
machine comprend une table, sur laquelle se place la pièce à dresser, et un montant
muni d’une vis verticale servant à produire la pression; la vis est réunie au montant
par un système différentiel de deux écrous intérieurs l’un à l’autre et de pas différents.
La vis peut être actionnée à la main de deux façons, suivant le degré de résistance de
la pièce : i° directement, en tournant et avançant dans l’écrou intérieur, par la
manœuvre d’un volant disposé à sa partie supérieure et muni d’encoches espacées sui¬
vant des intervalles correspondant à des dixièmes de millimètre de descente de la vis;
un butoir tombant dans les encoches produit un bruit sec qui prévient l’ouvrier après
chaque parcours d’un dixième; 2° par l’intermédiaire d’une vis sans fin à manivelle,
engrenant avec une roue assemblée avec l’écrou intérieur; la vis, dont la rotation est
empêchée, avance en raison de la différence de pas des deux écrous; une graduation
de la douille de la roue indique la quantité dont elle marche. La pièce est placée sur
la table, entre les pointes de deux poupées ou sur des supports à V; mais, auparavant,
MACHINES-OUTILS.
*215
on mesure la valeur de la flexion à ses différents points, en la montant sur des pou¬
pées spéciales disposées sur une partie Lien dressée de la table et lui présentant un
comparateur à aiguille amplificatrice; le point de flexion maximum étant reconnu, c’est
sur lui qu’on porte d’abord l’action de la vis; le pressage se fait généralement en plu¬
sieurs opérations, précédées chacune d’une vérification au comparateur. S’il paraît
216
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
imprudent de faire le dressage à froid, on peut approcher de la pièce, mise en place
sous la vis, un brûleur à gaz, en évitant toutefois de dépasser la température d’un recuit
ordinaire, c’est-à-dire le jaune ou, au plus, le bleu.
DECOUPOIRS ET PRESSES HYDRAULIQUES.
Les découpoirs hydrauliques ne sont représentés dans la classe 53 que par des
modèles très analogues de MM. Sculfort-Malliar et Meurice et de l’Hydraulic Engin-
neering G0, disposés sous forme de découpoirs mécaniques à bâti coudé et considérable¬
ment renforcé. Le coulisseau est constitué par un piston cylindrique, au-dessus duquel
vient agir l’eau en pression. Dans les presses de MM. Sculfort-Malliar et Meurice, le
liquide, fourni par une pompe accolée au bâti, passe par un distributeur dont le piston
est manœuvré à la main pour l’admission; une butée réglable adaptée au piston de
presse agit sur celui du distributeur, quand le premier est arrivé au bas de sa course,
et ferme automatiquement l’admission en ouvrant l’échappement; un contrepoids relève
instantanément le piston de presse. La pompe est actionnée, dans un modèle, à la main
par un levier et, dans les autres modèles, par une transmission de courroie; l’eau,
mêlée de glycérine pour éviter la rouille et la congélation, est puisée par la pompe
dans le corps même du bâti et y revient au sortir de la presse; le distributeur est
organisé de façon que, l’admission à la presse étant fermée, l’eau de la pompe passe
directement par l’échappement.
La presse de THydraulic Enginneering C° possède, outre le corps de presse prin¬
cipal et le gros piston de descente, un corps de presse de faible diamètre et un piston
disposés au-dessus des précédents et servant à la remonte; l’eau, venant d’un accumu¬
lateur à pression constante, est envoyée par la manœuvre d’un distributeur double,
opérée à la main, soit sur le piston de descente, soit sous le piston de remonte, chaque
corps de presse s’ouvrant d’ailleurs à l’évacuation pendant que l’autre s’ouvre à l’admis¬
sion.
L’emploi de l’accumulateur procure une grande vitesse de marche; il est soumis,
pour la valeur de l’effet à produire par la presse, à un maximum, qui dépend de la
pression de l’accumulateur et du diamètre du piston de descente; toute l’eau employée
est dépensée à la même pression , celle de l’accumulateur, ce qui correspond à une perte
de force notable. La commande directe par pompe donne une vitesse de marche subor¬
donnée au débit de la pompe, faible en général, à moins que Ton accouple plusieurs
pompes sur la même presse ; son principal avantage consiste en ce que la pression de beau
et, par suite, le travail des pompes sont constamment proportionnels à la résistance offerte
à la presse; il n’y a donc pas, de ce fait, dépense inutile de force. Par contre, dans le sys¬
tème de pompe de MM. Sculfort-Malliar et Meurice, la pression peut s’élever, pour ainsi
dire indéfiniment, du moins jusqu’au moment où la courroie, ne pouvant plus traîner,
glisse ou tombe; il est donc à craindre que, la valeur de la pression devenant exagérée
MACHINES-OUTILS.
217
par suite de l’augmentation de résistance pour une cause quelconque, il se produise
des accidents de rupture des joints, des tuyaux, de la pompe et de la presse elle-même.
Il nous paraît indispensable d’adjoindre aux pompes, lorsqu’on les applique directe¬
ment à la presse, un mécanisme de débrayage automatique, qui fonctionne dans le cas
où la pression atteint une valeur déterminée par un réglage préalable.
MM. Fielding et Platt présentent un modèle réduit de presse à plier d’équerre.
Celte machine comprend deux pistons verticaux disposés parallèlement et un piston
horizontal. On applique d’abord l’un des pistons verticaux sur la pièce à plier pour la
maintenir, on fait alors descendre le deuxième piston vertical, dont le poinçon présente
une face latérale courbe de manière a produire le pliage progressif de la partie de la
pièce qui déborde l’appui fixe. Le piston précédent étant relevé, on fait agir le piston
horizontal qui achève l’équerrage. Les divers pistons sont actionnés au moyen de dis¬
tributeurs, et l’eau en pression est fournie par un accumulateur. Cette machine s’ap¬
plique avantageusement à l’emboutissage à chaud des fonds de chaudière : le travail se
fait par portions successives, en faisant tourner la plaque autour d’un pivot, commen¬
çant le pliage de toute la partie chauffée au moyen du deuxième piston vertical et re¬
venant ensuite avec le piston horizontal pour le terminer.
MACHINES À RIVER.
Les découpoirs peuvent être employés pour le rivetage; toutefois leurs dispositions
sont assez peu commodes pour ce genre d’opération; on cherche, au moins pour les ma¬
chines fixes, à placer la tôle dans un plan vertical, les bouterolles étant par suite ho¬
rizontales. En outre, les procédés hydrauliques semblent s’être emparés du rivetage, a
l’exclusion presque complète des autres moyens mécaniques : leur principal avantage
consiste en ce qu’ils permettent de maintenir la pression sur le rivet jusqu’à ce qu’il
soit suffisamment refroidi, et de produire en même temps un serrage énergique des
tôles; de plus, ils n’exigent que des machines relativement peu volumineuses, tout en
étant d’une grande puissance; ils se prêtent même à l’emploi de machines portatives,
que l’on transporte le long des pièces et en tous leurs points, au lieu de déplacer ces
dernières. On prétend aussi que le rivetage est plus solide, que la matière du rivet est
moins altérée, quand l’opération se fait par une action relativement lente et progres¬
sive, comme cela peut avoir lieu avec une transmission hydraulique, que quand l’action
est rapide et brusque, plus ou moins analogue à celle d’un choc.
Les riveuses Tvvedel ont eu un grand succès à l’Exposition de 1878; nous les trou¬
vons représentées cette année, chez MM. Fielding et Platt, seulement par des modèles
réduits. Nous rappellerons en quelques mots leur principe et leurs principales disposi¬
tions. La machine proprement dite ne comprend guère qu’un bâti supportant la boute-
rolle fixe, un cylindre avec piston portant la bouterolle mobile, et un distributeur à
levier de manœuvre établissant la communication de l’eau avec le cylindre ou la sup-
218
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
primant. L’eau en pression est amenée par des tuyaux venant d’un accumulateur et de
pompes placés dans un endroit plus ou moins éloigné. Un modèle de machine fixe pré¬
sente deux forts montants de hauteur plus ou moins grande, rapprochahles par leur
hase sur des glissières cylindriques, portant à leur partie supérieure les bouterolles et
le mécanisme de manœuvre de l’une d’elles. Dans une machine semi-portative, les bou¬
terolles sont disposées verticalement, la supérieure étant fixe, l’inférieure étant rap¬
prochée par des tirants adaptés à deux pistons. Les machines portatives se suspendent
par un crochet â un palan, à un pont roulant ou à une grue : un modèle représente
un bâti en forme de G, dont l’une des branches opposées porte la bouterolle fixe, et
l’autre le corps de presse avec la bouterolle mobile et la tuyauterie; dans un modèle
récent , le mode de suspension consiste en un tube courbé s’articulant à un axe qui
passe par le centre de gravité du système, de sorte que la machine peut s’orienter en
tous sens autour de l’axe; le tube reçoit en même temps l’eau à sa partie supérieure et
la transmet au distributeur; la machine possède deux cylindres de presse, les boute¬
rolles sont adaptées à l’une des extrémités de deux traverses, dont les extrémités op¬
posées pivotent autour d’un axe réunissant les bouts de deux fausses bouterolles; l’une
des traverses est fixée au corps de la machine, le rapprochement de l’autre est obtenu
par deux tirants qui forment les tiges des pistons des cylindres de presse; les bouterolles
peuvent se substituer aux fausses bouterolles; comme les distances des points d’appli¬
cation des tirants aux extrémités des traverses, auxquelles s’adaptent respectivement les
bouterolles et les fausses bouterolles, sont dans le rapport d’environ 1 à 2 , on voit que
l’on obtient, par le renversement de ces dernières, des courses qui sont dans le même
rapport, l’effort produit variant par contre en sens inverse.
Les riveuses Twedell nécessitent l’emploi d’une batterie de pompes, d’un accumu¬
lateur et d’un tuyautage, dont l’installation entraîne certaines complications. MM. Dé¬
lai oc et Piat se sont proposé de construire des riveuses dégagées de tous accessoires,
les machines fixes n’ayant besoin que d’une courroie pour la communication de la
force motrice, et pouvant même être manœuvrées à la main dans des installations de
chantiers provisoires, les machines portatives se manœuvrant complètement à la main.
La rapidité de l’opération est obtenue en la décomposant en deux parties : dans la pre¬
mière, dès que la pièce munie du rivet est placée sur la bouterolle fixe, on amène à la
main la bouterolle mobile au contact, en agissant sur son piston par un pignon à ma¬
nivelle et une crémaillère; le cylindre du piston mis en communication avec le réser¬
voir de liquide se remplit derrière lui; dans la deuxième partie, on envoie sur le piston
du liquide en pression venant d’une pompe portée par la machine même et manœuvrée
â la main ou par courroie. Tel est le principe; nous allons maintenant entrer dans
quelques détails.
Le bâti des machines fixes présente deux montants d’une seule pièce ou reliés en¬
semble, portant à leur partie supérieure, l’un la bouterolle fixe, l’autre le cylindre du
piston de la bouterolle mobile avec une boîte à clapets et un réservoir de liquide (eau
MACHINES-OUTILS.
2 1 ' )
mélangée de do p. 100 de glycérine). La pompe est disposée sur une colonne latérale,
ou horizontalement le long du bâti; comme elle ne doit, dans une opération, fournir
qu’une seule cylindrée, elle possède un long piston plongeur, dont la tige reçoit la
commande a la main ou mécanique par une partie fdetée; dans le cas de la com¬
mande mécanique, la tige du piston porte des butées de réglage qui agissent automa¬
tiquement sur le débrayage de la courroie, soit pour remonter le piston quand la course
Riveuse fixe do MM. Delaloë et Pial .
nécessaire pour l’opération a été obtenue, soit pour l’arrêter à sa position extrême de
remonte; la commande comprend, à cet effet, deux courroies et deux jeux de poulies
fixe et folle tournant en sens contraires l’un de l’autre. La conduite allant de la pompe
à la presse renferme deux clapets : l’un, de sûreté, est chargé d’un poids, qui serait
soulevé pour laisser écouler l’eau au réservoir, si la pression devenait trop grande;
l’autre, de manœuvre, adapté sur l’orifice d’une communication avec le réservoir, laisse
arriver l’eau à la presse quand il est fermé, et met à la fois la pompe et la presse en
communication avec le réservoir quand il est ouvert; on agit sur ce dernier clapet au
moyen d’un levier pour l’ouvrir; sa fermeture est opérée par l’eau en pression. Pen¬
dant qu’on amène à la main la bouterolle mobile sur le rivet, par l’action sur la cré¬
maillère du piston de presse, le clapet de manœuvre est soulevé de façon que l’eau
220
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
arrive du réservoir clans la presse; le contact obtenu, on rabat le levier du clapet et
l’on met la pompe en marche; le clapet de manœuvre se ferme et l’eau en pression
agit jusqu’à ce que le changement de marche de la pompe ait lieu; le piston de la
presse revient alors en arrière, entraîné par le vide qui se fait derrière lui.
Le bâti des machines portatives a la forme cl’un C, dont les branches représentent
les montants des machines fixes; la pompe, qui se manœuvre à la main par un volant,
est disposée de façon que son axe soit normal à celui du corps de presse; l’axe de
suspension passe par le centre de gravité de l’ensemble. La machine est donc très ana¬
logue à la machine fixe; elle en diffère toutefois en
ce que la pompe est double, son piston ayant deux
diamètres différents correspondant à des corps isolés
et fournissant des débits proportionnels à ces deux
diamètres; par contre, les pressions maxima que l’on
peut produire, sans trop grande dépense de force,
par unité de surface varient avec chaque corps en
raison inverse du diamètre du piston; on peut ainsi
utiliser les deux corps de pompe pour une approche
rapide, jusqu’à ce que la pression atteigne une va¬
leur de 7 5 kilogrammes par centimètre carré; à cette
pression, le corps de plus grand diamètre se débraye
automatiquement, et l’autre continue seul de four¬
nir de l’eau jusqu’à une pression qui peut atteindre
200 kilogrammes par centimètre carré. L’
Riveuse portative de MM. Delaloë et Piat. 0 1 f
de débrayage automatique est constitué de la façon
suivante : la conduite de communication du grand corps de pompe. avec la presse est
munie de deux clapets, l’un qui est sous la conduite même et que l’eau soulève pour
aller à la presse, l’autre qui est sur un orifice ouvrant sous le réservoir et qui est
maintenu appuyé par un ressort monté sur la tige; d’autre part, un canal venant de
la presse permet à l’eau en pression de celle-ci d’agir sur une partie annulaire de la
tige, de sorte que, quand la pression sur cette partie arrive à dépasser la tension du
ressort, la tige et son clapet sont soulevés, et l’eau du grand corps s’écoule au réser¬
voir, le clapet de communication avec la presse se fermant au même moment par l’effet
de la pression qui persiste sur sa face engagée clans la conduite allant à la presse.
AL Capitain-Gény expose une machine fixe, qui paraît joindre aux avantages des
machines précédentes celui d’une grande simplicité, en ce qu’elle n’emploie pas de
conduites plus ou moins compliquées de communication, de tuyaux ni de clapets. Le
montant de la bouterolle fixe fait corps avec un bâti de balancier mécanique à friction,
dont la vis est prolongée par un piston plongeur; le corps de pompe de ce piston
communique par un simple orifice avec le corps de presse horizontal; le piston de ce
dernier est d’un diamètre double de celui de la pompe, ce qui donne pour les vitesses
MACHINES-OUTILS.
221
des deux pistons un rapport de h à 1 . L’ouvrier, agissant sur la tringle d’embrayage
du balancier, met la pompe en mouvement, les pistons s’avancent avec une vitesse
qui va en s’accélérant : ce fait peut être l’objet d’un reproche, que feront à la machine
ceux qui pensent qu’il vaut mieux agir par le procédé inverse, c’est-à-dire en ralen¬
tissant la vitesse à la fin de l’opération. Le rivet écrasé, l’ouvrier abandonne le levier
d’embrayage, un contrepoids adapté au levier fait embrayer le mouvement de re¬
monte; une butée placée sur la vis vient, à son tour, rencontrer un bras relié à la
tringle, débrayer le plateau de remonte et mettre l’arbre de commande à la position
d’arrêt.
Les bouterolles des machines à river sont assimilables aux poinçons des machines
à emboutir et doivent, par suite, être fixées avec les mêmes précautions. Il est bon
de placer à l’arrière de leur tige une plaque en acier qui protège la matière du
bâti contre les déformations que peut occasionner l’intensité des pressions exercées
sur eux.
MACHINES À FAIRE PAR COMPRESSION LES ECROUS, LES RIVETS ET LES VIS.
M. Saÿn fait les écrous à chaud, en les prenant sur une barre de fer plat. La barre
est introduite dans une paire de matrices disposées verticalement; l’inférieure étant
fixe, la supérieure s’abat sur elle de manière à former cinq pans, le sixième pan res¬
tant adhérent à la barre; un poinçon hexagonal s’avance alors horizontalement contre
une des tranches de l’écrou et le pousse dans une matrice hexagonale fermée, en le
détachant de la barre, pendant qu’un deuxième poinçon, appuyé contre des ressorts
Believille, maintient l’autre tranche; en même temps, deux poinçons ronds, intérieurs
aux poinçons hexagonaux, ont pénétré dans la matière de l’écrou jusqu’à arriver à une
distance de 5 millimètres l’un de l’autre; l’un des poinçons ronds continuant d’avan¬
cer, pendant que l’autre recule, débouche le trou en détachant la cloison qui restait
au milieu et la faisant pénétrer derrière le deuxième poinçon rond dans l’intérieur du
poinçon hexagonal correspondant ; ce dernier se retire à son tour, et le poinçon ad¬
verse, revenant sous l’action d’une came et des ressorts Believille qui se détendent,
repousse l’écrou de la matrice fermée, pendant qu’une tringle, venant dans une direc¬
tion normale, l’éjecte hors de la machine; la débouchure logée dans le poinçon hexa¬
gonal est, à ce moment, chassée par le poinçon rond intérieur, qui s’est avancé de nou¬
veau. Tous ces mouvements sont automatiques, l’ouvrier poussant seulement la barre
entre les matrices verticales au commencement de l’opération ; ils sont produits par des
cames montées sur deux arbres horizontaux perpendiculaires à la direction du mouve¬
ment des poinçons et commandés harmoniquement par engrenages. Les cames servant
au mouvement des poinçons sont au nombre de trois sur chaque arbre; elles agissent,
pour faire avancer ou reculer les poinçons, sur deux côtés opposés de deux châssis
juxtaposés portant respectivement le poinçon hexagonal et le poinçon rond, les deux
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
222
autres côtés coulissant pour l’un sur le bâti, pour l’autre sur le châssis voisin. Un des
arbres porte deux autres cames actionnant par l’intermédiaire de levier, Tune la ma¬
trice verticale, l’autre la tringle d’éjection. La machine peut produire 1,200 écrous à
l’heure; la perte de matière résultant de l’opération consiste uniquement dans la dé-
bouchure de la cloison du trou; il reste à tarauder les écrous et à arrondir les angles
sur les tranches.
Le refoulement des têtes de rivets et de vis se fait généralement à froid. Dans la
machine de M. Saÿn, les opérations successives, toutes automatiques, sont les sui¬
vantes : avance du fil de la quantité convenable produite au moyen d’un petit chariot
horizontal, découpage à l’aide d’un poinçon de cisaille vertical et refoulement de la
tête par une bouterolle horizontale pendant que la tige est serrée sous le poinçon pré¬
cédent.
Les mouvements des diverses parties sont pris sur un arbre commandé mécanique¬
ment par engrenage, au moyen d’un excentrique et d’une bielle menant un coulis¬
seau horizontal pour la bouterolle, de deux cames et d’un levier à axe horizontal pour
le poinçon de cisaille, d’un excentrique et d’un système de bielle et de deux leviers
pour le chariot d’amenage. Le serrage du fil pour l’amenage se fait, dans le premier
instant du mouvement des leviers, entre deux coussinets, dont l’un est fixé au chariot et
dont l’autre est relié à Taxe du levier articulé avec le chariot; le fil passe entre cinq
galets de dressage, avant son entrée dans le chariot, et, entre celui-ci et la cisaille, il
reçoit l’appui d’un doigt qui le laisse avancer et s’oppose au mouvement de recul que
pourrait lui communiquer le chariot en se retirant. Au sortir du chariot , le fil traverse
un massif, de l’autre côté duquel est le logement du coulisseau du poinçon de cisaille;
ce dernier a, comme largeur, la longueur que doit avoir la tige du rivet; une paroi du
logement est formée par une plaque de filière qui représente la partie fixe de la
cisaille; le poinçon, en descendant , coupe le fil et l’entraîne un peu plus bas au contact
d’une matrice, sur laquelle il l’appuie; la bouterolle, qui porte l’empreinte de la tête
du rivet, vient alors refouler la portion du fil qui dépasse la tranche commune du
poinçoin de cisaille et de la matrice. La saillie de la bouterolle est réglée par un coin
avec vis de rappel, interposé entre elle et le fond de son logement dans le coulisseau
horizontal.
La machine peut produire â,ooo rivets a l’heure.
Une machine de AI. Rémond renferme les éléments essentiels de la machine précé¬
dente de Al. Saÿn; elle en diffère par les dispositions de détail. Elle possède deux
arbres parallèles à excentrique actionnant respectivement, par l’intermédiaire de bielles,
les coussinets de cisaille et de bouterolle; le premier porte en outre un plateau à mani¬
velle, dont le bouton conduit par bielle et levier articulés le chariot d’entraînement, qui
saisit le fil au sortir de cinq galets de dressage; sur ce chariot est monté un doigt arti¬
culé dont la griffe, appuyée par un ressort contre le fil, assure l’entraînement; un
deuxième doigt, disposé sur la partie fixe du bâti et appuyé par un contrepoids, guide le
MACHINES-OUTILS.
223
lil à son entrée dans le massif de la cisaille et, par la forme de sa griffe, s’oppose à tout
effet de recul, tout en laissant l’avance se faire librement. La cisaille est constituée par
une plaque de filière fixe et par deux coussinets, dont le supérieur est soutenu par un
ressort et dont l’inférieur repose sur la bielle d’excentrique; le fil, engagé entre les
coussinets, est coupé par leur relèvement simultané et reste maintenu entre eux pendant
faction de la bouterolle sur leur face extérieure. La bouterolle est adaptée à un coulis¬
seau articulé avec l’extrémité de la bielle et prolongé au delà de l’axe d’articulation par
un bras de levier; les deux bras du coulisseau reposent sur des galets à excentrique,
par lesquels on peut régler exactement la position horizontale de la tête de la boute-
rolle d’après celle du rivet entre les coussinets de cisaille; Taxe d’articulation de la
bielle et du coulisseau est d’ailleurs en contre-bas de celui de l’excentrique, de façon
qu’il ne puisse se produire de tendance au soulèvement de la bouterolle au moment de
la compression.
L’American Screw G0 présente un procédé de fabrication des vis à bois, qui n’est
autre que le procédé Sloan avec de légères modifications. Le travail complet de la fa¬
brication de la vis comprend deux opérations distinctes, qui se font toutes deux à froid :
la première refoule la tête, fait la fente, ébauche la pointe et sépare la pièce du lil; la
seconde fait le filetage de la tige.
Dans la première machine, le lil d’acier doux est entraîné par un chariot à coussi¬
nets de serrage au travers d’une filière, qu’il dépasse de la longueur nécessaire pour
faire une vis; deux mordaches latérales le saisissent et l’enserrent fortement; une ma¬
trice à trois empreintes se déplace dans le sens vertical devant l’extrémité du fil et re¬
çoit trois poussées successives qui refoulent la tête, la dernière donnant à celle-ci sa
forme définitive et formant la fente. Deux matrices latérales viennent refouler la pointe;
un éjecteur vient enfin heurter la vis au moment où les mordaches sont desserrées,
achève de la détacher et la chasse au dehors. Tous les mouvements, assez complexes, de
cette machine sont produits au moyen d’excentriques et de cames montés sur deux arbres
se commandant par engrenage.
La partie essentielle de la seconde machine se compose de deux matrices horizon¬
tales animées de mouvements rectilignes alternatifs et de sens contraires; chacune
d’elles est munie de stries représentant le développement des blets. La vis est atta¬
quée à la fois sur toute la partie filetée ; il en résulte qu’elle ne peut s’allonger et que
le métal refoulé se transforme en saillie du filet. Les vis sont introduites successivement
entre les matrices par la manœuvre d’un tiroir, qui les prend une à une dans un canal
le long duquel elles descendent par leur seul poids, et dans lequel elles sont enfilées
par un coulisseau à mouvement vertical alternatif, qui les ramasse au fond d’un bassin.
Un jet d’huile abondant arrose la vis pendant le laminage. L’opération terminée, la vis
tombe en s’échappant des matrices.
Outre l’économie du prix de revient, les exposants revendiquent en faveur de ce pro¬
cédé la forme même de la vis : les filets sont très minces et aigus; leur diamètre exté-
224
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
rieur est notablement supérieur à celui de la partie lisse du haut de la tige; le fond de
l’intervalle entre les filets est à peu près cylindrique; la pointe est très aiguë et filetée
elle-même jusqu’au bout; la fente ne traverse pas toute la largeur de la tête et s’arrête
a une petite distance du bord, disposition commode, en ce qu’elle maintient naturel¬
lement la lame du tournevis.
Il paraîtrait aussi que les filets obtenus par refoulement ont plus de résistance que
ceux des vis faites à l’outil.
MACHINES-OUTILS.
225
CHAPITRE XI.
MARTEAUX-PILONS MÉCANIQUES ET A MAIN.
Marteau-pilon à main, (le \1. Riebonrg; marleaux-pilons à courroie de friclion; marleaux-pilons à courroie
et à ressort; marteau-pilon atmosphérique; marteaux-pilons à tige de friction.
Nous n’avons eu à examiner qu’une catégorie restreinte de marteaux-pilons, compre¬
nant les marteaux actionnés a la main, ou mécaniquement par courroie, et dans les¬
quels le poids du marteau et de sa tige dépasse rarement 3oo ou âoo kilogrammes.
Marteau-pilon à main , de M. Ricbourg. — Le marteau est adapté à une tige cylin¬
drique logée dans un long tube qui lui sert de guide et qui est rapporté sur le devant
d’un bâti creux; le poids du marteau et de sa tige est de h o kilogrammes; en outre, un
ressort, disposé à la partie supérieure du logement de la tige, est bandé à la remonte du
marteau et exerce sur lui un effort d’environ 2 0 kilogrammes ; la plus grande hauteur
de chute est de 0 m. 60.
La tige est munie d’une crémaillère à rocliet taillée de façon qu’un cliquet , qui lui est
opposé, agrafe sur le dessous des dents. Un levier de manœuvre, adapté à un axe fixé au
bâti, porte sur son petit bras un secteur denté agissant sur une crémaillère qui entraîne
le cliquet; l’abaissement du grand bras de levier soulève cette crémaillère qui, par l’in¬
termédiaire du cliquet, fait remonter la crémaillière à rochet et le marteau; en haut de
course, le cliquet rencontre une butée qui le dégage et permet la chute du marteau.
Relevant alors le levier, l’ouvrier ramène le clicjuet vers le bas de la crémaillère à
rochet, en un point quelconque d’ailleurs suivant la hauteur de chute qu’il veut donner,
et il peut, en abaissant le levier, donner un nouveau coup ou maintenir Je marteau en
l’air.
Marteaux-pilons à courroie de friction, de M. Robelet. — Dans les pilons de M. Robelet,
le marteau est attaché à une courroie qui passe sur une poulie disposée à la partie su¬
périeure de deux montants; l’adhérence de la courroie à la poulie, sous le poids du
marteau d’une part et la traction exercée de l’autre côté , produit l’entraînement des
deux parties l’une par l’autre au moment de la levée du marteau; elle est facilitée par
l’application de la fleur du cuir sur la poulie. Mais cette adhérence meme pouvant etre
nuisible pendant la chute du marteau, soit en retardant celle-ci, soit en réduisant la
force vive de la valeur due au frottement sous l’effet du poids seul de la courroie,
M. Robelet évide la partie médiane de la poulie et y loge un ressort formé d’un fd
1 5
Giioupf Vf. - IV.
i>imcr.niE nationale.
226
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
courbé, dont une extrémité est attachée au bâti et dont l’autre est libre; ce ressort n’em¬
pêche pas l’application de la courroie sur la poulie quand on exerce une traction sur
elle, mais il la dégage vivement dès que la traction cesse, et la maintient écartée de la
Dans un pilon à main, la poulie sert simplement de support à la courroie sur
laquelle la main agit; les montants à section en V servent de guides au marteau. Dans
un autre modèle, l’arbre de la poulie est commandé mécaniquement; la traction exercée
à la main 'sur la courroie a pour effet de produire son entraînement par l’adhérence
due au frottement. Deux guides cylindriques pour le marteau sont rapportés entre les
montants; ils sont entourés chacun à la partie supérieure d’un ressort à boudin, qui se
comprime en arrêtant le marteau et qui, en se détendant, augmente la force vive de
chute; c’est en même temps un tampon amortisseur d’arrêt, et de sûreté, pour le cas où
l’on maintiendrait trop longtemps et trop fortement la traction sur la courroie.
M. Robelet construit un pilon automatique d’après les mêmes principes, en atta¬
chant la courroie à un bouton de manivelle d’un arbre relié par friction à l’arbre mo¬
teur qui porte la poulie à ressort; ces deux arbres possèdent chacun un volant de
même diamètre, à couronne en forme de tore; la commande est donnée de l’un à
l’autre par rintermédiaire d’un galet à couronne concave, dont Taxe est adapté à un
levier que l’on peut manœuvrer à la main ou par une pédale. Tant que le galet est
au contact des volants, l’arbre a manivelle produit d’une façon continue la traction de
la courroie et le soulèvement du marteau, puis la détente de la courroie et la chute
du marteau. La course du marteau dépend de la valeur de l’excentricité du bouton
de manivelle. Les guides du marteau possèdent, comme dans le modèle précédent,
des ressorts a boudin destinés à augmenter son effet.
Marteau-pilon à courroie et à ressort, exposé par MM. Bouuey. — Dans ce pilon, déjà
ancien, le marteau est constitué par un coulisseau mobile entre des glissières formées
sur un coude du bâti; il est attaché à un lien en cuir qui réunit les extrémités d’un
ressort à étages de lames, semblable aux ressorts de wagons, mais plus cintré; le res¬
sort est suspendu en son milieu à une bielle de longueur réglable, adaptée a un bouton
de manivelle d’un disque monté sur l’arbre de commande ; enfin , au-dessus de ce der¬
nier, un axe horizontal, qui peut être manœuvré par un levier à main, porte un support
de galet, s’appliquant sur la courroie de commande et permettant de le tendre plus ou
moins, et un sabot de frein par lequel on peut faire pression sur le disque manivelle
pour modérer sa vitesse ou l’arrêter. L’action du frein et celle du galet tendeur
s’exercent d’ailleurs dans le même sens et concourent soit pour augmenter, soit pour
ralentir la vitesse du marteau et réduire l’intensité des coups. Les effets de tension et
de détente successifs du ressort ont pour résultat d’accroître notablement la hauteur
de, chute et la force vive du marteau : cela est dû surtout a ce que le ressort emmaga¬
sine la force vive de rebondissement du. marteau après chaque coup, pour la lui rendre
MACHINES-OUTILS.
227
ail coup suivant. L’assemblage des lames du ressort doit être fait très soigneusement
par des surfaces bien lisses, des goujons exactement placés et des mortaises de lon¬
gueur suffisante pour permettre à chaque lame de jouer librement sur la voisine. Ce
marteau ne convient pas pour l’étampage, parce qu’il ne se met en activité que progres¬
sivement et bat plusieurs coups avant d’atteindre toute sa puissance d’effet; mais il est
un excellent forgeur, a condition que les variations d’épaisseur des pièces soient peu
considérables.
Marteau-pilon atmosphérique, système Chcnot , exposé par la Société d Albert. — Dans
ce système très connu, comme dans le précédent, le marteau est relié a une bielle
d’excentrique, dont l’arbre porte une poulie de commande avec courroie embrayée par
un tendeur et avec un sabot de frein. Le marteau est constitué par un coulisseau cylin¬
drique auquel s’adapte la frappe; le coulisseau est creux et forme deux chambres
séparées par une cloison, la chambre inférieure fermée a ses deux extrémités, la
chambre supérieure ouverte dans le haut; dans chaque chambre se meut un piston
monté sur une tige commune qui traverse la cloison et qui est articulée avec la bielle;
un petit trou d’air s’ouvre dans chaque chambre h une hauteur convenable. Les pistons
sont ajustés dans l’intérieur des chambres, et la tige dans la cloison, sans aucune gar¬
niture. En descendant, les pistons compriment l’air des chambres, dont une partie
seulement, et au commencement de la course, s’échappe par les trous; la pression
ainsi produite ajoute son effet à celui du poids du coulisseau; les pistons remontant,
l’air comprimé se détend et commence a relever le coulisseau, le piston inférieur
achève le relèvement en comprimant l’air au-dessus de lui, pendant que l’air entrant
par les trous remplit le vide qui se produit au-dessous des deux pistons.
Ce marteau ne peut servir que comme forgeur, mais, à ce titre, il est un des meil¬
leurs systèmes existants; il est, en particulier, d’un entretien excessivement simple; il
est remarquable qu’il fonctionne même avec un jeu notable autour des pistons, a con¬
dition que la vitesse de l’arbre moteur soit suffisante; la vitesse normale des petits
modèles est de 200 coups par minute. Un avantage précieux du système est qu’il se
prête à des variations très étendues dans l’épaisseur des pièces à forger, sans qu’on ait
aucunement besoin de rien changer au réglage de la longueur de la bielle; on peut
ainsi frapper à la fois sur le plat et sur le champ d’une barre plate , ce qu’il n’est pos¬
sible de faire que dans des limites restreintes avec la plupart des autres modèles de
marteaux à excentrique.
Marteaux-pilons à tige de friction. — Dans ces pilons, le marteau est muni d’une
tige plate, longue et large, par laquelle se fait directement l’entraînement pour la
remonte.
Dans le modèle de M. Bliss, la tige est métallique et constituée par le prolongement
même du marteau. Le bâti comprend deux forts montants solidement assemblés avec
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
*228
la chabotte, chacun par tenon encastré, large semelle avec boulons et clavette empê¬
chant l’écartement latéral. La tige est de même largeur que le marteau, engagée
comme lui par des glissières dans les coulisses guides des montants; elle passe entre
deux rouleaux, disposés vers le haut des montants sur des leviers équilibrés, articulés à
ceux-ci et ramenés l’un vers l’autre par un ressort à boudin; les rouleaux sont actionnés
chacun par une poulie de commande, de manière qu’ils tournent en sens inverses et
tendent à faire monter le marteau quand ils pressent sur la tige; une tringle, reliée à
une pédale, permet d’agir sur le ressort pour le détendre et produire un léger écarte¬
ment des rouleaux, et par suite la chute du marteau. Par une action convenablement
ménagée du pied sur la pédale, on peut faire monter le marteau et le maintenir à une
hauteur quelconque; toutefois sa position normale de remonte est au point le plus
haut, et elle est obtenue par un équilibre d’action entre la tendance à la montée et
celle à la descente; à cet effet, les bords de la tige vont en augmentant d’épaisseur de
haut en bas; la pédale étant libre et relevée, quand le marteau arrive au haut de sa
course, la partie élargie des bords rencontre des taquets disposés sur le prolongement
des leviers des rouleaux et tend a écarter ceux-ci, mais, en réalité, réduit simplement
leur pression sur la tige à être juste suffisante pour maintenir le marteau en l’air. Ce
dispositif de pilon se remarque surtout par sa construction robuste et simple, et en
même temps par le nombre relativement faible de pièces qu’il comporte. Toutefois la
course est peu considérable.
Les autres modèles de pilons à tige emploient une planche en bois (de hêtre ordi¬
nairement) assemblée au marteau par boulons et clavette de serrage. Les pilons ex¬
posés par M. Delinotte et MM. Stiles et Parker ont une planche d’épaisseur constante
sur toute sa hauteur; elle passe entre deux rouleaux en fonte tournant en sens con¬
traires, disposés sur un chapeau qui réunit la partie supérieure des montants; l’axe
d’un des rouleaux est fixe, l’autre peut être rapproché ou écarté par la manœuvre
d’une tringle reliée à un levier à main ou à une pédale, ou aux deux a la fois.
Dans le pilon de MAL Stiles et Parker, l’arbre du rouleau à axe fixe est commandé
par deux poulies, une à chaque bout, dans le but de produire une usure égale des
coussinets; il communique le mouvement a l’autre rouleau, qui est fou sur son arbre,
par deux paires de roues à denture spéciale; l’un des flancs de la dent est droit,
l’autre seul a un profil de roulement; cette disposition, qui ne permet de marcher que
dans un sens, a pour but de renforcer les dents sans leur donner beaucoup de lon¬
gueur, tout en se prêtant à un léger écartement des axes. L’axe du rouleau fou est
excentré par rapport à l’axe de l’arbre, de sorte que la bielle adaptée à la tringle de
manœuvre produit son éloignement ou son rapprochement par rapport a l’axe fixe,
selon le sens dans lequel elle fait tourner l’arbre; l’axe d’excentricité est disposé de
telle façon, que le poids de la tringle appuie les rouleaux sur la planche, en même
temps qu’il relève le levier ou la pédale; il faut presser sur l’un ou l’autre de ceux-ci
pour soulever la tringle, écarter les rouleaux et faire tomber le marteau; en l’aban-
MACHINES-OUTILS.
229
donnant au contraire, le marteau remonte jusqu’à ce qu’il rencontre un collier de
butée fixé en un point de la tringle correspondant à la hauteur de chute que l’on veut
avoir. Le marteau se met alors en équilibre avec la pression des rouleaux, mais son
arrêt serait mal assuré sans la présence d’un système de deux mâchoires, qui, à ce mo¬
ment, pressent sur les faces opposées de la planche; la forme de la surface d’appui de
Marteau-pilon à tige de friction, de MM. Sliles et Parker.
ces mâchoires est telle, qu’elles n’empêchent pas la planche de monter, mais qu’elles
coincent dans le sens de la descente; elles sont montées excentriquement sur l’axe d’un
bras de levier relié à la tringle de manœuvre; elles s’ouvrent en même temps que les
rouleaux pour laisser tomber le marteau, et se ferment avec eux pour être prêtes à l’ar¬
rêter à toute hauteur réglée par la position de la butée. L’arrêt du marteau par les
mâchoires offre en outre l’avantage qu’il supprime la pression des rouleaux en mouve¬
ment sur la planche et préserve celle-ci de l’usure. Gomme particularités de construc-
230
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
tion, les montants sont rapportés sur la chabotte par des tenons en queue d’aronde
formés sous la semelle d’appui; des vis de rappel, permettant de régler leur écartement,
sont munies de contre-écrous avec molletage extérieur et de goupilles de sûreté; les
glissières guides du marteau sont formées directement sur les montants.
Un pilon de M. Delinotle a les mêmes dispositions générales que le précédent; il
en diffère en ce que les montants sont d’une seule pièce avec la chabotte et que les
rouleaux sont commandés séparément chacun par une poulie et une courroie, sans
engrenages intermédiaires.
Un deuxième modèle de M. Delinotte a ses montants rapportés sur la chabotte et
fixés par des boulons; les glissières servant de guides au marteau sont détachées des
montants et réunies a eux par des boulons avec écrous d’appui pour le réglage de
l’écartement. Les mâchoires pour l’arrêt du marteau sont remplacées par un taquet
formant le petit bras d’un levier, qui est mobile autour d’un axe fixé dans un des trous
échelonnés le long d’un des montants et qui est manœuvré par une deuxième tringle
reliée à la pédale; le taquet, rabattu au moment de la levée du marteau, se soulève à
son passage et se loge dans une échancrure pratiquée sur sa paroi latérale; il faut
presser sur la pédale pour dégager le taquet et permettre la chute du marteau. Ce dis¬
positif de taquet d’arrêt exige, d’après sa position, un réglage concordant et assez
précis de la butée de la tringle de manœuvre des rouleaux; il ne procure qu’un nombre
limité de hauteurs de chute, égal au nombre des trous du montant; enfin il occasionne,
au moment de l’arrêt du marteau , une poussée latérale préjudiciable à la conservation
des glissières et à la stabilité de l’ensemble.
Les pilons à tige de friction sont essentiellement des machines d’étampage; ils
peuvent cependant être employés à l’occasion pour le forgeage, notamment dans les
cas où il ne s’agit de donner qu’un petit nombre de coups; il convient alors de se ser¬
vir du levier à main , pour la manœuvre de la tringle. L’avantage de la pédale , pour
l’étampage, est qu’elle permet à un même ouvrier d’agir du pied sur la tringle en
même temps qu’il présente la pièce à la matrice, et qu’elle n’exige ainsi que l’emploi
d’un seul homme.
MACHINES-OUTILS
231
CHAPITRE XII.
MACHINES À TRAVAILLER LES TOLES ET LES FERS EN RANDES.
Cisailles pour tôles : cisailles droites; cisailles circulaires. — Machines à border, à moulurer et à agrafer. —
Machines à plier. — Machines à rouler et à cintrer. — Machines à couder, à refouler et à souder. — Machines
à dresser. — Machines à laminer. — Machines diverses : machines à faire les ressorts à boudin de sommiers;
machines à faire automatiquement la ronce artificielle.
Nous réunissons dans ce chapitre divers genres de machines qui s’emploient plus
particulièrement pour les travaux de chaudronnerie, ferblanterie, quincaillerie, etc.
Nous les classons de la manière suivante :
Cisailles pour tôles;
Machines à border, à moulurer et a agrafer;
Machines à plier;
Machines à rouler et à cintrer;
Machines à couder, à refouler et a souder;
Machines à dresser;
Machines à laminer;
Machines diverses.
CISAILLES POUR TÔLES.
Les cisailles pour tôles peuvent se diviser en cisailles droites, recevant un mouve¬
ment rectiligne normalement à leur longueur, et en cisailles circulaires, à deux lames
en forme de disques, animées d’un mouvement de rotation.
Cisailles droites. — Le modèle le plus simple de cisaille droite comprend essentiel¬
lement un long levier articulé sur un axe horizontal à l’extrémité d’une table, équili¬
bré par un contrepoids, muni d’une lame à arête légèrement convexe, et se rabattant
dans un plan vertical le long du bord de la table garni d’une contre-lame, de manière
à attaquer progressivement les différents points de la longueur de la tôle disposée sur
la table. Habituellement, une règle à section en équerre, placée parallèlement ou obli¬
quement au bord de la table, sert d’appui et de guide pour déterminer la largeur ou
les dimensions de la bande à découper; elle glisse et se fixe sur deux barres parallèles
adaptées à la table, ou forme l’un des côtés d’un parallélogramme articulé dont le côté
parallèle est fixe (Kircheis). Souvent la règle est représentée par une sorte de sommier
supporté par des ressorts, qui s’abaisse sous la pression du levier porte-lame; cette
232
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
disposition est utile pour couper des bandes plus étroites que la largeur du levier.
Enfin on dispose quelquefois sur la table une barre pivotant autour d’un axe horizon¬
tal parallèle au bord, pour serrer fortement la feuille de tôle (Kircheis), et l’on dispose
du côté de la face du levier opposée à la lame, et près de la poignée, un montant ver¬
tical qui guide le levier dans son mouvement de descente.
Pour donner plus de puissance a l’action de la main, on articule le levier porte-
lame, à son extrémité opposée à l’axe, à un deuxième levier sur lequel on agit, l’axe
de ce deuxième levier étant adapté à la table ou à un fort bras coudé disposé au-
dessus d’elle. Cette dernière disposition a pour avantage de dégager complètement
l’arrière de la table et permet de travailler sur des tôles de dimensions plus grandes
que la longueur de la lame; elle convient surtout pour les cisailles d établi; la table est
alors supprimée et remplacée par un banc étroit auquel s’adapte la contre-lame avec
ou sans support de guide (Kircheis, Dandoy-Mailliard et Lucq, Avoyne et Bonamy).
MM. Avoyne et Bonamy construisent également des cisailles d’établi avec levier simple
articulé a l’extrémité d’un bras coudé.
MM. Avoyne et Bonamy présentent une cisaille dans laquelle l’axe du levier, au lieu
d’étre adapté à la table, est à l’extrémité d’un long bras coudé et est placé dans la
direction de ce bras; le levier reçoit des lames sur chacune des branches situées de
part et d’autre de l’axe ; la tahle porte des équerres sur lesquelles se fixent des contre-
lames. L’objet de cette disposition est de permettre de travailler sur de grandes dimen¬
sions et de faire des découpages à l’intérieur d’une feuille de tôle, sans qu’on soit
géné par les bords de la feuille, qui passent sous l’arcade du bras. En employant des
lames courtes, les constructeurs espèrent pouvoir découper des profils droits ou courbes
de forme quelconque.
Les cisailles à levier ont l’inconvénient de tordre la bande découpée; pour obtenir
une bande droite, il convient de se servir de la cisaille dite à guillotine . La lame,
légèrement inclinée sur l’horizontale, est portée par un large coulisseau pouvant
atteindre jusqu’à 2 mètres de portée, guidé à ses deux extrémités dans des glissières
verticales. Dans un petit modèle de Al. Kircheis, le coulisseau est manœuvré à l’aide
d’une pédale qui lui est reliée par deux tringles; la table comporte un guide à ressort
et une bride de serrage de la tôle. Dans une forte machine de MM. Avoyne et Bonamy,
le coulisseau est actionné mécaniquement par un arbre avec double système d’excen¬
trique et de bielle, disposé à la partie supérieure des montants des glissières; on peut
produire la marche alternative continue du coulisseau ou l’arrêt après chaque coup, en
mettant la courroie de commande sur l’une ou l’autre de deux poulies fixes séparées
par une poulie folle; dans l’un des cas, une came placée sur l’arbre à excentriques est
sans action sur la tringle de débrayage; dans l’autre cas, elle repousse la tringle après
chaque coup, de façon à faire passer la courroie sur la poulie folle; la machine com¬
porte l’emploi d’un guide à ressorts pour les bandes étroites.
Dans une cisaille automatique à guillotine, M. Kircheis actionne le coulisseau par
MACHINES-OUTILS.
233
un arbre à double système d’excentrique et de bielle disposé à la partie inférieure du
bâti; la tôle est serrée sur la table, pendant le découpage, par l’action d’un levier à
contrepoids sur un deuxième coulisseau; une came montée sur Tarbre à excentriques
desserre la tôle après l’opération; un guide mobile permet de régler la largeur des
bandes; la mise en marche de l’arbre à excentriques et l’arrêt sont produits à l’aide
d’un embrayage à manchons.
Cisailles circulaires. — L’outil des cisailles circulaires est composé de deux disques,
ou lames, dont les arêtes de deux tranches opposées sont à une très faible distance ou
même embéquetent légèrement Tune sur l’autre dans une section commune renfer¬
mant les deux axes; les deux lames sont ordinairement semblables, mais leur forme
varie selon les constructeurs. M. Duval et M. Kircheis font planes et normales à Taxe
les tranches de contact et donnent seulement un léger cône au pourtour des disques;
M. Le Blanc forme sur le pourtour deux cônes d’inclinaisons différentes, faisant entre
eux un angle un peu inférieur à 90 degrés, et les lames sont placées de façon que les
cônes aient des positions inverses en regard l’un de l’autre. Le plus souvent, les plans
moyens des lames, et par suite leurs arbres, sont parallèles; Tarbre inférieur est
oblique sur Thorizon , dans quelques modèles de M. Kircheis , pour permettre de couper
des fonds de boîtes ou de couvercles sans être gêné par les arbres; dans ce cas, la
lame inférieure a une forme conique telle, que sa génératrice supérieure ait la même
direction que la génératrice correspondante d’une lame à arbre horizontal. La disposi¬
tion des lames qui, théoriquement, ont un point de contact unique, donne la facilité de
faire mouvoir entre elles la feuille de tôle de façons diverses et de la découper suivant
des formes quelconques, droites ou courbes; il convient seulement, quand le profil à
obtenir est régulier, d’appuyer la tôle contre un guide approprié.
Les arbres des deux lames sont commandés par des engrenages qui leur donnent des
vitesses égales et de sens contraires, de manière que la direction du mouvement au
point de contact soit commune. Les arêtes coupantes doivent être dans un même plan
vertical quand les arbres sont parallèles, et, quand ceux-ci sont obliques, le point de
contact théorique de chaque lame doit être dans le plan de Tarêtc de Tautre; pour le
découpage des tôles minces, les lames doivent se dépasser légèrement; pour celui des
tôles épaisses, il convient qu’elles soient un peu écartées; il résulte de là que la distance
des lames a besoin d’être réglée pour chaque épaisseur de tôle et même pour chaque
nature de métal. Cette condition, jointe à celle de la possibilité de l’affûtage, oblige de
donner le moyen de régler la distance des arbres, en même temps que la position longi¬
tudinale des lames. L’arbre inférieur est ordinairement fixe comme hauteur, et le
réglage dans ce sens porte sur Tarbre supérieur. M. Duval donne aux roues de l’engre¬
nage de commande mutuelle des deux arbres des dents très longues, qui permettent de
déplacer Tarbre tout entier parallèlement à lui-même d’une hauteur de quelques milli¬
mètres ; Tarbre est supporté par deux douilles encastrées chacune dans un logement de
234
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
section rectangulaire et munies de vis de rappel servant à leur manœuvre; pour le
réglage longitudinal, l’arbre inférieur est fileté à ses deux extrémités et reçoit des écrous
avec bagues d’appui contre le bâti. M. Le Blanc et M. Kircheis constituent T arbre su¬
périeur de deux parties articulées ensemble par un joint sphérique; la partie qui porte
la roue d’engrenage ne bouge pas; celle qui reçoit la lame se déplace en hauteur par
le rappel de sa douille au moyen d’une vis actionnée à l’aide d’une simple poignée
(Kircheis) ou d’une série d’engrenages (Le Blanc); la forme donnée aux lames par
M. Le Blanc permet de conserver identique, dans le sens longitudinal, la position de
l’arête et dispense de réglage dans ce sens; M. Kircheis déplace l’arbre inférieur, en
agissant sur un écrou appuyé au bâti, ou parfois à l’aide d’une vis sans fin et d’une roue
concentrique à l’écrou, l’écrou faisant lui-même mouvoir une douille encastrée entre
les colliers de l’arbre.
Pour le découpage en ligne droite , l’appui de la tôle est formé ordinairement par le
bord d’un chariot qui coulisse dans l’échancrure ménagée sur le bâti entre les deux
arbres. Pour le découpage courbe, M. Duval et M. Kircheis rapportent en avant des
lames, et à distance réglable, un support spécial, qui a la forme d’un G à branches
très allongées; chacune de celles-ci est munie à son extrémité, pour l’appui et le ser¬
rage de la tôle, d’un galet ou d’une pointe fixe en hauteur pour la branche inférieure,
monté sur vis verticale pour la branche supérieure; en faisant tourner la tôle à la main
entre les galets ou les pointes, on découpe des cercles, et en déplaçant le support, on
en fait varier le diamètre; l’emploi simultané des deux mouvements permet de tracer
des formes quelconques.
Une machine de M. Kircheis est montée? spécialement pour le découpage d’ellipses.
La tôle se place sur un châssis dont les deux bords parallèles, engagés dans une cou¬
lisse circulaire horizontale, ne peuvent se déplacer qu’en restant enveloppes de cette
coulisse ; le châssis présente normalement aux deux bords une coulisse rectiligne , dans
laquelle est engagée une règle mobile autour d’un axe vertical parallèle à celui de la
coulisse circulaire. Si l’on suppose un instant que les axes A et A' de la coulisse cir¬
culaire et de la règle soient fixes, et si l’on cherche à déplacer le châssis, la ligne mé¬
diane GX du châssis, parallèle aux bords, et la ligne du même châssis GY, superposée
à la ligne médiane de la règle, représentent deux droites rectangulaires invariablement
liées, se mouvant respectivement en passant constamment par les points fixes A et A'
des deux axes, c’est-à-dire en comprenant entre elles la droite fixe AA'; un point inva¬
riablement lié à cette dernière, par exemple le point fixe Px de contact théorique des
lames, tracera une ellipse sur la tôle entraînée dans le système mobile des deux droites
rectangulaires CAX, GA'Y. Mais, les axes étant fixes, le plan commun des lames, dont
le tracé sur le plan horizontal de la figure est MPjM', serait en général oblique sur la
normale PXN à l’ellipse en chaque point l\ ainsi obtenu; M. Kircheis rend alors
mobile le système des axes lui-même, de façon que la normale PXN à l’ellipse, au point
tracé à chaque instant, se confonde sensiblement avec la normale P]P2 au plan des
MACHINES-OUTILS.
235
lames; à cet effet, les deux axes A et A' sont montés sur un bras mobile autour d’un
pivot vertical fixe Pj situé dans leur plan et passant précisément par le point de con¬
tact des lames; d’autre part, une barre P2C, articulée au point C de rencontre des deux
droites rectangulaires CAX, CA'Y, traverse une coulisse formée dans une douille montée
sur un deuxième pivot vertical fixe P2 situé du côté opposé à P1 par rapport à tout l’ap¬
pareil, et cette barre possède elle-même, suivant sa longueur, une coulisse dans laquelle
se déplace un bouton B fixé au bras sur le prolongement de la direction du premier
pivot et des axes. 11 résulte de là que, en même temps que le système des droites
rectangulaires CAX, CA'Y se déplace par rapport à la droite A'APX, de façon que le
point Pj trace sur lui une ellipse dont la normale est PjN, le système A'APX tourne
lui-même autour de Pj , un de ses points B étant astreint à rester sur une droite P2C, qui
est liée au centre G de l’ellipse et qui passe constamment par le point fixe P2; ce mou¬
vement de rotation a pour effet de maintenir la normale PjN dans une direction très
voisine de PtP2, avec laquelle elle coïncide d’ailleurs aux instants où les axes de l’ellipse
sont sur PjP2. Les axes de l’ellipse sont les longueurs PXA, PjA'. Un système de cha¬
riots permet de faire varier la distance de Yen semble des axes A et A' et du bouton B
au point Pj , et les distances des axes et du bouton entre eux ; une graduation corrcs-
236
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
pondant à la distance des axes A et A' donne la différence de longueur des axes de
l’ellipse.
MACHINES À BORDER, À MOULURER ET À AGRAFER.
Ces machines sont employées pour enrouler le bord d’une feuille autour d’un fil de
fer en ligne droite ou courbe, pour relever ou tomber le bord d’un fonds de couvercle
ou du corps d’une boîte cylindrique, pour faire des moulures d’un profil déterminé le
long d’une bande, pour serrer les agrafures droites ou circulaires, etc. Leur construc¬
tion est identique à celle des petites cisailles circulaires : elle comprend deux arbres
parallèles, portant chacun une molette, reliés par des roues d’engrenage égales, l’arbre
inférieur réglable suivant la longueur, l’arbre supérieur réglable en hauteur, soit en
pivotant tout entier autour d’un axe voisin des roues d’engrenage (Durozoi, Petot,
Sage), soit en s’assemblant par joint sphérique avec une portion fixe qui porte la roue
(Rircheis). Pour certains travaux, au lieu de fixer la distance des arbres, on relie
l’arbre supérieur à une pédale, par laquelle on donne la pression convenable pour l’en¬
traînement des bandes qui passent entre les molettes.
Los molettes et l’appareillage des machines varient d’après le genre de travail à
exécuter. Les molettes à moulurer se superposent exactement, ayant chacune en sens
inverse le profil de la moulure; généralement, une paire de lames de cisaille leur est
adjointe, pour rogner les bords de la moulure. M. Durozoi dispose sur le bâti, de cha¬
que côté du plan vertical des arbres de molettes, un petit chariot incliné muni d’un
axe horizontal, sur lequel se monte un galet de meme forme que l’une des molettes, ser¬
vant â guider la bande qui sort des molettes et â la dresser ou à la courber suivant un
arc dont le rayon dépend de sa position par rapport au point de sortie. Pour border
droit sur fil de fer, M. Petot monte sur la même machine deux paires de molettes dis¬
posées parallèlement sur autant d’arbres; la première paire ploie le bord, la deuxième
achève de l’enrouler. Pour border courbe également sur fil de fer, M. Petot se sert de
deux machines à une seule paire de molettes, munies de deux galets à axe vertical qui
servent à donner la courbure à l’ensemble du fil et du boudin.
Pour tomber le bord d’une boîte ou relever le fond d’un couvercle, on emploie deux-
molettes coniques en sens inverses, la grande base delà molette supérieure étant placée
vers le bout de l’arbre et son arête s’appliquant dans l’angle formé par le bord abattu
ou relevé. La pièce se monte sur un appareil où elle est centrée, soit entre pointes
pour les fonds de couvercles, soit, pour les corps de boîtes, entre deux galets extérieurs
(Sage) ou sur une sorte de mandrin intérieur à trois têtes de vis arrondies (Rircheis).
L’appareil se déplace sur deux glissières et s’incline de manière à appliquer le bord à
produire entre les génératrices de contact des deux molettes. Le mouvement des mo¬
lettes entraîne la rotation de la pièce autour de son axe. Les mêmes machines servent
pour fermer l’agrafure d’un corps de boîte avec le couvercle, en donnant aux molettes
des formes appropriées â celles de l’agrafure.
MACHINES-OUTILS.
'237
Les agrafures sur le corps même cl’ane boîte, d’un tube, etc., sont fermées au
moyen d’une machine a une seule molette (Kircheis); le corps est placé sur un man¬
drin, qui bascule autour d’un axe vertical à une de ses extrémités pour le dégagement
et la mise en place rapides des pièces; la molette est montée sur un chariot coulissant
sur une glissière parallèle au mandrin; le réglage de la saillie de la molette se fait,
soit par le déplacement vertical de la glissière sur deux vis qui la supportent, soit par
lexcenlrage de son arbre. Pour les agrafures intérieures, le mandrin présente une
cannelure dans laquelle se loge l’agrafure; la molette serre sur l’extérieur.
M. Kircheis expose deux machines a faire des filets en hélice sur des chapeaux de
bouchons, des becs de lampes, etc. Lune est une simple poupée dont l’arbre, mû à la
main, traverse un écrou au pas à produire et porte un mandrin qui reçoit la pièce à
canneler; le mandrin passe contre une molette montée sur une petite poupée fixe; la
pression de la molette applique la pièce dans les cannelures du mandrin. L’autre ma¬
chine, qui est double, est mue mécaniquement; elle possède deux arbres verticaux
munis chacun d’un mandrin porte-pièce cannelé et animés d’un mouvement de rota¬
tion en même temps que d’un mouvement de translation produit par le passage dans
des écrous fixes; un mécanisme de changement de marche les fait monter et descendre
alternativement en renversant le sens de la rotation, les mouvements se faisant en sens
inverses pour les deux pièces; l’ouvrier enlève et remplace l’une, pendant que l’autre se
filète.
Les moulures de grande largeur ne peuvent se faire sur les machines précédentes,
qui ont, de plus, l’inconvénient de courber plus ou moins la bande. M. Kircheis pré¬
sente, pour cet objet, deux bancs à tirer, avec chariot porte-pinces mû à la main par
engrenages et par chaîne Galle ; la tôle est prise dans l’une à l’aide de trois pinces à
double articulation, dans l’autre, au moyen de trois pinces analogues à des étaux à
main avec vis de serrage. La matrice est formée de deux mordaches au profil à obtenir,
rapprochées dans un palier à vis de pression; le palier se fixe en un point quelconque
de la longueur du banc.
MACHINES À PLIER.
L’objet des machines à plier est de couder une feuille de tôle ou de fer-blanc sui¬
vant un certain angle, avec arête vive ou arrondie, ou de la courber, par des pliages suc¬
cessifs, suivant un profil de section circulaire ou de moulure variée. Ces machines
atteignent parfois de grandes dimensions, certaines permettant de plier des feuilles de
3 mètres de largeur.
Les modèles les plus fréquents comprennent une table horizontale fixe , sur laquelle
se place la tôle; une pince ou sommier, par laquelle on presse la tôle par toute sa lar¬
geur sur la table et dont la face d’appui est garnie d’une lame fixée par des vis, avec
bord correspondant au profil de pliage; un levier coudeur ou tablier, présentant une
face qui, tout d’abord, doit être sur le même plan que la table, et pivotant autour
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
'238
d’un axe horizontal pour opérer le pliage. La pince est mobile verticalement dans
les coulisses de deux montants disposés aux extrémités de la table; M. Kircheis et
M. Soyer, dans un de leurs modèles, en opèrent la manœuvre, en même temps que le
serrage, au moyen d’un arbre à deux excentriques qui la relie à la table; M. Sage se
sert, pour le même objet, soit d’une vis centrale à volant de manœuvre, disposée sous
la table, et dont l’écrou entraîne un cadre adapté à la pince, soit d’une vis sans fin
avec roue montée sur un arbre qui conduit, par pignons et crémaillères, les guides la¬
téraux de la pince; dans des modèles de MM. Bombled, Durozoi, Soyer, les deux opé¬
rations sont séparées; la pince est serrée, soit, pour les modèles légers, au moyen d’une
vis centrale supérieure dont l’écrou est monté sur une traverse ou deux tirants reliés
aux extrémités de la table, soit, pour les modèles forts, par deux vis à action séparée,
montées aux bouts de la table (Bombled, Durozoi); la pince étant desserrée, le soulè¬
vement s’en fait à l’aide d’une pédale a contrepoids d’équilibrage.
Le pliage s’opère habituellement par relèvement du tablier, dont la face plane, dans
le mouvement de rotation autour de l’axe, enveloppe les génératrices successives du
profil delà lame de la pince; suivant les épaisseurs de tôle et la nature des profils,
l’axe de rotation du tablier doit être déplacé par rapport au bord de la lame, et la
distance même de cet axe a la face plane du tablier doit être rendue variable, la face
plane du tablier restant au niveau de la table. Certains modèles, ne possédant qu’en
partie ces moyens de réglage, ne peuvent donner que des formes de pliage approxima¬
tives. L’axe du tablier est généralement formé par des tourillons, dont chacun est en*-
castré dans un coussinet mobile horizontalement dans son palier par vis de rappel; les
paliers reposent sur des vis de réglage, que M. Soyer actionne simultanément en les
prolongeant jusqu’en haut des montants et les reliant par une chaîne Galle; M. Bom¬
bled fixe le tablier à chaque tourillon par coulisse et boulon de serrage, de sorte que,
la hauteur de l’axe des tourillons par rapport à la table étant donnée , on puisse ra¬
mener le tablier au niveau de la table; M. Sage relie, à chaque extrémité, le support du
tourillon au bâti par une vis, et le tablier à ce même support par une deuxième vis.
Le tablier est équilibré par des contrepoids; il est généralement manœuvré à la
main, à l’aide d’une poignée ou de leviers; M. Durozoi lui adapte des secteurs dentés,
sur lesquels on peut agir par pignons et manivelle.
Dans un de ses modèles, M. Kircheis place la tôle entre le tablier et la pince, qui est
coupée par un plan incliné d’envrion A 5 degrés sur la table; il serre la pince sur le
tablier à l’aide d’un arbre à excentriques, et il produit le pliage en rabattant l’en¬
semble de la pince et du tablier sur la table, le plan incliné de la pince venant toucher
la table après rotation de 1 3 5 degrés.
Ayant fait, avec les machines précédentes, un premier pli, ou plutôt un coude ar¬
rondi d’un rayon déterminé, on peut en faire un deuxième, puis un troisième dans le
voisinage, et arriver â former une série de portions plus ou moins complètes de
cylindres et, en général, des moulures successives. Pour obtenir des angles de pliage
MACHINES-OUTILS.
239
déterminés, on adjoint fréquemment au tablier un secteur gradué, sur lequel on règle
par des butées l’amplitude de la rotation. On conçoit que, pour faire des moulures, les
machines dans lesquelles le dessus de la pince est le plus dégagé, c’est-à-dire celles
dans lesquelles les organes de serrage de la pince sont en dessous ou sur le côté, sont
celles qui conviennent le mieux. Les formes de la courbure dépendent de celle de la lame
fixée à la pince; on serait donc obligé, à la rigueur, d’avoir pour chaque forme une lame
spéciale; toutefois une meme lame peut servir pour un certain nombre de formes voi¬
sines, qu’on obtient en excentrant l’axe du tablier, la lame servant alors seulement à
donner la première direction à la courbe. L’arête de la lame se met plus ou moins en
saillie sur le corps de la pince : si l’on veut, par exemple, faire une sorte de boudin
par plusieurs pliages successifs, il est nécessaire que la lame soit assez saillante pour
permettre au boudin de se loger entre elle et le corps de la pince.
Les machines à plier peuvent se modifier et se simplifier beaucoup dans des cas
particuliers. Ainsi les petites machines exposées par JVI. Sage, pour préparer les
agrafes des corps de boîtes cylindriques, comprennent une pièce formée de deux par¬
ties articulées sur un même axe et représentant à la fois le tablier et la pince, entre
lesquelles on serre rapidement la tôle à l’aide d’une poignée à came hélicoïdale, et un
cylindre appuyé contre des ressorts à boudin, autour duquel la feuille s’enroule; on
rabat la pièce autour de son axe contre le cylindre, dont les ressorts cèdent légère¬
ment, en opposant toutefois une résistance suffisante pour que la tôle puisse se replier
sur l’angle de la pince. Un autre appareil de M. Sage, destiné à préparer les agrafes
de corps d’entonnoirs coniques, est simplement constitué par deux secteurs coniques,
dont l’un se rabat sur un plan diamétral de l’autre en tournant autour de l’axe com¬
mun ; le bord de la tôle est engagé dans une fente pratiquée près de l’arête formée
par le plan diamétral du secteur mobile avec le pourtour, de façon que, dans le rabatte¬
ment, le bord se ploie, la tôle restant enroulée sur le secteur.
MACHINES À ROULER ET À CINTRER.
Les machines à rouler pour tôles minces, de M. Kircheis, se composent de trois rou¬
leaux cylindriques, dont deux enserrent la tôle et l’entraînent, et le troisième, sur
lequel passe la tôle au sortir des précédents, sert à lui donner la courbure voulue.
Les deux premiers rouleaux sont commandés par des roues cl’engrenage égales : le
rouleau supérieur a une position fixe, mais peut basculer autour d’une de ses extré¬
mités pour permettre de dégager les objets cintrés; les tourillons du rouleau inférieur
sont montés dans des coquilles dont l’intérieur est excentré par rapport à l’extérieur,
de sorte qu’en faisant tourner les coquilles sur elles-mêmes, on fait varier l’écartement
des deux rouleaux. Le troisième rouleau est disposé sur deux cames ou dans deux pa¬
liers à vis de rappel, que l’on peut régler séparément de manière à lui donner une po¬
sition parallèle à celle des deux autres, ou une position oblique pour obtenir des objets
240
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
légèrement coniques. Un quatrième rouleau est quelquefois ajouté à la suite du troi¬
sième, dans le cas de tôles un peu fortes et de cintres très accentués, pour mieux assu¬
rer la continuité de la courbure.
Pour rouler de très petits diamètres, baguettes des bords de cheneaux, boudins de
gouttières, etc., M. Kircheis se sert d’une tringle munie d’une rainure longitudinale,
dans laquelle on engage le bord de la tôle. La tringle est placée dans un cylindre
creux, évidé pour permettre l’entrée de la tôle; on la tourne dans le cylindre à l’aide
de poignées dont elle est munie; la tôle entraînée s’enroule sur elle; l’ensemble de la
tringle et de la tôle se retire par un bout du cylindre. Au lieu de faire tourner la
tringle dans un cylindre, M. Durozoi la fait simplement tourner au-dessus d’une table;
la tringle est montée dans des coussinets engagés dans des paliers avec vis de rappel,
qui permettent de régler sa hauteur au-dessus de la table.
Pour rouler cylindriquement les fortes tôles, M. Dard se sert aussi de trois rouleaux
cylindriques; mais les deux inférieurs sont fixes comme position, à axes parallèles et
mus par des roues d’engrenage égales; le réglage de la pression et du degré de cintrage
porte sur le rouleau supérieur, qui est disposé à égale distance des précédents, chaque
tourillon étant dans un coussinet engagé dans la coulisse verticale d’un palier* à vis de
rappel. Afin de permettre le dégagement des pièces cintrées, les paliers du rouleau
supérieur peuvent se séparer du bâti en pivotant autour d’un axe parallèle à celui du
rouleau; chaque palier se fixe, après rabattement sur le bâti, au moyen d’une broche
mobile qui pénètre dans un œil symétrique de celui du pivot par rapport au rouleau.
Pour le cintrage a froid des fers plats, des bandages de roues, des fers à T, cor¬
nières, etc., on se sert ordinairement de machines analogues aux machines précé¬
dentes de M. Dard, sauf que les rouleaux sont beaucoup plus courts et que le
système des paliers qui les supportent est fixe; les rouleaux ont, au besoin, un profil
correspondant à celui des fers; pour le cintrage des fers de forte épaisseur, les rou¬
leaux inférieurs sont cannelés, afin de faciliter l’entraînement. Les coussinets suppor¬
tant le rouleau supérieur sont réglables tantôt séparément par vis de rappel (Dard),
pour permettre de donner, au besoin, une forme légèrement conique à la pièce roulée,
aux cercles en fer de tonneaux, par exemple, tantôt simultanément par une vis unique
placée à la partie inférieure du bâti et manœuvrant un coulisseau qui porte les deux
coussinets (Dard, Dandoy-Mailliard et Lucq, Sculfort-Afalliar et Meurice), ou par une
vis placée à la partie supérieure du bâti et actionnant par engrenages la vis de rappel
de chaque palier (Dard, Dandoy-Mailliard et Lucq). Dans une machine de MM. Dan¬
doy-Mailliard et Lucq, disposée pour le cintrage des cornières, celles-ci sont assemblées
par deux de manière à constituer un ensemble symétrique; elles sont réunies par des
étaux à main que l’on déplace pendant l’opération même, au moment où ils arrivent
près des rouleaux, pour les reporter en avant de ceux-ci (notons que toutes ces ma¬
chines sont mues a la main). Les cornières sont présentées aux rouleaux de façon que
la branche horizontale du T formé par leur réunion se trouve au-dessus et au contact
MACHINES-OLJTILS.
U\
du rouleau supérieur. Un deuxième rouleau supérieur est ajouté du côté de l’entrée de
la pièce : il est porté par un système de deux bielles articulées, Tune à l’axe du rou¬
leau compresseur, l’autre a l’écrou d’une vis par laquelle on lui donne la tension con¬
venable; ce rouleau supplémentaire sert a guider et a maintenir l’assemblage des cor¬
nières, au moment de leur introduction entre les autres rouleaux. Enfin les parties
supérieures des deux paliers du rouleau de compression sont réunies par un tirant
avec écrou de serrage, qui maintient leur écartement constant pendant l’opération.
Au lieu de donner le mouvement de rotation aux deux rouleaux inférieurs, M. Olla-
gnier le donne au rouleau supérieur seul, qui est cannelé pour l’entraînement du fer,
les autres étant lisses; de plus, il fait le réglage par le rapprochement ou l’écartement
des rouleaux inférieurs, dont les supports reposent chacun sur un chariot. Enfin M. 01-
lagnier peut enlever les supports des rouleaux, qui sont fixés au bâti ou aux chariots
par des goujons, pour transformer la machine a cintrer en machine à refouler et a
souder par la seule addition de mâchoires de serrage et l’agrafage de bielles pour la
conduite des chariots.
M. Cuizinier présente un modèle de machine à régulariser a chaud l’équerrage des
cornières destinées a la membrure des navires. La cornière, au sortir d’un four, est
engagée dans un appareil formé d’un poinçon qui s’applique dans l’angle et d’une
matrice dont une moitié porte sur Tune des faces extérieures de la corniche, et dont
l’autre, adaptée a un secteur denté manœuvré par une vis et un volant, se rabat sur
la seconde face, de manière a l’appliquer sur le poinçon. Le poinçon et la matrice
mobile glissent d'ans des coulisses formées pour l’un sur le bâti, pour l’autre sur le
secteur; ils sont reliés, le premier au secteur, la seconde au bâti, par des bielles qui
ont pour effet de les rapprocher pendant la rotation du secteur. La cornière est tirée
au travers de cet appareil a Taide d’une pince adaptée à la chaîne d’une sorte de
treuil.
M. Dard expose une machine à cintrer les cercles en bois pour tonneaux. Les trois
rouleaux reçoivent simultanément le mouvement de rotation, et le réglage du cintre
se fait par le déplacement des rouleaux inférieurs, le supérieur restant fixe; à cet effet,
Taxe de chaque rouleau inférieur est monté sur un système de deux bras articulés entre
eux et, en outre, l’un à Taxe du rouleau, l’autre à un arbre intermédiaire commun
pour les deux systèmes de rouleaux, qu’il commande par engrenages. L’axe commun
d’articulation des bras porte lecrou d’une vis de réglage, dont la tête est adaptée à une
lame de ressort; cette dernière tend toujours, grâce au système d’articulation des bras,
â ramener la roue du rouleau au contact de la roue de commande, quelle que soit la,
hauteur qui lui ait été donnée par la vis de réglage. Ce même ressort permet en outre
au rouleau de céder au passage d’un nœud et d’éviter la rupture du bois. Enfin un
galet, poussé par un ressort à boudin et placé sous le rouleau supérieur, appuie sur
le bois â l’inverse de ce rouleau, contre lequel il le maintient, tout en cédant au passage
des nœuds.
Groupe VI. — iv.
[l‘Rl MLIUE NATIONALE.
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
V\ 2
MACHINES A COUDER, A REFOULER ET A SOUDER.
Nous nous occuperons d’abord des machines à refouler et à souder, dont des mo¬
dèles à peu près identiques sont présentés par MM. Dard, Dandoy-Mailliard et Lucq,
Sculfort-Malliar et Meurice, Ollagnier. L’objet de ces machines est de rapprocher deux
morceaux de fer pour les souder, ou de
raccourcir la longueur d’une pièce par
refoulement du métal sur lui -même;
elles trouvent leur emploi dans la con¬
fection des bandages de roues et dans
le resserrement de ces bandages, qui
évite de les châtrer. Elles se composent
essentiellement de deux supports de mâ¬
choires , l’un fixe , l’autre mobile vers le
premier par un mouvement de coulis-
sage produit à l’aide d’un système de
bielle et d’excentrique, ce dernier étant
actionné à la main par l’intermédiaire
d’engrenages, (iliaque support possède
une mâchoire fixe , ordinairement plane
et verticale, et une mâchoire en forme
de came mobile autour de l’axe d’un
levier de serrage, l’une et l’autre gar¬
nies de fortes dents, de manière que
les pièces, une fois serrées, ne puissent
glisser. M. Ollagnier forme simplement
la came d’un cylindre excentré sur l’axe du levier. La pièce à refouler, chauffée au
blanc, étant fixée entre les deux paires de mâchoires, ou les deux parties à souder
étant fixées chacune dans une paire, on rapproche lentement le support mobile du sup¬
port fixe, jusqu’au moment où l’on juge l’opération terminée. La surface des supports
est, au besoin, courbée pour se rapprocher de la forme des pièces telles que les ban¬
dages de roues.
M. Ollagnier construit également des machines, dans lesquelles les deux supports
de mâchoires sont mobiles à la fois et ramenés l’un vers l’autre par des excentriques
montés sur le même arbre. La course à produire étant répartie sur les deux supports,
l’excentricité peut être réduite de moitié et l’effort total â développer paraît être moindre ,
sans doute en raison de l’action plus directe des bielles.
M. Dosme expose une machine qui est simplement â couder et deux machines qui
peuvent, â volonté, couder ou refouler. Le travail se fait ordinairement â chaud. Lapre-
Machine à refouler et à souder de M. Dard.
MACHINES-OUTILS.
243
mière machine représente un ensemble à peu près cylindrique, à axe vertical, formé
d’un secteur fixe et d’un secteur mobile; ce dernier, plus développé que le précédent,
peut recevoir un mouvement de rotation autour de Taxe au moyen d’une couronne
dentée qui lui est adaptée et d’un double cliquet à levier porté par la partie fixe du
bâti. Le dessus des secteurs forme une table horizontale, et sur chacun d’eux sont dis¬
posées une mâchoire fixe en forme de coin, dentée sur ses deux faces, et deux mâ¬
choires mobiles à came, analogues aux mâchoires mobiles des machines à refouler et
â souder : on a ainsi deux systèmes de mâchoires, dont on peut utiliser Tun ou l’autre
â volonté. On peut d’ailleurs aussi bien redresser que couder.
Les machines à couder et â refouler diffèrent principalement de la précédente en ce
244
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
que leur secteur correspondant au secteur fixe de celle-ci peut recevoir un déplacement
rectiligne, par coulissage suivant un rayon de l’ensemble cylindrique; ce déplacement
est utilisé pour refouler. On produit à volonté le coudage ou le refoulage, ou simulta¬
nément les deux effets par les moyens suivants : l’axe central porte , à sa partie inférieure,
une roue qui reçoit un mouvement de rotation d’une série d’engrenages manœuvrés
à la main dans une des machines, mécaniquement dans l’autre. La tranche de la roue
présente des trous disposés en cercle; des trous semblables existent sur une couronne
fixe extérieure et concentrique à la roue. Un premier levier, adapté au secteur mobile
circulairement, peut être relié à la roue ou à la couronne par une clavette engagée
dans un trou de l’une ou de l’autre; il communique, dans un cas, l’entraînement de la
roue au secteur et empêche celui-ci de tourner, dans l’autre cas. Un second levier
semblable, fou sur Taxe central, est relié par bielle au secteur mobile rectilignement
et peut ainsi entraîner ce dernier ou l’immobiliser, selon que sa clavette est placée dans
un trou de la roue ou dans un trou de la couronne fixe. Si l’on relie à la fois la roue
aux deux secteurs, en faisant tourner la roue dans le sens convenable on coude et on
refoule en même temps.
MACHINES À DRESSER.
M. Gérard dresse les tôles, en les faisant passer entre des séries de rouleaux dont
les axes sont disposés en quinconce sur deux plans parallèles, le plan supérieur
comprenant trois rouleaux, l’inférieur quatre. Le rapprochement des deux plans s’ob¬
tient par des vis de rappel agissant sur les supports des rouleaux supérieurs.
Pour dresser les fds, M. Kircheis les fait passer dans un trou de fdière, puis entre
quatre galets disposés en quinconce sur des supports réglables dans des coulisses a
boulons sur la semelle qui porte tout l’ensemble. Le fd est tiré, soit à l’aide d’une
pince à main, soit par deux galets montés sur un même palier à vis de rappel pour le
réglage et commandés par deux roues égales.
M. Bariquand dresse les barres rondes, en les faisant passer entre trois barres cylin¬
driques dont les axes, légèrement inclinés l’un sur Tautre, sont disposés suivant trois
génératrices d’un hyperboloïde de révolution à une nappe. Le cercle de gorge est voisin
de l’entrée du fd; à égale distance de part et d’autre du plan de ce cercle, les barres
traversent des coussinets de mandrin à serrage simultané, par lesquels on peut régler
l’entrée du fd, les barres sont supportées dans un palier a coussinets fixes, près duquel
elles reçoivent la commande mécanique du mouvement de rotation par des roues égales.
La distance de ce palier aux mandrins de réglage est assez grande, pour que les diffé¬
rences d’inclinaison des barres n’aient pas d’effet sensible sur les engrenages. Avant
d’entrer entre les barres, le fd passe dans un tube notablement oblique sur Taxe de
l’hyperboloïde; la torsion qu’il éprouve ainsi facilite son entraînement; celui-ci est
opéré par la composante, suivant l’axe de l’hyperboloïde, de la rotation des barres
MACHINES-OUTILS.
245
oblique sur cet axe. La présence de trois barres produit en outre sur le fil un léger
laminage, qui a pour effet de l’arrondir. L’égalité des trois actions fait que le fil est
parfaitement centré et dressé.
JVIACHIiNES À LAMINER.
M. Perrin présente une série très complète de cylindres unis ou avec gorges pro¬
filées, pour feuilles de cuivre, d’argent ou d’or, ou pour feuilles argentées ou dorées,
pour pièces de bijouterie, pour dents de peignes à tisser, etc. Ces cylindres, de petite
dimension, sont en acier trempé; ils ont besoin detre rectifiés avec le plus grand soin,
pour que la surface extérieure soit très égale, régulière, exactement concentrique aux
tourillons, et ils doivent recevoir un poli parfait pour qu’il ne subsiste sur leur pour¬
tour aucune piqûre, aucun grain capable de détériorer les minces feuilles de métal
précieux. M. Perrin parvient, avec ses cylindres, à réduire les feuilles à l’épaisseur de
3 à 4 centièmes de millimètre.
M. Simonds transforme, par un laminage rectiligne à cbaud, une barre de fer ou
d’acier rond en pièces de toute espèce de formes, représentant des surfaces de révo¬
lution et même offrant des portions irrégulières, telles que balles sphériques ou al¬
longées, obus, rivets, vis avec leur filetage, boulons avec les pans de la tête et des
ergots sur la tige, etc. La partie essentielle de la machine consiste en deux matrices,
de forme allongée et de section générale rectangulaire, munies chacune, sur la face
opposée a celle qui porte les empreintes, d’une crémaillère par laquelle elle reçoit d’un
pignon un mouvement rectiligne alternatif suivant sa longueur; les deux matrices se
meuvent parallèlement en face l’une de l’autre et en sens contraires; l’arbre de com¬
mande est muni d’un débrayage avec changement de marche, qui ramène les matrices
a leur position initiale et les arrête après chaque opération. L’ouvrier engage la barre
entre les matrices, en l’appuyant contre une butée, et embraye. La barre, recevant
des actions égaleset opposées des deux matrices , tourne sur elle-même , sans se déplacer,
dans la direction de l’une ou l’autre matrice. L’opération, en elle-même, ne présente
aucune difficulté, non plus que le réglage des matrices, qui se placent dans des posi¬
tions repérées exactement; le point délicat du travail réside dans la confection des em¬
preintes des matrices, dont la forme détermine leur mode d’action; celui-ci est à peu
près le suivant.
Le travail se fait surtout par étirage de la matière; il commence par une section
d’un diamètre peu différent de celui de la barre et s’étend progressivement aux sec¬
tions voisines, la matière en excès de chaque section passant en allongement de la
barre; de chaque côté de la section attaquée, la matrice est en contre-bas, de manière
a pouvoir fournir de la matière aux parties voisines, et elle est munie de stries nor¬
males à la longueur, qui ont pour effet de forcer la barre à tourner sur elle-même;
quand une section est terminée, elle reste intacte dans la suite de l’opération et roule
246
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
simplement sur les matrices, dont le profil reste constant à sa hauteur; les diverses sec-
dons de la pièce se forment ainsi de proche en proche, la bande des stries allant en
s’évasant d’un ou de deux côtés , selon que la pièce a été commencée par une extrémité
ou par le milieu. L’opération terminée, la pièce tombe ou ne reste attachée à la barre
que par un mince fil, qui a dû subsister pour l’entraînement; le déchet consiste unique¬
ment en un petit cône adhérent à la pièce du côté opposé à la barre et correspondant
a la matière qui servait a l’entraînement de ce côté en prenant appui dans les stries.
On peut faire deux pièces à la fois : les matrices portent alors, près de leur extrémité,
une petite lame saillante, qui sépare les pièces a la fin de l’opération. Les filets de vis
se font aussi à la fin de l’opération, alors que le corps de la tige a reçu une forme
cylindrique lisse; les matrices présentent des stries, obliques par rapport a la longueur
d’une quantité correspondante à l’inclinaison des filets; il y a, dans cette partie du tra¬
vail, refoulement de la matière du fond des filets pour former les pleins. Les sections
non circulaires se font, comme les autres, à un moment quelconque de l’opération, les
matrices portant des saillies et des creux successifs, dans lesquels se forme la section
irrégulière; celle-ci terminée, les parties correspondantes des matrices redeviennent
planes, à l’écartement du diamètre de la plus forte saillie.
MACHINES DIVERSES.
Machines à faire les ressorts à boudin de sommiers. — On sait que ces ressorts sont
formés d’un fil de laiton ou d’acier enroulé , avec diamètre variable des spires , de ma¬
nière à représenter approximativement un hyperboloïde à une nappe.
Les Ateliers de construction de Saint-Georges (Suisse) et M. Spühl exposent, les
premiers une machine à enrouler les ressorts, le deuxième un appareil à les presser
et une machine à nouer les bouts; cet ensemble constitue une fabrication complète des
ressorts,
La machine à enrouler les ressorts est automatique; sa disposition est analogue à
celle des machines à rouler; le fil passe entre deux galets d’entraînement, puis sous un
troisième galet qui s’écarte plus ou moins sous l’action d’une came conduisant le
deuxième bras d’un levier auquel il est adapté; le ressort terminé, une cisaille mise en
action à ce moment coupe le fil.
L’opération de la pression des ressorts est une sorte d’épreuve , qui garantit le main¬
tien de leur forme et de leur hauteur; elle consiste dans l’aplatissement jusqu’au contact
des spires; elle se fait vivement et une seule fois. L’appareil comprend deux cônes,
dont l’un est fixe et dont l’autre, mobile le long d’une colonne cylindrique, se super¬
pose au ressort et reçoit la pression.
La machine à nouer les bouts comprend essentiellement une matrice, de forme
spéciale, composée d’une partie fixe sur laquelle la dernière spire est serrée, et d’une
partie mobile à charnière; celle-ci, en se rapprochant progressivement de la précédente,
MACHINES-OUTILS.
2/i7
force le bout redressé a s’enrouler autour du fil delà spire, et l’applique finalement
sur lui par deux tours enveloppants.
Machine à faire automatiquement la ronce artif cielk'. — Nous ne décrirons que très
succinctement cette machine spéciale, imaginée par M. Léon Hen et exposée par
M. Demoor. La ronce artificielle est formée d’un câble de trois fils de fer tordus en¬
semble et enclavant, de distance en distance, de petites pièces en tôle à trois pointes
aiguës. Les fils, venant de trois rouleaux séparés, entrent dans une lunette, au delà de
laquelle ils s’enlacent entre eux par l’effet de la rotation donnée au châssis portant
le treuil sur lequel s’enroule le câble. La bande de tôle est amenée horizontalement,
par deux galets d’entraînement, au milieu de l’ouverture de la lunette, où un poinçon
vertical de cisaille la découpe suivant une entaille en V ; les
branches restant de l’entaille précédente complètent le trident;
pendant que les deux parties de la cisaille, assemblées à res
sort, maintiennent la pièce par la dent médiane, deux leviers ploient les deux autres
dents en sens contraires; un poinçon horizontal, dont l’extrémité est fendue en forme
de griffe, vient alors saisir la pièce et l’engager entre les fils; un percuteur, renfermé
dans le poinçon, est chassé vivement par la combinaison d’un système de ressort à
boudin et d’une gâchette déclanchée au moment convenable, et achève de pousser la
pièce dans la partie la plus resserrée du toron, qui se referme sur elle pendant que le
poinçon revient en arrière. Tous ces mouvements sont produits automatiquement au
moyen d’excentriques et de bielles.
248 EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
CHAPITRE XIII.
MATÉRIEL D’AJUSTAGE, DE TRAÇAGE, DE MESURE, DE VÉRIFICATION,
D’ESSAI DES MATIÈRES.
Matériel d’ajustage et de traçage; étaux d’ajusteurs; instruments de traçage. — Moyens de mesure
et de vérification à l’usage des ateliers de construction. — Machines à essayer les métaux.
MATÉRIEL D’AJUSTAGE ET DE TRAÇAGE.
-Ht -
Etaux d’ajusteurs. — MM. Dandoy-Mailliard et Lucq et MM. Wright et fils exposent
des étaux à deux branches articulées à leur partie inférieure, avec mord mobile à
rotule et une forte vis renfermée dans la boîte du mord fixe; ils n’ont, en somme,
d’autre particularité qu’une construction soignée et robuste.
Un étau parallèle de M. Kircheis comprend un mord fixe à semelle et un mord mo¬
bile avec forte vis de serrage et large glissière inférieure coulissant sur la semelle fixe.
Nous trouvons chez M. Kircheis et chez MM. Jovvn et Lyon des modèles à peu près
identiques d’étaux parallèles à approche rapide. Le mord mobile pénètre par un fort
coulisseau de section rectangulaire dans la base du mord fixe; il présente sur un de
ses côtés une sorte de denture très fine. Le mord fixe porte un axe, sur lequel est
monté un levier à excentrique, et un coussinet muni de dents, interposé entre l’excen¬
trique et le côté denté du mord mobile, avec une certaine liberté de déplacement dans
le sens longitudinal; le levier possède en outre une griffe qui, dans le mouvement de
desserrage de l’excentrique, agit sur une saillie du coussinet et le dégage de la den¬
ture du mord mobile. L’excentrique étant desserré, le mord mobile est complètement
libre, et on peut le pousser à la main jusqu’au contact de la pièce placée contre le
mord fixe; agissant alors sur l’excentrique, on fait engrener le coussinet avec le mord
mobile, et, en continuant de tourner, on produit, par frottement, l’entraînement du
coussinet et du mord mobile de manière à serrer assez énergiquement la pièce.
M. Parkinson conserve la vis dans ses étaux parallèles; mais il la fait engrener avec
un demi-écrou qui peut se débrayer par un mouvement d’excentrique. On obtient donc
encore l’approche rapide en poussant le mord mobile à la main; engrenant alors
l’écrou, on achève le serrage. Le mord mobile est guidé dans le mord fixe par un
coulisseau adapté à sa base.
Un certain nombre d’étaux parallèles, des modèles précédents, sont montés à pivot
sur semelle fixe, ce qui en fait, d’une façon très simple, des étaux tournants.
Dans quelques étaux, l’un des mords est échancré en forme de coulisse circulaire à
MACHINES-OUTILS.
249
section en "1; une mordache, engagée dans la coulisse, peut s’orienter en tournant
autour de son axe et permet de serrer des pièces à faces non parallèles.
Instruments de traçage. — Un marbre en fonte de 1 mètre sur o m. 760, présenté
par M. Steinlen, est formé d’un seul bloc; le fût est creux pour alléger le poids total,
mais ses dimensions transversales minima, dans le haut, sont supérieures à la moitié de
celles de la table; celle-ci possède un rebord vertical très élevé, réuni au fût par quatre
nervures. Toutes les précautions se trouvent ainsi prises, pour empêcher le marbre de
se voiler par l’effet d’un faux appui de la base ou pour toute autre cause.
M. Steinlen expose une collection très complète de règles, mètres, doubles mètres,
équerres, à section rectangulaire, ou en T ou double T, avec dimensions transversales
parfaitement proportionnées à la longueur pour éviter les flexions, sinon d’une façon
absolue, au moins sur de courtes distances; nous trouvons encore chez lui des mètres
et de longs pieds à coulisse à section octogonale, des compas, des trusquins avec vis
de rappel de la pointe. Tous ces instruments sont établis avec le plus grand soin et
offrent les garanties les plus complètes pour l’exactitude des tracés.
Des trusquins de M. Demoor, également à vis de rappel de la pointe, sont d’une
commodité et d’une sûreté d’emploi très grandes.
Une vitrine de MM. Brown et Sharpe renferme des instruments qui conviennent
parfaitement au dessin sur tôle et à la mesure des éléments de surfaces; on y voit no¬
tamment des rapporteurs circulaires et des appareils à mesurer les angles sur le tour.
M. Kreutzberger présente un appareil servant à la détermination des divers élé¬
ments, côtés et angles d’un triangle rectangle. Sur un bord d’une plaque carrée, est
tracée une base de 0 m. 100 de longueur; à l’une des extrémités de cette base,
et normalement à sa direction, est une rainure dans laquelle peut glisser un curseur;
celui-ci est articulé avec une règle, qui coulisse d’autre part dans un pivot adapté à
l’autre extrémité de la base; la rainure et la règle sont divisées, le curseur et le pivot
portent des verniers; une graduation circulaire, concentrique au pivot, indique les angles
faits par la règle mobile avec la base. De la connaissance de deux éléments d’un
triangle rectangle, deux côtés ou un côté et un angle aigu, on déduit par simple lec¬
ture la grandeur des autres éléments, la valeur des côtés étant toutefois toujours
divisée par le rapport d’un d’entre eux, pris pour base, à la longueur de 0 m. 100.
Cet appareil peut être utile dans un grand nombre de cas et servir, en particulier, aux
tourneurs pour la détermination des éléments d’un filetage.
MOYENS DE MESURE ET DE VÉRIFICATION À L’USAGE DES ATELIERS
DE CONSTRUCTION.
Nous trouvons dans les expositions de M. Bariquand et de MM. Brown et Sharpe
des collections d’instruments de mesure et de vérification, qui nous paraissent établir
250
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
nettement les principes que Ton doit observer dans la construction, relativement à la
manière d’obtenir1 les dimensions des pièces. L’un et l’autre présentent des séries de
pieds à coulisse et de palmers exécutés avec le plus grand soin; MM. Brown et Sharpe
montrent toute une collection de calibres à dimension fixe, chacun étant relatif à une
mesure unique donnée d’un côté par un poinçon, de l’autre par Une entaille; M. Ba-
riquand expose un micromètre-étalon , ou banc à étalonner, avec comparateur au - 0X- 0-
de millimètre, permettant d’établir et de corriger toutes les mesures à bouts ou à
traits depuis o mètre jusqu’à 2 mètres.
Tels sont les instruments employés dans les ateliers de ces constructeurs et mis
couramment, à l’exception du micromètre-étalon, entre les mains des ouvriers aussi
bien que des contremaîtres et des ingénieurs, avec cette particularité toutefois que
certains d’entre eux, comme les calibres à dimension fixe et les palmers, ne leur sont
confiés qu’au moment où ils en ont besoin. Les ouvriers doivent se conformer exacte¬
ment aux cotes des dessins; plusieurs ouvriers, ayant à exécuter diverses pièces desti¬
nées à s’ajuster ensemble, peuvent travailler indépendamment les uns des autres, ils
sont assurés que l’ajustage se fera de lui-même. De plus, autant que possible, les
dimensions données aux pièces doivent être comprises parmi celles des instruments à
dimension fixe, qu’il suffit d’échelonner par gradation convenable, par exemple de
dixième en dixième de millimètre pour les petites dimensions, de millimètre en mil¬
limètre pour les moyennes, de 5 en 5 ou de 10 en 10 millimètres et plus pour les
grandes; ce sont alors ces instruments qui font foi et assurent les dimensions défini¬
tives, les pieds à coulisse et les palmers ne servant que pour juger du degré d’ap¬
proximation obtenue aux différents instants du travail.
Les instruments précédents, ou des instruments dérivés d’eux, sont les seuls à em¬
ployer dans un atelier; ils doivent être tous construits d’après une même mesure type,
cpii est, en France, le mètre étalon, et accompagnés d’un jeu d’autres instruments
simples, qu’on peut appeler rapporteurs ou jauges, à l’aide desquels on puisse les
vérifier rapidement et les régler au besoin ; s’ils ne sont pas confectionnés dans l’atelier
même du constructeur, celui-ci ne doit les admettre chez lui qu’après les avoir vérifiés
par comparaison avec la mesure type adoptée par lui. En un mot, il ne doit y avoir
dans un atelier qu’un seul mètre ; il faut éliminer avec le soin le plus scrupuleux tout
instrument de provenance étrangère et non contrôlé , comme il faut mettre impitoyable¬
ment au rebut tout instrument qui a cessé d’être juste dans des limites notablement
inférieures à celles des tolérances admises pour les travaux de l’atelier.
Sans insister davantage sur la construction des instruments vérificateurs, nous ajou¬
terons seulement que M. Bariquand ne donne aux vis de ses palmers qu’une course
utile de 20 millimètres et en construit alors une série complète, d’après cette gradation ,
depuis o jusqu’aux plus grandes dimensions des frettes pour canons de l’artillerie de
marine. Chaque palmer est accompagné de deux jauges établies d’après le micromètre-
étalon, avec lesquelles on peut, à tout instant, vérifier et régler les dimensions extrêmes
MACHINES-OUTILS.
251
de la graduation de l’instrument; la vis est au pas de o m. 001 et manœuvrée à
l’aide d’une friction très douce; le barillet est divisé en 100 parties. Dans ces condi¬
tions, étant assuré de l’exactitude des points extrêmes de la graduation, on peut comp¬
ter que l’erreur donnée par la vis, pour les divisions intermédiaires, est très faible et,
dans tous les cas, dun ordre inférieur à la valeur des divisions.
La principale cause d’erreur dont il faut se garer dans l’emploi des instruments de
précision, et notamment des palmers, consiste non seulement dans la différence des tem¬
pératures de la pièce à mesurer et de l’instrument, mais encore dans les différences
des valeurs de la température elle-même aux différentes heures du jour, à cause de
de l’inégale dilatabilité des matières. On doit chercher à maintenir constante la tempé¬
rature de vérification, au moins pour les mesures délicates; en outre, il convient que
les diverses parties d’un même instrument soient faites de la même matière. On doit
aussi éviter de tenir trop longtemps un instrument en main, pour ne pas l’échauffer,
même dans les cas de vérification les plus ordinaires.
L’appareil servant à M. Bariquand pour l’établissement, le contrôle et le réglage de
ses instruments de vérification est, comme nous l’avons déjà dit, son micromètre-éta¬
lon; pour que les premiers pussent donner le centième de millimètre, il a dû établir
le deuxième de façon qu’il permît d’apprécier le millième. La règle de 2 mètres du
micromètre-étalon est établie elle-même d’après un mètre à traits contrôlé par le ser¬
vice des poids et mesures au Conservatoire des arts et métiers; un procès-verbal cer-
252
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
tifie que ce mètre étalon est, à la température de o degré centigrade, parfaitement
exact et égal, à moins de i millième de millimètre, au prototype du mètre international.
Le micromètre-étalon permet d’étalonner pratiquement les mesures à traits ou à
bouts, de dresser les courbes de correction en millièmes de millimètre de toutes es¬
pèces de longueurs, d’établir et de vérifier les broches, rapporteurs ou jauges, qui sont
le point de départ de tous les instruments de mesure, pour les dimensions intérieures et
extérieures des pièces de fabrication. Il comprend un banc de 2 m. 5 0 de longueur monté
sur socle en fonte sur ce banc, la règle étalon est encastrée sur toute sa longueur; et fixée
seulement par une de ses extrémités, pour qu’elle puisse se dilater librement. La règle
est divisée en centimètres; une table de correction, donnant l’erreur relative à chaque
division, a été construite à l’aide des organes de l’appareil lui-même. Le long du banc,
du côté de l’opérateur par rapport à la règle, est disposée une glissière recevant un
chariot qui se manœuvre au moyen d’une crémaillère fixée sous le bord du banc. Sur
le chariot peuvent se placer un microscope de repère et un microscope de mesure,
montés chacun sur un support à trois mouvements de réglage, dont deux dans le plan
du banc suivant sa longueur
(3s
-b _ f
. — -
■S
— ^
icptro
' - h -
! i !
H
CT
.
et suivant sa largeur, et un
dans le sens vertical. Chaque
microscope est muni de réti¬
cules croisés en fils d’arai¬
gnée; le microscope de me¬
sure porte en outre un petit
chariot à vis micrométrique
au pas de 1 millimètre et ba¬
rillet divisé en 100 parties
avec vernier au dixième, don¬
nant ainsi le millième de mil¬
limètre avec une course de
10 millimètres.
Sur le chariot du banc peut
également se mettre, à la
place du microscope de re¬
père, un appareil à touche,
ou comparateur, avec aiguille
amplifiant dans le rapport de
1 à 1,000.
Enfin , sur le bord du banc opposé à l’opérateur, est disposé un palmer à friction au
1/1000 de millimètre, constitué par une contre-pointe fixée près de l’extrémité du banc
et par un corps de palmer monté sur un chariot manœuvrable à l’aide d’une vis sur
une glissière longitudinale.
Comparateur à aiguille.
MACHINES-OUTILS.
253
La mesure des longueurs à traits se fait au moyen des deux microscopes seuls. On
place la longueur à mesurer sur le banc, parallèlement a la règle étalon. On amène la
croisée des fils du microscope de mesure sur le zéro de la règle, après avoir mis le
petit chariot supérieur au zéro, et celle du microscope de repère sur le premier trait
de lajongueur; par la manœuvre du chariot, on transporte simultanément les deux
microscopes, de manière à amener le zéro du microscope de repère sur le deuxième
trait de la longueur; on ramène alors le microscope de mesure en arrière, a l’aide de
son petit chariot, jusqu’à ce que la croisée des fils rencontre la division voisine de la
règle étalon. La mesure cherchée est égale au nombre donné par la division de la
règle augmenté de la quantité dont a reculé le petit chariot, et qui est inscrite sur les
graduations de sa vis et de son barillet.
La mesure des longueurs à bouts se fait au moyen du microscope de mesure, du
comparateur mis sur le chariot à la place du microscope de repère, et du palmer. On
commence par mettre le palmer à zéro et au contact de la contre-pointe; on amène la
croisée des fds du microscope sur le zéro de la règle, et la touche du comparateur au
contact du corps du palmer, avec l’aiguille à zéro. On déplace ensuite, au moyen du
chariot, l’ensemble du microscope et du comparateur, de manière à mettre la croisée
des fils du microscope sur la division de la règle immédiatement supérieure à la lon¬
gueur à mesurer; on déplace le corps du palmer pour le remettre au contact de la
touche du comparateur et ramener l’aiguille de ce dernier au zéro; plaçant alors la
longueur à mesurer entre les pointes du palmer, on manœuvre la vis micrométrique
de celui-ci pour obtenir le contact. La mesure cherchée est la différence des lectures
de la règle étalon et du palmer.
Nous pouvons maintenant nous rendre compte de la façon dont le tableau de cor-
pas autre chose qu’une série de mesures de longueurs à traits. Mettant d’abord les
deux microscopes l’un au zéro, l’autre au trait 5o de la règle, on les transporte en¬
semble de manière que le premier arrive au trait 5o, et, si le deuxième n’arrive pas
exactement à 100, on mesure l’écart, qui est le double de l’erreur sur Je trait 5o;
dans la lecture, on tient compte de Terreur sur la position du trait 100 de la règle,
connue par comparaison avec le mètre étalon. On vérifie de même le trait 25; on véri¬
fierait le trait 5, en mettant les microscopes aux traits o et 5, puis les transportant
successivement entre 5 et îo, îo et i5, i5 et 20, 20 et 25, et mesurant chaque
fois l’écart par rapport à la longueur de 0 à 5; on trouvera ainsi, en appelant
a, /3, y, Aies écarts successifs pris avec le signe convenable,
5/+a + |3 + y + § = 25
d’où Ton tirera la valeur exacte de la longueur /. On opérerait de façon analogue pour
la longueur du centimètre, puis pour les autres traits, au moyen d’additions et de
soustractions de longueurs connues. Ces opérations ne laissent pas toutefois que d’exi-
254
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
ger de grandes précautions; elles demandent, en particulier, un ajustage parfait des
parties mobiles; il convient aussi que l’appareil soit placé dans un local à température
constante.
MACHINES À ESSAYER LES MÉTAUX.
Nous avons eu à examiner plusieurs machines destinées soit à l’essai des métaux,
soit à i’épreuve de pièces confectionnées. Nous n’aborderons que sommairement l’étude
de ces machines, qui se rapportent plutôt à la classe de la mécanique générale qu’a
celle des machines-outils.
Machine de la Société alsacienne pour V essai des métaux à la traction , à la compression et à
la jlexion. — Le principe de la machine consiste, pour la mesure de l’effort de trac¬
tion, dans l’emploi d’un levier ou fléau de balance à axe fixe, la puissance s’exerçant
très près de l’axe, et d’un poids se déplaçant du meme côté pour l’équilibrer. L’essai se
fait sur des éprouvettes disposées verticalement entre des mords de serrage attachés au
moyen de broches mobiles, l’inférieur à un étrier-support du couteau du fléau de
balance, et le supérieur à une vis sur laquelle s’exerce l’effort de traction, produit à la
main ou mécaniquement par l’intermédiaire d’engrenages. La distance du couteau du
fléau qui reçoit l’effort à l’axe fixe n’étant que de o m. 0075, cet axe, au lieu d’être sur
le fléau même, est reporté sur une pièce inférieure reliée au fléau par quatre couteaux
équidistants deux a deux de la verticale du couteau principal; l’axe lui-même est repré¬
senté par l’arête d’un couteau. Le poids curseur est de 200 kilogrammes; il est adapté
à l’écrou d’une vis qui accompagne le fléau; on le déplace au moyen d’un volant a
main et de deux roues d’angle agissant sur la vis. Le fléau est gradué jusqu’à 4o tonnes,
le zéro de la graduation est à 0 m. 60 de l’axe fixe; le poids curseur étant au zéro,
l’ensemble des parties mobiles du fléau est équilibré par un contrepoids.
L’opération de mesure de la charge consiste à déplacer le poids curseur de façon à
maintenir le fléau horizontal, ce qu’on voit à ce que l’index de son extrémité se trouve
à hauteur d’un index fixe. La lecture de la graduation du fléau exigerait un déplace¬
ment de l’opérateur, qui est au volant de manœuvre; on l’a alors reportée sur le volant
même, qui fait un tour pour une avance du curseur correspondant à 5 00 kilogrammes,
et sur un plateau qui enregistre le nombre des tours du volant. Un tambour vertical,
actionné également par le volant, reçoit d’un crayon, conduit par l’étrier supérieur
d’attache du barreau, l’inscription de la somme des allongements permanent et élas¬
tique en fonction de l’effort de traction. La limite élastique est indiquée par une chute
brusque du fléau. Des appareils accessoires sont joints à la machine pour les essais de
compression et de flexion. Une balance de contrôle fait aussi partie des accessoires et
sert à vérifier l’état des couteaux, duquel résulte le rapport des bras de levier du fléau;
elle consiste en un levier à bras inégaux, que l’on suspend à un point fixe du bâti; on
attache le petit bras à l’étrier du couteau principal du fléau, et l’on met dans le pla-
MACHINES-OUTILS.
255
teau porté par le grand bras un poids correspondant à un effort de 10,000 kilo¬
grammes exercé sur le couteau du fléau; l’équilibre par le poids curseur doit se faire
a la division 1 0,000 de la graduation.
256
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Machine de M. Mabille pour Fessai des métaux à la traction, à la compression et à la flexion,
et pour F épreuve des pièces confectionnées . — Cette machine est disposée à la façon d’une
romaine, l’effort et le poids équilibreur agissant de part et d’autre du point d’appui,
le dernier par l’intermédiaire de deux leviers amplificateurs qui permettent de le
réduire a la valeur de 1 kilogramme. Le barreau d’essai ou la pièce à éprouver se dis¬
pose horizontalement entre deux mords attachés au moyen de broches mobiles, l’un à
une bielle qui agit par un couteau sur le petit bras du lléau, l’autre à la tige ou à une
rallonge de la tige d’un piston de presse hydraulique, sur lequel on envoie l’eau de
pompes actionnées à la main ou mécaniquement. La distance extrême à laquelle les
mords d’attache peuvent se placer, entre le massif du fléau et celui de la presse, étant
de plus de 3 mètres, on voit que la machine permet non seulement de faire des essais
de traction, de compression et de flexion sur des barreaux, mais encore d’éprouver
des ressorts, des chaînes et toute pièce ayant moins de 3 mètres de longueur.
Le fléau proprement dit est court; son petit bras est vertical et a o m. oi de
longueur; son grand bras est horizontal et a o m. 35; Taxe intermédiaire de
suspension est formé par un couteau horizontal; le fléau s’attache par un étrier et par
couteaux a un premier levier horizontal qui fournit un rapport d’amplification de
A m. î o à o m. î 2 , et ce levier se relie de semblable façon au petit bras, de 0 m. 01,
d’un deuxième levier, dont le grand bras est gradué jusqu’à 5o tonnes et porte
un curseur de 1 kilogramme. L’opération de la lecture se fait sur le deuxième levier,
par le déplacement du curseur pour main¬
tenir l’index de l’extrémité du levier à hau¬
teur d’un index fixe. Un manomètre métal¬
lique, en communication avec le corps de
presse, contrôle les données du curseur.
L’ensemble du fléau et du premier le¬
vier est équilibré par un contrepoids; le
deuxième levier est, de même, équilibré par
un contrepoids placé sur son prolongement.
Les mords d’attache des pièces sont munis
chacun de galets, par lesquels ils reposent
sur deux barres horizontales; leur poids n’a,
par suite , aucun effet sur le fléau.
Machine à essayer les fontes, de M. Kircheis.
Machine de M. Kircheis pour Fessai des fontes .
— L’objet que se propose M. Kircheis est de
s’assurer, d’une façon approchée , de la qua¬
lité des fontes pour pièces de machines; il ne recherche pas une exactitude absolue,
mais seulement une garantie suffisante de sécurité. Il prend des jets de fonte d’environ
0 m. 0217 de diamètre et de 0 m. 200 de longueur; à défaut de jets, il tourne des
MACHINES-OUTILS.
257
barreaux aux mêmes dimensions; il soumet ces éprouvettes à un essai de rupture par
flexion, en appuyant les extrémités sur des points fixes et exerçant une pression sur
le milieu. La machine se compose essentiellement d’une poupée et d’une contre-poupée
fournissant les points d’appui des extrémités de l’éprouvette, d’un levier gradué dont
une extrémité porte sur l’éprouvette et dont l’autre pivote autour d’un axe horizontal
fixe, d’un poids mobile sur le levier au moyen d’une chaîne Galle actionnée à l’aide
d’un volant et d’engrenages, enfin d’une aiguille indicatrice de flexion reliée à une
tige qu’on règle, dès l’abord, au contact du dessous de l’éprouvette. M. Kircheis fait
le produit du poids de rupture, exprimé en kilogrammes, par la flèche de rupture,
exprimée en millimètres; le nombre obtenu lui sert de terme de comparaison pour les
diverses qualités de fonte.
Appareil de l’Hydraulic Enppnneering C° pour V épreuve des tuyaux. — L’appareil se
compose d’un corps de presse, dont le piston forme lui-même corps de presse pour un
deuxième piston qui est fixé par des colonnes d’assemblage au corps de presse exté¬
rieur; les pressions sous les deux pistons sont en raison inverse de leurs sections; par
suite, en faisant communiquer le corps de presse intérieur avec le tuyau à éprouver, en
même temps qu’avec un manomètre, et le corps de presse extérieur avec une pompe,
on peut produire dans le tuyau une pression considérable sans sortir, pour la pompe,
des limites de pression ordinaires.
GltOI PE VI. — IV.
^UI'RIUERIE N AT ION ALÊ t
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
258
CHAPITRE XIV.
MACHINES SERVANT A L’EXPLOITATION DE LA PIERRE
ET DES MATÉRIAUX PIERREUX.
Machines à perforer. — Machines à débiter les blocs : scies diamantées; scies au sable; fil héliçoïdal. —
Machines à travailler les plaques de marbre. — Machines à polir et à user la pierre ou le verre : machines
à polir le marbre; machines à polir les verres d’optique; machine à graver le verre au jet de sable. —
Machines à broyer et à malaxer : meules d’Epernon; broyeur à meules en fonte; broyeur Vapart; broyeur à
boulets; malaxeur à cages sphériques; machine à étirer pour briques, tuiles, tuyaux, etc.
Les machines soumises à l’examen du jury de la classe 53 peuvent se ranger
comme il suit :
Machines à perforer,
Machines à débiter les blocs,
Machines à travailler les plaques de marbre ,
Machines à polir et à user la pierre ou le verre,
Machines à broyer et à malaxer.
MACHINES À PERFORER.
Pour l’exploitation des carrières, il faut souvent, soit détacher les blocs à coups de
mine, soit préparer des ouvertures dans lesquelles on puisse introduire les machines
d’extraction. Les travaux préliminaires sont l’objet des perforatrices.
La perforatrice de MM. Dunand frères s’emploie pour pratiquer des trous de mine.
L’oulil est un foret en hélice, en acier trempé, rapporté à l’extrémité d’un long arbre
percé suivant son axe pour l’injection d’eau; la pointe du foret est supprimée, par la
présence du trou central qui prolonge celui de l’arbre et par lequel l’eau arrive sur les
arêtes coupantes, les refroidissant en même temps qu’elle nettoie le trou et rejette les
débris au dehors. L’arbre est commandé à la main ou mécaniquement par engrenages;
l’avance est donnée automatiquement par un rochet, qui forme écrou sur une partie
filetée de l’arbre du foret et dont le cliquet est actionné par une came montée sur
l’arbre de manœuvre; un excentrique, adapté également à cet arbre, met en mouve¬
ment le piston de la pompe d’injection. Tout le mécanisme est disposé sur un bâti
relativement léger; le point le plus intéressant peut-être du procédé consiste dans le
mode de fixation du bâti au sol de la carrière, suivant la position et la direction à
donner à l’arbre du foret; les constructeurs emploient une sorte de trépied â trois
MACHINES-OUTILS.
259
branches articulées au même point; l’une des branches est un fer en U, le long duquel
se fixe le bâti, l’arbre du foret lui étant parallèle; ce fer s’attache directement à la
roche, pendant que les deux autres branches, munies, au besoin, de rallonges, sont
piquées sur le sol horizontal. L’attache du fer en U â la roche se fait au moyen d’une
pièce appelée louve, engagée dans un logement de o m. o5 de profondeur sur o m. 25 à
o m. 28 de diamètre creusé préalablement à 0 m. 08 au-dessous du trou de mine â
forer; cette pièce est une griffe à deux branches, qui s’accrochent aux parois du loge¬
ment , grâce à un coin forcé entre elles.
Le trou de mine étant percé à la longueur que peut donner la vis d’avance, on
reporte le bâti en avant sur le fer en U, pour continuer le travail. On peut avec cette
machine, menée à bras, percer des trous de plus de 6 mètres de profondeur, avec une
vitesse d’avance de 1 m. 60 à l’heure dans du calcaire pour des trous de 0 m. o35
de diamètre, et de 0 m. 5o pour des trous de 0 m. 100; le rendement devient trois
ou quatre fois plus grand si l’on commande la machine mécaniquement.
La Société du fil hélicoïdal creuse, au moyen d’une perforatrice, des puits de 0 m. 5o
à 0 m. 70 de diamètre au travers des bancs de marbre; en réunissant trois puits, par
l’abatage des portions de cloison restantes, elle forme une tranchée, dans laquelle elle
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
260
loge ses appareils à scier le banc même, pour le débiter. L’outil cle la perforatrice est
un bout de tube en acier rivé à l’extrémité d’un tube en tôle plus mince de 3 m. 5o de
longueur, qui reçoit d’un arbre vertical un mouvement de rotation, tout en étant libre
de descendre le long de l’arbre par son propre poids; l’arbre, supporté par un écha¬
faudage formé de trois montants, est mis en mouvement par un câble télodynamique.
Sous le tube inférieur est amené un jet d’eau mêlée de sable; par suite de la pression
du système tournant, le sable rode la pierre et creuse une rainure circulaire qui s’ap¬
profondit progressivement; la matière de la roche, réduite en bouillie, s’élimine d’elle-
même avec l’eau; des trous, percés au Iravers de la paroi de l’outil, lui permettent de
passer de l’intérieur a l’extérieur; si, d’ailleurs, Toutil s’enraye par suite de l’accumula¬
tion des débris, on peut le remonter au moyen d’un cabestan pour nettoyer le fond
du trou. Le tube en acier se remplace quand il est usé. La vitesse de descente est de
o m. 20 à o m. 2 5 à l’heure dans le marbre et les calcaires ordinaires. La perforatrice
laisse à son intérieur un noyau, ou colonne, qui a une grande valeur, quand il s’agit de
marbre; il résulte de là que l’opération du forage n’occasionne qu’un faible déchet.
MACHINES À DÉBITER LES BLOCS.
Les procédés qui nous ont été présentés pour le débitage des blocs de pierre
reposent sur l’emploi de la scie diamantée, de la scie au sable et d’un câble en fil
de fer, dit fil hélicoïdal. Dans le premier procédé, l’outil est, à proprement parler, formé
par de petits diamants incrustés sur le bord d’un disque ou d’une lame métallique;
dans les deux autres, l’outil est constitué par du grès ou du sable entraîné par la
denture de la lame ou dans les intervalles des fils du câble. Les scies ne peuvent tra¬
vailler que sur des blocs détachés amenés dans des chantiers pourvus d’installations
spéciales; un des grands avantages du procédé du fil hélicoïdal est, qu’outre le
mode d’emploi précédent, il peut servir aussi pour séparer les blocs de la roche même,
les prenant à des dimensions arbitraires et ne produisant que des déchets insignifiants,
point très important pour les pierres de valeur, comme le marbre.
Scies diamantées. — La double scie circulaire de MM. Despine, Achard et C,e com¬
prend essentiellement deux disques en acier d’environ o m. 6o de diamètre superposés
dans le même plan vertical, de façon toutefois que l’axe de l’un soit un peu en retrait
de la verticale de l’autre, pour que les traits formés par les portions voisines des disques
se recouvrent légèrement. Chaque disque est garni près de sa circonférence de petites
rondelles soudées à l’étain, dans lesquelles sont incrustés des morceaux de diamant fai¬
sant une saillie inappréciable alternativement sur chaque tranche. Les arbres des
disques sont commandés directement et séparément par courroies, ce qui permet de
régler facilement leur écartement, en agissant sur les paliers de l’un d’eux. La pierre à
scier est placée sur un chariot dont la commande est prise par courroie et engrenage
MACHINES-OUTILS.
2GI
sur l’arbre d’un des disques. Un fort jet d’eau, fourni par une pompe adjointe à la ma¬
chine, sert à refroidir les disques et à évacuer les sciures. La vitesse de sciage par ce
procédé est relativement grande : elle dépasse om. 5o à l’heure dans le marbre; les
surfaces obtenues sont très propres.
Il paraît que l’usure des disques est très lente ; par contre , les diamants sautent ou
se brisent fréquemment, ce qui nécessite des réparations constantes et occasionne des
frais notables.
M. Gérard expose une scie circulaire diamantée à une seule lame; la pierre, posée
sur la table, est poussée à la main contre la lame.
Une machine de M. Jackson, représentée seulement par un modèle réduit, emploie
une lame diamantée de scie alternative. La lame, munie à son bord inférieur de dia¬
mants incrustés, est adaptée à un long coulisseau mobile entre des glissières fixées à
quatre colonnes; le mouvement du coulisseau est produit, comme celui d’un étau-
limeur, par excentrique et par bielle. Une commande par cliquet et rocliet avec levier
intermédiaire à bras de longueur réglable, prise sur l’arbre à excentrique, produit la
descente automatique de l’ensemble des supports de la lame. La pierre est placée sur
un chariot avec voie circulaire et mouvement de réglage dans le sens transversal.
Scies au sable. — M. Gérard emploie un large ruban sans fin en acier, passant sur
deux poulies à axe vertical, dont l’une reçoit le mouvement de rotation; le ruban est
entaillé, sur son bord inférieur, d échancrures semi-circulaires destinées a entraîner le
sable ou la poussière de grès, qui forme l’élément coupant. Les poulies sont garnies
de caoutchouc. Pour compléter le guidage du ruban, celui-ci passe entre quatre couples
de deux galets garnis de caoutchouc, disposés à hauteur des points d’entrée dans la
pierre et de sortie; chaque couple de galets est adapté à une forte barre guidée dans
le support de la poulie voisine et pourvue d’une crémaillère par laquelle on règle sa
position. Tout le mécanisme de commande et de transmission du mouvement automa¬
tique de descente est placé sur un entablement monté sur quatre fortes colonnes; le
support de chaque poulie est guidé entre deux colonnes et descend au moyen de vis
disposées dans ces dernières. La pierre est placée sur une table munie de roulettes re¬
posant sur une voie circulaire, et le tout constitue un chariot porté également sur rou¬
lettes et mobile sur deux rails dans le sens perpendiculaire à la direction des parties
rectilignes du ruban. Ces derniers mouvements ne sont utilisés que pour le réglage de
la position de la pierre; l’avance, pendant le travail, est produite par la descente auto¬
matique du ruban, qui attaque de front la plus grande dimension de la surface à scier.
Le sable est amené par un jet d’eau provenant d’un réservoir dans lequel elle a bar¬
boté avec lui.
La machine permet de scier des blocs de h mètres de longueur et de 1 m. 5o de
hauteur. On peut, d’ailleurs, travailler à la fois sur les deux brins rectilignes du ruban.
La vitesse de l’avance est d’environ o m. i 5 à l’heure pour le marbre et de o m. 02 5
262
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
pour le granit. La surface de sciage est d’une netteté irréprochable, approchant du poli.
M. Gérard a pu obtenir des feuilles de granit d’un millimètre d’épaisseur.
Fil hélicoïdal. — Le câble, qui est l’élément essentiel du procédé, est formé de trois
fils de fer tordus ensemble en hélice; il possède un mouvement continu de translation
avec une vitesse de h mètres à h m. 5o par seconde et passe, à l’entrée et à la sortie
du bloc, sous deux poulies qui reçoivent une avance automatique de descente; â son
entrée dans le bloc, il reçoit un jet d’eau mêlée de sable; c’est ce sable qui, engagé
dans les intervalles des fils et entraîné par le câble, rode et désagrège la pierre; on
constate, à l’usure uniforme du câble sur son pourtour, qu’il prend dans la pierre un
mouvement de rotation sur lui-même, effet dû évidemment aux composantes normales
à l’axe, développées par le glissement du sable le long des rainures hélicoïdales; or,
cette rotation ne peut que faciliter l’action corrodante.
Le câble sans fin s’usant d’autant moins vite qu’il est plus long, on lui donne une
longueur d’au moins 120 mètres. Il reçoit le mouvement d’un moteur â vapeur, va
ordinairement à un certain nombre d’appareils disposés en des endroits différents
du chantier ou juxtaposés sur un même bloc, le brin de retour passant chaque fois sur
un tendeur. Un appareil simple comprend deux supports disposés de part et d’autre
du bloc ; chaque support est formé de deux colonnes portant deux poulies : une poulie
supérieure , par laquelle arrive ou s’en va le câble , orientable dans toute direction autour
d’un pivot vertical; une poulie inférieure, dirigeant le câble dans la pierre, montée sur
un axe qui peut coulisser le long des colonnes et qui reçoit d’une vis verticale l’avance
automatique de descente; l’écrou de la vis, adapté à la traverse supérieure de réunion
des colonnes, constitue lui-même un rochet, qui est actionné par un cliquet manœuvré
par l’axe de la poulie supérieure, avec intermédiaire d’un levier de longueur de bras
réglable suivant la valeur à donner à l’avance. Le tendeur est formé par un poids sus¬
pendu au câble, entre deux poulies de renvoi, ou par un chariot chargé plus ou moins,
attaché également entre deux poulies de renvoi et disposé sur un plan incliné.
S’il s’agit de détacher un bloc du banc de la carrière, on installe un appareil simple
dans deux tranchées faites à l’aide de la perforatrice tubulaire, dont nous avons parlé
plus haut. Si l’on a â dresser les faces d’un bloc détaché ou à le débiter en plaques
parallèles, on emploie un appareil composé, ou armure à deux ou à un nombre quel¬
conque de brins, passant sur des poulies indépendantes montées sur des arbres com¬
muns, l’avance étant donnée par un même brin à tput le système.
Le diamètre du câble varie de 0 m. 006 pour le débitage des bancs à 0 m. oo35
pour le débitage des blocs. La jonction des bouts se fait par une sorte d’épissure ré¬
gnant sur une longueur de moins de 1 m. 5o.
L’avance que l’on obtient couramment est de 0 m. 1 0 à 0 m. 1 2 à l’heure dans le
marbre et de 0 m. o3 à 0 m, oû dans les porphyres de Qucnast et de Lessines. Ces
valeurs sont un peu inférieures à celles que procure la scie à ruban. Par contre, la diver-
MACHINES-OUTILS.
263
.site des travaux, auxquels se prête le fil hélicoïdal, est bien plus considérable que celle
que donne tout autre procédé : indépendamment du débitage sur le banc même, que
lui seul permet, il peut actionner un nombre presque illimité d’appareils, découper
d’un seul coup un bloc en autant de parties que Ton veut; son installation est très
simple et peu coûteuse, éminemment mobile; son entretien consiste dans le remplace¬
ment des fils usés, un fil pouvant scier Ao à 5o mètres carrés de surface de marbre.
L’objection la plus sérieuse que l’on ait à faire à son usage consiste en ce que le fil
laisse des traits sur les surfaces et les rend moins propres que la scie ; on prétend par
compensation que l’ensemble de la section est mieux dressé par le fil que par la scie;
quoi qu’il en soit, comme, de toute façon, le polissage doit intervenir, la valeur de l’ob¬
jection perd beaucoup de son importance devant la nécessité de cette opération.
MACHINES À TRAVAILLER LES PLAQUES DE MARRRE.
Le découpage d’une plaque de marbre suivant des profils variés, autrement dit le
chantournage du marbre, constitue un problème dont la solution est assez délicate, à
cause de la nature du seul outil qu’on puisse lui présenter, la scie à ruban, et de la
difficulté d’entretenir sa coupe dans un état convenable. M. Jeansaume semble avoir
résolu ce problème d’une façon très élégante. La dénomination de scie à denture per¬
pétuelle, donnée par M. Jeansaume à son outil, serait remplacée d’une façon plus
exacte par celle de scie à denture perpétuellement renouvelée. La machine a la forme
d’une scie a ruban ordinaire, munie d’une lame mince et étroite, qui peut varier,
d’ailleurs, avec l’épaisseur de la plaque à travailler et avec la nature des profils à exé-
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
264
cuter; la lame marche à la vitesse des scies à bois; elle possède des dents fines, trian¬
gulaires, à angle de tranchant d’environ 90 degrés; des galets servent à la guider à
son entrée dans la matière et à sa sortie. La pièce est tenue à la main sur une table ; un
jet d’eau tombe sur le trait.
Le brin remontant, guidé et maintenu dans une coulisse, passe devant une molette
en acier trempé montée sur un levier; la pres¬
sion exercée par le poids du levier sur la lame
imprime la molette entre ses dents, qu’elle
reforme et quelle tend même à refouler vers
le dehors, en produisant sur les bords une
bavure imperceptible; l’effet est facilité par la
rotation que la lame imprime à la molette.
Par ce moyen, la denture de la scie se con¬
serve indéfiniment dans le même état; l’usure
ne se produit que par une diminution très
lente de la largeur de la lame.
Pour conserver la molette elle -même en
bon état, M. Jeansaume lui donne une lon¬
gueur d’environ 0 ni. i5 et lui fait prendre
automatiquement un déplacement lent et alter¬
natif suivant son axe, par suite duquel le con¬
tact de la lame se fait successivement en tous
les points de la longueur; à cet effet, une vis
sans fin, clavetée sur l’axe de la molette et
tournant avec elle sans suivre son déplace¬
ment longitudinal, engrène avec une roue
présentant elle-même une deuxième direction
de denture, par laquelle elle constitue une
deuxième vis sans fin; l’axe de la roue de cette
dernière porte une came, qui agit sur l’axe de
la molette pour le déplacer, avec l’aide d’un ressort antagoniste qui forme le contre-
appui à l’autre bout de l’axe.
M. Jeansaume a ainsi entre les mains un outil dont il n’a, pour ainsi dire, pas à
s’occuper, et cet outil peut être aussi délicat que les lames les plus fines employées
pour le travail du bois ou des métaux minces, avec cet immense avantage, par rapport
à elles, qu’il est toujours dans les mêmes conditions de coupe. Aussi M. Jeansaume
peut— il exécuter les profils les plus complexes et faire des travaux de nature essentiel¬
lement artistique : c’est ainsi qu’il découpe dans un bloc toute une série de surfaces
intérieures, et ces surfaces se replacent les unes dans les autres et s’ajustent entre elles
comme si elles ne formaient encore qu’un bloc unique.
MACHINES-OUTILS.
205
La production est également très grande, tout en variant naturellement avec l’épais¬
seur à découper.
MACHINES À POLIR ET À USER LA PIERRE OU LE VERRE.
Nous n’avons à parler ici que de trois procédés qui nous ont été soumis, relatifs,
l’un au polissage au premier degré du marbre, un deuxième au polissage des verres
d’optique en quartz ou en verre, le troisième à la gravure sur verre au moyen d’un jet
de sable.
Polissage du marbre par la Société du fil hélicoïdal. — Les plaques de marbre sont
fixées, au moyen d’une couche de plâtre, sur la table en pierre d’un chariot qui peut
recevoir un mouvement lent de translation automatique sous le polissoir. Celui-ci est
formé essentiellement d’un plateau horizontal relié excentriquement â un arbre vertical
animé d’un mouvement de rotation; le plateau est libre, en outre, de tourner sur son
propre axe; il porte, fixés à sa tranche, une série de disques en agglomérés métalliques
du système Gay; ceux-ci sont obtenus en coulant dans un moule, avec de l’émeri en
grains, un alliage de plomb, étain et antimoine, ou même du cuivre, du laiton, de la
fonte. De l’eau est projetée abondamment sur la surface à polir. Le diamètre extérieur
du plateau est ordinairement de 1 m. 35, et sa -vitesse de rotation de 90 tours par
minute. Grâce au mouvement excentrique du plateau, â la rotation qu’il prend sur lui-
même sous l’influence de la résistance due au frottement, et au déplacement longitu¬
dinal du chariot, le polissage se fait rapidement et dans de très bonnes conditions de
dressage de la surface. Toutefois ce travail de polissage n’est qu’une ébauche; il reste
â le compléter par des procédés plus délicats, qui ressortissent de la profession de
marbrier.
Machines de M. Rosso , pour le polissage des verres d’optique. — Le polissage se fait en
trois opérations, qu’on peut appeler ébauchage, adoucissage et finissage. Les cristaux
de quartz ou les morceaux de verre, dégrossis préalablement en forme de disque à la
meule d’émeri ou par tout autre procédé, sont fixés, au moyen de ciment et de poix,
à la surface d’une calotte sphérique métallique au rayon de la courbure à donner aux
verres (nous supposerons qu’on ait à faire des verres convexes). Pour l’ébauchage, le
disque est monté sur un arbre vertical animé d’un mouvement de rotation rapide, sa
surface convexe tournée vers le haut; on applique sur lui à la main une calotte sphé¬
rique concave en fonte, avec interposition d’émeri en grains. Pour les deux autres opé¬
rations, le disque est fixé sur un plateau de manière que son axe coïncide avec celui
d’un arbre vertical tournant au-dessus de lui; une calotte sphérique semblable à la
précédente est appliquée sur lui et reliée excentriquement â l’arbre, au moyen d’une
traverse munie d’une pointe qui s’engage dans une cavité conique formée sur son axe;
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
2 GG
la calotte est ainsi entraînée dans le mouvement de l’arbre, pendant quelle tourne sur
elle-même en vertu de la résistance due au frottement, et elle passe par tous les points
de la surface du disque qu’elle moule à sa propre forme. L’adoucissage emploie , comme
matière usante, de la potée d’émeri; pour le finissage, on se sert de rouge à polir.
La régularité de la surface des verres polis dépend de celle de la calotte sphérique;
celle-ci se forme par le procédé inverse du précédent, c’est-à-dire en substituant au
disque à polir un disque polisseur en fonte; l’action réciproque des deux surfaces en¬
traîne la régularité de leurs formes , grâce au double mouvement de rotation autour de
l’axe général et autour de l’axe de la partie excentrée.
Machine à graver le verre au jet de sable. — Cette machine , imaginée et construite
par la «Tilgmann Sandblast C°», de Shefïield, est exposée par M. Maurice de Léon.
Son principe repose sur l’entraînement du sable par un jet de vapeur; le sable, arri¬
vant très divisé et avec une grande vitesse, corrode les surfaces qui lui sont exposées et
les désagrège plus ou moins rapidement, selon leur nature et leur dureté. Un tuyau de
vapeur débouche dans une sorte de Gifford et produit l’aspiration de l’air, qui est amené
par un autre tuyau; l’air, rencontrant du sable fin qui tombe d’un réservoir supérieur,
l’entraîne avec lui, et le mélange de vapeur, d’air et de sable, s’échappant par un orifice,
vient frapper sur la surface placée à une faible distance. La vitesse du jet dépend de
la quantité de vapeur introduite et de sa pression; on règle l’arrivée de la vapeur au
moyen d’un robinet; un indicateur de vide, placé sur l’appel d’air, donne la mesure de
la puissance du jet. M. Maurice de Léon se sert surtout de la machine pour graver des
ornements, lettres, chiffres, etc., sur des objets en verre : il place, à cet effet, entre
l’objet et le jet, une feuille mince de tôle découpée d’après la forme des ornements à
reproduire; le verre est gravé en quelques secondes; une plaque de verre de o m. 002
d’épaisseur est complètement traversée en moins d’une minute. Toute espèce de ma¬
tière peut être attaquée , à la condition de n’avoir pas une dureté supérieure à celle du
sable; l’effet est, toutefois, très variable suivant la nature de la matière : l’acier, par
exemple, est attaqué, mais très lentement, ce qui permet de l’employer comme mo¬
dèle.
MACHINES À BROYER ET A MALAXER.
Nous réunissons dans ce groupe des machines servant à broyer des matériaux très
divers, à les réduire en poudre, les malaxer et les mélanger. Nous indiquerons, pour
chacune, ses emplois les plus fréquents.
Meides d’Epernon. — La Société générale meulière expose des meules en calcaire
siliceux provenant des carrières d’Epernon (Eure-et-Loir). Les grandes meules sont
formées de secteurs, ou fiches, obtenus en débitant la pierre perpendiculairement aux
bancs de carrière, placés de façon que le fil de la pierre se trouve à peu près suivant
MACHINES-OUTILS.
267
un rayon et reliés par de forts cercles en fer qui garnissent le pourtour extérieur. Ces
meules travaillent sur leur plat; elles servent principalement pour réduire en poudre
des matières dures dont les produits sont utilisés dans l’agriculture, dans la construc¬
tion, dans l’industrie ou dans les arts, tels que ciments, phosphate de chaux, plâtre,
sulfate de baryte, noir animal, kaolin, produits réfractaires, produits chimiques.
Les meules de petite et de moyenne grandeur, pour lesquelles il est possible de
trouver des blocs suffisamment sains, se font d’un seul morceau; toutefois elles ne
doivent être employées que sur des matières tendres : elles conviennent surtout aux
fabricants de produits céramiques , grâce à leur propriété de ne pas renfermer de sels
métalliques, dont l’introduction serait susceptible de tacher les produits.
Toutes ces meules sont taillées à la main; elles conservent les traces des coups de
ciseau, qui augmentent leur mordant.
Broyeur à meules en fonte. — Ce broyeur, exposé par M. Bordier, est composé de
deux meules cylindriques en fonte, montées folles sur un même axe horizontal qui est
encastré, avec liberté de monter et de descendre, dans les coulisses de deux montants
verticaux, et d’une cuve également en fonte, de forme annulaire, dont la section par
un plan diamétral représente, départ et d’autre de l’axe, un fond plat entre deux bords
évasés vers le haut. Les meules reposent par leur circonférence sur le fond de la cuve,
ou du moins sur les matières à broyer. La cuve reçoit un mouvement de rotation
autour de son axe, et ce mouvement entraîne celui des meules sur leur arbre. Des
palettes fixes sont disposées le long de chaque meule et des bords voisins de la cuve,
de manière à les racler et à ramener constamment la matière sous les meules.
Ce genre de meules peut servir aux mêmes usages que les meules en pierre d’Eper-
non; elles agissent, comme elles, par écrasement mêlé d’un effet de glissement tenant
à la différence de vitesse des divers points de la cuve sur la génératrice de contact de
la meule.
Broyeur Vapart. — Le broyeur Vapart, exposé par M. Bordier, utilise la projection
des matériaux par la force centrifuge contre les parois d’une caisse cylindrique en fonte.
Suivant l’axe vertical de la caisse se meut un arbre muni de trois plateaux en tôle
étagés, sur lesquels sont fixées des équerres en fonte à faces verticales faisant saillie
d’environ o m. o5, dirigées suivant des rayons et occupant environ le tiers de la lon¬
gueur du rayon dans le voisinage de la circonférence. La paroi de la caisse est garnie,
à hauteur des plateaux, d’un même nombre de couronnes en fonte à denture grossière
de forme à peu près sinusoïdale, chaque couronne étant constituée, pour la facilité des
remplacements, par un certain nombre de segments fixés par boulons à la caisse; à la
paroi sont également fixés , sous les deux plateaux supérieurs , deux entonnoirs à grande
base tournée vers le haut. Les plateaux laissent entre eux et les couronnes dentées
un vide annulaire de 2 à 3 centimètres. Les matériaux, versés dans l’appareil par un
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1881)
208
trou pratiqué dans le couvercle à proximité de Taxe, tombent sur le premier plateau
et s’éloignent progressivement de Taxe jusqu’à ce qu’ils rencontrent une des équerres;
ils sont soumis alors à un mouvement de translation le long de l’équerre en même
temps qu’au mouvement de rotation général, et ils sont projetés contre la couronne
dentée avec une vitesse égale à la résultante des vitesses des deux mouvements compo¬
sants; la denture de la couronne a précisément pour effet de leur opposer une surface
en grande partie normale sensiblement à la direction de la vitesse résultante. Les débris
sont ramenés successivement par le premier et le second entonnoir vers le milieu des
deux autres plateaux et projetés de la même façon une deuxième et une troisième fois;
ils tombent finalement au fond de la caisse, où des palettes, adaptées au plateau infé¬
rieur, les rassemblent dans une chambre existant sous l’appareil.
Gomme détails de construction, l’arbre est commandé par une poulie fixée à sa
partie supérieure et maintenu en cette partie dans un palier à coussinets en bronze;
il est engagé, à sa partie inférieure, dans un palier à crapaudine disposé sous l’appareil;
l’appui de l’arbre en bout se fait par un pivot et un grain en acier trempé, à surface
de jonction sphérique. La caisse est munie de deux portes, avec bords garnis d’une peau
de mouton pour rendre la fermeture hermétique.
Les matériaux doivent être concassés au préalable à la grosseur du poing; ils sortent
de l’appareil sous forme d’un mélange de poussière et de grains, qui est soumis à des
tamisages; les grains les plus gros sont, au besoin, rejetés de nouveau dans la machine.
La production est très grande; les résultats dépendent naturellement de la vitesse, qui
peut être sans inconvénient de 5oo tours par minute, mais qui doit être surtout en
rapport avec la nature des matériaux.
Le broyeur Vapart s’emploie pour un nombre de matières plus grand encore que
les meules : à sa propriété de broyer il joint celle de permettre la séparation de cer¬
tains matériaux, d’après la façon différente dont il agit sur eux; ainsi, opérant sur un
minerai formé de blende et de pyrite, il pulvérise la première et fragmente seulement
la seconde en la détachant de la gangue; un tamisage isole alors les deux éléments.
Il est encore un excellent mélangeur et peut servir à ce titre à la fabrication de produits
très variés.
Broyeur à boulets de M. Thivet-Hanctin. — Ce broyeur utilise également la force cen¬
trifuge pour lancer ou appliquer des boulets sphériques pleins en fonte contre la paroi
intérieure d’un cylindre creux fixe et, par conséquent, désagréger la matière interposée
entre eux et la paroi. Les boulets, étant en même temps animés d’un mouvement général
de rotation, tournent sur eux-mêmes par l’effet de la résistance due au frottement,
remuent et malaxent les matériaux de toutes façons.
A l’intérieur du cylindre fixe, disposé horizontalement, tourne, avec une vitesse de
100 à i5o tours par minute, un second cylindre creux de même axe, porté par deux
tourillons sur des coussinets, avec presse-étoupe logés dans les fonds du premier; ce
MACHINES-OUTILS.
269
second cylindre, dans lequel sont les boulets, est percé de trous circulaires, alignés
sur des hélices, cl’un diamètre supérieur de quelques millimètres à celui des boulets.
Les matériaux sont introduits entre les cylindres par un entonnoir adapté à un bout;
les fonds sont d’ailleurs démontables pour la facilité de l’extraction des produits du
broyage. La rotation du cylindre intérieur amène chaque boulet dans un trou, où il se
maintient en pressant contre le cylindre extérieur et tournant en outre sur lui-même.
L’ensemble des boulets agit à la fois pour racler, mélanger et triturer les matières.
L’appareil se prête au traitement des matières aussi bien par voie humide qu’à sec;
ses principaux emplois sont la pulvérisation des charbons de terre et de bois, des ma¬
tières colorantes, des produits chimiques, des produits alimentaires, tels que safran,
poivre, cannelle, la préparation de l’indigo, du cirage, des enduits, etc.
Malaxeur à cages sphériques de M. Thivet-Hanctin. — Les parties essentielles de la
machine sont trois cages sphériques en fonte d’environ o m. 5o de diamètre extérieur,
constituées par des liens anguleux dont un équatorial, deux parallèles, dix portions
de méridiens reliant l’équatorial à chaque parallèle et trois autres reliant chaque
parallèle au pôle. Les cages ainsi évidées sont enfermées, à hauteur de leurs centres,
dans trois colliers d’entraînement, qui font partie d’un plateau horizontal monté sur un
arbre vertical animé d’un mouvement de rotation. Les cages, libres dans les colliers
d’entraînement, reposent sur le fond d’une cuve annulaire, dans laquelle se met la ma¬
tière à malaxer; des palettes, adaptées au plateau mobile, raclent le fond et les bords de
la cuve et ramènent constamment la matière sous les cages. Tout en participant au
mouvement de rotation générale, les cages se meuvent en tous sens autour de leur
centre, divisent la matière par leurs arêtes, la retournent, la triturent et la mélangent.
Une trappe, s’ouvrant dans le fond de la cuve, permet delà vider après l’opération.
La machine est principalement employée pour frotter les sables de fonderie, c’est-
à-dire pour faire le mélange de sable neuf, de vieux sable et de charbon de terre; elle
remplace avantageusement les meules ou le foulage aux pieds, et surtout elle peut
opérer sur du sable à l’état humide, sans en exiger le séchage, le broyage et le tami¬
sage préalables. Elle peut également être employée au malaxage d’autres matières,
telles que produits chimiques, engrais, etc.
Machine à étirer de MM. Joly et Foucart, pour briques , tuiles, tuyaux, etc. — L’objet de
cette machine est de faire d’un seul coup et automatiquement la préparation de la terre
et le moulage de pièces telles que briques, tuiles plates, tuyaux, etc. Elle comprend
essentiellement : i° deux cylindres en fonte, à axes horizontaux parallèles, entre les¬
quels la terre, tombant d’un entonnoir, est broyée, en même temps que les corps durs
qu’elle peut renfermer; la terre en sort sous forme de lame mince, pour pénétrer dans
les hélices qui sont au-dessous; 2° deux hélices tangentes, de pas contraires et tour¬
nant en sens opposés, enfermées dans une caisse; elles reçoivent la terre, la divisent
270
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
et la malaxent, en même temps quelles la poussent en avant dans un récipient où elle
se masse peu à peu, en éliminant les bulles d’air qu’elle pourrait avoir entraînées;
3° une filière rapportée dans le prolongement du récipient, présentant en creux la
forme du profil à obtenir; la terre, poussée par les hélices, la traverse sous forme
d’une bande continue, qui s’allonge sur une table munie de galets rapprochés enveloppés
de buffle; A0 un découpeur, ou cadre à charnière horizontale, muni de fils métalliques
parallèles, que l’on rabat pour diviser la bande de terre par longueurs égales.
Tous les mouvements, à l’exception de celui du découpeur, se font automatiquement
au moyen d’engrenages reliés à la commande générale et actionnant les arbres des
cylindres et ceux des hélices.
MACHINES-OUTILS.
271
LISTE
DES EXPOSANTS HORS CONCOURS ET RÉCOMPENSÉS
AVEC
INDICATION DE LA NATURE DES OBJETS EXPOSÉS.
HORSICONCOURS.
MM. Gotendorf et Cie , quai Jemmapes, 166, à Paris (France). — 1 petit tour, 3 machines a
décolleter à levier, 1 machine à percer à pédale à 4 broches, 1 machine double à percer et à mor-
taiser, 1 petite machine à tarauder, 1 petite machine à fraiser horizontale.
MM. Hurtu et Hautin, rue Saint-Maur, 54 , à Paris (France). — 1 petit tour, 1 machine h percer,
1 petite machine à tarauder, 4 machines à fraiser, 1 machine à tailler et affûter les fraises, 1 machine
h tailler les forets en hélice , 1 machine à redresser les pièces trempées.
MM. Panhard et Levassor, avenue d’fvry, 19,0 Paris (France). — 5 scies à ruban pour métaux,
1 scie circulaire pour métaux, 1 machine à affûter les scies à ruban.
M. Piat (A.), rue Saint-Maur, 85, à Paris (France). — 3 riveuses hydrauliques.
GRANDS PRIX.
MM. Bariquand et fils, rue Oberkampf, 127, à Paris (France). — 4 tours, 2 machines à décolle¬
ter, 2 machines automatiques à faire les vis à métaux, 3 machines à percer, 1 machine à aléser,
1 machine h mortaiser, 8 machines à fraiser, 1 machine à tailler les fraises, 1 machine à fraiser les
lames d’épées-baïonnettes, 1 série d’appareils diviseurs et h reproduire pour machines h fraiser,
3 lapidaires, 1 machine à dresser les barres, 1 machine à extraire l’huile des copeaux, 1 série d’in¬
struments de mesure au 1/100 et au 1/1000 de millimètre, 1 micromètre-étalon avec comparateur.
MM. Boühet fils ( E . et P.), avenue Daumesnil, 43, à Paris (France). — 4 tours, dont 1 à repro¬
duire, 4 machines à percer, dont 2 radiales très puissantes, 1 machine à tarauder, 2 étaux-limeurs,
1 machine à raboter les chanfreins des tôles, 1 grande machine h mortaiser, 5 machines à fraiser et
à reproduire, dont 2 très puissantes, 1 machine à tailler les fraises, 1 forte cisaille, 1 marteau-pilon
à ressort.
Brown and Sharpe Manüfagturing C° , à Providence (Etats-Unis). — 1 petit tour à main, 1 tour
h charioter et à lïleter, 3 machines à décolleter, 1 machine à percer et à aléser, 1 petite machine à
tarauder, 7 machines h fraiser, 1 machine automatique à tailler les roues d’engrenage, 2 machines
à rectifier les surfaces planes, 2 machines à rectifier les surfaces cylindriques ou coniques, 1 machine
à affûter les fraises et les outils de tour, 1 collection d’instruments de mesure et de vérification.
MM. Selle rs ( Wm) et 0e, à Philadelphie (Etats-Unis). — 1 machine à percer, 2 machines à
rabotera retour très rapide, 1 machine à affûter les outils de tour, 1 machine à affûter les forets.
272
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
MM. Steinlen et Cie ( anciens ateliers Ducommun) , à Mulhouse (Alsace). — 2 tours k charioter,
3 tours à charioter et à copier, 12 tours à charioter et à fileter, dont 1 de 0 m. 575 de hauteur de
pointes, 1 tour à banc mobile, 3 machines à de'colleter, 8 machines k percer, dont 4 radiales, 1 ma¬
chine k percer k 4 forets, 1 machine double k aléser et k fraiser horizontalement, 1 machine k alé¬
ser k 8 broches, 2 machines k tarauder, 3 machines k raboter, 1 grande machine k raboter et k frai¬
ser, 4 étaux-limeurs, 2 machines k raboter les roues d’angle, 3 machines k mortaiser, 12 machines
k fraiser de toutes grandeurs, 1 machine k reproduire k battant, 1 machine k tailler les fraises,
2 machines k tailler les roues d’engrenages , dont 1 automatique, 2 meules d’affûtage, 2 machines k
affûter les forets, 1 machine k affûter les fraises, 3 machines k rectifier les pièces cylindriques ou
coniques, 1 marbre, 1 série d’instruments de traçage, 1 collection de poinçons et de lunettes de
vérification.
MÉDAILLES D’OR.
American Screw C°, k Providence (États-Unis). — 2 machines k faire k froid les vis k bois,
1 machine k extraire l’huile des copeaux.
Ateliers de construction d’Oerlikon , près Zurich (Suisse). — 2 tours, 1 machine k décolleter,
2 machines k raboter les roues d’angle, dont 1 pour roues ayant jusqu’à 3 mètres de diamètre,
1 machine k fraiser, 1 machine k rectifier les cylindres en fonte de moulins.
MM. Cualigny et Clc y rue Philip pe-d e-Girard , 54, k Paris (France). — 1 tour, 2 machines k per¬
cer, dont 1 radiale, 1 machine k raboter, 1 étau-limeur.
MM. Dandoy-Mailliabd , Lucq et 0% k Maubeuge (France). — 6 tours, 18 machines k percer de
toutes grandeurs k bras et au moteur, dont 1 radiale et 1 portative avec transmission par corde,
2 machines k tarauder, 3 machines à raboter, 3 étaux-limeurs, 3 machines k mortaiser, 4 machines
k fraiser, dont 1 puissante en forme de machine k raboter, 2 cisailles k levier, 12 machines à poin¬
çonner et à cisailler diverses, 2 machines à cintrer, 1 machine k refouler, 2 étaux d’établi.
il/. Dard ( Louis ), rue Pérignon, 34, à Paris (France). — • 4 machines k percer, 6 machines k
poinçonner, 1 machine k poinçonner et k cisailler k 5 outils, 1 appareil k enrouler les fils de fer en
volute, 3 machines k rouler les tôles, 4 machines k cintrer les fers, 1 machine k cintrer les cercles
de tonneaux , 1 machine à refouler et k souder.
MM. Demoor (J. et M.), k Bruxelles (Belgique). — 1 tour, 2 machines k percer, 2 machines k
tarauder, 3 filières universelles k main et pour tour, 1 machine à fraiser, 1 machine k tailler et affû¬
ter les fraises, 1 machine k affûter les forets; des accessoires de machines, tels que plateaux de tour,
plateaux circulaires, étau pivotant, mandrins et alésoirs expansibles, porte-meule émeri, collection
de porte-outil et d’outils, trusquin; 1 jeu spécial pour la fabrication des boulons et des écrous com¬
prenant 2 machines à décolleter, 1 machine k chanfreiner les têtes, 1 machine k tailler les pans,
2 machines k tarauder; 1 machine automatique k faire la ronce artificielle.
M. Duval-Pihet , rue Neuve-Popincourt, 8, k Paris (France). — 1 tour pour l’ogive des projec¬
tiles, 1 machine k décolleter, 1 machine à tarauder, 2 machines à mortaiser, 3 machines k tailler
les fraises, 1 cisaille circulaire.
M. Fétu-Defize ( Ant .) et Cie, à Liège (Belgique). — 2 tours, dont 1 pour roues de wagons,
1 machine à décolleter, 4 machines à percer, dont 2 radiales , 1 machine k aléser, 1 machine k rabo¬
ter, 2 étaux-limeurs, 1 scie circulaire k métaux, 3 machines k rectifier des surfaces diverses k la
meule d’émeri, 1 machine k poinçonner.
MM. Guenwood et Batley , k Leed? (Grande-Bretagne). — 1 petit tour, 1 tour très puissant pour
dégrossir les lingots, 1 machine k fraiser.
MACHINES-OUTILS.
273
M. Hure (P.), rue Lafayette, 218, à Paris (France). — 3 tours, 3 machines à de'colleter, 2 ma¬
chines à percer, dont 1 radiale, 1 machine à centrer, 1 machine à aléser et à fraiser, 2 machines à
fraiser, 2 machines à tailler les fraises, 1 scie circulaire à métaux, 1 machine à poinçonner, des
porte-outils divers.
Hydraulig Enginneering C°, àChester (Grande-Bretagne). — 2 machines à percer portatives, l’une
montée directement sur une machine Brotherhood à 3 cylindres, l’autre adaptée à un flexible; 1 dé-
coupoir hydraulique, 1 appareil pour l’essai des tuyaux.
M. Jeansaume (Antoine), rue des Immeubles-Industriels, 10, à Paris (France). — 1 scie à
découper et chantourner le marbre.
M. Kircheis ( Erdmann ), à Aue (Saxe) [Allemagne]. — 3 machines à poinçonner, 1 machine à
emboutir, 1 balancier, 1 machine à perforer automatiquement les filtres, 3 cisailles circulaires dont
1 pour découper des ellipses, 4 cisailles à levier, 2 cisailles à guillotine, 3 machines à plier les tôles,
3 machines à border, 4 machines à serrer les agrafures, 2 machines à rouler les tôles, 1 machine à
plier, rouler et agrafer, 2 bancs à étirer, 2 machines à canneler en hélice les chapeaux débouchons,
1 machine à essayer les fontes à la flexion.
M. Kreutzberger (F.-G), à Puteaux (Seine) [France]. — 3 machines à affûter les fraises, 1 ap¬
pareil à affûter les forets , 1 appareil à dresser les meules en grès , 1 appareil à calculer les éléments
des triangles rectangles.
M. Prétot ( E .), rue des Immeubles-Industriels, 1 3 , à Paris (France). — 4 machines à fraiser,
1 appareil à tailler les fraises, 1 appareil à mortaiser, 2 machines à percer, dont 1 à 3 broches,
1 machine à décolleter, 1 machine à fraiser les pans des écrous.
M. Sgbultz (Frédéric), à Mulhouse (Alsace). — 2 tours, 2 machines à décolleter, 3 machines à
percer, 1 machine à raboter, 3 machines à fraiser.
MM. Smith et Coventry, à Manchester (Grande-Bretagne). — 3 machines à décolleter, 1 machine
h percer radiale, 4 machines à fraiser, dont 1 en forme de machine à raboter, 1 machine à affûter les
fraises., 2 machines à affûter les forets, une collection de porte-outils et d’outils.
M. Simonds (G. -F.), à Fitchburg (Massachusetts) [Etats-Unis]. — 1 machine à laminer a chaud
les objets de toutes formes.
Secrétariat de la guerre , à Mexico (Mexique). — 1 machine à rayer automatiquement les ca¬
nons de fusils, 1 machine à fraiser.
Société alsacienne de constructions mécaniques , rue Drouot, 7, à Paris (France). — 3 tours,
dont 1 pour bandages de roues, 1 machine à décolleter, 1 machine à percer, 2 machines à aléser,
dont 1 pour paliers, 2 machines à tarauder, 1 machine à raboter, 1 étau-limeur, 2 machines à mor¬
taiser, 4 machines à fraiser, dont 1 pour les pans des écrous, 1 machine à tailler les roues d’engre¬
nages, 1 machine automatique à tailler les fraises, 1 machine d’affûtage, 1 machine à affûter les
fraises et les forets, 1 machine à rectifier les pièces cylindriques ne tournant pas, 1 machine à poin¬
çonner, 1 machine à essayer les métaux à la traction.
Société anonyme internationale du fil hélicoïdal , à Bruxelles (Belgique). — 1 installation
complète pour le débitage des pierres en carrière et suc chantier, 1 perforatrice tubulaire, 1 machine
) à polir les plaques de marbre.
Société de construction de machines-outils , à Albert (Somme) [France]. — 3 tours, 1 tour h
aléser pour poulies, 4 machines à percer, dont 2 radiales, 1 étau-limeur, 6 machines à fraiser,
18
I
Groupe VI. — iv.
IMPRIMERIE NATIONALE.
274
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
i machine à percer, aléser et fraiser verticalement et horizontalement, î machine à poinçonner,
î marteau-pilon atmosphérique.
MM. Sterne et Cie, à Glasgow (Grande-Bretagne). — 4 machines à meules d’émeri, pour meu-
lage et affûtage, î machine à affûter les fraises, î machine à affûter les forets, 2 machines à affûter
les scies, 1 machine à polir à meules multiples.
MM. Stiles and Parker Press C% à Middletown (Connecticut) [États-Unis]. — 4 presses et ma¬
chines à emboutir, 1 machine à emboutir a double poinçon, 1 marteau-pilon à tige de friction.
MÉDAILLES D’ARGENT.
American Tools and Machine C°, à Boston (Etats-Unis). — 1 machine à décolleter.
MM. Aemmer et Cle, à Bâle (Suisse). — 1 tour, 1 machine à raboter.
MM. Bliss ( E.-W .) et Cie, à Brooklyn (New-York) [États-Unis]. — 3 presses à découper et à em¬
boutir, 1 marteau-pilon à tige de friction.
MM. Capitain Gény et C'e, à Bussy (Haute-Marne) [France]. — 1 riveuse hydraulique.
MM. Deplanque fils, rue des Boulets, 54, à Paris (France). — 1 série de machines à meulcr avec
meules d’émeri, 1 machine à affûter les lames de cisaille, 1 machine à affûter les scies.
MM. d’Espine , Achard et 0e, quai de la Marne, 52, à Paris (France). — 1 scie circulaire double
diamantée pour débiter les pierres.
MM. Dosme et Cie, à Saint-Amand (Cher) [France]. — 1 machine à couder, 2 machines à couder
et à refouler.
M. Dumortier (H. -L.), à Bruxelles (Belgique). — 1 série de machines à meuler avec meules
d’émeri, 1 machine à affûter les lames de cisaille, 1 machine à affûter les scies, 1 machine à polir à
meules multiples.
MM. Fielding et Platt, à Glowcesler (Grande-Bretagne). — Modèles de riveuses Twedell et de
machines à plier d’équerre.
MM. Frey et C‘% rue de l’Atlas, 2 3, à Paris (France). — 1 machine à percer portative, 1 grande
machine à aléser et à fraiser, 2 machines à fraiser, 2 machines à tailler les fraises.
M. Gérard , place Daumesnil, 3, à Paris (France). — 1 scie à ruban à débiter les pierres, 1 scie
circulaire diamantée, 1 machine à dresser les tôles.
MM. Hulse et C‘% à Manchester (Grande-Bretagne). — 1 tour, 1 machine à décolleter, 3 machines
apercer, dont 1 radiale, 2 machines à fraiser, 1 machine à fraiser les coulisses de bielles, 1 machine
à affûter les fraises.
M. Janssens ( Adolphe ), rue Alibert, 10, à Paris (France). — 1 tour, 1 machine à tronçonner les
barres, 2 machines à percer, 2 machines à raboter latérales, 1 étau-limeur, 1 machine h rectifier les
tiges de pistons, 1 machine à emmandriner.
MM. Joly et Foucart, à Blois (Loir-et-Cher) [France]. — 1 machine à étirer pour briques,
tuiles, tuyaux, etc.
M. Le Blanc ( J .), rue du Rendez-Vous, 52, à Paris (France). — 1 tour, 1 machine à fraiser,
1 machine à frapper les têtes de boulons, 1 balancier à main, 3 machines à poinçonner ou à ci¬
sailler, 1 cisaille circulaire.
MACHINES-OUTILS.
275
M. Lomont (€.), à Albert (Somme) [Fronce]. — 1 tour, 1 machine à percer radiale, 1 machine
à aléser et à fraiser, 1 machine à raboter, 1 étau-limeur, 1 machine à mortaiser.
M. Mabille ( Valère ), à Mariemont (Belgique). — 1 machine à essayer les métaux à la traction.
M. Morisseau ( Auguste ), à Nantes (France). — Série de tarauds, de filières, d’alésoirs et de
forets.
M. Rémond (A.), à Saint-Hyppolite (Doubs) [France]. — 1 machine à faire automatiquement les
rivets.
M. Robelet, rue Pastourelle, 25, à Paris [France]. — 1 machine à découper et à emboutir,
3 marteaux-pilons à courroie.
MM. SU eu et Cie, à Lyon (France). — - 0 machines à plier les tôles, 3 machines à moletter et à
border, î cisaille circulaire.
MM. Sainte -Kahn et Cie, rue Oberkampf, io4, à Paris (France). — Série de machines à meuler
avec meules d’émeri et de machines à polir.
MM. Sainte (A.) et March ( L .), rue Oberkampf, 93, à Paris (France). — 2 machines à décol¬
leter, 1 machine à percer, 1 machine à tailler les roues d’engrenages.
M. Sayn , avenue Philippe- Auguste , 84, à Paris (France). — 1 tour, 1 machine à percer, 2 ma¬
chines à fraiser les têtes de boulons et les écrous , 2 balanciers à frapper les têtes de boulons , 1 ba¬
lancier à main, 1 cisaille, 1 machine à forger automatiquement les écrous, 1 machine à faire auto¬
matiquement les rivets.
MM. Sculfort-Malliar et Meurige, à Maubeuge (France). — i4 tours divers, i4 machines à
percer à la main ou au moteur, dont 1 radiale, 3 machines à tarauder, 3 machines à raboter, 3 étaux-
limeurs, 1 machine à mortaiser, 8 machines à poinçonner ou à cisailler, 2 cisailles, 3 découpoirs hy¬
drauliques, 3 machines à cintrer, 1 machine à refouler et à souder, 1 série d’outils, 1 marbre.
Société générale des agglomérés magnésiens, rue Louis-Blanc, 4o, à Paris (France). — Série
de machines à meuler et de meules d’émeri.
Société générale meulière, à la Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne) [France]. — Série de
meules à broyer d’Epernon.
M. Spüül (Henri), à Saint-Fiden, près Saint-Gall (Suisse). — 1 machine à percer et river les
tuyaux , 1 machine a presser les ressorts de sommiers , 1 machine à nouer les ressorts.
MM. Sternbergh (J. -H.) and son , à Reading (Pensylvanie) [Etats-Unis]. — 1 machine à ta¬
rauder les boulons, des tournevis.
Tanite C'e, à Stroudsburg (Pa) [Etats-Unis]. — Série de machines à meuler avec meules d’émeri,
1 machine à dresser les surfaces , 1 machine à polir, 1 machine à affûter les scies.
MM. Warner et Swasey, à Cleveland (Ohio) [Etats-Unis]. — Série de machines pour robinetterie
comprenant 3 tours , 6 machines à décolleter, 3 machines à fraiser.
MÉDAILLES DE BRONZE.
Ateliers de construction de machines , à Saint-George, près Saint-Gall (Suisse). — 1 machine à
enrouler les ressorts de sommiers.
MAL Avoyne et Ronamy , rue de l’Arbalète , 89, à Paris (France). — 1 série de cisailles à levier,
1 cisaille h guillotine , 2 lames de cisailles.
276
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
M. Bocuze (Antoine), rue du Rocher, 101, à Paris (France). — 1 tour à commande par friction ,
4 machines à affûter les scies.
M. Bombled (L.), rue de Montreuil, 94, à Paris (France). — 2 machines à plier les tôles, 1 ci¬
saille à levier.
M. Bordier ( E .), rue Vineuse, i4, à Paris (France). — 2 broyeurs Vapart, 1 broyeur à meules
en fonte.
M. Charles ( J.-E .), rue Championnet, 34, à Paris (France). — Modèles de machines divers s.
M. Christophe , à Angerville (Seine-et-Oise) [France]. — 1 tour à copier pour embouchures d’in¬
struments de musique.
M. Cuizinier ( Alexandre ), à Nantes (France). — 1 modèle de machines à équerrer les cornières
de membrure des navires.
MM. Cürtis et Curtis, à Bridgeport (Conn.) [Etats-Unis]. — 3 machines à fileter les bouts de
tuyaux.
M. Dejouy ( E.-H .), rue Saint- Charles, i3y, à Paris (France). — Modèles de machines di¬
verses.
MM. Delinotte ( Charles ) et fils aîné, rue d’Allemagne, 56, à Paris (France). — 2 marteaux-
pilons à tige de friction.
MM. Dunand frères , à Carouge (Genève) [Suisse]. — 1 perforatrice pour trous de mine.
M. Durozoi (Marcel), rue Riblette, 1 3, à Paris (France). — 5 machines à plier les tôles, 1 ma¬
chine à moulurer, 1 machine à rouler, 1 cisaille à levier.
M. Durrsghmidt (G.), à Lyon (France). — Série de meules d’e'meri, d’émeri en grain et de pa¬
pier d’émeri.
M. Esparza ( Isaac ), Etat de Nuevo-Leon (Mexique). — 1 machine à percer.
M. Gauthier (S.), rue Popincourt, 28, à Paris (France). — Série de meules montées en grès.
Gouvernement de Puebla (Fehuacan) [Mexique]. — Meules en grès.
Gouvernement de Puebla (Xocliitan) [Mexique]. — Meules en grès.
M. Jackson (Th.) , à New-York (Etats-Unis). — Modèle de scie alternative diamantée pour débi¬
ter les pierres.
M. J ame lin (Ch.), rue Saint-Maur, 99, à Paris (France). — 1 tour à mouvements multiples.
M. Lapointe (G.), boulevard Richard-Lenoir, 77, Paris (France). — 1 machine à décolleter à
levier, 2 machines à percer.
M. Legoux (M.) , rue Popincourt, 37, à Paris (France). — Modèle de machine automatique a faire
les vis à métaux.
M. Moreau (G.-L.), rue des Graviiliers, 24, à Paris (France). — 4 petits tours, 1 tour ovale,
5 petites machines à percer.
M. Mou la rd (L.), à Tours (France). — 2 machines à poinçonner.
M. Parkinson (J.), à Bradford (Grande-Bretagne). — Série d’étaux parallèles.
MACHINES-OUTILS.
277
M. Petot ( P.-J .), rue des Amandiers, 95, Paris (France). — 3 machines à border, 1 machine à
rouler les tôles.
M. Perrin (Louis), à Lyon (France). — Série de laminoirs en acier trempé.
M. Quentin , quai de la Râpée, 18, à Paris (France). — Série de machines à meuler.
M. Ricbourg (Albert), boulevard de Sébastopol, 20, à Paris (France). — 1 marteau-pilon à main.
M. Rosso (A.), à Anvers (Belgique). — 4 machines à polir les verres d’optique.
M. Scunider (C.-L.), à Neuveville (Berne) [Suisse]. — Série de plateaux de tour et de man¬
drins universels.
Société anonyme des émeris de l’Ouest, à Redon (Ille-et-Vilaine) [France]. — Série de meules
d’émeri.
MM. Soyer (B.) et fils , rue des Pyrénées, 82, à Paris (France). — 1 machine a percer les cor¬
nières, 2 machines à plier les tôles, 1 machine à serrer les agrafures, 1 machine à envelopper de
caoutchouc les fils électriques.
M. Strube (H.), rue Campagne-Première, 23, à Paris (France). — 4 tours, 1 machine à percer.
M. Thivet-Hanctin (A.-E.), à Saint-Denis (Seine) [France]. — 1 broyeur à boulets, 1 malaxeur
à cages sphériques.
M. Van der Stegen (Jules), à Gand (Belgique), — 1 modèle de machine à raboter les roues
d’angle.
MM. Wright (Peter) and sons, à Dudley (Grande-Bretagne). — Série d’étaux et d’outil» de
forge.
MENTIONS HONORABLES.
M. Balland , rue des Vertus, 19, à Paris (France). — 2 tours, 1 mandrin universel, 1 ma¬
chine à rouler les rivures , 1 scie alternative , 1 appareil pour strier les bandes des canons , 1 appareil
pour strier les cannes de parapluies.
M. Bédoin (A.), à Sorgues (Vaucluse) [France]. — Collection de meules en pierres du Levant
et de poudres à polir.
M. Briaült (Fernand), rue du Pressoir, 16, à Paris (France). — 2 machines à percer, séries de
mandrins pour forets et d’instruments de mesure.
M. Chevalier (J.-B.), à Marseille (France). — Série de brosses à polir.
MM. Chouanard (J.) et fis, rue Saint-Denis, 3, à Paris (France). — 6 tours, 2 machines à percer,
1 étau-limeur, 1 machine à fraiser, outils divers.
MM. Costa (M. F. da) et 0e (Portugal). — Outils divers.
M. Delahaye (A.-V.), rue Championnet, 23 1, à Paris (France). — 1 tour à tailler des roues
de montres.
MM. Delaunay et Tronchon, rue Saint-Ambroise, 29, à Paris (France). — Série de meules
d’émeri , 1 machine à affûter les scies.
M. Deplanque aîné, à Maisons-Alforl (Seine) (France). — Série de meules d’émeri.
MM. Garrard and son, à Londres (Grande-Bretagne). — Série de machines à brosses garnies
d’émeri pour nettoyer les couteaux.
278
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
M. Gruhier, rue de Belleville, 5i, à Paris (France). — 1 machine à doler les pelleteries.
M. Gut ( Henri ), à Wicdikon, près Zurich (Suisse). — Papiers et toiles d’émeri.
Héritiers de P. Henri (Les), passage des Favorites, ai, à Paris (France). — Série de meules
d’émeri.
M. Herlin fils (A.-N.), quai de Jemmapes, 108, à Paris (France). — Série de montures de
meules et de polissoires.
MM. Horton ( E .) and son , à Windsor Locks (Conn.) (Etats-Unis). — Série de mandrins uni¬
versels pour tours.
M. Huard, rue des Cévennes, 38, à Paris (France). — Série de meules d’émeri.
M. Inoüge ( Kiubei ) [Japon]. — Appareil à soufflet pour ventiler.
MM. Jown et Lyon , à New-York (États-Unis). — Série d’étaux parallèles.
M. Legras-Langelier fils , rue du Chemin-Vert, 189, à Paris (France). — 1 tour, 1 machine à
décolleter à levier.
M. Mills (Exors of James), près Stockport (Grande-Bretagne). — Série de clavettes, cales, etc.,
en acier.
M. Nury (Eugène), à Tarnos (Landes) [France]. — Gabarit pour poinçonner les rails.
M. Pietra Schiappa (Portugal). — Outils divers.
M. Richard (P.-A.), rue des Boulangers, 22, à Paris (France). — 3 machines apercer.
M. Saludes (Jules), à Levallois-Perret (Seine) [France]. — 1 appareil à affûter les scies, 1 vile¬
brequin pour percer.
M. Upton (Geo), k Boston (Etats-Unis). — Papiers et toiles d’émeri, de quartz et de grenat.
M. W hit on (D.-E.), Machine C°, à New London (Conn.) [Etats-Unis]. — 2 machines à centrer,
1 machine à tailler les roues d’engrenage.
TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
Composition m; j dry . 3
Introduction . 5
Division du matériel de la classe . 7
CHAPITRE PREMIER.
Observations générales :
Distinction entre le matériel de construction et le matériel de fabrication . 8
Importance de la précision dans l’exécution du matériel . to
Etude des machines . 12
Arbres principaux . 1 5
Surfaces de frottement . 21
De la masse dans les machines . 21
Outils . 22
Machine à extraire l’huile des copeaux . 26
Transmission de la force motrice aux machines-outils portatives . 27
CHAPITRE II.
TOURS.
Dispositions générales :
Banc . 3 0
Poupée . 3 1
Contre-poupée . 32
Chariotage et filetage :
Tours h cliarioter à la main . 32
Tours h cliarioter et à fileter automatiquement . 34
Tours à fileter divers . 38
Tours divers :
Tours en l’air, à banc séparé . 3q
Tours à poulies . 39
Tours h roues . 4o
Tours h reproduire . 4o
Accessoires de tours :
Plateaux et mandrins . 4 1
Lunettes . 42
Dispositions spéciales des chariots . 42
Supports d’outils . 43
Dispositions pour tourner sphérique . 44
Appareils de fraisage . 44
Grand tour universel de M. Steinlen . 45
280
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Outils de tour . 47
Machines à décolleter . 49
Machine à tronçonner les barres, exposée par M. Janssens . 54
Machines automatiques à faire les vis à métaux . 55
CHAPITRE III.
MACHINES À PERCER ET A ALESER.
Dispositions générales . . . 5 9
Machines à percer . 61
Machines radiales . 65
Outils de perçage . 66
Machine à centrer . 67
Machines à aléser. . . f . 67
Outils d’alésage . 72
CHAPITRE IV.
MACHINES A TARAUDER.
Considérations générales . 78
Machines à tarauder . 74
Outils de taraudage . 77
CHAPITRE V.
MACHINES À RABOTER.
Considérations générales . 79
Machines à raboter proprement dites . 79
Etaux-limeurs . 83
Machines mixtes :
Machine à raboter de M. Steinlen avec commande de la table par bielle . 86
Machine à raboter latérale, système Richards . 86
Etau-limeur à vis, système Richards . 87
Machines spéciales :
Machine de MM. Bouliey à chanfreiner les tôles . 87
Machines à tailler les roues d’angle . 88
Outils de rabotage . 92
Machine à rayer automatiquement les canons de fusils . 9 4
CHAPITRE VI.
MACHINES À MORTAISER.
Revue des machines exposées . . . 96
Machine de M. Fétu-Defize à faire les rainures de clavettes dans les poulies, volants, etc. 98
Machine h queue d’aigle de M. Demoor à faire les pans des têtes de boulons et des écrous. 99
Outils de mortaisage. . . 99
TABLE DES MATIÈRES.
*281
CHAPITRE VII.
MACHINES À FRAISER.
Considérations générales . 101
Caractères applicables à tous les modèles de machines à fraiser :
Arbres porte-fraise . io5
Montage de la fraise . . . 108
Clïariots . 108
Montages accessoires . 1 1 3
Machines horizontales . n5
Machines verticales . 118
Machines à orientation variable de l’arbre de la fraise . 121
Machines à reproduire . 1 2 5
Machines spéciales :
Machines à tailler les fraises . i3o
Machine à tailler les forets en hélice . 1 37
Machines à tailler les roues d’engrenages . . . . . * . . . 187
Machines à fraiser les têtes de boulons et les écrous . 1 4 1
Machine à fraiser les lames d’épées-baïonnettes . 1 43
Outils de fraisage . . 1 44
CHAPITRE VIII.
MACHINES À SCIER LES METAUX.
Des diverses catégories de machines à scier :
Scies circulaires . 1 5 o
Scies h ruban sans fin . 1 5o
Scies alternatives . 1 5 1
Outils à scier . . . . i5a
CHAPITRE IX.
MEULES ET MACHINES À MEULER.
Généralités sur les mordants naturels . 1 55
Des meules en général . . . . . . 1 56
Meules de grès . . ; . . . . . 1 58
Meules d’émeri. .** ......... . . . . . 159
Procédés de fabrication des meules d’émeri . 160
Formes diverses de meules . 1 63
Instructions pour l’emploi et l’entretien des meules . 166
Considérations générales sur les machines à meuler.. . . . . 167
Machines à meuler d’usage général . 169
Machines à dresser les surfaces planes . . . . 171
Machines à rectifier les surfaces cylindriques ou coniques. . . 174
Machines à affûter les outils simples . . . . . 177
Machines à affûter les forets héliçoïdaux et les forets à langue d’aspic . . . . 180
282 EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1880.
Machines à affûter les fraises . 189
Machines à affûter les scies . 1 97
CHAPITRE X.
PRESSES.
Classification des presses . 200
Presses d’usage général servant à découper, à poinçonner, à cisailler . . . 200
Outils . 2o5
Presses à découper et à emboutir . 206
Balanciers . 211
Machines à emmandriner et a démandriner . 21 3
Machines à dresser . 2 1 4
Découpoirs et presses hydrauliques . 216
Machines à river . . 217
Machines à faire par compression les écrous, les rivets et les vis . 221
CHAPITRE XI.
MARTEAUX-PILONS MECANIQUES ET A AI AIN.
Marteau-pilon à main de M. Ricbourg . 225
Marteaux-pilons à courroie de friction de M. Robelet . 225
Marteau-pilon à courroie et à ressort exposé par MM. Bouhey . 226
Marteau-pilon atmosphérique, système Chenot . 227
Marteaux-pilons à tige de friction . 227
CHAPITRE XII.
MACHINES À TRAVAILLER LES TOLES ET LES FERS EN BANDES.
Cisailles pour tôles : cisailles droites . . . 23i
Cisailles circulaires . 2 33
Machines à border, à moulurer et à agrafer . 2 36
Machines à plier . 237
Machines à rouler et à cintrer . 289
Machines à couder, à refouler et à souder . . 2 42
Machines à dresser . 244
Machines à laminer . 245
Machines diverses: machines h faire les ressorts à boudins de sommiers . 246
Machine à faire automatiquement la ronce artificielle . 247
CHAPITRE XIII.
MATÉRIEL D’AJUSTAGE, DE TRAÇAGE, DE MESURE, DE VERIFICATION ET D’ESSAI DES AIATIERES.
Matériel d’ajustage et de traçage : étaux d’ajusteurs . . . 248
Instruments de traçage . . 249
Moyens de mesure et de vérification h l’usage des ateliers de conslruction . 1 . . . . 249
Machines à essayer les métaux . 254
TABLE DES MATIÈRES.
283
CHAPITRE XIV.
MACHINES SERVANT À L’EXPLOITATION DE LA PIERRE ET DES MATERIAUX PIERREUX.
Machines à perforer . . . ü58
Machines à débiter les blocs : scies diamantées . . 260
Scies au sable . 261
Fil héliçoïdal . 262
Machines à travailler les plaques de marbre . 263
Machines à polir et à user la pierre ou le verre :
Polissage du marbre par la Société du fil héliçoïdal . 265
Machines de M. Rosso pour le polissage des verres d’optique . 265
Machine à graver le verre au jet de sable . 266
Machines à broyer et à malaxer :
Meules d’Epernon . 264
Broyeur à meules en fonte . 267
Broyeur Vapart . 267
Broyeur à boulets de M. Thivet-Hanctin . 268
Malaxeur à cages sphériques de M. Thivet-Hanctin . 269
Machine à étirer de MM. Joly et Foucart pour briques, tuiles, tuyaux, etc . 269
Liste des exposants hors concours et récompensés avec indication des objets exposés . 271
■
■
■
.
/
!
'
CLASSE 54
Matériel et procédés de la filature et de la corderie
RAPPORT DU JURY INTERNATIONAL
PAR
M. IMBS
PROFESSEUR AU CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS
Avec la collaboration de M. BESSONNEAU, pour la corderie
COMPOSITION DU JURY.
MM. Max-Richard, Président , manufacturier, vice- pre'si dent de la Chambre de
commerce d’Angers, membre du jury à l’Exposition de Paris en 1878. . France.
Bède (E.), Vice-Président, ingénieur, conseiller communal . Belgique.
Imbs, Rapporteur, ingénieur civil, professeur au Conservatoire national des
arts et métiers . France.
Bessonneau, Secrétaire, fabricant de cordages, médaille d’or à l’Exposition
de Paris en 1878 . France.
Paraf, suppléant, membre du jury des récompenses à l’Exposition d’Anvers
en 188 5 . Colonies.
Le Coustellier , suppléant, manufacturier, médaille d’or à l’Exposition de
Paris en 1878 . France.
. ;
-
■
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS
DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
Nous n’avons pas besoin d’insister ici, par de longues considérations et de minu¬
tieuses statistiques, sur l’importance de ce champ particulier de l’industrie moderne
que constitue la filature. Non seulement la filature et toutes les industries textiles qui
en dépendent forment, avec l’agriculture, le champ le plus considérable de l’activité
humaine, mais on peut dire que c’est la filature qui, en commençant à se développer,
a décidé la transformation du monde moderne.
Papin restait un précurseur sans force d’impulsion. L’œuvre ébauchée de Newcomen
restait sans développement. Celle de Yaucanson serait restée sans utilisation. A quoi
bon tisser mécaniquement le peu de filés dont on disposait! C’est le besoin de pro¬
duction du fil et du tissu, c’est l’appoint qu’était venu ajouter, à cette production,
l’utilisation encore rudimentaire de la fibre du coton dans le Lancashire, qui ont
produit, à partir du milieu du siècle dernier, les grands, les merveilleux efforts,
éternel honneur de l’Angleterre, source et fondement de tout le mouvement industriel
moderne.
Jusque-la, les antiques méthodes de production du fer, d’extraction du charbon et
les moteurs naturels suffisaient au besoin des petites industries de toutes sortes et
aux ressources de l’ingénieur. A partir de ce moment, l’équilibre était rompu, et les
besoins et les moyens croissant parallèlement, les découvertes et les progrès pratiques
et réels se sont succédés, avec une rapidité continue et solidaire, dans toutes les
branches d’activité industrielle.
Si l’on étudie la machine de filature en elle-même, on voit qu’elle a été le terrain
où se sont posés les problèmes les plus difficiles et les plus compliqués de la cinéma¬
tique et qu’elle a toujours constitué, en ce sens, la meilleure école ayant aidé au
progrès de toutes les autres industries devenues mécaniques. On la voit nécessitant
en outre, pour ses créations ou ses perfectionnements, toutes les facultés du véritable
ingénieur, tant par la délicatesse des observations expérimentales, par les difficultés
géométriques et par la précision des calculs, que par le sentiment intime qu’elle exige
des actions et des réactions réciproques exercées par les fonctions simultanées et par
les organes combinés, soit sur eux-mêmes, soit sur le produit si sensible et soumis a
de si extrêmes vitesses.
• 0
Groupe VI. — iv.
IMPRIMERIE NATION A
290
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
On ne peut donc s’étonner si, après plus d’un siècle d’efforts accumulés, et cpioiquc
aucune matière n’ait attiré le concours continu d’un aussi grand nombre d’esprits
ingénieux, la machine de filature est encore un champ de perfectionnement non
épuisé. Et cependant, la machine de filature et, avec elle, celle de tissage ont atteint
aujourd’hui- une perfection telle, que si leur production actuelle, en fil et en tissu,
devait être encore réalisée par les procédés de 1760, le labeur continu de la popula¬
tion entière du globe n’y pourrait suffire.
C’est avec regret, nous le disons hautement, que nous avons vu l’abstention com¬
plète des constructeurs anglais dans la classe 54. Car si les noms illustres de Ph. de
Girard et de Heilmann ont bien marqué la part prise par la France dans l’évolution
de la machine de filature, si le nom de Whitney y marque pour l’Amérique une part
d’une portée exceptionnelle, l’œuvre prépondérante, dans les créations et les transfor¬
mations qui s’v rapportent, est, on le sait, celle des inventeurs du Lancashire et,
en particulier, de ceux qui ont poursuivi sans relâche les progrès de la machine a
coton.
Cette absence de l’Angleterre, dans la classe 54, en 1889, menaçait d’ôler à cette
classe son principal attrait. On se souvient, en effet, que c’est par le concours de l’An¬
gleterre que l’Exposition universelle de 1878 avait pu présenter, sous un développe¬
ment brillant et considérable, le matériel et les procédés de la filature et de la cor-
derie, à côté des produits de cette dernière industrie, que l’on a pris l’habitude de
joindre au programme de la même classe, bien que ces produits fassent réellement
une partie naturelle du groupe IV dont on les sépare â tort. D’importantes maisons
anglaises, dont la réputation est des plus anciennes, avaient apporté et présenté â
cette époque, pour la filature du lin et surtout pour celle du coton, des assortiments
de machines dont la perfection et le fonctionnement irréprochables frappaient parti¬
culièrement l’attention des visiteurs, et dont le groupement semblait, autant par son
importance que par son éclat, défier toute rivalité possible dans l’avenir, pour des
expositions futures et pour cette même classe.
On peut donc se demander, à juste titre, comment, malgré l’absence complète des
constructeurs anglais, la classe 54, comme presque toutes les autres dans l’Exposition
universelle de 1889, a pu égaler pleinement et même dépasser de beaucoup, en
développement et en haut intérêt, les souvenirs laissés par l’Exposition de 1878.
Mais cette abstention des constructeurs anglais 11’a été préjudiciable , pour l’Exposi¬
tion de 1889, que pour une seule branche de la filature, pour celle du lin et de ses
succédanés. Pour cette branche, il n’existe en effet, actuellement, de constructeurs
sérieux et complets qu’en Angleterre. C’est là qu’ont été reprises en sous-œuvre les
inventions de Pli. de Girard, c’est là que ces inventions ont pris leur forme industrielle
et quelles se sont perfectionnées dans un vaste champ d’application. 11 est vrai que ce
matériel perfectionné se construisait aussi autrefois à Lille et en Alsace. Les doyens de
nos grands industriels de la filature du lin et du chanvre peuvent encore témoigner
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDER1E. 291
que les machines de ce genre, construites il y a une trentaine d’années à Guebwiilcr,
ne le cédaient en rien, quant à la bonne entente générale de la construction, quant
aux bonnes proportions et à la perfection de l’exécution des pièces, et quant à l’ingé¬
niosité des détails, aux métiers anglais construits à la même date. Il en a été de même
pour certaines machines de préparations construites à Lille à cette époque. Mais en lin
comme en coton, le filateur français n’a jamais apporté la persistance suffisante à
soutenir ses relations avec ses constructeurs naturels. En outre, le prestige des
constructeurs anglais subsistait par le seul fait de la priorité qu’ils avaient eue a un
moment donné.
Le préjugé en faveur de la construction anglaise, favorisé dans son influence par
les droits d’entrée trop faibles établis par les traités de 1860, ont accompli leur œuvre
néfaste. Les ateliers français de construction pour filatures de lin et de chanvre, qui
existaient il y a trente ans et qui eussent pu se développer pour le bien réel de nos
industries, ont du renoncer à continuer cette construction, qu’ils n’eussent pu pro¬
longer qu’à des prix ruineux, que leur imposaient ces préjugés de nos filateurs et ces
circonstances fatales de nos tarifs.
En coton, la machine, un peu plus ouvrageuse et moins onéreuse quant à la quan¬
tité proportionnelle de matière première à bas prix qu’elle exige, a rendu le coup
moins subit dans ses conséquences. Les petits constructeurs français pour coton ont
péri. Presque seuls, les grands constructeurs alsaciens ont pu résister; mais la guerre
franco-allemande est venue les séparer de nous et nous priver des plus solides élé¬
ments que nous possédions comme construction de filature en général. Sauf certaines
spécialités restreintes, la construction courante de filature a reçu un coup mortel en
France; elle n’y renaîtra sérieusement que si des circonstances exceptionnelles et des
tarifs défensifs efficaces le permettent ultérieurement.
En ce qui concerne la construction pour lin et chanvre, Lille et Guebn illcr étaient
les seuls points du continent où elle était pratiquée. C’est donc en Angleterre unique¬
ment qu’est concentré actuellement tout ce qui concerne l’exécution du matériel prin¬
cipal, aussi bien que du matériel secondaire de cette branche de la filature, et
l’abstention des constructeurs anglais a donc privé l’Exposition de i88q de tout ce
qui se réfère à ces grandes et fortes fibres.
Mais, pour les autres branches de la filature et pour toutes les autres fibres, fines
et délicates, comme par une préméditation ou par un mot d’ordre donné, les construc¬
teurs du continent, alsaciens, belges, suisses, français, ont remplacé grandement et
avantageusement leurs puissants concurrents absents. Des maisons qui, depuis long¬
temps, n’avaient pas paru aux expositions successives, se sont subitement réveillées,
désireuses de montrer leur importance et leur perfection, ou leur originalité et leurs
qualités spéciales. Des maisons nouvelles se sont jointes à celles-là.
Il en est résulté que, sauf ce matériel du lin et celui de la corderie, la classe 54 a
présenté un ensemble aussi complet qu’il était possible de le souhaiter et, en même
292
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
temps, une physionomie plus brillante et plus intéressante encore qu’en 1878. Car
toutes les parties des autres branches du matériel général de la filature se sont
trouvées représentées dans des proportions et dans des conditions d’éclatante per¬
fection qui n’ont jamais été atteintes dans aucune exposition antérieure, même spé¬
ciale.
On conservera certes longtemps encore le souvenir des expositions de MM. Platt
brothers, d’Oldham, et Dobson Barlow, de Bolton, de 1878. Mais, en 1889, celles
de l’excellente filature de coton de MM. Rieter, du puissant matériel des deux maisons
verviétoises, ne leur cèdent en rien. Et on ne reverra peut-être jamais, comme en
1889, ni un groupe de nouveautés aussi original que celui de M. Grün, ni le sédui¬
sant fonctionnement présenté par les Chantiers de la Buire, ni la merveilleuse et
grandiose exhibition de la Société alsacienne.
Et à côté de ceux que nous nommons ici, combien d’autres, grands ou petits, par
un ensemble ou par une machine spéciale, sont venus contribuer à faire ressortir le
caractère complet et harmonieux qu’a présenté la classe 54, en 1889, Pour f°ut ce
qui est fin, soigné et difficile.
Ainsi, en réalité, la classe 54 a été des [dus remarquables en 1889, malgré l’ab¬
sence absolue de l’Angleterre . . «
Les produits de la corderie, et notamment ceux de la corderie métallique, ont
figuré non seulement en pyramides plus majestueuses que l’on n’en vit jamais, mais
encore en produits intrinsèques d’une supériorité, d’une égalité et d’une puissance qui
marquent d’un jour très vif les progrès du matériel mécanique que leur production
utilise, et des industriels eux-mêmes qui les réalisent.
Le matériel général de la filature du coton a montré, sur une échelle considérable,
ses derniers modèles les plus perfectionnés, dans toutes les parties du travail de cette
industrie d’importance prépondérante. Le matériel de la filature de la laine peignée,
du système français, a figuré au complet, par des expositions diverses de grandes pro¬
portions et par des spécimens de haute valeur de nature à consolider encore la juste
réputation de supériorité qu’il s’est acquise. Le matériel général de filature de laine
cardée, grandement exposé par plusieurs maisons, s’est présenté de même dans des
conditions de puissance économique nouvelles. Enfin, celui de la filature de la soie
grège est venu compléter de la manière la plus heureuse l’ensemble des expositions de
procédés de filature, en montrant les charmantes ingéniosités mécaniques qui concou¬
rent au progrès actuel que subit cette industrie, demeurée trop longtemps et trop
exclusivement manuelle.
A côté des industries principales, les industries secondaires restent en valeur relative
parallèle. Pièces détachées, garnitures de cardes, machines accessoires se sont mon¬
trées avec le même développement en extension, en variétés et en améliorations résul¬
tant d’un progrès continu.
Ce progrès bien marqué est beaucoup plus considérable, en général, qu’il n’était
MATERIEL ET PROCEDES DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 293
possible de le prévoir. Toutes ces industries sont en effet, depuis bien des années, por¬
tées à un degré de perfection extrême et tel que, au premier abord, on ne saurait
entrevoir presque aucune direction dans laquelle de nouvelles améliorations pourraient
être introduites. Malgré tout, et la plupart du temps, sans aucune altération des prin¬
cipes généraux qui constituent les machines en usage, celles-ci ne restent pas immua¬
bles, tant s’en faut. Ce sont tantôt des modifications de détails qui rendent la machine
plus exacte, tantôt des simplifications qui la rendent plus pratique et plus économique,
ou bien des changements de proportions ou d’exécution, qui, par une faculté de vi¬
tesse supérieure ou par une diminution des temps perdus, la rendent plus productive.
Toutes ces conditions concourent naturellement vers un but principal, qui est la réduc¬
tion de plus en plus grande de la main-d’œuvre et des frais nécessités par le service du
matériel. Parfois aussi, une machine nouvelle ou partiellement nouvelle vient combler
quelque lacune, en répondant à un but spécial négligé jusqu’ici.
De ces transformations continues découle un résultat qui dépasse de loin celui que
pourrait concevoir un observateur superficiel, et tandis que, au premier aspect, le ma¬
tériel en général semble rester à peu de chose près le même, il se modifie en réalité
avec une rapidité telle, que, dans le court espace d’une dizaine d’années, la machine
ancienne se trouve complètement distancée par la machine nouvelle, au point de vue
de l’économie d’exploitation.
Ce résultat mérite la considération la plus attentive, de la part de l’industriel et de
l’homme d’Etat, en tous pays. Pour le premier, ce n’est pas seulement son intérêt per¬
sonnel d’économie et de bénéfice qui est mis enjeu par ce progrès continu, c’est son
existence même qui est mise en question à brève échéance par l’extrême concurrence
actuelle, s’il ne suit pas le courant. Pour le second, ce progrès si rapide a pour consé¬
quence impérieuse la nécessité de veiller sans arrêt à tout ce qui peut assurer, sans
aucune perturbation, une solide assise économique à l’industrie de son pays; car par¬
tout où, ne fut-ce que pendant quelques années, une industrie de cette nature ne
pourrait réussir à amortir rapidement et régulièrement ses importantes immobilisations
en matériel, cette industrie serait, par cela même, hors d’état de lutte et vouée à l’in¬
fériorité et à une ruine certaine, si des conditions défavorables se prolongeaient.
Il sera facile de se rendre compte des progrès mis en évidence à ce sujet par l’Ex¬
position de 1889, quand nous aurons décrit les principales expositions partielles qui
composaient la classe 5 U ; nous résumerons alors et préciserons nous-même les
points principaux qui caractérisent ces progrès.
Pour la description que nous avons à faire, nous croyons devoir n’établir qu’un
petit nombre de subdivisions ou chapitres très larges, et non suivre isolément ce qui
se réfère à chaque industrie spéciale. Cette méthode s’impose a nous par la nature
même d’un grand nombre d’expositions individuelles faisant partie de la classe 5 A et
se rattachant souvent à plusieurs branches simultanément, de telle sorte que, sans
cette méthode, le caractère particulier de ces expositions ne pourrait, en aucune ma-
294
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
nière, apparaître sous son vrai jour, leur description se trouvant fractionnée dans des
chapitres nombreux, distincts et parfois fort distants les uns des autres.
Nous suivrons, en conséquence, la division suivante :
Matériel principal de la filature;
Matériel accessoire de la filature;
Matériel secondaire de la filature;
Produits de la corderie.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 295
CHAPITRE PREMIER.
MATÉRIEL PRINCIPAL DE LA FILATURE.
Société alsacienne de constructions méca¬
niques.
Société de Bitschwiller.
P.-T. Grün.
E. Meunier.
G. Riche.
P. Heilmànn fils.
Parfait-Durois.
Mérelle.
J. Rieter et C‘\
G. Rissler.
Aug. Vimont.
Célestin Martin.
Société Verviétoise.
Alexandre père et fils.
Compagnie de Fives-Lille.
J. Barbier.
Delantsheer.
La Ramie française.
Chantiers de la Buire.
Battaglia.
Grant.
Nous rassemblons, sous le titre «Matériel principal de la filature», toutes les expo¬
sitions qui concernent l’outillage visant les opérations habituelles des différentes bran¬
ches de la production du (il simple.
Nous rapprocherons d’ailleurs, autant que possible, les unes des autres dans notre
description, les expositions ayant une analogie ou une connexité relative, par leur na¬
ture ou par la destination de leurs appareils.
Société alsacienne de constructions mécaniques (Mulhouse, Belfort,
Graffenstaden).
Cette puissante et ancienne maison a tenu à jeter la pleine lumière sur ses moyens, sur ses produits
et sur leurs mérites. Son exposition, comme brillant développement et comme perfection d’exécution,
a été la plus remarcpiable qu’il y ait jamais eu en machines courantes de filature, et nous ne serons
pas taxé d’exagération en disant que les spécimens d’usines modèles que cette maison a développés
sur un espace de 900 mètres carrés, avec sa propre machine à vapeur au centre, ont eu un caractère
absolument grandiose, unique et en rapport avec le magnifique cadre qui les contenait.
En fait, la Société alsacienne a présenté, dans la classe 54, deux assortiments de machines abso¬
lument complets, l’un pour la filature du coton en peigné ou en cardé, l’autre pour les préparations
et la filature de la laine peignée, d’après le système généralement connu sous le nom de système fran¬
çais, et qui s’est acquis une si grande réputation de supériorité pour les laines fines, et ces deux as¬
sortiments se présentaient avec les derniers progrès réalisés et dans des conditions d’insurpassable
perfection d’exécution.
L’assortiment pour coton comprenait les machines suivantes :
Un batteur simple extrêmement soigné, dans lequel il convient de remarquer une disposition spé-
296
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
cia’e pour régler la vitesse d’entrée de l’air dans la grille, tout en fournissant toujours la quantité
d’air voulue pour l’entraînement régulier; le régulateur d’alimentation, h cônes de grandes mesures
et commandé directement par l’enroulage, est aussi une amélioration des dispositions habituelles.
Une carde à hérissons, à 1 chapeau tournant et 7 travailleurs, avec 1 volant débourreur placé sous
le briseur et fort bien entendu aussi bien que conditionné.
Une carde à chapeaux en chaîne sans fin, d’après les types les plus parfaits, actuellement et si juste¬
ment préférés pour leur grande puissance, leur bon produit et leur extrême économie de service,
d’entretien et de réglage. Dans cette belle machine, la Société alsacienne a adopté, pour le réglage
concentrique des chapeaux autour du tambour, un système de doubles cintres superposés, formant
coins l’un sur l’autre, et dont le glissement circulaire, réservé au cintre inférieur, offre un moyen
aussi simple que précis de dilatation ou de contraction concentrique d’une quantité voulue, même infi¬
nitésimale. Dans ce système de cardes , les chapeaux en travail se déplacent d’un mouvement insen¬
sible, et qui est habituellement donné dans le sens correspondant à celui du tambour et du coton
lui-même. La Société alsacienne a pensé plus rationnel d’adopter un sens opposé, afin d’amener con¬
stamment des chapeaux frais et nets au point où le travail se termine et afin d’extraire les boutons
volumineux avant qu’ils aient été réduits en menus fragments. Il est vrai que, d’une autre part,
quelques flocons livrés par l’alimentation et qui viennent s’accrocher aux premiers chapeaux, sont
aussi forcément ramenés au dehors, avant d’avoir pu être complètement divisés, et si on épure mieux ,
si l’on rejette ainsi de suite certains gros boutons, par contre, il doit en résulter forcément une cer¬
taine augmentation de déchet. Il est évident toutefois que la belle carde de la Société alsacienne peut
être exécutée, au gré des acheteurs, pour l’un ou l’autre des sens de marche de la chaîne des cha¬
peaux, selon que l’on préférera soit plus de pureté, soit moins de déchet.
Une peigneuse du système Hübner, dont le mérite n’a plus besoin d’être mis en évidence depuis que
de longues années de succès l’ont consacrée. Cette machine est d’ailleurs une ancienne et heureuse
création de la Société alsacienne. Beaucoup plus simple que la peigneuse Heilmann colon, elle se pré¬
sentait en outre dans celte exposition avec des perfectionnements récents. L’organe refouleur de
M. Baudoin, qui y est appliqué, sans compliquer la machine, améliore considérablement la mèche
peignée. Un peu trop d’entretien, nécessité par le remplacement et l’usure des manchons, est la seule
légère critique qu’on puisse se permettre à son sujet; mais la peigneuse Heilmann a de bien plus
graves et de plus délicates causes d’entretien que ce détail de la peigneuse Heibner. Toutefois, et bien
que ce point de vue paraisse présenter actuellement moins d’intérêt que par le passé, il est évident
que l’organe arracheur et celui de retenue, dans cette machine, ne permettent pas bien le travail des
courtes soies, pas mieux que pour la peigneuse Heilmann. Ces observations n’ont d’ailleurs aucune¬
ment pour but d’abaisser, en quoi que ce soit, la grande valeur de cette belle machine, dans son véri¬
table champ d’application.
Des bancs d’étirage, à h et 5 rangs de cylindres, admirablement soignés dans tous leurs détails,
munis de tous les appareils de sûreté et d’arrêt, dans lesquels nous remarquerons l’heureuse disposi¬
tion par laquelle le mouvement des pots, placé dans le sol, abaisse notablement la hauteur de la ma¬
chine généralement gênante.
De magnifiques bancs à broches en gros, intermédiaire et finisseur, à bobines atteignant les plus
grandes dimensions réalisées, h longs cônes commandé? par de larges courroies, dont la marche par¬
faite est rendue aussi peu bruyante que possible par le soin extrême d’exécution des roues d’engre¬
nages.
Un métier continu h anneau à filer sur tubes en papier côniques, à broches libres, du genre le plus
moderne, susceptibles de marcher à 9,000 ou 10,000 tours par minute, à double tambour moteur
et mouvement des chariots sur traverses, h commande du second tambour par courroie ou par corde et
à cylindres inclinés.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 297
Un métier à retordre du même type, avec freins d’arrêt à chaque broche, muni d’un système de
brise-mariage, précieux pour tous genres de retors à 2 bouts.
L’assortiment pour la laine peignée comprenait , de son côté, les machines suivantes :
Une machine à laver les laines brutes, à bacs à injecteurs, h chaînes en barres métalliques articu¬
lant sans rivures ni mailles, h puissantes presses et à mouvement de râteaux ou de fourches habituel,
dont les belles proportions sont à remarquer.
Une grande et puissante carde double avec avant-train, de 1 m. 5 5o d’arasement., la partie d’arrière
montée mobile sur galets sur rails. La sortie de cette machine présente, avant l’appareil bobineur ha¬
bituel, un nouvel appareil briseur de chardons du sys'.ème Offermann. Cet appareil consiste en 2 forts
cylindres à cannelure très vive et ayant toute la largeur du voile. Entre les deux cylindres, une
traverse à arêtes vives, placée en dessous, se règle presque au contact des cylindres qui, étirant le
voile cardé sur les angles de cette traverse, mâchurent les brins chardonneux sans toucher aux
fibres. Le peigne détacheur de cette large carde est monté sous une traverse formant supports inter¬
médiaires et permettant d ' donner au peigne toute la vitesse nécessaire , sans aucun fouettement
Une grande carde simple, de même arasement que la précédente, avec briseurs en lame de scie,
sortie en bobine et peigne détacheur identiques. Avant la sortie, cette machine comprend l’orgam;
briseur de chardons employé depuis quelques années et connu sous les noms de MM. Harmel et
Offermann , qui est composé d’un cylindre supérieur à lamelles d’acier tournant presque au contact
d’un cylindre inférieur en acier lisse. C’est en agissant sur le ruban aplati fourni par le voile cardé,
que cet organe casse le chardon sans nuire aux fibres et rend tant de services depuis son introduction.
Une grande et belle lisseuse à 2 bacs étagés, à 2 presses et à 8 cylindres sécheurs, munie à sa sortie
de 2 larges têtes étireuses à manchons supérieurs, desservies par 4 frottoirs et fournissant à 4 appa¬
reils bobineurs.
Un étirage avant peignage, à 4 têtes, à manchons en dessus (disposition Bazilier) et à 4 bobines
sans frottoirs.
Un étirage h hérissons, pour laines longues, à 2 volumineux pots tournants, bien proportionnés
au produit voulu de la machine.
Une peigneuse nouvelle, système Ziegler et Offermvm, fort remarquable par ses dispositions et sa
belle exécution. Dans cette machine, l’appareil arracheur reste fixe, solidement établi sur les bâtis,
et son développement d’arrachage est complété par le jeu vertical opposé de deux lames qui achèvent
d’extraire la queue de mèche en la rabattant. L’appareil alimentaire est seul en balancement, s’écar¬
tant et s’abaissant pour opérer le peignage, et se portant en avant, en continuant avec le peigne fixe
son rapprochement pendant l’arrachage, afin d’échelonner les tôles de fibres dans le ruban peigné. Le
tambour peigneurest fait d’une manière toute spéciale et porte, au lieu de barrettes parallèles à l’axe
et formant génératrices, des lamelles méplates et arquées, placées côte h côte transversalement et
formant des lignes circulaires parallèles, fournies d’aiguilles s°rrées et graduées, avec ruelles étroites
séparant ces lignes. D’autre part, le tambour, tout en faisant sa révolution, se transporte latérale¬
ment et alternativement , de la quantité nécessaire pour faire agir ces lignes d’aiguilles en tous les
points de la tête à peigner. Une brosse méplate transversale force la pénétration parfaite de celte tête,
qui se trouve ainsi travaillée très à fond , quoique avec une grande douceur. Les mouvements du
double balancement de l’appareil alimentaire sont très heureusement et harmonieusement réalisés, sans
aucun excentrique, et uniquement par des manivelles et bielles combinant leurs points morts. Le
trava’l effectué par celte belle machine est des plus remarquables, et si le tambour peigneur n’est
pas d’un p ix excessif, comme exécution et comme entretien, elle peut assurément compter parmi
les meilleures peigneuses existantes pour laines fines, et fondées sur les principes de Heilmann, aux¬
quels on est toujours obligé de revenir pour un travail soigné de ces matières.
208
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
Un étirage vide-pots à 2 têtes, avec manchons en dessus, à 2 frottoirs à grande course et à 2 bobines,
avec rouleaux dérouleurs à l’arrière mus par engrenages.
Un étirage de deuxième passage en gill-box-double, à manchons Bazilier et à 2 bobines.
Un étirage de troisième passage à 4 frottoirs et 4 bobines, avec gros rouleaux de pression sur double
rang de cannelés. Dans cette machine comme dans toutes les suivantes, l’axe des hérissons est muni
d’un frein en deux pièces, à charge variable et à frottement gras, qui assure à la perfection la régula¬
rité de rotation de cet axe.
Un bobinoir intermédiaire, faisant des bobines croisées à double mèche , avec casse-fils et débrayage
électrique par un barbin indépendant pour chaque fil entrant, disposition éminemment précieuse, en
raison des doublages par 4 mèches indépendantes, qu’il est nécessaire de pratiquer dans les prépara¬
tions de ce genre de matières.
Un bobinoir finisseur faisant des bobines coniques en double rangée, avec casse-fils à débrayage
électrique, comme au précédent, dont la disposition du double rang de bobines sur 3 rouleaux d’ap¬
pel est des plus heureuses et d’un service commode, et dont le mouvement de raccourcissement des
couches est d’une combinaison aussi simple qu'ingénieuse.
Un métier renvideur qui servait à la fois de spécimen pour laine et pour coton, bien que fait pour
laine, et qui témoignait d’une admirable perfection dans tous ses détails. Gomme tous les bons mo¬
dèles actuels, ce métier a la commande indépendante pour le dépointage et la rentrée, avec anticipa¬
tion des déplacements de la courroie principale. Il est à baguettes articulées , à régulateur de secteur
du système Ruher agissant pendant la sortie du char d’une manière très heureuse , à secteur réglant
automatiquement la traction de sa chaîne pour le serrage des pointes. Il faut y remarquer, pour la
laine, le brise-mariage spécial qui y est appliqué et qui est d’un mouvement d’extrême douceur et en
même temps d’une disposition si peu encombrante comparativement a d’aulres en usage. 11 faut y
noter encore, comme très important pour le coton, pour lequel on use actuellement de vitesses attei¬
gnant 1 0,000 tours de broche par minute, le système de rigoles et de mèches, pratiqué dans les plates-
bandes de collets et de crapaudines, et qui réalise un graissage presque continu évitant l’échauffe ment.
Nous ne pouvons énumérer bien d’autres détails de ce bon métier.
Enfin, un métier continu à anneaux., a filer sur broches inclinées dans un plan tangent à la cir¬
conférence du cylindre pour obtenir la torsion jusque dans l’angle de débit du fil, sans recourir aux
inconvénients d’un plan de laminage presque vertical. Cette condition , nécessaire pour pouvoir pro¬
duire au continu des fils floches , n’empêche pas la machine de fournir a volonté des fils tors , et c’est
très utilement, dans ce cas, quelle a été pourvue d’un débrayage indépendant des cylindres qui, aux
arrêts et aux remises en route, les fait s’arrêter un peu avant et reprendre un peu après les broches,
évitant ainsi toute formation de vrilles.
Cette longue énumération du matériel exposé par la Société alsacienne, dans la classe 54, suffit à
montrer que son développement présentait un ensemble grandiose et unique dans les annales des
Expositions. Mais nous ajoutons, en désirant le répéter, que tout ce matériel était en outre d’une ad¬
mirable perfection d’exécution, qu’aucun constructeur similaire du monde n’a encore monlrée aussi
complète et aussi attentivement réfléchie.
Il est un autre point de vue au sujet duquel on ne saurait trop prodiguer d’éloges a la Société alsa¬
cienne, et pour lequel il faut la citer à tout constructeur comme modèle à imiter. Nous voulons parler
ici du soin quelle prend d’éviter toute cause d’accidents pour le personnel ouvrier pouvant avoir à
desservir ses machines. Tout constructeur un peu soigneux est certes, aujourd’hui, habitué à munir
ses machines , aux points les plus découverts , de couvre-engrenages ou d’organes protecteurs autour
des organes actifs dangereux.
On ne sait que trop que cette précaution ne suffit pas toujours et n’a pas mis fin aux pénibles
éventualités d’accident. Aussi la Société alsacienne va-t-elle beaucoup plus loin. Elle sait prévoir l’im-
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 299
prévu qui, le plus souvent, occasionne les cas les plus graves. Nous citerons en ce sens, dans ses ma¬
chines, deux exemples pris au hasard.
Dans un banc à broches, la partie du mouvement qui comprend les roues différentielles et d'autres
organes rapides, est trop souvent laissée à découvert par bien des constructeurs, parce que, étant h
l'arrière et en dessous , on la croit à l’abri , et de fréquents accidents en sont la conséquence. Les con¬
structeurs les plus soigneux se contentent d’envelopper ces mouvements par une fermeture mobile,
et l’ouvrier venant visiter ou entretenir ces organes, même s’il le fait toujours dans un moment d’arrêt
de la machine, se trouve encore exposé à ce que l’inadvertance d’un ouvrier voisin, poussant à ce
moment la détente, le mette en péril h son insu. La Société alsacienne munit cette fermeture de portes
et relie ensemble ces portes et la détente de la machine,, de telle sorte que ces portes ne peuvent pas
s’ouvrir tant que la détente n’est pas au cran d’arrêt, et que la détente ne peut pas quitter son cran
d’arrêt sans que ces portes soient fermées. De même, dans les batteurs de la Société alsacienne, le
couvercle d’une batte ne peut pas être soulevé tant que la batte marche, et réciproquement, la batte
ne peut pas être remise en marche tant que le couvercle n’est pas rabattu.
Société de Bitschwiller (Alsace).
La Société des ateliers de Bitschwiller (autrefois usines Stehelin et Cie) a présenté une fort belle
exposition de machines courantes de préparation et de filature de coton et de laine peignée, qui ne
dément pas son ancienne réputation et sa situation au nombre des grands établissements d’Alsace.
Cette exposition comprenait :
Un gill-box double, dans lequel nous remarquons la bonne disposition d'indépendance des têtes,
qui permet d’utiliser le mouvement général formant têtière, pour autant de têtes qu’on le désire.
Un étirage double pour laine, à frottoirs solidement établis et dans lequel nous remarquons les
emboîtements coniques très heureusement imaginés, pour compenser l’usure dans les attaches des frot¬
toirs et éviter les chocs trop fréquemment habituels dans ces organes.
Un étirage double sans frottoirs, où l’on a fort utilement adopté la belle méthode de renversement
des rubans sur eux-mêmes, en vue de leur jonction, telle qu’elle est en usage dans les machines
à lin.
Un étirage finisseur à frottoirs, toujours à emmanchements coniques, comme tous ceux qu’exécute
cette bonne maison, qui a contribué en bien des points aux progrès successifs qui ont fait atteindre
au matériel de préparation de laine peignée du système français sa grande réputation.
Un bobinoir intermédiaire, à bobines croisées, qui peut être établi à volonté pour simple ou double
mèche et qui nous amène à remarquer le frein en deux pièces à charge variable, que celte maison
a été la première à appliquer, dans toutes ses machines, aux axes des hérissons, pour éviter toute
vibration de leur part pouvant provoquer des inégalités dans la mèche.
Un bobinoir finisseur faisant les bobines cylindro-coniques, tel qu’on le désire fréquemment pour
les laines moyennes, quand la finesse de la préparation n’amène pas à préférer la bobine croisée à
double mèche, plus douce au dévidage derrière le métier à filer.
Un banc à broches pour les laines longues et lisses, que l’on préfère tordre légèrement d’après le
système du lin, parce que, par leur nature, elles ne prendraient pas une cohésion suffisante par le
frottage. Un des écueils de cette machine, dans cette application, est l’allongement que la mèche d’une
le'le matière est susceptible de subir dans son parcours du cylindre à l’ailette. La sensibilité de la
mèche à ce sujet est telle, que, si l’on exécute la machine à deux rangs de broches, l’un étant alors
plus distant du cylindre que l’autre, il est impossible d’obtenir le même numéro sur les deux rangs.
V
300
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
D’autre part, cet allongement est toujours un danger d’irrégularités pouvant se produire. Ces con¬
structeurs ont fort habilement paré au danger de l’allongement en employant des broches brisées qui
permettent de rapprocher considérablement le sommet de la broche du cylindre étireur.
Un métier ren videur, que la disposition de la transmission de leur emplacement n’avait pas per¬
mis à ces constructeurs d’établir h commande indépendante pour le dépointage et la rentrée. Ce
métier est à broches à engrenages du système Peters, spécial à cette maison et qui, par l’emploi
d’un vigoureux ressort de frein, assure aux broches une exactitude de rotation précieuse, surtout
en laine, en même temps qu’un débrayage facile et une grande légèreté de marche. Le chariot est à
section décroissante vers les extrémités, soit de forme parabolique et tel que cette maison a ingénieu¬
sement imaginé de le faire, depuis quelle emploie ce genre de broches. La commande des broches
permet ici d’adopter cette forme très légère du chariot, puisque cette commande ne nécessite qu’un
arbre longitudinal placé tout près des broches. Ce métier comprend encore un fort bon régulateur de
secteur du système Gullv.
Un continu à filer à anneaux, dans lequel il faut signaler les cylindres étireurs dans un plan presque
vertical et à l’aplomb des broches, pour amener la torsion sur le fil en ligne droite jusque dans l’angle
des cylindres. Les inconvénients habituels de cette position du plan de laminage sont d’empêcher les
rouleaux de pression libres, employés sur les rangs de cylindres intermédiaires, de remplir leur office
convenablement, leur poids se reportant sur les coulisseaux, au lieu d’agir sur le fil. La Société de
Biîschwiller évite cet inconvénient en appliquant à ces petits rouleaux dépréssion une cannelure égale
a celle du cylindre inférieur, ce qui les rend bien plus actifs comme organes de retenue. La pression
des cylindres d’avant et d’arrière est aussi munie de ressorts. Le guide-fil est très abaissé et évite par¬
faitement les mariages.
Un continu à anneaux pour retordage, qui est muni de broches Peters mues par engrenages et
dont l’exactitude de torsion a une utilité très réelle pour des retors soignés. Le continu précédent
étant à broches genre Rabeth, mues par cordes et tambours, ces deux machines servaient ensemble
de spécimens pour les deux systèmes de broches et de commande que cette maison fait à volonté,
soit pour filage, soit pour retordage.
Un détail d’exécution fort ingénieux et susceptible d’amener une économie assez sensible dans les
machines de filature, s’il est utilisé avec soin, est celui que cetle maison a imaginé pour l’exécution
des cylindres cannelés qui, jusqu’à présent, étaient des pièces fort ouvrageuses, exécutées minutieu¬
sement par des machines à raboter spéciales, puis polies et finies, comme il convient pour toute
pièce métallique qui a été entamée par un outil et qui doit toucher des fibres textiles. La Société de
Bitschwiller a imaginé d’obtenir des barres toutes cannelées et d’un finissage relativement bien plus
aisé. Elle obtient ces barres par le procédé de l’étirage en filières, et les spécimens qu’elle produit
ainsi exécutés sont, il faut le reconnaître , remarquablement bien réussis, de prix très bas et n’exigeant
plus que l’exécution des décolletages et des emmanchements qui peuvent devenir eux-mêmes beaucoup
moins nombreux.
La Société de Bitschwiller avait entendu exposer des produits tels qu’ils sortent journellement de
ses ateliers et sans aucun apprêt additionnel. Malgré cela , tout l’ensemble de son matériel a présenté
le caractère d’une exécution solide et soignée et fait honneur à la réputation de cette habile maison
qui, d’ailleurs, ne fait pas uniquement les machines de filature, mais dont l’important établissement
fait en outre les moteurs hydrauliques et à vapeur, les générateurs, transmissions, matériel de che¬
min de fer et, en général, toute la grande construction se rapportant à des usines complètes de dif¬
férents genres.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 301
M. F.-J. Grün, à Lure (Haute-Saône).
La maison F.-J. Griin possédait depuis longtemps, à Guebwiller, un important établissement où
elle s’était acquis une renommée excellente qui la mettait au nombre des bons constructeurs d’Alsace,
notamment pour le matériel de préparation et de filature de laine peignée.' En 1871, après la guerre
franco-allemande, elle n’a pas hésité à venir fonder un second établissement complet à Lure. C’est de
cet établissement qu’elle a envoyé un certain nombre de produits à l’Exposition de 1889.
Son exposition, quoique d’une mesure modérée, avait, il faut le reconnaître, un caractère absolu¬
ment exceptionnel. Ici, les quelques machines de nature ou de type ordinaire que Ton rencontrait, 11e
figuraient en quelque sorte que pour remplir des espaces vides. L’exposant n’avait évidemment pas
eu pour but de montrer les produits ou machines vulgaires qu’il exécute journellement, comme tous
ses collègues. Il avait tenu à montrer ce qu’à coup sûr aucun autre n’eût pu produire, c’est-à-dire
une série extrêmement remarquable de créations originales, toutes de date récente, toutes d’une
valeur réelle, lesquelles ont reçu son concours comme élude, comme exécution, comme propagation ,
et dont quelques-unes sont son œuvre entière.
Cette exposition comprenait, pour la classe 54 :
U11 métier renvideur à filer la laine cardée , dont l’irréprochable exécution montrait bien ce que
peut ce constructeur dans les machines courantes de sa production;
U11 continu diviseur, pour cordes fileuses de laine cardée ou de coton, du système dit à lames voya¬
geuses, et cpii était présenté comme second spécimen du matériel courant de laine cardée, dont cette
maison fait sur une forte échelle toutes les machines, à côté de celles de la laine peignée;
Un continu à anneaux, monté pour retordage, mais présenté comme spécimen général, soit pour
retordre, soit pour filer, et dont la belle exécution mettait bien en évidence la remarqaable têtière du
système Grün, qui comprend toutes les commandes de la machine. Ce continu est à broches à grande
vitesse et à deux tambours, comme toutes les bonnes machines de ce genre actuellement. La broche
a un frein en pédale des plus commodes. Mais il faut louer particulièrement l’élégante simplicité qui
a fait grouper si bien le mouvement des chariots avec tous les accessoires les plus pratiques et les
plus exacts pour la manœuvre de levée, et la commande générale des tambours par un arbre moteur
indépendant , actionnant les deux tambours par un volant à gorges et une corde de grand développe¬
ment, d’une disposition très heureusement imaginée. C’est la meilleure têtière de continu que nous
connaissions ;
Une carde à hérissons , présentée comme spécimen de carde briseuse ou repasseuse , soit pour
laine cardée, soit pour cotons (ou pour autres fibres à filer directement), et très intéressante dans le
cas de mélanges de couleurs ou de qualités de matières. Cette carde, outre plusieurs particularités
utiles, comprend en effet un remarquable appareil de sortie du système Blamire, comblant une lacune
réelle qui subsistait jusqu’à ce jour dans le matériel de la filature directe en cardé. On sait combien
est important (dans la filature pour draperie, par exemple) le traitement de couleurs mélangées ou
de matières mélangées. Ce mélange doit, dans ce travail, être réalisé, par le cardage seul, d’une
manière absolument intime et régulière, soit pour la bonne qualité du fil, soit pour éviter le défaut
grave des barres teintées différemment dans les tissus. On n’avait pu jusqu’ici réussir ce mélange
intime et régulier que par une opération manuelle consistant à retourner d’équerre sur elle-même,
en la plaçant derrière la carde de second passage, la nappe formée au premier, de manière à obtenir
à ce second passage, pour la seconde nappe, des couches superposées dans un sens croisé par rapport
au sens des couches de la première nappe. Outre la main-d’œuvre nécessitée par cette opération , la
dislocation ou distension des nappes et les fréquentes jonctions qui en résultent sont une cause sé¬
rieuse d’irrégularités. L’appareil de sortie présenté par Al. Grün, à la carde qu’il expose, effectue
302
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
automatiquement , de la manière la plus heureuse , un pliage méthodique et continu du voile carde'
et à la largeur exacte désirée pour ia carde suivante. Ce pliage a lieu sur une chaîne sans fin hori¬
zontale, se déplaçant transversalement avec une vitesse réglée selon l’épaisseur voulue et amenant la
nappe croisée et continue à un appareil enrouleur qui en forme une volumineuse bobine analogue
aux rouleaux produits sur des batteurs à coton. Toute main-d’œuvre et toute cause d’irrégularités
sont supprimées, ce qui est déjà fort important. Mais, en outre, la croisure étant effectuée, non plus
absolument d’équerre, mais avec une obliquité continue qui répartit d’elle-même les veines de ma¬
tière ou de couleur variée sur un large espace, il est permis de préjuger que la carde intermédiaire,
qui jusqu’ici était indispensable entre la carde briseuse et la carde fileuse, deviendra inutile dans la
plupart des cas, surtout si l’on a le soin de faire les nappes minces et de les doubler derrière la carde
fileuse;
Un continu diviseur, à lames fixes, d’un système particulier à M. Grün, et qui est en concordance
avec la carde ci-dessus décrite, pour en former l’appareil de sortie, quand elle est exécutée en carde
fileuse. Ce système est appelé à lames fixes et tambours voyageurs. Les lames croisées y sont en effet
fixes, parce que, au lieu d’être en relation, comme d’habitude, avec des manchons dont le cuir est
lâche et inégal, elles opèrent contre deux tambours ou rouleaux garnis de cuir tendu et égalisé sur le
tour, qui les dépouillent beaucoup mieux. Il n’est plus nécessaire de faire avancer et reculer les lames ,
pour éviter leur encrassement; il suffit de donner un léger mouvement de lent va-et-vient au tam¬
bour, dans le sens de leur axe. 11 en résulte en outre une notable simplification dans l’appareil;
Une express-carde Rissler, que la maison Grün construit presque seule bien , dont elle a considéra¬
blement développé la propagation et qui, comme batteur finisseur, fournit pour les cotons des Indes
une si bonne préparation et rend de si bons services , quand l’exécution de la machine est ainsi soi¬
gnée;
Un continu fîleur du système Max Chapon, pour filer, en fibres les plus courtes, les grosses trames
presque sans torsion , telles que la fabrication des couvertures de coton ou de laine les emploie si
avantageusement, et pour laquelle cette machine a été un sérieux progrès. Cet ingénieux continu,
nécessitant d’ailleurs une parfaite exécution, emploie une broche à godet, dont les deux éléments
effectuent l’envidage par leur différence de vitesse de rotation. L’organe alimentaire se balance verti¬
calement et alternativement, pour suivre l’absorption inégale du fil de la pointe à la base du cône
et pour rendre la torsion parfaitement égale, et, en même temps, rendre les bobines parfaitement
solides malgré la fragilité du fil; l’envidage est fait sous une forte pente de croisure et par aiguilles
très courtes. 11 en résulte de volumineuses canettes , qui se dévident par leur fond et par l’intérieur à
la perfection, et une qualité de fil particulièrement bien appropriée au but désiré. M. Grün a été le
premier à entreprendre et à propager cette machine qui a été depuis quelque lemps et à la suite
adoptée en Angleterre.
Une nouvelle peigneuse à coton, système Jos. Imbs, pour le travail de toutes soies, courtes ou
longues, qui résume, dans une solution simple et unanimement jugée comme très heureuse, toutes
les difficultés d’un peignage parfait appliqué aux fibres courtes et fines. Nous ne pouvons faire ici une
description et parler de cette machine autrement que pour dire que, malgré son extrême simplicité,
son exécution exige un constructeur de premier ordre , et que le spécimen qui a été sous les yeux du
public peut, sous ce rapport, être jugé comme irréprochable ;
Une machine d’étude, du système Jos. Imbs, destinée aux préparations intermédiaires, machine
dont la maison Grün entreprend la construction et la propagation, et qui consiste dans une série de
dispositions calculées pour permettre, sans aucun des inconvénients antérieurement objectés, l’appli¬
cation, au coton, des principes de consolidation par frottage qui ont procuré en laine des avantages
si importants à l’industrie française. Dans cette machine, le mécanisme frotteur rationnellement étudié
en vue d’une extrême légèreté et d’une grande vitesse de marche pour une grande douceur d’action.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDER1E. 303
les organes étireurs établis pour une indépendance complète des fils voisins et le pot récepteur et tas-
seur, combiné pour n’exercer aucune tension sur le produit délicat et le recueillir en puissantes
bobines bien dévidables , ont généralement frappé l’attention par les importantes conséquences d’éco¬
nomie que l’on peut espérer d’une machine d’affinage ainsi combinée;
Enfin, une peigneuse pour laines mérinos, nouvellement perfectionnée, du système Grün et Offer-
mana, et du genre dérivé de Heilmann, genre de machines dans lequel la maison Grün excelle
depuis bien des années. Le succès exceptionnel de cette remarquable machine, dont la vente pendant
les quelques mois d’Exposition s’est comptée par centaines, est justifié par sa puissance spéciale
d’épuration et par sa propriété particulière d’élimination des chardons que contiennent beaucoup
des laines les plus fines, et qui, en s’allongeant comme des fibres, passent trop facilement au tra¬
vers des peigneuses habituelles. Nous ne pensons pas que d’autres machines similaires eussent per¬
mis de tenter l’expérience que cet exposant a faite journellement, devant le public, dans l’atmosphère
défectueuse d’une exposition, en prenant une laine de première finesse, choisie aussi chargée d’or¬
dures et de boutons, pailles et gratterons qu’il soit possible de la trouver, et en faisant sortir de la
machine, h grande production, un peigné idéalement pur avec un minimum de déchet. Il existe
aujourd’hui plusieurs procédés de préparation des laines chardonnruses, en vue de faciliter l’élimina¬
tion au peignage de ce corps nuisible. Nous avons déjà eu l’occasion de parler de cette question et
nous aurons encore celle d’y revenir. Ces procédés sont encore assez onéreux, par suite des préten¬
tions excessives de leurs détenteurs et , d’autre part, même en y recourant, leurs fragments subsistent
dans la fibre à peigner, et il faut encore une très grande puissance d’épuration dans la peigneuse
employée pour que l’on puisse compter sur une élimination convenable de tous ces résidus. Poul¬
ies laines moyennement entarées par ce défaut, la machine Grün-Offermann ne nécessite pas de pré¬
paration spéciale, parce quelle possède un organe échardonneur propre et, dans le cas de laines
ayant subi ces préparations, elle a la puissance d’épuration voulue, et son organe échardonneur com¬
plète encore l’action désirée en vue de la perfection du peigné. Le tambour peigneur porte , après les
dernières barrettes fines, un intervalle vide de la largeur d’une barrette, puis de nouveau deux bar¬
rettes fines supplémentaires le suivant. Dans cet intervalle , pendant que la mèche est tendue en avant
par le passage des dernières rangées fines dans la pointe, un peigne fin, dit peigne frappeur , vient
s’abattre sur la mèche et remonte inmlédiatement. La fibre élastique et nerveuse de laine cède en
s’enfonçant, la fibre chardonneuse, sèche, rugueuse et friable, rompt, et les deux peignes supplé¬
mentaires, forcés de pénétrer à fond, enlèvent sans effort le fragment chardonneux, rompu dans sa
partie qui dépassait la pince. Tout le mécanisme de cette belle machine, dont nous ne pouvons
décrire tous les détails, a été admirablement étudié par cet habile constructeur, et son exécution,
onnne celle de toutes les machines précédentes, était excellente.
Tant par son habileté, en accueillant les inventeurs de mérite, que par ses propres et fertiles res¬
sources, celte maison s’est montrée dans l’œuvre quelle a présentée sous un jour tout spécial. Sa
belle exposition a révélé plus qu’un bon constructeur ordinaire. Elle dénotait incontestablement une
activité de recherche, une énergie à poursuivre le progrès et une force d’organisation d’étude qui,
malgré l’aide d’une longue tradition acquise, sont d’un mérite exceptionnel et de premier ordre.
M. E. Meunier, à Tourcoing.
M. Meunier, dont on se rappelle la belle peigneuse (à l’exécution de laquelle la maison Grün a
pris une si large part), avait eu avec cette machine le succès le plus marquant de l’Exposition
de 1878, en ce qui concerne le matériel de laine peignée. M. Meunier avait annoncé l’envoi, à l’Ex¬
position de 1889, d’une nouvelle peigneuse à laine, ainsi que d’une machine préparatoire. Par des
30/i
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
raisons vraisemblablement indépendantes de sa volonté, et à notre grand regret, son envoi a dû se
borner à celui de celle dernière machine qui ne saurait, par elle-même, offrir qu’un intérêt secon¬
daire, tandis que la première, à en juger par les précédents que nous rappelons ici, nous donnait à
bon droit les plus sérieuses espérances d’une importance réelle.
La machine prépartoire de M. Meunier, qui a figuré dans la classe 54 , est un étirage à deux têtes
fournissant chacuns un large ruban. Par un renversement transversal comme ceux des étirages à lin,
ces deux rubans viennent se superposer et alimenter un enrouleur à bascule du genre usité en coton.
La particularité principale de cette disposition consiste dans l’addition, avant l’enrouleur, de deux
larges bagues, cannelées à l’intérieur et traversées par la nappe. Ces bagues, placées un peu excen¬
triquement, l’une à gauche, l’autre à droite, tournent par l’entraînement de cordes dans des supports
formant colliers , et leur rotation est inverse de l’une à l’autre , de telle sorte que chacune ait à rabattre
et à replier en dessous le bord de la nappe contre lequel l’appuie son excentricité. Cette disposition a
pour but la formation de rouleaux de nappes dont les bords ne soient pas plus minces que le corps et
ne provoquent aucun collage au cléviclage, comme cela n’a lieu que trop souvent dans les rouleaux
habituels. Les rouleaux faits par cette machine conviennent évidemment pour alimenter toutes espèces
dî peigneuses, en adaptant la largeur de l’appareil à celle des peigneuses.
M. G. Biche, à Roubaix.
M. G. Riche, de Roubaix, nous a présenté un giîl-box pour laine peignée, qui contient des modi¬
fications de détail utiles et inspirées par un sentiment pratique des plus justes.
Le mécanisme des gills, actuellement usité pour lin et pour laine, est des plus ingénieux et des
plus précis, et a été, en son temps, un perfectionnement très important apporté parla maison Fair-
bairn, de Leeds, à l’invention de Pli. de Girard, concernant l’emploi d’un organe de soutien et de
retenue muni de peignes, cheminant avec la nappe alimentaire derrière une paire de cylindres éli-
renrs. De cet organe de soutien, imaginé pour l’étirage du lin par Ph. de Girard, est résulté à la fois,
avec de simples modifications d’exécution, le gills-screw-box des longues fibres, et le hérisson des
fibres moyennes, tous deux depuis longtemps employés à titre indispensable pour les étirages de ces
madères.
Dans le giil-box, la chute des barrettes à peignes (ou gills), des vis supérieures d’aller aux vis infé¬
rieures de retour, et leur remontée inverse, des vis inférieures aux vis supérieures, constitue un mou¬
vement par chocs brusques, réalisé par cames, d’exécution très délicate, provoquant des usures
rapides, d’une réparation d’autant plus difficile que tout ce mécanisme exige une parfaite précision.
M. Riche, par une simplification des plus avantageuses, fait mouler ou descendre ses dernières bar¬
rettes d’un demi-étage seulement à la fois, et deux barrettes successives se poussent l’une l’autre pour
franchir l’étage entier en deux mouvements successifs. Les vis directrices deviennent plus grosses et à
pas plus doux, les cames disparaissent, remplacées par de simples goupilles, les chocs surtout dispa¬
raissent complètement et, avec eux, l’usure, et le beau mécanisme de Fairbairn devient parfait
comme simplicité.
M. Riche perfectionne encore son gill-box dans l’appareil bobineur, par la disposition d’un avertis¬
seur qui déclanche avec bruit quand la bobine est pleine, tout en l’empêchant de tomber soit en dehors ,
soit en dedans de la machine. Enfin M. Riche adopte un système de pression à ressort et sans contre¬
poids, sur le cylindre étireur, système cpii offre une extrême commodité pour régler la pression, la
décrocher entièrement ou la remettre intégralement telle quelle était réglée, le tout se manœuvrant
instantanément, sans effort, par la main d’un enfant, bien que ces manœuvres s’appliquent à une
pression de plus d 1 3oo kilogrammes.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA COR DERIE. 305
M. Paul Heilmann, à Mulhouse.
M. Paul Heilmaim, fils du célèbre inventeur, nous a présenté une peigneuse de grandes proportions
pour le peignage des laines effectué sur les principes cpi’a si nettement établis son illustre père, et
dont une période de quarante-cinq ans et des applications constantes, en quantités innombrables, ont
si solidement justifié l’admirable supériorité. M. Paul Heilmann a surtout modifié les dispositions
devenues traditionnelles dans la machine dont il a l’honneur de porter le nom, en substituant à l’or¬
gane arracheur composé de cylindres une pince arracheuse à mouvement de balancement horizontal
alternatif.
L’emploi de cylindres comme organes de prise et d’extraction a, en effet, l’inconvénient de laisser un
espace égal au rayon des cylindres employés, perdu pour le rapprochement. La tête à peigner est
forcément allongée d’une quantité égale à cet espace, puisqu’elle ne se laisse dépouiller qu’à une
position d’autant plus écartée. Non seulement on élimine ainsi, en les rejetant dans le déchet, des
fibres plus longues que celles qu’il serait réellement utile d’éliminer, mais cet espace perdu a des
inconvénients plus graves au point de vue de la perfection du peigné.
Le peigne fixe ou nacteur, qui a pour mission d’assurer la propreté de la queue de mèche et d’en
effectuer le peignage réel, est nécessairement tenu lui-même à une distance du point de prise de la
tète égale à toute la protubérance des parties inactives de cet organe arracheur cylindrique. Au lieu
que ce peigne fixe puisse agir en une partie voisine de la pointe de la tête (partie parfaitement tra¬
vaillée, parce que cette pointe a reçu l’action du pied des aiguilles du tambour), il ne peut agir que
dans une partie avoisinant la base de la tête peignée, base imparfaitement travaillée parce qu’elle l’a
été seulement par le sommet des aiguilles du tambour. Toute la réserve de partie réellement et par¬
faitement pure, comprise dans la tête peignée, se trouve inutilement absorbée dans cet espace nuisible
produit par les cylindres arracheurs, dont on ne peut réduire le diamètre au-dessous des mesures
nécessaires à leur parfaite rigidité. 11 en résulte qu’avec leur emploi il y a toujours insuffisance de ce
que, dans tout peignage quelconque, nous définissons par le mot de recouvrement du peignage'de
queue sur le peignage de tête. En pratique, les cylindres, tendant à occasionner par eux-mêmes trop
de déchet, amènent à réduire encore par le réglage ce qui peut subsister de ce recouvrement néces¬
saire.
Dans de telles conditions, il ne peut que difficilement y avoir sécurité quant à la perfection du tra¬
vail, et c’est précisément en mieux affinant la base et ainsi en allongeant la réserve et en rendant un
certain recouvrement possible, que le peigne frappeur qui, dans la machine Grün-Offermann , joue
le rôle d’enfonceur puissant en même temps que d’échardonneur, rend un service si utile pour la
perfection du produit.
Nous devons donc louer sans réserves M. Paul Heilmann pour l’emploi bien logique de sa pince
arracheuse au lieu de cylindres, et nous avons nous-même suffisamment indiqué les avantages de cette
disposition dans nos propres travaux sur cette matière délicate et difficile.
Dans le cas de grands filaments comme les laines, celte pince arracheuse, obligée de fournir une
grande course, apporte une certaine lenteur de marche dans la machine, mais permet une certaine
progression très favorable dans la vitesse d’extraction de la queue. Nous sommes donc loin d’objecter
à cette lenteur relative du travail, qui est d’ailleurs compensée largement comme production par la
proportion de la machine même.
Nous signalons encore ici l’ingénieux enfonceur dans les peignes du tambour, imaginé sous la forme
d’un cylindre cannelé engrenant eu quelque sorte avec les barrettes d’aiguilles du tambour peigneur.
Cette disposition exige évidemment une grande précision , mais ce n’est pas l’ancien chef de la maison
Heiîmann-Ducommun qui pourrait être embarrassé par une question de précision d’exécution. Sa
Gkolpe VI. - IV. 90
IMPRIMERIE NATIONALE,
306
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
belle machine est peut-être un peu plus chère que les machines courantes de ce genre, mais elle ne
peut être qu’excellente pour un parfait travail des produits les plus fins.
Les diverses expositions dont nous venons de nous occuper, et notamment les der¬
nières que nous venons de décrire, se réfèrent, au moins en partie, au travail de la
laine peignée; nous ne quittons donc pas ce sujet en parlant ici de deux exposants
qui ont présenté deux appareils presque identiques pour la préparation des laines
chardonneuses.
Nous avons décrit les appareils que MM. Harmel et Offermann (surtout ce dernier)
appliquent à la carde pour préparer ces sortes de laines au peignage, et nous avons
décrit aussi la peigneuse Grün-Offermann , qui peut le plus souvent traiter convena¬
blement ces laines sans aucune préparation. M. Parfait-Dubois et Al. Mérelle, con¬
jointement, ont pensé qu’il était possible d’attaquer ce problème dans une troisième
direction, consistant à établir une machine de grande production et indépendante qui
permettrait ensuite l’emploi de cardes ordinaires sans appendice spécial et de peigneuses
ordinaires aussi. Au point de vue d’établissements de peignage existants, on pouvait
arriver ainsi à éviter à la fois soit la transformation des cardes, soit celle des peigneuses
utilisées auparavant, la première étant assez onéreuse à cause des redevances à payer
aux détenteurs de procédé breveté , la seconde l’étant aussi , si le matériel de peigneuses
existantes n’est pas usé et à renouveler par lui-même. Au lieu de mâcburer ou de briser
le chardon ou gratteron a la carde ou à la peigneuse, quand il a été déroulé par la
carde et mis à l’état de corps fibrillàire végétal mêlé aux fibres de laine, ces inventeurs
ont pensé qu’on pourrait aisément le réduire en fragments inoffensifs par une com¬
pression convenable exercée quand, encore intact et enroulé, il forme une sorte de
lentille compacte, mêlée ou accrochée aux fibres. Ils ont trouvé en outre que cet
écrasement, déjà praticable à sec, était encore mieux réalisé immédiatement après le
lavage, quand la cellulose bien ramollie du gratteron encore humide n’offrait aucune
résistance à se laisser désagréger. Dans ces dernières conditions, en outre, des cylindres
lisses , réglés à une grande proximité , pouvaient être substitués à l’emploi de cylindres
lisses opposés à des cannelés, breveté par Harmel et Offermann. Il suffisait ainsi de
faire passer la laine, à l’état de flocons encore humides, entre de tels cylindres lisses,
assez rapprochés pour écraser le chardon sans écraser la laine. C’est, en outre, pour
éviter ce dernier écueil que ces inventeurs ont jugé utile de faire précéder ce broyage
par une action d’étirage.
M. Parfait-Dubois.
M. Parfait-Dubois nous a présenté, en ce sens, une étireuse-broyeuse qui est une machine des plus
simples. Une table sans fin pour étaler la laine , deux hérissons alimentaires , trois paires successives
de rouleaux étireurs à garniture de caoutchouc et quatre rouleaux en fonte de gros diamètre, formant
par leurs positions relatives trois passages d’écrasement, enfin deux moulinets à la sortie pour détacher
régulièrement les flocons de laine composent toute la machine, et tous ces organes sont à simple
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 307
rotation continue de vitesse convenable. Les petites boules des gratterons se présentent à la sortie en
petites masses aplaties qui ne sont plus qu’une pâte désagrégée , qu’un très bon peignage ordinaire
peut extraire sans en laisser de traces. Dans cette machine, le rôle des cylindres étireurs est assez
illusoire, en ce que les flocons, insuffisamment divisés, ne peuvent subir presque aucun effet utile fie
ce soi-disant étirage , auquel un étalage un peu mince sur la table alimentaire équivaudrait pleinement.
La machine peut traiter 1,000 kilogrammes par jour, mais il reste à savoir si, parmi ces flocons ou
ces mèches encore compactes et brutes qui traversent isolément la machine et passent entre des rou¬
leaux réglés à 1/10 de millimètre, aucune n’a subi une action dommageable pour la fibre.
M. F. Mérelle.
M. F. Mérelle nous a présenté de même, en ce sens, une machine analogue, de mêmes principes
écraseurs du chardon, mais différant de la précédente par quelques détails, et dans laquelle la marche
de la matière se fait plus logiquement dans une direction verticale au lieu d’horizontale. La table sans
fin montante est pourvue d’un organe à dents, animé d’une vitesse suffisante pour démêler les flocons
et les fournir mieux divisés h deux paires d’étireurs de plus petit diamètre, placées l’une au-dessous
de l’autre et au-dessous desquelles se trouve une paire de gros rouleaux écraseurs à proximité infini¬
tésimale. La production de la machine est la même que pour la précédente. Le résultat, quant à
l’écrasement des chardons, est le même aussi, et les réserves à formuler, quant à certains dégâts qui
pourraient se produire sur des flocons trop volumineux, sont à renouveler ici.
A ce sujet et en constatant que, dans la machine Mérelle, les passages en contact d’écrasement sont
moins nombreux et suffisent à assurer l’exactitude de l’opération, on peut se demander pourquoi
M. Parfait-Dubois augmente le nombre des organes et avec lui le danger que peuvent courir les fibres.
Ce dernier se donne en outre une infériorité relative par des prétentions exagérées pour le prix de
ses machines. 11 faut désirer qu’il le réduise raisonnablement, comme son collègue, et que le service
réel rendu par les appareils Dubois et Mérelle à l’industrie de la laine peignée soit ainsi rendu promp¬
tement et largement utilisable.
Ces procédés laissent d’ailleurs, évidemment, tous les résidus de ces corps étrangers dans la
blousse du peignage.
MM. J. Ri et er et 0e , h Winterthur.
Cette importante et honorable maison est très ancienne (1789) et s’est depuis longtemps acquis
une réputation de premier ordre et bien méritée pour le matériel de filature du coton et les moteurs
hydrauliques.
Son exposition, quoique limitée, était fort remarquable et comprenait :
Un batteur finisseur, avec appareil régulateur, totalisant les mouvements des pédales par une dis¬
position particulière et heureuse, réalisant une combinaison à plusieurs degrés successifs de balances
soumises à deux éléments conjoints ;
Une carde à chaîne, dont le réglage des chapeaux présente une disposition originale et remarqua¬
blement simple et favorable, par 6 secteurs indépendants, de circonférence moyenne et munis de re¬
gards permettant de faire, avec toute facilité de contrôle, le réglage total en 6 degrés successifs de
rapprochement ;
Un banc d’étirage à casse-mèches mécaniques, h compteur de longueur déterminant l’arrêt pour la
levée, comprenant divers détails ingénieux;
20.
308
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Un banc k broches en gros et un à fin , présentant des particularités intéressantes dans les cha¬
peaux de propreté, dans le montage libre des pignons de broches k emmanchement k quadruple en¬
taille , dans le cône inférieur, monté en tendeur, dans le déclic commandant les déplacements de la
courroie des cônes et les courses du char, dans le dispositif pour régler le char en position, dans la
manœuvre de la détente;
Un métier renvideur, présentant des particularités très avantageuses, dans la manière d’exécuter
la têtière en deux blocs de large assise, réunis par les jumelles déterminant l’aiguillée, et portant
tout le mécanisme, y compris les rails largement écartés; dans les proportions du cône de dépointage
et du volant; dans la double commande du filage et du renvidage avec avance des mouvements de la
courroie principale; dans le régulateur du secteur; dans les collets de broches k saignée intérieure,
pour graissage k circulation continue ; dans le dispositif arrêteur k fin de la levée et dans une série
de nombreux détails extrêmement bien étudiés pour le parfait service de la machine aux plus
grandes vitesses.
L’excellente et solide exécution de tout le matériel exposé en plein fonctionnement, par MM. Rieter,
les maintient assurément k-la tête des meilleurs constructeurs similaires, et les prix très modérés de
leurs livraisons consciencieuses ne peuvent que leur attacher et développer encore leur nombreuse
clientèle. Un siècle entier de précieux services rendus k l’industrie est pour cette grande maison un
juste titre de fierté et en même temps une tradition de devoirs, car noblesse oblige, et la maison
Rieter reste digne d'elle -même. L’intéressant appareil d’essai du pouvoir lubréfiant comparatif des
huiles dégraissage, quelle présentait en outre, montre qu’elle sait porter son attention et trouver
des solutions heureuses sur tout point utile aux industriels qu'elle pourvoit de ses machines.
M. G. Rissler , à Cernay (Alsace).
V Express-carde , de M. G. Rissler, de Cernay, remplit un but qui a été poursuivi plusieurs fois,
notamment, il y a une trentaine d’années, par M. Leyher. Ce but consiste k rendre le batteur finis¬
seur susceptible d’une action diviseuse réelle, qui prépare celle de la carde et qui permette k la
ventilation d’exercer, sur des flocons très menus, une influence plus complète, en vue de la sépara¬
tion de tous les corps étrangers, résidus de feuilles, de graines, etc. La batte ordinaire, usitée dans
tous les batteurs, n’a pas par elle-même une action diviseuse réelle et, pour obtenir cette action, il
faut recourir k un organe muni de pointes multipliées en nombre suffisant, comme l’avait fait
M. Leyher. Mais la difficulté de faire fonctionner cet organe, avec une forge centrifuge suffisante pour
éviter ses engorgements , et cependant sans qu’il devienne fatigant pour la matière en réalisant une
sorte d’effilochage, avait fait renoncer k ces tentatives. M. Rissler a beaucoup mieux réussi, en adop¬
tant deux organes successifs, l’un fonctionnant avec le cylindre alimentaire, le second fonctionnant en
reprise et dans le même sens au contact du premier. Les pointes , tout en restant claires ou bien es¬
pacées et sans propriétés brutales dans les deux organes , peuvent atteindre ainsi le degré d’action
désiré, sans le dépasser. Des grilles, rationnellement établies autour de ces deux organes, laissent
passer k la perfection les corps étrangers k éliminer, et le produit de la machine, beaucoup mieux
nettoyé que par un batteur ordinaire, fournit des nappes dont le moelleux état de division facilite
l’action ultérieure de la carde et sa meilleure et plus grande production.
Le batteur finisseur Rissler peut atteindre une production journalière de 5oo kilogrammes. IJ s’est
répandu sur une échelle sérieuse dans presque tous les pays. Il convient, cela s’entend, surtout aux
cotons des Indes ou courtes soies, généralement assez chargés d’orelures. Cependant de petits cotons
Louisiane se trouvent, au besoin, également bien de son intervention, M. Risfler munissant sa ma-
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 309
chine, dans ce cas, d’un organe alimentaire composé de deux paires de cylindres cannelés, étirant
quelque peu la nappe alimentée , avant de la présenter au premier tambour.
M. A. V im ont, a Vire.
M. Augustin Vimont est un inventeur ingénieux, réfléchi, persévérant et d’autant plus méritant
que sa situation ne lui fournit pas les occasions naturelles d’expérimentations et d’exécution de ses
idées mécaniques. Depuis que le continu à anneau a été appliqué à la filature, d’abord sous une
forme très discutable et susceptible d’une utilisation restreinte, on peut dire que M. Vimont a entrevu,
étudié et indiqué au monde des constructeurs presque tous les perfectionnements essentiels qui en
ont développé successivement les facultés. Il a fait cette œuvre réelle sans jamais en tirer aucun pro¬
fit susceptible de compenser son travail et ses dépenses.
L’invention, en général, telle que les lois de presque tous les pays l’ont organisée, est, il faut le
dire, une voie précaire , onéreuse, exigeant des mises de fonds sérieuses, pour la garantie souvent
illusoire d’une propriété si éphémère que sa durée suffit à peine parfois à la terminaison de l’étude
qui en forme l’objet et qui exige aussi des sacrifices importants. L’exploitation d’une invention exige
à son lourdes forces matérielles et morales sérieuses. Enfin, son succès, à temps pour rémunérer
l’inventeur, est fort difficile à atteindre.
Par suite du peu de durée de la propriété industrielle , cette propriété fût-elle la plus évidemment
fondée par l’utilité et la valeur de l’invention , un succès rémunérateur est toujours sous la dépendance
d’influences adverses trop souvent victorieuses. L’intérêt des industriels qui utiliseraient les machines
nouvelles, intérêt pour lequel l’inventeur fait son œuvre, a bien souvent, pour opposant, celui du
constructeur même, intermédiaire obligé entre ces industriels et l’inventeur. Ce n’est presque jamais
de son plein gré que le constructeur accepte , de la part d’hommes étrangers à sa maison , certains
progrès encore incomplets , qui l’obligent à des efforts, à des frais d’étude et de transformation; du
moment que l’invention n’est pas celle du constructeur lui-même, elle n’est pas non plus son intérêt
naturel. Pourquoi se presserait-il, dans ce cas, pour arriver à des machines plus économiques, dont
il aura la peine, dont l’inventeur et l’industriel auront le profit, et dont le premier effet menace d’être
dans l’avenir, et de fait, une réduction de ses affaires? Encore si l’industriel, pouvant utiliser les ma¬
chines, voyait toujours ou voulait voir clairement son intérêt à lui, et intervenait efficacement! Le
plus souvent, loin de se rendre compte par lui-même, il s’en remet à son constructeur, dont le pres¬
tige sur lui est plus fort que toute preuve.
Ces considérations sont d’ordre général, mais combien ne sont-elles pas plus effectives s’il s’agit
de filature et de filature de coton surtout! Une invention française, des filateurs français, n’ont guère
en face d’eux que des constructeurs anglais.
Qui ne se souvient de l’invention de Dannery, délaissée pendant de longues années dans la région
normande, sa propre patrie, adoptée avec rapidité plus tard, quand elle revenait d’Amérique et
d’Angleterre, sous le nom de Wellmann. Et cependant l’invention de Dannery était une œuvre bien
terminée. Il ne faut pas, dans ces conditions, s’étonner absolument si les inventions encore incom¬
plètes de M. Augustin Vimont ont eu le sort de celle de Dannery.
Sa broche libre et plongeant dans l’huile, son continu à laine cardée, nous reviennent sous des
formes modifiées d’Angleterre et de Belgique. Son curseur-traverse formant palette sur la bobine,
exposé par lui en 1878 sans succès pratique, s’est trouvé, sous une forme modifiée, breveté à nou¬
veau en Angleterre et vient de figurer, sous son nom anglais et tout à côté de M. Vimont, lui-même,
à l’Exposition de 1889. Son succès est désormais certain sous ce nouveau nom, la modification de
forme effectuée n’étant d’ailleurs pas sans être avantageuse.
310
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
M. Vimont a exposé cette année un spécimen de continu à anneau qui résume ses inventions pré¬
cédentes, avec plusieurs dispositions additionnelies. Sa broche est restée conforme à son type anté¬
rieur, comme pour témoigner, aux yeux du monde spécial (aujourd’hui familiarisé avec les diverses
broches usitées sous des noms divers), de la paternité qui lui appartient à l’égard de toutes. Son
curseur- traverse a été modifié de forme et a une grande analogie de constitution avec celui de son
heureux imitateur et concurrent anglais. Son anneau rappelle aussi certaines dispositions récentes ,
mais l’ensemble de l’anneau et du curseur est assurément excellent pour le but en permettant un en-
vidage des plus doux, des plus réguliers, sur des diamètres très réduits, et évitant l’encrassement par
les duvets ou les poussières.
Le plan presque vertical des cylindres lamineurs, combiné à des pressions par ressorts, tend à
éviter les inconvénients qui, trop souvent, compensent les avantages de cette verticalité. Enfin le
métier de M. Vimont se caractérise par une commande particulière des broches qui sont munies de
poulies cylindriques et qui appuient , deux par deux , contre une courroie sans fin , courant intérieu¬
rement le long des broches en prenant son impulsion, à chaque intervalle de deux broches, sur des
poulies motrices dont les axes verticaux sont commandés par roues d’angle par un arbre horizontal
inférieur. La courroie sans fin commandant les deux faces et n’exigeant qu’un faible diamètre de
ses nombreuses poulies motrices, M. Vimont a pu rapprocher étonnamment les deux faces du métier
qui n’a guère que o m. 4o de largeur totale.
Aux autres avantages du métier s’ajouterait donc une extrême économie de place. Sans doute, il
faut que la mise en pratique vérifie ces conditions et montre si une machine de grande longueur et
d’une dimension transversale si restreinte aura la stabilité nécessaire pour résister aux vibrations
résultant de l’extrême vitesse de ses nombreux organes. Il faut qu’elle montre si les nombreux axes
verticaux commandant les broches, à raison de 1 pour 4 broches, ne compliquent pas à l’excès
l’ exécution et l’entretien. S’il y a quelques incertitudes sur ces points, il n’y en a aucune sur la bonne
disposition de l’organe fileur proprement dit, sur son aptitude à fder tous les genres : chaîne, demi-
chaîne ou trame, et cela sous la meilleure forme, celle du self-acting.
11 n’y a non plus aucune incertitude sur les mérites exceptionnels de M. Vimont et de son œuvre
persévérante.
M. Martin (Ce/esfm), à Verviers.
De même que l’Angleterre contient les constructeurs qui sont à la tête de l’industrie du coton et
du lin, de même que la France et l’Alsace comprennent ceux qui ont créé et développé le matériel de
la laine peignée mérinos, de même la Belgique est depuis assez longtemps à la tête de l’industrie
de la laine cardée, soit par sa fabrication puissante et active de produits fdés et tissés, soit par ses
constructeurs de matériel spécial. Parmi ces derniers, la maison Gélestin Martin est au premier rang,
et elle a présenté une exposition des plus brillantes, tant par les soins d’exécution et les bonnes
combinaisons que par les grandes proportions de ses belles machines. Dans celles-ci, il est nécessaire
de louer hautement non seulement leur perfection, mais encore les prix extraordinairement modérés
auxquels ces constructeurs les fournissent journellement. Ce point de vue, dans un concours industriel,
ne saurait être négligé. Car faire bien à prix excessif n’est plus obtenir un résultat valable, et faire
très bien à très bas prix c’est faire preuve du vrai mérite industriel.
La maison Gélestin Martin a présenté :
Une réduction du système très avantageux de séchoirs automatiques qu’elle établit pour de grands
établissements à production journalière considérable;
Une échardonneuse, pour le travail spécial en draperie des laines chardonneuses. Cette machine ,
sans_dilférer absolument de celles en usage pour ce but, présente quelques particularités favorables,
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 311
noiammant clans les tambours à peignes, dont les dents sont séparées par une rainure d’une profon¬
deur convenable et laissent ou ménagent les espaces utiles pour rendre moins dure l’action du frot¬
tement exercé sur la masse fibreuse ;
Un loup avec chargeur automatique et appareil huileur ou ensimeur automatique très apprécié;
Un superbe assortiment de trois cardes de 1 m. 800 d’arasement. La carde briseuse est munie
d’un chargeur mécanique fort simple; son tambour nappeur est d’un diamètre fournissant la nappe
carrée nécessaire pour le renversement d’équerre derrière la deuxième carde, et il est à joint en
charnière et à déchireur automatique. La carde repasseuse est à sortie nappeuse de long développe¬
ment en circuits et à appareil enrouleur de nappe. La carde fileuse est à continu diviseur à lanières,
à deux frotteurs et quatre canneliers. L’ensemble de ces trois magnifiques machines est le dernier
mot de ce genre ;
Un continu à filer, genre Vimont, du système particulier adopté par la maison G. Martin, avec
cylindres étireurs et bobinots tordeurs et détordeurs entre les deux rangs de cylindres, broches à
anneaux et curseurs;
Un continu à retordre les fils de fantaisie qui se combinent de mille manières. Dans cette machine,
outre les cylindres alimentaires qui fournissent le retors habituel formant fil d’âme, une deuxième
paire de cylindres fournit le fil de guimpe, et sa commande est disposée pour varier, à la fantaisie
de chacun, la vitesse et les intermittences de vitesse de ce fil de guimpe qui, lui-même, pris d’avance
en qualités capricieuses, permet des combinaisons illimitées et des effets extrêmement variés pour
l’emploi en tissus de fantaisie.
Société Verviétoise, a Verviers.
Les importants ateliers de la Société Verviétoise marchent de pair avec ceux de la maison Gélestin
Martin. La ville de Verviers , qui est la première du monde comme importance industrielle concernant
toute la fabrication de la laine cardée, possède ainsi les deux établissements de premier ordre qui
construisent tout le matériel des industries de cette branche. L’exposition de la Société Verviétoise,
par son développement et la beauté de ses machines, a été la digne rivale de sa voisine et compatriote,
et , pour cette maison aussi , il faut citer, comme extraordinaire et très méritoire , les prix si modérés
auxquels elle parvient h livrer toutes les parties de ce beau matériel.
Nous trouvons dans cette exposition :
Une grande essoreuse à panier, établie dans des conditions parfaites, avec pivot mobile et vis de
rappel pour l’embrayage des cônes et pour leur débrayage , amenant le panier à former frein d’arrêt
sur le fond extérieur ;
Une grande échardonneuse de très belle construction, pour le traitement des laines à gratterons,
telles que celles du Maroc, du Gap, de la Plata, etc. . . Cette échardonneuse est munie d’une char-
geuse automatique fort utile à l’opération, en ce quelle charge la table alimentaire en ouvrant la laine
par une sorte de peignage ;
Un loup ou brisoir, avec un distributeur automatique, étalant la laine en nappe régulière sur la
table d’entrée, et avec un appareil huileur fournissant régulièrement le mélange ensimeur dont la
masse fibreuse doit être intimement chargée pour le cardage ultérieur, et qu’un agitateur maintient
en mouvement incessant et en état d’émulsion parfaite;
Une carde briseuse de 1 m. 800 d’arasement avec chargeuse automatique réglant la régularité de
l’alimentation. Le tambour nappeur de diamètre ou de circonférence calculée pour âccorder avec la
largeur de la seconde carde est à appareil coupeur automatique. Quand le matelas a atteint une
épaisseur prévue et réglable, deux douves mobiles s’entr’ouvrent et déchirent la nappe sur toute sa
largeur et en amorcent le bout dans une paire de rouleaux extracteurs;
31*2
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Une carde repasseuse, de mêmes et puissantes proportions, suit la pre'cédente et est munie d’un
appareil nappeur de grand développement, avec dispositif pour détacher et enrouler en bobine la
nappe de 1 5 ou 1 6 mètres de longueur entièrement formée.
La carde fileuse, de même arasement, est à continu diviseur à lames d’acier voyageuses, du type
bien connu sous le nom de système Bolette, propre h la Société Verviétoise et des plus avantageux.
L’appareil est à deux frotteurs et quatre canneliers. Toutes les cardes de ce puissant assortiment,
d’une large et superbe exécution, sont à cylindres en fer, axes en acier, à 6 travailleurs portés sur
des supports h larges assises, avec couvercles à charnières;
Un métier renvideur, à double vitesse de broches et à une seule corde motrice passant à double
tour sur les poulies à gorge, commandant tous les mouvements sans engrenages. Ce beau métier est
à deux poulies motrices, l’une pour la sortie, l’autre pour la rentrée du char. Les cordes à broches
y sont à tendeur du système Jenny, et le fonctionnement du métier entier est d’une remarquable
douceur, quoique très rapide.
La beauté d’exécution de ce matériel, de grandes et économiques proportions, n’est égalée que par
le merveilleux bas prix auquel il est établi, et les grands constructeurs anglais eux-mêmes, sous ce
dernier rapport, n’ont pas encore atteint une telle réduction du prix de revient des machines de
filature.
MM. Alexandre père et fils, à Haraucourt (Ardennes).
Placée dans une région où l’industrie de la draperie est très importante, cette honorable et
ancienne maison s’est toujours occupée avec distinction de la construction du matériel pour laine
cardée, dont elle a fait sa spécialité. Son exposition nous l’a montrée poursuivant avec succès cdte
branche et sachant y apporter parfois des modifications originales de bon aloi. Cette exposition
comprenait surtout un bel assorlissement de cardes de î m. 5o d’arasement, machines d’une bonne
et solide exécution, avec travailleurs en acier bien conditionnés pour un service bon et commode.
La carde briseuse comprend une fort belle cliargeuse peseuse, formée d’un tambour hérisson
amorçant et entraînant la matière contenue dans une caisse supérieure et la déversant par flocons
dans une auge, par un mouvement excentré de rentrée de la denture dans la surface du tambour.
L’auge forme balance et, par un ingénieux mécanisme, quand la charge est complète et que la
balance fléchit, le mouvement du distributeur s’arrête, l’auge bascule vidant sa charge sur la table
sans fin de la carde où un râteau alternatif se charge de l’égaliser. Le fonctionnement de cette étaleuse
est des meilleurs.
La carde fileuse comprend un continu diviseur à lanières. Ce jeu de lanières, fort bien disposé,
est quadruple, pour fournir à quaire manchons frotteurs et quatre cannelles. Cet appareil, solidement
établi, est susceptible d’une bonne vitesse et, avec l’écartement d’un fil sur quatre, on peut faire une
division fine et être assuré de pouvoir frotter énergiquement les laines les plus difficiles, et cela sans
mariages.
Un loup d’une bonne exécution complétait cette exposition intéressante.
Compagnie de Fives-Lille.
La Compagnie de Fives-Lille, s’attaquant aux arts textiles, a exposé, outre une remarquable ma¬
chine à faire les filets de pêche, qui concerne le programme de la classe 55, une fort belle machine h
teiller le lin.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 313
Les procédés habituels d’extraction du lin ou du chanvre recourent, après le rouissage, h l’emploi
d’appareils broyeurs qui reposent sur .l’action de rouleaux cannelés superposés, opérant le broyage
par le brisement et l’écrasement que subissent les tiges de lin sous ces cannelures opposées se péné¬
trant, et sous la pression dont sont munis les rouleaux supérieurs. Ce n’est qu’après ce broyage qu’a
lieu le teillage proprement dit qui , dans les moulins irlandais ou dans les appareils à palettes s’en¬
tre- crois ant , agit à la fois par secousses et par friction, pour faire tomber la chènevotte ou les résidus
du broyage.
M. Cardon, dans sa peigneuse-teilleuse , avait déjà cherché à éviter ce broyage préalable assez
brutal et à le remplacer par un piquetage. Sa tentative, d’abord jugée favorablement, a été ensuite
condamnée par la pratique. Mais si la méthode de piquetage qu’il proposait n’a pas rempli le but
voulu, il ne s’en suit pas que le broyage, par écrasement par cannelures vives, ne puisse utilement
être remplacé par une méthode plus modérée et plus progressive. La Compagnie de Fives-Lille l’a
pensé et a considéré en outre que ce broyage et le teillage qui le suit pouvaient être le résultat
d’une seule action répétée, à des degrés successifs d’intensité et de finesse, comme l’est le peignage
lui-même qui termine les opérations préparatoires. Elle a en outre, non sans raison, été frappée de
la méthode parfaitement rationnelle qui règle l’aclion du peignage du lin , méthode qu’on peut quali¬
fier d’indispensable et qui consiste dans un travail progressif commencé à la pointe d’une gerbe de
lin et pénétrant graduellement, en allongeant l’action vers le cœur de cette gerbe. Elle a pensé que
ces mêmes principes seraient utilement applicables à une action bien étudiée, dont les degrés suc¬
cessifs transformeraient les tiges brutes en filasse teillée.
Elle prend deux tambours horizontaux parallèles, tournant tangentiellement à vitesse égale dans
une direction commune, de haut en bas. Elle munit ces tambours de rangées hélicoïdales de dents
arrondies qui forment chacune un arceau ou un très petit segment saillant dans son plan respectif.
D’un tambour à l’autre, les dents opposées s’entre-croisent et les tambours entiers sont, sur leur lon¬
gueur, partagés en quatre divisions munies de telles dents, plus minces, plus serrées et plus nom¬
breuses d’une division à l’autre. Au-dessus de ces tambours, un véritable chariot porte-mordaches
effectue ses descentes et remontées successives, avec déplacement des mordaches d’une division à
l’autre après chaque remontée, comme cela a lieu dans toutes les peigneuses-lin modernes à doubles
chaînes verticales. Le lin brut, serré dans la mordache, est travaillé ainsi par pénétration progressive,
à chaque descente dans les quatre divisions graduées. L’action efficace est le résultat d’une sorte de
froissement, en même temps que d’un frottement, toujours modérés et d’ailleurs réglables par la vi¬
tesse des tambours.
L’expérience faite devant le jury a fourni un produit teille' très satisfaisant: le déchet en chènevotte
ne contenait que fort peu de fibres brisées , et celles-ci eussent sans doute été moindres encore si un
défaut de ventilation nuisible, produite par les tambours et empêchant les gerbes descendantes de
s’engager régulièrement entre eux, dès le commencement du contact, eût pu être évité, ce que les
constructeurs réussiront à faire selon toute probabilité. La machine est d’ailleurs très productive.
Celle qui a travaillé les tiges par leur pied est suivie d’une seconde faisant le travail des têtes, et
celle-ci peut fournir ses mordaches toutes garnies à la première peigneuse qui suivrait immédiatement.
MACHINES À DECORTIQUER LA RAMIE.
Le teillage du lin, dont nous venons de nous occuper à propos de la Compagnie
de Fives-Lille, nous amène à parler de suite des exposants qui ont présenté des ma¬
chines a décortiquer les tiges, si difficiles à traiter, qui fournissent la ramie.
Ce qui fait la difficulté particulière de l’extraction delà ramie, c’est la grosseur extra-
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
3 1 h
ordinaire de la tige fibreuse, l’épaisseur exceptionnelle du corps ligneux central et
l’impossibilité de dissocier, par un rouissage préalable, les deux couches, fibreuse et
tégumentaire , qui recouvrent ce corps ligneux. Soit à l’état vert, soit à l’état sec, l’opé¬
ration exécutée par la plupart des machines essayées jusqu’ici consiste en un broyage
effectué sur les tiges brutes et en un secouage convenable pour faire tomber les frag¬
ments du corps ligneux, et, évidemment, la nature de la tige exige une grande énergie
pour ces opérations, et ces fragments volumineux ne peuvent que difficilement être ex¬
traits de l’enveloppe fibreuse, sans détériorer cette dernière plus ou moins gravement.
M. Barbier , à Paris.
M. Barbier exposait la machine, dite machine Armand, composée d’un cannelé inférieur muni de
trois cannelés de pression formant l’organe broyeur, et suivi de deux battes à grande vitesse rotative.
La rotation des battes secoueuses est continue ; celle des cannelés broyeurs se renverse en sens alter¬
natif et à volonté, pour faire entrer et retirer ensuite les tiges', et travailler les tiges entières en deux
opérations, l’une pour les têtes, l’autre pour les pieds.
Dans ces machines , il conviendrait de rendre la vitesse rotative du train broyeur et alimentaire
facilement rechangeable , selon l’état des tiges. Ces machines conviennent mieux au travail en vert
qu’à celui effectué à sec, et plus les tiges sont vertes et fraîches, mieux se fait l’élimination du bois
et moins est abîmée la lanière fibreuse obtenue.
M. Delantsheer, à Paris.
M. Delantsheer exposait la machine presque semblable qui porte son nom. Les cannelés broyeurs
sont quelque peu différents , étant chacun à une demi-circonférence lisse et une demi-circonférence
cannelée. Le mécanisme de renversement de leur marche est aussi différent et procure une accéléra¬
tion du mouvement de recul. D’ailleurs, comme la précédente, cette machine convient beaucoup
mieux aux tiges vertes qu’aux sèches. La production d’une telle machine peut atteindre par jour,
au maximum, 80 à 100 kilogrammes de lanières séchées après l’opération, et cette quantité de pro¬
duit résulte du traitement de 1,600 à 2,000 kilogrammes de tiges vertes effeuillées.
Société «La Ramie française ».
La société «La Ramie française « qui, depuis quelques années, a fait tant d’efforts pour la pro¬
duction et l’emploi de cette fibre, exposait la machine qu’elle emploie et qui est connue sous le nom
de machine Favier.
Cette machine comprend une succession horizontale de groupes semblables d’organes travailleurs ,
chaque groupe étant composé d’une paire de cannelés broyeurs , d’une paire de racleurs et d’un petit
arbre carré dégageant les racleurs. Ces groupes se succèdent, munis d’une vitesse légèrement crois¬
sante, et les tiges traversent entièrement la machine qui, divisée en deux parties dans sa largeur,
permet un travail continu à deux introducteurs et à deux receveurs , d’ailleurs fort occupés , car la
vitesse des organes et des tiges est considérable.
La société rrLa Ramie française * présentait deux machines semblables : l’une d’environ douze
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 315
groupes, pour le travail au sec; l’autre d’un nombre moindre, pour le travail en vert. Pour l’un ou
l’autre, ces machines respectives, malgré des engorgements trop fréquents, paraissent pouvoir
atteindre par jour environ i5o à 200 kilogrammes de produit, en lanières soit sèches, soit séchées
après l’opération. Le produit n’est pas trop brisé; le déchet ne contient absolument point de fibres
perdues. Par contre , ces machines sont certes un peu compliquées , par le nombre d’organes qu’amène
le désir d’obtenir une action graduée. Elles sont, par cela même, d’un prix assez élevé et n’ont en
outre pas le caractère agricole des précédentes. Il est à désirer que la commande des organes puisse
y être ultérieurement réalisée autrement que par les nombreux pignons d’angle qui y sont employés
actuellement. De tels pignons, de petite mesure, à grande vitesse et très nombreux, et sous un effort
encore assez sérieux , sont toujours d’un service pratique défectueux.
Chantier de la Buire.
Cette Compagnie , dont les importants ateliers n’avaient , il y quelques années encore, été appliqués
qu’à des travaux d’ordre général et de grande dimension, s’est attaquée récemment à l’exécution de
machines pour la filature et le tissage de la soie, but que sa situation à Lyon justifiait pleinement.
Sous l’influence d’ingénieurs spéciaux de grand mérite , M. Léon Camel pour la filature de la soie ,
MM. Leaserson et Wilke pour le tisssage mécanique des soieries, et quelques autres, et au prix des
plus méritoires efforts de sa part, elle est arrivée à des résultats remarquables, atteints en un temps
très court.
En ce qüi concerne la filature, elle avait organisé, dans son pavillon particulier de l’avenue
La Bourdonnais, une petite filature complète de soie grège, qui était un des charmes les plus at¬
trayants parmi tous ceux que renfermait la classe 54 , et qui, pour des hommes spéciaux, présentait
des particularités dignes d’un intérêt beaucoup plus sérieux que celui d’une simple curiosité super¬
ficielle.
La filature de la soie grège, qui n’est autre chose que le dévidage des cocons de vers à soie sous
forme d’un fil continu et combiné par agglutination , exige trois opérations principales : la cuisson
destinée à ramollir les cocons , le battage et le débavage destiné à trouver les bons bouts , et le filage
proprement dit ou tirage. Les deux premières opérations sont, le plus souvent, exécutées en se sui¬
vant et dans la même bassine, et l’introduction des batteuses mécaniques, qui commencent à se
propager, ne rend pas un autre mode préférable, bien que la batteuse mécanique ne puisse ainsi
atteindre son maximum de rendement. Cet inconvénient doit être préféré à celui d’un ramollissement
excessif des cocons qui résulte trop souvent d’une cuisson faite à part et laissant les cocons détrempés
attendre en cet état leur battage , au risque de devenir plongeurs. C’est vraisemblablement pour ces
motifs que les Chantiers delà Buire, dans leur spécimen de filature, ne présentaient aucun des appa¬
reils spéciaux de cuisson , dont on a tenté fréquemment l’introduction. Leur exposition ne compre¬
nait ainsi que les batteuses mécaniques et le tirage.
Les batteuses présentées par les Chantiers de la Buire sont de deux types, l’un à plateau d’escou-
beltes carré et couvrant une bassine carrée, l’autre à plateau d’escoubettes tournant et sur bassine
ronde. L’un et l’autre sont d’un fonctionnement qui est bon, quoique un peu lourd pour le but dé¬
licat qu’ils ont à remplir. Ces machines sont, d’ailleurs, comme exécution et comme mécanisme, à la
hauteur des exigences modernes et remplissant le programme complet qu’on peut attendre d’elles;
elles battent, comptent leurs coups au nombre facultatif désiré, s’arrêtent et relèvent automatique¬
ment leurs brosses-escoubettes pour permettre l’enlèvement des cocons à débaver. On retrouve dans
ces machines, avec une meilleure exécution, les principes des appareils antérieurs de Nourrit, de
Coren , de Sée et autres inventeurs.
316
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Ce sont les appareils de tirage cpii, dans l’installation de la Buire, offrent les parties les plus inté¬
ressantes. Dans ces appareils , le tirage est effectué sous la méthode de croisure de deux fils voisins ,
et dite française ou a la Chambon, généralement reconnue préférable, pour la qualité du fil, à la
méthode de croisure du fil sur lui-même , dite méthode italienne. Il faut louer certainement la bonne
disposition des asples et des barbins , établie par M. Léon Camel et qui satisfait à toutes les nécessités
pratiques du service : ménagement de l’espace, rejet latéral du fil en cas de mariage, facilité de
levée , etc. Les asples sont d’ailleurs , comme cela se pratique dans les installations modernes , en¬
fermés autant que possible dans un espace clos et chauffé, pour faciliter et activer le séchage des
écheveaux, au fur et à mesure de leur formation. Mais ces dispositions ne sortent pas du cercle de
celles qu’on peut appeler de bonne exécution. Ce qu’il faut louer particulièrement, c’est l’excellent
jette-bout imaginé par M. Léon Camel et adopté par les Chantiers de la Buire. Il y a longtemps que
cette petite et précieuse toupie, destinée à attacher, au fil grège ou aux brins en marche, un brin
nouveau en remplacement d’un brin épuisé ou rompu, était l’objet de recherches et de tentatives de
la part des praticiens.
En effet, le bout jeté à la main exige une ouvrière adroite et manque souvent son effet, laissant
trop longtemps durer la formation d’ùn fil trop fin. Mais son plus grave défaut est de s’accrocher
irrégulièrement aux brins en marche, d’y former un bousillage défectueux et peu solide qui provoque
les mariages dans le parcours croisé, et par suite le déchet et les arrêts, et qui enfin, ultérieurement,
est la cause, au moulinage, des bouchons et défauts superficiels dépréciant le produit.
Si l’on tient compte que dans un tirage, même en titre fin à quatre ou cinq brins, ces jetées se
succèdent sur le fil grège à moins de 80 ou 60 mètres d’espacement , et qu’un fil de trame comprend
habituellement au moins quatre fils grèges , et un organsin au moins huit , on comprend facilement
l’extrême importance d’une jetée bien ou mal réalisée, et cette précieuse toupie ou tournette, jetteuse
et noueuse, avait été tentée, modifiée de bien des manières, sans réussir à devenir pratiquement
utile et à se généraliser. M. Léon Camel a réussi à la rendre parfaite. Au lieu de munir le tube fixe
enveloppant le tube tournant où passe le fil grège, ou ce tube tournant, de couteaux ou autres dis¬
positifs altérables et même dangereux pour le doigt de l’ouvrière, il le forme en cisaille dentée à sa
partie inférieure.
La toupie de M. Léon Camel , tournant entraînée par la corde qui embrasse sa petite noix , accroche
le brin présenté par une novice, l’entraîne, le jette autour du fil grège en marche avec une précision
parfaite, et, quand on examine au microscope la rattache faite par elle, on trouve le brin rattaché,
méthodiquement enroulé et cravaté autour du fil, et son faux-bout méthodiquement coupé au ras de
ce nœud , solide , indéfaisable et sans aucun bout flottant pouvant former duvet. C’est un sérieux ser¬
vice rendu, en économie et en perfection, à la production du précieux textile, que celui qu’a ainsi
amené à point M. Léon Camel et que propagent les Chantiers de la Buire, qui exécutent d’ailleurs
tous les détails de leurs installations de tirage de soie avec les soins et la bonne entente les plus
complets.
M. J. Battaglia (Italie).
Dans la même branche d’industrie, M. Battaglia, de Luino, exposait, sans les faire fonctionner,
ses appareils à battre et à tirer la soie.
La batteuse de M. Battaglia est une petite machine à main, montée pour donner à l’escoubette un
mouvement rotatif alternatif; elle ne paraît susceptible que d’une faible production, et, bien que
petite, légère et bon marché, on doit lui objecter de ne diminuer en rien la main-d’œuvre absorbée.
Les bancs de tirage de cette maison sont bien établis , mais ne présentent pas de particularités carac¬
téristiques autres que le jette-bout Camel.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 317
M. Grant , à New- York.
A ces opérations se rattache le mode de llottage exposé par M. Grant. Le flottage le plus habituel¬
lement usité en soie est le simple croisé continu et sans subdivisions de la flotte ou de l’écheveau. Ce
mode croisé est indispensable en soie grège pour éviter le collage des fils, et il est, en général, pré¬
férable à celui qui constitue l’écheveau par plusieurs échevettes juxtaposées , dans chacune desquelles
le fil se superpose sur lui-même en position fixe, et qui sont séparées par une ou deux ligatures que
Ton enlève au dévidage ultérieur pour étaler l’écheveau sur la tournette. M. Grant a imaginé une
croisure qui, tout en étant continue sur toute la longueur de la flotte, repasse constamment en un
certain nombre de points fixes, amenant la formation d’un groupe de vides subdivisant la largeur de
la flotte à une position donnée. Cette subdivision se répète deux ou trois fois sur le périmètre de
Tasple. Une fois la flotte terminée, on peut alors passer des ligatures évitant l’einmêlage ultérieur,
comme on le ferait pour des flottes composées d’échevettes droites, et ces flottes, à la fois croisées et
liées, sont dans d’excellentes conditions pour faciliter leur dévidage ultérieur. Ce mode de flottage
prend une extension sérieuse.
31 8
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1 880
CHAPITRE IL
MATÉRIEL ACCESSOIRE.
Garnitures de cardes.
Pièces détachées.
Tubes.
Cuirs.
Appareils de titrage, d’épreuves.
Conditionnement.
Ventilation, humidification.
Nous réunissons dans ce chapitre les expositions qui concernent tous les accessoires
de filature, accessoires qui, par leur nature et leur intervention, sont, la plupart du
temps, de première nécessité et qui , parfois aussi, n’ont qu’un caractère adjuvant.
CARDES.
La garniture de cardes est un de ces accessoires indispensables qui jouent souvent,
dans la filature, un rôle fondamental. Si la filature du lin et du chanvre, en ce qui
concerne les longs brins, peut préparer la fibre et procéder au peignage presque
directement, en raison de l’état d’ordre parallèle que Ton a soin de maintenir dans les
tiges brutes et dans leur produit ultérieur, elle est la seule qui puisse opérer ainsi et
qui ne comporte pas le carclage. Les déchets de soie eux-mêmes (nous entendons ici
ceux du premier degré), sans subir Top.ération du cardage, sont soumis, pour leur
peignage, à l’action de garnitures de cardes. En général, toutes les autres fibres, qui
se présentent en masse confuse , nécessitent une division qui exige actuellement l’em¬
ploi de 3a carde et de ses garnitures. Et si Ton considère que, dans toute carde, chaque
organe doit avoir une garniture appropriée à sa fonction, et que chaque qualité de
matière amène des combinaisons particulières des garnitures des divers organes, et
qu’enfin il y a bien des variétés dans les divers genres de machines à carder, on
comprend que la production des garnitures de cardes embrasse des types très nom¬
breux et variant chacun dans des limites très étendues.
La garniture de cardes varie d’abord par le tissu qui lui sert de base : cuirs, feutres,
tissus feutrés, tissus caoutchoutés, tissus en plusieurs couches combinées, de natures
différentes. Elle varie par le fil, rond, plat, triangulaire; parla longueur des dents;
par la pente du crochet; par la position de ce crochet qui peut être a la base, au tiers,
à la moitié, etc., de la hauteur; parla nature du fil, fer, acier, laiton; par la grosseur
ou le numéro du fil; par le nombre des dents, parfois très claires et espacées, parfois
très serrées; par la forme de la pointe parfois affûtée comme celle d’une aiguille; par
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 319
la forme du produit fini, qui est tantôt celle d’un ruban continu, tantôt celle d’une
plaque large ou étroite, tantôt celle d’un anneau fermé.
Bien que les ingénieuses machines à bouter les cardes, généralement d’origine an¬
glaise, soient produites, le plus souvent, par des constructeurs spéciaux et non par le
fabricant de cardes, ce dernier, on le voit par cet exposé, n’en a pas moins une indus¬
trie fort compliquée, et le choix de ses matières premières, aussi bien que la variété
et le détail de soins que comportent sa fabrication et sa vente, ont des exigences des
plus changeantes et des plus minutieuses.
Cette industrie était largement représentée à l’Exposition de 1889, et 9 maisons
françaises et 1 1 maisons étrangères avaient soumis au jury des collections de spéci¬
mens de leur fabrication, spécimens offrant une perfection d’exécution et une régula¬
rité assez uniforme et ne laissant pas sans embarras des juges chargés d’une mission
de classement et de récompenses. En France, beaucoup de ces maisons sont impor¬
tantes et fort anciennes; d’autres, plus modernes, se signalent par leur initiative à
adopter des perfectionnements de valeur. Nous citerons ainsi : MM. Beaumont, Bour-
geois-Botz, Crignon, Gadeau de Kerville, Ledran, Metealfe-Courant, dont les maisons,
pour quelques-uns, remontent aux origines de notre industrie nationale, et pour les
autres, sont plus récentes, mais aussi pleines de zèle pour alimenter notre industrie
des meilleurs produits. En seconde ligne, les maisons : Vve Fortin, Gottmann et Le¬
comte, et S. Platt, moins importantes et moins anciennes, représentent encore très
honorablement cette industrie.
L’Autriche ne comprend, pour cette industrie, qu’une seule mais fort bonne maison,
M. K. Goldschmidt, de Brünn.
La Belgique était largement représentée par de fort importants fabricants de ce
genre : M. Duesberg-Delrez, M. Despa, M. Ed. George, M. Houget, toutes maisons de
Verviers, produisant des spécimens nombreux et variés.
L’Espagne a introduit aussi chez elle cette fabrication, dans laquelle l’Angleterre
fait cependant, en tous pays, une puissante concurrence, par l’action de ses grandes
maisons en ce genre. Trois exposants espagnols, MM. Mirapéis, Taule et Cie, et Soler
y Figueras, présentaient de jolies collections.
La Suisse, de son côté, figurait sous les noms de la Manufacture de cardes de Ruti,
et de M. Honegger-Amsler, de Ruti, dans les expositions desquels on remarquait de
superbes plaques à longues pointes d’aiguilles, pour le peignage de la schappe, indus¬
trie si importante en Suisse.
Il y a peu de produits aussi ingrats que la garniture de cardes pour mettre en relief
les mérites réels d’un exposant. Si ces vitrines fermées, installées au début, puis en¬
levées à la fin d’une Exposition, constituent, pour ce genre de producteurs, une très
commode et très économique méthode d’exposition, elles ne permettent, il faut le dire,
qu’un jugement des plus sommaires et des plus superficiels. Aussi, devons-nous louer
M. Duesberg-Delrez, M. Honegger-Amsler, M. Ed. George, de nous avoir montré leurs
320
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
garnitures en fort bon fonctionnement sur les machines de la Société verviétoise, cle
MM. Rieter et Cie, cle M. GéJ. Martin. Il est très regrettable qu’aucun de nos produc¬
teurs français ne juge devoir prendre la peine de présenter de meme une carde garnie
et en activité. De tels produits se jugent seulement dans de telles conditions, et des
maisons importantes de ce genre devraient tenir à honneur de se mettre ainsi en pleine
lumière.
La méthode des vitrines, trop généralement adoptée, ne nous permet, par suite,
que de parler à titre général des progrès introduits dans la fabrication des cardes. Ces
progrès reposent, en tant que se rapportant à la fdature, sur deux points principaux:
l’emploi du fd d’acier trempé au lieu de fd de fer, et l’affûtage latéral de la dent.
L’emploi du fd d’acier, en donnant à la garniture une solidité supérieure, en permet¬
tant l’emploi de fils plus fins et en assurant une beaucoup plus longue durée au mor¬
dant obtenu par l’aiguisage, a été un progrès fécond en conséquences utiles, et que
l’Angleterre a provoqué et introduit. D’un autre côté, l’aiguisage latéral du crochet
tend à fournir une pointe bien plus effilée et, par conséquent, bien plus favorable au
travail de division voulu dans la carde. M. Ashworth, de Manchester, a rendu en ce
séns un utile service, car, si l’emploi de fds triangulaires approche difficilement du
même résultat, si celui du fd méplat peut le fournir, ce dernier a toujours, par sa
forme , une tendance à cisailler le tissu de base , tandis qu’un fd rond , affûté latérale¬
ment dans la partie du crochet seulement, fournit la plus grande somme d’avantages.
Il est toutefois bien clair que tous ces procédés sont improprement désignés comme
fournissant une pointe cl’aiguille. Mais leur valeur n’en est pas moins réelle et leur em¬
ploi s’impose aujourd’hui d’une manière générale dans la garniture courante.
PIECES DETACHEES.
On désigne habituellement, sous ce nom, certains organes principaux des machines
de fdature qui offrent des difficultés particulières d’exécution et forment l’objet de l’in¬
dustrie de constructeurs spéciaux y appliquant, pour une production en grand, toutes
les ressources d’un outillage spécial. Les broches, les ailettes, les anneaux et leurs cur¬
seurs, les cylindres cannelés, etc., sont les principaux organes de ce genre qui, d’ail¬
leurs, présente des variétés sans nombre.
Dans cette industrie spéciale, la France possède la maison qui peut être citée
comme modèle entre toutes Ses similaires du monde, tant comme importance que
comme qualité de produits et perfection d’organisation. Les usines O Peugeot et Ce, à
Audincourt, sont en effet trop bien et depuis trop longtemps connues, pour qu’il nous
soit possible d’ajouter aux éloges qu’elles ont obtenus en toute occasion. Cette maison,
d’ailleurs placée hors concours (l’un de ses chefs étant membre du jury dans une
autre classe), a présenté, dans une grande vitrine, une superbe collection des princi¬
paux types de ses pièces de filature. Mais nous ajoutons que cette précaution de sa
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 321
part était presque inutile, puisque les plus belles expositions de la classe 54 représen¬
taient d’elles-mêmes et sur une large échelle, dans les organes spéciaux de leurs ma¬
chines, la production des usines C* Peugeot. C’est cette maison, en effet, qui, pour
tout constructeur de filature, est le fournisseur naturellement indiqué du plus grand
nombre de ces genres de pièces, quand on tient a faire passer la précision et la qua¬
lité avant un excessif bas prix, dont n’est compatible qu’une livraison défectueuse ou
inférieure.
Malgré ces faits bien connus, et qui rendraient inutile tout autre développement
de notre part, nous signalerons ici le nouvel et ingénieux emmanchement excentré
pour accouplement de cylindres cannelés dont cette maison a imaginé la disposition.
Cet emmanchement, beaucoup plus simple et plus facilement démontable, évite
bien des inconvénients connus, des emmanchements à carrés et assure en outre la liai¬
son longitudinale des lignes de cylindres, comme le ferait un emmanchement à vis,
sans produire le serrage forcé qui rend si difficile le démontage de ces derniers, après
un certain temps de marche.
On sait encore que les usines Cl Peugeot excellent en outre dans la fabrication
des machines à coudre et d’autres machines se rapportant à l’industrie de la couture,
machines a ourler les gants, etc.
MM. J. Hattersley and son , à Leeds.
La maison J. Hattersley and son qui exposait dans la section anglaise est à peu près, pour les
pièces spéciales au lin et au chanvre , ce qu’est la maison précédente pour la filature de la laine et
du coton. C’est le plus bel éloge que nous puissions faire d’elle. Elle fournit les plus grands construc¬
teurs de Leeds. ville où s’est concentré (surtout dans les deux maisons Fairbairn, N. M. et Cie, et
S. Lawson and sons) le plus grand courant de construction pour toutes les machines destinées à la
filature, au retordage , au polissage du chanvre, du lin, du jute, etc. Indirectement et par suite, elle
est amenée à fournir ses produits , à titre d’entretien , à un grand nombre de filateurs de cette caté¬
gorie, dans le monde entier. Ses broches et ses ailettes, en particulier, soit pour bancs à broches,
soit pour métiers à filer, sont d’une exécution parfaite.
MM. Mahon frères , a Roubaix.
Ni M . Mahon frères sont aussi d’habiles spécialistes que nous avons plaisir à citer. Ils font particu¬
lièrement bien le cylindre cannelé et rendent d’utiles services a la filature du Nord. Leur expérience
en ce genre leur a permis d’aborder avec succès le cannelage des cylindres en fonte dure pour la
meunerie moderne , dont l’Allemagne avait le monopole. Ils se distinguent encore utilement par leurs
machines à chiner la laine en rubans avant filature, machines réalisant un procédé qui fournit très
économiquement les fils de teintes mélangées. Ils font ces machines à chiner à une ou deux couleurs
simultanées. La machine exposée par eux est des meilleures pour ce but et reçoit de fréquentes ap¬
plications. Mais nous ne pouvons insister plus longuement sur cette intéressante maison, dont les mé¬
rites 11e se rattachent évidemment que partiellement à la classe 5 h.
Groupe VI w. 21
IMPRIMERIE NATIONALE.
322
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
M. Harding Cocker fils , à Lille.
M. Harding Cocker est un spécialiste dans un genre qui est différent , mais égal à aucun autre en
importance, pour certaines branches de la filature. Aucune maison n’excelle, comme cet éminent pra¬
ticien, dans l’exécution des peignes, des hérissons, des gills de toutes sortes, qui jouent dans la fila¬
ture de la laine peignée, du lin, du chanvre, du jute, de la soie, etc., un rôle si essentiel. La bonne
exécution de tous ces accessoires est des plus délicates et exige un outillage d’une finesse et d’une
précision extrêmes, que de telles maisons ont, pour la partie la plus difficile, à faire elles-mêmes. En
dehors des articles de grande production, comme les hérissons et les gills, M. Harding Cocker a ex¬
posé de superbes spécimens des pièces les plus difficiles en ce genre, comme les grands et moyens
peignes des grandes peigneuses circulaires, les peignes concaves pour peigneuses Hübner, etc. Par¬
tout, dans les grandes ou petites pièces, se retrouve la même perfection.
TUBES.
La fabrication des tubes rend à la filature un service accessoire qui, sans avoir L im¬
portance delà fourniture des cardes, des pièces détachées et des peignes, n’en a pas
moins un caractère indispensable et provoque l’intervention d’industries mécaniques
fort actives et fort intéressantes.
Le tube qui sert de support au fil, est de deux sortes principales. Il y a les tubes de
service qui ne quittent guère la filature , servent aux préparations et même parfois au
fil fini, mais ne se renouvellent qu’après usure; ceux-ci sont le plus souvent en bois. Il
y a, d’autre part, le tube de vente destiné au fil expédié à l’état de bobines ou de can-
nettes, qui est perdu le plus souvent; celui-là est en papier, et l’énorme consommation
qui s’en fait exige qu’il soit produit avec les moyens les plus économiques. Ce dernier,
dans ses diverses variétés, a provoqué, pour sa production, la création de très ingé¬
nieuses machines spéciales qui amorcent la bande de papier, l’impriment, la roulent,
la collent, la coupent, lissent le tube, le rejettent fini, le tout avec une merveilleuse
rapidité de production et sur toutes les mesures précises que peuvent exiger les besoins.
Le tube ou la bobine en bois, au contraire, est d’une production bien plus restreinte et
qui ne rentre guère que dans Tordre des travaux habituels de tournage en bois.
M. Eugène Defraiteur, à Verviers.
M. Defraiteur est un producteur important de tubes en papier et a exposé une collection complète
de tous les genres usités pour laine, coton, soie. La fabrication annuelle s’élève à 200,000 kilo¬
grammes , en tubes ou bussettes de toutes mesures. Ses produits sont excellents et d’une grande régu¬
larité.
M. Defraiteur fait et fournit aussi aux filateurs des machines pour faire eux-mêmes leurs tubes,
et s’est fait breveter pour divers perfectionnements apportés à ces machines. Il est à regretter qu’il n’ait
pu en exposer une qui n’eut pas manqué d’être intéressante et eut mieux édifié le jury sur ses mé¬
rites.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 323
M. A. Lonhienne fils , à Verviers.
M. Lonhienne a aussi présenté une collection de toutes les variétés imaginables de tubes en papier
irréprochables comme perfection et régularité; sa production est des plus importantes et s’élève
annuellement à 45o millions de tubes, correspondant à plus de 5oo,ooo kilogrammes et employant
environ 1 10 machines à tubes et un très important matériel accessoire. M. Lonhienne fait aussi ses
machines lui-même et y a apporté de nombreux perfectionnements. Il a obtenu depuis 1878, époque à
laquelle il a fondé son industrie, des récompenses de premier ordre et bien méritées, aux Expositions
d’Anvers, de Liverpool, de Barcelone et de Bruxelles.
MM. Wilson brolhers, a Todmorden (Angleterre).
MM. Wilson brothers sont des plus honorablement connus et fort importants pour la production
de tous les genres de tubes et bobines en bois. C’est la maison de ce genre la plus considérable qui
existe. Leur exposition faisait, en particulier, remarquer des tubes de banc à broches, de métiers con¬
tinus, etc., garnis, par un procédé breveté, d’un revêtement métallique aux points où la pièce se
fatigue dans son service. Cette excellente disposition, sans trop renchérir, ni alourdir la pièce, la rend
bien supérieure en durée et lui permet d’être en rapport, comme solidité, avec les énormes vitesses
d’organes usitées actuellement.
M. A. Debargve , de Fourmies.
M. Debargue a imaginé, pour le cas où l’on file sur bussettes très coniques, ou même sur tubes
ordinaires , un ingénieux genre de support métallique à ressort qui se fixe sur la broche et reçoit le
tube en le maintenant solidement et parfaitement centré, quel que soit le calibre du tube. On évite
ainsi l’emploi de billots en bois appliqués sur la broche, billots qui sont onéreux, alourdissent la
broche et fixent mal les tubes qu’ils laissent trop souvent se déplacer pendant le filage. Ce ressort,
formé par un mince tube conique refendu à plusieurs places en branches entrouvertes, est très avan¬
tageux et s’est considérablement répandu , soit pour continus , soit pour renvideurs.
CUIRS.
Il est inutile d’insister sur le rôle indispensable que jouent les cuirs, convenablement
préparés et utilisés, sous formes diverses, dans les machines de filature. Le garnissage
des cylindres de pression exige des peaux de veau d’un grand moelleux et d’un lustre
parfait, et cet article de première importance est fait en France mieux que partout
ailleurs. Les manchons en buffle, pour frotteurs de laine peignée, sont un autre article
important aussi. Beaucoup d’autres machines , les gills— box , certaines peigneuses, etc.,
utilisent aussi des cuirs forts et égalisés, sous la forme de manchons de longueur et de
largeur très variées.
En tannerie et corroierie, le cuir de filature est une spécialité exigeant des soins
particuliers.
32/i
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
MM. Poullain frères, à Paris.
(Hors concours comme membre du jury de la classe 47.)
MM. Poullain sont depuis longtemps connus comme excellant dans cette spécialité et comme y ayant
une importance majeure. Leurs cuirs à cylindres, en particulier, sont appréciés et recherchés dans
le monde entier, et leurs produits exposés en 1 889 maintiennent entièrement la situation que s’est
acquise cette maison depuis sa fondation remontant à 1807.
M. J. de Tayrac, à Lille.
M. de Tayrac est aussi un fabricant consciencieux et expérimenté, mais plus spécial aux articles de
tissage qu’à ceux de la filature.
M. Rochatte, à la Petite-Raon (Vosges).
M. Rochatte est un habile couvreur de cylindres , ce qui est une industrie fort utile à pratiquer en
grand et à façon , en ce que des filatures peuvent rarement réussir individuellement celte opération
dans des conditions de régularité parfaite. Les cuirs meulés de M. Rochatte sont fort bien régularisés.
APPAREILS D ÉPREUVES, DE TITRAGE, DE CONDITIONNEMENT.
Mme veuve A LE AN.
Mme veuve Alean exposait le dynamomètre construit par M. Perreaux sur les dispositions de feu
M. Michel Alean. On sait cpie ce regretté professeur avait été le premier à préconiser et à introduire,
dans la pratique des filatures, l’usage d’un appareil d’épreuve de résistance des fils, et on sait aussi
combien de services a rendu celui qu’il a fait établir pour ce but.
M. Storay, à Tourcoing.
M. Storay a présenté également un appareil fort bien entendu pour ces épreuves de résistance des
fils; mais le côté le plus intéressant de son exposition est bien certainement la présentation des plans
d’installation générale et des étuves de dessiccation de la Condition publique de Tourcoing, dont il
est le directeur, et qui mérite des éloges complets. L’importance du mouvement des textiles , dans
une place comme Tourcoing, est tel que les opérations de la Condition publique, malgré la modicité
de leurs prix, sont la source d’un revenu annuel de près de 200,000 francs pour la ville.
M. J. Testenoire.
M. J. Testenoire, au nom de la Chambre de commerce de Lyon, ne s’est pas contenté de nous pré¬
senter les plans généraux de la Condition publique de Lyon, dont il est le directeur, il y a joint des
modèles d’une exécution parfaite, représentant, de la manière la plus instructive, une installation
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 325
complète de douze étuves , telle qu’il en établit dans l’important service qu’il dirige et dont le mou¬
vement annuel, rien qu’en soie, s’élève a 5 millions de kilogrammes. Nous n’avons pas besoin de dire
que ces installations sont admirablement bien entendues pour la commodité, la rapidité et- l’économie
de vérifications précises, comme conditionnement et comme titrage. La Chambre de commerce de
Lyon, qui a inauguré, la première, à titre de service public, un établissement de ce genre en i8o5,
lui a toujours consacré les efforts les plus continus, et bien quelle soit habituée à intervenir constam¬
ment dans tout ce qui concerne les intérêts généraux de l’industrie si importante de sa région, on
peut dire qu’elle n’a jamais rendu à celle-ci un service plus efficace que celui de cette institution,
imaginée par elle et développée graduellement avec toutes les améliorations utiles. C’est à Lyon cfue
l’on a adopté d’abord la méthode de dessiccation absolue de M. Talabot, qui est adoptée aujourd’hui
partout.
M. Jametel, a Verviers.
M. Jametel présentait aussi une étuve à gaz, fort bien combinée pour le conditionnement des
laines.
M. J. Uhmann , a Zurich.
M. J. Uhmann a exposé une très remarquable collection de tous les instruments de précision qu’il
construit pour les pesées, le titrage, les vérifications de qualité, de résistance, de torsion, etc., des
filés. Tous ses appareils sont établis sur des dispositions originales, extrêmement bien conçues.
Sa balance de précision , son grand dynamomètre vertical pour échevettes , ses petits dynamomètres
à cadrans pour fils simples ou même pour fibres, ses appareils à planchettes, se font surtout remar¬
quer et témoignent d’une exécution très soignée, aussi bien que d’un très juste sentiment pratique
des conditions voulues, pour rendre les opérations commodes, rapides et exactes.
APPAREILS DE VENTILATION ET D’HUMIDIFICATION.
Ces appareils sont des adjuvants au point de vue de la filature, mais leur rôle pour
certains genres et dans certains milieux n’est pas sans importance. On a dit bien sou¬
vent que l’Angleterre devait une partie de sa force économique, quant à la production
du filé et du tissu de coton, a l’humidité habituelle de son climat. 11 est certain que ce
climat est tel que, avec l’intervention de chauffages à vapeur convenables, le fdateur y
obtient tout naturellement l’ensemble des conditions atmosphériques qui ont été celles
des pays de croissance de la fibre et qui sont celles qui lui donnent la plus grande ré¬
sistance et la plus grande souplesse. L’intérêt qu’il y a à créer artificiellement, dans
beaucoup de pays et dans certaines saisons, un milieu atmosphérique convenable, dans
les salles de filature, n’a, en tous cas, plus besoin d’être démontré.
MM. Cuaü et jils, à Paris.
MM. Cuau et fils ont présenté un appareil humidificateur qui est simple et fournit de l’air saturé
d’humidité en quantité proportionnée à la puissance du ventilateur employé. L’air insufflé par le
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
326
ventilateur dans un double fond en sort par une paroi supe'rieure horizontale, en tôle perforée, sur
laquelle un robinet entretient une nappe d’eau de quelques millimètres d’épaisseur, à travers laquelle
l’air insufflé barbotte forcément. Des cloisons en tissus a claire-voie empêchent l’entraînement de toute
poussière d’eau.
M. A. Petit .
L’appareil de M. A. Petit est assez analogue, mais faible, et comprend un filet d’eau rencontrant
un organe en brosses qui le brise et un courant d’air ascendant qui se charge ainsi à saturation.
Société kL’Aérophore ».
Cette Société a présenté une série d’appareils qui reposent sur le principe de l’injecteur et de l’en¬
traînement de l’air dans une colonne, parle moyen d’un jet vigoureux d’eau très divisée. Tous ces
appareils recourent à l’emploi d’ingénieux pulvérisateurs, fonctionnant sous une pression d’eau suffi¬
sante et parfois considérable. On ne peut que reconnaître la puissance de plusieurs de ces dispositions,
et cette Société a fait de nombreuses applications bien réussies. Mais il faut exprimer ses réserves, en
ce qui concerne l’excès d’eau entraînée en poussière , auquel exposent ces appareils et qui peut se
traduire par des condensations nuisibles. Ces appareils auraient une utilité particulière pour rem¬
placer le vaporisage pratiqué dans des chambres ou caisses pour fixer la torsion des fds de coton.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 327
CHAPITRE III.
MATÉRIEL SECONDAIRE.
MM. Offroy et Pfeiffer. MM. Mouchère.
Martin. Ryo-Cotteau.
Gaüchot.
Il convient de classer sous ce titre les expositions qui comprennent surtout des ma¬
chines ou appareils qui se rattachent à des opérations complémentaires transformant le
fil à des degrés divers. Nous réunissons donc ici les expositions qui concernent le retor¬
dage, le bobinage, dévidage, pelotage, etc.
Les métiers à retordre en eux-mêmes sont le plus souvent exécutés par les construc¬
teurs du matériel principal, et nous avons cité de beaux spécimens de ce genre dans
les expositions de la Société alsacienne, de M. Grün, de la Société de Bitschwiiier.
Mais ils font aussi souvent partie du matériel varié qu’exécutent des spécialistes s’oc¬
cupant particulièrement de tout ce qui se reporte aux combinaisons et aux transforma¬
tions que subissent un grand nombre de filés de genres variés, avant d’arriver à la
consommation.
Parmi ces exposants, il y en a eu de fort importants comme production et comme
variété de machines exposées; d’autres ne présentaient, au contraire, qu’un genre par¬
ticulier isolé.
MM. Offroy et Pfeiffer.
MM. Offroy et Pfeiffer avaient exposé des dévidoirs munis d’un organe purgeur de leur inven¬
tion , organe fort intéressant et fort bien fait. Le fil passe entre deux petites plaquettes planes et bien
polies, accouplées à charnière et formant pince plate, dont une pièce est fixe et l’autre sollicitée à
exercer sur la première une pression réglable à volonté. Un petit contrepoids se déplace à cet effet
sur un levier. Un distributeur alternatif déplace successivement, de quelques millimètres, le fil entrant
entre les plaquettes, afin que l’accumulation des duvets et ordures qu’il abandonne ne puisse l'em-
barrer, et que celles-ci se détachent au contraire et tombent librement. Le fil est ainsi soumis à une
tension réglable et constante en tous ses points, et tout point présentant une résistance moindre est
obligé de rompre. En même temps, l’organe forme obstacle à laisser passer des ordures ou des gros¬
seurs faisant partie inhérente du fil et non susceptibles de s’en détacher à l’entrée des plaquettes affû¬
tées en biseau et serrées l’une sur l’autre. Il force encore le fil à rompre en ce cas. Cet organe est un
excellent obstacle , de la nature de ceux que l’on place habituellement sur le parcours du fil, aux bobi-
noirs de chaîne de tissage mécanique, sous forme de tringles de tension, de pannes, de plaques à
fentes étroites, ou de crochets à étranglement, et on peut dire que, à lui seul, il reproduit, au degré
réglable qu’on désire, l’effet de tous ces genres d’obstacles réunis. Mais si l’application de cet obstacle
est rationnelle à un dévidoir échantillonne!!!*, qui ne sert au filateur que d’appareil de vérification de
328
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
S3S produits, elle ne l’est nullement aux dévidoirs qui doivent pratiquement mettre en écheveaux la
production journalière de la filature. Gomme usage courant, cet organe ne peut rendre avantageuse¬
ment ses services qu’au bobinoir de tissage, où chaque fil fonctionne h titre indépendant et où la
rupture d’un fil n’arrête que ce fil et non en même temps 5o ou 60 fils voisins. Il faut plaindre le (da¬
teur maladroit que sa mauvaise fabrication obligerait à recourir a ce correctif onéreux, placé à la fin
de ses opérations; mais il faut encourager le tisseur bien avisé qui le placera, très utilement et sans
frais, au début des siennes, pour les protéger toutes contre l’influence éventuelle d’une mauvaise
veine de fils.
M. Martin , à Paris.
Cette maison avait exposé des machines h peloter les gros fils, machines ne présentant point d’in¬
térêt particulier.
M. Gavchot.
M. Gauchot exposait, au contraire, une machine à peloter en petites bobines pour les fils fins,
machine dans laquelle les fonctions ont des exigences infiniment plus complexes, et qui forme une
étude intéressante. Pour arriver h une production un peu sérieuse (dans ce cas, des fils fins en petites
pelotes), il faut que la vitesse du fil absorbé soit un maximum et maintenue à peu près constante,
depuis le début de la formation de la pelote sur un diamètre insignifiant jusqu’au gros diamètre de
la pelote pleine. 11 faut pour cela faire varier, incessamment et graduellement, la pente des broches,
la vitesse de rotation des broches et celle des ailettes. M. Gauchot prend l’origine des variations h
effectuer sur un tendeur oscillant que les fils enveloppent en commun et qui est sollicité à se balan-
cer en sens opposé par un contrepoids à action, variant selon que le levier qui le porte est plus ou
moins écarté de sa position horizontale. Tous les mouvements des organes sont commandés par des
plateaux de friction agissant contre des poulies ou barillets en cuir, se déplaçant plus ou moins
excentriquement sur leurs plateaux. Les bobines fournissant les fils se déroulent tirées par eux
et forment un frein qui devient d’autant plus énergique que leur vitesse augmente par l’accroisse¬
ment des pelotes. La tension croissante des fils modifie ainsi la position du tendeur, en se mettant en
équilibre avec l’action du contrepoids et, enfin, c’est ce tendeur qui, en se déplaçant, déplace les
poulies ou barillets sur leurs plateaux , pour réduire la vitesse des organes et empêcher la vitesse des
fils de croître plus qu’il ne convient. Un dispositif accessoire permet, quand un compteur arrête le
mouvement, de couper à la fois tous les fils et de projeter dans une auge toutes les pelotes finies
hors de leurs broche.
Dans la préparation des bobines ou pelotes de filés de laine moulinée, pour bonne¬
terie à la main, la pelote doit être établie sur un poids exact et déterminé du produit
utile. L’opération destinée à fractionner le fil en longueurs de poids constant est fort
délicate : le mesurage de la longueur ne peut pas la remplacer, à cause de l’extrême
extensibilité du fil.
M. Mouche re, à Angoulême.
M. Mouchère a imaginé, pour cette production qui est beaucoup plus considérable qu’on ne le
supposerait, de faire une machine à peser automatique, et il a trouvé, à ce sujet, par une très heu¬
reuse application de l’électricité, une solution et des dispositions qui sont non seulement charmantes,
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 329
mais qui sont la perfection même en ce genre, au point de vue de la précision. Un des fléaux d’une
balance porte un récipient pour le fil; l’autre fléau, taré et portant le poids voulu, se termine par
deux pointes formant vis de pression réglables, plongeant dans deux godets de mercure et les
reliant pour fermer le circuit d’une pile mettant en activité un électro-aimant placé à l’arrière et en
haut de la machine. Cet électro-aimant maintient en contact la branche d’arrière d’un levier horizon¬
tal dont le hras d’avant remonte si le levier, abandonné à son poids naturel par l’interruption du cou¬
rant, vient à fléchir. Ce bras d’avant tient ouverte, pendant la marche, une petite pince où passe le
fil venant d’un écheveau monté sur une tournette. 11 laisse en outre abaissé, sur un tambour en rota¬
tion continue, le rouleau de pression qui appelle le fil et le fait tomber dans le récipient. Au moment
précis où la balance arrive à son point d’équilibre , les pointes sortent du mercure , le courant s’inter¬
rompt et le levier fléchit, fermant la pince et soulevant le rouleau de pression et le fil s’arrête net. Ce
dispositif est infiniment meilleur que ne peut être un déclanchement%écanique quelconque, parce
que la balance n’a à accomplir aucune fonction qui puisse nuire à sa sensibilité. En outre, dans un
dispositif mécanique quelconque , la résistance , variant selon l’état des surfaces de contact des organes
déclanclieurs, introduit toujours une cause capricieuse d’irrégularités.
M. Mouchère complète, quand on le désire, son excellente machine à peser par une parfaite instal¬
lation de l’appareil peloteur correspondant à l’opération qui suit le pesage.
L’exposition la plus importante de beaucoup, parmi celles qui concernent le maté¬
riel secondaire de la fdature, a été celle de MM. Ryo-Catteau.
MM. Ryo-Catteau , à Roubaix.
C’est assurément une maison habile et industrieuse que celle qui a su trouver un champ d’exploi¬
tation important dans une spécialité d’apparence restreinte, celle des opérations intermédiaires entre
la filature et le tissage.
MM. Ryo-Catteau exposaient :
i° Un bobinoir assembleur pour moulinage floche et pour fils floches, assemblant jusqu’à seizé
fils rendus solidaires par l’entraînement en commun d’un même léger rouleau- panne. Les casse-fils,
fort ingénieux, font basculer ce rouleau de manière à présenter en avant et commodément le barbin
du fil à rattacher. Le débrayage de la bobine, en cas de casse, a lieu par une palette en cuir s’intro¬
duisant entre le tambour moteur et la bobine;
2° Un moulinier diviseur travaillant les bobines du dévidoir ci-dessus, à broches verticales, sans
ailettes, à deux asples indépendants pour abréger les arrêts de levée;
3° Un remarquable bobinoir d’écheveaux pour tissage , ou retordage , ou cannetage , faisant des
bobines croisées, cylindriques, de faible hauteur, de grand diamètre et sans fonds, susceptibles de
fuser au dévidage ultérieur sans tourner. On y remarque des casse-fils arrêtant isolément le tambour
moteur de chaque bobine, un rouleau entraîneur en bois lisse, soulageant le fil de l’écheveau; le dis¬
tributeur-croiseur formé par l’évidement hélicoïdal à retour qui coupe chaque tambour moteur
en deux pièces; enfin, un double système de leviers à pression réglable, l’un portant la bobine
qui, arrivée à un diamètre facultativement déterminé, fait arrêter le tambour-moteur, l’autre portant
un rouleau compresseur qui serre l’en vidage sans fatiguer le fil;
k° Un dévidoir à casse-fds, avec râteliers dans le haut, asples dans le bas, à deux faces et en deux
moitiés indépendantes, à envidage en croisure-soie , à bras extensibles , compteurs de rechange, frein
d’arrêt , etc. , utilisable pour tous titrages ;
5° Un bobinoir assembleur pour retordage, etc., faisant les bobines cylindriques croisées et sans
330
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
fond, ayant les mêmes ingénieux dispositifs de solidarisation et de casse-fds que le bobinoir assem¬
bleur pour moulinage;
6° Une cannettière ordinaire travaillant les bobines du bobinoir numéro 3, avec un ingénieux
frein de tension ou de friction sur la bobine alimentaire ;
7° Une intéressante cannettière, à barbin voyageant en formant écrou sur une tige filetée, dont
la rotation déplace les renvidées et finit par arrêter automatiquement et isolément le fil de la cannette
pleine ;
8° Un retordeur à 6 fils pour fils forts , à casse-fds soulevant les rouleaux de pression alimentaires
et dégrénant la broclie;
9° Un excellent bobinoir pour lin, à tambour conducteur du fil;
io° Un continu à retordre, système Lancaster, bien exécuté;
1 1° Une peloteuse avantageuse faisant à volonté la croisure à carreau ou ordinaire;
1 2° Une peseuse à débrayage mécanique assez satisfaisante.
Ce nombreux matériel, d’une bonne exécution générale, témoignait de la fertilité de combinaisons
et de l’ingénieuse activité de ses auteurs, dont le mérite est bien apprécié dans le centre industriel de
premier ordre où ils rendent d’utiles services.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDER IE. 331
CHAPITRE IV.
PRODUITS DE LA CORDERIE.
Nous disions que, de la comparaison qu’on est naturellement amené à faire entre
les Expositions de 1867, 1878 et 1889, il ressort un progrès constant.
Pour la corderie, ce progrès est réalisé par le détail des procédés simplifiant les
moyens de production et substituant, presque partout, la machine au travail manuel
plus coûteux et plus lent.
En tout, aujourd’hui, le programme nécessaire consiste à faire vite, à bon mar¬
ché et bien; la machine peut seule remplir ces conditions, et toute industrie est amenée
à des efforts constants pour rendre son travail complètement mécanique.
Cette transformation, devenue une loi générale, est bien mise en évidence par les
expositions de la corderie de la classe 5A; depuis l’énorme câble des mines jusqu’au
fil de pêche le plus fin, depuis le cordage goudronné destiné au service de la marine
jusqu’au fil à voile, en passant par les câbles en fer, en acier, en laiton et en cuivre,
tout recourt aujourd’hui de plus en plus au travail des machines. Mais la machine ne
suffit pas seule; si la science a créé ces admirables outils de production, elle devait
en combiner les pièces, en prévoyant, pour chacune d’elles, un rôle élastique et va¬
riable, en vue des produits variables eux-mêmes. Avec la machine, le hasard ou
l’instinct de l’ouvrier, qui entrait jadis pour une large part dans les résultats, ne doit
plus être pour rien dans les méthodes suivies. Aussi, la résistance, les tensions, le
degré exact de torsion qui fournit un maximum de force, l’art des mélanges destinés
à faire un tout homogène, les moindres détails enfin de la fabrication, doivent-ils
être mathématiquement prévus, et ce sont tous ces progrès réunis qui ont porté la
corderie, et en particulier la corderie française, à un point si avancé aujourd’hui,
PROGRÈS DE LA CORDERIE EN FRANCE.
La corderie, dont la fabrication prépondérante a appartenu pendant longtemps a la
Russie, à l’Allemagne, à l’Angleterre, tend actuellement à devenir en France l’objet d’un
art approfondi et, si rien ne vient entraver la marche de sa production, l’industrie fran¬
çaise en ce genre peut, dans un avenir prochain, atteindre une véritable supériorité.
Déjà la Russie a renoncé à la lutte sur le marché français; seules, l’Allemagne,
l’Italie, l’Angleterre soutiennent encore une comparaison et une concurrence qui de¬
viennent plus difficiles pour elles, à mesure que le perfectionnement de l’outillage et
la facilité d’approvisionnement de la matière première abaissent les prix de revient.
33*2
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Si le progrès de la corderie française et son développement sont bien visibles, il
convient clen rapporter le mérite, d’abord à l’outillage moderne créé en Angleterre,
ensuite aussi aux grands industriels qui ont su, par une initiative intelligente, monter
cet outillage, le perfectionner, en étudier judicieusement les méthodes d’utilisation et,
enfin, conquérir la place qu’ils occupent. Leur mérite est d’autant plus réel, que le
prix de la matière ouvrée subissait une diminution importante qui, depuis 1878, pré¬
sente les écarts suivants :
Cordes de marine, en chanvre goudronné . 10 p. 0/0
Cordages blancs , pour l’industrie . 12
Gréements en fil de fer galvanisé . 1 5
Ficelles d’emballage . 20
En même temps que cette baisse se produisait, la qualité des produits livrés pro¬
gressait en général en raison inverse.
De son côté, le consommateur devenait plus exigeant. Il y a quelques années, on
achetait sans se préoccuper de la résistance de la corde, de la garantie de sa durée,
tandis qu’aujour d’hui, ces questions importantes font la base des marchés.
La maison Bessonneau, d’Angers, a contribué dans une large mesure à introduire
ces changements dans les conditions de vente. S’appuyant sur des données précises
fournies par cette maison, toutes les compagnies françaises de chemins de fer ont
dressé des cahiers de charges, dont les conditions rigoureuses leur assurent des quali¬
tés uniformes et leur donnent la plus grande sécurité.
C’est aussi sous ces inspirations que le comité d’artillerie français, après une minu¬
tieuse étude de la fabrication et de la qualité comparative des chanvres de chaque
pays, a dressé récemment un cahier de charges portant au double la force de résis¬
tance des cordages nécessaires à ses besoins, de sorte que, depuis cette époque, l’ar¬
tillerie et le génie s’approvisionnent d’un produit deux fois supérieur à l’ancien, sans
majoration sensible dans les prix.
Cet exemple a trouvé des imitateurs qui, à leur tour, exigent des câbles ayant une
force de résistance d’un tiers plus élevée que par le passé : ainsi font quelques compa¬
gnies minières. C’est par suite d’une routine blâmable, que d’autres mines achètent
des câbles (à la solidité desquels est confiée la vie des ouvriers) sans éprouver au
préalable leur force de résistance.
Il est étrange, en effet, que des compagnies dépensant annuellement, pour leurs
puits d’extraction et leurs descenderies, plus de 100,000 francs de cordages, puissent
en prendre livraison sans même vérifier leur qualité. Si le guidage est en bon état,
le danger n’est pas grand; mais, lorsque l’usure ou l’humidité rendent ce guidage dé¬
fectueux et décuplent, par ie frottement, l’effort de la traction, les risques de rupture
deviennent menaçants.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 333
CÂBLES TEXTILES.
11 se fabrique aujourd’hui une grande quantité de ficelles de jute pour l’usage des
raffineries, des faïenceries, des salines, etc.; cette matière est de 3o à 4o p. o/o
moins chère que le chanvre, et elle peut suffire à certains emplois.
Malgré l’apport du jute, de l’alfa et d’autres matières employées dans la corderie,
la production du chanvre en France est bien loin de répondre aux demandes de l’in¬
dustrie française. En 1878, la totalité du chanvre récolté suffisait à peu près aux deux
tiers de la consommation; aujourd’hui, c’est à peine si, demeurée sensiblement la
même, elle satisfait à la moitié. Cette insuffisance est due à l’augmentation constante
de la fabrication.
Les pays producteurs de chanvre sont actuellement et par ordre d’importance :
La Russie, production annuelle .
L’Italie .
La France .
L’Autriche .
La Serbie .
L’Espagne .
La Belgique .
Total . . 248, 000, 000
La France importe des chanvres de ces divers pays et, en outre, de Bombay
(Indes), de Manille (lies Philippines), de Sisal (Mexique), enfin de la Nouvelle-Zé¬
lande.
La production de la Francé même se répartit comme suit :
Sartlie .
Maine-et-Loire .
Indre-et-Loire .
Loire-Inférieure. . . .
Lot-et-Garonne. . . .
Somme .
Isère .
Ain .
Côtes-du-Nord .
Haute-Vienne. . . . .
Ille-et-Vilaine .
Mayenne .
Morbihan .
Autres départements.
1 2,000,000 kilog.
8,000,000
3,ooo,ooo
i,5oo,ooo
1 ,5oo,ooo
i,5oo,ooo
1 ,000,000
5oo,ooo
5oo,ooo
5oo,ooo
5oo,ooo
5oo,ooo
5oo,ooo
8,5oo,ooo
Total
4o, 000, 000
334
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Par ^contre, la consommation de la corderie française est de :
En chanvre . 80,000,000 kilo#.
En manille . ; . 2,000,000
E11 sisal . 5oo,ooo
En chanvre de la Nouvelle-Zélande . 5oo,ooo
Total général . 83, 000, 000
D’où il suit que l’industrie française est tributaire de l’étranger pour la moitié de sa
consommation de chanvres bruts qui, fort heureusement pour elle, entrent en franchise.
Toutefois il n’entre pas du dehors que des chanvres bruts; en effet, grâce au bas
prix de la main-d’œuvre et de la force motrice qu’elle emprunte à ses nombreux cours
d’eau, l’Allemagne parvient à importer, dans l’est de la France et à Paris, des quan¬
tités considérables de ficelles et de cordages.
De son côté, l’Italie approvisionne presque exclusivement la Savoie et les départe¬
ments frontières du Midi.
Enfin l’Angleterre, par ses services maritimes fréquents et réguliers, exporte dans
les colonies françaises une assez grande quantité de ficelles et cordages.
La fabrication française a donc à lutter non seulement à l’étranger, mais encore en
France, contre une concurrence redoutable qu’elle soutient uniquement par cette cir¬
constance, que ses produits sont supérieurs et qu’elle reçoit franc de tous droits
l’important appoint de matières premières qu’elle est contrainte de demander au
dehors. Ce dernier point n’est pas d’ailleurs pour l’industrie française un privilège,
mais une condition indispensable et similaire à celles dont jouissent ses voisines et
concurrentes. L’Angleterre et l’Allemagne ont, toutes deux, la franchise d’importation
pour leurs matières brutes. Quant à l’Italie, sa production en chanvre brut dépasse de
beaucoup sa consommation.
La consommation des cordes en chanvre est relativement restreinte en Algérie , en
Tunisie et en Cochinchine, et dans beaucoup de pays chauds; ces contrées fabriquent
des cordes en alfa, désignées sous le nom de spartes, dont le prix de revient est bas
et qui ont l’avantage de résister plus que le chanvre à l’humidité. Par contre, la sou¬
plesse de ces cordages et leur faculté de tension sont bien moindres, et leur service,
dans bien des cas, serait inutilisable ailleurs.
En Cochinchine, on ne se sert que de cordes de bambous qui sont souples et offrent
une grande résistance. On a pu voir à l’Exposition, dans le pavillon de l’Annam-Ton-
kin, un modèle de pont en bambou assujetti par des cordes de même matière. Ces
ponts, qui mesurent ordinairement 8 à 10 mètres de longueur, sont facilement trans¬
portés par quatre hommes, ce qui, étant donnée la nature du sol de ces contrées
privées de routes, mais sillonnées par de nombreux cours d’eau, constitue une grande
facilité pour les communications.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 335
La corderie emploie les chanvres blancs pour la fabrication des câbles destinés aux
chemins de fer, à l’industrie et à la transmission de la force motrice.
Les câbles goudronnés sont demandés par la marine et par l’industrie minière; ils
ont, sur les cordages de chanvre blanc, l’avantage d’être moins sujets aux influences
hygrométriques.
Nous rappellerons, pour mémoire, que le rapport de 1878 mentionnait la pré¬
sence de chanvres non rouis, qui se produisaient à cette époque â Vaugenlieu (France)
et à Padoue (Italie). Ces chanvres ne figurent plus à l’Exposition de 1889; étaient
loin, en effet, de présenter un progrès, et leur adoption n’aurait eu d’autres résultats
que de déprécier les produits.
Le manille blanc est employé pour le service des navires et pour la transmission de
la force motrice. Lorsqu’il est goudronné, il sert à la fabrication de câbles plats pour
les mines. Le manille est léger; il flotte sur l’eau, mais sa force de résistance est
moindre que celle des bons chanvres d’Europe. Il rachète ce désavantage par une
qualité précieuse : il 11’est pas attaqué par l’eau, alors que le chanvre mouillé pourrit.
L’humidité est, pour le manille, une condition de durée, puisque, dans les puits des
mines qui sont secs ou chauffés, les câbles fabriqués avec ce textile doivent être
constamment arrosés.
Le sisal et de même aussi le coco ne trouvent leur application qu’à bord des navires.
Le bambou, dont la Cochinchine fait usage, n’est jusqu’ici aucunement employé en
Europe. Le coton, malgré un prix plus élevé, est souvent préféré au chanvre ou au
manille, pour transmissions de mouvement, à cause de sa souplesse et de son adhé¬
rence supérieures.
Quant à la ramie, nous ne pouvons que faire des vœux pour son utilisation. Sa
filasse, par sa force et sa finesse, deviendrait un jour un sérieux auxiliaire pour les
corderies si l’on parvenait à l’obtenir à bon marché. Il serait donc à désirer qu’un pro¬
duit précieux à tant de titres, et qui serait cultivé si facilement dans les pays colo¬
niaux, pût enfin entrer dans la production courante et apporter un nouvel appoint à
la richesse publique.
Le jute, en corderie, ne fournit, comme nous l’avons dit, que des produits infé¬
rieurs et accessoires.
LES CÂBLES MÉTALLIQUES.
Jusqu’en 1878, la France ne fabriquait que le fil de fer, et ses corderies étaient
tributaires de l’Angleterre et de l’Allemagne pour la fourniture des fils d’acier. Depuis
quelques années, nos industriels ont entrepris cette fabrication, de sorte qu’ils pro¬
duisent maintenant, pour les corderies, le fd d’acier dans des conditions de fini, de
solidité et d’économie qui écartent la concurrence étrangère.
La corderie métallique tient à présent une large place dans la fabrication et répond
à des besoins spéciaux soit de l’industrie, soit des grands services publics.
336
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Les câbles métalliques ont des propriétés différentes de celles des câbles textiles et
des applications infinies. Le fil de fer sert à la confection des gréements des navires
et particulièrement des manœuvres dormantes. Il présente des conditions de résistance
et d’élasticité qui le font rechercher par le service des mines. Avec le fil d’acier, se
préparent les aussières, les drosses, les chaînes d’ancre. Il est employé en câbles de
traction dans les chemins de fer, pour les défonçages à la vapeur dans les pays du
Midi et en Algérie. Il forme, dans le service des mines, d’excellents câbles de traction
sur les plans inclinés.
Les câbles en fil d’acier ont, sur ceux en fil de fer, l’avantage fort appréciable de
fournir une résistance plus grande sous un volume moindre; ils sont, à ce titre, em¬
ployés presque exclusivement pour les chemins de fer aériens et, en fin d’analyse, leur
prix de revient est généralement plus avantageux.
Les fils de cuivre et de laiton trouvent leur application dans l’industrie. Sans nous
attarder à rechercher les spécialités qui les emploient de préférence, il nous suffira de
rappeler qu’ils servent à la confection des chaînes de paratonnerres et des conducteurs
d’électricité.
La crainte de donner à notre rapport de trop grands développements nous oblige à
exposer sommairement ces considérations. En les terminant, nous rappelons qu’en
1867, la presque totalité des cordages présentés étaient encore des produits à la
main, mais que, onze ans plus tard, en 1878, la corderie mécanique prenait déjà
une large place et annonçait ce qu’elle devait être aujourd’hui, c’est-à-dire prédomi¬
nante. Le préjugé s’est d’abord refusé à admettre ce genre de fabrication, dont
l’adoption a été lente. Ce n’est, par exemple, qu’à la suite de nombreuses expériences
et cl’essais comparatifs souvent renouvelés, que la marine de l’Etat s’est décidée à
accepter les produits mécaniques; mais, depuis bientôt cinq ans, elle s’est rendue
à l’évidence et, aujourd’hui, ne fait plus usage que de cordages de fabrication méca¬
nique. C’est, nous l’avons dit, que la machine ne saurait dispenser d’une méthode
raisonnée, mais, la supposant bonne et bien employée, elle assure au produit une
qualité capitale en corderie, la régularité. Aussi, pour de tels produits, et pour être
dans la vérité, faut-il dire que la main peut rarement faire aussi bien que la ma¬
chine.
A ce sujet, il nous sera permis de rendre justice à un absent, quoiqu’il ait été
absent volontairement. L’Angleterre s’est abstenue presque totalement de participer à
l’Exposition de 1889, dans la classe 5ô. Mais elle nous apparaît de loin, dans cette
belle exposition de la corderie qui est le produit de ses outils. C’est elle qui a créé
presque toutes ces belles machines qu’utilise cette industrie. Peut-être l’emploi en
est-il fait parfois aujourd’hui plus habilement en France que chez elle-même. Mais ce
matériel est le sien; elle seule le fait, et c’est chez elle qu’il faut le chercher. Nous la
saluons en passant devant ces câbles magnifiques et en lui reportant une juste part de
notre admiration.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 337
EXPOSANTS.
Les exposants hors concours, qui se rapportent à la corclerie, sont : MM. Besson¬
neau, d’Angers; La Commission des Ardoisières d’Angers; MM. Le Coustellier, d’Abbe¬
ville; Saint frères, de Paris.
M. Bessonneau (/.), à Angers.
Cette maison a été la première en France à fabriquer mécaniquement les ficelles et les cordages.
En 1 856 , M. Besnard, son fondateur, montait divers métiers pour la filature et la fabrication des
ficelles; quinze années plus tard, en 1871, M. Bessonneau installait les premiers métiers h faire le fil
de caret et, depuis, cette maison a constamment développé son outillage et ses perfectionnements.
On voit aujourd’hui les parfaits résultats de ses efforts continus.
L’exposition de M. Bessonneau s’est montrée de première importance par le nombre, la variété el
la qualité des produits, et cet habile industriel sait baser son travail sur les principes mathématiques
qui peuvent donner à la matière première son maximum de qualité.
M. Bessonneau fabrique les câbles ronds et plats, en chanvre, en aloès, fil de fer et acier, pour
l’industrie, les chemins de fer, la marine et les mines, les filets pare-torpilles , etc. Il fait en outre
les fils pour la cordonnerie, le tissage et la pêche, les ficelles de toutes sortes et les articles de gym¬
nastique.
Cette maison fournit depuis sa fondation, c’est-à-dire depuis plus de cinquante ans, la plus grande
partie des chanvres et fils employés dans la marine nationale.
La Commission des Ardoisières d'Angers .
La Commission des Ardoisières d’Angers a ajouté à son industrie extractive la fabrication des
câbles métalliques spécialement réservés au service des carrières, des mines et de la marine, et s’est
outillée puissamment à cet effet depuis plus de vingt ans. Elle possède une tréfilerie mécanique ,
fondée par M. Ch. Larivière, ancien gérant des Ardoisières d’Angers. Elle fabrique grandement et
supérieurement bien les câbles métalliques ronds et plats pour la marine de l’État, ainsi que les
filets pare-torpilles; elle a exposé de superbes spécimens de câbles plats décroissants, de câbles ronds
coniques et de filets; sachant aussi appliquer à son travail des méthodes scientifiques, elle a pu
réaliser notamment d’importants progrès dans la manière de pratiquer la couture des câbles plats
sous tension convenable, de manière à assurer leur stabilité et à empêcher les effets de raccourcisse¬
ment inégal de leurs éléments.
M. Le Coustellier, à Abbeville.
M. Le Coustellier a présenté, avec goût, une très belle vitrine; la spécialité de ce fabricant est la
ficelle à la main, dite ficelle (V Abbeville.
Le prix modéré de la main-d’œuvre dans la Somme et aussi une fabrication très soignée et très
intelligente permettent à M. Le Coustellier de soutenir la réputation de ses produits et la concur¬
rence avec la ficelle mécanique.
M. Le Coustellier occupe 3oo ouvriers, presque tous anciens et formés dans son établissement; il
obtient ainsi une fabrication très belle et des produits d’une régularité exceptionnelle.
Groupe VI. — iv.
IMPRIMERIE NATIONALE.
338
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
Les plus hautes récompenses ont été obtenues par celte maison , qui a pleinement conservé la
supériorité déjà constatée par le jury de 1878.
MM. Saint frères , à Paris.
MM. Saint frères ont, à Saint-Ouen (Somme), un établissement considérable de corderie méca¬
nique qui occupe un nombreux personnel et met en mouvement de nombreux métiers.
L’exposition de MM. Saint s’est fait remarquer comme très importante et se composait de cables
plats en manille blanc et goudronné pour mines , de cordages en chanvre pour le commerce et l’in¬
dustrie, ainsi que de ficelles pour l’emballage.
Le tout était bien présenté et d’une fabrication très régulière, irréprochable depuis le fil jusqu’au
produit fini. L’éloge de cette habile et grande maison n’est plus à faire; elle avait en outre une
exposition très complète et très brillante dans la classe 61, où M. Saint était membre du jury.
Les exposants français sont les suivants :
M. Albert , a Granville.
M. Albert a succédé à M. Aubert dans l’exploitation de la corderie fondée autrefois, dans celte
ville, par la Compagnie générale transatlantique.
M. Albert a conservé les bonnes traditions de fabrication de son prédécesseur; comme lui, d’ail¬
leurs, il fabrique surtout à la main et utilise le secours de la machine surtout pour retordre les fils,
les goudronner et les câbler.
La maison Albert a présenté une belle collection de spécimens pour la marine et la pêche; sa
fabrication est bien appréciée et son exposition a paru très soignée.
MM. L. Benet et Duboul et 0% à Marseille.
Cette maison a exposé surlout des articles employés par la marine, des aussières fabriquées avec
des fils d’acier résistants et conservant cependant une grande souplesse, des câbles ronds et plats en
fer et en acier présentant une résistance de 75, 1^5 et jusqu’à 180 kilogrammes par millimètre carré
de section.
Les cordages sont fabriqués, partie à la main, partie à la machine, et forts beaux; c’est aussi une
maison réglant sa fabrication sur des données scientifiques et expérimentales bien étudiées.
MM. Benet et Duboul et C‘e emploient une force de a 00 chevaux-vapeur et occupent plus de
3oo ouvriers. Ils fournissent les compagnies maritimes, les armateurs du port de Marseille, des exploi¬
tations minières, et exportent, dans les colonies françaises et dans le Levant, de grandes quantités
de produits manufacturés.
Cette maison a monté, en 1886, un outillage important pour la fabrication du fil de caret et de
la ficelle.
MM. Bisson et Guilbert, à Paris.
MM. Bisson et Guilbert fabriquent exclusivement les ficelles en couleur, en lin et en chanvre, à
l’usage des confiseurs , des parfumeurs et des épiciers.
Les spécimens exposés étaient d’une bonne fabrication.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 339
M. Bodin , à Paris.
Cette maison possède une fabrique à Ivry-sur-Seine , où elle produit des câbles eu chanvre, en fil
de fer, en acier, en cuivre, des articles de gymnastique, des ficelles, le tout fait à la main.
Les câbles exposés par elle sont ourdis à la main, et leur régularité est complète, ce qui dénote le
grand soin apporté à la fabrication. Mais ce système enlève à la matière une partie de sa force, aussi
l’a-t-on remplacé par le tirage au tube.
M. Ch. Carue , à Paris.
M. Carue s’occupe tout particulièrement des fournitures de gymnastique et y réussit très bien , ce
qui lui a valu de nombreuses récompenses. 11 livre de confiance des cordages en coton, en chanvre,
en métal, ainsique les ficelles à la main, dites ficelles d’Abbeville.
M. Chafaroux , a Paris.
M. Chafaroux est à la tête d’une maison réputée justement pour la qualité de ses cordages spécia¬
lement destinés aux entrepreneurs de constructions.
Ses cordes et ficelles sont fabriquées à la main , dans rétablissement qu’il possède au Mans. L’expo¬
sition de M. Chafaroux a été assurément une des plus variées et des plus soignées.
MM. Frété et C'e, à Paris.
MM. Frété et C,e possèdent, depuis quelques années, un établissement à Courbevoie. Ils y ont
monté un grand nombre de machines à câbler les fils métalliques et, en général, une installation im¬
portante, avec toutes les ressources nécessaires en force motrice a vapeur. Ils y ont en outre un
retordage, un polissage et un commettage, pour le tirage et le câblage mécanique des cordages. Cette
maison fournit un certain nombre d’administrations et possède une nombreuse clientèle, et son
exposition a été bien complète et présentée d’une façon très satisfaisante, bien digne de son impor¬
tance.
. MM. Guérin et Vallée, a Paris.
MM. Guérin et Vallée ont la spécialité des fournitures pour les entrepreneurs de constructions.
Leur exposition est d’une belle fabrication et comprend les cordages, les élingues et les cordes à
nœuds. Cette maison importante fabrique aussi les ficelles d’emballage et a, à Ivry (Seine), une cor-
derie mécanique. En 1878, M. Guérin père, fondateur de la maison, avait été choisi comme expert
par le jury de la classe 56.
M. Hubinet, à Glageon.
Cette maison fabrique spécialement des cordes de coton pour l’usage des fila leurs et des câbles
également en coton pour la transmission de la force motrice.
Les produits de cette maison sont soignés et offrent une très grande régularité.
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
3/i 0
M. Lan due at, à Blacy.
M. Landréat présente une série de petits cordages en métal pour l’horlogerie et les paratonnerres.
M. Lebreton , à Paris.
M. Lebreton a succédé, il y a peu d’années, à M. Dufrien, dont la maison très ancienne jouissait
d’une excellente renommée.
Le meilleur éloge que nous puissions faire de M. Lebreton est de dire qu’il soutient la réputation
de son prédécesseur, ainsi que le jury a pu en juger par la petite exposition soumise à son examen.
M. Niquet , à Allery.
Cette maison n’a présenté qu’une petite exposition de ficelles fabriquées à la main; du type d’Ab¬
beville.
M. Noizevx, à Paris.
M. Noizeux a figuré également par une petite vitrine de ficelles.
M. Pelletier , à Corbeil (Seine-et-Oise).
M. Pelletier a montré au jury ses câbles pour transmission, pour traits de charriage, le lout en
manille, puis des ficelles et surtout des liens de gerbes en rotin, bien confectionnés, qui sont une
spécialité fort bien imaginée par lui et qui ont l’avantage de ne pas être attaqués par les rongeurs.
Mme veuve Alphonse Stein , à Mulhouse.
Cette maison est venue fonder une seconde usine à Danjoutin, près Belfort, en 1871.
Elle s’occupe plus particulièrement de la fabrication des câbles et des cordages pour l’industrie,
les mines et la marine , ce qui forme trois branches bien distinctes.
Mme veuve Stein fabrique surtout les câbles métalliques pour les mines et pour transmission de
force motrice; nous devons rappeler que cette maison est la première qui ait contribué à introduire
ce précieux genre de transmission pour les grandes forces. Son exposition considérable était préparée
avec soin et présentée très avantageusement, et répondait bien à l’importance de l’exposant. Cette
maison travaille h la fois mécaniquement et à la main; elle tréfile elle-même les fils nécessaires à son
emploi et tresse en outre, sur une très grande échelle, des cordes à broches, des drisses de pavillons
et des ficelles de fouet. Sa production est considérable et ses produits sont forts beaux.
Les expositions coloniales ont été très peu importantes; elles étaient composées sur¬
tout de lianes, d’écorces, de textiles pour la plupart inconnus et de produits sur le
mérite desquels le jury aurait quelque difficulté à se prononcer, s’il se plaçait â un
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 341
point de vue commun, mais pour lequel il faut tenir compte du degré de ressources
et du caractère ingrat des matières qui, la plupart, seraient sans application en Europe.
Les produits qui méritent en particulier d’être signalés sont des filets généralement
bien fabriqués et, parfois, avec des fils très fins et très réguliers.
Nous mentionnerons encore, avant dépasser outre, la collection d’excellents émeril-
lons et molettes pour ficelles et cordes de toutes sortes, exposée par M. Coulon, de
Paris.
Les exposants étrangers sont les suivants :
M. J -B. Lygny, à Gilly (Belgique).
M. Lygny a exposé des échantillons de câbles métalliques ronds et plats, à l’usage des mines.
La fabrication est bonne; elle justifie la médaille d’argent décernée à cet industriel en 1888, à
l’ Exposition de Barcelone.
M. Vermeire-Hellebavt, h Hamme (Belgique).
Cette maison fabrique spécialement les grelins blancs et goudronnés, en chanvre et en manille.
Ceux qui ont été soumis à l’examen du jury étaient d’une bonne fabrication et d’une régularité d’au¬
tant plus méritoire que les fils sont faits à la main.
M. Vertongen-Goens, à Termonde.
Cette maison est la plus importante et l’une des plus anciennes de la Belgique; elle a tenu a
figurer dignement à l’Exposition de 1889, où ses produits étaient présentés de la façon la plus heu¬
reuse.
Sa fabrication comprend : les cordages pour la marine et les mines; les câbles plats et ronds, en
chanvre des Flandres, en manille, en fer, en acier; les câbles pour les transports aériens, les ficelles
et les filets.
En 1886, cette maison a monté des métiers pour la fabrication du fil de caret et de la ficelle.
A la suite d’épreuves faites sur le banc de l’arsenal de Malines, M. Vertongen-Goens garantit à sa
clientèle une résistance de 900 kilogrammes par centimètre carré de section, pour ses cordes en
chanvre des Flandres et en aloès de Manille.
Le jury de l’Exposition de 1878 signalait avec raison les câbles plats à section décroissante et à
huit aussières fabriqués par cette maison , et les estimait comparables aux meilleurs produits simi¬
laires de la section française.
La Belfast Bopework and C°, à Belfast.
La Belfast Ropework and G0, à Belfast, est une puissante maison de corderie textile, de proportions
colossales et dépassant les plus considérables qui existent au monde. Les produits exposés par elle
sont des plus soignés; ils étaient présentés avec art et formaient un ensemble très complet. On y trou¬
vait : les câbles de chanvre, de manille, de sisal; les ficelles de toutes grosseurs, les lignes câblées
en lin . les drisses de pavillons et les ficelles de couleur, le tout en magnifique qualité.
342
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
Cette maison hors ligne a obtenu partout de nombreuses premières médailles qui sont justifiées
par les mérites de sa fabrication. Elle produit d’ailleurs énormément et pratique l’exportation sur une
grande échelle, Il nous suffit de dire quelle possède une force motrice de plus de 2,000 chevaux,
qu’elle occupe 1,600 ouvriers et que ses bâtiments d’usine couvrent plus de 5 hectares.
La Nationale Cordage and C°, à New- York.
Cette Compagnie ne doit pas être oubliée par nous , dans notre énumération , tant pour son impor¬
tance que pour les beaux produits qu’elle nous a présentés.
Il nous reste à examiner l’exposition de l’Espagne et aussi celles du Portugal, de
la Grèce, de la Roumanie et de la Serbie; ces dernières n’ont qu’une valeur bien
moindre, et parfois secondaire.
L’exposition d’Espagne, et celle en particulier de la Cordeleria Hiberica, sont re¬
marquables : il y figurait des cordages en manille et en chanvre, des ficelles et des
fils très bien fabriqués; les industriels espagnols ont fait, depuis 1878, des progrès
sensibles dont il convient de les louer : nous citerons parmi eux la maison Puche et
Perez et aussi MM. Ramis et Garau.
En Portugal, le Musée des colonies, de Lisbonne, était représenté par un collection
de petites cordes n’offrant que peu d’intérêt, mais les expositions de M. Arreu et de
M. Azevedo étaient soignées.
L’arsenal de Salamine n’avait envoyé que quelques spécimens de gréements à l’usage
de la flotte. Quoique peu important, cet envoi, présenté avec l’art particulier a la
Grèce, suffisait pour nous montrer la bonne qualité de la fabrication.
La Roumanie possédait une exposition plus variée et plus complète, qui se compo¬
sait surtout de cordes tressées, de longes et traits pour les harnachements, tous ar¬
ticles artistement fabriqués.
L’exposition mexicaine contenait aussi des lassos et des longes fort soignés.
Un certain nombre d’exposants et de municipalités serbes ont tenu à figurer à
l’Exposition de 1889; ils avaient envoyé une série de cordages préparés à la main.
Parmi ces produits, il faut distinguer ceux de la Manufacture royale de Serbie. Ces
exposants avaient joint à leur envoi des échantillons d’un chanvre gris-perle, de belle
qualité, ressemblant beaucoup au chanvre d’Autriche.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 343
RÉSUMÉ.
PROGRÈS PRINCIPAUX.
Après la description détaillée que nous venons de faire des principales expositions
que contenait la classe 54, il nous est facile d’affirmer le caractère brillant qu’a pré¬
senté cette classe dans son ensemble, ainsi que* de résumer les faits capitaux qui s’y
rencontrent et les progrès principaux qu’elle a mis en évidence. En le faisant, nous
suivrons cette fois les grandes divisions naturelles se rattachant aux principales opé¬
rations dans lesquelles se subdivise le matériel qui forme les attributions de la
classe 54.
Nous ne reviendrons pas sur les produits de la corderie qui, formant une attribu¬
tion bien distincte du matériel général, ont été, de notre part, dans le chapitre qui les
concerne, l’objet de considérations mettant en pleine lumière les progrès considé¬
rables de la corderie mécanique, et en particulier ceux de la corderie française. Le
matériel de ces industries de corderie ne s’est pas présenté; mais les produits eux-
mêmes suffisent à donner l’idée de l’extension en développement quantitatif et en
puissance que ce matériel a subi, et de l’habileté croissante avec laquelle il est
utilisé.
En ce qui concerne le matériel général de la filature, et sous réserve de quelques
faits spéciaux qui ne concernent pas la généralité des exposants, on constate un en¬
semble de progrès persistant et d’une importance considérable, à la fois dans les opé¬
rations préparatoires et dans les opérations finales de la filature, tandis que les opéra¬
tions intermédiaires sont restées, à peu de chose près, stationnaires chez presque tous
les constructeurs.
OPÉRATIONS EXTRACTIVES.
Dans cette catégorie, nous avons à mentionner les décortiqueuses de ramie et la
teilleuse de la Compagnie de Fives-Lille.
La machine de Landtsheer, à renversement d’action, et la machine Barbier, en en
accélérant les cylindres, sont des solutions semblables, simples et pratiques, mais
lentes, du problème de la décortication de la ramie. Elles peuvent convenir au travail
en vert et peuvent être utilisées pour ce but, en attendant mieux, dans les pays com¬
plètement propres à la culture de ce textile, c’est-à-dire dans les régions où cette cul¬
ture et la coupe des tiges peuvent être presque continues.
La machine Favier, de la Compagnie «La Ramie française», est sensiblement plus
productive et peut convenir en outre au travail à sec, mais elle est plus délicate et
344
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
dun caractère moins agricole, en raison des nombreuses pièces et des nombreux en¬
grenages qu’elle comprend, et son prix de revient demande à être considérablement
réduit pour être en rapport avec son but.
La teilleuse à lin de la Compagnie de Fives-Lille est aussi digne d’intérêt, sous ré¬
serve de quelques détails encore imparfaits; et bien que ce travail extractif du lin ne
laisse pas de lacunes absolument essentielles, elle peut, pour de grandes installations
industrielles, mener à une économie réelle et à une meilleure utilisation du textile,
en supprimant le broyage assez brutal qui est habituel.
OPÉRATIONS PRÉPARATOIRES.
Dans cette cette catégorie d’opérations, de grands progrès ont été, nous l’avons dit,
réalisés dans plusieurs branches.
Coton . — Dans la préparation du coton, nous devons signaler à la fois les progrès
réalisés dans le battage, dans le cardage et dans le peignage.
Le battage a subi une amélioration assez sérieuse dans un système d’installation qui
est devenu d’usage et qu’une exposition ne permettait pas aux constructeurs spéciaux
de nous montrer. Cette disposition d’installation consiste dans la ventilation circulant
dans des conduits à grilles closes, que l’on applique entre l’ouvreuse et le batteur. Elle
est fort avantageuse pour le bon nettoyage et le conditionnement hygrométrique régu¬
lier du coton mis en œuvre. D’autre part, le batteur finisseur Rissler, exposé par
M. Grün, est un utile adjuvant à signaler pour les cotons des Indes.
Le cardage du coton a fait des progrès très importants. D’une part, l’emploi du fil
d’acier bien affûté a des conséquences sérieuses en durée de la garniture et en réduc¬
tion de son entretien d’aiguisage, comme aussi en meilleur et plus productif travail de
la machine. D’une autre part surtout, les perfectionnements apportés au type de cardes
dit revolvmg Jlats , ou à chapeaux en chaîne sans fin, sont venus modifier considérable¬
ment l’économie du cardage. Ce genre de machines, introduit depuis vingt-cinq ans
par la maison Platt, d’Oldam, sur le système d’Evan Leigh, était loin d’être satisfaisant
à son origine, bien que déjà fort employé en Angleterre et exposé en 1878. Ce n’est
que par des perfectionnements récents, dus surtout à M. Ashworth, de Manchester,
qu’il est devenu complètement favorable , quand cet habile constructeur y a appliqué
un système de compensation concentrique rigoureuse, pour le réglage à proximité in¬
finitésimale des chapeaux et du tambour. Plusieurs systèmes analogues ont été depuis
imaginés par d’autres constructeurs, et les cardes de ce type, de la Société alsacienne
et de MM. Rieter et Cie, ont montré chacune un excellent dispositif de ce genre. Ces
cardes à chaîne, ainsi établies et soignées dans tous leurs détails d’exécution et de •
montage, constituent des machines dont aucun modèle ou type antérieur n’atteint ni
la grande production, ni la qualité de travail, ni l’extrême simplicité d’entretien et
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 345
l’extrême réduction de main-d’œuvre exigée. Ces résultats sont obtenus par suite des
qualités de garnitures mentionnées ci-dessus et surtout, en outre, par suite de l’aigui¬
sage des chapeaux, qui se fait sans transport, sans démontage, sur la machine même,
pendant sa marche en travail, et par suite de la perfection du réglage, devenu des
plus simples et des plus précis, au lieu de minutieux et difficile qu’il était.
Le peignage des cotons marque, de son côté, un progrès que l’opinion générale a
jugé sérieux et important autant que bien conçu et bien réalisé, et qui réside dans la
peigneuse du nouveau système Imbs, exposée par M. Grün. L’extrême simplicité de
cette machine et son aptitude à faire un travail soigné pour tous les cotons, même les
plus courts, fait prévoir qu’elle prendra une place sérieuse et étendra considérablement
l’action exercée déjà par la machine qui l’a précédée. D’autre part, le perfectionnement
apporté par M. Baudoin à la peigneuse Hubner exposée par la Société alsacienne com¬
plète très heureusement les qualités bien connues de cette machine, qui rend, dans le
peignage des longues soies, des services si appréciés depuis longtemps.
Laine peignée. — Dans la préparation de la laine peignée, sans parler de l’économie
que procurent les puissantes cardes de grande largeur que l’on fait actuellement , les
machines à peigner et les méthodes d’échardonnage présentent d’importants progrès.
M. Paul Heilmann fils et la Société alsacienne, pour MM. Ziegler et Offermann, ont
présenté de nouveaux modèles de peigneuses à laine des plus intéressants, mais c’est
la maison Grün qui, sous ce rapport, parait exceller d’une manière continue. Sa
peigneuse, du système Meunier, si remarquée en 1870, est revenue, en 1889, avec
de nouveaux perfectionnements dus à MM. Grün et Offermann, et qui en accroissent
considérablement la puissance et les facultés pour tous les genres de laines.
D’autre part, les procédés spéciaux d’échardonnage présentent, dans leur ensemble,
un pas d’une grande portée. M. Offermann, en Allemagne, et M. Harmel, en France,
ont d’abord presque simultanément introduit une première méthode pour ce but , par
l’emploi, à la carde, d’un appendice qui rend le chardon éliminable au peignage. Un
second appendice de ce genre et plus complet, du à M. Offermann, est présenté avec
le précédent par la Société alsacienne. Inspirés par ces antécédents, AI. Parfait-Dubois
et AL Mérelle ont imaginé d’étirer la laine et d’écraser le chardon dans une machine
préalable de grande production et qui permet l’emploi des cardes et des peigneuses
ordinaires. Enfin MAI. Grün et Offermann, dans leur peigneuse, donnent à celle-ci
la faculté de se passer, le plus souvent, d’aucun préparatif spécial, et toujours, si ces
préparatifs ont été nécessaires par exception, la faculté d’assurer, mieux qu’aucune
autre, l’élimination complète.
Laine cardée. — Dans cette branche et pour les opérations préparatoires, il faut
signaler les énormes et puissantes proportions des assortiments de cardes de la Société
verviétoise et de M. Gélestin AIartin, ainsi que leur progrès comme fonctionnement
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
3/iG
automatique réalisé clans les tambours nappeurs de la brise use et la chaîne nappeuse
de la repasseuse. Les appareils chargeurs automatiques de ces deux maisons et celui de
MM. Alexandre sont absolument satisfaisants, et l’emploi de tels appareils devient au¬
jourd’hui obligatoire.
Les appareils à lames diviseuses de la carde fdeuse de la Société verviétoise et de
M. Grün sont, pour cette dernière opération, des progrès en simplicité et en éco¬
nomie.
L’appareil nappeur du système Blamire, exposé par M. Grün, est encore un pro¬
grès sérieux cpii, bien qu’applicable aussi au coton, aura des conséquences d’économie
plus importantes en laine cardée, a cause de la suppression du cardage intermédiaire
qui peut en résulter souvent.
OPÉRATIONS INTERMÉDIAIRES.
Nous avons dit que cette catégorie d’opérations ne présente, en général, pas de
modifications sensibles dans les machines courantes. Les étirages, soit de laine, soit
de coton, sont restés sans changements sérieux. Les manchons Bazilier, placés en
dessus, pour les étirages de laine, les vis de translation des fils sans cames de re¬
levée, de M. Biche, pour étirages de laine ou de lin sont des détails d’exécution avan¬
tageux, mais sans grande importance. L’admirable machine, connue sous le nom de
banc à broches, n’a pas subi de modification essentielle et la tendance à accroître les
dimensions des bobines pour augmenter leur capacité, et tout ce qu’on peut y re¬
marquer.
Les bobinoirs de laine n’ont pas varié davantage et nous n’avons vraiment à signaler
pour eux que les très utiles casse-fils électriques appliqués par la Société alsacienne.
Dans cette catégorie de machines, nous devons mentionner comme seule nouveauté
réelle le banc d’affinage, système Imbs, que M. Grün a montré sous la forme d’une
machine d’étude , de son auteur. Ce banc paraît généralement faire espérer des appli¬
cations importantes et des économies sérieuses, en promettant de bonnes machines
très simples, très légères et très productives, pour la réalisation des opérations in¬
termédiaires. En coton notamment, ou pour les courtes soies, la consolidation des
mèches par torsion constitue une méthode fort dispendieuse; on doit présumer que
ces machines combleront utilement le vide laissé par la disparition de l’ancien frotteur,
trop grossièment conçu, et dont cependant bien des praticiens habiles n’avaient aban¬
donné qu’à regret les avantages sérieux.
FILAGE.
Les métiers à filer n’ont pas besoin d’être considérés à part, selon leur application
à un textile particulier. Leurs principes et leur fonctionnement sont communs à tous
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 347
les textiles. On sait qu’ils sont de trois types distincts, reposant sur l’emploi de trois
genres de broches : la broche continue à ailette , la broche continue à anneau et cur¬
seur, et la broche dite mull-jenny ou à renvidage intermittent.
Depuis que le continu à anneau s’est introduit, il tend de plus en plus (sauf cer¬
tains emplois spéciaux, tels que la fdature du lin, du chanvre) a se substituer au
continu à ailette, dont la broche est beaucoup moins commode et ne se prête qu’à des
vitesses très limitées. Mais le continu à anneau, par suite de ses facultés intermédiaires,
empiète en même temps sur le terrain qu’occupait autrefois exclusivement le mull-
jenny devenu, par la merveilleuse étude poursuivie pendant cinquante ans par les
constructeurs anglais, le métier self-acting ou le renvideur absolument automatique
actuel. Il en résulte que, depuis une vingtaine d’années, le monde de la filature assiste
à une véritable lutte entre ces deux derniers types de machines si différentes, chacune
d’elles, par l’action persistante de ses constructeurs et de ses partisans, poursuivant
sans relâche le développement de ses facultés naturelles et cherchant à compenser
ou à effacer ses infériorités relatives. Depuis 1878, cette lutte a continué au plus haut
degré.
Le type mull-jenny a pour lui son aptitude à produire tous les genres de fil , même
les plus délicats, sa broche légère et rapide, sa bobine toute spéciale faite sur la
broche nue et ayant atteint, dans le self-acting, les conditions parfaites. Il a contre
lui son intermittence d’action, la perte de temps et de production qui en résulte, sa
complication de mécanisme et l’espace qu’il nécessite. D’une part, il a été perfectionné
sans relâche, jusqu’à ce qu’il fût complètement automatique et que ses mouvements
automatiques fussent aussi doux, pour les fils délicats, que la main du meilleur fileur
de Mull-Jenny. A cet effet, la période de 1878 à 1889 montre encore de nombreux
progrès accomplis sur des points de détails qui étaient incomplets. Les régulateurs de
secteurs, remplaçant la main du conducteur de métier pour régler la réserve du fil à
envider, ont été l’objet de perfectionnements utiles et se présentent actuellement avec
une efficacité réelle, comme le montrent les métiers de la Société alsacienne et de
MM. Rieter et Cie.
Pour la douceur des mouvements et la sensibilité du fil à cet égard, les baguettes
articulées et les dispositions de suspension de leurs contrepoids se montrent , dans les
mêmes métiers, avec des progrès réels. D’autre part, la solidité et la simplification du
mécanisme, dans les limites possibles, eu égard à la complexité des fonctions, sont
constamment l’objet d’améliorations, comme aussi la bonne assise des têtières et les
relations exactes et rationnelles des diverses parties du mécanisme, en vue de sa pré¬
cision et de sa persistance en bon état.
Mais c’est surtout au point de vue de son rendement que le self-acting a été, depuis
1878, l’objet de progrès très importants. Ne pouvant changer son principe, qui est
l’intermittence des fonctions et exige un temps supplémentaire, perdu pour la pro¬
duction et nécessité pour le renvidage, on cherche et on réussit à obvier à cet incon-
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
348
vénient, d’une part, en réduisant ce temps perdu à un minimum, d’autre part, en le
compensant par une plus grande vitesse pendant le temps utile. Le second de ces
deux buts semble n’offrir aucune difficulté, et il est cependant fort complexe. Non
seulement il faut que les broches soient mises en état de supporter une vitesse effective
de 10,000 tours par minute, suffisante par exemple pour obtenir, avec l’intermittence,
le rendement que pourrait donner une vitesse continue de 7,000, mais il faut encore
que toutes les autres fonctions simultanées du métier croissent en vitesse comme les
broches memes, et qu’il n’en résulte aucun tort pour le métier ni pour le produit en
fil. Un mouvement intermittent a une reprise et une fin qui se renouvellent incessam¬
ment. Plus est grande la vitesse des broches, plus est brusque le départ du chariot,
rapide sa sortie et brusque de nouveau son arrêt. De là résultent la tendance à l’accrois¬
sement de secousses dangereuses pour le fil et la nécessité d’étudier de plus près et
jusque dans des détails qui eussent paru minutieux dans d’autres conditions, tous ]es
organes d’entraînement et de retenue du chariot, et ces changements se répercutent
jusque dans la têtière qu’il faut constamment perfectionner; car, dans une machine
complexe, il est rare qu’une altération d’un seul point n’entraîne pas toute une série
d’autres altérations et ne mène à changer souvent, d’une façon très notable, les
formes, la combinaison et le groupement des organes d’impulsion. Ainsi, à cette occa¬
sion comme à d’autres que nous verrons plus loin, s’explique le travail sans fin, de
remaniement constant, qu’effectuent les constructeurs dans la têtière et dans les diffé¬
rentes parties du self-acting. Il faut que tout soit en harmonie avec cette vitesse supé¬
rieure des broches et des fonctions que l’on désire atteindre. Quant aux broches elles-
mêmes, éviter leur échauffement et leurs vibrations à ces grandes vitesses est une
nécessité conséquente du but. Les collets mobiles à saignée hélicoïdale intérieure,
faisant remonter l’huile pendant la rotation inverse des broches, de MM. Rieter , les
plates-bandes à mèches produisant un graissage continu, de la Société alsacienne,
montrent les modifications directes qu’exige la grande vitesse désirée.
Le progrès réalisé, d’autre part, dans la réduction à un minimum du temps perdu
pour le renvidage a amené à des études très importantes. Ce temps perdu comprend
l’arrêt des broches, leur détournement pour le dépointage, la rentrée du char en
renvidant, et la reprise. Pour accélérer toutes ces opérations, des considérations ana¬
logues aux précédentes se posaient et exigeaient de nouveaux changements. Parmi
eux, se trouve la commande indépendante, adoptée généralement aujourd’hui pour
cette période d’action du métier self-acting et qui a été introduite d’abord par la
maison Asa Lees, de Oldham. Cette commande indépendante et permettant de donner
une avance de déplacement aux courroies qui doivent passer d’une poulie fixe à une
poulie folle, rend les changements d’action des broches presque instantanés. Pour
arrêter instantanément 700, 800 ou 1,000 broches lancées à 10,000 tours, pour les
faire passer instantanément de l’état de repos à cette vitesse prodigieuse, des courroies
mi plein contact de leurs poulies motrices sont, on le comprend, nécessaires, et cette
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 349
commande indépendante permet de faire agir instantanément, avec sa pleine puis¬
sance, chacune des courroies à rôle opposé.
Le self-acting marche aujourd’hui, non plus à 7,600, mais à 10,000 et 11,000
tours de broches et avec une réduction sérieuse du temps perdu par l’intermittence.
Il atteint presque le rendement du continu à anneau marchant à 7,000 ou 7,600
tours, et il paraît même avoir à peu près atteint ses dernières limites comme rende¬
ment. Car, dans le self-acting, la progression sous ce rapport est bornée et n’a pas la
faculté d’extension de son concurrent, le continu à anneau, puisqu’on ne peut dépasser
la vitesse permettant les rattaches et que l’écartement ou la sortie du char ne permet
ces rattaches que par intermittence et dans une position limitée. Mais les prodigieux
efforts incessamment accumulés par les constructeurs anglais et autres pour rendre le
self-acting supérieur à lui-même ont leur raison d’être ailleurs que dans cette lutte
de deux types de machines d’aussi grande importance. En effet, le fil de chacune de
ces machines a ses propriétés, ses qualités et ses aptitudes spéciales et, en dehors des
numéros fins qui resteront longtemps encore le domaine exclusif du self-acting, le
continu à anneau, malgré l’extension sérieuse qu’il prendra encore, ne le remplacera
jamais pour bien des genres de filés.
Le continu à anneau, comme tout continu, exige une solidité convenable du fil, parce
qu’il laisse le fil en tension pendant sa formation; il produit aussi, par suite, un fil
moins élastique, mais par contre moins duveteux. Tout continu constitue une machine
relativement très simple, bien réduite en dimensions et débarrassée de tout cet attirail
de fonctions complexes qui encombre le self-acting. Par contre, le continu a anneau
présentait des difficultés d’un autre genre.
L’anneau, avec sa broche au centre et son curseur ordinaire, est impropre à per¬
mettre de renvider sur de petits diamètres. La broche est mise en rotation; le fil, par¬
tant de la périphérie de la bobine, doit tirer le curseur et le faire glisser sur l’anneau.
La traction exercée par le fil sur le curseur se traduit par une composante utile tan-
gentielle à l’anneau et entraînant le curseur, et une composante nuisible normale à
l’anneau et serrant le curseur sur l’anneau. La première composante décroît et la
seconde augmente au fur et à mesure que la traction du fil est exercée dans une
direction plus voisine du centre du système. De là, nécessité d’employer des broches
a gros corps.
Ces broches, naturellement lourdes, ont été très perfectionnées depuis une douzaine
d’années, et les types Rabbeth, et surtout celui dit within gravity, admirablement bien
étudiés, permettent des vitesses de 1 1,000 et 12,000 tours. Avec l’adoption du mode
de construction de 1 & bobine par couches coniques sur tubes en papier et avec l’emploi
de ces broches perfectionnées, on a rendu le continu à anneau susceptible de produire
sous une meilleure forme qu’à son origine et, en outre, avec un rendement extrême¬
ment supérieur.
Enfin il était intéressant de rendre le continu à anneau capable de produire exacte-
350
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
ment la bobine ou la cannette si parfaitement commode et si commerciale du self—
acting, c’est-à-dire l’envidage par couches coniques se superposant sur une broche
mince et nue et fournissant la bobine tout-fd qui est désirable. Pour cela, il fallait
pouvoir faire franchir au fil, sans effort, les passages d’envidage sur petits diamètres,
c’est-à-dire sur la broche mince et nue; M. Vimont avait présenté pour ce but, en
1878, l’emploi de son curseur-traverse. Mais la manière d’exécuter un tel curseur,
pour le rendre bon en vue d’un service pratique, était importante, et le curseur pré¬
senté alors par M. Vimont laissait des doutes à ce sujet.
M. Lancaster, de Manchester, et plusieurs autres ont appliqué, depuis cette époque,
l’idée de M. Vimont, en en mieux étudiant l’exécution, et M. Vimont lui-même pré¬
sente aujourd’hui une forme analogue d’exécution de son principe. On peut donc con¬
sidérer ainsi ce dernier problème comme résolu, et le continu à anneau comme pou¬
vant entrer dans une nouvelle phase d’extension par ce fait qui le rend applicable à la
véritable forme de collection des filés et, en outre, à l’exécution de fils plus délicats,
soit par leur finesse, soit par leur moindre torsion.
En réalité, il devient ainsi apte à produire, à une vitesse contenue de 1 0,000 tours,
en bobines et en cannettes, toutes les chaînes et trames qui n’exigent ni l’absence
complète de tension du self-acting, ni à l’inverse la forte tension du continu à ailette,
Par contre, ce fait rendra par lui-même beaucoup moins intéressantes qu’on ne le
supposait les nombreuses broches à graissage continu dont nous venons de parler,
telles que les broches Vimont, Rabbeth, Dobson-Marsh, celles dites within gravity . Toutes
ces dispositions n’auront plus qu’une utilité très secondaire du moment que l’on sera
débarrassé de la broche à gros corps et lourde, et que la broche Mull-Jenny, effilée et
légère, sera celle à adopter aussi et naturellement pour le continu à anneau.
L’application à la laine cardée du continu h anneau, avec l’organe étireur du genre
Vimont, à torsion et détorsion, telle que la maison Célestin Martin Ta présentée en
1878 et 1889, ne s’est pas étendue à d’autres constructeurs. Cette machine et cette
disposition présentent une assez sérieuse complication d’organes actifs, qui rendent la
machine dispendieuse et lourde. D’ailleurs le métier self-acting ou renvideur pour
laine cardée a fait de tels progrès et a atteint une telle perfection, qu’il ôte beaucoup
de son intérêt au continu C. Martin. Le self-acting laine cardée est arrivé à sa com¬
plète perfection plus tard que celui de coton et de laine peignée, car il offrait des diffi¬
cultés particulières, le fil y étant étiré par le chariot et s’amincissant pendant la course
de ce chariot, dont les broches doivent être pourvues d’une faculté de torsion croissante,
que l’on obtient par deux vitesses successives qu’on leur imprime. La grande maison
Platt, cTOldam, a le plus contribué à perfectionner ce genre de renvideurs dont la
Société verviétoise et la maison Grün ont présenté de superbes types
Cette question du filage automatique de la laine cardée ou d’autres filaments à
filer par tirage du chariot est donc aujourd’hui entièrement résolue et sous sa meilleure
forme.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FILATURE ET DE LA CORDERIE. 351
OPÉRATIONS ET INDUSTRIES ACCESSOIRES.
Le bobinage, l’assemblage, le retordage et le moulinage, le cannetage, le dévidage,
les apprêts, etc., constituent des opérations complémentaires de la fdature, lesquelles
jouent, dans certains genres, un rôle assez important, mais sont relativement fort
simples et pour lesquelles il est difficile qu’il se rencontre des progrès d’une grande
portée.
L’Exposition de 1889 a cependant montré pour ces opérations divers appareils fort
intéressants.
Le métier de la maison C. Martin, pour la production par retordage des fils de fan¬
taisie, est une idée heureuse et une création bien conçue, et rend d’utiles services pour
les combinaisons des tissus de nouveautés, dont les exigences de nos modes provoquent
les variations incessantes, au point de mettre aux abois les tisseurs dont l’imagination
est la plus inventive.
Le bobinoir de M. Ryo-Catteau est extrêmement bien conçu, comme forme et mode
de confection de la bobine, et procure des avantages sérieux dont nous avons indiqué
nous-même, il y a une quinzaine d’années, des moyens analogues de réalisation, ainsi
que leur utilité.
L’appareil purgeur de MM. Offroy et Pfeiffr est aussi un organisme accessoire
nouveau, utile et bien étudié. Mais ses auteurs se trompent évidemment en l’appliquant
ou proposant de l’appliquer dans la filature et au dévidoir. Sa place toute indiquée
est au bobinoir de tissage.
La peseuse de fil de M. Mouchere est une charmante application de l’électricité et
est la perfection en son genre. Elle fait regretter que le champ d’utilisation d’une telle
machine soit si restreint.
Parmi les industries accessoires qui se rattachent a la filature, nous devons insister
sur les progrès sérieux faits par la fabrication des garnitures de cardes, dont la va¬
riété est considérable, et pour lesquelles l’emploi du fil d’acier, qui devient général, et
l’affûtage latéral ont été des difficultés, mais présentent au iilateur de très importants
avantages.
Les appareils propres à corriger les conditions éventuellement défavorables de l’at¬
mosphère et à humidifier l’air des ateliers sont des adjuvants utiles, et la classe 54
contenait , sous ce rapport , de bons procédés présentés. Ceux de MM. Cuau et fils et
surtout ceux de la Société L’Aérophore sont à signaler.
Dans un ordre d’idées inverse, l’Exposition de 1889 a très heureusement attiré
l’attention sur les opérations de conditionnement des produits textiles, filés, peignés, etc.
Les beaux modèles de la Condition des soies de Lyon, les plans de M. Storay pour la
Condition publique de Tourcoing, sont la représentation d’excellentes dispositions. Il
est à désirer vivement que de telles installations d’intérêt public se multiplient, et que
352
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
leur utilisation commerciale se généralise. On y recourt trop peu pour des produits de
moindre valeur, comme le coton, pour lesquels le plus souvent on ne prête pas atten¬
tion à l’état hygrométrique du produit. C’est ainsi que nos tisseurs achètent sans con¬
trôle, et que notre douane laisse de même entrer d’assez grandes quantités de filés
anglais en coton qui ne rendent pas leur poids et n’ont payé qu’un droit d’entrée infé¬
rieur à celui qui était dû.
Soie. — La production si minutieuse du précieux textile que nous fournit le bombyx
a trouvé, depuis quelques années, d’utiles dispositifs adjuvants, et la Société des chan¬
tiers de la Ruire a présenté sous leur forme pratique et en activité de fonctionnement
les résultats résumés du travail de perfectionnement qui s’est fait un peu partout pour
ce textile. Les batteuses mécaniques bien établies sont une économie en main-d’œuvre
et en déchet. Mais le progrès le plus sérieux se rattachant à la production de la soie
grège est certainement celui que cette Société nous montre dans ses excellents bancs
de tirage, sous la forme du jette-bout perfectionné de AI. Léon Camel. Les nombreux
tâtonnements qu’a provoqués, en France et en Italie, la recherche de ce petit organe,
sont aujourd’hui terminés, et il peut actuellement se généraliser dans les filatures de
soie grège, avec les avantages en économie de main-d’œuvre et de déchet et en per¬
fection du fd qui en sont la conséquence.
Nous devons une mention ici au mode de flottage présenté et propagé par M. Grant,
qui a des avantages reconnus. Quand il s’agit d’un produit aussi précieux et aussi fin
que la soie, l’utilité des minuties devient réelle.
Mais cela ne veut toutefois pas dire qu’il soit à conseiller d’aller au-devant et de
provoquer, en quelque sorte, de telles minuties, comme paraît le proposer l’auteur de
la soie artificielle.
Il n’y a aucun intérêt à reproduire les minuties qui résultent de la finesse primitive
de la soie , qui en font le prix de revient élevé et qui ne sont acceptables que par suite
de l’ensemble des merveilleuses qualités de ce textile.
L’auteur de la soie artificielle aura rendu un service utilisable par l’industrie, s’il
peut employer des orifices non capillaires et obtenir un produit qui possède, outre
toutes les propriétés intrinsèques voulues, la grosseur immédiate d’un fil, et non la
finesse d’un filament. Mais la soie, la vraie soie seule, peut justifier les manutentions
dispendieuses qu’entraîne la continuité sous un état filamentaire.
TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
Composition du jury . 287
Considérations générales . 289
Chapitre I. Matériel principal de la filature . 295
Chapitre 11. Matériel accessoire . 3 1 8
Chapitre III. Matériel secondaire . 327
Chapitre IV. Produits de la corderie . 33 1
Résumé . 343
Groupe VI. — iv. 2 3
IMPRIMERIE NATIONALE.
CLASSE 55
Matériel et procédés du tissage
RAPPORT DU JURY INTERNATIONAL
PAR
M. ESCHER
PROFESSEUR À L’ECOLE POLYTECHNIQUE DE ZURICH
COMPOSITION DU JURY.
MM. Denis (Gustave), Président, filateur et tisseur de coton, conseiller général
de la Mayenne .
Lee (Sir Joseph), Vice-Président .
Esche r (Rud), Rapporteur-Secrétaire , professeur .
Buxtorf (Emmanuel), ingénieur-constructeur de métiers à bonneterie,
membre du jury des récompenses à l’Exposition de Paris en 1878 .
Guérin (Louis), de la maison Pinon et Guérin, fabricant de draps, membre
de la Commission permanente des valeurs de douanes, médaille d’or à
l’Exposition de Paris en 1878 .
Pépin (Alfred), suppléant, fabricant de couvertures .
Danzer (Henry) .
France.
Grande-Bretagi
Suisse.
~ France.
France.
France.
France.
■
• ■ Vi. . ...
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE.
INTRODUCTION.
Avec toutes ses dépendances, l’industrie textile est sans doute la plus importante de
toutes les industries mécaniques, c’est-à-dire celle qui emploie le plus de capitaux et le
plus de main-d’œuvre.
C’est elle qui occupe pour la plus grande partie, soit directement, soit indirectement,
les ateliers de construction mécanique, les chemins de fer et la navigation. Elle dispose
d’un matériel d’une diversité et d’un développement qui ne se rencontrent dans aucune
autre branche de l’industrie.
Cependant sa représentation à une exposition universelle jouera toujours un rôle
secondaire. Le visiteur d’un grand établissement , où des rangées de métiers renvideurs
et des centaines de métiers à tisser sont réunis dans de vastes locaux bien éclairés, ne
pourra pas se soustraire à une impression puissante; mais, à l’Exposition, ces machines
isolées ou en très petit nombre font peu d’effet à côté des grandes machines à vapeur,
des machines-outils, locomotives et autres qui, par leurs dimensions et par leurs masses
serrées, s’imposent à l’esprit d’une manière particulièrement saisissante.
Les métiers à filer ou à tisser ont, au contraire, des dimensions relativement res¬
treintes; leurs organes multipliés et délicats ainsi que leur mécanisme compliqué, à
mouvements brusques et rapides, ne sont pas compris par le public qui, par suite, ne
leur accorde qu’une attention distraite.
La nature du produit y est aussi pour quelque chose : on admirera un métier fabri¬
quant de beaux tapis ou de magnifiques chasubles, mais on trouvera presque ridicule
un métier qui produit des camisoles ou des caleçons !
Ces sensations ne sont pas seulement celles du grand public, l’ingénieur lui-même
est obligé de se souvenir que, dans la plupart des cas, l’aspect extérieur est hors de
proportion avec l’importance industrielle , et ce n’est pas sans raison que l’excellent rap¬
porteur de la classe 54 a rappelé ces faits à la mémoire de MM. les membres du jury
du groupe VI.
En 1878, la filature et le tissage avec toutes leurs dépendances n’ont formé qu’une
seule classe, et cette réunion était logique, car ces deux domaines se touchent de fort
près et l’un ne peut exister sans l’autre. En 1889, cependant, on les a divisés en deux
classes distinctes, l’expérience ayant démontré que la tâche était trop grande pour un
seul jury. Il n’est pas très facile de tracer nettement les limites entre les deux branches,
les machines finisseuses de la filature et les machines préparatoires du tissage se mêlant
360
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
assez étroitement; en effet, nous avons vu des machines de caractère semblable adjointes
sans raison visible tantôt à l’une, tantôt à l’autre des deux classes. Il n’y a pas grand
mal à cela, et nos voisins ne se plaindront pas si, par hasard, nous dépassions les fron¬
tières déterminées par le catalogue.
I
DÉVIDOIRS, MACHINES À DOUBLER ET A RÉUNIR, À RETORDRE,
À PELOTONNER, ETC.
Les constructeurs de métiers à tisser ne s’occupent guère de ce genre de machines qui
constitue plutôt une annexe de la construction des machines pour filature. Seule parmi
les constructeurs de métiers à tisser, Mms veuve Mathieu Snoeck, d’Ensival-Verviers,
exposait un dévidoir mécanique avec casse-fil pour laine, lin, coton, etc. Une maison
de construction de machines pour filature, la Société des ateliers de construction de
Bitschwiller (Haute-Alsace) a exposé un métier à retordre a anneaux, qui présente des
dispositions nouvelles. La commande des broches se fait par des roues d’engrenage
hyperboliques , le pignon sur la broche étant en ébonite; on veut, par ce moyen, éviter
le glissement des cordes dont on se sert ordinairement pour la commande des broches,
et donner une torsion absolument identique a chaque fil. Le pignon n’est pas fixe sur
la broche : il l’entraîne par une friction qui se débraye sous la pression du genou
en cas de rupture du fil. Pour allonger les vrilles qui se produisent facilement, lors¬
qu’on arrête le métier, les cylindres de rappel se remettent en marche quelques instants
après les broches. Les deux côtés de la machine sont indépendants l’un de l’autre; on
peut donc tordre des fils différents sur les deux moitiés. Dans la machine exposée, fun
des deux côtés était même transformé en métier à filer.
Dans les métiers à retordre, le tambour à cordes est, d’ordinaire, commandé directe¬
ment par la courroie, et la vitesse des broches est constante. Une disposition différente
se trouve dans le métier exposé par M. F.-J. Grün, de Lure; le tambour, calé sur un
arbre indépendant, est commandé par une corde; celle-ci est entraînée par une poulie
disposée de manière à être remplacée facilement par d’autres poulies de diamètre dif¬
férent. A l’aide de cette disposition , on peut faire varier dans des limites très étendues
le rapport entre la torsion et la vitesse de l’alimentation. Pour rattacher les fils cassés,
la broche est munie d’un frein qu’on actionne avec la pointe du pied.
La maison Ryo-Catteau, à Roubaix, a fait une étude spéciale des machines prépara¬
toires et a réussi à créer un nombre de types très remarquables. Toutes ces machines
sont étudiées et construites avec beaucoup de soin pour obtenir à la fois une grande
vitesse , une manipulation facile et une grande sûreté dans la marche. La plupart des
métiers exposés par cette maison sont destinés au travail du coton. De ce nombre sont
plusieurs machines a doubler pour l’alimentation des métiers à mouliner et à retordre.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE.
361
Elles sont munies de casse-fils d’une action prompte et faciles à manier; le plus grand
soin est pris pour égaliser la tension des fils et les ménager. Une de ces doubleuses
pour fils de bonneterie peut réunir 18 bouts aussi floches que Ton veut. La machine
servant à mouliner ces fils est pourvue de 4 dévidoirs indépendants travaillant al¬
ternativement; pendant que l’un entre en fonction, l’autre est déchargé. Parmi les
machines à retordre à anneaux, nous avons remarqué une machine établie d’après le
système de M. W. Lancaster, à Accrington, renvidant sur la broche nue avec un cur¬
seur se basant sur le principe de M. Vimont. En cas de rupture du fil, le rouleau
d’appel supérieur de cette machine tombe en arrière et ne se trouve plus en contact
avec le rouleau inférieur, ce qui interrompt l’alimentation.
Une machine à peser la laine pour bonneterie laisse tomber le fil dans un pot établi
sur une balance qui, après avoir reçu le poids déterminé, arrête l’alimentation par
l’introduction d’une bande de cuir entre les deux rouleaux d’appel.
M. Mouchère, à Angoulême, qui, le premier, a appliqué le principe du pesage auto¬
matique, s’est servi de l’électricité pour l’écartement des rouleaux d’appel. Les quan¬
tités pesées de laine passent sur une machine à pelotonner, qui est disposée pour faire
les pelotes ordinaires et les pelotes-carreaux.
II
MACHINES À BORINER.
Il arrive très souvent que les fils, se présentant en forme d’écheveaux ou de petites
bobines de forme quelconque, doivent être enroulés en grosses bobines contenant des
quantités considérables. L’enroulement se fait, ou en couches coniques sur des bobines
à base conique ou en couches cylindriques sur des bobines à joues latérales. Le pre¬
mier mode a été représenté par les bobinoirs de M. Büxtorf, de Troyes, et de M. Dé-
gageux, de la même ville, à l’usage de la bonneterie. Les bobines à joues ont quelques
graves inconvénients : le fil se détériore facilement par le contact avec les joues. Pour
éviter ce défaut, on a changé ce mode; en donnant au fil un fort croisement pendant
l’enroulage, on parvient à donner au corps de la bobine une telle solidité, qu’on
peut se passer des joues, tout en lui donnant un diamètre qui dépasse de beaucoup sa
largeur.
Dans les bobinoirs des Tissages Diederichs, de Bourgoin, et de MM. Alexandre
père et fils, de Haraucourt, le croisement se produit de la manière suivante : les bo¬
bines en bois servant de base reposent librement, par leur propre poids, sur des
tambours entraîneurs à axe horizontal. Les fils sont guidés par une barre guide-fil à
laquelle on donne un mouvement rapide de va-et-vient, au moyen d’un tambour à
chemin. Quand le diamètre de la bobine augmente, le fil s’enroulant obéit de moins
en moins au mouvement du guide-fil, et, pour ne pas avoir des bobines trop minces sur
362
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
les bords, il faut leur donner à la base une largeur assez considérable. Si Ton veut,
comme c’est le cas ordinaire, défiler ces bobines sans les faire tourner en tirant le fil
dans la direction de Taxe, il faut faciliter le dévidage par une forme légèrement co¬
nique de la bobine, ce qui, d’un autre côté, a l’inconvénient de faire frotter le fil sur
les tambours entraîneurs du bobinoir.
MM. Ryo-Cotteau sont parvenus à produire des bobines à fils croisés, en forme de
disques plats ou de meules de o m. 2 5 de diamètre et de 6 mètres de largeur. On a
obtenu ce résultat en rapprochant le guide-fil le plus possible du point d’enroule¬
ment. Le tambour entraîneur est fendu sur tout son pourtour suivant une courbe com¬
posée de deux demi-tours d’hélices à sens opposé. Le fil qui traverse le tambour
presque diamétralement, en entrant et en sortant par la fente, est forcé de faire un
mouvement de va-et-vient complet, par chaque tour du cylindre, ce qui produit le
croisement; et comme le point de sortie se trouve tout près de la circonférence de la
bobine, le guidage est plus exact que dans les machines précédentes. Ce mode de croi¬
sement a été imaginé par MM. Hill et Brown; MM. Ryo-Catteau font perfectionné par
l’application d’un petit rouleau, nommé pince , légèrement pressé contre la bobine, le
plus près possible du point de contact avec le tambour entraîneur, et sur lequel le fil
passe avant d’enrouler sur la bobine. La vitesse avec laquelle le fil obéit au mouve¬
ment latéral du guide-fil dépend du diamètre du cylindre enrouleur et de la distance
entre le point d’enroulement et le guide-fil. Or, comme c’est le petit rouleau seul qu’il
faut considérer et non le diamètre de la bobine, Tun des deux facteurs est constant,
l’autre ne varie pas beaucoup, et il en résulte que la diminution de la largeur vers les
bords est presque insensible. La petite largeur de ces bobines, en forme de meules,
permet de les dévider dans le sens de leur axe, sans avoir besoin de les faire coniques.
La vitesse du bobinage peut s’élever jusqu’à î o mètres par seconde.
Les machines à bobiner, etc., de M. Gallet, de Fiers (Orne), ainsi que les dévi¬
doirs, doubleuses, etc., de M. Turguès, de Paris, sont, il est vrai, de construction et
d’exécution très primitives. Cependant, en raison de leur prix très peu élevé, elles ré¬
pondent aux besoins d’une nombreuse clientèle, et on ne s’étonnera pas que le jury ait
accordé aux noms de ces deux exposants une modeste place dans la liste des récom¬
penses.
III
MACHINES À OURDIR.
Le râtelier de l’ourdissoir pour coton, de MM. Ryo-Catteau, est disposé à recevoir les
bobines en forme de meules. Il forme un double cadre rectangulaire vertical, dont la
direction est perpendiculaire à la machine à ourdir; les bobines y sont fixées sur des
chevilles de manière à présenter leur côté étroit à la machine. Les fils, dirigés par des
guide-fils, se dévident dans le sens de Taxe, et comme ce dévidage se fait très facile-
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE.
363
ment, la vitesse du bobinoir peut être augmentée de beaucoup, comparativement à
une machine alimentée par les bobines tournantes. La machine peut se passer d’un
casse-fil. La tension du fil est petite et ne varie pas; l’ourdissage se fait d’une manière
très régulière et économique.
L’ourdissoir que nous venons de décrire était muni d’un tambour extensible de
M. Waroquier, de Lille, pour l’entraînement de l’ensouple. Ce tambour se distingue
de la construction courante par sa coupe hélicoïdale qui a pour but de répartir les
vides sur une plus grande largeur et de donner une pression plus uniforme sur l’en¬
souple.
L’ourdissage de la soie se fait, comme on le sait, par portées. Pour donner une lon¬
gueur et une tension égale a tous les fils, il faut faire appuyer la première portée
contre la partie conique du cylindre de l’ourdissoir; la première portée sert de base
conique à la seconde et ainsi de suite. La conicité peut être variée selon la grosseur
des fils. Ce type d’ourdissoir qui a été introduit dans le tissage mécanique de la soie,
par M. Gaspard Houegger, se trouvait représenté, à l’Exposition, par une machine de
MM. Benninger frères, d’Uzwyl (Suisse).
L’ourdissoir pour soie des Tissages Diederichs se distingue par ses dimensions très
considérables, la circonférence du tambour étant de 5 mètres. Ce grand diamètre per¬
met de supprimer la partie conique du tambour sans que l’on risque d’avoir de trop
grandes différences dans la longueur et la tension des fils.
L’ourdissage mécanique de la laine se fait de même par portée. L’enroulement sur
le tambour se produit en spires planes et , pour empêcher les fils de tomber et de s’em¬
mêler, le tambour est garni de chevilles en gros fil de fer.
Mme Vve Mathieu-Snoeck , d’Ensival-Vervier, cependant, a imité dans son ourdissoir
exposé le procédé de l’ourdissage de la soie, en employant un enroulement en spires
coniques. La conicité est du reste invariable. L’ourdissoir Snoeck est pourvu d’un casse-
fil; chaque fil porte un petit cavalier en forme d’épingle à cheveux; au moment où le
fil casse , le cavalier tombe entre deux rouleaux en forçant l’un d’eux de s’écarter u n
peu de l’autre. C’est ce petit mouvement qui débraye la commande de la machine.
IV
ÉNCOLLEUSES.
L’Exposition contenait deux encolleuses pour coton. L’une est construite par la So¬
ciété alsacienne de constructions mécaniques, la seconde est un modèle au cinquième,
fait par les Ateliers de constructions de Rüti (Suisse) [succession de Gaspard
Houegger] pour le Conservatoire des arts et métiers.
Toutes les deux ont la commande directe des cylindres sécheurs, soit par des galets
à friction qui portent le cylindre, comme dans la machine de la Société alsacienne,
3f>4
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
soit directement par des engrenages, comme dans la machine de Rüti. Il en résulte, par
opposition au vieux système dans lequel les sécheurs étaient entraînés par les fils de
chaîne, l’avantage qu’on peut réduire la tension des fils au degré voulu. Avant d’ar¬
river sur le grand cylindre, la chaîne peut être soumise à un brossage fait au moyen
de brosses circulaires. Pour des chaînes encollées à petite vitesse , la Société alsacienne
peut remplacer ces brosses circulaires par des brosses à mouvement de va-et-vient imi¬
tant le brossage de la machine écossaise. Les deux machines sont munies d’un appa¬
reil qui exerce une pression sur l’ensouple et donne des rouleaux durs, malgré la
petite tension de la chaîne. Les deux machines sont pourvues d’une commande à petite
vitesse qui permet de ralentir la marche de la machine, afin qu’on puisse changer les
ensouples sans arrêter la machine. On évite ainsi que les fils ne se collent sur les tam¬
bours sécheurs, ce qui aurait lieu s’il fallait interrompre la marche. Ce qui distingue
la machine de la Société alsacienne de l’autre, c’est d’abord une enveloppe en bois qui
enferme complètement les sécheurs. La buée qui se produit est aspirée et enlevée par
deux ventilateurs latéraux. Il résulte de cet arrangement un séchage accéléré. Ensuite
nous avons à mentionner la construction de la bâche à colle. Elle est à deux comparti¬
ments. Dans le premier, la colle crue reçoit une première cuisson; deux injecteurs l’en¬
voient dans la seconde partie ou elle est maintenue en ébullition par des tubes à va¬
peur. Au moyen d’un déversoir qui ramène l’excès de colle au premier compartiment,
on maintient un niveau constant dans la seconde moitié, et les cylindres encolleurs
plongent toujours dans la colle à la même profondeur. En cas d’arrêt, un tiroir que
l’on ouvre permet à la colle de retourner au premier compartiment, de sorte que les
rouleaux encolleurs ne plongent plus. Pour la chaîne 28, la vitesse dépasse Ao mètres
par minute.
Une troisième encolleuse, pour laine, a été exposée par Mmc Suoeck. Le séchage
de la chaîne encollée se fait dans une chambre chauffée par le bas au moyen d’un
système de tubes à vapeur. L’air humide est enlevé par le haut, au moyen d’un ven¬
tilateur; l’air froid entre par le bas et se chauffe en passant autour des tubes à vapeur.
La chaîne entre par le haut et, par un système de rouleaux en bois munis de petites
saillies, elle est menée horizontalement en zigzag, avec un développement de 72 mètres,
à travers la chambre pour en sortir par le bas et passer à l’appareil enrouleur. La vi¬
tesse de la chaîne s’élève jusqu’à 200 mètres par heure.
La Sâchsische Webstuhlfabrik (succession de Louis Schônherr), de Ghemnitz (Saxe),
a présenté un appareil sécheur pour des chaînes de laine encollées. L’air de la chambre
à sécher est vivement remué par un agitateur à mouvement rotatif. Le rendement de
cet appareil dont les dimensions sont extrêmement petites nous a été déclaré comme
s’élevant à 2,000 mètres par jour.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE.
365
V
CANNETIÈRES.
Toutes les cannetières exposées faisaient des bobines destinées au dévidage par le
bout, dans lesquelles le fil est donc enroulé par couches coniques. Parmi ces machines ,
nous pouvons distinguer deux types différents. Dans le premier type, la bobine n’opère
qu’un mouvement de rotation et le renvidage est réglé par un guide-fil qui, outre son
mouvement montant et descendant, reçoit encore un mouvement ascendant continu de
très petite vitesse. Dans le second type , le guide-fil ne fait qu’un simple mouvement alter¬
natif dans le sens vertical, et c’est le corps de la bobine qui fait le mouvement ascen¬
dant. La pointe des couches coniques est tournée vers le has; le corps de la bobine
s’appuie sur un cône creux fixe, dans lequel est pratiquée une fente où passe le fil à
enrouler. Ce cône creux sert de coussinet à la broche et la couche de fil récemment en¬
roulée sert de pivot. On pourrait appeler ces machines : cannetières à entonnoirs.
Le premier type est d’abord représenté par trois machines exposées par les Tissages
Diederichs, les Ateliers de Ricti et MM. Ryo-Catteau. Le guide-fil consiste en un fil de
fer tendu et disposé de la même manière que la baguette dans le métier a filer renvi-
deur. Une autre machine de ce genre de MM. Ryo-Catteau, dite à broches indépen¬
dantes, a des guide-fils d’une construction différente. Chaque broche a son guide-fil; il
est en forme de crochet et fixé sur l’écrou d’une vis verticale placée derrière la broche.
Ces vis reçoivent un mouvement alternatif vertical et en outre un mouvement lent de
rotation. Tant que le guide-fil sera retenu par le fil, il sera mené vers le haut par la
rotation de la vis; mais aussitôt que le fil casse, le crochet devient libre, l’écrou prend
part à la rotation de la vis et le guide-fil cesse de monter. En rattachant le fil, on est
donc sûr de trouver le guide-fil à sa place et d’avoir le reste de la bobine bien posé
sur le commencement. On comprend que, par cet arrangement, les différentes bobines
d’une même machine peuvent se trouver, à un moment donné, dans toutes les phases
de leur formation et qu’en vérité, les broches sont indépendantes l’une de l’autre.
Quand la bobine est finie, l’écrou du guide-fil bute contre un anneau fixé sur le bout
supérieur delà vis; il est ainsi forcé de suivre le mouvement de rotation, le fil se dé¬
croche, l’enroulement cesse et le fil, tordu à outrance, se brise de lui-même.
Une machine du second type a été exposé par MM. Alexandre père et fils : elle est
destinée à faire des bobines de gros fils de laine a dévider par l’intérieur. En cas de
rupture du fil, la bobine pivote sur la même couche de fil jusqu’à ce que la rattache
soit faite. Ces fils subissent donc une friction assez considérable qui leur donne un
certain lustre. Gela n’a pas d’inconvénient dans les étoffes qui subissent ensuite un
traitement à l’eau; mais ce serait inadmissible pour la soie. Dans une cannetière des
ateliers de Ricti, qui fait des cannettes pour soie, un galet de forme conique est substi-
366
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
tué au cône creux. Le frottement est donc remplacé par le roulement et la trame est
très ménagée. La commande des broches se fait du reste comme d’habitude, dans ce
type de machines, par une noix fixe; lorsque la cannette a atteint la longueur voulue,
la partie carrée de la broche, qui est engagée dans le trou de forme correspondante
de la noix, sort de celle-ci, et le mouvement est interrompu.
Dans toutes les machines qui enroulent un fil en couches coniques, la vitesse de
l’enroulement est proportionnelle à la vitesse de la broche et au diamètre du cône. Or,
celui-ci étant variable, il faut faire varier en sens inverse le nombre de tours de la
broche pour obtenir une vitesse constante de l’enroulement et pour avoir une tension
égale dans la trame. MM. Ryo-Catteau y sont parvenus en donnant au tambour mo¬
teur d’une de leurs machines à retordre un mouvement variable au moyen de deux
cônes commandés l’un par l’autre; dans leur cannetière pour soie, les Ateliers de Ricti
ont appliqué dans le même but des engrenages excentriques.
VI
MÉTIERS À TISSER.
Le tissage mécanique date déjà de plus de soixante ans. Durant cette longue pé¬
riode , les principes fondamentaux des métiers se sont développés de manière à prendre
des formes assez stables. Les efforts des constructeurs se bornent à perfectionner les
détails, pendant que la disposition générale est restée presque la même. Cependant on
aurait tort de nier que la construction des métiers à tisser ait fait des progrès très réels.
Les petits perfectionnements se totalisent par une somme très considérable. Grâce aux
soins apportés aux détails de construction, on obtient aujourd’hui des vitesses qui ont
porté la production à des chiffres inconnus il y a peu d’années, et en même temps la
qualité n’en a pas souffert, car tous les soins ont été pris pour assurer la régularité et
la sécurité de la marche, pour faciliter la manipulation et pour éviter les erreurs.
L’application des appareils pour surveiller la trame et les navettes est tout à fait géné¬
rale. Les mécanismes pour le mouvement des lames et pour le changement des na¬
vettes multiples sont, d’ordinaire, rendus solidaires pour éviter toute confusion, la chaîne
se déroule automatiquement, etc. Tous ces perfectionnements et d’autres sont si géné¬
ralement répandus, que nous pouvons nous passer de les noter expressément dans les
différents métiers que nous allons examiner.
En dépit de la stabilité des principes, qui s’est manifestée en général, nous avons à
nous occuper de quelques nouvelles dispositions, dont les auteurs, en quittant la
grande route, cherchent à frayer de nouvelles voies.
Nous avons d’abord à parler d’un métier circulaire : ces métiers ne sont pas du tout
de dernière date. Quoique, jusqu’ici, aucun n’ait obtenu quelque succès, l’idée en
semble présenter de si grands avantages, que les inventeurs sont toujours de nouveau
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE.
367
tentés d’en essayer la réalisation. Les avantages consistent en ce que Ton pourrait
obtenir des tissus de grande largeur par des mouvements doux et continus permettant
une grande vitesse et ne consommant qu’une petite force.
Le progrès réalisé par le métier circulaire de M. Georges Wassermann, de Baden
(Suisse), est basé surtout sur les moyens employés pour faire mouvoir la navette et
serrer la trame du tissu. La chaîne est disposée en forme de cylindre à axe vertical ;
elle est enroulée sur vingt petites ensouples dans le bas de la machine; l’enroulement
du tissu se fait par le haut. La remise se compose de vingt secteurs chacun à quatre
petites lames disposées radialement. Le peigne circulaire a des dent radiales; la na¬
vette munie de galets repose librement sur le peigne en s’appuyant contre le bord qui
est relevé. En imprimant au peigne une inclinaison dont on fait successivement varier
le sens, on fera rouler la navette le long de la circonférence. Les lames s’ouvrent et se
referment pour donner passage à la navette. Le serrage de la nouvelle duite se fait au
point le plus élevé du peigne par une douce pression et sans choc. Comme cette action
est concentrée sur un seul point, elle donne une pression suffisante. La construction
des lames doit être l’objet d’une mention spéciale. Les lisses sont formées par des fils
d’acier avec un chas dans le milieu qui sert d’œillet. Les lisses sont tenues à l’interieur
par des pinces qui leur laissent une certaine liberté; extérieurement, elles reposent sur
des bagues en fer et, latéralement, elles sont guidées par les fils de chaîne adjacents.
Tous les mouvements sont commandés par un axe central. Chaque secteur de la
remisse a sa petite mécanique d’armure à lui; on peut donc faire avec les différents
secteurs à la fois tous les liages qui peuvent s’obtenir avec quatre lames.
Le métier exposé marchait à la main; cependant il n’y aurait pas de difficulté a
en adapter les principes au tissage mécanique. Il est commandé au moyen d’un volant
horizontal concentrique qui, par des engrenages, imprime un mouvement accéléré à
l’arbre central. L’ouvrier, tout en faisant tourner le volant, peut faire le tour du mé¬
tier pour le surveiller de tous les côtés.
L’inventeur, tout d’abord, avait l’intention de créer un métier pour le tissage de la
soie à domicile; mais il a rencontré des difficultés dans l’installation d’un nombre
suffisant de lisses. Le métier exposé travaillait avec des fils de coton assez gros.
Le jury, tout en rendant justice aux progrès présentés par le métier que nous venons
de décrire, n’a pu se dissimuler que l’invention n’avait pas encore fourni des preuves
pratiques de sa valeur industrielle, le métier exposé ayant été le premier de son type
réellement capable de tisser. Il y aura encore beaucoup de difficultés à surmonter.
Ces difficultés ne sont pas de nature purement techniques, et elles ne tiennent pas
seulement au système dont nous parlons. Le métier circulaire produit un tissu en
forme de tube ou de boyau. Il pourrait être mis sur le marché ou dans cette forme ou
en bandes découpées, l’apprêt pouvant, sous certaines restrictions, s’appliquer aux
deux formes. En tout cas, le tissu circulaire sans lisière présente un aspect bien diffé¬
rent du tissu rectiligne, dont les lisières serrées ne pourront pas être remplacées d’une
368
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
manière suffisante par des fausses lisières faites avec des fils de tour, et on aura beau¬
coup de peine à familiariser le public avec les bords coupés.
Tout en se rendant compte qu’il restait beaucoup à faire, le jury a attribué assez
d’importance a ce métier et a décerné à son inventeur une récompense sérieuse pour
l’encourager à poursuivre sa voie.
Le jury a eu a s’occuper encore d’un second métier s’éloignant plus ou moins du
type généralement adopté. C’était un métier double à chaînes horizontales. Le jury
n’y a pu trouver aucun avantage réel et n’a pas cru devoir donner un encouragement
à l’inventeur.
Avant de passer aux métiers normaux, citons encore le métier spécial pour fabri¬
quer les tuyaux a incendie, qui a été exposé par I’Eureka Firehose C°, de Brooklin
(Etats-Unis). C’est un métier circulaire qui produit un boyau de petit diamètre autour
d’un tube de caoutchouc. Ce tube est gonflé après avec de la vapeur et se joint intime¬
ment au tissu. Le caoutchouc procure l’étanchéité, et le tissu, fait en fils de coton très
forts, donne la solidité. L’avantage de ce tube consiste en ce que le tissu est placé
extérieurement et non entre deux couches de caoutchouc comme d’ordinaire. Si, dans
ce dernier cas, l’eau trouve accès au tissu, celui-ci se détruira rapidement, puisqu’il ne
peut plus sécher. Dans le nouveau tube, au contraire, le tissu peut sécher très facile¬
ment. Les fils de chaîne enroulés sur un certain nombre de bobines placées dans le
bas de la machine sont guidés de manière à rejoindre, suivant le rayon, le tissu en
formation qui se trouve au centre du métier.
Les lames divisées en plusieurs secteurs reçoivent un mouvement vertical. Il y a
deux navettes travaillant en même temps. Ces navettes, de dimensions gigantesques,
ressemblent beaucoup, par leur forme, aux navettes à mouvement circulaire de cer¬
taines machines à coudre.
Enfermées dans une espèce de cage, elles sont guidées dans leur mouvement par
des galets; leur mise en train se produit par des secteurs dentés fixés sur les navettes
qui engrènent avec des pignons. La cage et les galets sont disposés de manière a
donner passage aux fils de chaîne. Le métier ne possède point de peigne; le rappro¬
chement des duites s’opère par une saillie de la navette en forme de corne, qui entre
dans l’angle formé par le pas. Le tube est enroulé dans le bas sur une bobine à
mesure de sa fabrication.
A côté de cette machine, est placée une machine pour recouvrir les tubes d’une
hélice de fil de fer recuit. Le principe est celui appliqué dans les appareils à guimper
les fils de cuivre. La difficulté à surmonter était de maintenir la section circulaire du
boyau pendant l’enroulement du fil de fer. Gela se produit à l’aide d’un mandrin en
fer qui est suspendu entre les deux rouleaux d’appel amenant le boyau.
Les métiers du type normal, à l’examen desquels nous allons procéder, ont été
exposés en très grand nombre.
Nous avons compté 5 1 métiers mécaniques et î métier à bras pour étoffes unies,
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE TISSAGE.
369
façonnées, damassées, veloutées, dont 9 étaient munis de mécaniques Jacquart;
2 métiers mécaniques et 2 métiers à bras pour tapis; 2 métiers mécaniques et 1 mé¬
tier à bras pour passementerie; en total, 58 métiers exposés.
Nous ne saurions, dans ce rapport, donner les détails extrêmement variés de tous
ces métiers, ce qui, d’ailleurs, ne pourrait se faire qu’au moyen de nombreux croquis.
Nous devons nous borner à en indiquer sommairement les points principaux.
Depuis l’Exposition de 1878, le tissage mécanique de la soie a fait des progrès consi¬
dérables; ce développement s’est manifesté par le nombre des métiers pour le tissage
de cette matière : l’Exposition de 1889 contenait 21 métiers destinés spécialement au
travail de la soie. On est parvenu à produire mécaniquement un grand nombre d’ar¬
ticles pour lesquels, il y a peu de temps, on ne pouvait pas se passer du métier à
bras. Il est vrai qu’aujour d’hui encore, il n’existe pas, pour certains articles, les taffetas
forts, par exemple, de meilleur système que le métier a bras dirigé par une ouvrière
expérimentée. Il serait impossible de produire sur un métier mécanique une faille
ayant autant de main que l’article fabriqué avec le même organisme sur un métier à
bras; en d’autres termes, pour faire la même qualité, le métier mécanique exige une
matière première de qualité supérieure. Mais le tissage mécanique ne cessera pas de
progresser et le domaine du tissage a bras se trouvera de jour en jour plus réduit.
Le recul du tissage a bras ou plus exactement du tissage à domicile est un fait déplo¬
rable au point de vue social, mais il est un fait incontestable et la révolution est
irrésistible. Tout le monde se rappellera les efforts faits, il y a cinq ou six ans. pour
sauver le tissage à domicile; on croyait en avoir trouvé les moyens dans le métier
Laeserson et Wilke et d’autres types analogues, mais toutes ces tentatives n’on abouti
qu’à donner une nouvelle impulsion au développement du tissage mécanique. Les
chantiers de la Buire qui, alors, entreprenaient la fabrication des métiers Laeserson
et Wilke, ont fait leur apparition au Champ de Mars avec un assortiment des plus
beaux métiers mécaniques ayant le métier Laeserson pour type. Parmi ces métiers en
pleine activité, se trouvait un métier Laeserson, nu et immobile comme un document
historique dans un musée !
Les métiers pour soie ont un caractère qui leur est propre. D’abord, ils sont d’une
construction fine et soignée correspondant à la délicatesse de la matière. La largeur est
restreinte, les tissus de soie ne dépassant que de peu une largeur de 0 m. 60. La partie
de la chaîne tendue horizontalement entre Tensouple et la poitrinière occupe un grand
espace pour le ménagement des fils de chaîne; l’ensouple se trouve souvent placé sur
un chevalet indépendant qui peut être plus ou moins éloigné. Les lisses et peignes sont
d’une grande finesse. Le battant a le plus souvent, surtout pour les fortes étoffes, des
mouvements particuliers dont le but est d’imiter le coup sec du métier à bras. Les régu¬
lateurs sont spécialement soignés. Dans les métiers pour coton, etc. , l’enroulement
s’opère par le moyen d’un cylindre à surface rugueuse contre lequel l’enrouleur s’appuie.
La soie n’en pourrait pas subir le contact; il faut donc commander l’enrouleur direcle-
Groupe VI. — iv. 26
1*P«IM£R(E NATIONALE.
370
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
ment et lui imprimer une vitesse d’entraînement constante, c’est-à-dire diminuer sa
vitesse de rotation à mesure que son diamètre augmente et dans la même proportion.
Cela s’opère au moyen d’un rouleau flotteur légèrement pressé contre l’enrouleur. Ce
rouleau, étant renvoyé de plus en plus, déplace la tringle agissant sur le cliquet le long
d’un levier à coulisse. Il faut avoir soin de construire le cliquet de manière qu’il puisse
transmettre la moindre variation de son mouvement au rochet. Cela se fait d’ordinaire
en disposant plusieurs cliquets de telle sorte que leurs extrémités se répartissent uni¬
formément sur la longueur d’un pas du rochet. Toutefois l’avancement du rochet ne
s’établit qu’autant qu’il a dépassé la quantité égale à la fraction du pas correspondant
au nombre des cliquets; il en résulte une légère irrégularité dans le mouvement de
l’enrouleur.
Pour supprimer cette imperfection, les Chantiers de la Buire, les Tissages Diederichs
et la Société alsacienne ont appliqué avec le plus grand succès le cliquet à friction ou
cliquet muet, mécanisme bien connu et employé depuis longtemps, par exemple pour
le mouvement des chariots dans les grandes scieries à bois. Pour des étoffes fortes et
serrées, le régulateur différentiel, tel que nous venons de le décrire, ne suffit pas,
puisqu’il faut que le serrage, et non la distance d’une duite à l’autre, soit uniforme. En
ce cas, il faut compenser les inégalités inévitables de la trame. Pour obtenir cette
compensation, on a recours au peigne mobile agissant sur le régulateur de manière
que celui-ci ne fonctionne que quand le peigne, au moment de la frappe, est repoussé
jusqu’à un certain point. Le peigne mobile simple, sans action sur le régulateur, s’em¬
ploie souvent quand il s’agit d’avoir un coup élastique. Le chasse-navette est toujours
à sabre, l’étoffe étant plus à T abri des taches d’huile qu’avec le chasse-navette à fouet
horizontal. On est arrivé à donner aux métiers à soie des vitesses très considérables.
Cependant le nombre de aho à 3oo coups fournis par un métier des Chantiers de la
Buire n’est qu’un tour de force qu’on se gardera bien d’imiter. La production n’aug¬
mente pas en raison directe de la vitesse du métier, et la qualité n’y gagne rien. Cette
vitesse, du reste, a été dépassée sur un métier de M. George Hodgson, de Bradford,
faisant des articles de Roubaix avec plus de A20 coups par minute.
Les métiers à drap de provenance belge et allemande constituent un autre type de
caractère distinct. Le rétrécissement considérable se produisant à la suite du foulage
exige une grande largeur du tissu brut, qui s’élève à deux mètres et davantage. Comme
la trame employée est toujours assez grosse, il faut que les navettes soient grandes
pour en recevoir une quantité suffisante. Pour faire accomplir à ces grosses navettes
leur long parcours, il est nécessaire de leur imprimer une grande vitesse initiale au
moyen de chasse-navettes très puissants. Les métiers doivent être de dimensions très
considérables et de construction extrêmement robuste. La commande ne se fait pas
directement sur l’arbre à vilebrequin par une simple paire de poulies; la courroie im¬
prime son mouvement, au moyen d’une poulie munie d’un embrayage à friction, à un
arbre de commande situé latéralement et parallèlement à la direction de la chaîne. Cet
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE.
371
arbre, par des engrenages ralentissant le mouvement, transmet son action à Tarbre a
vilebrequin. Une tige en bois, allant le long de la poitrinière, permet à l’ouvrier de
diriger l’embrayage sans se déplacer. Le manchon à friction donne un embrayage et
un débrayage beaucoup plus rapides et plus exacts qu’on ne peut les obtenir avec
une paire de poulies. L’arbre à vilebrequin , pour plus de rigidité , est soutenu par quatre
paliers. Le chasse-navette est généralement à sabre. Le casse-trame se trouve sur le
milieu du battant. L’usage des lisses métalliques est adopté partout. La mode actuelle
est aux dessins variés et compliqués; les métiers pour nouveautés sont donc pourvus
des organes permettant de satisfaire à ses exigences. D’abord, le nombre des lames est
augmenté de beaucoup ; le plus grand nombre que nous ayons compté dans l’Exposition
était de 36. La mécanique à armure généralement employée était celle de Crampton.
Ensuite, ces métiers travaillent tous avec plusieurs navettes dont le nombre s’élève jus¬
qu’à 9 ; un métier pour ameublement de Mœe Snoeck en avait jusqu’à î 5. Sauf de rares
exceptions, nous n’avons vu que des boîtes montantes. Les boîtes sont également ré¬
parties sur les deux côtés du battant; cela permet d’avoir des boîtes moins grandes et,
de plus, on a l’avantage de pouvoir lancer un nombre pair ou impair de duites. Les
chasse -navettes peuvent battre dans un ordre quelconque; un appareil de sûreté dé¬
braye le chasse -navette qui doit fonctionner quand la boîte opposée ne se trouve
pas vide. Le changement des boîtes se fait par un mécanisme dont voici le principe :
deux ou plusieurs cames ou excentriques reçoivent le mouvement d’une mécanique Jac-
quart et le transmettent indépendamment l’une de l’autre à la boîte par un système de
leviers combinés. En tirant ces cames séparément ou simultanément, on pourra com¬
biner leurs actions de manière à donner à la boîte toutes les positions voulues. En em¬
ployant deux éléments, on pourra, ou n’en tirer aucun ou les tirer chacun séparément,
ou finalement tous les deux à la fois, ce qui donne quatre combinaisons différentes.
Avec trois éléments, on obtiendra huit combinaisons et Ton pourra, avec une boite de
8 navettes sur chaque côté, travailler avec î 5 navettes au maximum. Les mécaniques
pour les deux boîtes se trouvent à côté de la mécanique à armure et les cylindres pour
les deux chaînes sont placés sur le même axe. Quand on fait tourner le métier en
arrière, on est toujours sûr d’avoir les boîtes en correspondance avec la mécanique à
armure.
Nous allons faire aussi brièvement que possible une revue détaillée des métiers
exposés.
Les Chantiers de la Buire, à Lyon, avaient installé dans un pavillon spécial dix mé¬
tiers à soie. Ce n’est que depuis environ cinq ans que cet établissement s’occupe de la
construction des métiers à tisser; les moyens techniques et financiers dont ces ateliers
disposent leur ont permis d’atteindre dans ce court laps de temps une perfection sur¬
prenante, et, si l’exposition des Chantiers de la Buire doit être désignée comme étant
la plus belle de la classe 55, ce n’est pas seulement à cause de son extérieur el du
grand nombre de ses métiers, mais aussi à cause de la qualité des objets exposés.
372
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Alors même qu’on n’approuverait pas tous les principes qui y sont appliqués, il faut
reconnaître que toutes les constructions sont étudiées avec autant de soin que d’habileté ,
et leur exécution fait preuve d’un bon outillage ainsi que d’une excellente main-d’œuvre.
Comme nous venons de le dire, c’est le métier mécanique à bras de MM. Laeserson
et Wilke qui a servi de point de départ à ces métiers. Les lames forment des cadres
métalliques rigides; elles sont guidées latéralement dans des coulisses du bâti pour
obvier à tout balancement et pour diminuer le frottement des fds de chaîne dans les
œillets. Cette rigidité absolue étant gênante pour la rattache des fils, on a modifié cette
disposition en suspendant les lames en forme ordinaire dans de grands cadres métal¬
liques qui, â leur tour, sont guidés dans les rainures latérales du bâti. Cette disposition
des lames a conduit le constructeur à disposer tous les autres mécanismes extérieure¬
ment au bâti. L’arbre de commande porte â ses deux extrémités deux manivelles en fer
forge en forme de disques élargis par des cercles en fonte et servant en même temps
comme volant et comme poulie motrice. Ces manivelles en porte-à-faux actionnent le
battant par deux bielles, ou directement ou par l’intermédiaire de deux leviers à cou¬
lisses courbés de manière à donner un coup sec pour les étoffes serrées. L’arbre de
commande , par des engrenages au rapport de 1 à k , entraîne un axe placé dans le bas
du métier et portant à l’intérieur des bâtis les cames pour la commande directe des
cadres à lames. Le même arbre porte deux autres excentriques placés en dehors des
bâtis et actionnant les chasse-navettes. En déplaçant de quelques dents les engrenages
qui relient les deux arbres , on peut avancer ou retarder facilement le moment du lan¬
çage de la navette et de la fermeture du pas. Le point d’appui du levier, transmettant
le mouvement de la came au chasse-navette à sabre , peut être haussé ou abaissé pen¬
dant la marche pour changer l’intensité du coup de la navette. Grâce à cette disposition
extérieure du mécanisme, tout le réglage se fait donc avec beaucoup de facilité; mais,
d’un autre côté, ce sont justement ces porte-à-faux qui peuvent présenter des inconvé¬
nients quant à la solidité et à la rigidité. En observant le métier faisant de la surah
grège à raison de 2Ôo à 3oo coups par minute, on a pu remarquer surtout des fouet-
temenls très violents de l’arbre à manivelles qui ne tarderaient pas à détériorer tout le
métier.
Le régulateur forme un point tout particulier de ces métiers. Dans le régulateur or¬
dinaire des métiers à soie, le mouvement du rocliet est en raison inverse mais con¬
stante du diamètre de l’enrouleur, et, pour avoir la réduction de l’étoffe, il faut se servir
de roues de rechange pour la commande de l’enrouleur. Les Chantiers de la Buire se
sont proposé d’éviter les roues de rechange. Le cliquet à friction est commandé par
une tige dont l’autre bout peut se déplacer le long d’un levier qui porte une échelle
graduée donnant immédiatement la réduction. Ce levier est actionné par un excentrique
placé sur l’arbre à cames. Pour faire diminuer sa course en raison inverse du diamètre
augmentant de l’enrouleur, son mouvement de retour imprimé par un ressort à boudin
est interrompu de plus en plus tôt par une came tournant lentement sous l’action d’une
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE TISSAGE.
373
crémaillère reliée au rouleau flotteur. La courbure de cette came d’arrêt est déterminée
par le mouvement que doit faire le levier; cette courbe serait donc une hyperbole équi-
latérale transformée en coordonnées polaires. Pour avoir un mouvement sûr du régu¬
lateur, même avec de grandes vitesses du métier, on a appliqué deux systèmes de le¬
viers et de rochets agissant alternativement et avec une vitesse deux fois plus petite que
celle du battant.
Les boîtes à navettes possèdent une longueur extraordinaire ; on veut obtenir par la
un ralentissement graduel du mouvement de la navette, ce qui évite tout déroulement
superflu de la trame. Les ensouples de derrière sont montées sur des chevalets indé¬
pendants; les freins qui les maintiennent sont serrés par des poids à action directe.
Tous les métiers sont pourvus d’un index mobile pour mettre a point le tissu, s’il a fallu
le dérouler.
Comme chacun des dix métiers présente des particularités dignes d’être mentionnées,
nous allons en donner une liste complète :
Un métier avec mécanique Jacquart, du système Verdol, produisant du damas fa¬
çonné. Ce métier est à deux navettes lancées pick and pick, c’est-à-dire deux fois de
suite du même côté. Le mouvement simultané des boîtes se fait au moyen d’une came
à chemin ;
Deux métiers identiques entre eux produisant , l’un de la surah grège à raison de 2Ôo
à 3oo coups, l’autre de la faille et ne battant que 70 coups par minute;
Un métier à quatre navettes à boîtes sautantes avec papier continu pour le change¬
ment des navettes;
Un métier à peigne renversé pour gaze jumelle. Le peigne étant renversé au moment
de la frappe , la chaîne peut fuir un peu sous l’action du coup oblique et l’insertion de
la trame se fait avec une pression très douce. Les fausses lisières des deux pièces se
produisent par deux fils de tour commandés par une fourchette;
Un métier à velours double pièce. Le battant est commandé par un arbre à vilebre¬
quin qui se trouve situé sous la poitrinière, disposition qui laisse complètement libre
l’espace derrière le battant pour le montage des lames;
Un métier du même type à triple largeur (1 m. ôo), battant 120 coups par mi¬
nute. Les rouleaux à pointes d’aiguilles sont en papier comprimé;
Un métier à grande largeur (1 m. 16) pour pékin jumel;
Un métier pour foulard, dit china tissé en soie mouillée. La fabrication de cetto
étoffe exige l’emploi d’un templet. Il consiste en une paire de pinces s’ouvrant automa¬
tiquement au moment de la frappe pour se refermer aussitôt que le battant recule;
Un métier Laeserson et Wilke.
M. George Hodgson, à Bradford, était le seul représentant des constructeurs anglais
de métiers à tisser. Les huit métiers exposés renfermaient une assez grande multitude
de types différents, destinés, pour la plus grande partie, au tissage de la laine. Ce que
ces métiers ont de commun, c’est la construction soignée et solide, cherchant surtout
374
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
à faciliter la main-d’œuvre. La meilleure preuve de la solidité de ces constructions a été
donnée par un métier pour articles de Roubaix de 3 2 pouces (0 m. 81 3) de largeur,
battant plus de 42 0 coups par minute sans trépidation sensible.
Pour le mouvement des lames, les mécaniques à armure sont pourvues d’éléments
formés chacun d’un disque portant un boulon excentrique qui commande la lame au
moyen d’une bielle. Aux deux points morts qui correspondent aux positions extrêmes de
la lame, le mécanisme reste immobile et n’a donc pas besoin d’un arrêt spécial pendant
la frappe. Ces disques reçoivent le mouvement d’un secteur denté mû par une crémail¬
lère, qui est elle-même commandée soit par un double crochet actionné alternativement
par deux griffes à mouvement divergent, soit par une double crémaillère formant
cadre autour d’un pignon et qui, étant soulevée ou abaissée au moyen d’une chaîne à
grains, y engrène tantôt d’un côté et tantôt de l’autre.
Des éléments semblables, agissant sur un système de leviers combinés, sont em¬
ployés pour la commande des boîtes montantes dans les métiers à plusieurs navettes.
M. Hodgson est le seul qui, a côté de la boîte montante, ait employé la boîte revolver,
mais seulement pour pick and pick. Il est évident que, pour des boîtes sautantes, la con¬
struction du mécanisme du revolver est moins commode que pour les boîtes montantes.
A l’exception de deux métiers pour drap de grande largeur, tous les chasse-navettes
sont à fouets. La commande de ces métiers à drap est établie directement sur l’arbre à
vilebrequin.
Les Ateliers de construction de Rüti (succession de Gaspard Houegger), en Suisse,
ont pris, comme on le sait, une part très importante au développement du tissage mé¬
canique de la soie. Cette maison a exposé quatre métiers. Les deux premiers sont des¬
tinés au tissage des étoffes damassées en soie et en coton; ils marchent à grande
vitesse (i5o à 170 tours par minute). Pour éviter les trépidations, on a monté les mé¬
caniques Jacquart sur un châssis indépendant, formé par des poutrelles de fer. Ces
mécaniques sont à lève et baisse, et l’une d’elles fait en outre le pas oblique; à cause
de la grande vitesse, elles sont pourvues de deux cylindres à carter agissant alternati¬
vement. Les crochets (au nombre de 8,800 ^ ms le métier à soie) sont en bois artifi¬
ciellement séché; ils sont plus légers que le^ crochets en fil de fer, et, à ces grandes
vitesses, l’usure est moindre au point cl’attaque de la griffe.
Un métier pour soie, tissant de la faille, possède un peigne mobile à mouvement
particulier. Immédiatement avant la frappe, le peigne est retenu par un loquet pour
en être abandonné un moment plus tard. Le peigne, devenu libre, donne, sous l’action
d’un ressort, un coup très énergique; pour en augmenter l’intensité, le frein de l’en-
souple de derrière est serré en même temps. Les bielles sont brisées ; cependant
l’articulation en peut être suspendue en cas de nécessité. Le régulateur est à compensa¬
tion, c’est-à-dire que si la trame est trop mince et si, par conséquent, le peigne ne ren¬
contre pas une résistance suffisante au moment de la frappe, le régulateur se débraye
et ne recommence à fonctionner que lorsque la résistance normale s’est rétablie.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE
375
Un métier à quatre navettes pour coton est pourvu d’un nouveau mécanisme de
changement. Un disque mobile sur un axe porte deux buttoirs diamétralement opposés;
une tringle verticale en forme de T vient faire face au disque. Si cette tringle est mue
de bas en haut, les deux buttoirs, quelle que soit leur position initiale, seront rame¬
nés par les bras du T sur une même horizontale. Ce système de disque et de tringle
se répète quatre fois; les quatre disques sont réunis sur le même axe qui, par un
engrenage et un levier à secteur denté, commande la boîte montante. Comme la posi¬
tion des buttoirs est différente sur chacun des quatre disques, chaque tringle soulevée
a son tour par une petite mécanique Jacquart va porter une autre navette sur la hau¬
teur du battant.
Le mouvement de la boîte est positif pour la descente aussi bien que pour la
montée.
Dans l’ancien mécanisme Honegger, la descente se fait seulement sous l’action de
la pesanteur; ce qui, pour des vitesses considérables, ne donne plus une sûreté abso¬
lue. Le nouveau mécanisme fonctionne parfaitement bien à la vitesse de 160 tours.
Les quatre métiers pour laine de M,ne veuve Mathieu Snoeck, d’Ensival (Belgique),
étaient sans doute les meilleurs de leur genre. Ils se distinguaient par une grande
élégance de style. Un métier avec mécanique Jacquart, pour ameublement, mérite
surtout d’être cité comme chef-d’œuvre de construction. Le métier a 5 ensouples et
i5 navettes; le passage de la première boîte à la dernière, et vice versa , se fait
très bien à la vitesse de 90 tours par minute. En dehors de ce métier, nous avons à
noter deux métiers à 7 navettes pour nouveauté, l’un avec 3a lames et 1 ensouple,
l’autre avec 36 lames et 5 ensouples. Le mécanisme pour le changement des boîtes
ressemble à celui de M. Hodgson, que nous venons de décrire. La mécanique à ar¬
mure est celle de Crompton; le pas oblique s’obtient en renvoyant de plus en plus
le point d’attache des lames sur les leviers. Un métier à 3 navettes tisse du drap de
2 m. 5 00 de laize.
La Société alsacienne de constructions mécaniques de Mulhouse a exposé trois mé¬
tiers, l’un pour la soie, le second pour le coton et le troisième pour la laine peignée.
Le métier à soie est disposé pour travailler à peigne fixe , renversé ou mobile avec
compensation. Le régulateur est à friction ou à rochet muet. Le métier est muni d’un
mouvement à taffetas et d’une mécanique à armure avec chaîne à cames, placée laté¬
ralement sur un chevalet indépendant. Le battant est garni de cuivre à sa surface.
Le métier pour coton est à quatre navettes. Le changement des boîtes s’opère au
moyen de deux excentriques superposés, auxquels une petite mécanique Jacquart im¬
prime un mouvement soit indépendant, soit combiné.
Le troisième métier est à marches extérieures. Les excentriques pour les marches
sont montées sur un arbre spécial qui remplace la longue douille tournant folle sur
un pivot fixe.
Le garde-navette appliqué dans ces métiers consiste en une double tringle en fer
37 G
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
fixée au chapeau du battant de manière à former un couvercle mobile sur le chemin
de la navette.
M. Louis Schônherr, le fondateur de la Sàcheische Webstuhlfabrik, de Chemnitz (Saxe),
est un des premiers promoteurs du tissage mécanique du drap ; sa maison a eu sur le
continent, pendant des années, le monopole des métiers mécaniques pour drap. Il
n’est pas sans intérêt de savoir que ses premières tentatives avaient pour but de four¬
nir un outil perfectionné au tissage à domicile; de là vient l’arbre de commande placé
sur le côté droit du métier dans une direction parallèle à la chaîne, cet arbre recevant
alors son mouvement par la main droite de l’ouvrier au moyen d’une manivelle. Ces
tentatives n’ont abouti, comme on le sait, qu’à faire progresser le tissage mécanique,
et il serait d’autant plus facile de prédire un pareil sort aux efforts faits pour la soie
par MM. Laeserson et Wiike et autres, si ce n’était déjà un fait accompli.
Dans le vieux type Schônerr, qui a été représenté à l’Exposition par un métier, tous
les mouvements, même celui du battant, partaient directement de l’arbre de com¬
mande. Cependant ce type, ne permettant que des vitesses très modérées, fut aban¬
donné, et les métiers actuels appartiennent complètement au type que nous avons fait
connaître en décrivant le métier à drap. Dans les deux métiers pour nouveauté, un
mouvement oblique des griffes de la mécanique Crompton donne un pas oblique.
Le mécanisme pour le changement des boîtes est à leviers combinés; la descente se
fait sous l’action de la pesanteur, ce qui est un défaut pour les métiers étroits pour
coton, etc., à cause de leur grande vitesse, mais n’a pas d’inconvénient pour les
vitesses moins considérables des métiers à drap. Nous avons vu fonctionner un métier
à neuf navettes avec une parfaite régularité en sautant de la première boîte à la der¬
nière, et réciproquement à une vitesse de plus de 80 tours. On a soigneusement étudié
les régulateurs pour donner des tensions égales à tous les fds de chaîne.
Un métier pour ameublement, à 1 1 navettes, est monté d’une mécanique Jacquart
de M. Olivier, de Roubaix. Un métier pour soie, à 2 A lames et 1 1 navettes, a la par¬
ticularité que le pas ne se referme pas complètement pendant la frappe; en le tenant
demi-ouvert, on veut éviter que, par un contact trop intime, les fds de chaîne ne s’ac¬
crochent l’un à l’autre. Un dernier métier fait la peluche double pièce en coton, laine
ou soie.
La Société des tissages et ateliers de construction Diederichs, à Bourgoin, a pris
largement part à la propagation du tissage mécanique en France, d’abord en colla¬
boration avec M. Honegger, plus tard à son propre compte.
Deux des six métiers exposés étaient pour le travail du coton, l’un pour étoffes
légères, l’autre, de construction plus robuste, pour toile à matelas, etc. Us étaient
munis d’une boîte montante à quatre navettes, commandée par le mécanisme Honegger.
Dans le second de ces métiers, le mécanisme de changement était pourvu d’un appa¬
reil pour réduire le nombre des cartons jusqu’à quatre, lorsqu’il s’agit de tisser des
carreaux dont le nombre de duites ne dépasse pas 5o.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE.
377
Les quatre métiers à soie avaient des régulateurs à friction. Ils étaient tous du
même type, mais montés de différentes manières. Un métier pour étoffes écrues était
muni d’une mécanique a armure avec chaîne pour 1 2 lames. Un second métier
avec mouvement de taffetas et des bielles brisées faisait de la faille. Un troisième por¬
tait une ratière de 2 A lames à action directe; il était muni d’une boite montante a
quatre navettes, commandée directement par une chaîne à cames sur laquelle se repo¬
sait le levier portant la boîte. La chaîne était entraînée par une roue à étoile qui
s’embravait au moyen d’une chaîne a cartons spéciale pour opérer le changement. Le
dernier métier faisait du damas avec une mécanique de 1,200 crochets.
Les trois métiers exposés par MM. Deneox frères et C'e, d’Amiens, sont destinés à la
fabrication du linge de table et de toilette. Le battant d’un métier faisant la serviette
éponge reçoit son mouvement par deux bielles brisées dont les coudes sont alternati¬
vement pliés ou redressés. Les fils de chaîne sont répartis sur deux ensouples dont
l’une n’a presque pas de tension. Si, après avoir frappé a bielles redressées, on lance
quelques duites a bielles pliées, ces duites se placent à une certaine distance des pré¬
cédentes. En frappant ensuite à bielles redressées, ces duites se rapprocheront tout a
fait des autres en glissant le long des fils de chaîne tendus et en entraînant les fils
sans tension; ceux-ci sortiront de la surface du tissu en formant des boucles.
Ce qu’il y avait de plus intéressant dans l’exposition de MM. Deneux, c’était le bat¬
tant brocheur automatique adapté à un métier monté d’une mécanique Verdol. Le bro¬
cheur produisait des initiales en fil de couleur dans des serviettes à table; il ne tra¬
vaillait qu’à une seule navette. La commande se fait par un arbre spécial placé dans
le bas du bâti et embrayé par la mécanique Jacquart aussitôt que le brocheur doit agir.
Celui-ci est retenu d’ordinaire par des ressorts sur le chapeau du battant. Aussitôt que
l’arbre auxiliaire est embrayé, il donne lieu, par le moyen de trois cames, aux mouve¬
ments suivants : i° débrayage du chasse-navette; 20 descente du brocheur au niveau
du tissu; 3° après que le pas est fait, translation latérale de la navette du brocheur au
moyen d’une crémaillère; A° ascension du brocheur; 5° embrayage du chasse-navette
pour donner une duite dans le fond et ainsi de suite.
Un métier pour soie de MM. Benxinger frères, d’Uzwyl (Suisse), à quatre navettes,
est muni d’un appareil pour réduire le nombre des cartons en supprimant ceux qui
sont vides. Le cliquet commandant le cylindre à cartons est sous l’influence d’un tam¬
bour en fonte contenant à sa surface une série de i,5oo trous rangés en hélice et pou¬
vant recevoir de petites chevilles. Ce cylindre faisant un pas sur deux coups du métier,
les chevilles viennent à leur tour soulever un levier qui, dans cette position, permet
au cliquet d’agir sur le cylindre à cartes. Pour les dessins symétriques, le mouvement
du tambour à chevilles peut se renverser au moment voulu, et Ton pourra exécuter de
cette manière des dessins composés d’un nombre de duites allant jusqu’à G, 000. Ce
métier a une ratière à action directe. Les cartons sont percés de deux rangées de trous;
en déplaçant le cylindre à cartes, on peut faire agir à volonté Tune ou l’autre des deu\
378
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
séries sur les pointes des aiguilles pour obtenir alternativement deux armures diffé¬
rentes.
Deux autres métiers, également pour soie, sont montés d’une mécanique a chaîne
pour le mouvement des lisses. Pour obtenir un mouvement de hausse et baisse dans
l’un de ces deux métiers, un mouvement oscillant est donné au plateau contre lequel
s’appuient les leviers laissés libres par la chaîne.
Les régulateurs de ces trois métiers sont à compensation; ils travaillent a cliquet
multiple comme d’ordinaire. Ce qu’il y a de particulier, c’est que l’autre bout de la
tringle, agissant sur le levier à cliquets, peut se déplacer le long d’un levier portant
une échelle, pour obtenir les diverses réductions sans pignons de rechange.
Il nous reste encore a mentionner les trois métiers pour draperie de la Société ver-
vietoise pour la construction des machines et un métier du même genre de i\l. F.-I. Grün,
de Lure. Parmi les premiers, nous faisons remarquer un métier à 36 lames et 9 na¬
vettes; du reste, ils sont du type général des métiers à draperie; le dernier est une
copie d’un métier saxon.
Les métiers à tapis forment un groupe a part. L’Exposition en comptait trois , cha¬
cun remarquable dans son genre.
Le métier mécanique de M. E. Neveu, de Paris, faisait automatiquement le tapis a
velours dit la moquette. Les verges en acier sont forgées à Tune des extrémités, de ma¬
nière à former un couteau saillant; à l’autre bout, elles sont garnies d’un anneau; une
trentaine de ces verges sont à la fois en service. La verge posée la première est prise et
tirée par son anneau au moyen d’un organe placé au côté droit du métier pour être
aussitôt replacée dans le pas nouvellement formé. En tirant les verges, les boucles sont
coupées par le tranchant du couteau. Le métier pose 1 8 à 1 9 verges par minute.
Les deux autres métiers ont pour but d’imiter les tapis de Smyrne. Le métier de
MM. Sallandrouze frères, d’Aubusson, obtient cette imitation par des moyens tout par¬
ticuliers. Les fils, destinés à former une rangée de nappes dans le sens des duites, sont
enroulés l’un à côté de l’autre sur une bobine dont la longueur est égale à la largeur du
tapis; les bouts des fils sont engagés chacun dans un guide. Ces bobines, dont le
nombre correspond à celui des différentes rangées de nappes que le dessin contient,
sont fixées avec leurs guides sur une chaîne sans fin qui les amène l’une après l’autre
devant le battant. La bobine est sortie de la chaîne, les fils sont introduits par leur
extrémité dans le pas au moyen d’un peigne spécial à mouvement latéral et, après
avoir été pincés par les duites suivantes, ils sont coupés à égale hauteur par un cou¬
teau circulaire fonctionnant le long de la poitrinière. La bobine est remise sur la chaîne,
et ainsi de suite. Le tout se fait automatiquement.
Le tapis de MM. Sallandrouze a le revers sec et dur, le pinçage des boucles n’est
pas bien solide, mais le produit est très bon marché.
L’imitation présentée par M. Duquesne, de Paris, sous le nom de tapis parisien , est
plus parfaite : le serrage des boucles est aussi fort que dans les vrais tapis (l’Orient; les
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE.
379
fils de poil, apparaissant au revers, y reproduisent le dessin tout en donnant du moel¬
leux au tissu.
Les fils de poil font un mouvement pareil à celui des fils de soie de la gaze. Ce
mouvement est donné par une barre portant des aiguilles métalliques plates, dans les
chas desquelles les fils de poil sont engagés par groupes. La barre portant les aiguilles,
placée en dessous de la chaîne, est animée d’un mouvement latéral et ascendant au
moyen d’un excentrique et d’une pédale, et c’est grâce à ce mouvement que les fils de
poil sont menés tantôt à gauche, tantôt à droite des fils de chaîne. Les chas ont une
forme allongée d’une dimension égale à la hauteur du pas; quand la barre est levée,
les fils Reposant au fond du chas se trouvent seulement à la hauteur de la partie infé¬
rieure du pas. Les fils appelés à faire les nappes par une mécanique Jacquart peuvent
suivre ce mouvement grâce à la longueur des chas. Dès que la verge est posée, les
aiguilles repassent par-dessous les fils de chaîne sur l’autre côté; les fils passifs, n’étant
pas retenus par la verge, sont libres de suivre ce mouvement, et ils se disposent en forme
rectiligne dans le fond, malgré le mouvement ondulé qui leur est imprimé par les ai¬
guilles.
M. Duquesne a adapté son invention à un métier à bras. Dès qu’il serai parvenu à
l’appliquer au tissage mécanique, et il n’y aura pas de difficultés insurmontables, il
pourra être sûr du succès, vu la belle qualité du produit.
Dans le pavillon de l’Algérie, sur l’Esplanade des Invalides, MM. Magne et Clc, de
Tlemcen, ont exposé un métier à bras sur lequel des tisserands indigènes produisaient
des tapis à dessins géométriques en laine multicolore. Les duites formant le dessin y
étaient posées à la main et sans patron, les ouvriers n’ayant d’autre guide que leurs
yeux.
passementerie était représentée par quatre métiers. MM. Mary et fils aîné, de
Paris, avaient exposé un métier mécanique à quatre sections produisant des galons
pour voitures en velours non coupé, dans lequel nous avons surtout remarqué le méca¬
nisme des verges. Le métier mécanique de M. Fribourg, de Paris, était à trois sections
indépendantes, dont deux à un ruban et une à deux rubans. L’avantage de cette dis¬
position est que , si l’on arrête une section pour cause de rupture de fils , de montage , etc. ,
les autres peuvent continuer à fonctionner. Ce métier marchait à 3oo coups par minute.
M. J. -B. Foulfoin, de Nantes, avait perfectionné le métier a hautes lisses des passe¬
mentiers en remplaçant les contrepoids en ardoise par des ressorts â boudin. Nous
citerons, pour terminer, un modèle au cinquième d’un métier à barre pour rubans de
soie exécuté et exposé par M. Fleuret, à Lyon.
En dehors des métiers que nous venons de passer en revue, le jury avait encore à
visiter un certain nombre d’objets qui faisaient partie des expositions coloniales soit
dans les collections ethnographiques , soit dans les habitations des indigènes. Ces
métiers, si intéressants qu’ils fussent, — nous étions frappés d’y rencontrer le métier
des stations lacustres avec sa chaîne verticale et sa remisse composée d’une verge à
380
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
envergeurs et d’une demi-lame, — n’ont pas de valeur industrielle, et nous nous bor¬
nons à les mentionner.
VII
ACCESSOIRES POUR TISSAGE.
Mécaniques Jacquart. — Celle qui mérite d’être citée en première ligne est la méca¬
nique de MM. Verdol et G‘c, de Paris, que nous avons eu l’occasion de mentionner
déjà plusieurs fois. On sait que le point principal dans cette mécanique consiste dans
la substitution du papier continu ou sans fin aux cartons enlacés des mécaniques ordi¬
naires. Les aiguilles qui dirigent les crochets ne sont pas commandées directement par
le papier perforé qui, à la longue, n’aurait pas assez de résistance pour repousser les
pointes des aiguilles. La sélection des crochets qui doivent prendre part au mouvement
ascendant de la griffe se produit au moyen d’un système auxiliaire d’aiguilles verti¬
cales, qui agissent sur des prolongements des aiguilles primaires. Selon que ces aiguilles
auxiliaires sont soulevées ou laissées en place par le cylindre portant le papier continu,
les prolongements et, par leur intermédiaire, les aiguilles primaires sont repoussés
ou non par une grille oscillante en sens horizontal. Ces aiguilles secondaires, qui
peuvent être très légères, n’occupent que peu de place. Dans une mécanique de
! fi X 8 4 = 1 344 crochets, par exemple, l’espace occupé dans le sens du mouvement
du papier ne mesure que o m. 0 2 4. Le papier continu de AL Verdol donne, pour
des dessins importants, une économie très considérable sur les frais d’installation et
d’emmagasinage.
MM. Verdol et C,e ont installé quatre de leurs mécaniques en même temps sur un
métier à bras produisant de magnifiques chasubles. Une autre mécanique était montée
sur leur machine automatique à repiquer faisant 5o,ooo cartons par jour.
M. I jEtellier a exposé une autre mécanique à papier continu, ou le papier reçoit
directement le choc des aiguilles des crochets. Pour soutenir le papier pendant qu’il
repousse les aiguilles, il est pincé entre deux plaques de fer perforées. L’inventeur a
donc suivi un chemin essayé et abandonné avant lui par AI. Verdol. Cependant le
renouvellement de cet essai a paru au jury être assez important pour mériter un encou¬
ragement à AI. Letellier.
Le type ordinaire des mécaniques Jacquart a été représenté par un assez grand
nombre de mécaniques en fer et en bois, à simple action et à hausse et baisse, expo¬
sées par Al. Olivier, de Roubaix, AI. Gadel, de Bohain (Aisne), et AI AI. Mary et fils
aîné, de Paris, que nous devons nous borner à énumérer.
La machine pour lisage et perçage simultané de AL de Lessert est une invention
toute nouvelle qui n’est pas encore entrée dans l’industrie. Elle nous a paru avoir assez
d’importance pour mériter une récompense sérieuse. En voici le principe. Les clefs
des poinçons sont commandées par un sytème de leviers et de petites bielles au moyen
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE TISSAGE.
381
de tringles disposées en un même plan horizontal. Le papier quadrillé, qui porte le
dessin, s’applique sur la surface d’un cylindre horizontal, de manière que les duites
soient parallèles aux génératrices. Un petit chariot qui, par l’action d’une touche,
se déplace pas a pas le long du cylindre, permet de suivre, au moyen d’un index, la
duite, dont le lisage doit se faire. A chaque point blanc rencontré sur le dessin par
l’index, on presse sur une seconde touche du chariot et, par ce mouvement, on repousse
une des tringles dont les bouts se trouvent en une ligne droite sous le chemin du cha¬
riot. Le poinçon correspondant est donc fermé et si, le lisage de la duite fait, on perce
le carton, on obtiendra des trous au moyen des poinçons correspondant aux tringles
qui ont été repoussées. En ramenant le chariot et les tringles a la position primitive,
on pourra procéder au lisage de la duite suivante, après avoir fait tourner le cylindre
de l’intervalle d’une duite à l’autre.
AL Mennecke, de Paris, a exposé une petite machine remplaçant utilement le perçage
a la main des cartes pour mécaniques à armure des métiers a tisser.
AI. le comte de Sparre, de Paris, a construit une nouvelle machine automatique à
lacer les cartons Jacquart. C’est, dans le principe, une machine à coudre multiple et a
navettes. Elle peut lacer plus de i5,ooo cartons par jour.
Al. Feder, de Saint-Dié, remplace le laçage ordinaire des cartons par des charnières
métalliques fixées aux cartons au moyen d’œillets. Ce mode de laçage, revenant assez
cher, ne pourra guère s’appliquer aux chaînes contenant un grand nombre de cartes,
mais il sera utile pour les courtes chaînes dont la ligature ordinaire s’userait prompte¬
ment.
Parmi les expositions de navettes, nous avons à mentionner en première ligne une
collection splendide de AL Orelle, de Lyon, aussi remarquable par la variété des 172 mo¬
dèles exposés que par la qualité du travail. Des navettes, de très bonne qualité aussi,
ont été exposées par AL Ferlât et AI. Coint-Bavarot, tous deux de Lyon, et AL Emery,
de Bolbec.
La fabrication des taquets a été représentée par AL de Tayrac, de Lille, et par AL De-
pïerre, de Remiremont. Les taquets en buffle pour haute chasse de ce dernier sont munis
d’une attache métallique disposée de manière que le point ou elle est fixée se trouve le
plus près possible du point d’attaque de la navette. En évitant, par ces arrangements,
les coincements du taquet sur sa tringle, on peut obtenir une marche plus douce et
plus sure.
Parmi les fabricants qui ont exposé des peignes et lisses, nous citons en première
ligne la maison Vve et fils de J. Carreras, de Barcelone, et AL Dinouard, d’Amiens;
ensuite AI. Fetloyv, de Bolbec, et AI. Coint-Bavarot, de Lvon. AL A^alvis, de Lisieux,
dont le nom se trouvait sur le catalogue, n’a pu exposer par suite de l’incendie de son
atelier. AIAI. Wuiirman et Cie, a Zurich, ont exposé des dents de peigne. MAL Chaize
frères, de Saint-Etienne, ont présenté au jury une lisse sans nœud formée par une
petite tresse de quatre bouts qui, pour former le maillon, se divisent en deux parties
38*2
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
indépendantes pour se réunir ensuite de nouveau. Cette lisse sans nœud a une haute
importance industrielle , et nous ne ferons que rendre justice à MM. Chaize en rappelant
ici les témoignages que nous avons recueillis en faveur de leur invention des personnes
les plus autorisées, et notamment du président de la classe 33, M. Natalis Rondot.
Les lisses sans nœud ont seules permis l’exécution des articles chargés en chaîne , et
elles s’emploient également dans les articles courants, en raison de l’économie de soie
qu’elles procurent.
M. Dorez, de Reims, a exposé un échantillon de lisses préparées avec un vernis de
son invention, qui, d’après les certificats présentés, possède des qualités appréciables.
Des bobines en bois ont été exposées par MM. Wilson brothers, de Todmorden
(Angleterre), et par MM. Charpillon père et fils, d’Azincourt. Si la première maison,
dont l’importance est généralement connue, ne figure pas sur la liste des récompenses
de notre classe, c’est parce que le jury de la classe 54 s’est chargé de l’examen des
produits de MM. Wilson , les spécimens exposés étant destinés en grande majorité au
service de la filature.
M. Papst, de Sue, en Saxe, a exposé des bobines et cannettes en fer-blanc destinées
au tissage de la draperie.
Dans le frein d’ensouple de M. Lamouret, à Fourmies, l’action des leviers chargés
de poids est transmise, directement et sans l’intermédiaire de la friction, à l’ensouple,
par un système assez ingénieux de chaînes sans fin. Pendant que l’ensouple se déroule,
les leviers restent toujours à leur place en exerçant une torsion constante sur l’en-
souple.
Nous terminerons l’examen des pièces accessoires pour tissage en citant le régula¬
teur-compensateur pour métiers a bras de M. Joubert, les ensouples en fonte mince
de MM. Elmering et Cie, de Rouen, que nous avions déjà rencontrés à l’Exposition
de 1878; les tambours extensibles pour ourdissoirs et encolieuses de M. Waroquier,
de Lille, dont la nouveauté consiste en leur coupe oblique; enfin les papiers quadrillés
pour la mise en carte, de M. Bellavoine, de Paris, préparés de manière qu’011 puisse
enlever le dessin avec une éponge mouillée.
Y III
MÉTIERS À MAILLES.
O11 a l’habitude d’appliquer l’expression maille à tous les orifices de quelque gran¬
deur formés par les fils d’un tissu, et, suivant cette habitude, on pourrait réunir sous
la désignation tissus à mailles , les tulles, fonds et dentelles, filets de pêche, etc., aussi
bien que les tricots. Cependant, en étudiant la constitution des mailles, on trouvera
qu’il faut distinguer ces tissus. Dans le tricot, la maille est formée par un seul fil replié
sur lui-même en forme de boucle, ce qui donne l’extrême élasticité caractéristique de
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE.
383
ce genre de tissu. Dans les autres tissus que nous venons d’énumérer, la maille est, au
contraire, constituée par deux ou plusieurs fds qui se rencontrent et s’enlacent tout en
gardant une forme rectiligne entre les points de contact, et produisent des mailles po¬
lygonales dont l’élasticité n’est que très restreinte. La différence typique des deux
classes reparaît dans l’outillage servant à leur fabrication. Nous les maintiendrons sé¬
parées en réservant la désignation tissus à mailles aux tricots.
L’usage des tissus à mailles paraît se généraliser de plus en plus. On ne s’en servait
naguère que pour les habillements de dessous, pour les chaussettes, caleçons, cami¬
soles, etc.; le métier à mailles s’était borné jusqu’alors à remplacer l’aiguille à tricoter.
Mais, depuis quelques années, les tissus à mailles favorisés par la mode sont entrés
dans des rayons qui, jusque-là, avaient appartenu sans partage aux tissus à fils recti¬
lignes. Leur qualité saillante, l’élasticité, les rend particulièrement propres à la con¬
fection des vêtements collants. D’un autre côté, en raison même de cette élasticité,
ces tissus ne drapent pas, leurs plis manquent de fermeté. L’avenir de ces tissus dé¬
pend exclusivement de la mode. Cependant il y a des genres où les tissus à mailles
conserveront le terrain conquis, notamment les tissus forts en laine, qui, après avoir
subi le foulage, le lainage et le tondage, parviennent à se substituer au drap. La pro¬
pagation de ces étoffes sera facilitée par un perfectionnement de l’outillage s’apprêtant
de plus en plus à suffire aux exigences et au caprice de la mode.
L’exposition la plus intéressante était incontestablement celle de M. Emmanuel Brx-
torf, de Troyes, membre du jury de la classe 55. Deux métiers à mailleuses grandes
et ordinaires et à excentrique indépendant pour la reproduction de dessins dans le
tissu à mailles unies ont particulièrement attiré l’attention. Le tissu est produit par
deux fds de couleur différente, introduits simultanément par deux guide-fils, fixés l’un
à côté de l’autre à l’extrémité de deux leviers , de manière à présenter les deux fils bien
parallèlement sous les dents de la mailleuse. Chaque fil n’est visible que sur l’un des
deux côtés du tissu. Par un mouvement en sens contraire des deux leviers, on peut
changer la position des deux tubes guide-fils. Les fils se mettant l’un à la place de
l’autre, le tissu changera de couleur, et il suffit de produire ce changement à des pé¬
riodes voulues pour obtenir un dessin apparaissant sur les deux faces en couleurs dif¬
férentes. La commande des deux guide-fils peut se faire par un compteur ou tout
autre moyen purement mécanique. Le moyen le plus automatique et le plus précis
consiste à les commander par un électro-aimant dont le courant est fermé ou inter¬
rompu par le contact d’un style dont l’extrémité repose sur un tambour métallique
portant le dessin en matière isolante. Le cylindre est animé d’un mouvement de rota¬
tion, et le style se meut parallèlement aux génératrices du cylindre. De ces deux mou¬
vements, l’un correspond aux abscisses et l’autre aux ordonnées du dessin, c’est-à-dire,
l’un, à grande vitesse, dirige la formation des mailles consécutives, et l’autre, à vitesse
réduite, celle des différentes rangées. En répartissant ces deux mouvements de diffé¬
rentes manières sur les deux organes, on obtient deux combinaisons que nous avons
38A
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
vues appliquées sur deux métiers différents. Dans l’un, la rotation du cylindre donne
les abscisses; le style est promené lentement le long du cylindre au moyen d’une vis à
pas croisé; en faisant un mouvement de va-et-vient correspondant aux ordonnées, il
produira les dessins se répétant symétriquement le long du tissu. Dans l’autre métier,
c’est le cylindre qui donne les ordonnées, et le style, traîné le long du cylindre au
moyen d’une chaîne sans fin, fait le mouvement rapide correspondant aux abscisses.
La chaîne doit être pourvue de plusieurs styles; avant que le premier style ait quitté le
cylindre, le second doit être rentré par l’autre bout, car il faut toujours en avoir un
en contact avec le cylindre. Cette combinaison donne des dessins continus et sans in¬
version.
Ce principe est susceptible de beaucoup de modifications intéressantes. En chan¬
geant la vitesse des deux mouvements simultanément ou indépendamment, on pourra
amplifier ou réduire les deux dimensions à volonté. En appliquant plusieurs chutes et
plusieurs cylindres au même métier, on pourra obtenir des dessins combinés et multico¬
lores aussi bien que les rayures verticales et horizontales qui sont les plus élémentaires.
Deux grands métiers, ayant chacun quatre grandes mailleuses pour l’emploi à sec de
la laine, sont pourvus de deux chaîneuses chacun. Ces appareils sont destinés à intro¬
duire dans les jerseys et draps des fils auxiliaires qui, tout en n’étant attachés dans le
tissu que toutes les deux à quatre mailles, sJy amalgament plus ou moins étroitement
par le foulage, en lui donnant de l’épaisseur. L’introduction du fil auxiliaire dans les
aiguilles se fait aisément en pressant, non sur le bec, mais sur le corps des aiguilles,
au moyen d’une roue dentée et en abaissant ainsi l’aiguille entière au-dessous du ni¬
veau des autres. En coupant les boucles formées par le fil auxiliaire au moyen de ci¬
sailles circulaires, au fur et à mesure de la fabrication sur le métier même, on obtient
une espèce de velours à l’envers du tricot.
Ces métiers sont pourvus d’un avertisseur pour les mailles coulées. Une roue dentée
est disposée à la suite de l’abatage, de manière cpie ses dents entrent dans les in¬
terstices des aiguilles. En s’appuyant sur le tricot, elles abaissent les aiguilles a l’ex¬
ception de celles dont les mailles sont coulées; celles-ci resteront par conséquent en
dessus du niveau des autres aiguilles et, en les faisant lutter contre un levier très
léger, elles débrayeront la mise en train aussi facilement qu’un fil cassé. Le débrayage
appliqué par M. Buxtorf dans ses métiers est complètement mécanique; il ne laisse
rien à désirer par rapport à la promptitude et à la sûreté de son fonctionnement.
Un autre métier est muni d’un appareil automatique pour faire des rayures hori¬
zontales. Deux fils de couleur différente sont présentés alternativement au cueillage
au moyen de deux guide-fils mobiles. A chaque changement, le fil qui ne fonctionne
plus est coupé automatiquement par une paire de ciseaux.
Le même problème a été résolu d’une autre manière par M. Terrot, de Dijon. Au
moment ou le changement doit ce faire, le fil coupé est noué avec le fil suivant. En
réunissant plusieurs bobines sur un revolver et en les présentant successivement au
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE TISSAGE.
385
nouage, on peut obtenir du rayé multicolore. Tous ces mouvements se font automati¬
quement pendant la marche et sans arrêter le métier, au moyen d’un mécanisme très
ingénieux mais assez compliqué. Si méritant que soit cet appareil au point de vue de
la mécanique, nous avons à lui faire, outre son prix élevé, un reproche assez grave.
Quand le nœud tombera dans l’interstice de deux aiguilles, tout ira bien; mais, toutes
les fois qu’il entrera sous l’aiguille, celle-ci risquera d’être cassée. Parmi les autres
métiers de M. Terrot, nous mentionnons encore un métier de 5a centimètres, n° 3 G
en lin, comme remarquable par sa grande finesse.
M. Arthur Paget, de Loughborough (Angleterre), inventeur du métier dit hollan¬
dais , exposait deux métiers rectilignes. Un métier à chaîne attirait surtout l’attention.
Les passettes sont formées par de petites pièces de tôle d’acier repliées; étant ouvertes
du côté de devant, l’introduction des fils de chaîne y est très facile, et il en résulte une
économie de temps considérable pour le montage d’une nouvelle chaîne. La barre
portant les passettes ne fait qu’un mouvement de va-et-vient dans le sens de sa lon¬
gueur, les passettes restant toujours en dessus des aiguilles.
Pour forcer les fils a passer sous les aiguilles, ils sont, au moment de l’abatage, tirés
en bas par un système de platines auxiliaires en forme de crochets. 11 résulte de ce
mouvement simple de la barre que Ton peut donner au métier une très grande vitesse.
La longueur des mailles dépend de la course des aiguilles et de celle des crochets
qu’on peut faire varier de manière a obtenir des mailles plus ou moins serrées et un
tricot plus ou moins large. En faisant exécuter cette variation automatiquement par la
machine elle-même, on obtiendra des articles proportionnés non par diminution ou
augmentation du nombre des mailles, mais par serrage ou élargissement des mailles,
et c’est là le point le plus important de la nouvelle machine. Le métier contenait
i ,008 aiguilles sur une largeur de 2 m. îo et il faisait 120 tours par minute.
Le second métier, du type ordinaire, se distinguait par de nouveaux organes indé¬
pendants pour obtenir des mailles ordinaires ou fixes dans des proportions plus éten¬
dues comme longueur et variété qu’avec les platines et les aiguilles seules ordinaire¬
ment employées. Il était disposé pour faire automatiquement les diminutions, travailler
avec des fils de grosseur très différents et renforcer par un fil auxiliaire les parties des
articles qui s’usent le plus vile.
Parmi les métiers de M. A. Bonamy, de Saint-Just-en-Chaussée, nous avons à men¬
tionner d’abord un métier rectiligne pour fabriquer les bas et les chaussettes. Le
mouvement du cueillage est opéré par des chaînes en acier ou en fer qui remplacent
les cordes. La vitesse, qui est considérable, est ralentie durant les diminutions au
moyen d’un organisme très simple. Un métier rectiligne à côtes pour tricot très fin
montrait l’emploi heureux des aiguilles automatiques ou self-acting sur la fonture ver¬
ticale, ce qui simplifie le mécanisme et permet de faire des mailles variées. Le comp¬
teur mobile est très complet et, entre autres avantages, il permet de faire de grands
ourlets repliés d’une longueur indéfinie.
a 5
G «ou p k VI. — IV.
386
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Dans une série de métiers à côtes circulaires pour la fabrication des camisoles, des
manches, des bas, etc., nous remarquons, au double point de vue de la nouveauté
et de Futilité, l’appareil pour produire automatiquement de grands ourlets repliés
d’une longueur indéfinie, aussi bien sur la côte deux et deux que sur la côte ordinaire.
La partie essentielle consiste dans la diposition de petites platines auxiliaires appli¬
quées sur la fonture verticale. Ce sont elles qui retiennent le tissu en maille unie pro¬
duit par la fonture verticale pour la confection des ourlets pendant que l’action de
la fonture horizontale est supprimée. Les compteurs automatiques des métiers de
M. Bonamy sont à mouvement alternatif sous Faction directe d’une came; il en résulte
une précision parfaite et une puissance pour ainsi dire illimitée pour produire tous les
mouvements désirables.
M. Lemaire, de Puteaux, a exposé un certain nombre de métiers rectilignes. Le
mouvement du chevalet de tous ces métiers se fait de la manière ordinaire, c’est-à-dire
au moyen de deux cordes qui s’engagent alternativement dans les encoches d’un
disque tournant. Nous devons surtout citer un métier 3 a fin 9), comme étant des plus
fins qui aient été faits jusqu’à présent. Si l’on voulait faire le cueillage de la manière
ordinaire en appliquant une platine par aiguille, il faudrait, à cause de la grande
finesse du métier, des platines très minces et par conséquent très délicates. M. Lemaire
en a diminué le nombre de moitié en ne donnant qu’une platine sur deux aiguilles;
les platines peuvent donc être plus épaisses. En formant les mailles en raison d’une
maille sur deux aiguilles, il faut leur donner une longueur de fil double; au moment
de l’abatage, la boucle se répartit très bien sur les deux mailles. Ce mode présente
en outre des avantages, quand il s’agit de travailler des fils rigides comme certaines
laines peignées. Avec le mode ordinaire, il arrive assez souvent que les petites boucles
s’échappent au moment où elles sont laissées libres par les platines; en les faisant
deux fois plus grandes, elles se trouvent plus sûrement pincées entre les aiguilles.
Un autre métier était muni d’un appareil permettant de broder et de tricoter en
même temps.
Dans les métiers circulaires à mailleuses ordinaires de MM. Grammont et Sirodot, de
Troyes, il y a deux points qui méritent l’attention. La roue de presse est placée à
l’intérieur de la mailleuse; l’abatage s’accomplit donc presque aussitôt que les dents
de la mailleuse abandonnent le fil, ce qui garantit la régularité même dans le cas où
l’on travaille des fils très raides et très élastiques. Cet arrangement a en même temps
l’avantage d’occuper moins de place; on pourra donc monter un plus grand nombre de
mailleuses. En second lieu, nous avons remarqué un mécanisme avec deux roues de
presse façonnées qui sont changées automatiquement pour articles de fantaisie.
:l) Ce chiffre, indiquant la finesse des métiers, ex- cren gros» en a deux. La distance d’une aiguille à
prime le nombre de aplombs» contenus dans lajauge l’autre serait donc de (3 x 1,000 : 36) : (3 x 3â)
do trois pouces métriques (à i/36 d’un mètre). Le = o m. 087.
plomb cren fin» contient trois aiguilles et le plomb
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE.
387
M. Dégageux, de Troyes, a exposé un certain nombre de métiers circulaires qui,
s’ils ne présentent pas de détails originaux de construction, ont le mérite de la variété.
M. Dégageux, dans ses métiers, a appliqué le casse-fd électrique de M. Richard dont la
particularité saillante consiste dans les bains de mercure opérant les contacts.
Le métier rectiligne à deux fontures exposé par M. Gourdin, de Montigny, est des¬
tiné spécialement à la fabrication des gilets de chasse. Les ressorts à boudin pour rete¬
nir les platines de cueillement sont remplacés par de longs ressorts pliants et enfour¬
chés sur les platines, leur donnant dans toutes les positions une grande sécurité. Au
moyen d’excentriques latéraux avec bossages, on peut donner un mouvement de droite
à gauche et vice versa à la fonture de devant pour obtenir automatiquement des dessins
très variés. La diminution et l’augmentation se font automatiquement. Au moyen d’un
guide-fil articulé , ramenant le fil entre la première et la seconde aiguille de la fonture
mécanique, on obtient des lisières régulières et correctes facilitant la couture même
dans les parties diminuées ou augmentées.
M. Argellier, de Paris, a adapté le métier français à bras à la fabrication des bas
élastiques pour varices. Toutes les trois rangées, on forme une série de mailles plus
longues, qui, au lieu d’être abattues immédiatement sur la rangée suivante, sont en¬
levées des aiguilles au moyen d’un peigne pour envelopper le fil de caoutchouc, ce
qu’on ne pourrait faire avec la rangée de mailles ordinaires. Après avoir passé le fil
de caoutchouc, on remet les longues mailles sur les aiguilles; les deux rangées étant
abattues simultanément par-dessus la rangée suivante, le fil de caoutchouc se trouve
enfermé entre elles sans déformation de la maille de fond.
Les machines à tricoter, bien qu’on y retrouve les mêmes principes, ont cependant
un caractère spécial, qui les distingue des autres métiers à mailles, ce qui n’est pas
toujours facile a déterminer avec une précision mathématique. Elles ont toujours deux
fontures opposées à aiguilles selfactings, l’écartement d’une fonture à l’autre devant
être sensiblement égale à la distance d’une aiguille à une autre de la même fonture.
L’abatage se fait immédiatement après le cueillage, maille par maille. La forme la
plus répandue est celle a fontures droites; les deux fontures travaillent, ou simultané-
| ment en produisant un tissu à côtes, ou alternativement en faisant un tube de tricot
uni. G’est cette dernière application, complétée par la faculté de faire des diminutions
I au poinçon a la main, qui offre le plus d’importance, puisqu’elle permet de finir cer-
! taines pièces d’habillement, comme les bas et les chaussettes, presque entièrement sur
la machine. De plus, les machines à tricoter possèdent, toutes, un caractère domestique
(jui résulte de leurs petites dimensions et de la commande à la main. Cependant la
machine à tricoter n’est pas devenue, en dépit des espérances de ses inventeurs, une
machine de ménage comme la machine à coudre. Son prix est trop élevé, puis sa ma¬
nipulation demande beaucoup d’exercice et sa grande production dépasse de beaucoup
les besoins d’un ménage.
La ménagère qui voudrait satisfaire elle-même aux besoins de sa famille n’obtiendra
388
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
([Lie des produits moins bien proportionnés et revenant plus chers que les articles de
fabriques vendus même au détail.
Les machines de MAL Dubied et C'e, de Couvet (Suisse), se distinguent parla con¬
struction et l’exécution soignée; les organes sont interchangeables. Nous mentionne¬
rons d’abord une grande machine marchant au moteur, avec débrayage électrique
agissant quand le fil casse ou lorsque sa tension devient trop grande ou encore lors¬
qu’un nœud se présente. Un compteur agit également sur ce débrayage, après un
nombre de tours déterminé d’avance. Le mouvement du chariot se fait, comme dans
certaines raboteuses, au moyen d’une vis à grand pas et de deux courroies, dont l’une
croisée, l’autre ouverte. Une autre machine, munie d’une chaîne de cartes Jacquart
métalliques, repoussant certaines aiguilles de la fonture de derrière produisait des
dessins sur des étoffes pour gilets de chasse. Pour produire la côte avec des fdés de
qualité inférieure, une autre machine est disposée pour le formage de la maille dans
le crochet de l’aiguille, laquelle a conservé son ancienne maille, sans la faire passer
derrière la bascule. Cette maille se prête plus facilement au passage de l’aiguille et le
fil est moins fatigué.
Une particularité de ces machines mérite d’être signalée : les faces de glissement du
chariot sont indépendantes des fontures, l’huile de graissage ne peut donc pas monter,
jusqu’au tricot , le long des aiguilles.
Pour ouvrir les bascules des aiguilles, MM. Dubied ont appliqué récemment, à
l’instar de ce qui s’est fait sur les métiers circulaires, une petite brosse flexible qui agit
avec autant de sûreté et plus de ménagement que le couteau métallique remplissant
ordinairement cette fonction.
Dans les machines de la Hakrisox Patent Knitting Machiné C°, de Manchester, nous
avons remarqué surtout de nombreuses dispositions spéciales, ayant généralement
pour but de fabriquer des articles de fantaisie. Un appareil à broder fonctionnait de
la manière suivante : une barre portant des cames ou taquets pousse en haut cer¬
taines aiguilles, de la fonture de devant, pendant qu’une barre à passettes fournit aux
aiguilles ainsi repoussées les fils a broder qui entreront dans le tricot aussitôt que ces
aiguilles seront abaissées avec les autres aiguilles de la fonture de devant par le cha¬
riot. La barre repoussant les aiguilles peut se transporter latéralement de la distance,
correspondant a une aiguille, ainsi que la fonture de devant. En combinant les mouve¬
ments de ces deux pièces, on pourra donc broder de petits dessins continus ou inter¬
rompus de trois mailles de largeur.
Une grande machine marchant au moteur possédait une double alimentation : les
deux chutes se suivaient, soit dans le même ordre, soit alternativement, de manière à
produire avec deux fds de différentes couleurs des rayures d’une ou de deux mailles.
M. de Haenens-Gathier, de Gand (Belgique), a exposé plusieurs machines courantes
a fonture de devant fixe et mobile. A côté de celles-là, nous avons remarqué une
machine à revolver à quatre couleurs bien agencée.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE.
389
Une autre machine est munie d’un mécanisme permettant de faire monter on des¬
cendre les cames d’ascension dans chaque position du chariot au moyen d’un levier à
main. Avec cet appareil, on n’a plus besoin de faire faire au chariot sa course entière
jusqu’au contact avec les buttoirs; en imprimant à la manivelle un mouvement d’oscil¬
lation de courte amplitude, on peut faire les tricots de largeur réduite avec une plus
grande économie de temps que par les mécanismes ordinairement employés.
M. Hantz-Nass, de Rechesy, a tenté d’économiser les frais de filature pour la fabri¬
cation des chaussettes de qualité inférieure et de bas prix. Le filé est appliqué en forme
de mèche, et, avant d’être cueilli, il passe par un rotafrotteur. Comme on ne peut
obtenir par ce moyen qu’une fausse torsion ne donnant qu’un serrement incomplet des
filaments, le tricot produit ne sera pas très solide. De plus, le mouvement, tout en
chargeant ce métier à la main, se fatiguerait trop vite dans la pratique. Cette tentative
est seulement ingénieuse, comme les porte-poinçons extensibles, de M. Hantz-Nass,
pour reporter les mailles plus rapidement, quelle que soit la jauge du métier.
M. Roumegas, fabricant de bonneterie a Albi. a exposé une machine d’essai. La
particularité la plus saillante de cette machine consiste à faire descendre complète¬
ment, en sens vertical, la fonture de devant pour faciliter certains travaux, comme par
exemple la rattache des talons. Le chariot est muni d’une saillie appelée trieur, ser¬
vant à ramener les aiguilles dérangées de leur place dans une position où leurs ta¬
lons ne peuvent pas être brisés'par les cames.
M. Roumégas a réalisé lui-même plusieurs perfectionnements avantageux sur les
tricoteuses pour l’obtention rapide des articles forts et a mailles serrées.
Pièces détachées et fournitures. — Les métiers à bonneterie contiennent une quantité
d’organes qui, comme les platines, les aiguilles, etc., s’y trouvent toujours en très
grand nombre et doivent être absolument égaux entre eux. La fabrication de ces
objets demande un outillage à part et certains fabricants en ont fait une spécialité.
Parmi les maisons qui ont exposé, nous citons d’abord MM. Tatham et Ellis, d’Ilkes-
tone (Angleterre) et Mmc veuve Roger-Dürand, de Villeneuve-Saint-Georges, ensuite
M. Godard, de Troyes, dont les vitrines montraient des assortiments très complets de
tous ces accessoires.
M. R rochox, de Troyes, s’occupe principalement du découpage de précision des
platines et des dents de mailleuses, pendant que Al. Vallée, de Romilly-sur-Seine, a
pour spécialité la fabrication des aiguilles a chas fraisés et estampés.
U serait inutile d’appuyer ici sur l’importance des appareils de sûreté qui arrêtent
automatiquement le métier en cas d’irrégularité. Aussi le jury de classe n’a pas hésité
a proposer une haute récompense pour les débrayages électriques de M. Radiguet, d^
Paris, qui, depuis leur première apparition, ont pris une grande extension. Le dernier
perfectionnement consiste clans l’application d’une machine magnéto- électrique de
construction simple pour remplacer les piles, dont l’entretien cause toujours -quelques
390
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
embarras. Si le jury de groupe n’est pas entré tout à fait clans les intentions du jury
de classe, c’est peut-être parce cpie l’on a pu obtenir aujourd’hui un débrayage très
susceptible et très sur par des moyens purement mécaniques.
IX
MÉTIERS À DENTELLES.
MM. Teniqüe, Piquet et Cie, de Calais, ont le mérite d’avoir installé et fait fonc¬
tionner, pour la première fois, un métier de ce genre dans une exposition. Il est, en
effet, très difficile de faire marcher une machine aussi complexe et aussi délicate dans
les conditions défavorables inhérentes à une exposition, surtout au point de vue de la
poussière, et, pour y parvenir, il a fallu [l'installer sous une grande vitrine. Le métier
exposé, du type Leavers, est un des premiers qui aient été faits, sur des modèles an¬
glais, en France; certaines pièces détachées sont seulement de provenance anglaise.
L’innovation la plus importante se trouve dans le mécanisme d’enroulement qui,
jusqu’ici, se faisait au moyen d’un rouleau à pointes d’aiguille. On comprendra que,
pour un tissu de la nature de la dentelle, ce mécanisme ne pouvait pas donner un
mouvement très exact. Il était donc fort difficile de rabouter deux pièces de dentelles
faites séparément, le rapport entre les mailles et les dessins des deux pièces se trou¬
vant être toujours assez imparfait. Le nouveau mécanisme agit directement sur i’en-
souple au moyen d’un rochet à cliquet multiple, dont le mouvement est changé en
raison inverse du diamètre de l’ensouple par l’intermédiaire d’un rouleau touchant à
la circonférence de Fensouple. On voit que c’est le même principe que dans les régu¬
lateurs des métiers à soie. L’égalité des mailles obtenues par ce mécanisme permet un
raboutage parfait dont la couture n’est guère visible.
Pour faire les cartes Jacquart pour les métiers à dentelle, il faut que le pointeur
fasse d’abord un barême d’après la mise en carte du dessin , et c’est sur les indications,
du barême que les cartes sont percées au moyen d’un appareil dit piano. Ce travail,
assez délicat et pénible, cause des frais très considérables pour la mise en carte.
MM. Cahbonelli et Cie, de Calais, se sont posé le problème de les diminuer en con¬
struisant un appareil qui fasse le perçage d’une manière économique, et évitant
presque entièrement la possibilité d’erreurs en basant ce travail directement sur le
dessin. Le a pointeur mécanique et perceur imprimeur?) exposé est le résultat de ces
efforts. Le travail se fait dans l’ordre suivant : toutes les cartes sont percées l’une après
l’autre pour le même fil, puis on recommence pour le second fd et ainsi de suite. Un
index est promené sur le dessin le long du fil; son mouvement latéral est transmis à
un cylindre qui, à sa conférence, porte, dans un ordre déterminé, différentes combi¬
naisons de trous. En arrêtant l’index sur un point de liage et en avançant le cylindre
vers une rangée de poinçons, ceux de ces derniers qui correspondent aux trous du
391
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE.
cylindre sont laissés en place pendant que les autres opèrent le perçage. Quand le
carton percé a été remplacé automatiquement par le suivant, on procède au perçage
de la nouvelle carte en plaçant l’index sur le point de liage suivant, etc. Lorsque
toutes les cartes sont percées pour le premier fil, on déplace le cylindre latéralement
de la distance qui existe entre deux rangées de trous sur la carte pour suivre de même
manière le mouvement du second fil. Le cylindre est surmonté d’un disque portant
des caractères sur la circonférence. Chaque fois que le cylindre est amené contre les
poinçons, ces caractères viennent s’imprimer sur une feuille de papier se déroulant
pas a pas. Ce barême, imprimé par la machine elle-même pendant l’opération, n’a
d’autre but que de servir de contrôle.
X
MACHINES À FARRIQUER LES FILETS DE PÊCHE.
Deux de ces métiers figuraient à l’Exposition. Le montage de l’un d’eux n’était pas
encore fait, quand le jury eut terminé ses visites; nous n’avons donc qu’à nous occu¬
per d’un seul métier qui a été exposé par la Compagnie de Fives-Lille. Ce métier est
construit d’après les principes de MM. Galland et Chaunier; il travaille avec des na¬
vettes pareilles à celles des métiers à dentelles. Le mouvement des navettes, cependant,
est produit d’une manière différente : dentées à leur circonférence inférieure, elles
sont commandées par deux cylindres cannelés à mouvement oscillant, servant de
pignons. Après l’exécution de chaque rangée de mailles, le filet est entraîné par deux
rouleaux recouverts de caoutchouc qui le font avancer de la quantité voulue. C’est ce
qui détermine la longueur des mailles. Pour faire varier cette dimension, on déplace
un coulisseau le long du levier du cliquet qui commande par un rochet les deux rou¬
leaux. Le métier étant destiné à la fabrication des gros filets, sa construction est
extrêmement robuste. Il contient i 5o navettes; à la vitesse de 12 tours par minute,
il produira donc 108,000 mailles par heure, non compris les arrêts. La dimension
des mailles varie entre 0 m. 20 et 0 m. 70. La largeur des nappes varie dans la même
proportion.
XI
MÉTIERS A LACETS.
Quoique le produit de ces métiers se rapproche beaucoup par sa contexture du tissu
rectiligne, il convient pourtant de les mentionner à cette place; car les moyens em¬
ployés dans ces métiers ressemblent beaucoup, en principe, à ceux de la fabrication
des tulles et dentelles, lacets et dentelles n’étant au fond que des formes différentes de
tresses.
392
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Le métier le plus intéressant était incontestablement celui de l\I. Sarron, de Saint-
Chamond. 11 est de construction tout à fait métallique. Les fuseaux, au lieu d’être
guidés par les chemins de la table et les pattes d’oie comme d’ordinaire, sont fixés par
un verrou mobile sur un axe vertical et sont cédés, après un demi-tour, à un axe voisin.
Le frottement est presque nul et le mouvement très doux, ce qui permet d’augmenter la
vitesse jusqu’à àoo fuseaux par minute.
M. I jAcroix, d’Arcis-sur-Aube, qui dans ses établissements occupe des jeunes filles
moralement abandonnées, à lui confiées par l’assistance publique du département de la
Seine, a fait fonctionner un métier du type ordinaire adapté à la fabrication des lacets
à caoutchouc pour jarretières.
M. Transberger, de Paris, a exposé à côté d’une machine à lacets une machine pour
faire des bracelets et une autre pour tondre les pompons.
M. Touill eux, de la même ville, avait installé un gros métier pour fabriquer les
nattes pour semelles d’espadrille, un métier à soutaches et un métier à tresses de
chaussures.
XII
MACHINES POUR L’APPRET DES TISSUS.
Les machines de cette catégorie soumises à notre examen sont destinées, à peu d’ex¬
ceptions près, au service de la draperie.
Essoreuses. — Un appareil de ce genre, exposé par AI'1" veuve Mathieu Snoeck, se
faisait remarquer par le mécanisme de sa commande. Après un certain nombre de
tours, la courroie est renvoyée automatiquement sur la poulie folle, puis, quelques ins¬
tants plus tard, un plateau garni de cuir vient s’appuyer, par-dessous, contre le panier
et l’arrête en quelques secondes. MM. Leclère et Damuzeau père et fds, de Sedan, ont
exposé une grande essoreuse avec un panier de î m. àoo de diamètre.
Les fouleuses ont été exposées en assez grand nombre par MM. Barette frères, de
Romilly-sur-Audelle , MM. Grosselin père et fds, de Sedan, MM. Leclère et Damuzeau
et MM. Crosset et Debatisse, d’Hadimont-Verviers (Belgique). Il y avait aussi des
foulons à maillets de formes diverses. MM. Leclère et Damuzeau ont exposé un foulon
à chute libre, c’est-à-dire où les maillets étaient alternativement levés par des cames
pour retomber ensuite par leur propre poids. Un second modèle, où les maillets étaient
commandés par un arbre coudé, avait une disposition spéciale pour la suspension des
maillets. Au lieu d’être fixé sur un levier dirigé de haut en bas, le maillet est guidé
par deux leviers articulés fonctionnant en dessous, de manière à ce que le bord anté¬
rieur de l’auge reste libre pour l’entrée et la sortie des pièces de drap.
MM. Grosselin père et fils ont exposé une fouleuse à maillets de type ordinaire, avec
cetie différence que les maillets sont au nombre de trois; les deux maillets extérieurs,
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS 1)1 TISSAGE.
393
ayant seulement la moitié de la largeur du maillet placé au milieu, marchent toujours
dans le même sens, et celui du milieu marche en sens inverse; il en résulte une action
complètement symétrique, et la pièce ne peut jamais se placer obliquement. Les mail¬
lets d’une seconde fouleuse de la même maison sont pourvus de cylindres pneumatiques
servant de ressorts comme ceux employés dans certains marteaux-pilons.
Parmi les fouleuses à cylindres, nous mentionnerons tout d’abord, comme représen¬
tant le progrès le plus remarquable, celle de M. Barette. Il arrive assez souvent que, par
l’irrégularité de l’action du foulage sur les différentes parties du tissu, les duites soient
déformées et perdent leur parallélisme, ce qui est un grave inconvénient dans les
étoffes à carreaux et autres. Pour éviter ce défaut, on détache la pièce après quelque
temps de foulage pour l’introduire en sens inverse. La machine de MM. Barette permet
de produire ce changement de direction du foulage sens perte de temps et de manœuvre,
en changeant le sens de rotation du foulon même. La construction de la machine est
complètement symétrique; la commande se fait par deux courroies, l’une ouverte,
l’autre croisée. Par une seule manivelle, on opère le déplacement des courroies et le
changement de marche des divers organes.
Des deux fouleuses à cylindres de MM. Grosselin, l’une, qui est destinée au foulage
des draps, est munie de cylindres en caoutchouc durci, dont la surface se conserve en
bon état beaucoup plus longtemps que celle des cylindres garnis de bois. A ces fou-
leuscs sont appliqués des compteurs automatiques qui permettent de métrer la pièce
sans interrompre la marche de la machine. L’appareil Lombard, exposé par la même
maison, sert pour le déplissage des draps en cours de foulage. Les draps doivent être
mis en forme de tubes au moyen de la couture des deux lisières, quand ils n’ont pas
déjà cette forme, comme les jerseys et autres tissus analogues. L’appareil ressemble à
un régulateur Watt à quatre bras, dont l’axe serait horizontal. Les boules sont rem¬
placées par des galets. Le tube formé par le tissu est retroussé sur les bras fermés de
l’appareil. Ceux-ci s’ouvrent jusqu’à ce que le tissu appelé dans le foulon subisse une
certaine résistance. La pression exercée par les galets sur le drap produit un déplissage
parfait à mesure que la pièce d’étoffe entre dans l’appareil.
MM. Leclère et Damuzeau ont exposé une fouleuse à deux cylindres pour articles de
Reims et une autre pour draps. Cette dernière est pourvue de deux paires de rouleaux
garnis de bois; la première paire, sans commande directe, est entraînée par la pièce
de drap. A l’entrée se trouvent un rouleau à déplisser et un appareil pour le débrayage
automatique, pour le cas où la pièce serait entortillée.
La fouleuse de MM. Crosset et Debatisse est munie d’un régulateur Watt qui débraye
la machine quand sa vitesse, en raison d’une trop grande résistance à la suite d’une
marche irrégulière, descend au-dessous d’un certain point.
Les laineuses exposées en assez grand nombre par AIM. Grosselin, MM. Leclère et
Dam izeae, et MM. P. et H. Bauche, de Reims, étaient toutes à chardons métalliques.
Dans l’espace de quelques années, un changement complet s’est fait, et le chardon vé-
394
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
gétal qui, de mémoire d’homme, a toujours servi au lainage des draps, a été presque
généralement remplacé par des garnitures à dents de bronze. Ce remplacement n’a pas
été sans difficultés : il a fallu notamment trouver la forme permettant l’application de la
dent métallique. Les visiteurs de l’Exposition de 1878 se rappelleront les chardons
métalliques de M. Würth; c’était pour ainsi dire une copie exacte des chardons végé¬
taux. La forme sous laquelle le chardon métallique s’emploie maintenant est celle
d’une garniture de cardes en fil de bronze appliquée sur des cylindres. Si l’on voulait
traiter le drap au moyen d’un cylindre unique revêtu de cette garniture , on obtiendrait ,
sous l’influence d’une vitesse quelque peu considérable, une action violente et destruc¬
tive pour la fibre. Il s’agissait de rendre l’attaque douce et élastique sans toutefois di¬
minuer la vitesse des tambours laineurs et en même temps la production de la machine.
Le moyen ordinairement employé pour résoudre le problème consiste à monter les
garnitures sur des rouleaux ou hérissons de petit diamètre fixés sur la circonférence
d’un grand tambour laineur. En imprimant à ces hérissons ou travailleurs un mouve¬
ment de rotation indépendant de celui du grand tambour, le grattage s’opère avec une
vitesse égale à la différence des vitesses des circonférences. En diminuant cette diffé¬
rence à volonté, on peut réduire l’intensité de l’attaque au degré voulu, tout en conser¬
vant une vitesse considérable à l’ensemble du système.
La laineuse de MM. Bauche est a deux tambours. Les travailleurs, pouvant tourner
librement autour de leur axe, reçoivent leur mouvement de rotation en sens contraire
à celui du tambour par le contact de l’étoffe. Si les travailleurs étaient complètement
libres, leur effet serait nul; mais en exerçant sur leurs coussinets, au moyen de ressorts,
une pression réglable pendant la marche, on obtient un grattage plus ou moins énergique.
La laineuse exposée par MM. Leclère et Damuzeau est également pourvue de deux
tambours. Le premier tambour est entouré de quatre paires de travailleurs dont la ro¬
tation est plus ou moins entravée par le serrage des travailleurs de chaque paire l’un
contre l’autre. Le second tambour contient 1 6 secteurs garnis alternativement de dents
de cardes et de plaques lisses. En faisant varier la distance du centre aux segments a
plaques lisses, on peut diminuer ou augmenter à volonté l’action des cardes.
Le mécanisme le plus parfait pour le réglage de travailleurs est celui adopté par
MM. Grosselin et appliqué à la plupart des laineuses qu’ils ont exposées. Les tra¬
vailleurs portent chacun une poulie à l’extrémité de leur axe; l’ensemble de ces poulies
est commandé par une courroie qui imprime aux travailleurs la vitesse voulue. Dans
l un des modèles exposés, les i4 travailleurs sont commandés alternativement par les
deux bouts au moyen de deux courroies indépendantes. L’une d’elles pouvant donner
aux hérissons une vitesse linéaire plus grande que celle du grand tambour, et l’autre
courroie leur imprimant au contraire une vitesse plus faible, on obtient un lainage à
poil et à contre-poil. Les vitesses et par suite l’énergie du lainage peuvent être réglées
au moyen de cônes à courroies permettant d’obtenir des effets différents.
La machine a aiguiser les garnitures est un accessoire indispensable aux laineuses à
. MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE.
395
chardons métalliques. Un appareil de ce genre, construit par MM. Bauche, aiguise les
travailleurs au moyen d’un rouleau à émeri animé d’un mouvement de va-et-vient
comme dans l’appareil Horsfall. La machine de MM. Grosselin, pour obtenir l’aiguisage
en pointes d’aiguille, procède de la manière suivante : deux travailleurs, dont les
pointes sont enduites d’un mélange d’huile et d’émeri fin, tournent l’un contre l’autre;
les dents de l’un pénétrant légèrement dans l’autre, elles s’aiguisent mutuellement par
les flancs des pointes.
Les quatre tondeuses exposées (trois par MM. Grosselin et une par la Société vervié-
toise) sont toutes du système longitudinal ; il semble en effet que le système transversal
soit sur le point d’être abandonné.
La machine à élargir les tissus de coton et de lin de M. Marcadier, de Paris, imite
le travail à la main. Les deux lisières du tissu sont saisies par deux pinces garnies de
cuir qui, en s’écartant, produisent une tension dans le sens de la trame. Pendant que
les pinces s’ouvrent et reprennent leur première position, le tissu s’avance d’une dis¬
tance un peu moindre que la largeur des pinces. On peut régler la course des pinces
dans des limites étendues pour obtenir des tensions plus ou moins fortes. L’élargisse¬
ment d’une pièce de coton que nous avons vu traiter sur la machine a été de o m. o5
sur une largeur de o m. 81, soit de 6.2 p. 100; le débit de la machine est de
1 0 mètres par minute.
M. Messmer, de Paris, a exposé une machine à humecter les tissus (système de
M. Kron). Un grand nombre de jets d’eau sont projetés contre une plaque inclinée en
tôle de cuivre jaune; l’eau rejaillit comme pulvérisée et tombe sur le tissu pendant que
les grosses gouttes sont recueillies dans une auge. Le tissu passe a vitesse constante
devant le pulvérisateur qui, pour égaliser son action, est animé d’un mouvement laté¬
ral de va-et-vient. Le réglage se fait d’abord pour chaque jet d’eau au moyen d’un
petit robinet, ensuite par le conduit principal et finalement en faisant varier l’angle
sous lequel les jets d’eau viennent rencontrer la plaque pulvérisatrice.
Nous terminons la revue des machines pour les apprêts par la presse continue de
MM. Crosset et Debatisse. Cette presse est destinée à lustrer toutes sortes de tissus,
surtout les étoffes de laine. On produit cet effet en faisant passer le tissu entre un
cylindre et une auge chauffés tous deux à la vapeur. Cette presse se distingue des appa¬
reils ordinaires en ce que le cylindre tourne dans des paliers fixes; de plus, c’est l’auge
qui, par un mouvement ascensionnel, s’approche du cylindre. La cuvette repose sur un
sommier qui reçoit son mouvement ascendant de deux cames calées sur un même arbre
et de deux bielles de longueur variable à volonté. Par le réglage des bielles, on peut
facilement changer la distance entre l’auge et le cylindre selon l’épaisseur du tissu et
la pression que l’on veut obtenir. En déplaçant la cuvette latéralement sur le sommier,
on proportionne la longueur du contact entre le cylindre et l’auge à la largeur du tissu
et, au besoin, comme pour les draps; les lisières peuvent être soustraites à l’action de
la presse.
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
890
XIII
MACHINES À BRODER.
Les machines à broder étaient au nombre de six. Le type ordinaire, créé par M. Heil-
mann, était représenté par deux machines, Tune de M. 0. Tritscheller, d’Arbon (Suisse),
et l’autre de MM. Benninger frères, d’Uvvyl, dans le canton de Saint-Gall. Cette der¬
nière est pourvue d’un appareil pour faire le point de mousse. L’organe principal est
un peigne qu’on peut avancer ou retirer à volonté et au moyen duquel une partie du
lil est retenue en forme de boucle sur l’endroit du tissu. Ces boucles, dans leur ensemble,
produisent un effet de mousse qui, appliqué avec discrétion, peut rendre de bons ser¬
vices pour des dessins riches.
Une troisième machine de MM. Wiesendanger et Cie, de Bruggen (Suisse), appar¬
tient au même type; mais elle se distingue de la machine ordinaire en ce que presque
tous les mouvements se produisent automatiquement : l’ouvrier n’a plus que le panto-
graphe a manier. C’est le mouvement des chariots qui, dans le type ordinaire, rend le
travail assez pénible, parce qu’il est exécuté par l’ouvrier. La nouvelle machine, au con¬
traire, pourra être conduite par des jeunes gens ou par des femmes, et, n’ayant plus à
compter avec les forces de l’ouvrier, on pourra augmenter de beaucoup la largeur de la
machine. D’un autre côté, ces nouvelles machines, exigeant une force motrice, ne pour¬
ront plus être installées au domicile de l’ouvrier : ce sont des machines d’atelier. Le
problème à résoudre était assez difficile; le mécanisme est très compliqué, et il serait
impossible d’en donner une idée sans le secours d’un dessin. Nous nous bornerons «à
faire remarquer que la course du chariot , dont la longueur doit diminuer avec celle du
fil, est limitée par la tension du fil qui agit sur le mécanisme au moyen d’un organe
semblable a la contre-baguette d’un métier renvideur. C’est sans doute en raison de la
complication du mécanisme que la machine marche plus lentement que la machine
ordinaire; il serait donc urgent de le simplifier pour augmenter la vitesse, et par suite
la production de la machine.
Les deux machines exposées par MM. Saurer et fils, d’Arbon (Suisse), étaient a fd
continu, c’est-à-dire ffis aiguilles travaillent avec le concours de navettes comme dans
les machines à coudre. Elles étaient complètement automatiques. Au lieu d’être dirigé
par un pantographe, le cadre portant le tissu reçoit son mouvement par deux disques
à contours découpés qui, par le moyen de deux systèmes de leviers, lui impriment le
déplacement, l’un pour les abscisses et l’autre pour les ordonnées du dessin. Quand ce
dernier est fini, l’étoffe est enroulée automatiquement d’une quantité égale à la lon¬
gueur du dessin et le travail recommence. Il va de soi que ces machines, ne pouvant
exécuter que des dessins d’un nombre de points très restreint, ne sont pas appelées à
remplacer les métiers ordinaires; elles sont destinées à faire des genres assez étroits,
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE. 397
entre autres certains articles qui se font actuellement sur le métier à tisser avec bro¬
cheur.
L’objet le plus intéressant de l’exposition de MM. Sacrer était incontestablement la
machine automatique à enfiler les aiguilles pour les métiers Heilmann. Les aiguilles,
déposées dans une trémie, en sortent une à une par le bas, le fil est introduit et noué
dans l’œillet, coupé à la longueur de l’aiguillée , puis les aiguilles sont piquées sur un
plateau en bois garni de Hanelle et viennent y former des rangées comptées. Le méca¬
nisme qui exécute tous ces mouvements est des plus ingénieux. La machine marche à
raison de plus de 5o tours à la minute et son travail équivaut à celui de 6 ouvrières.
(Jette petite machine n’a pas seulement une valeur industrielle : elle a une certaine
importance au point de vue social. Dans les petits ateliers, qui ne sont pas soumis a la
surveillance de l’autorité publique, l’enfilage est fait d’ordinaire par des enfants qui
sont attachés à ce travail monotone aussi longtemps que les métiers à broder sont en
fonction. Il en résulte souvent un surmenage des plus fâcheux. La nouvelle machine
pourra y porter remède. Il ne sera pas possible d’en adjoindre une â tous ces petits
ateliers, car la machine serait trop chère pour être â la portée des petits brodeurs. Ce
seront les fabricants qui établiront ces machines et qui fourniront aux ouvriers tra¬
vaillant â domicile le fil déjà enfilé dans les aiguilles.
Une dernière machine à broder dont nous avons à parler est celle de M. Jules Deh-
riey, de Paris. Elle est faite d’après les brevets de M. Th. Klaus et représente un type
très différent des autres machines à broder. Elle ressemble, pour les principes, à celle
exposée en 1878 par M. Ebneser, de Saint-Gall, mais elle en diffère beaucoup par sa
disposition. La machine de M. Derriey fait le point de chaînette au moyen d’aiguilles â
crochet, comme le cousobrodeur Bonnaz. Les quatorze tissus brodés à la fois par les
quatorze aiguilles sont tendus horizontalement sur des cadres disposés en trois étages
sur un chariot. Les rails sur lesquels se meut ce chariot sont établis sur la plate-forme
d’un second chariot pouvant faire un mouvement perpendiculaire â celui du premier.
Grâce à cette disposition, le chariot supérieur peut être conduit dans toutes les direc¬
tions du plan horizontal. L’étage inférieur ne porte que quatre tissus; la place du cin¬
quième est occupée par une plaque de tôle. Cette plaque se trouve pincée entre deux
galets qui, par leur mouvement rotatif, entraînent la plaque et le chariot tout entier
dans la direction de leur plan commun. En changeant cette direction â volonté par le
moyen d’une manivelle, l’ouvrier dirige le mouvement du chariot suivant le dessin.
Celui-ci se trouve en grandeur d’exécution sur une feuille de papier suspendue verti¬
calement, qui, en passant au-dessus d’un rouleau porté par le chariot inférieur, va se
joindre au chariot supérieur. Le mouvement de ce dernier communique â la feuille un
mouvement vertical, et en même temps celle-ci suit le mouvement horizontal du chariot
inférieur. En faisant tourner la manivelle servant â diriger le chariot, 011 imprime un
mouvement de rotation correspondant â une pointe traversée par une aiguille et placée
vis-à-vis du dessin. La pointe marque la position du chariot sous l’appareil brodeur
398
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
et l’aiguille indique la direction du mouvement. En tournant la manivelle de manière
que l’aiguille prenne toujours la direction des tangentes, on parvient à faire passer les
lignes du dessin sous la pointe , et les tissus sont animés d’un mouvement correspondant
sous les aiguilles à broder.
La machine exposée, qui était la troisième construite sur ce système, ne travaillait
pas régulièrement; le jury n’a donc pas eu l’occasion de s’assurer de la qualité du
travail , et il a dû montrer quelque réserve à l’égard de cette machine dont la construc¬
tion ingénieuse a attiré son attention.
M. Théodore Fisch, de Frogen (Suisse), a exposé une série de navettes pour ma¬
chines à broder. Les constructeurs ayant chacun un modèle spécial, la fabrication de
ces accessoires est assez variée. Les échantillons exposés étaient d’une bonne facture.
XIV
DYNAMOMÈTRES.
L’usage de constater par des expériences rationnelles et exactes les qualités d’élas¬
ticité et de résistance des matières premières et des produits du tissage se répand de
plus en plus, et c’est surtout à l’initiative des administrations publiques, les plus grands
consommateurs, que nous devons le développement de ces méthodes, La nécessité de
ces essais se fait plus sentir depuis que le perfectionnement de l’outillage permet d’em¬
ployer des matières premières d’une qualité de plus en plus inférieure, sans nuire à
l’apparence du produit.
MM. Piat et Pierrel , de Presle-Saint-Maurice (Vosges), avaient exposé un exami¬
nateur mathématique de fils. L’examen que le fil doit subir se rapporte tout bonnement
a sa résistance et à son élasticité. L’appareil nous a paru un peu trop délicat et trop
compliqué pour se bien prêter à un usage industriel.
Le dynamomètre de M. Perreaux (Foussard suce1'), de Paris, sert à essayer les
tissus, cordages, fils métalliques, etc. Il appartient à ce type d’appareils où l’objet est
fixé par les deux bouts dans deux pinces , dont l’une est entraînée par l’écrou d’une vis
pendant que l’autre est retenue par un ressort. La particularité de cet appareil consiste
dans un mécanisme qui remplace le coussin pneumatique servant à adoucir le choc au
moment de la rupture. Le ressort, retournant à sa position initiale, imprime, au moyen
d’une crémaillère, de plusieurs engrenages et d’un cliquet, un mouvement assez rapide
à un petit volant qui emmagasine la force produite par la tension du ressort et ramène
celui-ci assez doucement à son point de départ.
Les instruments pour mesurer la résistance des tissus exposés par M. H. Danzer, de
Paris, sont fondés sur un autre principe. Une petite pièce du tissu à essayer, mesurant
seulement quelques centimètres carrés, est tendue entre deux disques annulaires. Un
poinçon, qui vient s’appuyer sur le milieu, exerce une pression de plus en plus forte
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE.
399
sous
is l’action d’un écrou et par l’intermédiaire d’un ressort à boudin, jusqu’à ce que la
rupture se produise. La déformation du ressort et l’avancement du poinçon mesurent
la résistance et l’élasticité. Les chiffres obtenus ne possèdent, il est vrai, qu’une valeur
relative et ne peuvent pas être comparés à ceux obtenus par les dynamomètres à traction
directe. C’est un défaut théorique qui est contrebalancé par des avantages pratiques
très réels : la manipulation est simple et n’exige que peu de temps; l’essai peut se faire
avec les plus petits échantillons; l’appareil est portatif (le petit modèle se met dans la
poche) et son prix est peu élevé.
XV
LITTÉRATURE TECHNIQUE.
Le jury du groupe VI a décliné de donner des récompenses aux publications techni¬
ques. Nous n’avons pas à nous étendre sur les raisons de cette décision. Cependant
nous ne pouvons pas nous empêcher de citer M. Edouard Simon, rapporteur du jury
des classes 56 et 5 7 (filature et tissage), en 1878, qui, dans une occasion semblable,
s’exprimait ainsi : « ... Il semblerait plus conforme aux principes mêmes de l’Exposi¬
tion de n’exclure des récompenses aucune œuvre admise, lorsque le produit, quelle
qu’en soit l’espèce, n’est pas placé hors concours. »
Nous citerons en première ligne les Traités sur la fabrication des étoffes, par M. Michel
Alcan, exposés par Mme veuve Alcan. Ces œuvres classiques sont si bien connues dans
le monde technique entier, que nous n’avons pas besoin d’insister sur leur mérite.
Nous avons ensuite à mentionner trois publications périodiques : Le Moniteur des
Jils et tissus et Le Moniteur de la teinture , de l’impression et du blanchiment , de la Société
anonyme des Publications industrielles, de Paris; puis le journal L’Industrie textile
(Société anonyme) , de Paris, dont nous avons remarqué la collection complète depuis
sa fondation en 1 88 5. Cette dernière publication nous a paru mériter tout particulière¬
ment l’attention du public industriel par l’abondance et la variété de sa rédaction.
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
/i00
CONCLUSION.
Arrivé à la fin de notre rapport , il nous reste à établir en quelque sorte le bilan de
la classe 55.
Avons-nous besoin de rappeler la splendeur inouïe de cette Exposition dont l’éclat
a rejailli sur toutes ses parties, sur chacun des objets exposés, et redirons-nous l’admi¬
ration ressentie par le monde entier pour une œuvre qui, sans pareille jusqu’ici, ne
sera dépassée que par une prochaine exposition à Paris? Nous préférons rester dans le
cadre étroit qui nous a été tracé et rechercher les progrès accomplis dans notre classe
depuis 1878.
L’appréciation en est difficile à faire exactement. Nous ne suivrons pas les pessimistes
qui prétendent que rien n’a été fait, et si le chemin parcouru depuis la dernière étape
semble relativement peu considérable, loin de nous en prendre a nos contemporains,
nous aimons mieux reconnaître que l’héritage du passé est trop riche pour qu’on puisse
l’agrandir beaucoup en dix ans.
N’oublions pas, d’ailleurs, qu’une invention en germe n’est jamais appréciée à sa
juste valeur par cela même qu’elle n’a pas la sanction de l’expérience ni du temps, et
que, plus tard, lorsqu’elle a grandi, quand elle a donné sa mesure par une foule d’ap¬
plications utiles, la critique ne manque pas de rappeler que l’idée n’est pas neuve et
qu’il n’y a pas là un véritable progrès.
Nous avons signalé dans noire rapport les innovations et nous ne voulons pas y re¬
venir; il est impossible, au moment actuel, de savoir jusqu’à quel point elles repré¬
sentent de vrais progrès, c’est l’avenir seul qui pourra nous l’apprendre; cependant
nous sommes convaincu que le nombre de celles qui survivront est assez considé¬
rable.
Nous avons remarqué un progrès manifeste en ce qui concerne la qualité des objets
exposés; la moyenne de la qualité s’est élevée. Tandis qu’autrefois la perfection sem¬
blait être le monopole d’un petit nombre de maisons de premier ordre, nous avons vu
une série d’ateliers, de dimensions moyennes et même petites, entrer dans l’arène avec
des produits de première qualité. Il va sans dire que les grands ateliers qui disposent
de plus larges moyens sont favorisés sous bien des rapports. Mais il y a d’autres fac¬
teurs dont il faut tenir compte, notamment les qualités personnelles des chefs; c’est
ce qui permettra encore aux petits établissements d’exister et de prospérer à côté des
grands. Il est vrai qu’il faut savoir choisir son champ d’opération et se rappeler que les
buissons ne prospèrent pas dans la haute forêt. Les genres où la quantité a une in¬
fluence prédominante ne pourront être avantageusement cultivés que par les grands
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DU TISSAGE.
401
établissements; les spécialités, au contraire, et les articles qui demandent des soins
particuliers fourniront les débouchés les plus avantageux aux petits ateliers.
Il nous est souvent arrivé qu’on nous ait signalé comme innovations des mécanismes
qui, dans d’autres branches de l’industrie mécanique, étaient connus et appréciés de¬
puis longtemps. Si l’on suivait avec plus d’attention les travaux et les études de ses
voisins, on trouverait souvent l’occasion d’apprendre des choses qu’on pourrait appli¬
quer utilement chez soi. Rien ne peut mieux favoriser cet échange entre les différentes
branches de l’industrie que les grandes Expositions, et nous n’hésiterons pas à dire que
cette fécondation mutuelle des idées est un de leurs meilleurs et de leurs plus im¬
portants résultats.
Avant de poser la plume, nous avons encore à accomplir un devoir en exprimant
nos sincères remerciements, pour le concours qu’ils nous ont prêté dans l’exécution de
ce travail, a M. Gustave Denis, président du jury de la classe 55, et à M. Buxtorf,
membre du jury, ainsi qu’à M. Hoffet, assistant à l’Ecole polytechnique de Zurich.
af>
fjRODPE VI. — IV.
IMPRIMERIE NATIONALE.
'
■
TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
Composition du jüry . 35y
Introduction . 359
I. Dévidoirs, machines à doubler et à réunir, à retordre, à pelotonner, etc . 36o
IL Machines à bobiner . 36 1
III. Machines à ourdir . 362
IV. Encolleuses . 363
V. Canne tières . 365
VI. Métiers à tisser . 366
VII. Accessoires pour tissage . 38o
VIII. Métiers à mailles . 382
IX. Métiers à dentelles . 390
X. Machines à fabriquer les filets de pêche . 3gi
XI. Métiers à lacets . 391
XII. Machines pour l’apprêt des tissus . 392
XIII. Machines à broder . 396
XIV. Dynamomètres . 398
XV. Littérature technique . 399
Conclusion . . 4 00
26.
.
'
CLASSE 56
Matériel et procédés de la couture et de la confection
des vêtements
RAPPORT DU JURY INTERNATIONAL
PAR
M. G. ALEXIS-GODILLOT
INGENIEUR CIVIL
. . ' .
.
_ -
COMPOSITION DU JURY.
MM. Agnellet (Parfait), Président, fabricant de chapeaux de pailie et de feutre,
de tulles, crêpes et fournitures pour modes, conseiller général de la
Haute-Savoie .
Gotendorf (S. N.), Vice-Président , constructeur-mécanicien .
Godillot-Alexis (G.), Rapporteur-Secrétaire, ingénieur civil , médaille d’or
h l’Exposition d’Anvers en i885 .
Hürtu, de la maison Hurtu et Hautin, médaille d’or h l’Exposition de Paris
en 1878 .
Peugeot (Benjamin), constructeur-mécanicien, médaille d’or à l’Exposition
de Paris en 1878 .
Légat, suppléant, ingénieur civil, constructeur-mécanicien, médaille d’or à
l’Exposition de Paris en 1878 .
France.
États-Unis.
France.
France.
France.
France.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA COUTURE
ET
DE LA CONFECTION DES VÊTEMENTS.
- «aton... -
La classe 56 comprend 1 36 exposants, 1 07 Français et 29 étrangers, dont 1 h Amé¬
ricains. Les exposants sont aussi nombreux qu’en 1878; mais les machines à coudre,
qui représentaient en 1878 le groupement le plus important, sont plus clairse¬
mées.
Pour examiner sans confusion ces objets si divers, nous suivrons les quatre grandes
divisions du vêtement : chapeaux, gants, habillements, chaussures.
Nous avons compris dans rhabillement toutes les machines à fil ciré, poissé, huilé,
ne réservant à la division suivante que les machines spéciales à la chaussure.
MACHINES POUR LA FABRICATION DES CHAPEAUX.
En 1889, les exposants de machines pour la chapellerie étaient peu nombreux,
leurs appareils ne présentaient que des perfectionnements de détails sur les spécimens
présentés en 1878.
Il faut cependant citer M. Chertemps, de Paris, qui a envoyé une machine à couper
les poils de lapins bien combinée.
L’exposition de MM. Coq fils et Simon, d’Aix, renferme la collection complète des
machines employées dans la fabrication des chapeaux de laine de feutre, bastisseuses ,
sémousseuses, foulons, dresseuses, etc.; l’emplacement au premier étage n’a malheu¬
reusement pas permis de faire fonctionner ces machines, qui eussent plus vivement
intéressé le public.
M. Magaud, de Lyon, présente une machine à repasser supprimant l’ovale ; MM. Lé¬
gat et Herbet (France), la jolie machine à coudre les chapeaux de paille si remarquée
à l’Exposition de 1878. Cette machine a été encore améliorée par l’inventeur, M. Légat;
au milieu des centaines de machines exposées, c’est la seule machine à navette cousant
avec un seul fil; elle remplit admirablement son objet; il semble impossible de la dé¬
passer.
M. Durozoi (France), MM. Légat et Herbet produisent des presses hydrauliques
pour chapeaux de paille du même genre que celles de 1878.
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
MO
OUTILLAGE, MACHINES POUR LA FABRICATION DES GANTS.
Nous n’avons pas à signaler de grandes nouveautés dans cette branche.
Il faut citer cependant les emporte-pièces de M. Bonnot (France), qui sont exé¬
cutés avec soin.
Les machines à coudre les gants avaient fait leur apparition en 1867 avec l’horloger
danois Henricksen; en 1878, dix concurrents se présentaient; cette fois, on relève deux
exposants seulement : MM. Constant Peugeot et C,J (France), avec une machine à coudre
lés gants à point de surjet, et M. Cornely, avec une machine à canon pour broder les
gants. Ces deux machines font un travail excellent.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA CONFECTION DE L’HABILLEMENT.
Nous avons réparti cet outillage en cinq classes :
i° Appareils pour faciliter la prise des mesures;
20 Appareils pour réaliser le tracé de coupe;
3° Outils, machines pour la coupe;
lx° Bustes-mannequins pour essayer les effets;
5° Machines à coudre;
6° Outillage pour repasser, presser (fers, carreaux);
70 Outillage accessoire, machines à faire les boutons, etc.
Dans chaque groupe, nous trouvons des perfectionnements nombreux; mais les trois
derniers surtout présentent des innovations intéressantes.
APPAREILS POUR FACILITER LA PRISE DES MESURES.
Trois exposants parisiens : MM. Emile Carnoy, Couteau, Trochu, ont présenté des
appareils conformateurs destinés à permettre au tailleur de relever avec sûreté les
mesures; M. Laroutis expose un centimètre perfectionné.
appareils pour réaliser le tracé de coupe.
Les ouvriers tailleurs et les professeurs de coupe ont toujours figuré en grand
nombre à toutes les Expositions depuis 1827. En 1889, on remarque surtout des
tracés de coupe et des patronomètres, c’est-à-dire des pistolets en bois ou en métal
permettant de dessiner sur l’étoffe les pièces du vêtement suivant les dimensions données
par la mesure; huit concurrents : MM. Couteau, Delgry, Fabre, Farcé, Gérente, Nowy,
Monjou, Pion, Vachez, Vareille.
MM. Bentayou, Fabre, Serre (France), Mme Dirieckx, de Bruxelles, Mmc Wingate, de
COUTURE ET CONFECTION DES VÊTEMENTS
411
New-York, présentent des méthodes de coupe; MM. Minister (Grande-Bretagne) et
Taire (France), des publications périodiques.
Nous devons signaler une innovation : M. Michau et Mme Perreard ont imaginé de
distribuer à leurs abonnés, non plus seulement des tracés, des patrons, mais encore
des modèles en papier figurant, à une échelle réduite, la robe, le manteau; de là
une grande facilité pour comprendre, pour reproduire les toilettes les plus compli¬
quées.
OUTILS-MACHINES POUR LA COUPE.
Depuis l’apparition de la scie à ruban (1867), peu de perfectionnements à signaler
dans cette industrie.
Il y a cependant les ciseaux de coupeur de MM. Bisch, Ruger père et fils (France),
et les machines à lames sans fin, à deux ou à trois poulies, de MM. Bisch, Lotz,
Mauny et Tiersot (France).
Une combinaison nouvelle s’est produite dans les emporte-pièces : M. Philippe, de
Clermont-Ferrand, au lieu de faire ses outils avec une lame forgée d’une pièce, les
constitue avec des lames ingénieusement agrafées ensemble.
MACHINES À COUDRE.
Il est difficile de décrire les machines à coudre sans rappeler que cet outil précieux
est d’invention française.
François Thimonnier, né à Arbresle (Rhône) en 1793, invente sa mécanique à
coudre en i83o. Cet outil, bien primitif, fait cependant une couture en point de chaî¬
nette très convenable; en 1 8 3 1 , 80 machines à coudre fonctionnent rue de Sèvres,
1 5 5 , à Paris, chez Germain Petit et Cie, confectionneurs militaires.
Ce n’est que quatorze ans après le brevet Thimonnier, que les Américains Fisher et
Gibbons d’une part, Elias Howe de l’autre, entrent dans la voie tracée et créent les
premières machines à navette.
Les Américains devaient développer rapidement cette nouvelle industrie, tandis que,
dans le pays où l’idée avait pris naissance, les progrès étaient extrêmement lents.
En 1 8 5 5 , en 1867, l’industrie française des machines à coudre ne comptait pour
ainsi dire pas; mais, en 1878, elle brillait de son plus vif éclat.
A cette époque, on estimait que la production française annuelle était de 60,000 ma¬
chines, la production totale du monde étant de 800,000 machines; mais bientôt la
crise industrielle réduisait singulièrement cette industrie (188 3- 1886), de nombreux
fabricants abandonnaient la partie. Les maisons les plus solides, seules, résistent;
la production diminue et actuellement nous ne pouvons pas estimer à plus de 5 0,0 00
le nombre des machines fabriquées annuellement en France, alors que la production
totale du monde dépasse largement le million.
412
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Les maisons américaines, les maisons anglaises fondées par les Américains ont atteint
une puissance énorme. Ainsi, la Compagnie Singer annonce une fabrication annuelle
de 700,000 machines, tandis qu’il n’y a pas une fabrique française dépassant
1 0,000 machines.
Les fabriques de France, avec une production restreinte, n’arrivent à se maintenir
devant cette concurrence formidable que grâce aux soins qu’elles apportent à satisfaire
leur clientèle, en lui offrant des machines spécialement étudiées pour les travaux qu’il
s’agit d’exécuter.
La cherté de la main-d’œuvre place nos industriels dans une situation tout à fait défa¬
vorable, vis-à-vis de nos voisins, dans la fabrication d’articles où la main-d’œuvre repré¬
sente 80 p. 100 de la valeur de l’objet, les droits de douane ou droits protecteurs
étant d’ailleurs insignifiants : 6 francs par 100 kilogrammes, soit 0 fr. 60 par tête de
machine.
Cependant la consommation va sans cesse en augmentant, les machines se répandent
de plus en plus, les prix devenant plus bas; et, d’un autre côté, des combinaisons de
payement par abonnement permettent aux petites bourses d’acquérir cet outil indispen¬
sable.
On estime la consommation de la France à 1 5 0,0 00 machines par an; la fabrica¬
tion française représenterait donc le tiers de ce nombre.
Si, pour le nombre, nous sommes écrasés par la concurrence étrangère, nous pou¬
vons certainement prétendre lutter à armes égales pour la qualité des produits, et
surtout grâce à l’ingéniosité de nos mécaniciens.
Les machines à coudre ont été perfectionnées dans tous les détails; la forme du
bâti col-de-cygne est abandonnée pour celle dite haut-bras; les cylindres ou cames sont
moins en faveur; les mouvements sont généralement donnés par des bielles, par des
leviers à rotule ; le porte-aiguille est encore fréquemment actionné par un cœur, cepen¬
dant la transmission par excentrique et bielle se répand de plus en plus. Les machines
à point de chaînette ne sont plus employées que pour les coutures spéciales (jerseys).
La navette circulaire au centre d’un crochet rotatif triomphe définitivement. L’entraî¬
nement a fait l’objet de recherches nombreuses; les fabricants sont arrivés à combiner
des organes extrêmement bien agencés; ainsi la Compagnie Wheeler et Wilson a ima¬
giné un système de coulisse permettant les variations du point et même le changement
de marche comme dans les locomotives. L’entraînement par-dessus, moins répandu
que l’entraînement à griffe, a donné lieu, de la part de la Compagnie Davis, à une créa¬
tion fort intéressante : l’aiguille elle-même concourt à l’entraînement.
Les organes de l’embrayage, les dévidoirs sont commodément disposés. Les tensions
du fil de dessus, comme celui du dessous, sont mieux réglées. Certains ont relié le
mouvement du relèvement du pied-de-biche avec les organes de la tension; lorsqu’on
relève le pied-de-biche, la tension se desserre et Ton peut ainsi retirer l’ouvrage sans
crainte de casser les fils; ils commandent, d’autre part, le mouvement de relèvement du
COUTURE ET CONFECTION DES VÊTEMENTS.
413
pied-de-biche par un léger déplacement du genou, laissant ainsi à l’ouvrière la liberté
de ses mains.
Parmi les maisons étrangères, la Compagnie Wheeler et Wilson tient toujours le
premier rang; depuis 1878, ses machines ont été perfectionnées dans tous les détails.
La puissante Compagnie Singer produit maintenant plus de 2,000 machines par jour;
viennent ensuite les compagnies américaines, New Home, White, Davis, et la compagnie
anglaise Howe.
La maison Hurtu et Hautin, avec la diversité de ses modèles sans cesse améliorés,
porte haut le renom de la fabrication française. MM. Constant Peugeot et Cie, d’Audin-
court, présentent d’excellentes machines constituées avec des pièces interchangeables
Nous devons encore citer les expositions de deux fabricants parisiens, la Compagnie
française de machines À coudre (Vigneron) et M. Leconte.
La classe 56 renfermait un nombre considérable de machines pour travaux spéciaux;
les couseuses se rapprochant de la perfection, les inventeurs se sont appliqués a réa¬
liser des appareils exécutant une opération déterminée; ces machines étaient bien plus
nombreuses qu’à l’Exposition précédente, et c’est parmi elles que se trouvaient les mer¬
veilles de la classe 56.
machines à point de chaînette simple.
La Compagnie Singer, de New-York, MM. Hurtu et Hautin ont envoyé des machines
à pédale destinées à coudre la bonneterie; ces machines ont une production fabuleuse,
2,000 points à la minute.
Nous ne trouvons plus le point de chaînette que dans les petites machines fonction¬
nant à la main, exposées par M. Souchay, la Compagnie française de machines à coudre,
de Paris, et par la maison Isidor Nash, de Londres.
MACHINES À POINT DE CHAINETTE DOUBLE.
MM. Gotendorf et C'e (France), continuant l’excellente fabrication de M. Goodwin,
M. Thomas (France), présentent des couseuses système Grovver et Baker, destinées à
coudre les jerseys (couture élastique).
MACHINES À NAVETTE ORDINAIRE.
Plusieurs exposants produisent le type bien connu de machine, la navette ayant la
forme d’un sabot, le mouvement étant rectiligne, alternatif, soit parallèlement, soit
normalement au bras. La Compagnie Howe, MM. Hurtu et Hautin, M. Ariol (Brésil),
machines à pédale; MM. Brion frères, MM. Constant Peugeot et Cie, la Compagnie fran¬
çaise de machines à coudre, machines à la main.
414
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
La navette en forme de sabot ayant un mouvement alternatif suivant un arc de
cercle est adoptée par de nombreux fabricants : M. Garnier (France), MM. Hurtu et
Hautin, la Compagnie Patent manufacturing (Dorman), de Londres, offrent des ma¬
chines genre Berthier, Taxe de rotation de la navette étant parallèle au bras, l'entraî¬
nement étant généralement par-dessus.
La Compagnie Howe (Grande-Bretagne), dans sa dernière création, MM. Brion
frères (France), MM. Hurtu et Hautin, la Compagnie White (Etats-Unis), donnent à
la navette un mouvement en arc de cercle alternatif, Taxe étant vertical.
Certains fabricants : MM. Thabourin (France), la Compagnie française de machines
a coudre, la Compagnie américaine de New Home, ont adopté le même mouvement,
mais ils ont légèrement modifié la forme de la navette qui, au lieu de figurer un sabot
avec ouverture sur le dessus, devient une sorte d’obus cylindroconique, le chargement
se faisant par le fond. Cette disposition est empruntée à la célèbre machine à fil poissé
de MM. Hurtu et Hautin (1878).
La Compagnie Davis expose un nouveau type où l’entraînement par-dessus se produit
par une combinaison fort remarquable. Le pied-de-biche existe toujours, mais il ne sert
qu’à presser l’étoffe ; il n’est doué que du mouvement de monte et baisse , tandis qu’à
côté de lui, un pied vertical spécial entraîne l’étoffe, et, d’un autre côté, l’aiguille elle-
même vient contribuer à l’entraînement; le porte-aiguille, subissant le mouvement la¬
téral du pied spécial, fait avancer horizontalement l’aiguille lorsqu’elle est plongée dans
l’étoffe; l’entraînement est donc assuré d’une façon complète, irrésistible.
MACHINES À NAVETTE CIRCULAIRE SUR CROCHET OSCILLANT.
M. Victor Lecomte (France) est le seul à produire ce genre de machine, Taxe de ro¬
tation étant vertical. Sa machine, bien connue sous le titre de La Comtesse , est une
amélioration du type qu’il exposait en 1878.
La disposition avec Taxe horizontal réunissait plusieurs concurrents :
MM. Brion frères, M. Onfray, de Paris, avec des machines genre Reimann, entraî¬
nement par-dessus, précieuses pour la lingerie; M. Isidore Nash, de Londres, avec
une petite machine à main. La Compagnie Singer a appliqué cette disposition à son
dernier type, ainsi que la Compagnie New Home (Etats-Unis), mais celle-ci donne à sa
navette une position tout à fait excentrée par rapport au crochet.
MACHINES À NAVETTE CIRCULAIRE SUR CROCHET ROTATIF (ROTATION CONTINUE).
La navette circulaire a été le plus grand progrès depuis l’invention de la machine al¬
ternative (Howe, i846). Ces machines contiennent plus de fil (économie de temps), les
mouvements sont plus doux (économie dans la force dépensée), les aiguilles sont plus
courtes (moins de chances de casse). Enfin la navette circulaire produit 1 , 5 0 0 points,
COUTURE ET CONFECTION DES VÊTEMENTS.
415
tandis que la navette à mouvement alternatif ne pouvait dépasser 800 points à la
minute.
Les machines de la Compagnie Wheeler et Wilson dépassent toutes les autres.
M. Wilson, le fondateur de cette société, inventeur de la navette circulaire (1 85 1),
créa dès le début des machines parfaites, et, grâce à l’ingéniosité des éminents méca¬
niciens qui la dirigent, grâce à la perfection sa de fabrication, cette maison est toujours
la première du monde.
En France, MM. Hurtu et Hautin brillent au premier rang; leur machine à navette
circulaire est digne de figurer à côté de la machine précédente : le mouvement de dessus
(porte-aiguille tendeur) est donné par une came. MM. Hurtu et Hautin revendiquent
la priorité de l’invention du ressort de tension fixé à la navette circulaire.
MM. Constant Peugeot et C,e présentent leur dernière création, rivale redoutable de
la machine précédente ; un cylindre donne le mouvement aux organes de dessous et du
dessus; le crochet qui porte la navette est doué d’un mouvement planétaire destiné a
réduire la longueur de la bouche.
La Compagnie française de machines à coudre a combiné un type également bien
réussi. M. Léon Hachée produit une machine du même genre.
machines faisant le point de zigzag.
M. Isidore Nash, de Londres : machines à zigzag à chaînette ou à navette.
La Compagnie Singer et la Compagnie Wheeler et Wilson : machines à zigzag à na¬
vette à une ou deux aiguilles.
La Compagnie Wheeler et Wilson : une jolie machine à faire les jours (zigzag en
croix sur fils tirés à jour).
machines à boutonnières.
Ces outils firent leur apparition en 1867. A cette époque déjà, la maison Wheeler
et Wilson offrait une combinaison fort intéressante qui attira l’attention du jury, mais
cette machine, due à l’invention de l’habile mécanicien J.-A. House, était tellement
compliquée, que la Compagnie jugea inutile de la répandre, craignant qu’aucun ouvrier
ne fût à même de la réparer, et, chose curieuse, elle renfermait le principe des mouve¬
ments que nous allons retrouver dans la machine Reece.
M. Léon Hachée (France), M. Isidore Nash, la Compagnie Singer, la Compagnie
Wheeler et Wilson exposent des machines à faire les boutonnières pour la lingerie.
La machine à boutonnières de la Compagnie Singer travaillait sur le drap, sur le
cuir : l’étoffe est fixée sur une platine mobile qui se déplace , la couture se fait tout au¬
tour de la fente, commençant par une branche tournant autour de l’œil, revenant à
l’autre branche. La couture est à deux fils, l’un venant du dessus passe dans l’aiguille,
l’autre en dessous, venant d’un des deux crochets dont les mouvements, combinés avec
416
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
deux détenteurs, réalisent une sorte de point de chaînette double. Cette machine sem¬
blerait parfaite sans la présence de la suivante.
La machine système Reece est fabriquée par la Compagnie américaine Interna¬
tional Button Hole. La fente étant découpée, la couture commence aussitôt, l’étoffe
reste fixe, les organes cousants se déplacent. Le point est une sorte de chaînette double
croisée a deux fils. L’aiguille du dessus est droite; celle du dessous, courbe, traverse la
fente, présente au-dessus une boucle que traverse l’aiguille droite en descendant. Cette
aiguille traversant l’étoffe présente à son tour une boucle à un crochet logé en dessous,
ayant un mouvement horizontal; l’aiguille courbe vient également traverser cette boucle,
et ainsi de suite. Un troisième fil plus gros, fourni par une bobine placée sur la table,
sert de fil de garnissage (milanaise) autour de la fente, pour donner du relief.
Cette admirable machine fait un ouvrage irréprochable, malgré la complication des
organes; elle est solide et pratique, elle fait 6 boutonnières à la minute; une ouvrière
conduisant deux outils produit 3,ooo boutonnières (dessus de bottines de femme) en
dix heures, c’est-à-dire le travail de dix-huit ouvrières.
EVENTAILLEUSE-BRODEUSE AUTOMATIQUE DE DARRACQ (p.-ALEXANDRe).
Il s’agit de réaliser l’espèce de broderie, en forme de palmette, qui retient le bout
des baleines des corsets; c’est une sorte de zigzag, le point ayant une longueur décrois¬
sante.
Les organes de la couture sont ceux d’une machine à coudre ordinaire, à navette
circulaire, sur crochet oscillant, l’axe de rotation étant horizontal.
Le bâti, comme celui de toutes les machines, se compose d’un bras supérieur por¬
tant l’aiguille, d’un bras inférieur portant la navette; ces deux bras reliés par une sorte
de colonne. Mais, ici, cette colonne est traversée par un axe vertical autour duquel elle
peut prendre un mouvement d’oscillation ; d’un autre côté , le bâti se prolonge à l’arrière
par une sorte de queue , laquelle subit l’action d’une came à axe horizontal normal à la
position moyenne du bâti. Cette came, portée parla table, présente une rainure creusée
dans sa surface cylindrique, figurant des ondulations étudiées. On conçoit que la rota¬
tion de la came donne à l’avant de la machine, c’est-à-dire aux organes cousants, le dé¬
placement en zigzag désiré.
L’entraînement se fait dans le sens normal au zigzag, c’est-à-dire dans le sens de la
position moyenne du bras, grâce à deux roues d’entraînement séparées l’une de l’autre,
actionnées toutes deux, laissant entre elles le passage des organes de la couture.
Tous ces mouvements sont automatiques; on obtient à volonté des points longs ou
courts par le réglage du mouvement horizontal d’oscillation, en faisant varier la lon¬
gueur du bras de levier.
On réalise l’écartement variable des points d’éventail en réglant l’entraînement.
L’appareil s’arrête dès que l’éventail est terminé. Pour broder des éventails inverses, il
COUTURE ET CONFECTION DES VETEMENTS.
U\1
suffit de tourner dans l’autre sens : on produit donc à volonté des éventails à droite et a
gauche. Le changement de la came permet de modifier le dessin. Cette machine rem¬
place dix ouvrières; elle fait le plus grand honneur à M. Alexandre Darracq.
MACHINES À BRODER.
A l’Exposition de 1867, apparaissent les premières machines a broder; c’est l’in¬
vention du célèbre entraîneur universel de Bonnaz (1 863) qui ouvrit cette voie féconde,
où les fabricants français ont conservé la suprématie.
M. Bonnaz présente son couso-brodeur ; MM. Hurtu et Haütin, leur bras brodeur,
suspendu en l’air, permettant de réaliser des dessins sur une étoffe tendue (appareil
déjà produit en 1878).
M. Godart, de Lyon, imite «la Bonnaz », mais avec le mouvement en dessous.
La Société mercantile (Paris) a acccompagné la machine d’un pantographe : l’ou¬
vrière, suivant le dessin avec une pointe, déplace une sorte de tambourin sur lequel
est tendue l’étoffe; la couture se trouve ainsi reproduire le modèle.
M. Cornely avait une collection absolument remarquable. M. Cornely, autrefois le
concessionnaire de Wilcox et Gibs, de Bonnaz, a créé, a Paris, un atelier exécutant les
pièces mécaniques avec une précision mathématique.
Son génie inventif Ta conduit à adapter au couso-brodeur des combinaisons nou¬
velles, réalisant tous les points de broderie imaginables, de telle sorte qu’on ne peut
croire que c’est une machine à coudre qui produit ces dispositions savantes , ces reliefs ,
les imitations de velours de Gênes, etc.
Les principales brodeuses de M. Cornely sont des machines à soutacher, en dessous ,
en dessus; la festonneuse Cornely (sorte de zigzag); la machine a festonner à plusieurs
aiguilles produit, avec un seul fil et trois aiguilles, trois rangs de chaînettes parallèles.
La machine a ciseaux fait une couture imitant la peluche (la boucle est coupée à
chaque point par une paire de ciseaux).
La machine à deux fils produit le point de ganse ou de cordonnet (la ganse tourne
autour de la couture et cache la chaînette).
Dans la machine à trois fils, un troisième fil arrive par un tube central; on obtient
les effets les plus variés en modifiant les trois éléments de la couture.
Ces trois combinaisons sont nouvelles; elles ont valu à M. Cornely les félicitations
unanimes du jury.
machines a découper la broderie.
Nous devons ranger, parmi les machines accessoires à la broderie, la nouvelle ma¬
chine de MM. Constant Peugeot et C'e, découpant la broderie de Saint-Gall. Un petit
ciseau droit, battant 2,000 oscillations a la minute, vient croiser une lame fixe. Ces
organes de coupage sont fixés à l’extrémité d’une tige, suspendue au sommet d’une
Groupe VI. — iv.
IMPRIMERIE NATIONALE,
418
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
colonne, de sorte qu’on peut promener le ciseau tout autour du dessin, pendant que
les oscillations données par la pédale produisent le découpage; le bout de l’outil est
arrondi, et, par surcroît de ménagement, la table sur laquelle est tendu le tulle est
recouverte d’une feuille épaisse de caoutchouc.
MACHINES EXÉCUTANT DIVERS TRAVAUX.
MM. Hurtu et Hautin présentent à nouveau leur machine à piquer les couvre-pieds
déjà aperçue en 1878;
M. Onfray, une machine à bras d’équerre pour coudre les devants de chemise ;
La Compagnie Lachman Overseaming, de Londres, une machine à coudre les sacs
(surjeteuse cousant avec un très gros fil);
M. Rothenburger, de Troyes, une surjeteuse pour la bonneterie;
La Compagnie américaine Tillinghast Supply, une machine à faufiler les toiles (chaî¬
nette grossière) avant leur immersion dans les cuves pour la teinture ou le blanchiment;
La Compagnie Singer, une machine à assembler les lés de moquette (brevet Grisel).
La collection de la Compagnie Wheeler et Wilson était complétée par des machines
étudiées pour les travaux de lingerie, telles que machines à deux aiguilles faisant des
coutures parallèles, machine à rabattre la couture, la manche étant déjà fermée, etc.
MACHINES À COUDRE AU FIL CIRE, POISSE, HUILÉ.
MM. Hachée, Constant Peugeot et Cie, Singer, Hurtu et Hautin exposent de fortes
machines pour coudre, au fil ciré, au fil poissé, les articles de sellerie ou d’équipe¬
ment militaire, les dessus de chaussure. Généralement, le fil se poisse sur la machine
même en passant dans un bassin chauffé au gaz contenant la poix additionnée de ma¬
tière grasse, ou, si le fil est poissé à l’avance, il traverse un bain de graisse destiné à le
rendre plus souple. L’intervention de cette matière grasse est fort nuisible : elle favorise
l’absorption par le cuir de la poix destinée à protéger le fil.
La forte machine de MM. Hurtu et Hautin , destinée à coudre des épaisseurs de cuir
atteignant 27 millimètres, si remarquée à l’Exposition de 1878, est la seule où le fil
poissé à l’avance soit employé tel quel , sans addition de matière grasse. Cette machine
n’a pas été dépassée. Une alêne perce le trou dans lequel l’aiguille vient pénétrer; le fil
remplit bien le vide (une aiguille crochet ferait un trou plus gros); la navette a la forme
d’un obus sans pointe; elle a un mouvement rectiligne alternatif dans un tube (coulis¬
seau) parallèle au bras. Le tube, dont le bord forme un crochet, est animé d’un mouve¬
ment oscillant; le coulisseau isole complètement la navette du contact de la poix, et
évite ainsi l’encrassement. Le serrage du fil parfaitement réglé est bien plus énergique
qu’à la main.
M. Victor Leconte, de Paris, présente à nouveau sa machine à fil huilé pour coudre
COUTURE ET CONFECTION DES VÊTEMENTS.
419
les bâches; les deux aiguilles réalisent deux coutures parallèles (deux navettes circu¬
laires, mouvement oscillant autour d’un axe vertical).
DISPOSITIONS DE PEDALES POUR EVITER LA FATIGUE.
MM. Constant Peugeot et C'c, M. Guitteau se rencontrent dans une combinaison du
meme genre : le mouvement est donné par le déplacement horizontal de chaque pied
agissant séparément en sens contraire (mouvement de balancière).
M. Bâcle, de Paris, nous montre une pédale magique, invention de Bourdin, déjà
vue en 1 878 ; un volant emmagasine la force vive.
M. Dohis emmagasine la force vive dans un ressort en spirale.
Ces combinaisons ingénieuses n’ont pas eu, jusqu’à présent, le succès qu’on en atten¬
dait : l’interposition de nouveaux organes donne lieu à de nouveaux frottements qui
font perdre une partie des avantages cherchés.
M. Dupont (Camille) [France], a imaginé un banc de machine pour marcher au moteur.
Nous devons remarquer que, généralement, les machines françaises sont munies de
deux pédales à mouvement alternatif, tandis que les machines étrangères introduites,
probablement par raison d’économie, sont généralement munies d’une pédale unique.
BUSTES ET MANNEQUINS POUR ESSAYER LES EFFETS.
C’est à l’Exposition de 1849 qu’apparaît le premier mannequin; depuis lors, cette
industrie s’est largement développée, surtout depuis l’exposition dernière. Il n’est pas
de ménagère qui n’ait son buste, accessoire presque obligé de la machine à coudre.
Une grande ingéniosité a été dépensée pour combiner des mannequins articulés ex¬
tensibles, permettant avec un seul appareil de suivre les variations du corsage. Certains
mêmes permettaient de suivre les modifications dues à la grossesse.
Cinq exposants se présentaient :
M. Boussut (de Bruxelles);
MM. Martins et Torres (Brésil);
M. Monier, Mme veuve Lavigne, Ml!e Merle, M. Stocoian (de Paris).
Ces deux derniers avec les collections les plus remarquables.
OUTILLAGE POUR REPASSER, PRESSER LES ETOFFES (fERS, CARREAüx).
Des fers, des carreaux chauffés au bois, au gaz, au pétrole, étaient présentés par
six fabricants français :
MM. Grino, Huguenin;
MM. Hürtu et Hautin;
Mmc veuve Jay;
27.
420
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
MM. Ruger père et fils;
M. Victor Sarriot.
Le fer de MM. Hurtu et Hautin chauffé au charbon de bois est le mieux étudié.
M. Sarriot présentait une innovation; son carreau est fixé à l’extrémité d’une longue
bielle suspendue à un point fixe élevé (potence). L’étoffe se trouve pressée entre le car¬
reau et la table. Cette dernière étant remontée par le mouvement du pied (pédale)
produit un serrage énergique, sans fatigue pour l’ouvrier.
OUTILLAGE ACCESSOIRE.
La Compagnie française de machines à coudre exposait une machine à plisser;
MM. Hurtu et Hautin, M. Notelle, des machines à plier des biais de laine pour la
fabrication des corsets; M. Eaton (Etats-Unis), un cadre a plisser; M. Kerby Beard
(Grande-Bretagne), MM. Mercier-Leclerc, Krumnow (France), des petits outils , aiguilles,
enfile-aiguille , etc.; M. Rubatto, une machine à enfiler les perles, dont la création a
certainement donné beaucoup de peine à son inventeur.
MM. James Gotendorf, M. Scherding, se sont rencontrés en étudiant un petit
outillage pour faire soi-même les boutons d’étoffe.
Grâce à cette innovation, la fabrication des boutons d’étoffe qui se trouvait être l’apa¬
nage du fabricant de boutons va passer entre les mains du tailleur; le consommateur y
trouvera son compte en ayant plus de facilité pour rassortir un bouton manquant.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA FABRICATION DES CHAUSSURES.
Il y a une quarantaine d’années que des machines sont intervenues dans la fabrica¬
tion des chaussures. Les Américains prennent une part considérable dans la création
de cet outillage. Dès i 834, ils imaginent une machine à cheviller, peahing machine, qui
apparaît à l’Exposition de 1 8 5 5 ; Lyman Reed Blake invente sa machine à coudre les
semelles en 1859. En 1878, ils présentent une collection complète de machines pour
faire la chaussure de toutes pièces; les machines du finissage sont particulièrement in¬
téressantes.
Les inventions françaises sont également nombreuses :
La machine à cambrer les tiges fut produite- en 1 8 3 6 par Simon, corroyeur à Paris;
en 1 85 6 , Sellier combine la machine à visser qui a servi de type aux machines ac¬
tuelles; en 1 8 5 5 , J. -P. Mollière, de Lyon, prend un brevet pour un appareil à dresser
et à polir les lisses et les talons; la machine à dresser les lisses était une fraise; la ma¬
chine à polir, un disque en métal tournant rapidement et chauffé intérieurement.
Dès 1860, tout un outillage mécanique était en fonctionnement dans les ateliers de
M. Alexis Godillot pour la préparation des pièces, l’estampage des semelles et pour le
finissage (fraise, toupie), dans la fabrication des chaussures militaires.
COUTURE ET CONFECTION DES VÊTEMENTS.
m
A l’Exposition dernière, nous retrouvons les mêmes outils déjà exposés en 1878,
mais améliorés, et deux nouveautés : les machines à monter et les machines à coudre
les semelles en trépointes.
Nous étudierons les objets exposés suivant la classification ci-après :
Patrons, tracés de coupe.
Petit outillage.
Outils pour découper, emboutir.
Formes.
Machines à cambrer.
Machines à apprêter, à assembler, à piquer les dessus.
Machines à monter.
Machines à coudre les semelles : i° couture de part en part; q° deux coutures (tré-
Machines à visser.
Machines à estamper, à poser les talons, à poser les bons bouts.
Machines du finissage : à fraiser, à verrer, à polir (déformer) les lisses et les ta¬
lons, etc.
Opérations sur la chaussure presque terminée : machines à faire des coutures (border,
réparer), machine à poser les œillets, etc.
Objets accessoires.
PATRONS. - TRACÉS DE COUPE.
Trois exposants présentent des séries de patrons, de tracés pour la chaussure:
MM. Olender, Quantin, Ratouis ; ce dernier est le vétéran des patronniers de Paris.
PETIT OUTILLAGE.
MM. G urtat et Guespin, Hurtu et Hautin, Raynal, Salarnié, Segaut (France), Jans-
sens (Belgique), Ullathorne (Grande-Bretagne), exposent des petits outils, tels que
fers, alênes, limes-râpes.
OUTILS POUR DÉCOUPER, EMROUTIR.
Neuf exposants présentent des outils ou machines pour découper ou emboutir le
cuir.
MM. Godât, Pernet, Delvert, Peyrot (France) produisent des emporte-pièces;
MM. Keats et Batley, Dailloux, Fourmentin, Delvert, Godât, Pernet, Pinède,
Mrac veuve Clément, des balanciers (découpoirs, presses).
M. Moüchot expose une machine découpant dans une feuille trois sous-bouts de
front et redressant le bord.
La presse de M. Peyrot renferme une combinaison nouvelle : le mouvement de pé-
422
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
dale par l’intermédiaire d’un train d’engrenages retardateurs fait avancer lentement un
long piston plein de presse hydraulique renfermé dans le bâti en forme de col de
cygne de la presse. L’eau transmet ce mouvement à un autre piston vertical qui porte
le patin de la presse.
Cette combinaison est fort intéressante, mais il est difficile de juger le succès que
l’avenir lui réserve.
FORMES.
Les fabricants de formes sont nombreux :
MM. Abadie (République Argentine);
Anapliotis (Roumanie);
Bittencourt, Francisco Martins (Brésil);
Brice, Devost, Renaud-Damidand, Renard (France);
Gestas, Lehmann, Alois et fils (Suisse);
Robert Victor (Espagne);
Salarnie (France).
La maison des fils Renaud-Damidand et fils, d’Aillevillers (Vosges), fabrique
1,000 paires par jour et tient la tête de cette industrie.
machines à cambrer.
Les machines à cambrer les tiges sont fabriquées par M. Manin et par M. Nardi;
ce dernier a modifié sa cambreuse bien connue : l’addition d’un ressort donne un ser¬
rage mieux réglé et permet de passer deux tiges à la fois.
machines à apprêter, à assembler, à piquer les dessus.
MM. Souche et Paul Lavigne exposent un petit outillage pour apprêter les tiges et
préparer la pose des élastiques.
MM. Hachée (Léon), Hurtu et Hautin, Howe, Compagnie Singer présentent des ma¬
chines à piquer les dessus; la Compagnie Singer, une machine à canon, une machine
à poser les biribis (couture parallèle à deux aiguilles, deux navettes); la Compagnie
Wheeler et Wilson, machine à coudre les tiges de femme, en coupant en même
temps le feston.
Nous devons citer également les machines faisant les boutonnières, déjà décrites aux
machines, de l’habillement : Compagnie Singer, International Button hole S. M. C°
(système Reece), et la machine américaine à coudre les boutons de I’Union Button,
de Boston, qui a tout au moins le mérite de] poser les boutons avec une rapidité ex¬
trême.
COUTURE ET CONFECTION DES VÊTEMENTS.
m
MACHINE À MONTER.
A l’Exposition de 1867, figurait déjà une machine à monter la chaussure (Sylvain
Dupuis) bien dépassée par les deux machines de la section américaine de l’Exposition
actuelle (à l’Exposition de 1878, aucun spécimen).
La machine exposée par la Compagnie Mackay et Copeland Lasting (Etats-Unis)
montait des chaussures d’homme. Son travail était complété par la pose de petites
pointes avec le marteau à ensemencer, outil américain bien connu. L’ouvrier inexpé¬
rimenté qui manœuvra la machine devant le jury fit un travail médiocre, et d’ailleurs
il s’agissait de montrer une tige de bottine d’homme cambrée en veau assez épais; sur
marchandises plus minces, plus souples, un ouvrier plus habile eût probablement
obtenu un résultat meilleur.
La machine à monter de la Compagnie Paine shoe lasting, de Rochester (Etats-Unis),
était conduite par M. 0. Balger, qui, lui-même, a collaboré à la machine. Il montait
des dessus de femme, vernis, claqués chevreau; la réussite fut complète.
La première et le bord de la tige sont, au préalable, enduits d’une colle à base de
caoutchouc, la première et le dessus sont fixés sur la forme par quelques pointes. La
forme étant maintenue au centre de la machine par des mâchoires serrant le bout et
le talon, de nombreuses pinces articulées viennent prendre le bord de la tige, la
tendre; d’autres mâchoires viennent ensuite rabattre la tige sur la première; ce ser¬
rage fait adhérer les deux cuirs en contact, grâce à l’interposition du caoutchouc, puis
les pinces se desserrent; l’ouvrier n’a plus à intervenir, le montage est parfait.
Cette machine fait un travail remarquable : elle représente des combinaisons mé¬
caniques extrêmement compliquées pour mettre en mouvement ces pinces et ces
mâchoires; cependant l’ouvrier n’intervient que pour toucher un très petit nombre de
leviers. La machine monte ko paires à l’heure.
MACHINES À COUDRE LES SEMELLES ( COUTURE DE PART EN PART).
C’est en imitant la couture double, cousant de part, traversant première, empeigne,
semelle (pas de trépointe), que l’américain Leyman Reed Blake créa sa première
machine en 1869. En 1862, il ajouta la bigorne tournante et donna à son appareil
la forme qu’il a encore aujourd’hui.
MM. Fourmentin, Pinède, Dailloux, la Socie'tè anonyme d’exploitation de brevets
(France) exposent des machines à coudre les semelles, au fil poissé, à un fil faisant
la chaînette; la couture de part en part, genre Blake.
La forme a été enlevée, la chaussure est posée sur une bigorne, la semelle se trouve
tournée en l’air.
Cette machine fait un excellent travail, et elle est aujourd’hui très répandue. On lui
m EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
reproche toutefois d’exiger une profonde gravure pour loger la chaînette, et, d’un autre
côté, la couture de part en part donne une chaussure plus dure au marcher que la
combinaison des coutures ordinaires avec. interposition dune trépointe.
La Société pour l’exploitation de brevets (France) expose une machine faisant la
piqûre sur le hord de l’entre-deux ou de la semelle, donnant l’image de la couture en
trépointe au point jaune.
MM. Keats et Batley (France) présentent l’excellente machine inventée par
M. Keats, admirée en 1878, à deux fils poissés, à navette, cousant de part en part
sur bigorne la semelle tournée en l’air.
Tout le mouvement est en dessus; dans la bigorne se trouve un crochet qui accroche
le fil du dessous dans le chas de l’aiguille formant crochet. La boucle du fil de dessous,
entraînée par raiguille-crochet , remonte au-dessus de la navette; un petit bras vient
ouvrir la boucle, la décrocher de l’aiguille-crochet pendant que la navette entre dans
la boucle. La navette est un disque circulaire évidé suivant un secteur égal au quart
environ de la surface du cercle; une extrémité de disque se termine en pointe plus ai¬
guë. Le mouvement est rotatif, axe vertical.
M. Keats a perfectionné sa machine et combiné un nouveau tendeur placé sur la
bigorne, vers l’axe de rotation.
MACHINES À COUDRE LES SEMELLES (DEUX COUTURES, TREPOINTE ).
C’est à l’Exposition du Centenaire qu’apparaissent ces premières machines cousant
pratiquement en trépointe.
Nous devons reconnaître que les efforts pour réaliser la couture première (assem¬
blage de la première à la trépointe) ne semblent pas encore avoir abouti.
A l’Exposition 1878 cependant, la maison Goodyear avait envoyé une machine de
l’invention du français Destouy, perfectionnée par l’américain Mills. Cette machine
avait l’aiguille courbe et faisait le point de chaînette.
A l’Exposition dernière, les grands constructeurs anglais Greenwood et Batley, à
côté de leur tour colossal, montraient une machine à navette à fil poissé, faisant la
couture première, système Ramsden et Ellis. Malheureusement, cet appareil arriva
trop tard pour être soumis à l’examen du jury.
La couture deuxième (assemblage de la trépointe et de la semelle) était représentée
en 1878 par une machine de Destouy à point de chaînette, promptement abondonnée.
Trois concurrents entrent en lice à l’Exposition dernière :
M. Pinède produit une machine, système Phuelin, à deux fils poissés, à navette
s’écartant tant soit peu de la forme ordinaire du sabot, ayant plutôt la forme d’un
segment de cercle, sur un crochet circulaire mouvement oscillant, axe vertical. Une
alêne agissant en dessous fait le trou avant le passage de l’aiguille et produit l’entraî¬
nement.
COUTURE ET CONFECTION DES VÊTEMENTS. â‘25
La machine Campbell, de Pawtucket RI (Etats-Unis), a une navette toute particu¬
lière : une forme cylindrique avec des nervures dans ce sens de deux diamètres en croix ,
ces nervures tracées suivant l’arc de cercle que décrit la navette dans son mouvement
de rotation alternatif autour de Taxe horizontal. L?alène donne le mouvement entraî¬
nement par-dessus. L’aiguille droite à chas crochet vient du dessous.
Les deux machines que nous venons de décrire ont l’inconvénient de coudre la
semelle tournée en bas; comme l’ouvrier ne voit pas, en cousant, comment se place le
fil en dessous, il faut une gravure très large qui compromet la solidité de la semelle.
MM. Keats et Batley exposent une machine cousant la trépointe à deux fds à na¬
vette, la semelle tournée en l’air.
Pour coudre le plus loin du bord de la semelle, l’alène, l’aiguille ne sont séparées
de l’empeigne que par une tôle mince, cette tôle servant en même temps de guide.
L’entraînement se fait par alêne en dessous. La navette est au-dessus, tout à fait visible;
elle a une forme curieuse : un cylindre surmonté de deux nervures, deux sortes
de lèvres qui, se réunissant, forment en avant une pointe, puis, s’écartant, laissent
entre elles une rainure qui va s’élargissant suivant un angle très aigu. En arrière,
l’autre extrémité des nervures se termine brusquement par un angle vif. Ces nervures
ont un contour en arc de cercle dont le centre est voisin de l’axe de rotation de la
navette.
La navette a un mouvement tout à fait original : elle fait une sorte de culbutage en
avant, rotation d’un quart de tour autour d’un axe normal à l’axe de la navette; l’axe
de rotation est horizontal, parallèle à la couture.
L’aiguille est en dessus; elle est droite, le chas formant crochet.
L’aiguille ayant remonté au-dessus la boucle du fil du dessous, la navette tourne,
la pointe antérieure des nervures ouvre la boucle pendant que l’aiguijle pénètre dans
la rainure, le mouvement de rotation se continuant, les nervures décrochent la boucle
qui, arrivée à l’extrémité arrière, échappe et passe autour de la navette. Pendant le
passage de la boucle , la navette est suspendue en l’air, grâce à une goupille horizontale
qui intervient à ce moment, en pénétrant dans un trou percé au sommet de la navette,
dans la portion comprise entre la partie cylindrique et les nervures; la boucle peut
ainsi s’échapper librement.
La rotation de la navette est donnée par deux mâchoires qui la serrent et lui im¬
priment ce mouvement de culbutage. Quand le mouvement est terminé, les mâchoires
se desserrent pour laisser échapper la boucle, tandis que la goupille intervient. Un
seul cylindre portant une série de rainures (cames) donne tous ces mouvements si
compliqués.
Cette machine est de beaucoup supérieure à tout ce qui a été fait dans cette voie.
Elle présente des combinaisons de mouvement absolument originales, dues à l’ingé^
nieux M. Keats, citoyen des Etats-Unis, que nous avons la bonne fortune d’avoir à la
tête d’une maison française.
426
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
MACHINES À VISSER.
Ces appareils sont de deux sortes : à filière ou à burin; ces derniers sont préférés,
parce que le filet de vis produit, présentant une saillie plus mordante, réalise un
assemblage plus solide des pièces de cuir qu’il s’agit de réunir.
MM. Halma, Maquaire, Mayer (France) présentent des outils imités de la machine
Lemercier (1878).
M. Fourmentin a disposé son appareil pour marcher au moteur.
Le type Standard de la Société pour l’exploitation de brevets produit une vis à deux
filets.
machines à estamper, a poser les talons, à clouer les bons bouts.
M. Dailloux et la Société pour l’exploitation de brevets produisent des outils déjà
connus (1878).
M. Pinède fixe ses talons avec un clou à crochet deux fois recourbé et obtient ainsi
une plus grande solidité.
MM. Keats et Ratley ont imaginé un pied extensible permettant sur le même outil
de faire toutes les grandeurs de talons.
MACHINES À FRAISER LES TALONS , LES LISSES.
M. Delvert expose une fraise marchant à pédale;
M. Fourmentin, une fraise au moteur. Les axes sont verticaux.
MM. Keats et Batle y, Dailloux, Pinède et la Société anonyme pour l’exploitation de
brevets exposent des fraises de grand diamètre composées de trois à quatre lames
rapportées, Taxe de rotation étant horizontal.
L’appareil de M. Mouchot contient une combinaison nouvelle : l’outil est un simple
crochet monté sur un arbre horizontal faisant 2,000 tours. La chaussure étant placée
verticalement, le talon se déplace comme dans les machines à produire, occupant par
rapport à l’outil toutes les positions déterminées par le modèle placé en dessous de la
table.
MACHINES À VERRER, PASSER AU PAPIER DE VERRE, LES TALONS, LES LISSES.
MM. Keats et Batle y, M. Dailloux, disposent de la toile de verre, soit sur des poulies,
une couronne en feutre ou caoutchouc étant interposée pour donner élasticité, soit sur
des plateaux rotatifs, soit en constituant une toile sans fin, une sorte de courroie
enroulée sur deux poulies.
COUTURE ET CONFECTION DES VÊTEMENTS.
IxTl
MACHINES À POLIR (dÉFORMEr) LES LISSES, LES TALONS.
Les machines avec mouvement rotatif continu (toupies), imitées de l’invention de
Mollière, de Lyon ( 1 8 5 5 ) , ne sont plus en faveur comme en 1878.
Le mouvement alternatif d’un fer chauffé au moyen d’un jet de gaz, imitant le
travail de l’ouvrier, agissant à la main , est adopté par tous les concurrents.
Le Tapley hsel Burnischer est le plus ancien des appareils (antérieur à 1878).
Une machine double avec mouvement automatique figurait à la section américaine.
MM. Pinède, Dailloux, Fourmentin, Société pour l’exploitation de brevets et Johnson
offrent des spécimens du même genre.
L’appareil de MM. Keats et Batley est le mieux combiné : le fer bat 4,ooo oscilla¬
tions à la minute; pour suivre toutes les courbures des talons, il est composé d’élé¬
ments séparés montés à ressort. La chaussure est tenue sur un pied à mouvement uni¬
versel (le même existe à la machine à fraiser les talons).
MACHINES ACCESSOIRES.
D’autres outils accessoires, tels que les machines à coucher la gravure, à astiquer
les semelles, etc., fabriqués par les exposants cités précédemment, complétaient la
collection de l’outillage du finissage de la chaussure.
OPÉRATIONS SUR LA CHAUSSURE PRESQUE TERMINÉE.
Une machine à border la chaussure toute faite , sans avoir à bâtir le galon , a été
produite par MM. Hurtu et Hautin (machine à champignon, navette circulaire à mou¬
vement oscillant). Les machines polytypes destinées à coudre dans l’intérieur des chaus¬
sures sont indispensables pour certaines réparations. Le pied-de-biche est combiné
pour produire l’entraînement dans toutes les directions. Trois concurrents étaient en
présence : Compagnie Howe, M. Pinède (polytype, système Phuelin), Compagnie Singer
(bras remplaçant la polytype).
MM. Daudée, Hurtu et Hautin, machines à poser les œillets.
MM. Lavigne Paul, machine à poser les crochets.
OBJETS ACCESSOIRES.
MM. Roger Durand, boutons, agrafes invisibles.
MM. Martin et C‘e (Grande-Bretagne), attache, crochet pour chaussure.
M. Martin Paul, ferrements pour talons, semelles.
M. Paravicinivi, cuir articulé pour ressemelage.
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
A 28
CONCLUSIONS.
L’Exposition de 1867 a montré les débuts des machines françaises pour la confec¬
tion des vêtements ; l’Exposition de 1878 a coïncidé avec leur complet épanouissement.
A cette époque, Légat expose sa jolie machine à assembler les tresses des chapeaux
de paille; Henricksen, le dernier modèle de sa surjeteuse pour coudre les gants.
Pour la première fois, on rencontre les machines à couper les étoffes imitées de la
scie a ruban.
Dans les couseuses, MM. Barriquant, Constant Peugeot et Gie, Hurtu et Hautin
tiennent tête aux grandes compagnies américaines : Wheeler et Wilson, Singer, Howe.
L’attention des visiteurs est attirée par la machine à fil poissé, la belle création de
1 habile mécanicien, fondateur de la maison Hurtu et Hautin.
C’est Tannée où l’apparition du couso-brodeur Bonnaz va révolutionner l’industrie
de la broderie.
Enfin Goodyear* présente l'outillage mécanique américain faisant la chaussure de
toutes pièces, et Keats sa première machine à navette à coudre les semelles.
Toutes ces créations et celles qui ont précédé ont singulièrement diminué le champ
laissé aux inventeurs. Dès lors, il ne peut plus être question que de perfectionner les
appareils ou d’imaginer des outils spéciaux exécutant un travail déterminé; c’est sur¬
tout dans cette dernière voie que s’est manifestée l’activité des exposants de la classe 56
a l’Exposition de 1889.
L’outillage de la chapellerie présente quelques perfectionnements dus à MM. Coq
fils et Simon, et à MM. Légat et Herbet.
Les procédés de là fabrication des gants semblent stationnaires.
Les outils pour la confection des habillements forment un groupement considé¬
rable. Les professeurs de coupe, les inventeurs de patronomètres se pressent, plus
nombreux.
Les machines à couper les étoffes ne sont pas sensiblement modifiées.
La fabrication des bustes, des mannequins suit un développement rapide. Ces
objets se sont vulgarisés, et des exposants belges, brésiliens, se mettent de la partie,
faisant aussi concurrence à nos fabricants dans une industrie autrefois absolument
française.
La crise commerciale, de 1 883— 1 886 , a sévi durement sur l’industrie des ma¬
chines à coudre. Les maisons qui ont résisté, voient maintenant leurs affaires pros¬
pérer, mais la production de la France qu’on estimait, en 1878, à 60,000 machines
par an, a diminué, alors que la consommation de notre pays continue à croître.
429
COUTURE ET CONFECTION DES VETEMENTS.
Les colossales fabriques américaines enflent sans cesse le flot débordant de leur
fabrication; témoins, les chiffres de la production annuelle donnés par la Compagnie
Singer :
1855 . 2,000 1878 . 4oo,ooo
1867 . 5o,ooo 1889 . 700,000
Les fabricants français ne peuvent lutter qu’en offrant à leur clientèle des oulils
étudiés pour tous les cas particuliers qui se présentent. Aussi les voyons-nous s’efforcer
de réunir une grande diversité de machines aptes à tous les travaux, tandis que les
maisons étrangères s’appliquent à l’exploitation d’un petit nombre de types.
Dans les couseuses, MM. Hurtu et Hautin, Constant Peugeot et Cie, Leconte et la
Compagnie française de machines à coudre (Vigneron) tiennent une place fort hono¬
rable à côté des puissantes compagnies étrangères : Davis, Howe, New Home, Singer,
Wheeler et Wilson, et White.
La Compagnie Wheeler et Wilson occupe toujours le premier rang, par la supé¬
riorité de ses produits et par ses perfectionnements toujours renouvelés.
D’ailleurs, les machines a coudre ont été améliorées dans tous leurs organes; la
couture est plus belle, l’ouvrière peut produire davantage; et, d’un autre côté, le fd
étant moins fatigué par son passage dans la machine, on arrive a employer du fil
meilleur marché; de là une cause d’économie fort appréciée.
Les brodeuses de M. Cornely, la machine à boutonnières de Reece, étaient les joyaux
de la classe.
Nous devons citer également la machine à éventailler de A. Darracq, appelée à
rendre les plus grands services à l’industrie des corsets.
Dans la catégorie des appareils de la fabrication de la chaussure, la Société ano¬
nyme pour l’exploitation des brevets (Pocock) présentait des spécimens sensiblement
améliorés de l’outillage américain, déjà connu; mais la maison Keats et Batlcy offrait
la collection la plus intéressante, au milieu de laquelle il faut mentionner la machine
à coudre les semelles à navette culbutante, l’outil le plus original, sorti du cerveau de
l’ingénieux M. Keats.
Enfin nous 11e pouvons pas oublier la machine Paine exposée par la Compagnie
américaine Paine Shoe Lasting, qui réalise pratiquement l’opération si compliquée du
montage des chaussures.
L’examen détaillé que nous avons fait dans ce rapport du matériel et des procédés
de la couture et de la confection des vêtements nous a permis de constater des amélio¬
rations nombreuses et l’apparition de machines nouvelles dans la création desquelles
une large part revient aux inventeurs français.
En résumé, la classe 56 occupait une place fort honorable dans le Palais des
chines; elle égalait en nombre, en éclat, les Expositions précédentes.
ma-
TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
Composition du jury . ... 407
Machines pour la fabrication des chapeaux . . 409
Outillage, machines pour la fabrication des gants . . . 4io
Matériel et procédés de la confection de l’habillement . 4io
Matériel et procédés de la fabrication des chaussures . . . 4 20
Conclusions . 4 28
. . . •' . •*...• '
.
.
.
CLASSE 57
Matériel et procédés de la confection des objets de mobilier
et d’habitation
RAPPORT DU JURY INTERNATIONAL
PAR
M. COUSTÉ
PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE DE COMMERCE DE PARIS
Groupe VI. — iv.
28
COMPOSITION DU JURY.
MM. Haret (Pierre-Jean-Louis), Président , membre du jury des recompenses à
l’Exposition de Paris en 1878 .
Serrel (E. VV. J01), Vice-Président .
Coüsté (J.-D.), Rapporteur, ancien juge au Tribunal de commerce, prési¬
dent de la Chambre de commerce de Paris, membre du jury des ré¬
compenses à l’Exposition de Paris en 1878 .
Pànhard , Secrétaire , constructeur-mécanicien , grande médaille à l’Exposi¬
tion de Paris en 1 878 .
A collaboré au Rapport.
Radot, expert . . .
France.
Etats-Unis.
France.
France.
France.
.
.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS
DE LA CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER
ET D’HABITATION.
Les machines-outils présentées dans la classe 57 peuvent être divisées en trois séries
bien distinctes :
i° Les machines-outils à travailler le bois, cpii sont en grand nombre;
20 Les machines à faire la porcelaine, à fabriquer les briques, les tuiles, les car¬
reaux, ainsi que les appareils préparatoires de cette fabrication;
3° Les machines diverses et appareils pour graver et sculpter les bois, les métaux,
le verre.
Le nombre des exposants de cette classe est de 92, en diminution de 29 sur l’Ex¬
position de 1878.
Ils se décomposent en 7/1 français au lieu de 82 en 1878, et 18 étrangers au lieu
de 45.
Les exposants étrangers appartiennent aux nationalités suivantes : Etats-Unis, An¬
gleterre, Suisse, Belgique, Italie.
MACHINES-OUTILS À TRAVAILLER LE BOIS.
Nous trouvons chez tous les exposants une machine à dégauchir le bois à la main.
Cette machine, dont l’usage est général, n’existait en 1878 que chez un ou deux expo¬
sants. Son utilité, sa simplicité et son bon marché l’ont bien vite répandue partout.
Les scies à ruban, très bien faites et remplissant des buts déterminés, sont en grand
nombre. En général, on cherche à augmenter la production tout en conservant le bon
sciage. Les bâtis des machines ont été changés et se rapprochent plus du type nouveau
de la bonne construction mécanique.
Les scies à lames multiples, moins nombreuses qu’en 1878, prouvent qu’elles ont
été remplacées, dans un grand nombre de cas, par les scies à ruban et qu’elles ne sont
plus guère employées que dans des cas spéciaux.
Les menuisiers universels, ou machines multiples, ont été abandonnés par les con¬
structeurs français dès que leur usage a été reconnu défectueux et sans utilité pratique.
Ils sont remplacés, pour les petits ateliers, par des machines qui sont en groupement
de deux machines au plus, travaillant ensemble ou séparément.
438
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Les grandes scies circulaires sont de moins en moins employées et aussi remplacées
par la scie à ruban.
La tendance générale est l’augmentation du diamètre des poulies des scies à ruban ,
ce qui est meilleur pour éviter la fatigue des lames.
L’affûtage mécanique des lames de scies à ruban a fait de grands progrès depuis
1878. On emploie à cet usage deux types de machines très distinctes : celles qui
affûtent avec le tiers-point, et celles qui affûtent à la meule. Les premières sont bonnes
pour les lames étroites et dans les petits ateliers de découpages, mais le vrai affûtage
mécanique se fait par la meule, qui, seule, permet l’affûtage des scies à ruban à scier
le fer à froid.
Les machines des pays étrangers ne sont pas conçues d’après les idées que l’on a
dans notre pays : ce sont généralement des machines spéciales faites dans le but d’un
travail déterminé. Elles sont combinées pour produire beaucoup; mais elles ne sont pas
aussi simples que les machines françaises et ne peuvent se plier à des travaux aussi
variés. Il y a des combinaisons de mouvement très ingénieuses , surtout dans les ma¬
chines américaines ; mais leur construction n’est pas aussi finie qu’en France. Il y a des
parties laissées brutes, ce qu’on n’oserait pas faire dans notre construction française
où tout ce qui est vu est bien soigné.
Nous regrettons de n’avoir vu qu’une machine à faire de la fibre de bois, cette in¬
dustrie ayant pris un grand développement dans ces dernières années.
En dehors de cette machine, comme machines nouvelles depuis 1878, il faut signa¬
ler une scie à grumes à poulies de 1 m. 5 0 et à grande vitesse, une machine à parquet
à 1 6 mètres d’avancement à la minute, une scie à cylindres à ruban à quatre poulies,
diverses machines à affûter les lames.
Il faut aussi signaler un grand nombre de machines à bois marchant au pied et à
la pédale ; mais , à l’exception de celles destinées à faire des petits découpages ou à
des cas bien spéciaux, ces machines, en raison de leur vitesse, exigent une force supé¬
rieure à celle de l’homme agissant à bras ou à la pédale, et ne peuvent pas être em¬
ployées industriellement.
Principalement pour les scies d’amateurs qui ne veulent faire que de petits décou¬
pages, il y a une quantité de dispositions très ingénieuses. Ces petites machines se
construisent en très grande quantité.
MACHINES À FABRIQUER LA PORCELAINE, LES TUILES, LES CARREAUX
ET APPAREILS PRÉPARATOIRES DE CETTE FABRICATION.
Dans cette catégorie de machines, nous n’avons eu à examiner qu’un seul con¬
structeur de machines à faire la porcelaine. Son exposition très remarquable a attiré
l’attention spéciale du jury. Nous reviendrons plus loin, avec plus de détails, sur ces
machines.
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION.
439
Les machines à faire les briques, tuiles, carreaux sont représentées en grand
nombre par plusieurs exposants. Les types de machines sont analogues chez tous les
constructeurs. Ces machines sont bien construites , très rustiques.
Les machines à bras exposées sont peu nombreuses ; ce qui démontre que cette in¬
dustrie tend à se faire de plus en plus dans de grandes usines, et que les petites bri¬
queteries travaillant à la main tendent à disparaître.
Un des exposants a soumis au jury un tour très intéressant pour fabriquer les pots
a fleurs.
Les appareils préparatoires a cette fabrication sont assez nombreux. Il y a différents
modèles de broyeurs, mais ce n’est que la Suisse qui expose un laveur et trieur de
terre.
MACHINES DIVERSES.
Dans cette classe de machines se trouvent divers appareils très intéressants pour
sculpter le bois et l’acier.
Il faut accorder une mention spéciale à un outil américain qui, mû à très grande
vitesse par l’air comprimé , permet de faire des travaux très différents.
Plusieurs machines avec dispositions ingénieuses à faire les cadres et assemblages
des cadres sous tous biais.
Une fabrication mécanique de cannes et manches de parapluies.
Plusieurs machines a couper le liège et à faire les bouchons.
MACHINES EXPOSÉES PAR L’ANGLETERRE.
MM. T. Robinson et Jîls.
La maison T. Robinson et fils expose une belle série de machines :
i° Une scie à ruban en fonte à chantourner, poulie de o m. 90 de diamètre. Les poulies porte-
lames très légères n’ont pas de joues. La tension de la lame sur les poulies est obtenue par un contre¬
poids ;
20 Une machine à dégauchir le bois et le tirer d’épaisseur, au moyen du même fer de rabot, en
passant le bois sous une deuxième table inférieure mobile avec entraînement.
Ce système présente l’inconvénient que tout le travail est caché par la table qui sert à dégauchir.
Le porte-outil est d’un très petit diamètre et incliné , relativement à la table , pour diminuer l’écarte¬
ment ;
3e Une machine à dégauchir et à faire les moulures droites ;
4° Une machine à raboter et à polir au papier de verre, dite economist. Cette machine porte deux
rouleaux , l’un pour passer le bois , l’autre pour polir au papier de verre. Cette machine peut passer
des hois de 0 m. 90 sur 0 m. 12 d’épaisseur. Le deuxième cylindre est construit en deux parties qui
peuvent osciller en sens opposés. Cette machine se fait sur quatre dimensions. Les tambours polis¬
seurs ont un mouvement oscillatoire dans le sens latéral pour agir comme la main ; un ventilateur
absorbe la poussière ;
440 EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
5° Une machine à raboter et à faire les moulures sur les quatre faces, et à faire le parquet.
Cette machine fait o m. 45 de largeur sur o m. 12; elle peut aussi faire les grosses pièces de wa¬
gonnage ;
6° Une machine dite Armstrong h faire les queues d’aronde, déjà exposée en 1867 et 1878;
70 Une scie circulaire à amenage automatique à rouleaux. La lame de scie est pleine d’un côté et
évidée de l’autre pour faire les bois minces. L’amenage se fait au moyen d’un rouleau cannelé disposé
au bout d’un bras radial.
Le bras radial est mobile sur un montant qui se trouve au-devant de la machine et peut s’éloi¬
gner ou se rapprocher plus ou moins de la scie, de sorte que le rouleau d’alimentation peut être
ajusté pour convenir à différents diamètres de scies;
8° Une toupie. Cette machine n’a de particulier qu’un appareil supplémentaire que l’on place sur
la table et qui sert à faire les queues d’aronde pour assemblage de l’ébénisterie;
90 Une machine à faire les doubles tenons et les enfourchements — pour les tenons jusqu’à 0 m. 1 5
de longueur. Cette machine porte deux disques porte-lames tournant verticalement et un troisième
disque porte-lames placé horizontalement en arrière pour faire les tenons doubles, entailler les épau-
lements, faire les plates-bandes. Quand cette machine ne sert qu’à faire les tenons simples et les en-
taillements, on passe au socle du porte-outil tenonneur de dessous un petit arbre vertical, de sorte
qu’il peut s’élever et s’abaisser avec lui pour les tenons de diverses grandeurs sans devoir être ajusté
séparément. On peut aussi adopter sur l’arbre horizontal un porte-outil spécial pour faire les tran¬
chées des appuis et parties supérieures des fenêtres.
Par sa disposition, cette machine permet à l’ouvrier de voir facilement son travail;
io° Une scie à cylindres à ruban pour dédoublage de madriers, avec poulies de 1 m. o5 de dia¬
mètre, pouvant scier jusqu'à 0 m. 45 de hauteur.
Enfin, une machine à mortaiser, horizontale avec équarrisseurs, une machine à affûter les fers de
raboteuses jusqu’à o m. 90 de longueur et un travailleur universel ou machine combinée à dégau¬
chir, raboter, scier à la scie circulaire et à faire les moulures, complètent la belle exposition de cette
importante maison.
MM. Reynolds et Cie.
Cette maison expose :
i° Trois modèles de machines à mortaiser à bras avec machines à percer.
20 Une machine à faire les queues d’aronde au moyen d’une mèche placée sur l’arbre d’une tou¬
pie ordinaire.
3° Une machine à faire le parquet (en trois opérations), de om. 4o de longueur sur o m. 12
d’épaisseur.
4° Une scie circulaire à bras, lame de 0 m. 4o; une molette au petit rouleau, qui tourne en même
temps que la scie, aide à l’avancement du bois.
5° Une scie à ruban à bras, poulies porte-lames de 0 m. 5o.
6° Une scie mixte circulaire et à ruban, poulies porte-lames de 0 m. 60.
70 Toutes ces machines à bras n’ont rien de bien remarquable.
MM. Lewis et Lewis, à Londres.
Cette maison présente :
i° Une machine à mortaiser et à percer à la main; c’est le bédane qui fait la moulure. La ma¬
chine à percer est une machine indépendante; le bédane se retourne par un mouvement très simple.
La table permet de recevoir du bois jusqu’à o m. 20 de large. La course du chariot par le bédane se
règle suivant les différentes épaisseurs de bois.
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION.
441
2° Une scie circulaire à bras. L’avancement du bois se fait par une molette qui tourne dans le sens
de la lame. La table est mobile , ce qui permet de faire les rainures et les feuillures. Un petit appareil
spécial permet de faire les tenons. La lame peut avoir jusqu’à o m. 38 de diamètre et peut passer du
bois jusqu’à o m. i5. Le guide et l’amenage sont disposés pour se basculer au-dessous de la table et
laisser cette dernière libre pour le sciage en travers et tout autre travail. On peut aussi placer deux
lames sur le même arbre avec écartement variable pour faire des tenons.
3° Une scie circulaire et à ruban. La tension de la poulie supérieure de la scie à ruban se fait par
un ressort. Le diamètre des poulies est de o m. 5o. La lame de scie circulaire est de o m. 55 au maxi¬
mum.
Cette machine est mue par la vapeur ; mais nous estimons quelle est trop petite et , dans ce cas ,
ne peut servir que dans de bien petits ateliers.
4° Une machine à dégauchir et raboter les bois en les tirant d’épaisseur. C’est encore une machine
à deux tables superposées. Sur la première, le bois est dégauchi et mis d’équerre, et il se tire d’épais¬
seur en passant sur la table du dessous, sur laquelle il est entraîné par quatre cylindres. Cette machine
peut passer du bois de o m. 35 de large sur om. 2 5 et se construit sur deux autres modèles plus
grands.
Nous ne pouvons à l’égard de ces deux derniers constructeurs que répéter notre manière de voir
au sujet des machines marchant au pied ou au volant : il faut, pour que l’on puisse s’en servir, n’avoir
à travailler que des bois très faciles , très beaux , et de peu d’épaisseur.
M. Evans.
Cette maison expose une machine à faire les formes de chaussures et permet d’obtenir, d’après un
seul modèle, toutes les séries de pointures en proportions parfaitement symétriques. Elle façonne une
paire de formes à la fois et ne nécessite qu’un modèle pour faire le droit ou le gauche.
Elle procure une économie en évitant la dépense des séries de modèles; elle permet d’adopter plus
vite et à moins de frais les changements de mode et de genre et de faire aussi facilement de petites
commandes que de grandes.
Le réglage de la machine se fait sur des cadrans et avec des tables fournies avec la machine.
ÉTATS-UNIS.
MM. J. A. Fay et 0% à Cincinnati.
Cette maison, représentée par son chef actuel, M. Doane, expose une très importante série de
machines :
i° Une machine à raboter à outil en dessus, faisant o m. 65 de largeur sur o m. i5 d’épaisseur.
L’amenage se fait par un rouleau placé à l’arrière de la machine, un rouleau presseur placé devant;
le fer empêche le bois de se soulever; un presseur à biseau qui vient très près du fer permet de faire
des bois très minces ou courts. Cette machine fait 4,ooo tours;
20 Une machine à raboter en dessus faisant 0 m. 60 de hauteur, rouleau d’avancement cannelé
placé derrière le fer. Ce rouleau cannelé et le guide qui vient appuyer le bois dépendent l’un de
l’autre. Avec cette machine, nous avons vu enlever 0 m. 01 de bois par passe. Cette machine fait
1 ,000 tours à la minute;
3° Une machine à polir et poncer au papier de verre avec trois numéros de papier. Le mouve¬
ment est continu. Cette machine peut passer des bois de o m. 80 sur 0 m. 10 de hauteur;
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
442
4° Une scie circulaire composée de deux scies circulaires à chariot à deux lames mobiles pour cou¬
per les planches en travers et d’équerre.
Ces quatre lames de scies sont mobiles et accouplées deux à deux sur deux bâtis dont Pun mobile
longitudinalement;
5° Une scie circulaire dont on incline la lame pour faire des coupes biaises au lieu d’incliner la
table ;
6° Une scie à ruban à cylindres, poulies î m. 20 de diamètre, pouvant passer au maximum des
bois de 0 m. 4o. Les cylindres d’avancement sont montés sur un bâti qui bascule sous la table pour
rendre cette dernière libre de tout organe et propre à servir pour le cbantournement ;
70 Une scie circulaire montée sur un chariot mobile verticalement. Le bois est placé sur un chariot
horizontal qui a un mouvement longitudinal;
8° Une machine à percer horizontale avec quatre mèches qui sont montées sur des rondelles co¬
niques pour les centrer;
90 Une scie circulaire à deux lames placées l’une en dessus , l’autre en dessous. Cette dernière
entre dans le bois et fait l’entraînement. Cette scie peut débiter à raison de soixante-quinze pieds à la
minute; on peut aussi mettre plusieurs lames à écartement variable sur le même arbre;
io° Une scie à tronçonner. La lame est mobile dans le sens longitudinal au moyen d’une pédale;
1 1° Une machine à faire le parquet de sapin sur quatre faces à la fois. Les toupies et le guide sont
montés sur le même chariot. La plus grande vitesse de cette machine est de 2 5 mètres à la minute.
Les toupies sont mobiles ensemble ou séparément ;
12° Un menuisier universel composé d’une machine à dégauchir, toupie et machine à mor-
taiser.
La toupie et le fer à raboter dépendent l’un de l’autre, ce qui est un inconvénient;
i3° Une machine à dégauchir de 0 m. 4o de largeur. La table mobile et faite en deux parties est
montée sur des plans inclinés de façon à laisser moins d’ouverture au fer lorsque l’on veut prendre
peu de bois ;
i4° Une machine a faire les plates-bandes et les moulures droites. Cette machine forme en réalité
deux machines distinctes accouplées. Le palier d’entremise est mobile pour permettre d’enfiler sur
l’arbre des profils différents de plateaux porte-fers ;
i5° Une machine à faire les queues d’aronde qui a déjà figuré à l’Exposition de 1878. Les mou¬
vements se font automatiquement. Plusieurs ont été vendues pour faire les caisses d’emballage du
vin de champagne;
160 Une machine à mortaiser horizontale ; la mèche passe au centre du bédane. La mortaise se
trouve donc équarrie en même temps qu’elle est faite. L’inconvénient est dans le cintrage et l’affûtage
de ces mèches et bédane et dans leur prix élevé; de plus, il faut, pour chaque dimension de mor¬
taise, avoir un appareil spécial, et on ne peut, avec ce système, faire de petites mortaises. Le chariot
qui porte le bois est mobile sur une coulisse.
Cette belle série de machines est complétée par une machine à faire les gros tenons et une machine
à faire les petits tenons et plates-bandes.
Le mouvement du chariot de cette machine est placé sur un genou d’une combinaison ingénieuse
et qui paraît très solide.
Et enfin une machine horizontale à mortaiser pour les menuisiers , avec le même système de mèches-
bédanes.
Toutes ces machines nous ont paru robustes et de bonne construction, élégantes de forme et très
ingénieuses dans leurs dispositions.
Elles marchaient toutes sous les yeux du public dans des bois variés et étaient conduites par un
mécanicien habile.
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION.
443
M. Schwab , a Chicago.
La maison Schwab, de Chicago, prend part pour la première fois à une Exposition à Paris.
Elle présente :
i° Une machine à raboter en dessus de o m. 4o de large suc o m. i 9 de hauteur;
20 Un tour à faire des boules, permettant d’en faire 2,000 par jour au moyen d’un fer fini qui
fait la moitié de la boule et un fer droit combiné pour dégager;
3° Une scie à ruban à poulies de 0 m. 90, avec guide-lame métallique spécial qui peut s’avancer
ou se reculer suivant la largeur des lames. La poulie supérieure, qui n’a pas déjoués, est munie d’un
mouvement d’inclinaison.
La machine à fabriquer les boules est nouvelle et présente un certain intérêt.
MM . Silver et Deming.
Cette maison expose une machine à faire les broches rondes des rais de voitures et les mortaises
des jantes. Cette machine marche à bras et ne présente pas grand intérêt.
MACHINES FRANÇAISES POUR LE TRAVAIL DU BOIS.
MM. Panhard et Levassor.
La maison Panhard et Levassor a succédé à la maison Périn, Panhard et Cie, dès le décès de
M. Périn, l’inventeur de la scie à ruban.
Cette maison continue ses belles traditions; elle est restée à la hauteur où l’avaient déjà placée les
Expositions précédentes et présente une série de très belles machines dont plusieurs sont absolument
nouvelles :
i° Une scie à ruban porte-lame de 2 mètres de diamètre, à chariot diviseur à agrafes, à mouve¬
ment automatique permettant de scier des bois en grumes, en plateaux, planches ou feuillets jusqu’à
1 m. 3o de diamètre.
Cette machine est très puissante; elle permet d’employer des lames larges et épaisses; sa produc¬
tion est considérable. Dans les arbres de peuplier d’un mètre de diamètre par exemple, elle peut scier
avec un avancement de 3 mètres à la minute. Elle est fort employée en Amérique où elle remplace
les grandes scies circulaires avec un avantage marqué au point de vue de l’économie du bois et de la
force motrice ;
20 Scie à ruban, poulies de 1 m. 2 5 de diamètre, à chariot libre et à cylindres. Le chariot libre
permet d’équarrir, de fendre en deux ou sur quartier des arbres ayant un mètre de diamètre sur
une longueur quelconque ; les arbres peuvent également être débités en plateaux ou en planches. Les
cylindres peuvent entraîner d’une façon continue des bois de 5ox5o, le débitage se faisant en
plateaux , planches ou feuillets.
L’adjonction à cette machine de cylindres entraîneurs automatiques est nouvelle; elle donne dans
les débits de bois de chêne une grande facilité;
3° Scie à ruban, poulie de 1 mètre de diamètre à chariot libre pour bois en grumes jusqu’à
o m. 55 de diamètre.
Cette machine, établie solidement, est propre au débit des bois pour traverses de chemins de fer,
pour pièces de charpentes, etc.; elle peut être employée éventuellement pour le chantournement;
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
444
4° Scie à ruban locomobile à cliariot, poulies porte-lame de 1 mètre. Cette machine, qui est mon¬
tée sur roues, est employée pour le débit des bois en grumes jusqu'à o m. 60 de diamètre.
La facilité de son installation, ses aptitudes pour les débits variés, la rendent précieuse pour les
exploitations en forêts et dans les endroits marécageux. Habituellement, les scies locomobiles sont des
scies circulaires. Ces dernières sont, il faut en convenir, très simples; mais elles offrent des inconvé-
nienîs : elles prennent beaucoup de force, beaucoup de bois et sont dangereuses.
De plus, à moins d’employer des lames de très grands diamètres, ce qui augmente encore les
inconvénients, elles ne peuvent aborder le sciage de bois dépassant o m. 4o ou o m. 5o. Le rem¬
placement des scies circulaires locomobiles par des scies à ruban, également locomobiles, constitue
un progrès ;
5° Scie à ruban, poulies porte-lame de î mètre de diamètre, à chariot et à cylindres.
Machine mixte combinée pour le débit des bois en grumes, le dédoublage des madriers, les bas-
taings et le chantournement. Elle est donc munie d’un chariot pour le débit des grumes, d’une table
pour les débits à la main et les chantournements.
On passe en quelques minutes d’un travail à un autre ;
6° Scie à ruban, à cylindres entraîneurs automatiques, poulies de î m. de diamètre.
Machine étudiée spécialement pour obtenir de grandes productions; elle permet en effet, dans les
madriers de sapin blanc du Nord, d’obtenir des avancements de 16 à 17 mètres par minute. De telles
productions n’ont pas encore été réalisées. Cette machine permet de passer des plateaux jusqu’à
0 m. 60 de hauteur;
70 Scie à ruban, à cylindres entraîneurs automatiques, poulies porte-lame de 1 mètre de diamèlre.
Employée surtout pour le dédoublage des madriers du Nord, bastaings, quartelots et pièces ana¬
logues. Modèle tenant peu de place, d’une grande solidité et d’une facile installation.
Le débit des madriers du Nord se fait avec une vitesse qui peut dépasser 6 mètres par minute;
8° Scie à ruban, à cylindres à quatre poulies et à deux lames, pour dédoublage des madriers.
Machine entièrement nouvelle, sur laquelle nous devons insister et nous étendre.
La scie à cylindres que nous venons de voir précédemment 11e fait qu’un trait à la fois; mais elle
le fait avec une très grande rapidité et, comme production, elle est comparable aux meilleures scies
alternatives à plusieurs lames et même les défie dans bien des cas.
Cette rapidité dans la production peut encore être augmentée avec la scie dont nous nous occu¬
pons; elle est à deux lames et fait donc deux traits à la fois ; elle est plus spéciale pour les débits de
madriers, de bastaings, de quartelots dans lesquels on n’a que deux traits à faire, et ce cas se présente
fréquemment dans les scieries qui débitent les bois du Nord. Dans les madriers, les deux traits
se font à la vitesse de 6 mètres par minute, ce qui fait un avancement linéaire de plus de 19 mètres.
Cette production est d’autant plus à considérer, qu’elle est obtenue sans excès de fatigue de la part
des ouvriers, le madrier étant débité d’un coup et ne devant plus revenir sur lui-même;
90 Scie à ruban, poulies porte-lames de 1 mètre de diamètre, à longue table pour le sciage recti¬
ligne à la main, remplaçant avec avantages les scies circulaires.
Les machines de ce genre sont nouvelles et tendent à se répandre de plus en plus; elles ont été
construites pour remplacer les grandes scies circulaires qui prennent beaucoup de force, beaucoup de
bois et sont très dangereuses.
Le danger que l’on rencontre dans l’emploi des scies circulaires est connu de tout le monde (les
statistiques montrent qu’il n’y a pas 4 ouvriers sur 100 conduisant ces machines qui ne portent des
traces de blessures plus ou moins profondes causées par cet instrument); ce danger est tellement
reconnu, que les sociétés scientifiques industrielles instituent tous les ans des prix pour les faire dis¬
paraître.
Jusqu’à présent, aucun appareil protecteur pratique n’a été trouvé, et nous pensons que le mieux
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION.
A 4 5
est de supprimer autant qu’on Je pourra l’emploi des scies circulaires; c’est pour cela que celte
maison a crée' une série de machines capables de les remplacer dans la plupart des cas ;
io° Scie à ruban ordinaire, poulies porte-lames de o m. 8o, pour sciage rectiligne et curviligne
à la main.
La table inclinable permet de scier suivant une pente donnée. Les arbres tournent dans des paliers
graisseurs, un frein permet l’arrêt rapide, des organes protecteurs entourent la lame;
1 1° Scie h ruban, poulies porte-lames de o m. 8o, table inclinable.
Ce modèle fait partie d’une série de modèles légers, établis à bas prix pour les mettre à la portée
des petits industriels et pour éviter l’emploi des scies avec bâtis en bois ;
12° Scie à ruban, poulies porte-lames de o m. 6o, table inclinable mue par un moteur ou à la
main. Ce modèle ne peut s’employer que pour de très petits travaux;
i3° Machine mixte, composée d’une scie h ruban ayant des poulies porte-lames de o m. 70 et
d’une toupie ordinaire.
Les deux premières machines qu’un menuisier doit avoir sont, d’une part, la scie à ruban,
d’autre part, la toupie. Ces deux machines ont été réunies en une seule dans le présent modèle; cela
donne une économie de place et une économie dans les frais d’acquisition et d’installation ;
i4° Scie verticale alternative à plusieurs lames pour le débit des madriers du Nord. Cette machine
est nouvelle. On a voulu, en la construisant, réduire au minimum la perle de bois, afin de conserver
aux planches un excès d’épaisseur ou afin d’avoir un feuillet de plus dans le débit; cela conduisait
naturellement a adapter des lames aussi minces que possible, et par suite, afin de pouvoir les tendre
aisément, à les prendre très courtes.
O11 ne pouvait, dans ces conditions, songer à employer de longues courses; aussi, pour obtenir
une production abondante, a-t-on dû augmenter beaucoup le nombre des révolutions, ce qui alors
devenait possible sans inconvénient.
La machine, néanmoins, a été construite très solidement et sa stabilité est telle qu’à une vile se
de 5oo tours par minute, on n’observe pas la moindre vibration.
On a dû également employer un entraînement continu pour le bois; les cliquets et les leviers n’au¬
raient pu , en effet , résister à une aussi grande vitesse.
Deux madriers sont sciés à la fois; ils passent à l’extérieur des châssis. L’intérieur se trouve donc
libre pour loger facilement le mécanisme qui alors se trouve à l’abri de la sciure. Le graissage se fait
facilement. La vitesse peut dépasser 4oo tours par minute; les lames ont de 8 à 10 dixièmes de mil¬
limètre d’épaisseur, et l’on peut en monter jusqu’à 8 de chaque côté. Le sciage obtenu est très beau;
i5° Scie circulaire à axe mobile, lame de 0 m. 60.
Très employée dans la menuiserie pour scier en long, couper en travers, d’onglet, etc. ;
i6J Scie circulaire mixte, lame de 0 m. 4o, combinée avec une toupie permettant de faire des
feuillures au moyen de deux lames ayant leurs plans perpendiculaires.
Ces deux outils peuvent être employés séparément et jouissent des avantages qui découlent de leur
fonction: l’un horizontal comme scie circulaire, l’autre vertical comme toupie ;
170 Machine à raboter, amenage continu permettant de blanchir et de mettre d’épaisseur des bois
de 0 m. 60 x 0 m. i5. Table mobile à coin, très stable; disposition d’entraînement automatique
des rouleaux supérieurs eti nférieurs sans changement d’engrenage, quelle que soit l’épaisseur du bois
à raboter;
180 Machine à raboter de 0 m. 35 x 0 m. 11. Table mobile, modèle simplifié, à la portée des
petits industriels; possède une disposition pour le rabotage des planches minces;
1 90 Machine spéciale à raboter les frises de parquet sur trois faces à la fois.
Dans les scieries qui traitent plus spécialement les bois du Nord, on recherche, tant pour le sciage
que pour la fabrication des frises de parquet, des machines à très grandes productions.
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
446
Pour le sciage, nous avons vu quels avantages on peut trouver dans l’emploi des scies à ruban à
cylindres. Pour le rabotage des frises , il convient d’employer la machine dont nous nous occupons
actuellement. Cette machine , établie dans le même esprit que les parqueteuses ordinaires , en même
temps qu’elle fait la rainure et la languette, offre encore sur ces dernières, au point de vue de la
production, des avantages marqués. Le rabotage de la face de la frise se fait simultanément avec
deux outils rotatifs, l’un qui dégrossit, l’autre qui termine. La prise du bois est donc partagée, ce qui
diminue la fatigue des outils et permet, dans le cas de mauvais sciage, de faire des passes plus fortes.
Cette division dans le travail offre en outre l’avantage marqué d’avoir un rabotage plus parfait, en
même temps qu’elle conduit à des arrêts moins fréquents pour le changement des fers.
On comprend en effet que, dans les bois sales, c’est le premier outil qui fatigue et qui s’abîme; mais
ici, cela n’a qu’un inconvénient relatif, parce que le travail est terminé parle deuxième outil, lequel,
agissant sur une surface propre et ne prenant toujours qu’une quantité limitée de bois, conserve plus
longtemps son affût et produit un bon rabotage. Les porte-outils pour le bouvetage sont très faciles à
régler; ils portent chacun 6 fers.
Cette machine peut passer du bois jusqu’à o m. 18 de large et o m. o45 d’épaisseur. Son ame¬
nage est très puissant. Sa production dans les frises de sapin blanc pour parquet peut atteindre et
même dépasser 1 5 mètres par minute ;
20° Machine à raboter sur quatre faces à la fois pour bois de o m. 2 4 X 0 m. 11 et à faire des
moulures dans toute la longueur de la pièce à travailler. Employée pour la fabrication du parquet des
wagons, des navires, etc;
2i° Machine à raboter et à moulurer sur les quatre faces à la fois des bois de o m. i5 X 0 m. 08 ;
modèle plus faible que le précédent, tout en étant très solide; très employé dans la menuiserie;
220 Machine à raboter et à moulurer pour bois de 0 m. 18x0 m. 08, à double porte-outils su¬
périeur , spéciale pour la fabrication des moulures ; grande et belle production.
L’emploi des deux porte-outils supérieurs donne de grands avantages : l’un dégrossit, l’autre ter¬
mine le travail; ce dernier, agissant toujours dans des bois propres et ne prenant que peu de matière,
conserve longtemps son affût et produit un beau fini. D’un autre côté, cette division du travail permet
d’avoir une grande production ;
2 3° Machine à bouveter et à moulurer pour bois de 0 m. 2 4 x 0 m. 12 , à deux outils latéraux et
verticaux; cette machine sert également pour rainer les frises de parquet préalablement rabotées;
2 4° Machine à raboter à outil rotatif en dessous pour raboter, dresser, dégauchir à la main les
bois relativement courts; très employée dans la menuiserie, le modelage, etc.
La plus grande largeur de bois à travailler est de o m. 4o.
Une disposition simple permet de se servir de cette machine pour percer et mortaiser;
2 5° Machine mixte à raboter, à dégauchir, à mortaiser et à percer.
La dégauchisseuse peut dresser des bois de 20.
La raboteuse, à avancement continu, permet de blanchir des bois d’une largeur maximum de
0 m. 35 X o m. 08.
La mortaiseuse sert à faire les mortaises et à percer des trous pour les assemblages.
Les trois outils peuvent être employés simultanément.
Machine construite pour les petits industriels. Elle constitue, avec celle décrite précédemment et
composée d’une scie à ruban et d’une toupie, le matériel d’un petit entrepreneur. En effet, on pourra
faire le sciage, le rabotage, le moulurage, le dégauchissage , le perçage, le mortaisage;
26° Machine verticale à moulurer, dite toupie automoteur, pouvant faire les moulures reclilignes et
curvilignes, raboter, dégauchir, rainer, etc.
Machine d’un emploi général et indispensable dans la menuiserie, l'ébénisterie , la carrosserie, la
charpente.
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION.
447
Sur l’arbre de cette machine , on peut monter facilement des porte-outils pour travaux spéciaux;
2 70 Machine verticale à moulures, dite toupie double, pour petits travaux d’ébénisterie, de fabri¬
cation de brosses , etc.
Modèle léger et solide , d’une application spéciale ;
28° Machine à mortaiser verticale pour gros bois, pouvant percer et mortaiser, au moyen d’une
mèche et d’un bédane mus séparément, les bois de charpente, construction de wagons, etc.;
2 90 Machine à mortaiser horizontale pour les bois de menuiserie, ébénisterie, etc.; d’un emploi
général et indispensable ;
3o° Petite machine à mortaiser horizontale pour les petits travaux, spécialement faite pour les
assemblages de glaces des châssis de wagons;
3i° Machine à percer verticale , employée dans les grandes constructions, chemins de fer, arsenaux,
menuiserie, charpente, etc.;
32° Machine à percer à quatre mèches, spéciale pour la construction des wagons. Avantages mar¬
qués par l’emploi successif de mèches différentes montées sur chaque arbre ;
33° Machine à reproduire les bois de fusils, les rais et toutes les pièces qui peuvent se copier.
Elle fait quatre pièces à la fois.
Cette machine, de construction nouvelle, est celle qui est employée dans les manufactures d’armes
de l’Etat pour le dégrossissage des crosses et des fûts des nouveaux fusils à répétition. Elle prend le
bois perpendiculairement aux fibres, ce qui empêche les éclats.
La disposition des outils permet une production très rapide ; une crosse de fusil Lebel est dégrossie
en deux minutes, et, comme on en fait quatre à la fois, on voit la production;
34° Machine automatique à aiguiser les couteaux de raboteuses au moyen de la meule creuse en
émeri pur et corindon.
La meule ne change jamais de diamètre, ce qui ne change pas la pente du biseau; d’un autre côté,
le couteau à aiguiser n’est jamais en contact avec la meule que par une petite surface, ce qui empêche
les échauffements ;
35° Machine à défoncer et à façonner les fers à moulures, nécessairement employée dans la me¬
nuiserie, l’ébénisterie , la fabrication des roues, etc.;
36° Machine automatique à affûter les lames de scies à ruban au moyen d’une meule d’émeri. La
voie se donne automatiquement. L’emploi de la meule d’émeri dans l’affûtage des scies à ruban pro¬
duit de grands avantages sur l’emploi de la lime : la coupe est meilleure et l’économie réalisée est con¬
sidérable. La machine marche avec une précision absolue : elle a des mouvements spéciaux brevetés
qui n’existent dans aucune autre et qui font que la même meule peut servir à l’affûtage de dentures
très différentes.
En terminant notre rapport sur cette puissante maison , il convient certainement de parler de ses
essais dynamométriques sur les machines à travailler le bois. Disons de suite à son honneur que ces
essais ont été couronnés de succès.
Pour faire ces expériences , la maison Panhard et Levassor a été amenée à construire un dynamo¬
mètre spécial, d’une installation et d’un emploi faciles.
Des essais faits sur une scie alternative à plusieurs lames pour bois en grumes, il ressort que la
force dépensée n’est pas proportionnelle à la surface sciée , à cause d’une constante représentant les
frottements de la machine , mais qu’il y a avantage , au point de vue de la force , à avoir des avance¬
ments rapides. Les frottements de la machine à vide dans ces sortes de machines étant considérables
et indépendants du nombre de lames , il y aura avantage à prendre des scies très robustes et capables
de faire un grand nombre de traits à la fois. Sur une scie à cylindres à ruban à poulies de 1 m. 2 5 ,
les essais dynamométriques montrent qu’au point de vue d’économie de force, il y a avantage à avoir
de grandes productions; que le sciage du peuplier ne prend pas plus de force que celui du sapin.
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
448
Avec une machine à raboter à amenage continu , les essais prouvent qu’en raison de la grande vi¬
tesse des outils (4,3io tours), il faut une très grande force pour la faire tourner. Pour donner cette
force, il conviendra d’employer des arbres en acier dur, d’aussi petit diamètre que possible, tournant
dans des coussinets en bronze très dur et avec des courroies très minces et très souples. Ces es¬
sais montrent qu’il y a proportionnalité' entre la force prise par le rabotage et la quantité de matière
enlevée. Ils montrent la grande force employée pour le rabotage lorsqu’on arrive à de fortes produc¬
tions. Dans ce cas, pour des passes enlevant o m. 001 1/2 de bois, on arrive à des forces de huit
chevaux; et que, dans le chêne, la force employée est d’environ 20 p. 100 de la force prise pour le
sapin ou le peuplier.
Dans une machine à parquet, les essais faits sur des frises de 0 m. 1 15 sur 0 m. 023 rabotées d’un
seul côté et bouvetées sur les deux rives démontrent qu’il faut sept chevaux pour entretenir la rota¬
tion des outils qui tournent à 4,2 00 tours. Celte constante de force prise par la machine indique
encore qu’il y a avantage, au point de vue de la force, à employer des machines qui produisent
beaucoup.
Nous ajouterons que, depuis 1876, la maison Panhard et Levassor s’est occupée de la question des
apprentis et que, depuis cette époque, plus de soixante-deux ont déjà passé dans leurs ateliers. La
plupart , après avoir fini leur apprentissage, sont devenus de bons ouvriers.
M. Arbey.
i° La maison Arbey expose une machine nouvelle à faire de la fibre de bois. Cette fabrication qui
a pris un grand essor depuis quelques années a été introduite en France par la maison Périn, Panhard
et Cie. Depuis l’expiration des brevets, plusieurs constructeurs ont exécuté différentes machines pour
faire ce travail. C’est la seule qui ait été exposée. Elle produit 900 kilogrammes de paille de bois par
dix heures de travail. Les bois à travailler ont 0 m. 65 de longueur et se placent par quatre madriers
de sapin à la fois sur la machine. Le couteau est cannelé et son affûtage est aussi facile cpie celui des
couteaux droits. Les couteaux sont inclinables. 11 reste à la fin de chaque opération des réglettes de
0 m. o4 sur 0 m. o4. Le bois n’est pas griffé sur la machine; il est maintenu horizontalement et ver¬
ticalement par des presseurs. On peut facilement arrêter la marche de la machine et changer en
marche l’épaisseur des copeaux ;
20 Une machine à trancher le bois. C’est aussi la seule machine à trancher que nous ayons eu à
examiner. Celte machine peut trancher du bois de om. 35 x om. 35 et 1 mètre de longueur. Elle a une
disposition particulière qui donne d’une façon simple un double mouvement au couteau qui permet
de trancher jusqu’à 0 m. 00 5 d’épaisseur; un système de double bielle, équilibrant le mouvement du
chariot, peut donner un mouvement très rapide et permet de produire vingt-cinq feuillets à la mi¬
nute;
3° Une toupie ou machine à moulurer, à amenage automatique à cylindres pouvant s’enlever ou se
mettre en place facilement. Les paliers du bas forment boîte à huile et les paliers supérieurs ont une
circulation d’huile automatique;
4° Une machine à blanchir et moulurer passant 0 m. 12 de hauteur sur 0 m. 08 d’épaisseur,
vitesse de 5 mètres à la minute. Le porte-outil est mobile et fait d’une seule pièce;
5° Machine à façonner les formes de sabots, crosses de fusil.
Cette machine peut aller jusqu’à 0 m. 4o de longueur; l’embrayage et le débrayage se font auto¬
matiquement ;
6° Une scie à ruban , poulies de 0 m. 80. Elle présente cette particularité, qu’elle a des paliers grais¬
seurs à réservoir d’huile et que les coussinets à rotules déterminent l’axage automatique des deux
coussinets ;
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION.
449
70 Un tour parallèle à touche. Le modèle tourne, ce qui permet de faire des angles et parties sail¬
lantes très fines ;
8° Une meule en grès à affûter, chariot automatique. Le travail d’affûtage se fait en dessous pour
donner plus de mordant au fil;
90 Une machine à tenons simples ou doubles et une machine # mortaiser et équarrir complètent
cette exposition.
Dans la classe 49, materiel agricole et forestier, nous avons eu à examiner :
i° Une scie alternative à une lame sur le côté. Le mouvement d’avance du chariot est continu. La
lame, affûtée quatre dents dans un sens, quatre dents dans l’autre, travaille en descendant comme
en montant. Le chariot diviseur est en fer et placé en dehors. La bielle est attachée au milieu du cha¬
riot pour en diminuer la longueur; elle peut faire 1 m. 5o d’avancement à la minute;
20 Une scie alternative pour bois de 0 m. 5o, a plusieurs lames. Les lames ont 0 m. 55 de course
et font 200 coups a la minute;
3° Une scie alternative a cylindres a 2 madriers. Les lames font 3 00 coups à la minute; elles
11’ont pas de nez. Leur affûtage est comme le précédent. L’inconvénient de ces lames est qu’il 11e
peut se faire mécaniquement et qu’il faut un très bon affûteur, bien habitué à ce genre de denture,
pour pouvoir se servir de ces machines.
Dans le pavillon Forestier nous avons examiné :
i° Une scie circulaire transportable, bâtis en bois, diamètre de la lame 1 m. 20; l’amenage du
bois se fait par une corde. Elle est montée sur deux roues. Les supports du chariot reliés à la ma¬
chine par des coulisses permettent de les éloigner a volonté suivant la longueur des bois à scier;
20 Scie verticale montée sur roues, chariots spéciaux à griffes pour l’entraînement du bois a
scier, permettant de débiter les blocs dans toute leur longueur, sans aucune reprise.
Cette machine se fait sur deux modèles, bois de 0 m. 5o ou de 0 m. 70 de diamètre. La machine
est montée sur 4 roues. Le bois est porté sur 2 wagonnets qui roulent sur une voie de chemin de
fer ; l’avance de ces wagonnets se fait par une chaîne. Le bâti est en bois ;
3° Une machine à abattre les arbres et tronçonner. La lame de scie est montée directement sur la
tige du piston à vapeur.
Cette machine a déjà été exposée en 1878 par la maison Ransonne; M. Arbey est concession¬
naire en France du brevet de cette machine.
M. Guillet.
La maison de M. Guillet père, secondé par ses trois fils, a fait de très grands progrès depuis 1878 ,
comme construction de machines.
Les outils spéciaux, auxquels M. Guillet père a beaucoup travaillé, ont été un peu laissés de côté
et la partie mécanique , par contre , beaucoup améliorée. Les machines sont mieux conçues , mieux dé¬
finies et le prix de vente est néanmoins très bon marché. Nous avons retrouvé, comme en 1878, la
série de 6 machines à faire les galoches et permettant de faire avec 5 hommes 1,000 paires de ga¬
loches par jour. Cette série de machines comprend :
i° Une machine à creuser, machine à raboter l’intérieur, machine à faire la rainure, deux tou¬
pies doubles;
20 Une machine à affûter les fers de raboteuse jusqu’à o m. 67 de longueur;
3° Une scie à ruban à poulie de 0 m.90 pour le chantournement avec bâti d’une seule pièce;
4° Une raboteuse de o m. 60 de large, 0 m. i4 d’épaisseur, à amenage continu au moyen de
cylindres presseurs. La vitesse d’avance du bois est variable. La table est mobile. Le porte-outil en
acier porte deux couteaux droits et tourne dans des paliers graisseurs avec coussinets en bronze ;
Groupe VI. — iv.
29
450
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
5° Une machine à mortaiser horizontale, avec chariot porte-bédanes. Les mèches sont hélicoïdales
et coupent de côté. Sur cette mortaiseuse peut se placer un appareil pour mortaiser les moyeux de
roues de voitures;
6° Une machine k faire les moulures pour bois de o m. 12 de large sur o m. 08 d’épaisseur;
70 Une machine à raboter en dessous de 0 m. 4o de largeur. La table en deux pièces 11e descend
que d’un côté du porte-outil de l’épaisseur du bois k enlever k chaque passe;
8° Une machine k raboter k amenage continu pour bois de 0 m. 4o de largeur sur o m. i5 d’é¬
paisseur ;
90 Une scie circulaire k axe mobile, lame de o m. 5o ;
io° Une machine k façonner 4 rais de roues de voitures k la fois.
Il faut sept minutes pour faire une passe de o m. 55 de longueur. Un seul type placé au milieu
de la machine; un débrayage automatique arrête la machine en temps voulu;
ii° Une scie k cylindres k ruban, ayant des poulies de 1 m. 10 pour dédoublage des madriers et
autres pièces équarries jusqu’à 0 m. 5o de hauteur. Les cylindres cannelés ont une vitesse variable
suivant le débit. Un guide k cylindres est placé sur la table k une distance de la lame égale k l’épais¬
seur k obtenir. Tout l’appareil d’entraînement peut être facilement démontable pour laisser la table
libre pour les sciages et chantournements k la main;
12° Une scie k grume k ruban, chariot de 0 m. 4o, poulies porte-lames de 1 m. 2 5 de diamètre.
L’embrayage pour l’avancement du chariot est k grilfes ; le retour du chariot est k grande vitesse.
Le chariot est en dehors de la lame et est tout en fer. Les longrines du dossier sont en bois ;
i3° Un tour parallèle k touche k reproduire pour manches de fourches, de pelles, de balais; il
peut faire jusqu’à 2 m. 7b de longueur. Sur le chariot est posée une lunette qui sert k la fois à
tourner cylindriquement et k maintenir la pièce de bois. C’est derrière cette lunette que se trouve
l’outil qui, monté sur un support oscillant, termine le travail conforme k un gabarit en bois ou en
tôle , fixé par ses extrémités sur les poupées ;
i4° Une machine k raboter k quatre faces pour bois de o m. 20 X o m. 08. Le bois est entraîné
d’une façon continue par quatre cylindres mis en mouvement par des engrenages. Ceux de dessus
sont cannelés et, au moyen d’un volant, peuvent monter ou descendre.
La vitesse d’entraînement varie de 3 k 9 mètres k la minute ; un débrayage permet l’arrêt instan¬
tané de l’avancement. Toute la partie de la table placée au devant de l’outil horizontal du dessous
monte et descend k volonté pour régler l’épaisseur du bois k enlever.
Les porte-outils des toupies peuvent recevoir des lames droites ou des outils circulaires spéciaux
k la maison Guillet;
i5° Une machine k raboter sur trois faces pour bois de 0 m. 33 sur 0 m. i4 d’épaisseur.
Cette machine ne diffère de la précédente que par la suppression de l’arbre horizontal porte-outils
rabotant les bois en dessous ;
160 Une machine k bouveter de 0 m. 33 de largeur sur 0 m. o4 d’épaisseur, pour le parquet de
chêne. Elle est spécialement destinée k faire !a languette et la rainure dans les planches rabotées sur
une ou deux faces.
Les arbres verticaux sont mobiles ; les outils employés sont des outils système Guillet. Le bois est
entraîné par des cylindres presseurs k des vitesses variables;
170 Une machine k tenons et k enfourchements et k faire les plates-bandes. Le travail est obtenu
par des plateaux porte-outils placés sur un arbre vertical et que l’on peut écarter k l’épaisseur voulue
par des rondelles.
En remplaçant les outils droits par des outils profilés, on obtient des tenons dont les arasements
sont moulurés.
Une toupie termine la série des machines exposées par la mais.011 Guillet.
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION.
/i 5 1
Enfin MM. Guillet ont montré au jury des médaillons en bois sculpté faits à la machine. Malheu¬
reusement, cette machine qui devrait être très intéressante, n’était pas exposée, et nous n’avons pu
voir que les échantillons de son travail.
MM. Despine et Achard.
MM. Despine et Achard ont succédé, en 1882 , à M. Quétel-Trémois qui avait une spécialité pour
les machines à faire le parquet. Ces messieurs ont augmenté la fabrication de différents types de
machines :
i° Une machine à raboter sur quatre faces. C’est une ancienne machine Quétel transformée. Le
réglage des outils est simplifié de façon à passer rapidement d’une dimension de bois à une autre.
Le tirage de la courroie appuie sur la traverse des bouvets au lieu de tirer dessus.
Les arbres sont munis de porte-outils à trois branches très courts, tournant de 3,5oo à 4, 000
tours, sans échauffement. La production de la machine est de 45o à 600 frises de sapin à l’heure;
son avancement est de 5 mètres à la minute dans du chêne. Elle peut passer des bois de 35 x 12.
Les engrenages accouplés par paires pour la commande des cylindres d’amenage permet de diminuer
le temps qu’il fallait pour changer les engrenages du système Quétel à chaque changement d’épaisseur
de bois.
Sur les toupies, on a adapté des porte-outils a disques garnis de mollettes coupantes d’un système
breveté pour permettre d’augmenter encore la production de la machine ;
20 Une raboteuse pour grandes épaisseurs pouvant raboter les bois de 0 m. 4o de large sur
0 m. 27 de hauteur et permettant de raboter les madriers sur champ;
3° Dégauchisseuse rifleuse. — La table d’entrée du bois est en deux pièces, formant ainsi deux
tables à niveau variable et indépendant l’un de l’autre. La table la plus rapprochée de l’ouvrier se
règle pour enlever d’un seul coup une forte épaisseur de bois, 0111.002 à om. oo3; quand le gauche
du bois a ainsi disparu, on termine la pièce à dégauchir sur la table de droite qui n’a qu’un désa-
fleurement très petit pour donner le dernier coup de planchage. Cette machine fait passer du bois
de 0 m. 4 o de large;
4° Moulurière droite. — Cette machine peut passer du bois de 0 m. 20 sur 0 m. 17 d’épaisseur.
L’arbre du porte-outil est rond et permet d’employer des fers à moulures ordinaires de toupie. L’ame¬
nage du dessus et du dessous sont commandés. Cette machine est très bien étudiée et doit rendre de
grands services;
5° Scie circulaire à axe mobile n’offrant aucune particularité;
6° Machine à tenons et à moulures à trois faces. Ces deux machines ont été étudiées en vue de la
fabrication des portes et fenêtres. Les porte-outils se composent de disques en fonte, fer, acier ou
bronze munis de trous a leur circonférence. Les outils tranchants sont des mollettes circulaires en
acier fixés sur les disques par un boulon central. Ces mollettes, défoncées à la meule et affûtées, sont
les outils tranchants du porte-outils. Faites au tour, elles peuvent être fabriquées à tous les profils
usuels, soit à tranchant rectiligne ou profilé, s’il s’agit d’un tenon à arasement, et droit ou profilé.
Les disques de tenonneuses sont d’un grand diamètre et ont un dévers suffisant pour obtenir le
dégagement immédiat de l’outil aussitôt que chaque mollette a travaillé.
Pour la moulurière, les disques sont plus petits et le dévers est obtenu par un évidement circu¬
laire oblique pour chaque mollette. Ceci permet de donner aux mollettes des dévers dans les deux
sens. Le réglage du tranchant des mollettes sur les disques se fait au moyen d’une pige ou compas
passant par le centre du disque et du boulon de serrage de la mollette. L’extrémité de la pige porte
un talon contre lequel on peut faire buter le tranchant de la mollette.
L’amenage de la moulurière est disposé de façon à pouvoir faire du bois très court;
29.
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
452
t
70 Machine à dérouler le bois de placage. — Cette machine sert a faire le déroulage du placage
destiné à remplacer les papiers de tenture; mais elle a été aussi étudiée dans le but de la fabrication
des allumettes et des boîtes d’allumettes. Le porte- couteaux est muni d’un système de traceurs qui est
variable avec les dimensions des allumettes ou des boîtes.
Pour faire les allumettes qui ont o m. 002 à 0 m. 002 1/2 d’épaisseur, on déroule un copeau de
plusieurs mètres de longueur ayant l’épaisseur voulue. Ces bandes superposées sont ensuite montées
par paquets sur la machine à débiter qui, par un mouvement de guillotine, les coupe à leur dimen¬
sion.
Pour faire les boîtes d’allumettes, les traceurs divisent les copaux au déroulage; des traceurs
intermédiaires, réglés avec précision, tracent les arêtes du collet de la boîte; ces copeaux vont ensuite
a une débiteuse qui les guillotine en paquets à la longueur de ces boîtes. Le mouvement transversal
alternatif du couteau donne un tranchage beaucoup plus net lorsqu’on déroule des copeaux épais.
Cette machine, vendue déjà plusieurs fois, bien quelle n’existe que depuis 1888, paraît très bien
marcher.
Cette maison expose encore une machine à dégauchir le bois de 0 m. 60 de largeur, dont l’arbre
porte-couteaux est commandé aux deux extrémités. Enfin une machine à mortaiser horizontale et une
scie à ruban sur lesquelles il n’y a pas de particularités à relever.
MM. Pezant frères , à Maubeuge.
MM. Pezant frères ont une série de machines beaucoup plus complète qu’à l’Exposition de 1878.
Leurs machines de scierie sont d’un prix extrême de bon marché; mais, bien que quelques machines
soient assez bien traitées, en général la construction laisse à désirer. Ces messieurs estiment que le
bon marché de leurs machines tient aux causes suivantes : pas d’ingénieurs ni de dessinateurs, ces
fonctions étant remplies par les deux associés aidés de leurs fils; contiguïté d’une gare qui permet
d’avoir peu de transport par voitures à l’arrivée des matières premières et à l’expédition; outillage
des ateliers très puissant et très perfectionné permettant de réduire la main-d’œuvre; ouvriers d’un
pays très industriel qui sont adroits et actifs; fonderie de fer et de cuivre dans l’établissement, donnant
les pièces de fonte à un prix très bas ; proximité de forges et laminoirs et de houillères donnant les
matières premières à très bon compte.
Dans les machines à bon marché, la colonne ne porte pas directement l’arbre porte-poulie de la
scie. Il est placé à l’extrémité d’une pièce de fonte cylindrique venant s’ajuster dans le bâti. Ces ma¬
chines sont très légères :
i° Une scie à ruban à cylindres, poulie de 1 m. 10;
20 Une scie à cylindres, poulies de 1 mètre;
3° Une scie à ruban, poulie de 0 m. 90, à chantourner ou avec un appareil d’amenage pour dé¬
doubler les madriers ;
4° Une série de scies à ruban avec poulies de 0 m. 60 à 1 mètre de diamètre;
5° Une machine à tenons et à enfourchements. Cette machine peut faire des tenons simples de 5
à 3o millimètres et les enfourchements de 25 à 35 millimètres;
6° Scie circulaire avec machine à quatre faces; elle fait du bois de 0 m. 2 5 de large sur 0 m. 12
de haut; la vitesse d’avancement est de 4 m. 5o à la minute;
70 Un menuisier universel;
8° Une machine à raboter de 0 m. 3o sur 0 m. 12;
90 Une machine à dégauchir ou raboteuse au-dessous de 0 m. 45 de largeur;
io° Une machine à mortaiser;
ii° Une toupie ordinaire.
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION.
4 53
M. Zang, à Paris.
Cette maison expose pour la première fois des machines à bois.
Ces machines sont bien dessinées; leur construction est bonne.
i° Une machine à mortaiser qui présente la particularité d’être tout inclinée pour que l’ouvrier
puisse mieux voir son travail sans être obligé de se courber comme dans les machines horizontales ;
l’équarrisseur est mû h la main ou mécaniquement. La pression sur une pédale ou sur un levier ver-
lical produit la mise en marche ou l’arrêt instantané de cet équarrisseur. La transmission intermédiaire
se trouve placée à l’arrière du bâti pour éviter l’emploi d une poulie toile sur l’arbre porte-outil. Les
mèches à triples cuillers et les équarrisseurs à six coupes sont brevetés et spécialement disposés pour
cette machine;
2° Une toupie, arbre de o m. o4. La montée de l’arbre de la toupie se fait par un volant placé
sur le côté de la machine. Le banc de la toupie, dans le cas d’amenage continu, est en fer;
3° Une scie circulaire à axe mobile. Le chariot porte-lame se meut suivant une ligne inclinée par
rapport à la table. La direction moyenne de la courroie est donc oblique, ce qui permet une trans¬
mission peu élevée du sol. La montée du chariot porte-outil se fait par un volant placé sur le côté
du bâti. Le guide parallélogramme est à double articulation, ce qui assure le parallélisme dans toutes
les dispositions et permet d’utiliser la largeur presque entière de la table ;
4° Une scie alternative à découper;
5° Deux scies à ruban à chantourner. L’interposition d’un ressort entre la tête du bâti et la vis de
rappel du chariot assure la tension de la lame dans toutes les positions de ladite lame. Les guide-lames
sont formés d’ime petite poutre métallique ;
6° Une machine à tenons. Dans cette machine, le chariot vertical est équilibré par un contre-poids
placé à l’intérieur du bâti. La manœuvre du chariot se fait par un volant placé sur le côté. L’arbre
porte-outils est en acier et peut recevoir un ou plusieurs couteaux ou disques à couteaux ;
7° Une scie alternative à découper, à balancier, termine cette intéressante série de machines.
M. Marquet , à Paris.
M. Marquet, qui avait une scierie mécanique à Paris, a créé un atelier de construction de machines-
outils à travailler le bois comme annexe à son premier établissement.
Pour la première fois, il expose de ses machines dont suit la nomenclature :
i° Une scie à découper, poulies de o m. 70 de diamètre;
2° Une scie à ruban ayant des poulies de 1 m. 10 de diamètre, pouvant scier du bois de 0 m. 4o
de hauteur;
3° Une scie à ruban de 1 mètre de diamètre;
4° Une scie à grume, chariot à agrafes, ayant des poulies de 1 m. 25;
5° Une toupie.
M . Messaïn, a Vaucouleurs.
Cette maison , qui expose aussi pour la première fois , nous montre surtout des outils de charron¬
nage :
i° Une machine à mortaiser. Sur cette machine se montent différents appareils pour les travaux
suivants : a, un appareil diviseur pour faire les mortaises des moyeux de roues de voitures; b, un
appareil pour raboter d’équerre et au cintre voulu l’intérieur des jantes; c, un appareil à faire les
broches rondes ou carrées des rais; d, un appareil pour façonner les rais suivant un modèle quel-
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
/i5/i
conque; e , un appareil pour enlever complètement les tenons, soit aux rais, soit à toute autre pièce
d’équerre ou obliques, d’un seul coup. Cette machine peut trouver son emploi dans de petits ate¬
liers;
2° Une toupie, un tour à bois, une machine à dégauchir, une scie circulaire à axe mobile, une
sauteuse, une scie à ruban (poulie de o m. 60), une machine à tenons et à mortaiser.
M. Goin , à Barcelonnette.
M. Goin expose un tour à bras pour faire les rais des roues de voitures.
M. Baudouin , à Alger.
M. Baudouin expose, à l’esplanade des Invalides, une machine en bois à araser les lames de per-
siennes au moyen de deux lames de scies circulaires inclinées.
Il est regrettable que cette machine intelligente n’ait pas fonctionné.
M. Mèlis, d’Algérie.
M. Mélis présente une scie alternative à découper le bois, qui marche à la pédale.
M. Tiersot, à Paris.
Les machines-outils à découper le bois h la main , pour amateurs bien plus que d’un usage indus¬
triel, sont exposées en grand nombre; nous allons les passer en revue.
M. Tiersot est certainement , dans ce genre de spécialité, celui qui a le plus grand nombre de
machines et de modèles différents. Tontes les machines que nous allons examiner sont mues à la
pédale ou au pied.
M. Tiersot fait un chiffre d’affaires considérable. Le premier, il a édité un traité de dessin pour
découpages d’amateurs (environ 2,000 dessins parus), qui se publie mensuellement. Il a également
tarifé et lancé les bois polis de toute épaisseur et de toute essence pour les amateurs ; sur certaines
machines , on peut découper jusqu’à 0 m. 1 0 de hauteur. Les types des machines sont très variés :
machines à bras, doubles, pour éviter les déviations de la lame de scie à droite ou à gauche; machines
à balanciers, machines rectilignes à glissières, à ressorts ou à balanciers, machines guéridon porta¬
tives , machines combinées avec tour, scies circulaires , machines à percer, scies à ruban à pédale ou
à bras ; tours pour le bois ou le fer, machines à découper démontables pour officiers. Cette maison
tient aussi un grand assortiment d’outils pour les machines.
M. Lemelle, à Paris.
M. Lemelle expose aussi une série de vingt-six modèles différents de scies alternatives. 11 publie
également un journal de dessin intitulé : Le Guide de V amateur.
Pour un grand nombre Jle ces machines , les tables sont à coulisses pour permettre au découpeur
de replacer la scie dans la mâchoire inférieure sans avoir à se baisser ou à se déplacer.
La pédale bielle à coulisses mobiles s’adapte à toutes les machines à main. Une machine nouvelle ,
créée pour l’Exposition, se compose d’une perceuse, d’une scie circulaire, meule émeri, tour mobile,
table inclinable des deux côtés pour les coupes obliques; elle fonctionne au moyen d’un ressort dit
tendeur , glissant sur galets; ces machines sont brevetées et à serrage instantané. 11 fabrique égale-
CONFECTION DES OBJETS DE tYIOBILIER ET D’HABITATION.
455
ment un petit tour à bidet; hauteur de pointes : o m. 09. Il vend 35 francs la poupée-support et
contre-pointe.
M. Gaasse, à Paris.
M. Gaasse a présenté au jury plusieurs types nouveaux de machines à découper qui présentent
plusieurs particularités. La lame de scie est tournante, ce qui permet, malgré le peu de volume de la
machine, de découper des pièces de 0 m. 90 de largeur sur une longueur indéfinie. La tension de la
lame s’établit par un excentrique et se trouve toujours régulièrement forte. Son mouvement est à
glissières, et la lame de scie est toujours obligée de venir prendre sa place au centre des mâchoires.
Dans une autre machine, le ressort servant à la tension de la lame est réglable; le bras supérieur
est à levier, ce qui, dans les grandes pièces, facilite le placement de la lame.
La machine à percer s’arrête ou se met en mouvement à l’aide d’un embrayage à cliquet, sans
avoir besoin de mettre ou de retirer la corde ou courroie.
M. Chonet, â Brioude.
M. Chonet expose une série de machines à découper à la pédale. Il édite aussi un ouvrage intitulé :
Les Récréations utiles à tous.
Il expose encore un petit tour à bidet, des spécimens de bois débités pour découpages d’amateurs
en 0 m. oo3, 0 m. oo5 et o m. 007, et une série de lames de scies alternatives.
MM. Dubreuil frères .
MM. Dubreuil frères exposent des scies à découper marchant à la pédale et des outils d’amateurs
nickelés , plus une collection de dessins pour découpages.
Une de ces scies à découper, la puissante, présente quelques nouveautés. Le bras supérieur de la
machine est articulé; le fonctionnement des glissières se produit dans des galets mobiles en bronze,
de sorte que, s’il se produit du jeu, il suffit, pour le gagner, d’avancer les galets. Les reports de
tension sont faits avec plusieurs lames d’acier indépendantes; de façon que, suivant le travail à exé¬
cuter, 011 peut retirer une ou plusieurs lames et graduer ainsi la tension. Un petit ressort, placé à la
partie inférieure de la mâchoire du dessus, permet d’avoir toujours une tension de la lame de scie
très régulière, sans être obligé d’appuyer avec la main sur le ressort supérieur. Aussitôt la machine
en marche ? le ressort se déclanche de lui-même. Cette machine a o m. 07 de course et peut faire des
bois de 0 m. oo5 à 0 m. oh d’épaisseur.
Il expose aussi une petite meule double en grès des Vosges, et meule à l’émeri. Ces meules ont
0 m. 10 de diamètre et tournent à grande vitesse.
M. Mignot.
M. Mignot expose une machine à découper qui est exactement celle de MM. Dubreuil.
MM. Douis et Robert.
Ces messieurs présentent un appareil, dit anti-pédale, s’adaptant à toutes les machines h coudre, h
tourner et à scier. Cet appareil se compose de crochets placés à l’extrémité de leviers assez longs et
verticaux. Sur ces crochets sont placés les pieds qui les poussent en avant. Le pied n’exécute pas de
mouvement, ce sont les genoux et la hanche qui font tout l’effort par l’allongement de la jambe pour
456
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
faire manœuvrer ces leviers. L’action des leviers est portée sur un ressort récupérateur qui se tend
sous l’influence du travail et rend ensuite à la machine la force qu’il a reçue.
L’application de cette pédale est surtout intéressante pour les machines auxquelles sont employées
des femmes.
MM. Martin et Cie.
Ces messieurs ont apporté à l’Exposition une machine à mortaiser horizontale, mue a bras. Sur la
même ligne que le bédane se trouve un appareil à percer complètement indépendant et servant au
passage du bédane dans le bois. Un dégorgeoir vient ensuite finir le travail. Un autre appareil vient
aussi se placer sur la machine pour faire les tenons ; un autre sert à faire les trous ovales dans les
lames de jalousie. Par un simple changement d’outil, on peut araser les lames de persiennes et leur
donner le coup de gouge. Cette machine est bien dessinée et bien faite.
Une machine à mortaiser verticale, qui est la même combinaison d’outils que les premiers: mais ils
sont tous réunis sur la même ligne et permettent de faire la mortaise d’un seul coup.
Une scie alternative à découper à axes mobiles. Dans ce système, c’est la lame de scie placée à
l’extrémité d’un bras qui évolue dans tous les sens. Le bois a découper est fixé sur la table. Pour la
découpure fine , on adapte un support au niveau de la table évoluant dans tous les sens et obéissant
par le plateau de commande. Une pédale a double articulation actionne la scie.
Ml. Brehieii.
M. Brehier expose des tables à chauffer le bois pour le coller ou le sécher. Ce sont des tables
creuses en tôle qui peuvent résister à i3 atmosphères de pression et qui sont chauffées par une cir¬
culation de vapeur.
L’inconvénient de ces tables est de n’être applicable que dans les grands ateliers qui ont de la va¬
peur; mais c’est surtout dans les petits ateliers, où il y a des sorbonnes qui sont un danger constant
d’incendie, qu’il faudrait qu’on puisse les employer.
M. Buisson.
M. Buisson expose une série de moulures en sapin de dimensions différentes, jusqu’à o m. 06
d’épaisseur.
M. Collet.
M. Collet a montré une machine à faire les chevilles en bois, au moyen de deux couteaux hori¬
zontaux et convergents qu’un levier oscillant anime de déplacements alternatifs.
Les couteaux sont à réglage facultatif et facilement démontables pour l’affiitage ; pour les chevilles
carrées, deux coups de levier sont nécessaires , puisque, à chaque coup , on fait a faces. Pour fabriquer
des chevilles à huit pans, on dispose sur la table qui reçoit le bois fendu à l’avance un V dont les
faces sont à angle droit et dans lequel on vient placer la cheville par un de ses angles , avec a fers
profilés au lieu de fers droits. On peut aussi faire par le même procédé des coins de chemin de
fer.
M. Deschamps.
M. Deschamps expose une machine mue à la main pour faire les cadres. Les moulures sont mon¬
tées sur un plateau et serrées sur ce plateau dans la situation que doit avoir la coupe. La lame de
scie circulaire qui coupe est guidée par des lames de caoutchouc.
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION.
457
Un appareil de serrage avec vis , très bien imagine' , sert à maintenir assemblés les bois collés.
Une scie circulaire au pied avec guide inclinable pour scier sur doutes pentes.
M. Larve.
M. Larue présente une machine avec bâti en bois pour scier les lames de parquet, soit à l’atelier,
soit au bâtiment. Cette machine est mue à bras.
M. Rotüenbusler.
M. Rothenbusler expose une bondonnière ou outil à percer les trous circulaires légèrement co¬
niques pour recevoir les bondes de tonneau. C’est une lame droite conique.
Il présente aussi un jabloire à 7 outils, permettant d’augmenter ou diminuer très rapidement le
diamètre et la profondeur des jables sans employer de marteau. Pour changer les 7 lames, il suffit de
défaire avec une clef la vis centrale de l’appareil.
M. WlSSÉE.
M. Wissée a fait fonctionner sous les yeux du public une fabrication mécanique de bois de cannes
et de manches de parapluies, qui se compose :
D’un tour servant à faire les broches en fer ou vis; on s’en sert dans les deux sens, suivant qu’on
emploie la corne ou le métal. On peut faire 1,200 cannes par jour sur ce tour; *
D’un four à redresser les bois bruts, qui est chauffé au gaz, à la vapeur ou au charbon. Ce four
est entouré de sable pour conserver sa chaleur. Ce sable sert aussi à redresser les bois des îles les
plus durs. Deux bouches d’échappement de chaleur permettent de redresser les coudes les plus
durs et les jarrets les plus accentués;
D’une machine à laver, polir et vernir. Elle se compose d’un tampon de buffle imbibé d’eau et de
ponce qui a un mouvement de va-et-vient. Un autre tampon garni de toile verrée sert à polir ; un
troisième applique le vernis. C’est le système du vernis au tampon fait mécaniquement. Les vernis
employés sont formés de gomme laque , d’alcool , et ne s’altèrent pas à l’eau.
M. Mougeotte.
M. Mougeotte a présenté une machine marchant à bras ou à la pédale et composée d’une scie à
ruban à poulies de o m. 60, scie circulaire.
Poupée pour mortaiser les moyeux se transformant en un tour, faisant les pattes et les broches
rondes ou carrées des rais de roues de voitures ; faisant la moulure et pouvant percer.
Une autre machine semblable, mais mue par un moteur. La scie à ruban a, dans ce cas, des
poulies de 0 m. 70 et, de plus, une défonceuse. Le débrayage de la défonceuse se fait par un cône
de friction.
MACHINES À AFFÛTER LES LAMES DE SCIES.
Plusieurs exposants ont présenté des machines pour raffûtage des lames de scies :
. M. Berthoin.
M. Berthoin présente une machine fonctionnant à la main ou au moteur. Elle affûte au moyen du
tiers-point. Elle donne la voie et la rectifie. La lime se dégage du crochet de la dent comme à l’affû-
458
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
tage à la main. Elle peut affûter des lames de o m. oo5 à o m. 090 de largeur et de o m. 002 à
à 0 m. o3o d’écartement de denture. Elle permet aussi l’affût des lames de scies circulaires jusqu’à
0 m. 85 de diamètre. Elle peut affûter de 80 à 90 dents à la minute.
M. Martinac.
M. Martinac, qui avait déjà exposé en 1878 une machine à affûter, en a apporté plusieurs :
1 0 Une machine à affûter au tiers-point et qui donne la voie. Cette machine affûte de 60 à 80 dents
à la minute; elle peut affûter des lames de 0 m. 002 à 0 m. 120 de largeur et de 0 m. 001 à
0 m. 025 d’écartement de denture. Cette machine corrige les mauvaises divisions et reprend les dents
cassées;
20 Une machine à affûter les scies circulaires à la meule d’émeri. Le support qui tient la lame
oscille sur lui-même à droite et à gauche, et donne ainsi automatiquement le biseau à l’affût;
3° Une machine à affûter à la meule les lames droites de scies;
4° Une machine à affûter les lames de scies à ruban à la meule; dans cette machine, la voie est
donnée avant l’affût.
MM. P r at frères.
MM. Prat frères présentent une machine à affûter au tiers-point qui donne la voie en même temps.
Le tiers-point touche la dent à affûter dans toute sa longueur.
Ces messieurs ont aussi exposé une scie à ruban à table inclinable, poulies de 0 m. 60, bâti en
fonte, marchant au bras, à la pédale ou au moteur. Elle ne présente aucune particularité.
M. Galabrun.
M. Galabrun expose une machine à affûter les lames de scies à ruban, lames droites ou circulaires
à la meule d’émeri.
Cette machine est du système Rolland; elle a été vendue un grand nombre de fois, ce qui paraît
indiquer un bon fonctionnement.
C’est une des premières machines à affûter ayant donné des résultats pour l’affûtage des lames de
scie à la meule d’émeri.
MM. Panhard et Levassor.
La maison Panhard et Levassor a exposé aussi une machine à affûter à la meule d’émeri les scies
à ruban.
Elle est indiquée dans la nomenclature des machines exposées par cette maison.
M. Konow.
M. Konow présente une affûteuse de M. Hansen, du Danemark. Elle fait 80 dents à la minute.
L’affût est donné au tiers-point; elle donne la voie.
Nous ferons remarquer que nous croyons les affûteuses à la meule préférables, comme
usage, à celles au tiers-point pour les lames larges; mais, pour les lames étroites,
l’affûtage au tiers-point est préférable et le seul pratique.
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION,
/i 59
MACHINES A COUPER LE LIÈGE ET À FAIRE LES BOUCHONS.
Quatre exposants ont apporté ce genre de machines qui diffèrent peu entre elles :
M. Barbe.
M. Barbe a envoyé une machine qui n’a pas été montée. Cette machine est disposée pour pouvoir
faire des bouchons de o m. 001 de diamètre à une extrémité et o m. oo5 à l’autre, servant à fer¬
mer les tubes contenant les dépêches par pigeon voyageur; elle coupe les bouchons de o m. 18 de
diamètre , pour les grands bocaux.
M. Dalonne.
M. Dalonne emploie dans sa machine un porte-lame permettant d’employer une lame très mince
qui ne s’aiguise jamais; à peine faut-il la redresser de temps en temps.
Le guide à coulisse, placé en avant du porte-lame, permet à l’ouvrier d’avoir un point d’appui
pour placer son carré de liège. Ce guide est toujours placé de façon à effleurer les deux galets qui
tiennent le bouchon pour un diamètre déterminé. Le support dans lequel tourne l’extrémité de la
tige torse, où se place le bouchon, est à coussinet vertical, ce qui permet, même avec un diamètre
très petit du bouchon , de donner passage au guide à coulisse.
Nous ne voyons pas bien l’utilité du guide pour appuyer le bouchon.
M. Faucuet.
M. Fauchet présente une machine à couper le liège en bandes ou en carrés et une machine à faire
les bouclions. Il faut deux coups de lame pour faire un bouchon;
Et , enfin , une machine à faire les petits bouchons.
M. Nove.
M. Nove a exposé :
i° Une scie circulaire à bras pour débiter le liège en bandes. La lame de scie est à biseau et
s’affûte d’elle-même par son frottement sur des meules émeri.
Un guide sert à donner l’écartement voulu à la bande de liège. Elle peut débiter 1,000 kilo¬
grammes de liège par jour;
20 Une machine à couper le liège en carrés. Par une disposition particulière, les carrés sont triés
immédiatement suivant leurs dimensions. EHe peut faire 8,000 carrés par jour;
8° Un tour à faire les bouchons ayant déjà figuré à l’Exposition de 1878, mais perfectionné depuis
cette époque et pouvant faire 6,000 bouclions par jour;
4° Une machine à compter les bouchons.
Cette machine en compte 20 ou 3 4 à la fois et aussi bien les bouchons coniques que les cylin¬
driques. Elle peut en compter 5o,ooo à l’heure. Un compteur spécial indique le nombre de bouclions
comptés à chaque tour de manivelle. Une sonnerie indique chaque mille de bouchons comptés ;
5° Une machine à calibrer les bouchons , c’est-à-dire à les classer par grosseur. De la trémie où on
les jette pêle-mêle, les bouchons sont dirigés dans des rigoles et, de là, viennent se placer sur des
rouleaux en fer, divisés dans leur longueur en cinq compartiments; les rouleaux tournent, tandis que
460
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
les bouclions descendent. Les rouleaux les font tomber dans des compartiments réservés à leur dia •
mètre.
Cette machine peut calibrer 20,000 bouclions à l’heure.
Les lames de scies étaient exposées par plusieurs personnes : .
MM. Mongin et 0e .
La maison Mongin et Gie a, dans la classe 67, une exposition très remarquable d’outils en acier et
de lames de scies.
Nous avons remarqué une scie circulaire de 2 mètres de diamètre, 65 dixièmes d’épaisseur; des
scies circulaires et emboutées pour tonneliers ; scies circulaires à sucre ; une scie circulaire é vidée , de
1 mètre , pour le sciage des métaux ; des fraises emboutées d’une pièce pour couper le carton ; des
outils, emporte-pièces et fraises à couper le liège; des scies à ruban; des lames droites; une collection
de fers à raboter et à moulurer; des lames à quatre biseaux.
MM. Mongin et Gie ont, de plus , exposé un appareil à banc de bois pour meuler les scies droites ou
circulaires. Un appareil semblable avec bâti en fonte. Une machine à défoncer les scies circulaires.
La meule est mobile, le chariot qui porte la lame est inclinable. Elle peut affecter des lames jusqu’à
1 m. 5o de diamètre. Une forge à braser les lames de scies à ruban, une autre machine à affûter la
meule. Trois modèles de découpoirs pour scie. Des étaux et mordaches à affûter.
M. G MM AI N.
M. Gramain a exposé un tableau de lames de scies à ruban.
M. COU RM ONT.
M. Courmont a présenté des lames de scies circulaires évidées de 7 à 8 dixièmes de dégraissage,
qui n’ont pas de voie. Ges lames font un sciage si beau qu’on dirait le bois raboté. Elles ont l’inconvé¬
nient de coûter cher et de n’être guère pratiques à cause de l’excellent affûtage qu’il faut leur donner
pour obtenir le résultat qu’on a en vue.
M. P ag an 1, à Milan.
Cette maison présente un tableau de lames de scies alternatives très fines pour découpage et mar¬
queterie.
MACHINES POUR LA FABRICATION DES PRODUITS CÉRAMIQUES.
Cette industrie a pris une très grande extension. Le nombre des exposants a aug¬
menté sur l’Exposition de 1878.
M. Borie.
Cette maison a exposé une machine à percer les briques tubulaires. La brique ainsi percée dans tous
sens pèse 3o p. 100 de moins que la brique creuse.
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION.
461
Économie de transport, d’octroi, de matière première. On fait le perçage dans la brique en pâle
sèche.
La machine est nouvelle, et on ne peut encore dire quel résultat elle aura dans la pratique.
MM. Boulet et C,e.
La maison Boulet et Gie présente une machine à faire les tuiles en terre ferme. Cette machine a
déjà été exposée en 1878 , mais elle a subi des perfectionnements. Les contre-poids du rouleau du cy¬
lindre ont été supprimés. Les cylindres sont munis de vis de rappel permettant de régler leur écar¬
tement.
Les malaxeurs ont des hélices en acier; les hélices sont munies de palettes à leurs extrémités , que
l’on peut changer par suite d’usure. Une porte sur le côté du bâti permet le nettoyage ou le rempla¬
cement des couteaux. Cette machine peut faire 8,000 tuiles par jour.
Fabrication des tuiles en terre molle. — Le malaxeur à terre molle, à double commande, est armé
de couteaux démontables d’un système particulier facilitant la descente de la terre dans la cave. La
presse est à cinq pans. Elle peut produire 600 tuiles à l’heure. Il y a trois pressions successives sur
la terre au moyen d’une came.
Machines à briques à deux hélices avec un chariot coupeur universel. — Ce chariot permet de couper
les briques , planer en long ou en travers. La machine à un hélice exposée est destinée aux grandes
productions : a, 000 à 2,5oo briques à l’heure.
Une machine à brique plane dite à crémaillère marchant à la main et avec presse à rebattre. Cette
dernière, spéciale pour les briqueteries dont le séchage se fait sur des séchoirs, occupe peu de place:
0 m. 65. Enfin un mouilleur mélangeur, sorte de malaxeur horizontal, employé pour la fabrication
avec la terre en poudre.
* M. Cuambrette-Bellon.
Cette maison présente une nouvelle presse , dite presse mouleuse universelle. C’est une machine dans
laquelle le moule du haut est fixé, et c’est le pentagone qui opère le mouvement ascensionnel; on
obtient ainsi une dépression à un moment donné, permettant à l’air emprisonné dans le moule de
s’échapper. Sur l’arbre principal de la presse qui est en acier de 0 m. 120 de diamètre sont calées
deux cames de forme spéciale. Sur l’arbre du pentagone ou porte-moule sont placés deux galets de
grande dimension correspondant comme épaisseur aux deux cames. L’arbre principal se mettant en
mouvement, les cames, par leur contact avec les galets, soulèvent brusquement le pentagone, qui,
arrivant à une certaine distance du moule du haut, s’arrête et ne monte plus que très lentement
jusqu’à la fin de la course. Il permet ainsi à la terre de bien se placer dans le moule. Le pentagone
suit alors les contours des cames et laisse entre les deux moules un vide de o m. 010, remonte
ensuite au point extrême de la pression, où il est maintenu un temps assez long pour que l’achève¬
ment de la tuile soit parfait. L’ouvrier qui apporte la galette et celui qui retire la brique ont peu de
temps pour faire ces opérations.
La deuxième machine exposée est destinée à la fabrication des tuyaux à emboîtage de petit dia¬
mètre.
Cette machine est portative, montée sur deux roues. On peut faire 200 pièces par jour. Elle se
compose d’un socle sur lequel repose tout le mécanisme , et d’un cylindre dans lequel on place la
terre.
Le cylindre est en deux pièces; la filière se boulonne sur la partie du haut du cylindre qui est
mobile sur deux colonnes en fer articulées dans le bas du cylindre.
Dans cette machine, le tuyau fabriqué monte au lieu de descendre.
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
im
M. Delahaye.
M. Delahaye a présenté des machines marchant au moteur pour les usines et des machines mar¬
chant à bras pour les petites fabrications. Cette série se compose de :
i° Un malaxeur, pour travailler en terre molle, demi-molle et demi-ferme. Deux portes sur les
côtés , pour la sortie de la terre; une très grande porte pour le nettoyage ;
2° Deux appareils broyeurs malaxeurs pour la préparation des terres. Cette machine est munie de
cylindres qui brovent la terre et les pierres que cette dernière peut renfermer.
La terre broyée et laminée tombe dans une tonne en fonte placée sous les cylindres , où elle est
triturée et malaxée par des râteaux mobiles travaillant contre des rouleaux fixes.
En terre demi-ferme, elle produit de i5 à 18 mètres cubes par jour;
3° Une machine a faire directement la brique. Cette machine se compose d’un broyeur et d’un
malaxeur horizontal muni d’une hélice d’expulsion et, à la suite, d’une fibère; de sorte que, la terre
entrant dans la machine , est broyée , laminée , malaxée , et les briques pleines ou creuses , les ga¬
lettes , etc. , en sortent toutes fabriquées par le seul passage dans la machine.
Cette machine produit de i,6oo à 2,000 briques par jour;
k° Une machine à pâte molle pour briques creuses, tuyaux. Cette machine est à double effet;
5° Une petite machine pour faire à bras les tuiles mécaniques et faîtières.
Cette machine a un chariot à double elfet. Le moule se met bien en place. La vis 11e peut serrer
le moule que quand les deux verrous qui maintiennent le moule ont placé ce dernier bien en po¬
sition.
Cette machine peut faire 2,000 tuiles au moteur et i,5oo à bras, par journée de travail;
6° Une presse à bras pour les carreaux de faïence estampés avant la cuisson ;
70 Une presse à bras pour rebattre les briques. Le guidage est parfait et le reperçage s’obtient
facilement;
8° Une machine à rebattre à deux briques;
90 Une machine faisant 2,000 briques pleines ou creuses par jour et travaillant à bras ou au mo¬
teur ;
io° Une machine à faire la brique en terre sèche, dite brique belge ;
ii° Une machine en fer et fonte pour faire la même brique, mais en terre franche seulement.
Le moule est graissé à l’huile de goudron pour le démoulage ;
12° Une machine à laminer les carreaux en terre lavée, comme les carreaux de Marseille, L’un
des laminoirs est en bronze poli et l’autre en fonte à rainures pour la prise du mortier ;
i3° Une machine à estamper les carreaux, qui marche avec cette dernière.
M. Fleury.
M. Fleury est successeur de l’ancienne maison Fauconnier. Il présente :
Des machines à broyer et bluter toutes les matières sèches;
Deux meules avec cercles en fer ou acier. Les meules tournent sur un chemin en acier.
Un élévateur particulier remplace la chaîne à godet pour élever la marchandise dans le blutoir.
M. le docteur François , à Ervy (Aube).
M. le docteur François présente une machine à tuiles plates, petit modèle. Elle marche a bras.
C’est une machine Joly, avec des dispositions particulières. Elle peut faire 3o,ooo tuiles par joui
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION.
463
avec 7 ouvriers, au lieu de 10,000 avec l’ancienne machine. Elle travaille en pâte duce ou demi-
molle.
L’innovation de cette machine est dans le coupeur distributeur.
Le crochet est découpé mécaniquement dans une baguette venue de pilon et profilée à la partie
médiane de la face intérieure de la galette.
Le crochet se fait donc au moment où passe , entre les cylindres , la terre qui est coupée , par des
fds, en galette ayant la longueur nécessaire. Chaque galette se détache facilement de la suivante et,
sans quitter les rouleaux sur lesquels elle est poussée, se place sur un petit chariot, qui, par un
mouvement alternatif les donne à droite ou à gauche aux ouvriers chargés de les emporter.
Le mouvement alternatif est donné par des pédales sur lesquelles est placé l’homme qui reçoit les
galettes et, en s’appuyant sur une jambe ou sur une autre, la galette est portée à droite ou à gauche.
MM. Joly et Foucart.
MM. Joly et Foucart présentent :
i° Une machine à étirer n° 1, fabriquant 2,000 briques à l’heure; force employée : 10 chevaux.
Cette machine se compose de deux cylindres broyant la terre et les corps durs , et distribuant la
terre a deux hélices placées en dessous. Ces deux hélices, de pas contraire, tournent en sens opposé;
elles reçoivent la terre, la divisent, la malaxent et la poussent dans un récipient où la terre se
masse peu a peu en éliminant les bulles d’air.
Puis, poussée par les hélices, cette terre passe à travers deux filières en cuivre, à injection d’eau,
ou d’autres dispositions de filières , suivant les produits à fabriquer.
A la sortie de la filière , un découpeur divise la baiftle de terre en longueurs égales , mais variables
à volonté;
20 Machines nos 2 et 3 , semblables au n° 1 , mais plus petites. Un mécanisme de toile sans fin
pour emmener les produits peut permettre de faire 2,5oo à 3, 000 tuiles à l’heure.
Ces machines font aussi la brique ;
3° Une machine k faire les tuyaux. Une hélice sert de propulseur. La machine est verticale et a
une seule hélice. Les cylindres du malaxeur sont verticaux. Une toile sans fin emmène la terre tour¬
née en pains par un autre malaxeur.
La terre est placée dans une trémie inclinée vers les distributeurs.
Les distributeurs régulateurs font pénétrer la terre dans une forte hélice qui la pousse dans le
récipient suivi de la filière.
Le produit est reçu sur un plateau guidé dans son mouvement de descente et équilibré par un
contrepoids. Quand la longueur voulue de produit est sortie , le plateau rencontre un taquet qui dé¬
clanche le débrayeur. L’avancement s’arrête; 011 manœuvre le coupeur et on enlève le produit.
Pour les tuyaux à emboîtement, le calage du plateau pendant la confection de la tulipe se fait
automatiquement k la remonte dudit plateau. Elle peut produire 100 tuyaux k l’heure et pèse
3,5oo kilogrammes. Elle peut faire des pièces de 0 m. 5o de diamètre jusqu’à 1 m. 5o de lon¬
gueur.
Les filières k tuyaux k emboîtement sont en bronze k effet d’eau ;
4° Une machine à rebattre les briques qui a déjà figuré k l’Exposition de 1878 , mais perfectionnée
dans ses organes;
5° Une machine k faire les briques de béton, chaux hydraulique et sable; le sable se charge auto¬
matiquement dans le moule;
6° Une machine k faire la tuile mécanique k trois pressions bien distinctes , successives et progres¬
sives, suivies de dépression instantanée. Les pressions sont d’environ 3o,ooo kilogrammes; 2 ouvriers
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
464
peuvent faire 200 tuiles à l’heure; cette machine pèse environ 1,800 kilogrammes; une sonnerie
indique quand la troisième pression est faite.
Cette machine est très bien construite et mérite une mention particulière.
M. Welii Konow.
M. Welh Konow présente un concasseur pulvérisateur mélangeur; c’est un cylindre Asling tournant
sur lui-même. La garniture du cylindre est en porcelaine , en bois ou fer trempé. Les matières placées
dans le cylindre se pulvérisent par leur frottement en roulant les unes contre les autres. Le silex se
réduit en quatre heures en poudre impalpable. La pulvérisation se fait aussi bien par la voie sèche
que par la voie humide.
M. L API ERRE.
M. Lapierre a apporté une presse rebatteuse marchant à bras, permettant de faire 5, 000 briques
par jour. Ce qui distingue cette machine, c’est le guidage du chapeau supérieur qui se fait dans des
rainures ménagées dans l’intérieur de deux tiges isolées, sur lesquelles glissent les paliers du chapeau.
Cette disposition supprime les couperets ou douilles et empêche la terre d’entrer dans les organes de
la machine qui est aussi disposée pour permettre de remplacer toutes les pièces facilement.
MM. M ab ille frères.
MM. Mabille frères n’ont exposé qu’un modèle de broyeur. La pulvérisation se fait avec 8 pilons;
cette machine pulvérise 60 mètres cubes par jour avec une force de 4 chevaux-vapeur. Les pilons
sont accouplés deux à deux aux extrémités d’une tige traversant l’arbre principal; ils se font ainsi
équilibre pour prendre moins de force.
M. Ollagnier.
M. Ollagnier expose :
i° Un malaxeur broyeur en fer et fonte, mu par un manège et pouvant produire 7 à 8 mètres
cubes par jour ;
20 Une presse rebatteuse offrant cette particularité, que la pression se fait au centre de l’arbre
actionné par le levier, de telle façon que l’effort est d’autant plus grand que l’on se rapproche du
centre ; les guides sont pourvus de graisseurs , ainsi que le porte-galets ;
3° Une machine à mouler à bras produisant 3, 000 briques pleines ou creuses avec un ouvrier au
volant et un enfant.
M. Pi nette.
M. Finette expose la plus importante série de machines à travailler les terres et faire les briques.
Ces machines, très robustes et très bien faites, ont attiré d’une façon spéciale l’attention du jury :
i° Une presse à tuiles à terre molle produisant 5, 000 tuiles de petit modèle et 4,5oo de grand
modèle ;
20 Une presse h carreaux en terre ferme marchant au bras, faisant 5, 000 a 7,000 carreaux par
jour; cette machine, déjà exposée en 1878, a été modifiée depuis et est desservie par un homme et
trois ou quatre enfants ;
3° Une machine à étirer fonctionnant à bras ou au moteur, travaillant en terre molle; cette ma¬
chine fait 1,000 boisseaux ou 800 tuyaux de 0 m. 5o avec deux hommes. L’avantage de cette machine
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION.
465
consiste à supporter le noyau formant l’intérieur des produits par un grand boulon ou tige cpii laisse
passer la terre tout autour sans la retenir plus d’un côté que de l’autre, ce qui évite une grande
quantité de déchets au séchage;
4° Une presse à briques à rebaltre. La machine est en fonte. Le moule vient se remettre en place
exactement pour empêcher que, par la pression, il ne vienne à se mâcher;
5° Une machine à briques à une seule hélice pour briques pleines ou creuses; facilité pour le dé¬
montage et le nettoyage. Cette machine porte son malaxeur; 2 cylindres servent de distributeur et
écrasent les terres; elle permet d’obtenir une pâte bien homogène;
6° Une machine h galettes , briques pleines ou creuses , tuyaux. Cette machine peut produire 16,000
à 18,000 briques creuses, i4,ooo galettes ou briques pleines. C’est une machine à double effet; elle
sert à étirer les terres fermes; la force est de 4 à 5 chevaux.
En sortant du malaxeur, les terres sont jetées dans les trémies de la machine à galettes; elles
tombent dans la caisse à terre derrière le piston pendant son mouvement de recul et sont poussées
dans la filière lorsque ce piston revient en avant;
70 Un malaxeur se démontant par le milieu pour le nettoyage; la sortie de la terre se fait à volonté
par une ou deux ouvertures ;
8° Une presse a friction pour les fractures, toutes produisant de 3, 000 à 5, 000 tuiles par jour;
90 Une machine à vapeur demi-fixe avec chaudière verticale et machine horizontale placée au-
dessus;
io° Machine à faire les tuyaux à emboîtement, produisant 800 tuyaux par jour, jusqu’à 0 m. 55
de diamètre.
M. Rodât.
M. Rodât n’a apporté dans notre classe 57 qu’une machine à faire les pots à fleurs; c’est un tour
sur lequel on place la motte de terre sur un moule , et avec un gabarit le pot se trouve fait.
MM. Schmerber frères, à Tagolsheim (Alsace).
Cette ancienne maison, fondée en 1847 par M. Schmerber, ancien élève de l’Ecole Centrale, pour
la conversion de la ferraille en pièces de forge, 11’a commencé à s’occuper de la construction des ma¬
chines à briques et à tuiles que vers 1860.
En 1 864 , elle installa pour son compte, à Hillfurth, près Mulhouse, une importante tuilerie méca¬
nique.
Toutes les machines de cette maison sont très bien faites, très bien construites et très robustes,
grande qualité pour ce genre de machines :
i° Une grande presse à tuiles à porte-moule inférieur pentagonal.
Cette machine est spécialement destinée à la fabrication en terre plastique des tuiles à emboîte¬
ment au moyen de moules garnis de plâtre. Les moules peuvent être changés rapidement. Elle fait
600 tuiles à l’heure , et la force employée est de 1 1/2 cheval-vapeur. La pression est obtenue par
une came, de façon à être graduée, rapide au commencement et lente à la fin.
Le mouillage du moule se fait à l’eau au lieu d’huile.
Cette presse fonctionne à plus de cent exemplaires, notamment à la briqueterie Muller, à Ivry, et
Brault, à Choisy-le-Roi;
20 Petite presse à tuiles fournissant jusqu’à 25o pièces à l’heure, à pression par excentrique et
moules inférieurs sur chariots.
Cette machine peut fonctionner à bras ou au moteur. Après chaque pression, le moule supérieur
s’arrête automatiquement en haut de sa course.
3o
Groupe Vf. — iv.
1MPR]
CRIE NATIONALE,
466
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Les ouvriers ont , par suite , le temps de retirer le chariot avec la tuile montée et de pousser dessus
l’autre chariot portant une galette.
L’emhrayage se fait en marchant sur l’une des pédales. Une disposition spéciale ne permet cet em¬
brayage qu’autant que l’un des chariots est exactement à sa place. Une fois l’embrayage opéré', il est
impossible de déranger ce chariot avant que la pression soit donnée;
3° La troisième machine est un laminoir double combiné avec un malaxeur.
Cet outil sert à la préparation de la terre et à la fabrication des galettes à tuiles ou des briques
pleines.
Les cylindres supérieurs sont lisses ou cannelés obliquement suivant la nature de la terre.
Les cylindres inférieurs sont lisses et tournent plus vite que ceux d’en haut. Le laminoir est con¬
struit de façon que la pression s’exerce sur de forts tirants en fer, de sorte que les bâtis ne risquent
pas de rupture.
La terre, après avoir passé entre les cylindres, est entièrement mélangée dans le malaxeur par
six palettes doubles en acier, travaillant contre des cames; elle est ensuite expulsée par une hélice à
travers un embouchoir ou filière approprié, soit pour la fabrication des galettes, soit pour celle des
briques pleines.
L’embouchoir est en bronze et lubrifié au moyen d’eau qui passe sous pression par les pores de
bouclions en jonc d’Espagne.
M. Scbmerber a créé récemment un nouveau modèle de tuiles mécaniques à double emboîtement
vers le haut et à joint latéral recouvert.
Cette tuile a la propriété de pouvoir couvrir en ligne droite ou à joints croisés. Elle produit une
couverture très étanche et se fabrique déjà en France, à la Fer té-Saint- Aubin.
Cette machine fait de 1,000 à i,5oo briques à l’heure ou 6oo à 700 galettes. La force est de 8 à
1 2 chevaux.
Le peu de place accordé à cette maison ne lui a pas permis d’exposer différents autres modèles de
machines; mais, par celles exposées, il a été facile au jury de reconnaître son excellente fabrication
et tous les perfectionnements apportés par M. Scbmerber dans les machines à tuiles.
M. Bhollet.
NI . Brollet a présenté un système de blutage, par ventilation, des matières pulvérulentes. Le pro¬
cédé repose sur l’emploi d’un courant d’air agissant dans un appareil spécial comme agent de sépa¬
ration et de classification. Les matières sont relevées d’une façon continue par un appareil biuteur
qui force le courant d’air à les traverser autant de fois que cela est nécessaire, et à séparer sûrement
les parties plus ou moins fines de celles plus grosses qui doivent être éliminées. Le courant d’air est
proportionné à la densité de la matière et à sa finesse. On varie la grosseur des produits suivant la
vitesse du vent. Un appareil de 0 m. 60 de diamètre peut bluter 1,000 kilogrammes de ciment par
heure.
Le ventilateur est aspirant ou refoulant, suivant la disposition des lieux. Cet appareil permet de
bluter les matières humides.
20 Un broyeur à force centrifuge et à roulement vertical. Cet appareil est construit avec 4 , 6 ou
8 galets tournant avec une vitesse déterminée contre la circonférence d’un cylindre. Ces galets, en
métal dur, roulent sur des tuiles de même dureté; ils sont démontables à volonté pour leur rempla¬
cement.
Ce broyeur sert à pulvériser des matières déjà concassées. Il est surtout employé pour les ciments.
Les matières pulvérisées sont enlevées de l’appareil par l’aspiration du biuteur par ventilation, et ne
se répandent pas dans l’atelier.
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION.
/i67
M. Bousquet.
M. Bousquet présente le dessin d’un malaxeur appelé' le Marcheur\ et destiné à corroyer les pâtes
pour la fabrication des objets de poterie et de céramique. Cet appareil est très intéressant, à en ju¬
ger par les dessins présentés.
M. Morel.
M. Morel a présenté un broyeur très ingénieux pour les ciments, chaux, phosphates, etc.
L’organe principal de ce broyeur est un bandage en acier creusé intérieurement, suivant un arc
de cercle, de façon à présenter en creux le même profil que les boulets sphériques qui viennent
écraser la matière à broyer. Ces boulets, au nombre de six, sont logés entre les bras d’un ménard
calé sur l’arbre vertical placé au centre de l’appareil.
Ils sont entraînés par celui-ci à une vitesse de 180 à 200 tours par minute. La force centrifuge
les appuie sur la gorge du bandage , où ils broient la matière que cette force y amène par le mouve¬
ment de rotation du ménard. Sur le bandage se trouve un tamis circulaire qui laisse passer la ma¬
tière broyée et rejette sous les boulets tout ce qui a échappé au broyage.
Le dessus de la couche est fermé par un couvercle mobile portant une couverture centrale garnie
d’un conduit cylindrique qui amène la matière à broyer dans le ménard.
Sur le même couvercle se trouvent les appareils de distribution. Le ménard porte à sa partie supé¬
rieure des palettes faisant office de ventilateur. Lorsque l’appareil fonctionne , il y a aspiration d’air
par le trou central du couvercle et projection contre le tamis circulaire.
La matière réduite en poudre est entraînée, dans ce mouvement, à travers le tamis et vient
s’échapper par les trous percés dans le fond de la couche. La mouture peut alors être reçue dans un
entonnoir sous le plafond de la couche, ou être conduite par une racle dans un élévateur ou silo, etc. .
destiné à la recevoir.
MACHINES ÉTRANGÈRES.
Dans cette catégorie de machines, nous trouvons plusieurs constructions étran¬
gères :
MM. Borner et O % à Rorschach (Suisse).
MM. Borner et Cle exposent deux machines très bien faites :
i° Une machine a faire les briques creuses ou pleines. Toute la machine repose sur une plaque
de fondation en fonte. Cette machine est très solide et très rustique. Elle peut faire 10,000 briques
par jour. Son cylindre est en deux pièces. La vis sans fin et le piston sont en acier fondu. Il y a deux
broyeurs superposés dont la distance des cylindres d’alimentation est réglable. Grande facilité de dé¬
montage du cylindre. Elle porte un malaxeur et une hélice;
20 Une machine à faire les tuiles mécaniques. C’est une machine nouvelle, bien faite et perfec¬
tionnée.
M. Gresly-Oberlin , à Lusberg (Suisse).
M. Gresly-Oberlin présente trois machines :
i° Une machine a laver les sables, petits graviers et minerais. Cette machine est la seule de ce
genre qui ait été à l’Exposition. Elle est basée sur le principe des contre-courants.
3o .
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
468
Les matériaux à laver parcourent un chemin ascendant dans une auge inclinée, dans laquelle ils sont
poussés par des palettes mobiles. L’eau de lavage suit un courant descendant, entraînant les matières
terreuses dans le bas de l’appareil , tandis que les matières lavées se déversent en haut. La consom¬
mation d’eau est très faible, 3oo à 5oo litres par mètre cube. Cette machine, qui peut marcher
à la main ou au moteur, peut, dans des cas, laver 2 5 à 3o mètres cubes par jour; avec une force
d’un demi-cheval, on peut laver 60 mètres cubes par jour.
Les palettes sont espacées de 0 m. 20 environ et se relèvent de 0 m. 02 environ quand elles redes¬
cendent dans leur mouvement alternatif, de façon à 11e pas toucher la matière en redescendant et
l’élever en montant ;
20 Un cylindre trieur universel.
Dans cet appareil, c’est un cône en tôle percé de trous ronds de diamètre augmentant de milli¬
mètre en millimètre. Les matériaux à trier sont versés dans une trémie et tombent dans ce tronc de
cône qui tourne. La matière passe à travers les trous dans des caisses placées en dessous suivant la
grosseur que l’on veut obtenir.
M. Demoor , à Bruxelles.
M. Demoor présente un broyeur à mortier.
Ce sont deux moules en fonte indépendants l’un de l’autre, qui tournent verticalement dans une
auge en fonte. Cette auge contenant la matière à broyer tourne elle-même au moyen d’un engre¬
nage placé au-dessous, à raison de 85 tours à la minute. Les meules sont pleines ou creuses et
pèsent jusqu’à 900 kilogrammes chaque. Le fond de la cave est mobile, pour être remplacé par suite
de l’usure.
M'ne veuve Marie , à Marchiennes-au-Pont (Belgique).
M°*e veuve Marie expose un broyeur centrifuge pour ciments, mines calcaires, barytes, etc.
M. Renard, h Lobbès (Belgique).
M. Renard a exposé un dessin d’un système de four pour la céramique.
M. Faure.
M. Faure a exposé une série très remarquable de machines pour faire la porcelaine. Ces machines,
très bien faites, bien combinées et très bien étudiées, étaient une des parties les plus intéressantes
des machines à travailler la terre.
i° Deux machines à faire les plats ovales au moyen d’un tour : Tune, pour plats jusqu’à 0 m. 60,
et l’autre, pour plats jusqu’à 0 m. 90. Le problème, très difficile à résoudre, était le suivant : fabri¬
quer un plat elliptique, dit ovale, dans les conditions suivantes :
Le bord extérieur sera seul une ligne elliptique, les autres lignes seront quelconques. Les sections
et profds aux grands et petits axes seront essentiellement variables. Ces conditions , indiquées par
l’empirisme, devront être remplies pour qu’à la cuisson, le plat ne se déforme pas et soit bien droit.
Ce problème a été résolu par un système de double calibre : l’un, à mouvement de transport paral¬
lèle ; l’autre , à mouvement articulé qui empêche le talon de se briser. Leur commande est faite à
l’aide d’un conducteur fixé au tour elliptique;
20 Une machine pour la fabrication du creux fermé ; pots de chambre, cache-pots, cuvettes.
Cette machine, toute nouvelle, était la seule qui manquait à l’industrie de la porcelaine pour le façon¬
nage à la machine des pièces à forme régulière ;
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION.
469
3° Un appareil pour le calibrage des tasses;
4° Un monte-charge à friction;
5° Une machine filtre-presse. La toile métallique est clans les plateaux en fonte ;
6° Une machine à marcher la pâte à porcelaine, figurant pour la première fois à une exposi¬
tion ;
7° Une machine à faire les moules en plâtre ;
8° Une machine à broyer et mélanger les matières céramiques, analogue au broyeur Alsing.
I ne nous reste plus qua examiner les outils divers :
M. Cassey, à New-York.
M. Cassey présente deux machines à clouer les boîtes.
Une machine peut clouer 8 pointes à la fois et l’autre 4; mais elles peuvent marcher à une ou plu¬
sieurs pointes jusqu’au nombre indiqué plus haut.
Un mouvement très joli de secouage des pointes les fait toujours se présenter dans la position
voull e. La machine se prête à des changements de dimensions de clous. Une combinaison très
ingénieuse de 2 cames permet de clouer des bois minces ou épais et changer la longueur du bois à
clouer.
M. Chapman n , à New-York.
M. Ghapmann a présenté une plume à écrire en verre inaltérable, des pinceaux en verre filé pour
acides, de la laine de verre pour filtrer les acides. Des ouvriers très habiles filaient le verre sous les
yeux du public.
M. Manoy, â New-York.
M. Manoy a exposé un appareil marchant à l’air comprimé, très intéressant. C’est un piston mû
par l’air comprimé, sur la tige duquel on monte un porte-outil et un outil quelconque. L’air com¬
primé vient d’un réservoir et est amené par un tube en caoutchouc. On tient l’appareil à la main et,
malgré les i,5oo coups à la minute que donne le piston, on ne sent qu’un faible frémissement dans
la main. Le piston est organisé d’une façon cpii permet de ne pas avoir d’autres parties mobiles. Les
valves font partie du piston, et il y a une couche d’air autour de celui-ci, ce qui diminue les frotte¬
ments.
Cet appareil s’emploie pour (ailler le granit, boucharder et sculpter le marbre, l’acier, etc., en
un mot, dans tous les cas où l’on veut obtenir l’effet du martellement. La vitesse des coups remplace
la masse du marteau.
M. S aviné, a Naples (Italie).
M. Savine présente une boîte aux lettres très ingénieuse, adoptée par la ville de Naples, dont l’in¬
convénient est de coûter très cher (200 francs la boîte, i4o francs la bourse mécanique et 4o francs
la machine à vider). Le sac, qui reçoit les dépêches déposées à la boite, est muni d’une partie métal¬
lique qui ne peut s’ouvrir que quand le sac est placé dans une coulisse qui se trouve sous la boîte
aux lettres. En même temps que cette porte du sac aux lettres s’ouvre, elle fait ouvrir le fond de la
boîte aux lettres. Ce fond est disposé de façon à ce qu’il n’y ait aucune saillie qui puisse arrêter les
lettres.
En relevant le sac à dépêches des coulisses, la porte du sac se trouve fermée, et le fond de la boîte
aux lettres a repris sa place.
470
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
Pour ouvrir dans le bureau le sac aux dépêches, il faut placer la partie métallique dans une cou¬
lisse à claire-voie; alors le boîtier peut l’ouvrir. Dans ce système, le facteur ne touche en aucune
façon aux lettres.
M.. Avril.
M. Avril expose un transformateur de dessins. Cet appareil a déjà figuré à l’Exposition de 1878 et
n’offre aucun nouveauté. Il avait été exposé par un autre constructeur.
* M. Coma.
M. Coma présente :
Un appareil destiné à savoir si un bloc de marbre peut servir à faire une statue dont on a la ma¬
quette. Il se compose d’une série de trusquins montés sur un parallélépipède en tube creux, qui , une
fois repérés sur la maquette, sont reportés sur le bloc de marbre;
Un pantomètre ou compas de réduction, et un archet pour travailler les marbres.
MM. Damon et Cie.
MM. Damon et Cie présentent un tableau des différentes vues de leur usine de fabrication d’ébé-
nisterie, au faubourg Saint-Antoine, à Paris.
M. Dard.
M. Dard a exposé un appareil bien compris pour enfoncer les échalas. Cet appareil s’adapte sous
le pied et y est maintenu par une courroie. On prend l’échalas dans la machine de l’appareil qui
forme griffe, en ayant soin d’élever la jambe. Puis, après un effet de lancement de la machine sur
l’échalas , on appuie sur celui-ci de tout le poids du corps.
20 Une machine à cintrer les cercles de tonneaux en bois.
On peut en cintrer 800 à 900 à l’heure. Les vis, qui font prendre aux cylindres mobiles leur
position, sont appuyées sur un ressort qui laisse au cylindre une élasticité pour ne pas casser les
bois.
Cette machine peut cintrer deux cercles à la fois.
3° Une machine à cintrer les cercles en fer des tonneaux.
Cette machine, en même temps qu’elle cintre le feuillard, lui donne l’éculage voulu ou la forme
d’un tronc de cône.
4° Une poinçonneuse, cisailleuse, estampeuse. Cette machine peut poinçonner jusqu’à 0 m. 020
et cisailler jusqu’à o m. oo5.
5° Une machine à poinçonner et cisailler, spéciale à la tonnellerie.
On peut la faire travailler à un , deux ou trois poinçons.
M. Devilliers.
M. Devilliers présente un trusquin universel. La tige du trusquin est divisée en centimètres et milli¬
mètres. La division d’un vernier, placé au-dessus du mouvement, correspond avec celle delà tige;
une douille moletée verticale, placée en dessus du mouvement et graduée en dixièmes ou vingtièmes
de millimètre, permettant de monter ou de descendre d’autant.
CONFECTION DES OBJETS DE MOBILIER ET D’HABITATION
/i71
M. Ledru.
M. Ledru a exposé diverses machines, telles qu'un étau limeur à main, une machine à raboter le
fer, une cisaille. Nous n’avons qu’à retenir sa machine pour le ferrage des lacets , composée d’une
cisaille marchant au moteur, avec amenage automatique permettant de découper 100,000 ferrets en
dix heures; d’une cisaille à main gravant le nom sur le ferret; d’une cisaille à main simple, coupant,
cambrant et crevant le ferret, et d’une machine ferrant le lacet et se séparant par moitié.
Et enfin une machine ou tour à réduire et augmenter la gravure sur acier.
La grandeur maximum du modèle est de o m. 3oo.
On peut faire la réduction jusqu’au sixième du modèle, ce qui permet de faire un creux d’un relief,
et inversement, et de faire d’une face à gauche une face à droite. L’outil qui travaille est une fraise.
L’affûtage de la fraise se fait sur la machine même, sans la démonter. Un système de cônes lisses, sur
lesquels se déplace la courroie de commande, fait qu’il y a ralenlissement progressif de la vitesse de
rotation du tour lorsque la fraise quitte le centre pour se porter sur la circonférence, de manière que
la fraise parcourt toujours un chemin égal dans le même temps.
MM. MÉNARDjt 0e.
MM. Ménard et Cie exposent des diamants à couper le verre, des diamants pour perforation, une
machine à molettes en diamant pour rhabiller les meules de moulin, une scie circulaire avec diamant
sur les côtés pour couper les pierres dures.
M. SlMONET.
M. Simonet a présenté un tableau indiquant l’installation de son important atelier de menuiserie.
11 a fondé dans son usine une école professionnelle d’apprentis comprenant 2 3 élèves.
M. Vautier.
M. Vautier a exposé une transmission flexible composée de quatre reports de mouvement pour
actionnera distance des tondeuses, sculpter les façades de maisons, etc.
MM. Delbay et Lec AISNE.
MM. Delbay et Lecaisne ont inventé une machine à sculpter pour reproduire des ouvrages , en les
augmentant ou les diminuant.
Elle peut produire 2 5 à 3o décimètres carrés par jour.
Elle peut, comme modèle, employer deshnoules en plâtre. La touche est en bois.
M. Prouvey.
M. Prouvey a apporté, dans l’Exposition ouvrière, dans le Pavillon de la Ville de Paris, des scies à
chantourner ou droites avec tendeur spécial.
M. COTILOGNE.
M. Gotilogne a exposé des tourne-à-gauche.
/
. .
.
.
V
TABLE DES MATIÈRES.
- «►«-=- -
Pages .
Composition do jüry . 435
Machines-outils à travailler le bois . 437
Machines à fabriquer la porcelaine, les tuiles, les carreaux, et appareils préparatoires de cette
fabrication . 438
Machines diverses . 439
Machines exposées par l’Angleterre . 439
Machines françaises pour le travail du bois . 443
Machines à affûter les laines de scies . 457
Machines à couper le liège et à faire les bouchons . 459
Machines pour la fabrication des produits céramicpies . 46o
Machines étrangères . 467
. .. : . '■ . ' ■" Jï j
' ■ ■■ • .. ■ .
. . .
• Y • • . ^ . . iiiii.i
. . .
.
!
. . . \‘o< . - ' : '
CLASSE 58
Matériel et procédés de la papeterie, des teintures
et des impressions
RAPPORT DU JURY INTERNATIONAL
PAR
M. DEHAÎTRE
CONSTRUCTEUR - MECANICIEN
COMPOSITION DU JURY.
MM. Ermel, Président , ingénieur civil, directeur de la fabrication des billets de
la Banque de France, membre du jury des récompenses à l’Exposition de
Paris en 1878 .
Sloan (Th. J.), ingénieur, Vice-Président .
Dehaitre (Fernand), Secrétaire-Rapporteur, constructeur-mécanicien, mé¬
daille d’or à l’Exposition de Paris en 1878 .
Godin (L.), fabricant de papiers à Huy .
Tostrup, négociant en bois .
Buffald, constructeur-mécanicien, médaille d’or à l’Exposition de Paris en
1878 .
L’Huillier (Louis), constructeur de machines pour papeteries, grande mé¬
daille à l’Exposition de Paris en 1878 .
Marinoni, constructeur de machines typographiques, grande médaille à
l’Exposition de Paris en 1878 .
Corron (G.), directeur de la teinturerie Stéphanoise, médaille d’or à
l’Exposition de Paris en 1878, Juré suppléant .
France.
Etats-Unis.
France.
Belgique.
Norvège.
France.
France.
France.
France.
-
■
.
'
.
• >v ■ ' '■ •: • ' 'liï.;.:
‘
Rapports de l Exposition _ Clctsse, oS.
MATERIEL ET PROCEDES DE LA PAPETERIE, DES TEINTURES ET DES IMPRESSIONS.
Imprimerie
Nationale.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS
DE LA PAPETERIE, DES TEINTURES
ET DES IMPRESSIONS.
La classe 58 était la classe 60 à l’Exposition universelle de 1878, et la classe 59 à
l’Exposition universelle de 1867.
Le nombre des exposants était de :
En 1867 . 1 83
En 1878 . 228
En 1889 . 217
Dans ce nombre, figurent, pour l’Exposition universelle de 1889, 66 exposants
étrangers répartis dans les différentes nationalités.
Il est regrettable, à tous égards, qu’un certain nombre de puissances étrangères
n’aient pas encouragé leurs nationaux à envoyer leurs produits à l’Exposition univer¬
selle de 1889; fiue ^es eff°rts isolés, faits individuellement par un certain nombre
d’exposants étrangers, n’aient pas trouvé un appui plus efficace auprès de leurs gou¬
vernements. On aurait pu juger encore mieux des progrès considérables accomplis,
depuis dix ans, dans toutes les branches de l’industrie et du commerce universels.
Nous envoyons au delà des frontières et des océans l’expression de nos regrets à
nos confrères connus et inconnus, avec lesquels nous aurions été heureux et fiers de
nous mesurer dans cette lutte pacifique.
Ils auraient trouvé chez nous, quoi qu’on ait pu leur en dire, l’accueil sympathique
et cordial que la France a toujours su faire à ses hôtes.
La classe 58 comprend, dit le catalogue officiel, le matériel et les procédés de la
papeterie, des teintures et des impressions.
Elle peut donc se subdiviser en trois sections (1) :
1 re section. — Matériel et procédés de la papeterie.
2e section. — Matériel et procédés de l’imprimerie et du façonnage des papiers.
3e section. — Matériel et procédés de la teinture, des impressions sur étoffes et des
apprêts.
Les grandes lignes de cette classification sont empruntées au très intéressant rapport fait par M. Ermel ,
en 1878, sur la classe 60.
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
/t 80
Le nombre des exposants, en 1889, est sensiblement le même qu’en 1878; mais,
en raison des progrès réalisés, du développement prodigieux des procédés de l’impres¬
sion, de la teinture et des apprêts, la classe 58 n’était pas une des classes les moins
intéressantes du Palais des machines, et la foule, sans cesse renouvelée, qui se portait
devant ses machines en action, prouve surabondamment tout l’intérêt que le public y
prenait.
Il serait injuste de ne pas constater ici que la généreuse prodigalité avec laquelle
MM. les contructeurs de machines à imprimer faisaient distribuer, dès le premier jour
de l’ouverture, des impressions de toutes sortes : journaux, gravures, chromos, etc.,
contribua efficacement a rendre des plus fréquentées cette partie de l’admirable ga¬
lerie des machines.
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS
m
SECTION I,
PROCÉDÉS ET MATÉRIEL DE LA PAPETERIE.
Les progrès réalisés dans les procédés de Timprimerie, dans le développement
immense donné à toutes les industries qui en dérivent, ne pouvaient s’opérer qu’a la
condition d’avoir, en abondance et à bas prix, la matière première indispensable : le
papier, le carton.
Le chiffon , en raison des nouveaux procédés permettant d’en tirer de nouveaux tex¬
tiles, de nouvelles étoffes, et en raison aussi des droits d’entrée qui le frappent, est
devenu de plus en plus rare.
Pour subvenir aux besoins, on a dû recourir aux bois, à la paille et à l’alfa. Au
point de vue des pâtes de bois et divers succédanés pour le papier, la classe 58
comptait 9 exposants français et 1 3 étrangers.
Cette proportion n’a rien qui puisse surprendre. Avec les besoins sans cesse gran¬
dissants de l’industrie, le bois, en général, est devenu cher en France, vu sa rareté.
Il a fallu faire venir des bois de l’étranger, afin d’arriver a produire à bon compte des
pâtes de bois, de la cellulose.
Un fabricant français a même établi à l’étranger d’importantes usines : la maison
Darblav a fondé à Wôrgl (Tyrol-Autriche) une grande usine où fonctionnent quatre
lessiveurs horizontaux.
MM. Darblay père et fils fabriquent de la pâte de paille depuis 1869, et, pendant
de longues années, ils en ont fourni de grandes quantités a la papeterie française,
avant que cette fabrication ait été vulgarisée, comme elle l’est aujourd’hui.
Ils ont été les premiers en France à fabriquer la cellulose de bois (avril 1 8 8 3 ).
Ils possèdent actuellement :
i° A Essonnes, 8 lessiveurs rotatifs pour la paille, produisant ensemble 12,000 kilo¬
grammes de pâte sèche par jour, ci . 12,000 kilogr.
20 Dans la même usine : 4 lessiveurs verticaux, 7 lessiveurs horizontaux de
dimensions variées, pour la fabrication delà cellulose de sapin, produi¬
sant ensemble 20,000 kilogrammes de pâte sèche par jour, ci . 20,000
3° A Wôrgl (Tyrol-Autriche) : 4 lessiveurs horizontaux de grande dimen¬
sion , fabriquant également la cellulose de sapin et produisant ensemble
18,000 kilogrammes par jour, ci . . 18,000
Total . . 5o,ooo
Toute la pâte de paille produite est blanchie au chlorure de chaux.
3i
Groupe VI. — iv.
IMPRIMERIE NATIONALE.
482
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
La cellulose de sapin est livrée, partie écrue, partie blanchie tant au chlorure de
chaux que par le nouveau procédé électrique de AL Hermite, procédé dont il sera
question plus loin.
L’usine de Wôrgl est représentée dans un plan en relief, ce qui a permis au jury
de se rendre un compte exact de l’importance de cette usine. Il a pu, en même temps,
apprécier celle des papeteries d’Essonnes, par d’autres plans très remarquables, égale¬
ment en relief.
On peut donc voir, en considérant le plan topographique, quelle est l’importance
des établissements de papeterie connus sous le nom de Papeteries d’Essonnes.
En effet, l’agglomération principale de la ville d’Essonnes, dont la population
dépasse pourtant 7,000 habitants, ne paraît pas plus considérable, sur le papier, que
l’ensemble des usines d’Essonnes, de Villabé, d’Ormoy et d’Echarçon, dont les divers
bâtiments occupent une surface de plus de 75,000 mètres carrés.
Ce plan topographique permet de comprendre comment se rattachent toutes ces
annexes a l’usine principale, où tout vient aboutir.
La rivière, un chemin de fer à grande voie et le téléphone sont les liens qui
réunissent les membres au corps principal.
Toutes les machines à papier ne sont point cependant à l’usine centrale.
Deux autres papeteries, Moulin-Galant et Echarçon, renferment chacune deux ma¬
chines à papier, fabriquant exclusivement le papier journal, et ce, à cause de l’éco¬
nomie c[u’ apporte dans cette fabrication l’emploi de la force hydraulique.
Mais les pâtes, dont la préparation exige l’emploi d’agents chimiques, proviennent
de la grande usine, que l’on peut mieux voir sur le plan en relief (exécuté par
MM. Regnard frères), plan à une échelle cinq fois plus grande que le plan topogra¬
phique. Le défibrage des bois de tremble et le défilage du chiffon se font seuls au
dehors, dans les anciens moulins d’Ormoy, d’Angoulême, de Robinson et des Ray ères.
A l’usine principale, en effet, on trouve le lessivage et le blanchiment des chiffons,
la cuisson des pailles et de l’alfa et leur blanchiment; enfin, la cuisson du bois de
sapin, au moyen du bisulfite de chaux, et son blanchiment tant par le chlorure de
chaux que par l’électricité. D’où trois groupes distincts reliés au dépôt des pâtes par
des galeries couvertes, dans lesquelles circulent les wagonnets de service.
A l’extrémité de ce dépôt des pâtes, est ce qu’on appelle la fabrication ; cet atelier
comprend quinze machines à papier; la dernière est celle qui était exposée au Palais des
machines.
Enfin, viennent les salles de façonnage et d’apprêt, de triage et d’emballage des pa¬
piers, couvrant à elles deux 1 hectare et demi, y compris le magasin.
C’est à ce magasin que viennent aboutir les voies ferrées, dont l’une monte, par une
forte rampe, à la gare de Moulin-Galant (ligne de Paris à Lyon, par Corbeil), tandis
que l’autre descend au port des Bas-Vignons, sur la Seine, par un tunnel long de
700 mètres. Cette dernière sert principalement à la réception des matières brutes qui
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
483
concourent à la fabrication du papier, et dont il faut quatre à cinq fois le poids du pa¬
pier fabriqué.
Derrière la colline qui sépare la vallée d’Essonnes de celle de la Seine, trois petits
plans en relief, bien distants cependant dans la réalité , ont été groupés.
Ce sont d’abord les deux papeteries du Moulin-Galant et d’Echarçon, réunies à la
papeterie d’Essonnes, Tune depuis bientôt trente ans, et l’autre depuis cinq ans seule¬
ment.
Entre ces deux annexes est représentée la fabrique de cellulose au bisulfite de Wôrgl,
en Autriche, qui livrait d’abord une bonne part de ses produits aux papeteries d’Es¬
sonnes, mais dont la clientèle française, autrichienne, italienne, espagnole et améri¬
caine absorbe maintenant presque toute la fabrication.
MM. Bichelberger, Champon et Cie exposaient des pâtes de bois de sapin très
blanches, avec une faible proportion de chlorure de chaux (i3 p. 100). Ces pâtes,
d’un très bel aspect, sont spécialement destinées à la fabrication de papiers pour le ti¬
rage des gravures.
M. Horteur, de Saint-Remy (Savoie), présentait de beaux spécimens en feuilles, de
pâte de tremble, sapin.
Ces pâtes sont plus spécialement destinées aux papiers blancs : écolier et impres¬
sions.
M. Legrand. — Fabrique de papier à Montfourat, où il possède plusieurs usines,
dont Tune ne traite que les pâtes de bois.
M. Legrand exposait aussi dans la classe 10. Le jury a pu se rendre compte de la
bonne qualité des produits exposés.
MM. Metenett et Cie, à Raon-TEtape (Vosges). — Les pâtes de bois diverses et chif¬
fons paraissent bien traitées.
La Société des papeteries réunies de Dieppe et Ponts-et-Marais présentait des pâtes
de bois chimiques, pâtes traitées au bisulfite de magnésie par le procédé Edkmann.
La production de cette usine, non encore complètement installée, est déjà de
4,ooo kilogrammes de pâte sèche par jour.
MM. Weibel et Cie, à Novillars (Doubs), avaient une très intéressante exposition de
cellulose de bois écrue et blanchie. Les spécimens exposés étaient fort beaux.
L’usine de Novillars est très importante et produit 3 0,000 kilogrammes de pâte
sèche par jour, avec un excellent rendement, 70 p. 100. Elle couvre une étendue de
6 hectares et possède une force de 2,000 chevaux.
MM. Zieber, Rieder et Cie, à Boursières, usine de Torpes (Doubs), bien que ne figu¬
rant pas au catalogue, ont vu leurs produits examinés par le jury.
Ces produits consistaient en de remarquables échantillons de pâtes de paille et de
tremble. Bien que les papiers ne soient pas du ressort de la classe 58, il est juste de
dire que cette maison livre à l’industrie d’excellents papiers pour les rouleaux des ca¬
landres.
3i .
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
484
Voici la nomenclature des papiers et pâtes de paille et de tremble cpii figuraient à
l’Exposition universelle de 1889 :
1. 90 p. 100 paille .
3. 5 o p. 100 paille .
5. 5o p. 100 paille .
6. 66 p. 100 paille .
7. 66 p. 100 tremble .
9. îoo p. 100 tremble .
Echantillons pâte de paille.
Echantillons pâte de tremble.
L’usine pour la fabrication de la pâte de paille de Torpes a été construite en même
temps que la papeterie de ce nom, en 1881 et 1882, et a commencé à produire dès
le mois de janvier 1 883.
Dans les prévisions de ses fondateurs, elle devait servir tout à la fois à alimenter la
papeterie dont elle forme une annexe, et à approvisionner les consommateurs français.
Sur les 1,000 tonnes de pâte sèche quelle est susceptible de produire, 600 tonnes
environ devaient être vendues au dehors.
Ces prévisions se sont réalisées, autant que le permettaient les circonstances. Mais
l’introduction dans la fabrication des pâtes de bois au bisulfite a eu pour effet de res¬
treindre la consommation des pâtes de paille et d’en abaisser rapidement le prix de
vente. Cette pâte valait encore 55 francs les 100 kilogrammes en 1882, prise à l’u¬
sine; son prix est aujourd’hui de 4i à 42 francs, dans les mêmes conditions.
Néanmoins, grâce à des améliorations successives introduites dans la fabrication, le
prix de revient a pu suivre le prix de vente, pour ainsi dire, pas à pas.
La fabrication de la pâte de paille chimique avait été introduite dans les établisse¬
ments d’Alsace, de MM. Zuber, Rieder et Cie, dès l’année 1866. Au moment où éclata
la guerre de 1870, ils avaient en construction une usine pour le traitement de
6,000 kilogrammes de paille par jour, qui ne fut achevée qu’en 1872. On y avait in¬
troduit la revivification de la soude au moyen du laveur Lespermont et du four Porion,
et le raffinage des pâtes par la méthode de Thode. Le bouillissage se faisait à la soude
caustique, et le blanchiment au chlorure de chaux.
En 1879, la production fut augmentée d’un tiers et portée à 8,000 kilogrammes
de paille traités par jour, et le blanchiment au chlore gazeux fut introduit avec succès
dans la fabrication.
Le procédé, ainsi modifié, a été appliqué, au début, à l’usine de Torpes, pour la
préparation de la pâte de paille.
Son matériel comprenait à l’origine :
Un vaste atelier pour la préparation de la soude caustique, avec appareils Shanks,
pour l’extraction de la soude caustique et carbonatée contenue dans la soude mère revi¬
vifiée;
Impression ivoire pour carte.
Impression rosée.
Ecriture coquille surfine.
Ecriture coquille fine.
Ecriture coquille 8 kilogr.
Impression pour bois mats.
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
485
Un four Porion perfectionné avec quatre fours à incinérer;
Un atelier de coupage et de nettoyage de la paille;
Un atelier de bouillissage avec trois bouilleurs cylindriques d’une contenance de
1,000 kilogrammes de paille;
Un atelier de lavage méthodique au moyen du laveur Lespermont;
Un atelier de blanchiment au chlore gazeux et de relavage;
Un atelier de raffinage avec trois raffineuses de Thode, suivi d’un second blanchi¬
ment au chlorure liquide ;
Et enfin un atelier de pressage pour façonner les pâtes en vue de la vente.
Tout récemment, le procédé a été considérablement modifié par la suppression des
laveurs Lespermont, remplacés par un mode de lavage par déplacement, inventé à l’u¬
sine, et par le remplacement du blanchiment au chlore gazeux par le procédé de blan¬
chiment par déplacement du chlorure de chaux, qui font l’objet d’un brevet.
Les résultats de ces innovations ont été de tout point satisfaisants. La pâte a gagné
en pureté et en solidité, sans perdre de son éclat, et le prix de revient s’est notable¬
ment abaissé.
Depuis quelques mois , la fabrication de pâte de tremble chimique est venue se sub¬
stituer partiellement à celle de la pâte de paille. Le produit a moins de finesse, de
fibre et de blancheur, mais revient à un prix inférieur, et trouve , par suite , un écoule¬
ment plus facile. Sauf la préparation du bois avant son introduction dans les bouil¬
leurs, et les proportions de produits chimiques employés, la fabrication de la pâte de
tremble chimique suit la même marche que celle de la pâte de paille.
Les pâtes produites par l’usine de Torpes sont réputées partout de première marque
et obtiennent, à prix égal, la préférence delà part des acheteurs.
MM. de Naeyer et Clc, à Villebroek, dont il sera parlé plus loin, aux machines pour
la fabrication du papier, ont exposé un assortiment des plus complets de pâtes de
paille et bois chimiques.
MM. Sivart , en France, et de Vriendt, en Belgique, ont présenté au jury un clas¬
sement méthodique des matières premières pour papeteries et laines renaissance.
Suède et Norvège.
A côté des fabricants français et belges, nous devons rendre un hommage mérité
aux fabricants de pâtes de bois de la Norvège et du grand-duché de Finlande, dont
la présence a rehaussé encore l’éclat de l’Exposition.
La Norvège et la Finlande possèdent des forêts immenses et des usines considé¬
rables pour la fabrication des pâtes de bois.
Les expositions de la Norvège et du grand-duché de Finlande étaient très intéres¬
santes à ce point de vue, et les produits exposés ont été justement remarqués.
La pâte de bois se fabrique de deux manières différentes : par un procédé méca-
486
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
nique et par des procédés chimiques. Les bois employés sont principalement le
sapin ( abies eæcelsa ); une petite partie de la pâte mécanique exportée est faite de bois
de tremble.
L’exportation qui, en 1870^, ne s’élevait qu’à 275 tonnes de pâte, supposée
sèche, d’une valeur de 107,500 francs, s’est rapidement augmentée dans de telles
proportions, qu’elle a, en 1888, atteint environ 100,000 tonnes de pâte sèche, d’une
valeur de i3,4oo,ooo francs.
De ces 100,000, environ 88,000 étaient pâte mécanique et environ 12,000 pâte
chimique ( cellulose ), dont environ 8,000 tonnes au bisulfite et environ 4,ooo tonnes
à la soude.
Il y avait en Norvège, en 1888, 44 fabriques pour la pâte mécanique et, en outre,
4 nouvelles en construction ; des fabriques de pâte chimique au bisulfite , il y en avait 9
en activité et 1 en construction; des fabriques de pâte chimique à la soude, 2 en ac¬
tivité et 2 en construction.
La plus grande partie de la pâte de bois exportée de Norvège est à l’état humide ,
contenant en général 5o p. 100 d’eau; une partie moindre est livrée à l’état sec.
Les prix, sur les lieux d’exportation, ont été, en 1888 , pour la pâte de sapin mé¬
canique, en moyenne, environ de 1 1 2 francs par 1,000 kilogrammes; pour la pâte à
la soude, en moyenne, environ de 290 francs; pour la pâte au bisulfite, en moyenne,
environ de 3 1 0 francs.
En supposant qu’un standard de Saint-Pétersbourg de bois de sapin pèse 2,170 kilo¬
grammes, l’exportation de pâte de bois serait, calculée en standards de Saint-Péters¬
bourg, d’environ 46,ooo standards. L’exportation réunie de bois bruts et travaillés,
qui, pour l’année 1888, a été de 4o6,ioo standards, et de pâtes de bois, évaluée à
46,ooo standards, s’élèverait à 452, 1 00 standards, et la valeur totale des bois et pâtes
de bois exportés s’élèverait à 55,4oo,ooo francs.
La pâte de bois forme donc environ 10.2 p. 100 de la quantité totale des bois et
pâtes de bois exportés et environ 24.2 p. 100 de leur valeur.
La valeur de la pâte de bois mécanique, calculée en standards de Saint-Péters¬
bourg, d’après le poids du bois, serait donc environ de 2 42 francs.
Les pays étrangers n’achètent pas seulement les pâtes de bois de la Norvège, mais
ils fabriquent aussi eux-mêmes, pour leur besoin, une partie de pâte chimique de bois
importés de Norvège.
La Norvège a ainsi, en 1888, exporté environ 6,3oo standards de rondins pour la
fabrication de pâte de bois (pâte chimique), dont, environ, 2,900 standards pour la
France, 2,700 standards pour l’Angleterre, 65o standards pour la Hollande. La
France a, la même année, employé environ 1,700 standards de bouts de madriers,
bastins et planches pour en fabriquer de la pâte chimique.
'V Ces renseignements sont dus à i’obligeance de M. Thr. Tostrup, membre du jury.
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
/i 87
Voici la liste des usines de Norvège qui ont envoyé leurs produits à l’Exposition :
M. Chr. Christophersen représentait 4 fabriques de pâte de bois mécanique et 4 fa¬
briques de pâte de bois chimique.
Les quatre fabriques de pâte de bois mécanique sont :
Eker, construite en 1881 ; production, 2,000 tonnes par an;
Mago, construite en 1880; production, 1,760 tonnes par an;
Boensdalen, contruite en 1876; production , 1,760 tonnes de pâte brune et blanche
par an;
Vestofesen, construite en 1872; production, 5oo tonnes par an.
Les quatre fabriques de pâte de bois chimique sont :
Boensdalen, construite en 1 8 8 5 ; production, 2,25o tonnes de pâte au bisulfite,
dont 2,000 tonnes blanchies et 2 5o tonnes écrues;
Gjoevig, construite en 1 8 8 5 ; production, 1,760 tonnes de pâte au bisulfite, dont
i,4oo tonnes de pâte blanchie et 36o tonnes de pâte écrue;
Enebah, construite en 1887; production, 760 tonnes de pâte au bisulfite , écrue;
Stihlen, construite en 1887; production, 3 00 tonnes de pâte au bisulfite, écrue;
FABRIQUES DE PATE DE BOIS MECANIQUE.
Fabrique de pâte de bois d’Embretsfos, pâte mécanique, construite en 1872; pro¬
duction, 6,000 tonnes.
Fabrique de pâte bois d’Aadolen, pâte mécanique, construite en 1 882 production,
3,i 00 tonnes.
Fabrique de pâte de Cerjebruh, pâte mécanique en feuilles, construite en 1886;
production, 2,3 00 tonnes.
Fabrique de pâte de bois de Laugstolbruk, pâte mécanique, construite en 187A;
production, 2,2 5 0 tonnes.
Fabrique de pâte de bois de Meraherbrug, pâte mécanique, construite en 1886;
production, 2,000 tonnes.
Fabrique de pâte de bois de Land, pâte mécanique, construite en 1872, fabrique
des cartons de bois; production, 800 tonnes.
FABRIQUES DE PATE DE BOIS CHIMIQUE (CELLULOSE).
Fabrique de cellulose de Moss, pâte chimique à la soude, construite en 1 8 8 3 ; pro¬
duction , 4,ooo tonnes.
Fabrique de cellulose de Vestfos, pâte chimique au bisulfite, construite en 1886;
production, 2,000 tonnes.
Fabrique de cellulose de Bambe, pâte chimique à la soucie, a commencé la fabri¬
cation cette année.
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
488
Grand-Duché de Finlande.
Dans le pavillon du grand-duché de Finlande, le jury a examiné les produits de la
Fabrique des pâtes de bois d’Enos, qui exposait des pâtes blanches de tremble et
pâte de sapin, cartons et bois; cette fabrique fait annuellement un chiffre de k mil¬
lions d’affaires; de la Société anonyme de Kummené et de la Société anonyme de Tam-
merfois , dont les pâtes de bois paraissaient réunir toutes les conditions d’une bonne
fabrication.
La Société de Kummené arrive au chiffre de 3 millions d’affaires par an.
Toutes ces expositions de Norvège et du grand-duché de Finlande, le chiffre des
opérations des diverses fabriques, prouvent, sans qu’il soit besoin d’insister, la très
grande vitalité de cette industrie de la pâte de bois dans ces contrées.
MACHINES À FABRIQUER LE PAPIER.
Au point de vue des machines concourant à la fabrication du papier, l’Exposition
de 1889 présente plus d’intérêt et d’importance que ses devancières. En 1867, une
seule machine à papier était exposée dans la section belge; elle ne fonctionnait pas.
En 1876, à Philadelphie, une seule machine à papier fonctionnait. En 1878, on se
rappelle que, dans l’annexe de la classe 60, fonctionnait une machine à papiers.
Cette machine construite par M. Lhuillier, de Vienne, était exposée par MAI. Dar-
blay et Bérenger, et a travaillé pendant toute la durée de l’Exposition. Elle en était
une des attractions.
E l 1889, l’Exposition, classe 58, comptait 6 machines a papiers et carton.
Deux étaient en marche.
Trois ne fonctionnaient pas.
La sixième, tout a fait spéciale, ne servant que pour la fabrication du papier des
billets de banque, était représentée par une très remarquable peinture à l’huile.
Les deux machines à papier qui marchaient, étaient :
i° La machine exposée par MM. Darblay père et fils, d’Essonnes;
20 La machine exposée dans la section belge par MM. de Naeyer et C,e.
Ces machines attiraient beaucoup de monde et présentaient un très vif intérêt.
La machine de MM. Darblay père et fils se composait d’un ensemble d’appareils
très remarquables, très bien étudiés, que nous allons décrire.
Pile rcijjîneuse. — La pile raffineuse est à deux cylindres, du système Vallée amé¬
lioré au point de vue des proportions relatives des diverses parties de l’appareil, de
manière à faciliter et régulariser la circulation de la pâte. La pâte peut ainsi être tenue
beaucoup plus épaisse que dans les piles ordinaires, condition importante pour le raf-
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
489
finage des succédanés. Les lames des cylindres et platines sont en bronze, afin de mieux
ménager la fibre.
Cuves à pâtes. — Il y en a deux, mais elles ont chacune leur rôle spécial. La pre¬
mière, de petite capacité, reçoit directement la pâte de chaque pile, additionnée de
la quantité d’eau nécessaire pour parfaire la capacité de la cuve , laquelle sert ainsi de
régulateur de densité. La seconde, qui est la cuve proprement dite, est le réservoir
d’alimentation de la machine. Cette alimentation se fait au moyen d’une pompe qui re¬
monte la pâte dans un petit bassin muni d’un trop plein, où le niveau reste constant
et assure la régularité du débit.
Sablier. — Cet appareil est muni de persiennes mobiles qui en facilitent le net-
toyage.
Epurateurs. — A la sortie du sablier, la pâte pénètre dans l’épurateur rotatif à
soufflet, d’où elle sort par un des tourillons pour se rendre à l’épurateur en dessus;
dans ce dernier, on a substitué la commande par excentrique à la commande par ro-
chet, afin d’éviter le bruit.
Table de fabrication. — On s’est appliqué à ne pas exagérer sa longueur. Le chariot
est disposé de manière à rester constamment parallèle à l’axe de la machine.
L’emploi exclusif du cuivre dans la construction de l’appareil a pour but d’éviter la
rouille.
Le mouvement de va-et-vient a été éloigné de la toile pour le mettre à l’abri des écla¬
boussures et assurer son bon fonctionnement.
La disposition des supports oscillants a été spécialement étudiée en vue d’en éviter
l’usure.
Les eaux d’égouttage de la toile et celles qui proviennent des caisses aspirantes sont
renvoyées par deux jeux de pompes sur des tamis inclinés, placés en tête des sabliers,
et qui, par suite de leur position, se nettoient automatiquement.
La manœuvre de changement de toiles est facilitée par la disposition spéciale :
i° De la tuyauterie d’eau;
2° Des supports destinés a recevoir le rouleau de tête pendant l’opération;
3° Des cornières portant les caisses aspirantes, dont la position, une fois réglée,. est
invariable. Un jet d’eau mobile aide l’ouvrier dans le tour de main, qui consiste à sé¬
parer la pâte de la toile pour la jeter sur le feutre coucheur.
Presse humide. — La presse humide est en cuivre avec embrayage à friction. La
forme de son bâti permet d’avoir une caisse assez large pour recevoir la pâte tombant
de cette presse aussi bien que du premier rouleau.
490
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Presses coucheuses et montante. — La machine a deux presses coucheuses et une
presse montante.
Les bâtis des presses coucheuses et les docteurs sont disposés de manière à rendre
facile l’enlèvement des casses pendant la marche et à ménager le plus possible d’es¬
pace libre pour la tension des feutres.
Ces presses, de même que la montante, pour la construction desquelles on a con¬
seillé tantôt le bronze, tantôt la fonte trempée en coquille, tantôt le caoutchouc, sont
en fonte fine ordinaire , seul métal qui se prête bien au rodage voulu.
Elles sont toutes munies de débrayages à friction et d’appareils tendeurs de feutres
â mouvement parallèle ou indépendant, avec volants à la portée du conducteur.
Sécherie. — Elle a été étudiée en vue d’une fabrication de 5,ooo à 7,000 kilo¬
grammes, par vingt-quatre heures, de papier variant de 4o à 65 grammes le mètre
carré. C’est la force moyenne des papiers de consommation courante en France.
La purge de la tuyauterie de chauffage ne laisse sortir que de l’eau sans mélange
de vapeur; la sécherie est donc suffisamment développée.
La manœuvre d’embarquement du papier, pour passer d’un cylindre à l’autre , no¬
tamment entre les cylindres du bas et ceux du haut, est commode et exempte de danger
pour l’ouvrier conducteur, qui, du reste, a sous la main tous les tendeurs nécessaires
pour empêcher le plissement du papier.
Le diamètre des sécheurs du bas ne dépasse pas 1 m. 20, de façon que le papier
est toujours à portée de la main de l’ouvrier, sans qu’on soit obligé d’enterrer la ma¬
chine.
On a porté ai m. 4o le diamètre des cylindres du haut, afin d’augmenter la puis¬
sance de la sécherie sans la compliquer.
Le changement des feutres est facilité par la disposition des bâtis, qui laisse complè¬
tement libre, au-dessus du palier, toute la surface occupée par les sécheurs de feutre.
Les rouleaux sont en fer creux, aussi légers que possible.
Une série de comprimeurs permet de donner au papier tout l’apprêt qu’on peut
avoir sur la machine avant la calandre.
Le cylindre refroidisseur est muni d’un feutre qui se trempe d’une façon continue
au contact d’un cylindre de cuivre plongé dans l’eau. Le degré de mouillage de ce
feutre, et par conséquent celui du papier, est réglé au moyen d’un cône à plusieurs
vitesses.
Le papier, ainsi assoupli, passe dans une calandre composée de trois rouleaux de
fonte dure , munis de docteurs qui sont animés d’un léger mouvement de va-et-vient.
La feuille de papier, refendue ou non par les couteaux circulaires, suivant le besoin
du format, s’enroule sur les envidoirs commandés par des freins, dont le volant de ser¬
rage est fixe, ce qui permet de régler, avec la plus grande facilité, la tension de la
feuille.
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
491
Bobineuse. — La commande des rouleaux entraîneurs est faite par courroies afin
d’éviter les secousses. Un cône double permet de régler exactement le tirage de chacun
d’eux.
L’embarquement du papier se fait sans danger; il tombe naturellement entre la bo¬
bine et le premier rouleau. Un frein mobile règle la tension de la feuille qui se déroule.
Ce frein est disposé pour marcher régulièrement, même lorsque l’arbre qui le porte
ne tourne plus absolument rond.
Transmissions. — Les transmissions, d’un système mixte, avec poulies coniques et
mouvement de réglage des courroies, permettent d’allonger la machine autant qu’on le
veut, tout en n’ayant qu’un petit nombre d’engrenages d’angle.
En résumé, dans cette machine, les constructeurs ont réalisé habilement les condi¬
tions suivantes :
i° Facilité de mise en route et de passage de chacun des organes a l’organe suivant;
2° Rapidité des manœuvres de chargement des toiles et feutres;
3° Minimum possible de réparations;
4° Maximum de sécurité pour le personnel.
Enfin nous ne dirons qu’un mot du format : il a été choisi en vue de la moyenne
des commandes pour l’exécution desquelles cette machine a été construite.
Du reste , les bâtis et toutes les pièces accessoires peuvent s’adapter aussi bien à une
machine de grande largeur.
En examinant cette machine, on est frappé des bonnes dispositions quelle ren¬
ferme, et si l’on examine le papier quelle produit, on ne peut nier qu’il y a vraiment
un progrès réalisé. Ce papier, en effet, est léger, composé d’une pâte peu consistante,
vendu à bas prix.
Malgré cela, il est assez résistant pour supporter l’impression sur une rotative à
grande vitesse , du type Marinoni.
La deuxième machine qui fonctionnait était dans la section belge, et exposée par
l’importante maison de Naeyer et Cie, de Villebroeck.
Cette machine est bien présentée, et le public en suit le travail avec intérêt. Cepen¬
dant il ne nous semble pas quelle réunisse tous les avantages pratiques de la machine
précédente, notamment au point de vue de l’embarquement du papier et de la ma¬
nœuvre. Elle exige une fosse.
Les piles raffineuses sont d’un bon système; le papier fabriqué est d’une qualité et
d’un poids supérieurs à celui de la machine Darblay. Ce papier est vendu aussi un prix
sensiblement plus élevé.
Le papier de la machine Darblay est employé, comme il est dit plus haut, à l’im¬
pression du .Petit Journal; le papier de la machine de Naeyer est calandré d’abord, et
subit ensuite les transformations nombreuses de la papeterie commerciale : enveloppes ,
réglure, pliage, brochage, etc.
EXPOSITION* UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
492
Ces transformations du papier sont faites mécaniquement, et l’exposition de M. de
Naeyer renferme un grand nombre d’outils divers, très habilement conduits par un
personnel d’ouvrières belges, en costume national.
MACHINES NON ANIMÉES À FABRIQUER LE PAPIER.
Nous devons citer en première ligne, dans la section belge, la machine de MM. Dau-
TREBANDE (H.), ThIRY (F.).
Cette machine occupe un emplacement très considérable. Elle est bien comprise,
d’une excellente construction ; elle est vraiment pratique , tant au point de vue de l’em¬
barquement du papier, du séchage et du calandrage.
Les bâtis sont disposés de telle sorte que les ouvriers peuvent manœuvrer sans dan¬
ger et approcher aisément de tous les organes qu’ils ont sous la main. Le changement
du feutre est facile, les bâtis sont aisément démontables, la machine n’a pas besoin
de fosse, les supports des rouleaux conducteurs sont d’un montage commode, les
rouleaux de la calandre, facilement démontables et réglables, sont très exactement
rodés.
On est autorisé à dire que cette belle machine fait grand honneur à ses construc¬
teurs. Conçue un peu dans le même ordre d’idées que la machine Darblay, elle en
rappelle les avantages.
La machine de MM. Eschger, Wyss et Cie ne fonctionnait pas non plus.
L’exposition de cette importante maison était très remarquable.
La machine à papier, munie d’épurateurs à plaques verticales, est d’une construc¬
tion très soignée, presque luxueuse. L’épurateur-tablier à plaques verticales doit pro¬
duire beaucoup et être d’un bon emploi ; cet épurateur permet de diminuer Remplace¬
ment occupé par la machine.
La machine à papier occupe plus de hauteur que les diverses autres machines, et,
sans vouloir en critiquer la construction, il a paru au jury que la manœuvre, pour les
ouvriers conduisant cette machine, était moins pratique que dans les autres types dont
il a été question ci-dessus.
La maison Eschger, Wyss et Cie a communiqué une liste des installations quelle a
faites. Cette liste contient un très grand nombre d’applications qui prouvent surabon¬
damment que les machines sont justement appréciées.
La machine à papier exposée reproduit naturellement l’ensemble que l’on rencontre
un peu dans toutes les machines de ce genre; nous ne nous y arrêterons donc pas
davantage.
On peut regretter que cette machine ne fonctionnait pas; il en est de même pour la
machine de MM. Dautrebande et Thiry.
M. Debié, l’ingénieur bien connu, a exposé diverses machines employées dans les
fabriques de papiers, et des dessins très intéressants représentant, les uns des machines
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
493
à fabriquer le papier et le carton, les autres des installations d’usines, dont M. Debié
a été l’ingénieur.
Ses machines exposées, qui vont être sommairement décrites, de même que les des¬
sins, sont bien étudiées et renferment des dispositions pratiques; les formes et la partie
mécanique pure manquaient d’homogénéité, M. Debié n’étant pas lui-même construc¬
teur.
MACHINES EXPOSÉES.
Coupe-chiffons et cordes , coupant les chiffons et les cordes jusqu’à o m. o4 de gros¬
seur. Toile alimentaire avec disposition particulière des rouleaux d’appel, pour garantir
l’ouvrier contre tout accident. Bâti formé d’un bloc solide pour résister aux chocs ré¬
pétés qu’il a à supporter. Volants puissants pour assurer la bonne coupe des matières ;
pourtant une autre disposition pour les deux volants eût été préférable.
Pile rajffineuse-affleureuse à force centrifuge. — Son mécanisme est disposé pour ob¬
tenir la circulation de la pâte, avec le moins de travail dépensé, et l’alimentation com¬
plète des surfaces triturantes, point essentiel pour une trituration prompte, régulière
et utilisant le mieux possible la force motrice. Les surfaces travaillantes de l’organe
mobile sont amovibles et peuvent se remplacer facilement.
Machine à faire le carton par superposition , dite enrouleuse v , et accessoires. — Cette ma¬
chine a marché à blanc pendant le dernier mois de l’Exposition , après le passage du jury.
Dans cette machine, la partie mobile est supportée par des lames de ressort en acier
fixées sur le socle de fondation et aux règles ; le mouvement d’oscillation , à vitesse et
amplitude variables, est communiqué par un nouveau mécanisme excluant toute pièce
lourde animée de mouvement alternatif; des dispositions particulières des supports de
rouleau permettent le rattrapage du moindre jeu entre les pièces indépendantes de la
table et celles fixées, de façon à annihiler tous les effets d’inertie des pièces, dont les
unes sont animées d’un mouvement d’oscillation seul et les autres simultanément d’un
mouvement de rotation ou de translation. La tension de la toile se fait par le rouleau
de tête, déplacé horizontalement, au lieu de se faire, comme à l’ordinaire, sur la partie
inférieure de la toile par des rouleaux se déplaçant verticalement , et cela, pour éviter la
torsion de la toile et la déformation qui en est la conséquence. Le régulateur de la
toile, au lieu d’être actionné directement par un des rouleaux de conduite, Test par un
axe séparé, doué d’un mouvement retardé au moyen d’engrenages.
La feuille formée sur la toile est enroulée ici pour former un carton de plus ou
moins d’épaisseur; mais le cylindre formeur peut être remplacé par un cylindre ordi¬
naire de presse humide, pour que la feuille soit conduite directement sur la presse
coucheuse. La presse coucheuse, disposée comme celle d’une machine type de 187 q,
a des cylindres creux inflexibles, dont l’inférieur est couvert de caoutchouc.
494
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
L’épurateur placé en tête de la table est d’un système nouveau : la partie filtrante,
affectant la forme d’un parallélépipède creux sans fond, est simplement posée dans une
caisse en bois; il renferme un plongeur animé d’un mouvement oscillant très rapide
et à très petite amplitude, qui lui est communiqué par un arbre au moyen d’excen¬
triques et bielles, et qui facilite le passage de la pâte à travers les fentes des plaques.
Coupeuse de papier en long et en travers , à coupe droite ou oblique. — Dans cette cou-
peuse, les dispositions générales sont empruntées aux divers types de coupeuses à cou¬
teau mobile tournant, à coupe droite ou biaise, établies par les mêmes exposants
depuis 187 4. La presse mobile ou d’appel est directement menée par les bielles et
l’arbre manivelle placé près du sol. L’arbre du couteau mobile est oscillant; le mouve¬
ment lui est communiqué de l’arbre à manivelle, suivant le mode de transformation du
mouvement circulaire continu en un mouvement circulaire alternatif.
Dans cette coupeuse, la barre portant les couteaux fixe et mobile peut être déplacée,
en vue de la coupe oblique, autour de la tige à rotule du cadre dans lequel se meut
l’excentrique placé sur l’arbre à manivelle. La coupeuse est ainsi de la plus grande
simplicité.
Bobineuse pour papier à impression continue , tel que papier pour journaux. — Elle
est à cylindre unique enroulant le papier par entraînement à une vitesse constante et
sans l’aide d’un cylindre de pression.
Pour maintenir la bobine en place sur le cylindre, surtout au commencement, la
pression nécessaire se fait directement sur l’axe par l’intermédiaire de ses coussinets;
elle diminue progressivement à mesure que le diamètre de la bobine, portant son
poids, augmente, et cela au moyen cl’un contrepoids à levier variable.
Sur cette bobineuse, M. Ch. Granger, exposant, a placé une mouilleuse-trempeuse
de son invention; elle est à course variable, et le volume engendré est constamment
proportionnel a la surface du papier enroulé.
MACHINES ET OBJETS DIVERS.
Pompe rotative du système Greindl, modifiée en vue de son emploi en papeterie,
pour l’élévation des eaux chargées de pâte, des lessives, etc. Robinets à grand débit;
soupape d’échapppement des lessiveuses, etc.
DESSINS.
Machine à papier, type de i8yg. — La première machine à papier fut établie dans
la fabrique à papier rcEl Canar», à Valence (Espagne), pour fabriquer des papiers
d’emballage, depuis le papier à oranges de 12 à i3 grammes le mètre carré jusqu’au
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
495
carton mince de 5oo grammes, papiers (excepté ceux pour oranges) et cartons dont
ils emploient eux-mêmes de i,5oo à 2,000 kilogrammes journellement pour l’em-
paquetage des allumettes, bougies et autres produits similaires de leur fabrique d’Ai-
fara.
Une machine semblable a été établie en i884 à «la Guipuzcoana » , fabrique de
papier, à Tolosa (Espagne), pour fabriquer des papiers à impression ordinaires et mi-
fins.
Ce type de machines, produisant le papier à des vitesses variant de 2 m. 5o à
35 mètres par minute, diffère de celles construites jusqu’alors par la forme et la dis¬
position de ses bâtis très solides, rendant le papier facilement accessible, en tous les
points, pour sa conduite à travers la machine.
Machine à papier, type de 1886. — Créée spécialement, à cette époque, pour la
marche en grande vitesse, en vue de la production des papiers de qualité très ordi¬
naire pour impressions et pliage.
Ce type est caractérisé par les dispositions nouvelles de la table de fabrication, dans
le but de diminuer, autant que possible , l’usure de ses organes et de la toile , les dé¬
fauts de fabrication provenant de la grande vitesse de la table , des effets d’inertie des
organes assujettis a des mouvements alternatifs très répétés, combinés ou non, avec
d’autres mouvements, rotation ou translation; une table de fabrication construite
d’après ces données est exposée, et les différentes dispositions, grâce auxquelles ces ré¬
sultats sont obtenus, seront examinées sur l’objet même.
Les bâtis des sécheurs et lisse-satineuse ont été réduits, autant que la solidité qui
leur est nécessaire l’a permis , pour ne masquer aucun sécheur ou gêner la conduite du
papier.
Dans le même but, tous les supports des docteurs et des rouleaux de feutre et de
papier sont placés sur deux fortes barres d’appui, sur lesquelles ils peuvent se dé¬
placer.
Machine à carton, type de 1880 , à table plate-forme et double toile pour carton continu de
0 kdogr. 200 à 2 kilogrammes le mètre carré. — Les particularités à signaler sont :
i° La disposition des supports des cylindres de la presse de toile, pour pouvoir dé¬
placer celui de dessus, autour de l’axe de celui de dessous;
20 Celle des deuxième et troisième presses avec rouleaux creux, de construction par¬
ticulière, inflexible, quelle que soit la pression (jusqu’à 2 5, 000 kilogrammes) exercée
au moyen de leviers et contrepoids, cages des presses appuyées directement sur le sol,
comme dans la machine à papier type de 1879;
3° La sécberie, de très grand développement, à cylindres superposés, sans feutre,
à l’exception d’un seul placé sous les deux premiers sécheurs de dessous , pour l’intro¬
duction du carton encore très humide. Le poids des sécheurs supérieurs peut, à vo-
49G
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
lonté, être reporté en tout ou en partie et progressivement sur le carton, qui reçoit
alors un apprêt sullisant pour beaucoup d’usages.
A la suite de la sécberie est placé un laminoir puissant à deux ou plusieurs cylindres
en fonte trempée de gros diamètre, à pression variable, pour donner au carton tout
apprêt désiré.
Après le laminoir sont placés un dévidoir et une coupeuse continue pour mettre le
carton en rouleaux ou le couper en feuilles, de sorte qu’il puisse être livré a la consom¬
mation immédiatement à la sortie de la machine, laminé ou non, en rouleaux ou en
feuilles.
Les machines à papier et à carton sont avec transmissions à vitesse variable par
poulies droites et coniques.
EXPOSITION DE LA BANQUE DE FRANCE.
Les diverses machines à papier dont il vient d’être question s’appliquent à la fabri¬
cation du papier en général. Il nous reste à parler d’une machine spéciale, celle exposée
par la Banque de France.
La machine est admirablement rendue par une peinture à l’huile représentant très
fidèlement la machine.
Cette machine, et c’est là son côté original, filigrane à la forme, fait mécaniquement
du papier à la main et exécute ce travail avec une très grande perfection, si l’on en
juge par les échantillons soumis au jury.
Tout le monde connaît la finesse et la pureté du papier fdigrané de nos billets de
banque. M. Dupont, l’ingénieur de la Banque de France, a bien voulu donner au jury
les explications intéressantes qui sont reproduites ci-après. M. Magnin, le directeur
de cet établissement national, avait gracieusement offert à MM. les membres du jury
d’aller voir fonctionner deux de ces machines aux ateliers de Bierzy, près la Ferté-
sous-Jouarre. Le temps manquait d’abord pour faire cette excursion, et le règlement
du jury international n’autorisait pas ce déplacement.
Cette machine, d’un type entièrement nouveau, a été inventée par M. Dupont, in¬
génieur, directeur adjoint de la fabrication des billets.
Jusqu’en 1878, la Banque de France s’est adressée à l’industrie privée pour la
totalité de la fourniture de son papier. A cette époque, elle a commencé l’essai d’une
première machine du système Dupont; les résultats obtenus ayant été satisfaisants, la
Banque a adopté définitivement ce mode de fabrication mécanique.
Elle a construit une usine où elle a installé deux de ces nouvelles machines, et, de¬
puis 188/1, elle fabrique elle-même tout son papier fdigrané.
Ces machines reproduisent exactement toutes les opérations du travail à la main;
chacune d’elles possède 4o formes en bronze , montées sur une chaîne sans fin com¬
posée d’autant de maillons articulés formant crémaillères. Cette chaîne, supportée par
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS*
497
des galets, se déplace d’un mouvement uniforme, dans un plan vertical, sur des che¬
mins horizontaux parallèles et superposés, réunis à leurs extrémités par des segments
demi-circulaires.
Chacune des formes porte une couverte articulée sur un des côtés, formant charnière
et pouvant se rabattre au-dessous du niveau de la toile sur laquelle se fait le papier.
Contrairement à ce qui a lieu dans la fabrication à la main, on ne fait pas des¬
cendre les formes pour les plonger dans la cuve : c’est celle-ci qui monte vers les formes
et les noie.
Dans leur mouvement de translation , les formes viennent se présenter successive¬
ment au-dessus de la caisse à pâte qui, en s’élevant, les recouvre de pâte pour s’abaisser
ensuite. L’alimentation de cette caisse est disposée de manière que les formes ne re¬
çoivent que de la pâte épurée provenant d’un épurateur placé près de la machine.
Au sortir de la caisse â pâte, les formes, continuant leur mouvement, reçoivent sur
une partie de leur parcours un tremblement analogue à celui de la toile métallique
d’une machine à papier ordinaire.
Lorsque la pâte est suffisamment envergée et égouttée, une fourchette saisit la cou¬
verte par une oreille fixée sur un de ses côtés et la rabat, laissant la feuille complète¬
ment à découvert sur la forme et prête a être couchée.
Le couchage se fait de bas en haut sur une toile métallique sans fin qui passe sur
un gros cylindre garni de flanelles mouillées.
Après le couchage, les formes, continuant leur mouvement, descendent dans le
chemin circulaire, au-dessous d’un plancher de service qui règne tout autour de la
machine, et viennent se laver dans un bac rempli d’eau; elles remontent par le chemin
circulaire opposé et reviennent à leur point de départ. Les couvertes se remettent
d’elles-mêmes en place sous l’action de la pesanteur.
La feuille couchée sur la toile sans fin passe à l’étage supérieur et rentre dans la
sécherie; elle est d’abord essorée par des feutres, pressée entre les rouleaux d’une
presse humide, séchée sur des cylindres sécheurs chauffés à la vapeur, et finalement,
â la sortie du dernier sécheur, enlevée à la main par un apprenti.
La toile passe ensuite dans des caisses remplies d’eau, où elle est nettoyée par des
brosses, et elle revient au coucheur.
La machine dont le dessin est exposé fabrique des feuilles de o m. y 6 X o m. 3i.
Elle peut produire autant de travail que 12 cuves fabriquant du papier analogue. Elle
exige douze à quatorze fois moins de main-d’œuvre que la fabrication à la main. Le
papier filigrané fabriqué sur ces machines est l’équivalent des meilleurs papiers fabri¬
qués a la main. C’est la première machine qui ait permis d’atteindre un semblable
résultat.
En 1881, le Gouvernement russe s’est rendu acquéreur d’une machine de ce type;
elle fonctionne dans les ateliers de l’Expédition impériale pour la confection des papiers
de l’Etat russe, â Saint-Pétersbourg.
Groupe VI. — iv.
32
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
498
M. le comte de Sparre, à la galerie du premier étage, exposait un petit modèle de
machine a fabriquer mécaniquement le papier à la main, avec une combinaison de
formes multiples. Ce petit modèle ne fonctionnait pas, et aucun échantillon ni aucune
explication n’ont pu être donnés au jury.
A côté des machines à fabriquer le papier, qui viennent d’être décrites, figurent un
certain nombre de machines secondaires : les coupeuses en long et en travers, les bo¬
bineuses.
On trouve ces machinés dans les expositions de MM. L’Huillier (Louis), L’Huillier
(Man in), Debié, de Naeyer, Chantrenne.
Forcément, par leur destination même, ces machines ont entre elles une très grande
analogie; elles sont bien construites et possèdent, toutes, de très intelligentes disposi¬
tions de détails dans le mouvement du couteau, de .la table, etc.
M. Simonet exposait un triturateur avec coquilles à réglage automatique. Cet appareil
ne marchait pas, et il n’a pas été loisible d’en voir les détails intérieurs.
Ce triturateur s’applique à toutes les matières premières employées dans la pape¬
terie.
M. Ch. Faüvel, dont l’exposition était confondue avec celle de M. Debié, dont nous
avons déjà parlé et avec qui il exposait collectivement, avait aussi :
Une barbotte pour triturer les rognures de papiers; cette machine est disposée pour
accélérer le travail de la pile;
Une machine à carton, dite enrouleuse , composée essentiellement d’une table de fa¬
brication, caisses aspirantes, presse fixe et presse mobile, cylindre enrouleur pour
format avec avertisseur indiquant l’épaisseur du carton.
M. F auvel a exposé en outre :
Un laminoir dans lequel la pression exercée par le cylindre peut, à volonté, être
fixe par le moyen de vis ou élastique , de levier et de bascules ;
Une coupeuse circulaire, avec couteaux mobiles, pour couper et ébarber selon les
formats.
Ces machines, absolument classiques, ne présentaient aucun caractère distinctif de
nouveauté.
M. Levasseur exposait une nouvelle machine à refondre les rognures, pâtes de paille
et de bois. Cette machine était inanimée.
M. Erard. — L’humecteuse universelle, système Erard, fonctionnait. Cette machine
ne nous a pas semblé réaliser des progrès sur les humecteuses employées depuis de
longues années dans les industries textiles.
M. Fouché — L’aéro-condenseur de M. Fouché et son séparateur de graisse sont
intéressants à étudier.
L’aéro- condenseur est employé dans un très grand nombre d’industries, et s’il
figurait dans la classe 58, c’est qu’il est en usage dans l’industrie du papier et du
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
/i 99
carton pour le séchage du papier, du carton-pâte, de la carte en feuille, des impres¬
sions en noir et en couleurs. Dans ce genre d’application, cet appareil doit être com¬
plété par un séchoir à chariots.
L’aéro-condenseur peut servir aussi pour le chauffage et la ventilation; il a reçu un
certain nombre d’applications.
Le séparateur de graisse, que le jury n’a pu voir fonctionner, a pour but (comme
son nom l’indique) de séparer les matières grasses des eaux de condensation, et par
suite de permettre d’employer à nouveau celles-ci pour l’alimentation des générateurs
à vapeur.
M. Hermitte. — L’appareil de blanchiment de M. Hermitte, construit par MM. Pa-
terson et Gooper, est un appareil absolument nouveau dans lequel l’électricité joue le
principal rôle.
Cet appareil, comme bien d’autres, hélas! ne travaillait pas, et nous devons de
connaître les services qu’il rend pour le blanchiment des pâtes â papiers à l’obligeance
de MM. Darblay père et fds, qui emploient l’appareil Hermitte dans leurs importantes
papeteries d’Essonnes.
On peut reprocher â cet appareil d’exiger une grande force motrice, mais dans bien
des cas, dans de grandes usines possédant souvent des forces hydrauliques considé¬
rables, on ne regarde pas à quelques kilogrammètres de plus, nécessités par une ma¬
chine dont le rendement est vraiment supérieur.
Apportant aussi un bon appoint à la fabrication des papiers, il faut mentionner les
progrès réalisés dans la préparation des feutres sécheurs, coucheurs, montants et
manchons en laine, et sécheurs en coton; des toiles métalliques, rouleaux égoulteurs.
Les expositions de MM. Louis Lang et fds, à Nancy; Martel Catala, à Schlestadt;
Procop, Deboüchaud, Mattard et Clc, a Nersac; Weill et Dreyfus, à Paris; Binet (Louis)
et G‘e, à Annonay: Weiller et G'e, à Angoulême; Pepin-Veillard et Perrin, à Orléans;
Catala fils, à Virginal (Belgique), offraient d’intéressants échantillons de leurs divers
produits, des fds métalliques d’une ténuité invraisemblable et cl’une régularité parfaite,
des feutres parfaitement foulés, très régulièrement, et d’une grande homogénéité.
Avant de passer aux machines servant à l’apprêt des papiers, aux machines de tous
genres employées dans l’imprimerie et la papeterie, il est juste de signaler un intéres¬
sant appareil exposé par MM. Vigreux et Petit, un antheximètre pour essais de résis¬
tance du papier.
Non seulement cet antheximètre permet de mesurer exactement la force de résis¬
tance d’un papier, mais, au moyen d’un dispositif ingénieux, il laisse, entre les mains
de l’opérateur, une série de courbes établissant des moyennes de résistance sur des
hases indiscutables, les diagrammes étant tracés par la machine elle-même.
Cet appareil a été acquis par la Banque de France.
3a.
500
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
MACHINES À APPRÊTER LE PAPIER.
MACHINES EN TOUS GENEES POUR L’IMPRIMERIE, LA PAPETERIE.
Avant de nous occuper des machines à imprimer et des machines diverses pour lu
papeterie, nous avons à passer en revue les machines à apprêter le papier.
Nous avons vu combien étaient nombreuses les différentes sortes de pâtes employées
à la fabrication des papiers. La rareté du chiffon et sa cherté ont développé Temploi
de ces papiers, et pour leur donner les qualités voulues, tout en nelévant pas le prix
de revient, il a fallu leur faire subir un apprêt qui les rende propres aux divers usages
auxquels on les destine.
Depuis 1878, pour les journaux, les livres illustrés, les revues de tous genres, dont
plusieurs sont tirés en un grand nombre de couleurs, il fallait un papier bien plein,
bien lisse, prenant bien l’encre; le calandrage du papier s’est donc imposé. Le traite¬
ment par la calandre donne précisément à des papiers secondaires, de prix moyen, les
qualités requises.
En 1878, les calandres à papier étaient peu nombreuses, trois au plus étaient
présentées au public. Cette année, au contraire, en raison des besoins qui se sont
développés d’une façon prodigieuse, le nombre des calandres exposées était beaucoup
plus important.
Dans la section belge, se trouvait la calandre de MM. Dautrerande et Thiry, à bâtis
fermés, calandre comprise dans leur machine â papier.
En Suisse, faisant suite à leur machine à papiers, MM. Escher, Wyss et C1C, de
Zurich, exposaient une belle calandre à 10 rouleaux, à bâtis ouverts, d’une très bonne
construction; les coussinets des rouleaux paraissent d’une disposition pratique et d’un
réglage facile; les cylindres métalliques sont d’un beau poli et semblent bien rodés.
Ces deux calandres ne marchaient pas.
Par contre, la calandre exposée par MM. de Naeyer et C,e, de Villebroeck, a conti¬
nuellement travaillé et calandrait les papiers fabriqués par la machine â papiers de
cette maison.
Cette calandre était à bâtis fermés, d’une construction courante, fonctionnait avec
régularité et ne présentait aucune particularité remarquable.
Les calandres françaises étaient les suivantes :
Une calandre à onze rouleaux de L. Lhuillier, de Vienne (Isère), qui en exposait
déjà une en 1878.
La calandre type 1889 présente plusieurs dispositions nouvelles et avantageuses.
L’une d’elles est relative à la forme adoptée pour les paliers des rouleaux intermé¬
diaires. Ces paliers sont en deux parties : une partie fixe et une partie mobile. La
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
501
partie fixe, en forme de □ , est boulonnée aux bâtis de la calandre, et les deux bou¬
lons, la fixant à ces bâtis, traversent une grande coulisse verticale, qui permet de
régler la hauteur exacte de cette pièce d’après le diamètre des rouleaux. Ladite pièce
possède une tête à chapeau à l’extrémité de chacune des branches de TU, et c’est dans
ces deux têtes que coulissent, pendant la marche de la calandre, les axes de la partie
mobile du palier.
Cette partie mobile se meut donc dans un plan vertical, passant par Taxe de
tous les rouleaux de la calandre; il n’y a plus aucun coincement possible, et la ca¬
landre, tout en étant à bâtis ouverts, a les mêmes avantages que les calandres â bâtis
fermés.
Elle a, en plus, le grand avantage de permettre de sortir, en quelques minutes, un
rouleau en papier, de pouvoir tenir ces rouleaux toujours en parfait état, en les tour¬
nant aussi souvent qu’une grave détérioration se produit, ou que l’usure l’exige.
Parmi les dispositions nouvelles, il y a à signaler également les coquilles en bronze
â doubles joues, réglables par vis, des paliers intermédiaires; le débrayage instantané,
permettant d’arrêter la calandre en un demi-tour de l’arbre du pignon de commande;
la forme des ressorts détacheurs guideurs, et celle des ressorts guideurs basculeurs.
Cette machine de M. L. Lhuillier, comme on peut le voir par la description ci-
dessus, est d’une excellente construction et à bâtis ouverts. Elle fonctionnait avec une
régularité parfaite.
Pendant qu’il est question des machines servant à l’industrie du papier, il est inté¬
ressant de signaler les autres machines exposées par ce constructeur distingué, dont
toutes les machines sont justement réputées.
Coureuse en biais avec ramasse-feuilles. — Cette machine réalise un progrès véritable
dans les coupeuses â papier genre Verny, parce qu’elle permet d’établir, avec la coupe
biaise, un empileur de feuilles automatique.
Jusqu’ici, en effet, la plupart des systèmes de ramasse-feuilles, étudiés pour les
coupeuses Verny, n’avaient pu être appliqués qu’à la coupe d’équerre. On était obligé
de les démonter chaque fois que Ton voulait couper en biais. Avec cette machine, on
évite cet inconvénient et on peut conserver Je ramasse-feuilles, quel que soit le genre
de coupe employé.
Le feutre qui, dans les machines Verny ordinaires, accompagne la feuille depuis
la coupeuse en long jusqu’au couteau transversal, est supprimé. Ce feutre est remplacé
avantageusement par des lames en acier poli, lesquelles évitent toute dépense d’en ¬
tretien et simplifient la machine.
La coupeuse exposée pouvait couper 1 m. €5 de largeur de papier rogné.
Machine à filigraner. — Cette machine est la première construite d’après un brevet
pris par un ingénieur russe, M. Timo Korvitch. Elle devra permettre aux fabricants
50*2
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
de papier à lettres de remplacer le filigranage au laminoir (en feuilles et à la main)
par le fdigranage en continu.
A côté de M. Lhuillier (Louis), se trouvait l’exposition de M. Lhuillier (Manin).
Ce constructeur exposait aussi une calandre à huit rouleaux pour satiner le papier
en feuille. Cette calandre est à bâtis fermés, mais l’ouverture de la cage dans les bâtis
est assez large pour permettre de sortir les cylindres par la cage, quand besoin est.
Ce constructeur a exposé au jury que les bâtis fermés présentaient, suivant lui,
plus de rigidité que les bâtis ouverts, surtout dans les calandres de grandes dimen¬
sions.
On pouvait voir aussi dans cette exposition une coupeuse pour papiers filigranés,
des cylindres pour l’impression des tissus.
MM. Kientzy frères exposaient aussi une grande calandre à papier. Cette machine,
d’un ancien modèle, est d’une bonne construction; les bâtis sont fermés, et, comme
dans la calandre de M. Lhuillier (Manin), quand il est nécessaire de sortir un cylindre,
l’ouverture des cages latérales est d’une largeur suffisante pour permettre le passage
des cylindres.
Ces mêmes constructeurs exposaient aussi une grande calandre, du même type que
la précédente, à 5 cylindres, pour les étoffes. Cette machine est munie de dispositions
bien comprises, notamment d’un mouvement de friction.
Enfin M. Fernand Dehaitre exposait une grande calandre à îo rouleaux, avec bâtis
fermés, démontables, pour enlever un cylindre. Une partie du bâti de devant se dé¬
monte aisément , ce qui rend cette manœuvre des plus faciles. Le constructeur a pensé
réunir ainsi les avantages des bâtis ouverts et des bâtis fermés; il avait aussi une autre
raison pour établir cette disposition, c’est que, par suite du procédé tout spécial d’ali¬
mentation du papier, monté sur la calandre exposée, on n’a que très rarement besoin
de démonter les rouleaux.
Cette dernière calandre, avec ce nouveau genre d’alimentation, a été remarquée par
tous les visiteurs compétents.
Toutes les calandres exposées conduisent les feuilles au moyen de cordons, de
lames, de ressorts, de contrepoids; aussi l’introduction du papier n’est-elle pas sans
dangers.
En outre, étant donnés la qualité souvent médiocre du papier et les corps étrangers
qu’il renferme, avec l’ancien procédé, les rouleaux sont rapidement détériorés par ces
impuretés, ce cpii n’a pas lieu avec l’alimentateur pneumatique Smith, monté sur cette
calandre.
Cet alimentateur (breveté s. g. d. g.) rend très facile le service des calandres â
papier, supprime les brisures et les pertes de papier, donne un glaçage parfait, en te¬
nant toujours frais et propres les rouleaux qui ne se gravent pas, et par conséquent
n’ont pas besoin d’être retournés.
I! a, pour base, l’emploi d’une soufflerie d’air lancé dans le conduit principal par
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
503
l’action d’un ventilateur placé en dehors de la calandre. Sur le conduit principal, sont
branchés des docteurs à air, mobiles autour d’un conduit, autour duquel ils peuvent
tourner pour être visités.
Il y a un docteur à air sur chacun des rouleaux de la calandre, sauf sur le rouleau
en fonte du bas et sur celui du haut. L’air, lancé dans le conduit distributeur, arrive
dans chaque docteur par un canal tubulaire central, sur lequel sont branchés perpen¬
diculairement une série de petits conduits, très voisins les uns des autres; l’air est
alors projeté sur le cylindre correspondant de la calandre, en circulant le long d’une
sorte d’enveloppe cintrée suivant le diamètre du cylindre, et fait adhérer dans sa
marche le papier sur le cylindre, rejette les impuretés au dehors, empêche la surface
des cylindres de s’échauffer et produit ainsi, sans danger pour l’ouvrier, un travail
parfait et irréprochable.
Cet appareil, dont de nombreuses applications ont démontré l’efficacité, peut
s’adapter aux calandres existantes.
De ce qui précède, du nombre de calandres exposées, on peut conclure que ces
machines se sont beaucoup développées depuis dix ans. Les constructeurs leur ont ap¬
porté de sérieux perfectionnements au point de vue des bâtis, des cylindres, des coussi¬
nets, du guidage des feuilles de papier, du guidage du papier quand on marche avec
du papier en rouleaux.
On doit déplorer que les Américains, qui ont une réputation méritée pour leurs ca¬
landres; que les Allemands, qui nous ont devancés dans leur construction, qui ont
fait connaître les cylindres anti-flexion et qui possèdent, il faut en convenir, des
moyens supérieurs aux nôtres pour la fabrication des cylindres en fonte trempée; que
les Anglais, enfin, n’aient pas envoyé quelques beaux spécimens de ces machines: la
lutte eût été plus vive et le succès plus éclatant pour le vainqueur.
50/i
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
SECTION IL
FONDERIES DE CARACTÈRES. — MACHINES A FONDRE LES CARACTERES
MACHINES A COMPOSER.
Les progrès réalisés dans la fabrication des papiers, l’emploi des pâtes de bois, le
calandrage , tous les perfectionnements obtenus en vue d’obtenir des papiers relative¬
ment bons, et cependant à bas prix, tout cela në servirait pas à grand’chose, si, de
leur côté, les fondeurs de caractères, les graveurs, les clicheurs, la galvanoplastie,
l’héliogravure, n’étaient point venus apporter leur pierre à l’œuvre Commune.
Dans tous ces arts, on a recherché avant tout la perfection et la rapidité.
La machine à composer a fait, de son côté, quelques efforts, mais* avec les pro¬
cédés actuels de clichage si prompts, ces machines ont bien perdu de leur intérêt.
Si le problème de la machine à’ composer est résolu en principe, l’est-il d’unè façon
assez pratique pour s’imposer? Evidemment non.
Les différentes machines à composer seront mentionnées ci-après.
FONDERIES DE CARACTÈRES.
Les fondeurs de caractères avaient exposé des types extrêmement variés de leur
fabrication. De très beaux spécimens permettaient de se rendre compte de la finesse
des traits, de la régularité d’approche, de la netteté de l’œil.
En Espagne, Al. Ceferino Gorchs; M. Mac Kellar, MM. SiviiTsand Jordan C°, dans la
section américaine; MM. Caslon et C'e, et M. Badoureau, dans la section anglaise; en
Norwège, M. Jacobsen (Martin Julius); en Russie, M. Lehmann; en Suisse, M. Haller,
MM. Martin Auguste et Cie, exposaient des caractères et ornements en métal et en bois
d’une excellente fabrication.
En Hollande, MM. Enschedé et Zonen avaient une exposition remarquable et repro¬
duisaient, avec les outils, moules, poinçons, matrices de chaque époque, une sorte
de genèse de la fonderie. La Constitution des Pays-Bas , petite plaquette imprimée avec
des caractères corps a , une rareté typographique , donnait la mesure des perfectionne¬
ments obtenus par ces exposants, dans la fonte des caractères.
En France, la maison Deberny et G,e (Tuleu successeur) obtenait un légitime succès
avec les spécimens d’anglaises et autres caractères d’une grande beauté d’exécution.
Depuis 1878, cet établissement a créé une série nombreuse de types nouveaux
d’une pureté accomplie.
M. Turlot appelait l’attention du public et du jury non seulement par de nombreux
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
505
types, par clés épreuves d’impressions de luxe faites avec ses caractères, mais encore
par des essais de fontes de caractères en matière plus dure(1), et par conséquent d’une
plus longue durée que les caractères en métal ordinaire; par des types étrangers :
grecs, allemands, polonais, russes, etc.; par des molettes fondues pour les châssis,
numéroteurs typographiques et les vignettes, culs-de-lampe, etc.
MM. Beaudoire et C'e (ancienne Fonderie générale), Laval et C,c, Mayeur, Doublet,
Peignot, Renault, Warnery frères, Berthier et Durey, Paul Noisette, avec ses carac¬
tères polytypes(2), formaient un ensemble très complet de tous les caractères, filets,
blancs, espaces, interlignes et autres spécimens de réglures, vignettes, donnant de
cette industrie une haute opinion.
L’examen des poinçons, des matrices prouve que les graveurs sont restés à la hau¬
teur de leurs devanciers, et qu’ils auraient trouvé grâce devant les Elzevir et les Aide
Manuce.
MACHINES À FONDRE LES CARACTÈRES.
Les caractères dont nous venons de célébrer les mérites indiscutables sont obtenus
â l’aide de machines spéciales.
Ces machines, depuis 1878, ont fait de notables progrès : maintenant, elles finis¬
sent entièrement le caractère; les mouvements en sont des plus ingénieux.
La maison Foucher exposait une machine à fondre dite L’Universelle.
A l’Exposition universelle de 1878, cette maison exposait une machine à fondre les
caractères, qui fondait, frottait, au moyen de deux fraises, et rompait; puis, une ma¬
chine ordinaire sans frotterie ni romperie. Les lettres étaient rompues d’abord â la
main et frottées ensuite sur des machines indépendantes et composées d’une meule
d’émeri et d’un levier à châssis , dans lequel se logeait la lettre â frotter.
Après 1878, de nombreux perfectionnements ont amené cette maison â créer une
machine qui fondait, rompait, frottait, sur la frotterie seulement.
U Universelle , exposée aujourd’hui, est construite de telle façon, quelle fond, rompt,
frotte, crène, apprête, fait la gouttière au pied de la lettre et place les lettres sur un
composteur de fonderie, mais, de plus, fait des crans supplémentaires, dessus ou des¬
sous la force de corps, suivant la volonté et le besoin du fondeur en caractères. Cette
machine permet également de faire toutes les hauteurs possibles. Elle fond à volonté le
cran français ou le cran allemand , au moyen d’un nouveau système de porte-matrice
articulé. On peut se servir indistinctement de tous les genres de matrices, soit des ma¬
trices en galvano monté sur zinc ou sur cuivre, soit des matrices faites au poinçon ou
en galvano plein.
La production d’une machine universelle , du corps 5 au 1 h , pour laquelle la vitesse
Celte matière ne contient plus de plomb : elle C’est M. de Calonne, en 1876, quia présenté
se compose de régule, d’étain, de cuivre; c’est donc aux imprimeurs ce nouveau système de lettres assem-
11 n bronze blanc. Idées, dites polytypes.
506
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
est de i tour de manivelle pour la production d’une lettre, est de 70 lettres à la mi¬
nute, soit 4,ooo à l’heure, et au minimum 4o,ooo pour un travail de 10 heures, le
corps 8 ou 9 étant pris comme moyenne. On peut, naturellement, tourner plus vite
pour le corps b; la production en sera donc augmentée, tandis quelle sera diminuée
pour les corps 10, 11, 1 2 et 1 4 qui demandent moins de vitesse, mais qui sont aussi
d’un emploi beaucoup moins fréquent en typographie.
En dehors des machines à fondre les caractères, MM. Foucher frères exposaient une
série de machines pour la clicherie, l’imprimerie, la papeterie et la reliure, d’une bonne
construction.
MACHINES À COMPOSER (1).
Depuis longtemps, les inventeurs cherchent à remplacer le travail manuel du com¬
positeur par des moyens mécaniques.
Des essais nombreux de machines à composer ont été produits aux Expositions pré¬
cédentes; elles reposent généralement sur le principe de lever la lettre au moyen de
touches de piano. La lettre, étant levée, glisse dans une rainure qui la dirige à côté de
la lettre précédente. Il faut que les conduits soient bien combinés, pour permettre aux
lettres de se rendre à leur place dans le même temps, sans quoi, il y a des engorge¬
ments qui arrêtent la composition.
A côté de la machine à composer proprement dite, il faut une machine à distribuer;
or cette dernière est beaucoup plus difficile à disposer cpie la première : c’est, en
grande partie, la raison qui a empêché les machines à composer d’être appliquées cou¬
ramment dans les imprimeries.
A l’Exposition de 1878, deux machines à composer ont été produites : Tune d’elles
était ingénieusement combinée pour la correspondance des nouvelles télégraphiques
des journaux. A cet effet, la machine à composer pouvait être mise en communication
avec le télégraphe, c’est-à-dire qu’au fur et à mesure que le télégraphe parlait, le com¬
positeur lisait la dépêche et la composait, par l’intermédiaire du piano compositeur. On
économise ainsi le temps de la transcription de la dépêche, ce qui est important.
L’agence Havas emploie cette machine pour ses correspondances télégraphiques.
A la machine à composer, dont il est question plus haut, se trouvait annexée une
machine à distribuer, disposée de manière à donner de bons résultats, même avec des
caractères un peu usés. (Rapport de M. Ermel.)
Comme on le voit, la question n’est pas beaucoup plus avancée. En 1889, la ma¬
chine qui semblait avoir de sérieux avantages sur ses devancières était la machine ex¬
posée clans la Grande-Bretagne par The Lagermann typotheter anh justifier Company.
Cette machine compose et justifie les caractères; elle possède de nombreux et très in¬
génieux mouvements.
15 Rapport de M. Ermel. Exposition de 1878, classe 60, groupe VI.
. PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
507
Le compositeur fait sa distribution comme à l’ordinaire, sans se préoccuper du tri
des espaces 0).
La machine a trier les espaces est simple : un apprenti a devant lui le pâté d’es¬
paces, les fait glisser une à une sur un plan incliné, et, suivant leur épaisseur, elles
se placent dans de longs composteurs qui s’adaptent à la machine à justifier. Les blancs
sont de trois sortes : un point et demi, deux points un quart, et trois points. Les es¬
paces de trois points trois quarts, crénées haut et bas, qui servent exclusivement à la
composition, tombent sur un plateau inférieur pour qu’on les mette dans le eassetin
aux espaces fortes de la casse.
La distribution terminée, le compositeur dispose à l’avant de sa casse l’appareil â
composer, qui est surmonté d’un entonnoir. Il engage sa copie dans un visorium cy¬
lindrique placé entre le haut et le bas de casse, de façon à ne rien masquer, et puise
des deux mains dans les cassetins, en jetant la lettre dans l’entonnoir, sans se préoc¬
cuper comment elle s’y engage. Il peut lever ainsi de quatre mille cinq cents â cinq
mille à l’heure. La lettre lancée dans l’entonnoir est redressée mécaniquement et
chassée dans une rainure semi-circulaire, qui la conduit au composteur. Chaque fois
que la longueur de la justification est atteinte, une sonnerie avertit le compositeur, qui
jette dans l’entonnoir une cheville en cuivre, plus haute que la lettre, marquant la
terminaison de chaque ligne dans le composteur. Quand celui-ci est garni, on l’enlève
et on le porte à la justifieuse La galée-composteur peut contenir une cinquantaine
de lignes. L’appareil à composer n’occupe guère, sans casse, qu’un espace de o m. 3o
sur o m. 20.
L’appareil à justifier saisit la ligne, l’extrait de la galée et la présente au justifica¬
teur. La longueur que possède chaque ligne est alors indiquée par un régulateur, qui
change les espaces entre les mots, par de plus fortes ou de plus minces, selon les be¬
soins de la justification. La ligne va prendre ensuite sa place dans une galée.
Tous ces dispositifs sont ingçnieux et paraissent pratiques.
Cette machine tiendra-t-elle ce qu’elle semble promettre ? L’expérience peut seule le
dire.
La France n’exposait aucune machine de ce genre. Dans notre pays, d’ailleurs, la
machine à composer n’a pas, pour ainsi dire, reçu d’applications pratiques. On peut
même ajouter que ces machines sont peu employées sur le continent. Cependant un
cerlain nombre de machines Fraser fonctionnent aux Etats-Unis et en Angleterre,
une notamment au journal le Times; mais elle ne fait que la composition et les carac¬
tères ne servent qu’une fois, étant refondus chaque jour et non remis en casses.
En Ecosse, à Edimbourg, on se sert de ces machines dans l’imprimerie Neill et C'e.
10,000 pages de Y Encyclopédie Britannique (coquille A, à corps 9), et au moins
A 0,0 00 pages d’autres ouvrages, en caractères variant du folio coquille jusqu’à l’in-8°
W Journal V Imprimerie n° 368, du i5 octobre 1889. — ‘2) Traduction littérale du nom donné par l’inven¬
teur.
508
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
pot, ont été composées par elles. Ces ouvrages comprennent le travail ordinaire des
tables de matières et diverses grandeurs de caractères de corps 1 o au corps 7 et
demi.
Depuis plusieurs années, en Amérique, les machines à composer Thorne jouissent
d’une grande faveur et fonctionnent dans un certain nombre d’imprimeries, parmi
lesquelles ont peut citer «The Hartford Evening Post»; mais, en France, aucun mo¬
dèle de ces machines n’est vraiment pratiquement en usage.
MATÉRIEL DE CLICHAGE. — CLICHÉS.
La classe 58 comprenait aussi tout le matériel de clichage, de très nombreux spéci¬
mens de clichés; la maison Charaire et fils, de Sceaux, avait une superbe collection de
clichés de très grands formats et d’une grande beauté pour la stéréotypie et la galva¬
noplastie.
MM. Stoesser père et fils exposaient aussi des types réussis de galvanoplastie typo¬
graphique, texte et réglure.
Les clichés en nickel pour les tirages en couleurs, les plaques gravées pour le fili-
granage des papiers attiraient les regards des connaisseurs. Les clichés, en nickel
surtout, semblent appelés a jouer un rôle important dans l’impression des ouvrages
illustrés en couleurs.
MACHINES À IMPRIMER.
En 1867, une douzaine de machines, au plus, avaient été envoyées à l’Exposition :
l’imprimerie n’était pas libre; à l’Exposition universelle de 1878, on pouvait compter
plus de quarante machines, les machines rotatives y étaient déjà représentées; en
1889, le nombre des machines à imprimer de tous genres était encore plus consi¬
dérable.
Presque toutes les machines étaient cl’origine française; les grands constructeurs du
continent, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis s’étaient abstenus.
Nous aurions été heureux de nous mesurer avec nos confrères de tous les mondes :
cette lutte courtoise ne pouvait que servir les intérêts internationaux.
Les Etats-Unis n’avaient exposé que les presses cylindriques de Cambell Printing
press manufacturing C°, les presses mécaniques de Golding et C°, de Boston, les petites
machines à pédale de «Liberty machine Works».
Les petites presses mécaniques de Golcling et G° étaient très soignées, «The Pearl»
notamment. Elle contient un certain nombre de mouvements qui méritent une étude
sérieuse.
Voici, par contre, la monographie succincte des expositions des constructeurs fran¬
çais.
Par les descriptions, qui suivent, des machines les plus intéressantes, on pourra, si
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
509
l’on veut se reporter au compte rendu de 1878, se faire une idée des progrès réalisés.
M. Dutartre est le doyen vénéré des constructeurs français; sa modestie égale son
mérite.
Dès 1867, M. Dutartre exposait déjà une machine en deux couleurs. Il avait pour
compétiteur Konig et Rauer, constructeurs bavarois, dont le genre des machines est
justement renommé, surtout pour l’impression des cartes à jouer.
La machine de 1867 avait deux compositions placées sur un marbre. Au-dessus du
marbre, se trouve le cylindre qui porte la feuille à imprimer. La distance entre les deux
compositions est égale au périmètre développé du cylindre, de sorte qu’au premier
tour du cylindre, la feuille à imprimer passe sur la première forme, et qu’au second
tour, la feuille se trouve en rapport avec la deuxième forme.
On obtient ainsi une impression à deux couleurs parfaitement repérée, puisque la
feuille ne quitte pas le cylindre et que le repérage dépend simplement de la position
des deux formes sur le marbre.
En 1889, M. Dutartre exposait des presses typographiques en blanc et à pointures,
une presse typographique à deux couleurs.
M. Marinoni a exposé dans la galerie des Machines, classe 58 :
i° Machine en blanc. — Nouveau modèle, format quadruple carré, construite pour
les impressions de grand luxe et les tirages en chromotypographie, avec distribution
plate et cylindrique ;
20 Machine en blanc. — Même système, format double raisin, avec arrêt facultatif
du cylindre, cylindre de sortie de feuilles, receveur mécanique, chargeurs mobiles,
rouleaux toucheurs commandés, distribution plate et cylindrique;
3° Presse à retiration. — Nouveau modèle, format quadruple raisin, munie de deux
receveurs mécaniques, avec table à encrer cylindrique et table à encrer plate, cylindre
de sortie de feuilles , chargeurs mobiles, toucheurs commandés. Elle imprime en reti¬
ration avec un seul margeur, et en blanc sur chaque cylindre, avec un ou deux mar¬
geurs ;
k° U Active. — Presse typographique à pédale, machine à cylindre, avec receveur
de feuille mécanique; elle imprime le format coquille. La presse exposée est construite
avec encrage cylindrique;
5° L’Utile. — Presse typographique à pédale, système à platine;
6° Presse lithographique. — Nouveau modèle perfectionné, pour impression en chro¬
mo , format double carré ;
70 Presse lithographique. — Même modèle, format grand aigle, avec arrêt facultatif
du cylindre, double table à encrer, Tune plate, l’autre cylindrique, chargeurs mobiles,
rouleaux toucheurs commandés, nouveau mouilleur breveté Genet, et mouillage auto¬
matique ;
510
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
8° La Diligente, - — Nouvelle machine lithographique pour impression sur zinc, eh
noir ou en couleur, dite avec temps d’arrêt et arrêt facultatif du cylindre; cette presse est
munie d’un cylindre de sortie de feuilles et d’un receveur mécanique; elle est disposée
également pour la réception à la main ;
q° Machine rotative pour dlustrations. — Cette nouvelle machine fait à volonté soit
la retiration et une deuxième couleur sur l’un des côtés , soit l’impression avec trois cou¬
leurs d’un seul côté; l’encrage est perfectionné et très complet. Elle est construite avec
décharge continue, receveur mécanique pour feuilles entières non pliées et plieuses
mécaniques;
io° Une machine rotative double, c’est-à-dire formée de deux machines accouplées,
pouvant fonctionner ensemble ou séparément, avec une ou deux bobines de papier.
Cette machine produit à volonté des journaux de A pages, des journaux de 6 pages,
formés de deux parties encartées, et des journaux de 8 pages, formés également de
deux parties séparées de li pages, ces deux parties étant réunies et encartées mécani¬
quement. Cette machine plie mécaniquement, avec trois plis, les journaux à A, 6 et
8 pages;
i i° Machine rotative. — Nouveau modèle perfectionné, construite pour imprimer
sur deux clichés de chaque page un journal de petit format , machine ayant une très
grande production, avec dispositions rendant toutes les fonctions très rapides et très
faciles ;
12° Machine rotative. — Même modèle, construite pour imprimer sur un seul cliché
de chaque page un journal de petit format.
Cette machine était montée à la suite de la machine à papier de MM. Darhlay;
i3° Dans l’exposition de M. Guv (galerie des Machines, classe 58), une presse mé¬
canique pour impressions en taille-douce (système Guv-Marinoni).
Cette machine, dit e presse en taille-douce , sert à l’impression de gravures en creux de
tous genres, telles que gravures au burin, eaux-fortes, héliogravures, etc.
L’encrage de la planche se fait comme dans les machines typographiques à encrage
cylindrique, mais avec une disposition spéciale permettant le soulèvement des rouleaux
toucheurs, lorsque la plaque essuyée passe sous ces rouleaux.
Un cylindre possédant un mouvement très doux de va-et-vient assure une très
bonne répartition de l’encre.
L’essuvage de la planche se fait au moyen de tampons sur lesquels passent des chif¬
fons.
La nature des chiffons varie suivant leur fonction, comme cela a lieu pour l’essuyage
à la main. Chacun des chiffons, enroulé autour d’un cylindre, vient envelopper le tam¬
pon essuyeur qui lui correspond, puis s’enroule autour d’un second cylindre; ce dernier
est animé d’un mouvement de rotation intermittent qui peut se régler avec la plus
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
511
grande précision, de telle sorte que, pendant la marche même de la machine, le con¬
ducteur peut soit arrêter tout débit d’un des chiffons, soit augmenter ou diminuer ce
débit dans la plus faible proportion, jusqu’à ce qu’il ait obtenu un essuyage parfait.
Lorsque la planche entre en contact avec les tampons essuyeurs, ceux-ci ont un
mouvement de va-et-vient; chaque tampon a son mouvement propre, et chacun de ces
mouvements peut être varié suivant les besoins.
En outre, une partie des tampons peut être employée pour l’essuyage de la planche,
pendant l’une des courses du marbre, à l’aller, tandis que les autres tampons essuieront
au retour. Ou bien encore, le même essuyeur agira à l’aller et au retour de la planche,
en ayant, dans les deux cas, des mouvements différents.
Un ou deux des tampons essuyeurs peuvent être employés comme mouilleurs ; des
appareils de mouillage automatique sont disposés à cet effet.
Pour les impressions à exécuter sur cette machine, deux cas peuvent se présenter :
ou bien l’essuyage automatique est suffisant, comme pour les travaux dits de taille-
douce , ou l’essuyage à la main, pour compléter ou achever l’essuyage automatique,
est indispensable, comme dans l’eau-forte et dans les différents genres de travaux artis¬
tiques qui en dérivent et qui nécessitent un essuyage intelligent.
Dans le premier de ces deux cas, on a vu, par ce qui précède, le réglage du dérou¬
lement et le fonctionnement des essuis, qu’on obtiendra sur la machine un essuyage
Jusqu’à ce jour, les travaux dans lesquels le talent et le goût de l’ouvrier inter¬
viennent n’ont pu être exécutés à la presse mécanique; ils peuvent l’être sur celle-ci.
En effet, une fois l’encrage effectué, l’essuyage automatique fait aussi complet que
cela est nécessaire, la machine peut s’arrêter automatiquement à lin de course, laissant
la planche en face de l’ouvrier qui fera dessus, comme à la presse à bras, tout le tra¬
vail convenable pour mettre la gravure en valeur; cela fait, il embrayera la machine,
l’impression aura lieu; l’épreuve enlevée, un nouvel encrage et un nouvel essuyage
de la planche s’effectueront, et celle-ci viendra s’arrêter à nouveau devant le conduc¬
teur.
On voit que, grâce à cette disposition, le temps employé par l’ouvrier, pour effectuer
le travail mécanique de l’encrage de la planche et d’une partie de son essuyage, se
trouve considérablement diminué, et que l’effort à faire dans ce but, ainsi que celui
nécessaire pour l’impression , sont entièrement supprimés.
La machine a été construite de façon que la planche soit complètement dégagée
à chaque extrémité de la course, ce qui a le grand avantage de permettre au conduc¬
teur de vérifier l’encrage et l’essuyage de la plaque. En soulevant les essuis, la plaque
lui arrive encrée, mais non essuyée, il peut donc régler facilement son encrage; après
l’encrage, il peut régler le travail des essuis, en se rendant compte du travail de cha¬
cun d’eux.
Enfin cette disposition du côté de la sortie de la feuille permet de laisser la feuille
512
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
sur la plaque, sans être obligé de l’enlever sur le cylindre, ce qui est de beaucoup
préférable au point de vue de l’impression.
Cette machine fonctionnait chaque jour à l’Exposition;
i li° Machine rotative double pour illustrations . - — Cette machine, format double jésus,
fait à volonté soit la retiration et une deuxième couleur d’un côté, soit trois couleurs
du même côté.
Elle fonctionne avec l’appareil de décharge Nelson ou avec une bobine de décharge
continue.
Elle reçoit mécaniquement les feuilles non pliées, ou livre les feuilles imprimées
pliées.
Des perfectionnements très importants ont été apportés à cette machine, dont plu¬
sieurs spécimens fonctionnent déjà en France, en Angleterre et en Italie.
Toutes les fonctions se font sur cette presse avec la plus grande facilité et très rapi¬
dement.
Deux des cylindres portant les étoffes sont placés l’un au-dessus de l’autre, laissant
assez de vide entre eux pour permettre très facilement le changement des étoffes, la
mise en place des découpages, enfin tout le travail de la mise en train.
Le troisième cylindre portant les étoffes, celui qui sert pour la deuxième couleur,
quand la machine imprime en retiration, ou pour la troisième couleur, quand la ma¬
chine doit imprimer en trois couleurs, est complètement découvert; on peut donc, sur
cette machine, faire la mise en train facilement et commodément. Ces cylindres portent
chacun une double gorge, afin de permettre l’emploi d’étoffes en deux parties; ce qui
donne une très grande facilité pour le travail.
Les trois cylindres des clichés, dont un est dans le bas de la machine et les deux
autres à la partie supérieure, sont également disposés de façon que la mise sous
presse se fasse dans d’excellentes conditions.
Ces cylindres sont faits de manière à permettre d’y fixer des clichés ou galvanos
d’une page, de deux pages, de quatre ou même de huit pages de la publication, avan¬
tage dont on comprend la conséquence pour le tirage des grandes gravures occupant
plusieurs pages de cette publication.
Les clichés ou galvanos sont fixés facilement et très solidement, à l’aide de cercles
mobiles, divisés à la demande des pages et les maintenant aux deux extrémités, et sur
tout leur développement, afin d’éviter, ce qui a lieu fréquemment avec les autres modes
de serrage, la levée des bords, levée qui produit des bordures de pages noires, lourdes
et souvent doublées.
En raison de ce mode de serrage par des cercles, et aussi en raison de la disposition
de l’encrage, les galvanos sont encore en parfait état après un tirage de plus de
3 5 0,0 o o et pourraient même faire un plus long service si cela était nécessaire, la ma¬
chine ne les fatiguant nullement.
PAPETERIE, TEINTURES ET EMPRESSIONS.
513
Le mode de serrage appliqué a cette machine a le très grand avantage de permettre
de commencer la mise en train, dès qu’une page est prête.
Les cylindres de la machine sont d’un grand diamètre, afin de faciliter le cintrage
des galvanos.
Ce cintrage est fait dans un appareil cylindrique spécial; les coquilles doublées sont
échoppées à l’aide d’un outil, dit échoppcur universel , inventé par la maison Marinoni,
outil sur lequel l’échoppage et le biseautage se font en tous sens, avec une grande
rapidité et sans aucune déformation, ce qui n’existe pas avec le travail à la main. A
chaque cylindre de clichés correspond un appareil d’encrage.
L’encrage est très complet; la prise d’encre se règle exactement par le preneur et le
couteau de l’encrier, comme dans les machines plates; de plus, l’encrier est mobile, ce
qui augnente encore les facilités de réglage.
La prise d’encre, en raison du grand développement des cylindres, se fait deux fois
par tour des cylindres d’impression, de façon à prendre moins d’encre a la fois et à la
mieux répartir sur les tables à encrer pour obtenir une meilleure distribution; la prise
d’encre se règle sans arrêter la machine.
La distribution est faite, pour chaque cylindre, sur des tables cylindriques en
métal, ayant à la fois un mouvement de rotation et un mouvement de va-et-vient;
ces tables alternent avec des rouleaux de matière.
La touche a lieu par six toucheurs ayant chacun un support qui permet de régler,
à volonté, l’approche du rouleau sur la table a encrer et sur la forme; le réglage de
chaque rouleau s’opère séparément, et leur mise au repos se fait très facilement sans
les dérégler et sans les enlever de la machine. Les rouleaux, étant bien supportés et
toujours bien commandés par les tables à encrer, ne peuvent plonger dans les blancs.
Ces dispositions assurent, en même temps qu’une très bonne disposition et une
touche parfaite, une très longue durée des rouleaux, par la façon dont ils sont réglés
et soutenus.
Les rouleaux de métal alternant avec ceux de matière, réchauffement et l’usure
des rouleaux de matière sont évités.
Avec un appareil d’encrage aussi perfectionné et avec le mode de fixage des galvanos
sur les cylindres, on obtient, sur cette machine, des impressions d’une pureté de
lignes et de couleur qu’il serait difïîcile d’atteindre avec les meilleures machines plates.
L’emploi d’une décharge continue, qui peut être en étoffe ou en papier, évite d’une
façon absolue tout maculage.
Cette décharge, qui se débobine et se rebobine pendant la marche de la machine,
est toujours parfaitement tendue sur le cylindre d’impression, sans aucun pli, ce qui
donne un résultat bien supérieur aux feuilles de décharge employées sur les machines
plates, feuilles qui sont souvent froissées ou plissées et qui occasionnent des défauts
d’impression; de plus, la décharge continue est beaucoup plus économique que les
feuilles de décharge.
Guoupz VI. — iv. 33
ÎMI'I
514
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
La machine, outre la bobine de décharge, possède un appareil Nelson, appareil
analogue à celui employé sur les machines plates et composé de rouleaux pelucheux
enduits de paraffine.
Cet appareil s’emploie pour les travaux ne nécessitant pas la charge continue.
Quand la machine doit faire trois impressions du même côté, l’autre côté restant
blanc, il suffit de changer le sens de rotation des cylindres d’impression du bas et de
changer aussi le sens d’entrée du papier.
Le simple déplacement d’un pignon suffit pour obtenir ce résultat.
Le sens de rotation des cylindres du bas étant seul à changer pour permettre au
papier de passer entre les cylindres sans se retourner, ce changement n’entraîne
aucun dérangement dans la coupe , la réception et le pliage , ce qui est un très grand
avantage.
En faisant des divisions dans les encriers, on voit qu’on peut arriver à faire des
combinaisons d’un grand nombre de couleurs.
Après l’impression, la bande de papier, passant au-dessus d’une table qui empêche
les poussières du papier de tomber sur les cylindres et les rouleaux du bas, se rend
entre les cylindres coupeurs qui la divisent en feuilles; les cylindres coupeurs et les
appareils de réception des feuilles non pliées, ainsi que les appareils de pliage, sont
éloignés des cylindres d’impression, afin de laisser un certain temps à l’encre pour
sécher, et aussi pour éviter que toutes les poussières du papier, provenant de la coupe
et du papier lui-même, ne viennent couvrir les rouleaux et les galvanos, ce qui oblige¬
rait a arrêter fréquemment, pour laver les formes et les rouleaux, opération qui fait
perdre un temps considérable.
Après le coupage, les feuilles, si elles ne doivent pas être pliées, sont prises par les
pinces d’un cylindre, puis déposées mécaniquement sur les tables à recevoir.
Quand les feuilles doivent être pliées, elles sont coupées et pliées par des cylindres
spéciaux, puis rangées mécaniquement et parfaitement dans les boîtes de réception.
Il n’y a aucun cordon pour conduire les feuilles au cylindre, qui les prend à l’aide
de pinces, pour les déposer sur les tables à recevoir, ni aucun cordon pour obtenir le
pliage des feuilles quand elles doivent être pliées.
Cette suppression complète des cordons est un perfectionnement de la plus grande
importance; les cordons, maculant toujours les feuilles, leur suppression permet
d’obtenir des feuilles sans aucun maculage.
Les avantages de cette machine se résument ainsi : très grande facilité de toutes les
fonctions, mise sous presse, changement des étoffes, mise en place et réglage des rou¬
leaux, engagement du papier, distribution et touche parfaites, réception des feuilles
non pliées et pliage sans aucun cordon;
i 5° Machine rotative double pour journaux format du « Figaro», pliant les journaux de
quatre pages, encartant et pliant les journaux de six et de huit pages.
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
515
Cette machine est formée de deux machines semblables, complètes, pouvant s’ac¬
coupler pour marcher ensemble ou pouvant marcher isolément comme deux machines
absolument séparées.
Chaque machine, étant complète, a sa commande spéciale, sa bobine de papier,
ses deux jeux de cylindres d’impression, pour imprimer les deux côtés du papier, avec
l’encrage complet de ces deux jeux de cylindres d’impression, ses cylindres coupeurs et
plieurs, ses plieuses et sa sortie de feuilles.
Les cylindres des clichés de chacune des machines sont disposés pour recevoir huit
clichés, soit deux de chaque page, pour le journal à quatre pages; les bobines de
papier, dans leur largeur, contiennent deux exemplaires du journal à quatre pages.
La disposition de ces deux machines complètes permet de faire marcher l’une des
machines sans faire marcher l’autre, et, quand les deux machines marchent en même
temps, sans être accouplées, cette disposition permet d’arrêter l’une des machines sans
arrêter l’autre. Les deux machines peuvent donc marcher d’une façon absolument
indépendante, quand elles ne sont pas accouplées.
Dans chacune de ces machines, les cylindres d’impression sont sur une même ligne
verticale, de façon à les bien dégager, pour faciliter le chargement des étoffes, la mise
en place des clichés , la mise en place des rouleaux et l’engagement du papier ; l’avant
de la machine est complètement dégagé, afin de rendre l’accès des cylindres très facile.
La prise d’encre se règle très facilement : le preneur prend une fois, par chaque
tour des cylindres ; l’encre se transmet à la table à encrer par une série de rouleaux
ayant à la fois un mouvement de rotation et un mouvement de va-et-vient.
Des rouleaux distributeurs, qui ont aussi un double mouvement de rotation et de
va-et-vient, distribuent parfaitement l’encre sur la table à encrer. La distribution et
la touche sont très complètes dans ces machines; des toucheurs de gros diamètre,
parfaitement supportés et très faciles a régler, tournant toujours sur la table à encrer
et sur les clichés, donnent une touche parfaite.
Après l’impression, le papier est engagé entre des cylindres coupeurs-plieurs qui,
après avoir coupé les feuilles, les plient à l’aide de lames flexibles, sans l’aide d’aucun
cordon, et par suite font le pliage sans donner aucun maculage.
Après avoir été pliées deux fois sur les cylindres, les feuilles, qui ont toute la lar¬
geur de la bobine et qui contiennent deux exemplaires, sont coupées par un disque
tournant avec une grande vitesse, puis chaque exemplaire passe sur une plieuse pour
recevoir le troisième pli et est ensuite dirigé vers la boîte de réception et rangé verti¬
calement par un piston dans cette boite.
Chaque machine, marchant isolément, imprime donc, coupe, plie avec trois plis
les journaux de quatre pages et les range mécaniquement dans la boîte de réception.
Quand le journal doit avoir six ou huit pages, les deux machines sont accouplées
par l’addition d’une seule roue qui les rend solidaires : l’une ne peut plus marcher
sans l’autre.
33.
516
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
L’accouplement pour les journaux de six ou de huit pages est indispensable pour
assurer la vitesse régulière et nécessaire à chacune des machines : l’entraînement par
courroie, par suite des glissements irréguliers qui peuvent se produire, ne pourrait
suffire pour assurer l’encartement régulier des demi-feuilles ou des feuilles entières.
Quand le journal doit avoir six pages, l’une des machines imprime quatre pages,
l’autre en imprime seulement deux et doit, par conséquent, marcher à une vitesse
moitié de la première.
Quand le journal doit avoir huit pages, les deux machines doivent alors marcher
à la même vitesse, chacune doit imprimer en même temps quatre pages.
Les deux machines étant accouplées, les deux bandes de papier sont, après l’im¬
pression, réunies d’un même côté et engagées, ainsi réunies, entre les mêmes cy¬
lindres coupeurs-plieurs; de cette façon, les deux bandes de papiers sont coupées et
pliées en même temps, ces cylindres coupeurs-plieurs agissant sur les deux bandes
réunies comme sur une seule; le coupage et le pliage étant faits après la superposi¬
tion, les feuilles sont ainsi parfaitement encartées et exactement coupées a la même
longueur, pour le journal de huit pages, ou à une longueur exactement moitié de
l’autre, pour le journal à six pages.
Après avoir reçu les deux premiers plis sur les cylindres, les feuilles, qui contiennent
deux exemplaires de six ou de huit pages chacun, sont coupées, comme pour les
exemplaires de quatre pages, par un disque tournant à une grande vitesse, puis
chaque exemplaire de six pages ou de huit pages passe sur une plieuse pour recevoir
le troisième pli, et est ensuite dirigé et rangé mécaniquement dans la boîte de récep¬
tion.
Cette nouvelle machine peut donner par heure :
Aô,ooo exemplaires pliés de quatre pages;
22,000 exemplaires encartés et pliés de six ou de huit pages.
Mrae veuve Alauzet et M. Tjquet. — Cette maison exposait :
i° Une presse à retiration à grand développement et à décharge;
2° Une presse rotative pour journaux;
3° Une presse en blanc, à encrage cylindrique;
/i° Une presse à deux couleurs;
5° Une presse typographique à pédale;
6° Une presse lithographique;
7° Une presse phototypique;
8° Une petite presse à épreuves phototypiques;
q° Une presse en taille-douce (système Marcilly aîné).
Presse rotative à grande vitesse pour journaux. — Cette nouvelle presse rotative ,
construite spécialement pour le tirage des journaux mesurant de papier o m. 5ô sur
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
517
o m. 77, produit, avec une seule composition, de 12,000 à 1/1,000 exemplaires par
heure (les clichés sont cintrés dans le sens de la hauteur des pages); elle possède les
avantages suivants :
Le système d’encrage est remarquable par sa précision et sa régularité : une dispo¬
sition spéciale permet d’écarter les toueheurs de la forme, de sorte qu’on les laisse en
place sans les abîmer.
La pression se règle avec une seule vis, même pendant la marche, et, par cette dis¬
position, il est impossible au conducteur de brider les collets des cylindres.
Toutes les roues de commande sont en acier et leur denture est hélicoïdale, ce qui
la fait fonctionner sans secousse et sans bruit.
Un débrayage électrique arrête instantanément la marche, dans le cas où, pour une
cause quelconque, le papier ne passerait pas dans la machine, ce qui supprime un
homme au débrayage. Un cylindre d’impression et un encrier d’une disposition toute
particulière permettent de tirer simultanément les annonces en plusieurs couleurs.
Nouvelle presse pour taille-douce , système Marcilly aîné, exposée par M. Marcilly et
construite par la maison Vve Alauzet et Tiquet. — Cette presse, d’une construction
très soignée et très solide, donne une pression très forte et bien régulière, pouvant se
modifier suivant les besoins.
Elle est destinée aux travaux soignés, en noir ou en couleurs, tels que : illustrations
de luxe, héliogravures, eaux-fortes, imagerie, papiers de valeurs, géographie, etc.
Les différents organes sont combinés de façon à se régler très aisément et à per¬
mettre une mise en train prompte et facile.
Cette presse a le grand avantage de pouvoir être conduite sans difficulté , et le con¬
ducteur peut surveiller sans peine les opérations multiples que comporte ce genre de
travail, car il peut en suivre toutes les phases et se rendre compte du résultat ob¬
tenu, à chaque moment de la marche.
L’essui de la planche, le renouvellement et le mouillage des chiffons se font auto¬
matiquement; chaque essuyeur est animé d’un mouvement particulier, qui peut être
changé instantanément pour chacun d’eux; un système de chauffage, établi sous la
planche, permet d’employer des noirs très fermes.
Pointure mobile pour obtenir la précision du repérage. Un frein automatique au
volant permet d’arrêter instantanément la presse et d’éviter les accidents.
M. J. Voirin a exposé les machines suivantes :
i° Pédales simplifiées.
20 Pédales perfectionnées; renversement facultatif du marbre; vis micrométrique;
entraînement de la platine sur le marbre, par le haut et par le nas.
3° Machine typographique fonêtionnant à la pédale, format coquille, taquets de
marge placés en pince, receveur mécanique, râtelier à rouleaux attenant à la machine.
518
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
4° Machine typographique format raisin, encrage cylindrique simple.
5° Machine typographique en blanc format double raisin, à double encrage cylin¬
drique, quatre toucheurs, type très ramassé, pointures perfectionnées.
6° Machine lithographique de grand format, pointures perfectionnées, abat-feuille,
mouillage automatique.
Cette machine est complétée par une petite grue et un palan, destinés à soulever les
pierres de grand format et les blocs pour imprimer sur zinc, dont jusqu’ici les mises
sur marbre ont été dangereuses.
7° Machine lithographique double raisin, avec margeur automatique, pointures et
abat-feuille, receveur mécanique, double touche et arrêt facultatif du cylindre, per¬
mettant, sans arrêter la machine, sans nécessiter Remploi des maculatures, de modi¬
fier la loi du mouvement du cylindre et du marbre , soulèvement des rouleaux solidaire
ou indépendant du débrayage, mouillage automatique réglable. Rouleau pour faciliter
la mise sur marbre de la pierre, mouvement de la platine permettant d’élever rapide¬
ment la pierre à hauteur du chemin des galets.
8° Machine à retiration, double raisin, à grande vitesse, chargeurs mobiles à vis.
La vitesse de i,3ooà i,4oo peut être maintenue sans danger.
Entraînement du marbre fait par crémaillère mobile et pignon fixe , ce qui supprime
les tendances au papillotage; soulèvement des cylindres obtenu par leur balancement,
foulage réglable à la manière de celui des machines en blanc.
Vis micrométriques.
9° Machine phototypique, double touche, arrêt facultatif du cylindre, soulèvement
automatique de la table, cash automatique.
Petit bloc à quatre vis, sur platine à une vis.
Entre autres progrès notables réalisés depuis l’Exposition universelle de 1878, il y
a lieu de signaler la création d’une machine phototypique française perfectionnée , et
pouvant lutter, comme modération de prix, avec celles des constructeurs étrangers.
M. Derriey. — Les machines composant l’exposition de M. Derriey peuvent se di¬
viser en cinq classes :
Machines à platine ;
Machines en blanc;
Machines à retiration ;
Machines à réaction;
Machines rotatives.
Machines à platine. — Deux modèles sont exposés :
L’un, La Parfaite , format in-4° raisin; l’autre, La machine chrom 0 typograp h iq ue, à
pointures, format raisin.
La Parfaite. — Dans cette machine, le marbre est fixe, et l’avancement de la pla-
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
519
tine est rigoureusement parallèle au marbre, ce qui présente assurément certains avan¬
tages.
Sa construction est très robuste, et l’on peut imprimer dessus des formes compactes
ou des gravures, ce qui ne peut se faire sur certaines machines de ce genre de pro¬
venance étrangère.
La distribution d’encre est constante, et la touche donnée par trois toucheurs est
complète, en ce sens que les trois toucheurs développent entièrement la forme.
L’action des rouleaux peut être instantanément suspendue; le recul de la pression,
dans le cas d’une feuille mal margée, est plus grand que dans les autres presses, ce
qui évite de maculer la feuille. Enfin ses dimensions correspondent exactement aux
formats français.
Presse chromo typographique. — Cette machine est un perfectionnement de La Par -
faite.
Elle possède une distribution d’encre double, et la touche est également doublée,
c’est-à-dire que les rouleaux toucheurs encrent quatre fois la forme pour chaque
impression.
Naturellement, la vitesse de la machine s’en trouve réduite, et le fonctionnement,
beaucoup plus lent, de la platine permet de placer des pointures, afin d’obtenir des
repérages exacts pour la chromotypographie.
Par le simple changement d’un excentrique, l’action des toucheurs peut être dé¬
doublée pour des travaux courants; ce qui permet de doubler à peu près la vitesse de
la machine, lorsque, n’ayant pas de travaux de luxe, l’imprimeur veut utiliser sa
presse pour les travaux ordinaires du commerce.
Machines rotatives. — Machine rotative à grande vitesse pour l’impression des journaux.
— Cette machine ne peut être utilisée que par des journaux à très grand tirage et
ne disposant que de peu de temps pour l’impression de leur journal.
La machine à grande vitesse fonctionne à la vitesse de 3 6,000 exemplaires d’un
grand journal à l’heure, soit 18,000 feuilles d’un grand journal anglais de huit pages.
Cette machine est des plus rapides. La vitesse des feuilles à la sortie est de 1 8 ki¬
lomètres à l’heure. Le papier est dévidé par un appareil spécial fonctionnant simulta¬
nément avec la machine à imprimer, et n’opérant aucune traction sur la bobine.
Cette disposition n’est utile qu’avec de très grosses bobines et nécessite des bobines
bien rondes et bien serrées.
La machine étant destinée à de très longs tirages, on a disposé un gros cylindre de
foulage pour l’impression du second côté de la feuille. On conçoit, en effet, que, la
pression ne s’opérant sur le même blanchet qu’une fois sur deux, puisque le cylindre
comporte deux blanchets, le maculage se trouve réduit de moitié.
La machine est très basse et très solide, à bâtis unis et creux, et, malgré la grande
vitesse, on ne sent aucune vibration. Les feuilles imprimées sont superposées par dix,
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
520
cl comme chaque feuille comporte deux exemplaires d’un grand journal, c’est vingt
exemplaires que le receveur dépose à chaque évolution sur la table de réception,
M. Derriey avait exposé en outre deux modèles de machines en blanc, dont l’un,
La Productive, est avec encrage cylindrique (dont on attribue la paternité à Frédéric
Ixonig).
La machine en blanc à double encrage cylindrique pour travaux de luxe est du
format grand double jésus (120 X 80). Cette machine a des bâtis creux mis en de¬
hors. Cette forme est très résistante, d’un nettoyage facile, et convient surtout pour
les machines d’une certaine dimension.
Une machine en retiration, montée trop tardivement.
Une machine à réaction. Cette machine ne nécessite pas de fosse. Elle est donnée
comme pouvant tirer ‘5 00 exemplaires à l’heure.
M. Ch. Barre exposait :
Une machine lithographique format double raisin. Cette machine possède un sys¬
tème de calage perfectionné, à quatre vis; un encrier à réglage facile en marche; un
système de double touche permettant de faire encrer deux fois la pierre par une seule
révolution du cylindre.
Une machine typographique en blanc, format double raisin.
Une machine typo jésus en blanc avec touche circulaire. Cette machine est deslinée
à faire, en grande vitesse, des travaux soignés, avec une touche très régulière.
Une machine typo, format demi-raisin, imprimant en deux couleurs. Cette machine,
appelée Petite rotative, permet d’imprimer sur des formes plates. Elle fonctionne avec
rapidité, ne tient pas de place et n’occupe qu’un seul homme.
Une petite rotative demi-coquille. Même principe que la rotative en deux couleurs.
Elle ne fait qu’une couleur. La feuille se reçoit d’elle-même.
En dehors des machines pour l’imprimerie, M. Ch. Barre construit, pour la pape¬
terie et la reliure, un certain nombre de machines.
Machine à dorer et gaufrer les couvertures de livres, dite presse genouillère.
Presses au noir et à dorer, pour dorer et imprimer les couvertures de livres, figu¬
rant déjà à l’Exposition de 1878 :
Coupe-papier de 1 mètre de coupe avec embrayage automatique et frein. Ce coupe-
papier s’arrête seul lorsque la lame est en haut de sa course.
Cisaille circulaire pour carton ou carte.
Petite presse hydraulique pour relieurs. Cette petite presse possède sa pompe; elle
peut se déplacer dans un atelier. Réglée pour une pression, elle se déclenche d’elle—
même et ne fonctionne plus.
Rouleau à endosser pour arrondir les dos des volumes et faire les mords, emplace¬
ments dans lesquels se placent les cartons de la couverture.
Il faut mentionner encore dans les machines typographiques et lithographiques pour
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
521
l’imprimerie, les machines de MM. Baumhauer (F. -Émile), Dubois, Harrissart et Cot-
tet, Durand, Parrain et Gaigneur.
Les petites machines à pédale des constructeurs suivants :
M. Vj euxmaire (Machine à imprimer en plusieurs couleurs mariées et d’un seul
tirage, Tomni-typo ); MM. Lhermite frères (une machine du même genre); MM. Mo-
rane, Magand (machines à imprimer les cartes de visite); MM. Kientzy frères (machines
à imprimer en taille-douce); MM. Hache'e (Léon), Jouandon.
Toutes ces machines ont figuré dans les Expositions précédentes. Les perfectionne¬
ments que les constructeurs y ont apportés sont certainement appréciables, et ces
machines sont appelées, comme leurs devancières, à rendre de bons services.
MACHINES POUR LA PAPETERIE.
Les petites machines à imprimer dont il vient d’être question rendent de grands
services non seulement dans les imprimeries proprement dites, mais encore chez
d’innombrables papetiers et libraires qui, depuis la liberté de l’imprimerie, se sont mis
à faire de l’impression. Dans la préface de ce rapport, il a été expliqué combien étaient
grandes les entraves mises à la liberté de l’imprimerie avant 1870.
A côté des machines à imprimer, grandes et petites, se trouvaient groupées toutes
les machines employées dans la papeterie, l’imprimerie, la reliure et le cartonnage.
Ces machines concourent à la fabrication des livres, brochures, journaux, façon¬
nage des papiers à lettres, enveloppes, timbrage des papiers, numérotage des obliga¬
tions, foliotage des registres, impressions commerciales et administratives de tous
genres, et ont les emplois les plus variés et les plus multiples qui s’accroissent chaque
jour de nouvelles applications.
Mme veuve Alauzet et M. Tiquet pour l’impression, M. Barre pour les machines de
façonnages, M. Lenègre pour le travail de reliure et de dorure, avaient installé une
très intéressante exposition collective du livre. On suivait toutes les opérations de la
fabrication du livre, depuis l’impression, qui se faisait sur les machines de la maison
Vve Alauzet et Tiquet, jusqu’à la dorure et le gaufrage des couvertures, qui s’obte¬
naient avec une série de machines pour la reliure, exposées par la maison Ch. Barre.
MM. Lhermite frères, Hachée, Foucher frères, dont il a été question plus haut,
MM. Dubois, Harrissart et Cottet exposaient de nombreuses machines pour ces
mêmes industries. Toutes ces machines sont connues et ont figuré dans toutes les
Expositions précédentes. Elles ont été perfectionnées dans leurs détails, dans leurs
formes.
Ce qu’il convient de signaler, ce sont les machines à rogner à serrage automatique,
à retour rapide, à rogner des trois côtés, et même des quatre côtés. La maison Lher¬
mite avait de bons modèles de ce genre de machines, très employées, surtout dans le
façonnage des papiers à lettres.
522
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Le serrage automatique supprime ce travail assez pénible, qui se faisait à la main,
et les rogneuses des trois et quatre côtés permettent de rogner un paquet de papier
des trois ou quatre côtés, sans avoir à le serrer et à le desserrer à chaque coupe; d’où
économie de main-d’œuvre et de temps.
Les machines à perforer, dont l’usage s’est généralisé, présentaient de bonnes dis¬
positions; quelques-unes étaient montées pour marcher au moteur.
Les cisailles circulaires, avec ou sans pointures et traceurs, pour le découpage des
cartes de visite, à jouer, des menus, des feuilles imprimées pour les boîtes d’allu¬
mettes, fonctionnaient avec une très grande régularité.
Indépendamment des nombreuses machines spéciales pour les industries textiles,
M. Fernand Dehaitre exposait de petites machines pour l’imprimerie et des machines
spéciales pour le façonnage du papier.
Machine à imprimer «Le Progrès ». — Ce genre de machines se construit sur cinq
types de différentes grandeurs.
Les trois premiers types marchent habituellement à la pédale, et les deux derniers
au moteur. Les avantages suivants peuvent être facilement constatés : solidité et sim-
Ges machines sont montées sur un socle en fonte qui relie entre elles les parties
principales de la machine. Encrage perfectionné et facultatif; mouvement de relevage
des rouleaux; horizontalité de la mise en train; le plateau portant les caractères reve¬
nant a chaque tour à la position horizontale, les corrections et les changements s’exé¬
cutent très facilement.
Tirage à sec et sans foulage, en noir, en couleur et en retiration, de tous les travaux
de ville; production très élevée suivant la composition et le format.
Machine à étiquettes. — Ces machines se construisent sur deux types de différentes
grandeurs, pouvant marcher au bras ou au moteur; elles sont rotatives et peuvent em¬
ployer le timbre sec ou le timbre humide sur papier continu, en découpant et impri¬
mant simultanément l’étiquette.
La distribution de l’encre est à l’abri de la poussière , et la touche des rouleaux , va¬
riable à volonté, ne laisse rien à désirer.
Machines à rogner le papier, le carton, les étoffes, etc. — Ces machines se construisent
sur huit types de différentes grandeurs et sur différents modèles, selon le travail
quelles ont à réaliser; la machine exposée est du modèle extra-fort, marchant à la
main, avec retour rapide de la lame (ce type peut aussi marcher au moteur avec une
disposition spéciale pour le serrage automatique), avec chariot diviseur et équerre de
côté mobile, et débrayage automatique arrêtant la lame après chaque coupe.
Ces rogneuses sont très répandues dans l’industrie de la papeterie et dans les ma¬
gasins pour couper les échantillons.
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
523
Machines à perforer. — L’usage des carnets et des livres à souche tendant à se ré¬
pandre de plus en plus dans les maisons de commerce et les administrations, on a été
conduit à construire ces machines sur six types de différentes grandeurs.
La machine exposée est faite pour le format raisin (o m. 70). Les poinçons sont
maintenus fixes, pendant le perforage, par le guide, qui les accompagne pendant leur
descente : ils ne peuvent donc se fausser; ils sont montés par parties de 0 m. 10,
facilement démontables ; une vis permet de relever Tune quelconque de ces parties, à
volonté, de manière à augmenter la marge ou à interrompre la ligne de perforage s’il
en est besoin.
MM. Michela et Cie exposaient un système tout nouveau de machines à sténographier
(système Antoine Michela, d’Ivrée [Italie] pouvant rendre de bons services pour la
reproduction rapide de la parole.
Devant le jury, il a été reproduit, avec facilité et une grande fidélité, un article lu
à haute voix dans un journal anglais.
Cet ingénieux appareil occupe fort peu de place. L’opérateur a devant lui un clavier
dont les touches reproduisent sur un ruban de papier sans fin, qui se déroule automa¬
tiquement, des signes conventionnels.
La machine à plier, satiner et coudre le papier, de MM. Pfister et Stam, avait un
plus grand cachet de nouveauté et mérite d’être signalée.
Jusqu’ici, il semble que les machines à plier étaient fort peu usitées dans la pape¬
terie, puisque les systèmes connus ne s’appliquaient guère qu’à un seul format, ou
bien le réglage, en cas de variation du format, exigeait des manipulations très com¬
pliquées et dispendieuses, des déplacements d’organes et des tâtonnements tellement
longs et coûteux, qu’il n’v avait plus de bénéfices et que les ouvriers perdaient souvent
patience.
Il fallait, en effet, plier d’abord une feuille à la main, très exactement, pour lui
faire parcourir lentement la machine, en réglant successivement les pinces, les cou¬
teaux, les courroies, les repères, etc., et rarement on arrivait à plier juste du premier
abord, et, à la moindre variation de l’impression, de la mise en pages, etc., c’était à
recommencer.
Par contre, le nouveau principe de cette plieuse, et par conséquent l’énorme avan¬
tage sur toutes les machines existantes, consiste dans le système de réglage instantané
et très facile. On se repère sur les chiffres de la pagination , et il suffit de faire coïncider
des aiguilles de repérage avec ces chiffres, au moyen de vis et volants, et la position
des repères elle-même détermine automatiquement le réglage de tous les organes fai¬
sant les plis.
En outre, un système de pose des feuilles particulier permet de placer presque le
double des feuilles, comme dans les autres machines, l’avance des feuilles ne nécessi¬
tant qu’un jeu de doigts, sans que les bras prennent part au mouvement.
524
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Avec la plieuse, il est combiné en outre un appareil à coudre faisant en même
temps, avec la pliure, une série de points au fil. Les cahiers, ainsi pliés et cousus,
réunis en collant la couverture sur le dos , forment une brochure et même une reliure
très solide.
La machine à graver de M. Landa, bien que connue, présente un certain intérêt et
mériterait d’être plus employée; elle rendrait de grands services aux imprimeurs dont
la célérité dans l’exécution de leurs travaux n’est pas la vertu dominante. Dans un grand
nombre de cas, la machine de M. Landa peut remplacer avantageusement la main des
écrivains et des graveurs, parfois trop capricieuse, paraît-il.
M. Rochette avait réuni ses diverses machines à découper, à gommer et plier les
enveloppes. Ces machines peuvent être disposées avec prise et poussée automatiques
des feuilles. Il exposait en outre des plieuses à pédale, des plieuses universelles, des
machines à façonner les papiers, des machines à rainer ou tracer.
Un ingénieux mouvement de débrayage, appliqué aux machines à plier les enveloppes,
arrête celles-ci quand une enveloppe est mal engagée.
Les machines à régler et quadriller les papiers avec pousseurs automatiques, à
simple ou à double cylindre, de AL Brissard, ont reçu, elles aussi, de nombreux per¬
fectionnements et fonctionnent avec précision; du reste, elles avaient déjà été remar¬
quées aux Expositions précédentes.
La maison Colley (W.-W.) et Cie, de Londres, exposait une machine à couper le
papier en bobines, et une machine à imprimer et découper le papier en bandes.
MAL Abadie et Cie fabriquaient devant le public, dans la galerie des Alachines, des
cahiers de papiers à cigarettes, à l’aide d’une machine extrêmement ingénieuse, dont
les mouvements sont combinés de telle sorte que le cahier de papier à cigarettes sort
de la machine absolument terminé. Le caoutchouc servant de fermoir est placé par la
machine même. Cette machine est due à AI. Gauchot, en collaboration avec AI. Abadie.
Enfin la classe 58 réunissait toutes les industries secondaires apportant, elles aussi,
leur contingent de petits appareils à l’imprimerie, la papeterie, la reliure et le carton¬
nage :
Caractères en acier, en cuivre pour l’imprimerie, la reliure, la dorure; composteurs
en tous genres; poinçons, matrices; marques de fabriques, marques à chaud; numé¬
roteurs et compteurs; timbres-vitesse; alphabets et chiffres gravés; pierres lithogra¬
phiques; crampons et rouleaux lithographiques; griffes et pointures pour l’impression;
pâtes à rouleaux; appareils pour agrandir, réduire ou déformer les dessins; papiers
autographiques; coupoirs biseautiers; coupoirs circulaires.
Dans la préface de ce rapport, il a été fait mention de l’apparition d’une nouvelle
industrie qui, semble-t-il, n’existait pas en France en 1878 : le timbre en caoutchouc.
En 1889, cette jeune industrie était très largement représentée. Tous les graveurs
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
525
exposaient des cachets, des ponces, des plaques pour marquer les caisses, des rouleaux
s’encrant seuls pour l’impression des papiers à envelopper, de tous genres et de toutes
les dimensions, des cachets de bureau et portatifs, des caractères en caoutchouc avec
corps en métal, des roues de numéroteurs, des lettres et festons pour tracer la bro¬
derie.
Ces produits en caoutchouc coûtent bon marché, sont livrés rapidement et don¬
nent des épreuves suffisamment nettes pour les usages divers auxquels ils se prê¬
tent. Ces avantages sont bien réels et justifient la faveur avec laquelle on a accueilli ce
nouveau genre de timbres.
Le matériel nécessaire à la fabrication des timbres en caoutchouc était exposé par
quelques maisons.
Quelques exposants montraient des systèmes d’autocopistes plus ou moins par¬
faits.
Ce système de reproduction a pour base les encres cl’aniline. Ces autocopistes
fonctionnent surtout bien quand on s’en sert constamment.
Des épreuves très réussies ont été soumises au jury.
526
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
SECTION III.
MATÉRIEL ET PROCÉDÉS DE LA TEINTURE, DU BLANCHIMENT,
DES APPRETS ET DES IMPRESSIONS DES ÉCHEVEAUX ET DES TISSUS.
Il est regrettable, nous l’avons dit dans Tavant-propos, que des machines et des
appareils aussi importants, aussi intéressants, aussi nombreux que ceux désignés par
ce titre générique n’aient pas eu leur classe particulière.
L’analogie avec les machines de l’imprimerie n’est pas assez réelle pour permettre
cette confusion.
Les industries du papier avaient absorbé des emplacements si considérables, dont
quelques-uns n’ont été que tardivement occupés, qu’il était impossible d’accorder aux
industries dont il va être question la place nécessaire.
Les étrangers se sont abstenus presque complètement.
Les Etats-Unis étaient représentés par MM. Klauder brothers (de Philadelphie),
qui exposaient une machine à teindre les écheveaux, laquelle semblait très convenable,
bien que ne fonctionnant pas dans l’Exposition , pour certains genres de couleurs foncées.
La construction de cette machine laissait à désirer.
Ce système, d’ailleurs, n’avait pas non plus le mérite de la nouveauté.
Certaines sortes, spéciales pour la bonneterie, doivent réussir dans cette machine.
M. Knecht (Jacques) exposait dans la section suisse des spécimens de gravures
pour l’impression des tissus.
Il n’est pas possible de comprendre parmi les pays étrangers notre chère Alsace,
qui était partout si bien représentée.
MM. Steinlen et C,c (anciens ateliers Ducommun et C1C) avaient, dans un pavillon
particulier, dans la cour des chaudières, une exposition des plus remarquables.
Tout le monde connaît la légitime réputation des ateliers Ducommun et C1C.
Il est à regretter que cette belle exposition n’ait pu être prête en temps opportun.
Elle occupait, dans son pavillon spécial, une superficie de Aoo mètres carrés.
Les machines faisant partie de la classe 58 se composaient de machines pour la
gravure des rouleaux d*impression, et des machines et appareils pour l’essai des cou¬
leurs et des apprêts, de machines à imprimer les tissus à une et deux couleurs.
Les premières de ces machines étaient représentées par :
i° Un tour à tourner les molettes;
20 Une machine à diviser les molettes;
3° Une machine à tracer et diviser les molettes;
A° Une machine à relever les molettes;
PAPETERIE, TEINTURES ET EMPRESSIONS.
527
4° Une machine à couper les hachures dans les fonds des rouleaux;
6° Un tour à graver les rouleaux.
La seconde partie comprenait :
i° Une machine à imprimer à une couleur;
2° Une machine à enrouler le tissu;
3° Une machine à apprêter le tissu;
li° Une calandre ;
5° Une cuve à teindre ;
6° Un appareil à vaporiser ;
7° Une cuisine à couleurs.
Tous ces appareils et machines, très bien étudiés, étaient d’une construction très
soignée.
Les machines à imprimer les tissus présentaient les plus heureuses dispositions et un
fini d’exécution tout à fait remarquable.
La Société alsacienne de constructions mécaniques exposait des machines à impri¬
mer, à sécher, à calandrer, à essorer les tissus, une cuisine pour les couleurs, une
machine à teindre les filaments (système Obermayer) par circulation du liquide tinc¬
torial; des appareils divers pour l’impression et la teinture. Tous ces machines et ap¬
pareils présentaient de bonnes dispositions et étaient très bien construits.
M. Sciiultz (Frédéric) avait réuni dans son exposition de bons spécimens de tours
pour la gravure des rouleaux, pour la division des molettes; un type de machine à
tamiser les couleurs pour l’impression.
Ces machines étaient d’une bonne facture.
MM. Buffaud (B.) et Robatel (T.), ancienne maison Buffaud frères.
Déjà, en 1878, cette maison exposait 8 essoreuses de différents systèmes; des
machines à cheviller, à étirer les soies.
En 1889, MM. Buffaud et Robatel exposaient :
Une essoreuse à bras et à panier de 0 m. 5o ;
Une essoreuse à moteur direct, mouvement en dessous, panier de 0 m. 76;
Une essoreuse à courroie, mouvement en dessous, panier de 0 m. 90;
Une essoreuse à moteur direct, mouvement en dessous, panier de 1 mètre;
Une essoreuse même système, de 1 m. 20, avec déchargement en dessous;
Une essoreuse électrique avec panier caoutchouté;
Une machine à laver les écheveaux;
Une chevilleuse de huit chevilles à moteur direct ;
Une lustreuse à moteur direct et chauffage des cylindres.
L’essoreuse dynamo-électrique (système G. Lebors) était une nouveauté que la pra¬
tique sanctionnera plus tard; les essoreuses, les chevilleuses et lustreuses, bien
qu’ayant déjà figuré dans d’autres expositions, n’en étaient pas moins d’une très
bonne construction.
528
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
M. Chasles (C. -Henri) [ancienne maison Decoudun et Cie] exposait une série (f’es-
soreuses de modèles divers, des machines à laver pour le blanchissage du linge, un
séchoir, et quelques machines pour les apprêteurs , les teinturiers-dégraisseurs et le
blanchissage du linge.
M. Depierre, avait des spécimens de rouleaux en métal blanc, pour l’impression des
tissus. Ce métal devra faire ses preuves.
Il coûte moins cher que les rouleaux en cuivre ordinairement employés.
M. Descombes exposait une série de chaudières à feu nu et à double fond pour
les teinturiers-dégraisseurs; un cylindre de collage, et une bonne disposition de ser¬
pentins mobiles pour le chauffage des chaudières.
MM. Lucien Fay et Hauschel et Cie avaient des machines à teindre mécaniquement
la laine peignée et autres textiles.
Ces machines, présentées sous forme de petits modèles, procèdent du même
système : circulation forcée par le vide, la pression ou autre agent, du liquide tincto¬
rial au travers des substances a teindre.
La machine Obermayer, première en date, opère de même.
Aucune de ces machines n’était en marche.
Il est indéniable qu’elles représentent une grande somme de travail, un grand pas
fait en avant, qu’elles renferment des idées qui méritent d’être étudiées, mais le jury
n’a pu se rendre un compte exact des résultats, aucune de ces machines ne fonctionnant.
En outre, il existe une grande variété de machines du même genre, et on a pris de très
nombreux brevets sur ce procédé de teinture.
MM. Kientzy frères avaient exposé, à côté de leur calandre à papier, une grande
calandre pour les étoffes, avec un mouvement de friction.
Cette machine, bien que d’un modèle^ ancien, était robuste et d’une bonne con¬
struction.
M. C. Corron ( Teinturerie stéphanoise ). — La machine a teindre au large, système
C. Corron, réalise d’une manière simple et pratique une opération désirée depuis long¬
temps par les bons teinturiers.
Elle se compose d’un bac dans lequel est disposé un double fond récepteur à claire-
voie, au-devant duquel existe un rouleau d’appel. A l’arrière de ce double fond, se
trouve placé un rouleau conducteur.
Le bac de teinture est d’ailleurs surmonté d’un rouleau distributeur, placé à l’extré¬
mité de deux bras de levier oscillant autour des axes, et porteurs chacun cl’un contre¬
poids d’équilibre.
Le distributeur est animé d’un mouvement de va-et-vient, au moyen de bielles
actionnées par des plateaux manivelles calés sur l’arbre intermédiaire placé à l’avant du
Il a cto déjà parlé de cette calandre dans les machines à papier.
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
529
bac, et actionné par l’arbre de commande de la machine portant les poulies fixe et
folle, munies dun débrayage pour arrêter ou mettre en marche l’appareil.
Les avantages de cette machine consistent :
i° Dans une grande facilité de travail, un seul ouvrier pouvant surveiller plusieurs
bacs et se rendre compte, d’une manière absolue, des effets qui se produisent pendant
l’opération, puisque toutes les parties de la pièce apparaissent successivement et conti¬
nuellement dans toute la largeur;
2° Dans une grande régularité de nuance obtenue par le seul fait du travail au large
et en continu ;
3° Dans la possibilité d’éviter le feutrage, les froissements, les cassures, ou autres
malfaçons qui se produisent toujours dans la teinture des pièces en boyau, en plus ou
moins grande quantité, suivant la nature des étoffes.
L’adoption de cet appareil s’impose donc dans tous les ateliers désireux de bien
faire.
Machine à teindre les écheveaux, système Corron. — Dans cette machine, qui a reçu de
nombreux perfectionnements, M. C. Corron a cherché à reproduire, aussi exactement
que possible, les diverses phases du travail manuel : le trempage par circulation, le
lisage et le levage.
Les écheveaux sont placés sur des guindres en bois reposant sur des cadres mobiles.
D’ingénieuses dispositions mécaniques font exécuter à chaque guindre, et successive¬
ment, tous les mouvements du travail à la main.
Un système de levage, placé au-dessus de chaque machine, permet d’enlever rapi¬
dement du bain les écheveaux teints.
Ces machines sont déplus en plus employées; elles économisent une main-d’œuvre
considérable.
Cette dernière machine, moins perfectionnée, figurait déjà à l’Exposition de 1878. Il
en est de même de l’essoreuse à fil droit et de la machine à secouer, que M. Corron
avait de nouveau exposées.
La machine à teindre en pièces avait surtout l’attrait d’une nouveauté, et tout fait
supposer que cette machine pourra rendre de bons services dans l’industrie de la tein¬
ture.
M. Fernand Dehaitre. — Les machines et appareils qui se rattachent aux industries
du blanchiment, de la teinture, de l’impression et des apprêts pour les étoffes, consti¬
tuent aujourd’hui un nombreux matériel employé par de grandes usines, qui produisent
journellement des quantités considérables d’étoffes de tous genres, auxquelles elles
donnent la couleur, l’aspect, le toucher; en un mot, le fini composé de toutes les qua¬
lités particulières que doit posséder chaque étoffe pour la vente et l’usage auquel elle
est destinée.
34
Groupe VI. — iv.
IMPRIMERIE NATIONALE.
530
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Les industries qui viennent d’être énumérées agissent tantôt sur les matières brutes,
tantôt sur les fds sortant de la filature, pour les préparer convenablement à réaliser
les étoffes que ces fils doivent produire, tantôt sur les étoffes, au sortir du tissage.
Si l’on réfléchit que ces nombreuses opérations se font soit avec des variantes, soit
avec des changements radicaux nécessités par les différentes matières textiles : laine,
coton, soie, lin, chanvre, jute, china, etc., on s’explique alors la nécessité d’un outil¬
lage puissant et approprié aux résultats si variés qu’il faut obtenir dans la production
des innombrables sortes d’étoffes constituées avec les principaux textiles ci-dessus
énoncés.
Malgré l’importance et le nombre des objets exposés par cette maison, il est facile
de concevoir que, en raison de la grande variété de ses machines, elle n’a pu exposer
que quelques types, choisis parmi les appareils relatifs à chaque nature de textile, ou
pouvant servir à la fois à des textiles différents.
Pour plus de clarté dans les explications qui vont suivre, la classification suivante a
été adoptée pour les appareils exposés.
§ 1. Appareils convenant au traitement des tissus de divers textiles.
Dans cette catégorie se trouve tout d’abord une série d’essoreuses, servant à extraire
les liquides des matières qui les contiennent, soit en blanchiment, teinture ou apprêts.
Cette série se compose de :
i° Une petite essoreuse de laboratoire, marchant à la main, panier en cuivre étamé
de o m. 20 de diamètre, commandé par friction, avec frein et débrayage;
2° Une essoreuse à mouvement en dessous, panier en cuivre étamé de î mètre de
diamètre, commandé par friction placée en dessous du panier, ce qui permet de laisser
celui-ci complètement à découvert pendant les opérations du chargement et du déchar¬
gement ;
3° Une essoreuse à mouvement en dessus , à arcade double , panier en cuivre étamé
de î mètre de diamètre, commandé par friction, marchant par courroie;
k° Une essoreuse a moteur direct, à arcade double, panier à âme recouvert entière¬
ment d’une enveloppe en caoutchouc dur, adhérant absolument avec Taine métallique
et tournée sur le panier.
Cette disposition spéciale a pour but de permettre l’essorage des matières traitées par
les acides liquides , sans détériorer le panier; elle remplace* aveu grand avantage l’ancien
panier en cuivre doublé de plomb, source d’ennuis de toute nature.
Le nouveau panier, avec garniture en caoutchouc, du système Lacollonge (breveté
s. g. d. g.) est à la fois solide et léger; il est toujours parfaitement équilibré; la force
motrice absorbée n’est pas plus grande que celle employée par les autres paniers, ainsi
que le montre, d’une manière pratique, le petit moteur qui actionne cette essoreuse.
Le liquide acidulé, en s’échappant par les trous de la périphérie du panier, ne
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
531
peut corroder celui-ci, car les trous sont percés en plein dans le caoutchouc, ce qui
empêche tout contact avec une partie métallique.
Cette machine s’applique surtout aux opérations de l’épaillage chimique des laines,
des draps, de certaines opérations dans la teinture des soies; en un mot, toutes les
fois qu’il s’agit d’extraire des liquides acides d’objets ou de matières à essorer;
5° Une essoreuse au large, nouveau modèle, système J. Varinet, de Sedan (bre¬
veté s. g. d. g.) spéciale pour tous les tissus qui craignent les plis ou les cassures dans
les diverses opérations de l’apprêt ou de la teinture, comme les draps de laine, les ve¬
lours de coton, les soieries, etc.
La machine exposée, et qui était en mouvement, est construite pour des étoffes de
î m. 20 de large, mais il s’en construit couramment pour draps de î m. 8o et de
2 mètres de large.
L’étoffe est enroulée dans toute sa largeur sur un rouleau que Ton dispose ensuite
facilement dans une sorte de berceau diamétral, faisant corps avec l’arbre de l’esso¬
reuse. L’axe longitudinal tourne pendant l’essorage dans un plan horizontal.
Ce système permet de réaliser au large l’essorage et d’éviter ainsi tous les plis ou
cassures qui se produisent, lorsque cet essorage est pratiqué sur l’étoffe placée en bou¬
din dans les paniers ordinaires. On sait que ces plis et cassures sur les étoffes ne dis¬
paraissent plus, malgré les apprêts nombreux qui suivent, et qu’ils sont, pour les in¬
dustriels , la source de sérieux mécomptes ;
6° Un appareil pour la cuisson des bois de teinture. — Cet appareil sert à la
fabrication d’extraits de campêcbe, bois jaune, etc., permettant de faire, a coup sûr,
des nuances plus vives et plus fraîches, ayant plus de fleur.
L’appareil est en cuivre, timbré, et s’établit en plusieurs dimensions;
7° Une machine à griller les tissus, par le gaz, système Blanche, avec rampes
Descat-Leleux brevetées s. g. d. g. — L’opération du grillage a pour but d’enlever
les duvets, poils et autres fdaments ténus qui se trouvent à la surface des étoffes; la
flamme du gaz pénètre, fouille dans les pieds des fibres, sans attaquer l’étoffe en au¬
cune façon , ce qui assure à celle-ci une netteté de surface et de contours de dessins
obtenus par le tissage, netteté qu’il serait impossible d’atteindre par d’autres moyens.
L’étoffe, ainsi rendue nette, est tout à fait apte à recevoir d’une manière régulière
le blanchiment, la teinture, l’impression, etc.
La machine exposée est à quatre rampes permettant de griller en un seul passage
l’endroit et Tenvers des tissus.
Le gaz employé est généralement le gaz ordinaire d’éclairage.
Chaque rampe, par suite d’une disposition brevetée s. g. d. g., produit une flamme
unique dont on peut, à volonté, varier la largeur, suivant celle des tissus à griller.
On obtient une haute température en injectant de l’air dans les rampes et en le
mélangeant, sans pression, avec le gaz au moment de la combustion;
8° Machine à apprêter à feutre sans fin , précédée d’un élargisseur, système Palmer,
532
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
dune chambre chaude et d’un foulard d’apprêt, disposition d’ensemble brevetée s. g. d. g.
— Cette puissante machine se compose généralement :
D’un foulard à deux rouleaux pour mettre au besoin la matière d’apprêt (fécule,
gomme, dextrine, etc.) dans l’étoffe;
D’une chambre chaude de circulation du tissu, avec chauffage par la vapeur et ven¬
tilation, pour enlever une grande partie de l’humidité contenue dans le tissu. La place
faisant défaut, cette chambre chaude et ce foulard ont dû être supprimés;
D’un élargisseur Palmer, ayant pour but de rendre au tissu sa largeur primitive,
perdue par les différentes opérations de la teinture, de redresser en même temps les
fils de trame;
D’un grand cylindre en acier poli, à double enveloppe, diamètre 2 m. 5o, largeur
1 m. 80, recevant la vapeur dans l’enveloppe intérieure. Ce cylindre est accompagné
dans son mouvement de rotation par un feutre sans fin qui l’enveloppe presque entiè¬
rement; après le passage à l’élargisseur Palmer, l’étoffe est immédiatement prise entre
la surface du grand cylindre chauffé et le feutre qui circule en contact avec elle, de
sorte qu’une face de l’étoffe est sur le cylindre , et l’autre sur le feutre. Sous l’influence
de la chaleur et de la pression du feutre, des effet divers se produisent sur l’étoffe.
Cette machine, qui a fonctionné pendant toute la durée de l’Exposition sur les tis¬
sus divers de laine, de coton, de soie, etc., est capable d’une grande production; elle
exige peu de main-d’œuvre et de force motrice, et est également très employée pour
tous les tissas légers et moyens.
§ 2. Appareils construits pour les tissus de laine et mélangeas.
90 Une presse à chaud continue à pression hydraulique , brevetée s. g. d. g. —
Cette machine se compose principalement d’une cuvette en fonte , reposant sur un fort
sommier et facilement réglable, avec un cylindre à forts tourillons tournant d’un
mouvement continu dans les deux coussinets de la partie supérieure des bâtis.
Le sommier qui porte la cuvette est attelé à chaque extrémité a un piston de presse
hydraulique située sur les bâtis de la machine, et dans lesquels on injecte de l’eau à
l’aide d’une petite pompe, avec accumulateur pour produire la pression de la même
manière que dans les presses hydrauliques ordinaires.
Entre la cuvette et le cylindre tournant, on peut à volonté interposer un feutre sans
fin qui, par la pression que Ton donne par la cuvette, se met en contact plus ou moins
énergique avec le cylindre, en suivant toujours d’une manière continue la surface de
ce cylindre, dans la partie qui travaille avec la cuvette. Le cylindre et la cuvette sont
chauffés par la vapeur.
L’étoffe à apprêter, après avoir été convenablement embarrée, est dirigée entre le
feutre et le cylindre tournant, où elle reçoit à la fois la chaleur et la pression hydrau¬
lique, qui peut être énergique selon les besoins.
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
533
On réalise ainsi un apprêt de finissage particulier, solide et durable, qui ne néces¬
site qu’une faible main-d’œuvre. On évite ainsi pour la plupart des cas la manutention
longue et coûteuse de la mise en carte;
io° Machine à former et à fixer les dos des tissus doublés, brevetée s. g. d. g. —
Cette machine est combinée avec un appareil de doublage , puis la pièce doublée passe
sur deux cylindres chauffés par la vapeur et entourés chacun d’un feutre sans fin cir¬
culant d’une manière continue avec son cylindre.
Comme dans la machine à apprêter précédemment décrite, l’étoffe passe entre le
feutre et la surface du cylindre; seulement, dans le cas qui nous préoccupe, elle est
doublée; c’est pourquoi son passage sur les deux cylindres s’impose, afin que la même
face du tissu soit en contact avec un organe d’apprêt, c’est-à-dire que, si sur le pre¬
mier cylindre c’est l’endroit de la première partie de l’étoffe doublée qui passe en con¬
tact avec la surface en acier, c’est encore l’endroit de la seconde partie de cette même
étoffe qui passera en contact avec la surface en acier du second cylindre, de telle
sorte que, lorsque l’étoffe sera dédoublée, le même apprêt existera sur les deux parties
de la même face.
On voit donc bien que, par l’emploi combiné de cette partie et de la précédente, on
peut supprimer entièrement, pour l’apprêt de beaucoup de tissus, les manutentions
longues et coûteuses de l’encartage et de la mise en presse, et marcher ainsi en con¬
tinu; c’est le but que M. F. Dehaitre poursuivait depuis de longues années.
S 3. Appareils pour les fils et tissus de coton et mélange's,
LE LIN, LE CHANVRE, LE JUTE, ETC.
ii° Nouvelle machine à oxyder pour le développement en continu du noir cV aniline (sys¬
tème Preibisch, breveté s. g. d. g.). — Il n’a été exposé qu’un plan. La machine même
n’a pu être exposée à cause de l’emplacement relativement grand qu’elle occupe,
12 mètres de long sur h mètres de large et h m. 5 o de hauteur.
Le principe que réalise cette machine est indiqué par la dénomination ci-dessus;
elle accuse des progrès considérables sur ce qui était pratiqué jusqu’ici.
«. Elle donne un noir solide, inverdissable et indégorgeable , inattaquable aux
acides et d’une nuance très belle et très régulière.
b. Elle conserve à l’étoffe toute sa solidité, en enlevant les vapeurs d’acide à base
de chlore au fur et à mesure qu’elles se produisent pendant l’oxydation.
c. L’oxydation se fait d’une manière régulière, continue, en chambre close, sous la
surveillance d’un ouvrier, qui n’est nullement exposé, dans aucun cas, à respirer les
vapeurs nuisibles du chlore, qui, dans l’ancien procédé, était une cause de ruine de
sa santé.
d. La production est relativement élevée : un seul ouvrier, sur des pièces de o m. 8 o
de large, peut faire l’oxydation de 6,ooo mètres par jour;
534
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
12° Machine à sécher les écheveaux (système Sulzer, breveté s. g. d. g.). — Cette
machine, pour la même raison que l’appareil précédent, n’a pu être exposée elle-
même à cause de l’emplacement occupé, bien que cet emplacement soit beaucoup
moins grand que celui occupé par les appareils similaires employés ordinairement pour
le même usage.
Le séchage dans cet appareil se fait d’une manière méthodique et rationnelle, et
par conséquent très économique; il marche en continu, nécessite peu de main-d’œuvre
et permet d’avoir des écheveaüx secs dans un temps relativement très court ;
1 3° Calandre hydraulique à trois cylindres remplaçant avec avantage l’ancienne
calandre h pierre, qui produisait peu et nécessitait un emplacement très grand.
La calandre ou « mangle hydraulique » agit à froid sur des tissus enroulés préalable¬
ment sur un rouleau de gaïac ou de charme. La nouvelle machine est pourvue d’un
moteur à vapeur à deux cylindres, permettant de marcher à des vitesses différentes et
aussi à changement de marche pour calandrer dans les deux sens de rotation.
Le moteur actionne une pompe d’injection hydraulique en communication constante
avec un accumulateur de pression , lequel est relié à son tour avec deux corps de presse
hydraulique placés à la partie supérieure de la calandre et dont les pistons sont attelés
aux coussinets qui portent le cylindre supérieur.
Une distribution hydraulique, placée à la portée de l’ouvrier qui conduit le moteur,
permet de mettre instantanément la pression de l’accumulateur dessus ou dessous les
pistons des corps de presse dont il vient d’être question.
La même machine peut servir à réaliser le moirage.
Cette machine trouve également son emploi sur les tissus de soieries et les tissus de
lin et de chanvre ;
î k° Cylindre à friction à quatre rouleaux. — Les tissus reçoivent aussi un apprêt
particulier, connu sous le nom de cylindrage, par leur passage sous pression entre des
cylindres de fonte d’acier chauffés par la vapeur ou par le gaz et d’autres cylindres en
papier comprimé ou en coton comprimé.
La machine exposée de ce genre était composée de quatre rouleaux : deux en fonte,
deux en papier comprimé.
Le premier rouleau, celui du bas, est en fonte; il est connu sous le nom de massif
ou rouleau de soutien, parce qu’il sert à maintenir la surface en papier du second rou¬
leau (qui est en contact avec lui) en bon état; le troisième rouleau est en fonte d’acier
chauffé par la vapeur ou par le gaz; le quatrième est en papier comprimé.
La machine est munie d’une commande pour frictionner, c’est-à-dire donner un
brillant particulier à l’étoffe par une légère avance de vitesse développée d’un rouleau
sur l’autre.
Cette machine est actionnée directement par un petit moteur à vapeur à deux
cylindres. La construction de tout l’ensemble est robuste et puissante, de manière à
PAPETERIE, TEINTURES ET IMPRESSIONS.
535
pouvoir réaliser l’apprêt du cylindrage et de la friction sur les plus fortes toiles de
coton, de lin, de chanvre, de jute, etc. Cette calandre, qui est munie d’appareils de
protection contre les accidents, a marché tout le temps de l’Exposition.
S 4. Appareils construits plus particulièrement pour la soie.
i 5° Machine à lustrer les écheveaux de soie. — Le lustre ou le brillant donné aux fils
de soie , de tussah , etc. , s’obtient par l’action simultanée de la friction en tension des
écheveaux et d’un vaporisage;
La machine exposée est à quatre têtes; elle est pourvue d’un mécanisme permettant
de régler la tension des écheveaux et de leur communiquer un mouvement de rotation
dans la vapeur au moment du vaporisage.
i6° Calandre pour les soieries nouveau modèle. — Cette machine est à trois rouleaux :
un en acier très poli, chauffé par le gaz, et deux autres en papier comprimé spécial, en
contact avec le rouleau métallique. Emharrage à l’avant. Enroulage à la sortie. Dispo¬
sition générale pour pouvoir facilement démonter et remonter un rouleau quelconque.
Pression à leviers avec réglage perfectionné;
170 Machine à dérompre les tissus de soie. — Cette machine, du système Garnier
(breveté s. g. d. g.), a comblé une lacune importante dans l’apprêt des soieries.
Il est nécessaire, surtout dans les soieries légères et communes, de maintenir le
tissu en y incorporant certaines matières d’apprêt, mais on doit éviter que cette incor¬
poration donne au tissu un mauvais toucher caractérisé par la raideur et le manque de
souplesse. La machine à dérompre remplit ce but;
180 Machine à garnir les soieries. — Cet appareil, du système Ridel (breveté s. g.
d. g.), favorise le gonflement et le développement des fils dans les tissus de soie pure.
Son action sur ces tissus est produite par une série de peignes à dents très fines et très
élastiques, à inclinaison variable, qui agissent sur l’étoffe lorsque celle-ci passe à leur
contact, entraînée à la surface d’un tambour garni en caoutchouc dur, sur lequel on
met un bombage de quelques tours d’étoffe.
Sur cette machine, les soies teintes en pièces retrouvent la souplesse de celles qui ont
été tissées avec des fils teints, parce que l’action des peignes détruit la trop grande
adhérence et la raideur que la pièce a contractée dans la cuve à teindre. Cette action
du peigne sur les fils produit en même temps un gonflement et un moelleux remar¬
quable sur toute l’étoffe, ce qui donne à celle-ci une plus grande valeur.
§ 5. Appareils pour l’industrie du teinturier-de'graisseur.
1 90 Chaudière à teindre. — La chaudière à teindre exposée (brevetée s. g. d. g.)
constitue un perfectionnement notable dû à M. Barbe, teinturier à Toulouse.
536
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Dans cet appareil, le serpentin de chauffage est supprimé; le double fond ordinaire
est remplacé par un autre facilement démontable, dans lequel est disposé un conden¬
seur destiné à emmagasiner la vapeur et à la condenser, afin quelle ne puisse se trou¬
ver en contact immédiat avec la partie supérieure du double fond;
2 o° Machine à laver, double enveloppe , spéciale pour le nettoyage à sec par la benzine. —
Cette machine, inventée par MM. Pierron et F. Dehaitre, se compose d’une enve¬
loppe fixe et d’un tambour cylindrique tournant dans cette enveloppe.
La benzine est contenue dans l’enveloppe fixe; les étoffes à nettoyer sont placées
dans le tambour mobile constitué par une série de tubes et surtout par une planche
tubulaire qui ramasse les étoffes à chaque révolution et les précipite dans le liquide.
Dans cette disposition, il résulte que toutes les impuretés contenues dans l’étoffe à
nettoyer tombent au fond du bain contenu dans l’enveloppe fixe, et que, par suite,
cette étoffe est toujours en contact avec la benzine propre, puisque le cylindre mobile
tourne toujours dans la partie supérieure du bain.
Ces conditions sont celles d’un lavage méthodique et parfait;
2i° Machine à apprêter les tissus. — Cet appareil est un diminutif de celui que j’ai
décrit plus haut (8°). Le foulard, la chambre chaude et i’élargisseur Palmer sont sup¬
primés, parce que, maintenant, on n’agit plus sur des pièces entières de tissu, mais sur
des parties constituant des vêtements. Le cylindre, en acier, chauffé par la vapeur, est
conservé, ainsi que le feutre sans fin qui l’accompagne, mais sous des dimensions
plus petites.
La machine exposée est munie d’un mouvement progressif qui permet d’en varier la
vitesse et marche au moteur.
MM. Legrand et frères s’occupent, avec succès, de la décoration des tissus par le
gaufrage à l’aide de plaques gravées et de la pression hydraulique. Les plaques gravées
présentent de grands reliefs qui donnent aux tissus un aspect très décoratif.
MM. Pingrié et C,e avaient une machine à apprêter les tissus pour teinturiers-
dégraisseurs , dite la Sans-Rivale.
Cette machine convient surtout à ce que l’on nomme, en termes de métier, la tein¬
ture en chiffons.
TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
Composition dü jury . 477
Section I. Procédés et matériel de la papeterie . 48 1
Machines à fabriquer le papier . 488
Machines non animées à fabriquer le papier . 492
Machines exposées . 4y3
Machines et objets divers . 4 94
Dessins . 494
Exposition de la Banque de France . 496
Machines à apprêter le papier . 5oo
Section II. Fonderies de caractères. — Machines à fondre les caractères. — Machines à com¬
poser . 5o4
Fonderies de caractères . 5o4
Machines à fondre les caractères . 5o5
Machines à composer . 5o6
Matériel de clichage. — Clichés . 5 08
Machines à imprimer . 5o8
Machines pour la papeterie . 52 1
Section III. — Matériel et procédés de la teinture , du blanchiment , des apprêts et des impres¬
sions des écheveaux et des tissus . 5s 6
1. Appareils convenant au traitement des tissus de divers textiles . 58 0
2. Appareils construits pour les tissus de laine et mélangés . 532
3. Appareils pour les fils et tissus de coton et mélangés, le lin, le chanvre, le jute, etc. . 533
4. Appareils construits plus particulièrement pour la soie . 535
5. Appareils poui l’industrie du teinturier-dégraisseur . 535
.
.
.
...
■
*
.
'
.
'
■
.
:
CLASSE 59
Machines, instruments et procédés usités dans divers travaux
RAPPORT DU JURY INTERNATIONAL
PAR
M. PÉRISSÉ
INGÉNIEUR CIVIL
COMPOSITION DU JURY.
MM. Ri jaü, Président, directeur général des Monnaies et médailles .
VYard (C. S.), Vice-Président , avocat technique à Boston .
Périsse, Rapporteur, ingénieur civil, membre du jury des récompenses à
l’Exposition de Paris en 1878 .
Middleton (R. E.), Secrétaire , ingénieur civil à Londres .
Debize, ingénieur en clief du service central des constructions des Manufac¬
tures de l’État .
Bougarel, suppléant, ingénieur civil .
France.
Etats-Unis.
France.
Grande-Bretagne.
France.
France.
MACHINES, INSTRUMENTS ET PROCÉDÉS
USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
Sous la même dénomination générale : Machines , instruments et procédés usités dans
divers travaux , la classe 59 , comme la classe 6 1 correspondante à l’Exposition de 1878,
comprend un ensemble de machines et appareils divers que nous avons classés en dix
catégories :
A. Presses, balanciers, découpoirs et autres appareils analogues;
B. Machines à fabriquer les épingles, tire-bouchons et clous;
G. Machines à fabriquer les chaînes, tissus et grillages métalliques;
D. Outils de précision et de graveurs, outillage pour la fabrication des objets d’hor¬
logerie, de bijouterie, etc.;
E. Machines à écrire;
F. Appareils à compter;
G. Machines à relier;
H. Machines à faire les sacs en papier;
I. Machines pour la fabrication des cigarettes et cigares ;
K. Machines et appareils divers : appareils pour marquer le bois à chaud, machines
pour la fabrication des cartouches, outils spéciaux, machines pour la fabrication des
boutons de nacre, machines à couper les brosses et les dents de peignes, machines à
fabriquer les charnières; machines, appareils et instruments pour divers usages.
La comparaison avec les machines de la classe similaire de la grande Exposition
précédente n’a pas trop sa raison d’être et serait d’ailleurs sans intérêt, parce que non
seulement on ne peut comparer utilement des produits appartenant à des industries
très diverses , mais encore parce que la catégorie la plus nombreuse des machines de la
classe 61 de 1878 a été attribuée en 1889 à la classe de la viticulture, dans un autre
groupe. Nous voulons parler des machines et outils pour boucher, déboucher et capsuler
les bouteilles.
Le nombre des exposants examinés par le jury a été de i3o, ainsi décomposés en
les classant par pays d’origine :
France et Algérie . >....< . 96
Grande-Bretagne . . . . ....... . 1 4
Etats-Unis . . . 1 a
A reporter.
1 9 9
544
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Report . 122
Suisse . . 3
Allemagne . i
Belgique . i
Espagne . î
Re'publique Argentine . i
Serbie . î
Total . i3o
La classification par nature de récompenses accordées est la suivante :
Grands prix .
I médailles d’or .
médailles d’argent . . .
médaillés de bronze .
mentions honorables .
Non récompensés . . .
Total . .
2
1 2
32
46
23
i5
i3o
Nous venons de faire connaître le nombre de chacune des catégories de récompenses
qui ont été accordées par le jury du groupe VI et qui ont été publiées au catalogue
par ordre alphabétique. Le nombre qui résultait du travail du jury de classe était plus
grand, mais il a été réduit par le jury de groupe, qui a voulu le mettre plus en pro¬
portion avec celui des récompenses attribuées en 1878 aux exposants de la classe 61.
Le jury de classe n’avait pas à se préoccuper du nombre des récompenses; il avait
fait son classement par ordre de mérite et il avait attribué telle ou telle récompense aux
exposants qui lui en avaient paru dignes.
Une autre remarque doit être faite, c’est que le jury de groupe a accordé deux
grands prix au Ministère des finances de France pour les deux Directions générales
des monnaies et médailles, et des manufactures de l’Etat, tandis que le jury de classe
avait, à l’unanimité, mis hors concours ces deux grandes administrations publiques,
représentées au sein même du jury.
Les machines et appareils principaux qui sont exposés vont être passés en revue , en
examinant successivement chacune des dix catégories, de telle sorte que les machines
similaires pourront être comparées plus facilement.
Nous avons suivi autant que possible pour les neuf premières catégories Tordre qui
résulte du classement par ordre de mérite, et nous n’avons fait d’exceptions que pour
pouvoir mieux grouper des machines et appareils similaires lorsque la catégorie était
susceptible elle-même de subdivision.
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
545
CATÉGORIE A.
PRESSES, BALANCIERS, DÉCOUPOIRS ET AUTRES APPAREILS ANALOGUES.
L’exposition de I’Administration des monnaies et me'dailles comprend :
i° Une presse monétaire pour la frappe des monnaies;
2° Un balancier à vapeur pour la frappe des médailles;
3° Une balance de précision pour peser les lingots d’argent;
lx° Une balance automatique pour vérifier le poids des pièces de monnaie.
L’Administration a voulu, pour donner plus d’intérêt à son exposition, mettre en
action tout cet outillage monétaire, mais, ne pouvant sans inconvénient fabriquer des
monnaies au Champ de Mars, elle a pensé avec raison qu’il serait intéressant de frap¬
per sous les yeux du public des pièces et médailles perpétuant le souvenir de l’Exposition
du Centenaire.
Voici, d’après la notice imprimée qui a été remise au jury, quelques renseignements
au sujet des appareils exposés :
Presse monétaire. — Pour le service de cette presse, il a été établi des coins d’un
jeton spécial du module de 33 millimètres, gravé par M. Borel, pouvant se frapper,
comme les monnaies, d’un seul coup et sans interruption. Le sujet est une figure sym¬
bolique représentant la monnaie.
De même, pour le service du balancier à vapeur, plusieurs médailles spéciales ont
été gravées et sont mises à la disposition des visiteurs, comme le jeton fabriqué à la
presse. C’est d’abord celle de l’inauguration de l’Exposition par M. le Président de la
République, le 6 mai; elle présente d’un côté l’effigie de M. Carnot, gravée par M. Al-
phée Dubois, et de l’autre une inscription rappelant la solennité à propos de laquelle
elle a été frappée; son module est de 68 millimètres.
Deux autres médailles du module de 5o millimètres, gravées par MM. Dupuis et
Bottée, représentant, l’une une vue de l’Exposition, l’autre un sujet symbolique relatif
aux progrès accomplis depuis le commencement du siècle dans la fabrication des mon¬
naies, sont également fabriquées au balancier à vapeur.
Indépendamment de ces pièces spéciales à l’Exposition du Centenaire, l’Adminis¬
tration fait fabriquer, à l’aide des coins conservés dans les collections de son musée
monétaire, une série de médailles historiques frappées depuis le mois de mai 1789
jusqu’à l’avènement du Consulat.
La balance destinée à peser les lingots d’argent du poids de 3o à 35 kilogrammes
est munie d’un mécanisme qui permet d’isoler le fléau et d’éviter ainsi les chocs pendant
35
Groupe VI. — iv.
IMPRIMERIE, NATIONALE.
546
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
le chargement et le déchargement. Elle est sensible à moins de 5 décigrammes sous
une charge de ko kilogrammes dans chaque plateau. Elle est construite sur le même
principe qu’une autre balance de la force de 3oo kilogrammes et sensible à moins de
î gramme, que l’on peut voir dans les ateliers de la Monnaie, où elle remplace, depuis
la régie, les anciennes bascules qui présentaient des écarts de pesée pouvant s’élever
à des hectogrammes. Cette dernière balance est devenue un auxiliaire précieux du
contrôle intérieur des ateliers.
La balance automatique qui fonctionne sous les yeux du public, et qui est du modèle
Napier, a été construite dans les ateliers de la Régie, ainsi que les balances dont il
vient d’être question.
La Société anonyme des anciens établissements Cail a exposé une presse monétaire,
système Thonnelier, qui consiste spécialement dans l’emploi de la virole brisée pour
frapper du même coup la face, le revers et l’exergue de la pièce.
Les soins apportés dans l’étude des dispositions mécaniques et dans la construction
des presses s’ajoutent à la combinaison simple et ingénieuse de l’inventeur, de sorte
que le nombre des presses construites par la maison Cail est actuellement de îoo en¬
viron, dont ko pour les divers hôtels des monnaies de France; celui de Paris possède
36 de ces presses.
Cette presse monétaire, dont les premières remontent déjà à i845, est connue de¬
puis longtemps; elle a figuré déjà à plusieurs expositions universelles, de sorte qu’il
n’est pas nécessaire d’en faire connaître le mécanisme et les avantages. La livraison à
12 ou 1 5 Etats étrangers atteste l’importance des services rendus pour la frappe des
pièces de monnaie.
La maison Deny, appartenant aujourd’hui à M. Pinchard-Deny, a exposé une série
de presses et de machines spéciales qui ont été très hautement appréciées par le jury,
puisque cet exposant vient en tête de la liste établie par ordre de mérite.
A côté des machines se trouvent des spécimens des pièces qu’elles servent à fabriquer,
et c’est ainsi qu’on peut se rendre compte à la fois des difficultés vaincues et des résul¬
tats obtenus.
Mais la maison Deny, malgré l’importance de son exposition, n’a pu présenter qu’une
faible partie des types quelle a créés, et, pour mieux démontrer l’importance des tra¬
vaux accomplis, elle a donné un album de dessins des principales machines qui ont été
construites ou créées par la maison.
Les produits fabriqués forment trois grandes catégories : i° la construction méca¬
nique; 2° les fabrications spéciales; 3° la perforation mécanique des tôles en fer,
cuivre, zinc, etc. C’est à la première catégorie qu’appartiennent les machines exposées;
\ es deux autres n’ont figuré qu’à l’état de dessins, parmi lesquels nous citons les ma¬
chines et appareils pour la fabrication des étuis métalliques pour cartouches du canon-
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
547
revolver de o m. 087; celle pour la fabrication des pièces d’armement et d’équipe¬
ment : sabres, baïonnettes, cuirasses; et aussi celles pour la fabrication des tubulures
en cuivre sans soudure pour conduites de vapeur.
Les machines exposées comprennent :
Un balancier à friction , avec vis de 0 111. 160; volant à 4 bras, de 1 m. 80, et pla¬
teaux de 1 m. 20.
Ce volant, au lieu d’être garni, comme cela a lieu habituellement, d’une simple cour¬
roie fixée sur la jante au moyen de vis, est garni de morceaux de cuir placés sur
champ et serrés dans une gorge ad hoc au moyen de clefs en bois dur. Cette garniture
dure bien plus longtemps; on peut s’en rendre compte en considérant combien sont
plus durables les petits pavés en bois qui présentent leurs fibres de bout. Une entre¬
toise constituée par une large bande de tôle relie solidement entre elles les deux
chaises et la cage du balancier.
Un marteau à planer , appareil très simple appelé à rendre des services sérieux pour
le planage des tôles, le battage des pièces de tuyaux de cuivre, etc. Sa course est va¬
riable à volonté, et un cylindre à air placé à la partie supérieure du marteau donne
de l’élasticité à la liaison de cet organe avec sa tige; l’air comprimé pendant la montée
agit pendant la descente à la façon d’un ressort.
Machine à frapper à plateau revolver. — Tous les mouvements sont automatiques et
la construction est robuste. Elle sert au frappage de pièces diverses, et elle est très
employée dans la fabrication des boulons métalliques.
Machine à découper à arrêt instantané , à laquelle s’adaptent les outils à découper de
toutes formes. Elle est caractérisée par le dispositif cl’arrêt qui permet à l’ouvrier,
agissant sur la pédale, d’arrêter instantanément la machine.
Laminoir de 260 X 5 00 avec cylindres en fonte dure trempée en coquille. Les
arbres sont en acier, ainsi que les pignons des cylindres; les engrenages ont une den¬
ture à chevron et les paliers sont à graissage automatique avec réservoir d’huile.
Un petit découpoir à main avec cage en fer.
Mme veuve Clément a présénté une série de presses diverses qui ont aussi été haute¬
ment appréciées par le jury; ce sont :
Un gros balancier à friction; son volant est d’un diamètre relativement petit pour
diminuer la tendance au voilement provoquée par l’usure de la vis dans sa boîte; mais
sa masse est plus grande ainsi que sa vitesse , de sorte que les plateaux de friction sont
d’assez grand diamètre.
La maison Clément a tenu à conserver le guide carré de ses balanciers qui est plus
coûteux et plus difficile que les guides cylindriques plus généralement employés. Elle
a voulu ainsi pouvoir rattraper le jeu dans les deux sens, ce a quoi elle attache une
grande importance.
Mouton à estamper . — Il est aussi muni de glissières carrées pour les mêmes raisons.
548
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
La masse du mouton est reliée à une courroie passant sur la poulie de friction dont la
jante est percée de 8 à i o fenêtres, au travers desquelles passent des galets écartés du
moyeu par des ressorts. Abandonnée à elle-même, la courroie repoussée par les galets
ne touche pas la poulie de friction , mais si l’ouvrier opère une légère tension sur cette
courroie, les galets s’affaissent, et le cuir, s’appuyant sur le pourtour de la poulie, est
entraîné par elle et opère une traction suffisante pour soulever le mouton, et dès que
l’ouvrier abandonne la poignée de la courroie, celle-ci quitte la poulie et le marteau
tombe. Le mouton est ainsi, sans fatigue, bien dans la main de l’ouvrier.
Machine à découper les fleurs et le feuillage. — Le découpage des fleurs se fait généra¬
lement au maillet, au moyen d’outils tranchants que l’ouvrier frappe sur un carré de
plomb; plusieurs coups de maillet sont nécessaires. La machine exposée est à excen¬
trique ; elle permet d’exercer une très grande pression , ce qui produit une espèce de
gaufrage, ou plutôt un fort foulage qui présente des avantages.
Enfin Mme Clément a exposé aussi une machine à comprimer les talons et des ma¬
chines a découper métaux, carton, cuir et étoffes.
M. Paul Barbier a exposé trois types de machines-outils bien étudiées et bien cons¬
truites : le balancier à friction , le mouton et la presse à excentrique.
Le balancier à friction a été muni par lui, depuis longtemps, d’entretoises servant à
la réunion de la cage et des bâtis des plateaux.
Le mouton est muni de colonnes en fonte, robustes, moins flexibles et moins défor¬
mables que les colonnes d’autres systèmes. Il se manœuvre, soit au pied, soit à la ma¬
chine, avec des poulies en deux pièces munies de galets montés sur ressorts â boudin,
de sorte que le frottement à friction se transforme en frottement de roulement.
La presse à excentrique est appliquée particulièrement à la compression de ma¬
tières en poudre, telles que le chocolat, les sels et les rations; mais elle peut être
adaptée, en changeant quelques organes, au découpage du métal, du cuir, du carton
et des étoffes, ainsi qu’à l’emboutissage. Le travail de cette machine est rendu automa¬
tique par un plateau revolver qui reçoit son mouvement, non par un excentrique, mais
par un galet roulant sur un bossage de la roue d’engrenage, calée sur l’arbre. Le con¬
tact de ce galet fixé à l’extrémité d’un levier est assuré par un contrepoids, et ainsi est
assurée également la plénitude de la course. Le levier actionne un cliquet qui fait évo¬
luer un rochet calé avec le plateau dans lequel sont ménagées des alvéoles de la forme
de la tablette à obtenir. Dans les alvéoles libres est versée la matière en poudre à com¬
primer.
La rotation du plateau amène à tour de rôle les alvéoles chargées sous le poinçon,
et enfin, une tige ou bonhomme , commandée par le mouvement vertical de va-et-vient,
agit sous la cale mobile de l’alvéole qui remonte à fleur du revolver et sort ainsi la ta¬
blette comprimée qu’on recueille à la main.
Un débrayage à pédale instantané permet d’arrêter le mouvement du poinçon et dû
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
549
plateau à une position quelconque de la course, car la machine ne fonctionne que
lorsque l’ouvrier appuie sur la pédale. Il lui suffit donc de lever le pied pour arrêter
la machine.
M. Mallet, successeur de M. Ridault, a présenté des machines à emboutir, de bonne
construction , employées dans la fabrication des boîtes et autres récipients d’une seule
pièce. Elles sont caractérisées par ce fait, que la pression exercée sur la couronne du
disque à emboutir se fait par le moyen d’un ressort, et, sans rien changer au réglage
primitif, on peut employer des feuilles métalliques de différentes épaisseurs.
Des machines à sertir pour la fabrication des boîtes à conserves. Elles permettent
de les fermer hermétiquement sans emploi de soudure , et la fermeture s’opère par un
mouvement impulsé alternativement de droite à gauche à un volant de manœuvre.
Une machine à découper à arrêt automatique , pour les pièces de grandes dimensions
prises directement dans la feuille de métal. Le piston porte-poinçon s’arrête automati¬
quement à sa position supérieure pendant le laps de temps nécessaire au déplacement
de la feuille de métal à découper.
M. Kircheis, constructeur en Saxe, a exposé une série de machines remarquables et
bien construites pour la fabrication des boîtes à conserves.
Presse à balancier à colonnes en fer forgé avec un nouvel outil à emboutir les
boîtes; presse à découper et à emboutir, marchant à bras et au moteur, avec débrayage
instantané à pédale; le bâti de la presse peut être incliné ou placé verticalement.
Petite presse spéciale à échancrer les corps de boîte , à l’endroit où doit se faire Tagra-
fure.
Machine à cintrer les corps de boîtes , qui, une fois roulés, sortent automatiquement de
la machine, de sorte que le travail de l’ouvrier se réduit à l’introduction de la feuille
découpée entre les deux rouleaux de la machine. Un guide est réglé suivant la hau¬
teur des boîtes à rouler.
Machine à retomber les deux bords pour faire Tagrafure.
Machine à rogner et à moulurer simultanément les petites boîtes embouties et estam¬
pées, avec appareil à serrer par agrafure simple les fonds sur les corps de boîtes.
M. Robelet a présenté des machines de bonne construction, des presses diverses, et
notamment un balancier à friction, monté sur un banc en fonte, au lieu d’une pierre
de fondation, avec système de réglage de la descente du balancier; le relevage se
trouvant obtenu au moyen d’un arrêt se réglant à volonté suivant la course à obtenir.
Les cages sont en fer forgé. Avec ces presses, se trouve un spécimen de cylindre en
acier forgé et trempé, pour le laminage des métaux.
Un outillage pour la fabrication des articles de Paris a été exposé par M. Dolizy, et
550
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
il comprenait une machine assez récente, dite découpoir excentrique , laquelle fait quatre
opérations : percer le trou, faire l’entaille, faire le crevé, c’est-à-dire rabattre les
deux bords et détourer, c’est-à-dire faire tomber la pièce. Le système d’amenage des
métaux à découper est ingénieux, et la machine est munie d’une came à arrêt instan¬
tané.
Le découpoir à aménage automatique du constructeur Picard présente quelques dis¬
positions intéressantes dues à l’invention de M. Rouen. Grâce à un excentrique à
course variable, le montage d’outils divers est rendu facile, et chaque outil se compose
d’une plaque et d’une contre-plaque. L’amenage se compose de deux pinces autonomes
fixées sur un chariot les entraînant dans sa course alternative, et le chariot pivote sur
lui-même afin de se mettre en parallèle avec la bande à entraîner ; les pinces pivotent
également afin de conduire lesdites bandes à l’entrée, et de les saisir à la sortie le
plus près possible de l’outil. Grâce à une croix de Malte, le chariot, à chaque révolu¬
tion, a deux temps d’arrêt pendant lesquels l’amenage reste fixe et rigide, afin de per¬
mettre aux poinçons de découper et de se dégager. Les pinces sont montées dans une
coulisse qui leur permet d’obéir aux sinuosités de la bande pendant l’avancement ; elles
reprennent leurs positions primitives par l’effet de deux ressorts antagonistes fixés dans
la coulisse et agissant pendant le recul.
La machine exposée était la première construite; elle n’avait pas encore reçu la
sanction de la pratique; mais le jury a voulu reconnaître par une médaille de bronze
les dispositions ingénieuses qu’elle présentait.
Le mouton d’estampage de M. Mortelette est muni d’un frein sur un diamètre
supplémentaire du cône de commande. Il peut s’arrêter court à toute hauteur par
une légère pression du pied, de telle sorte que l’ouvrier a toujours ses deux mains
libres.
Citons enfin, pour clore la liste des balanciers à friction et des moutons, les appa¬
reils de MM. Lépine et Grimar , et un modèle de mouton pour l’instruction profession¬
nelle construit par l’ouvrier Morel , à qui le jury a accordé une récompense pour son
minutieux travail.
Cette première catégorie À comprend des presses spéciales qui nous restent à exa¬
miner.
M. Radois, successeur de la maison Vollot et Badois, a construit et exposé des
presses stérhydrauliques de très bonne construction, remplaçant les balanciers dans
certaines opérations mécaniques. Ce genre de presses a fait la base des machines
d’essai du système Thomasset qui ont eu un succès mérité, mais l’application nouvelle
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
551
de la presse stérhydraulique présentée aujourd’hui par M. Badois n’est pas moins inté¬
ressante. Elle réside dans cette idée, que l’emploi du balancier a lieu généralement
pour les opérations qui exigent, à un moment déterminé, un effort de pression consi¬
dérable développé pendant un parcours extrêmement faible.
Le caractère principal de la presse stérhydraulique est précisément l’obtention de
ces résultats par un seul ouvrier, qui, en exerçant sur un piston mû par une vis l’effort
qu’il peut donner normalement et sans fatigue, produit sur le plateau de la presse
(avec un déplacement inversement proportionnel) des efforts considérables atteignant
jusqu’à 5o,ooo et 60,000 kilogrammes, dans deux des types exposés et que l’on con¬
çoit pouvoir être beaucoup plus grands.
Mais tandis que le balancier agit d’une manière brusque et instantanée, et produit
un effort d’une durée très courte, qu’on ne peut que répéter et non prolonger, qu’il
est d’ailleurs difficile d’apprécier, et même impossible de mesurer avec précision, la
presse stérhydraulique agit au contraire avec douceur, donne un effort croissant suc¬
cessivement du zéro jusqu’aux plus hautes limites, qu’on peut maintenir aussi long-^
temps qu’on le veut et qu’il est absolument facile d’apprécier et de mesurer avec toute
la rigueur désirable par l’indication cl’un manomètre joint à l’appareil.
Il résulte de ces dispositions toutes spéciales que l’ouvrier sait exactement la force
qu’il produit pour tout travail à effectuer; et il en reste absolument le maître. Il peut,
pour obtenir un effort déterminé , s’y reprendre à plusieurs fois et par des efforts suc¬
cessifs et constamment croissants , tout en étant sûr de ne pas dépasser la limite extrême
de la puissance nécessaire.
Ces qualités précieuses de l’appareil de M. Badois sont démontrées par la série des
presses servant au redressement des arbres en acier déformés par la trempe et qui
sont destinées aux machines de précision employées, par exemple, dans la fabrication
des armes de guerre. Les manufactures françaises emploient des presses développant
des efforts de 20,000, 3o,ooo, Ao,ooo et 60,000 kilogrammes.
Le dernier type est surtout remarquable : i° par l’adoption de deux pistons de
compression; le premier, d’un diamètre' plus grand, est destiné à produire plus rapi¬
dement un effort relativement faible, soit 20,000 à 3o,ooo kilogrammes; le second,
de plus petit diamètre, doit élever plus lentement, mais toujours par un seul ouvrier, la
puissance de compression à son plus haut point; 20 par l’adjonction d’un dispositif per¬
mettant de déplacer le sommier de la presse, de telle sorte qu’il reste toujours paral¬
lèle à la position voulue ; 3° par la forme même de ce sommier qui permet de faire
agir la presse sur des arbres de toute longueur, et même sans déplacement sur des
arbres montés sur un tour et disposés pour la vérification.
Une autre des presses exposées est faite en vue de produire des empreintes sur
métal de toute nature, et peut servir à obtenir des médailles ou autres objets ana¬
logues.
En résumé, il paraît y avoir dans les appareils de M. Badois des éléments précieux
552
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
pour certaines applications mécaniques et industrielles, telles que la mécanique de
haute précision, la fabrication des médailles à haut relief en une seule opération, l’im¬
pression des clichés lorsque la compression s’impose.
Des presses à percussion avec montant de bois faisaient partie de l’exposition de
M. Bertrand, spéciale à des appareils de reliure et de papeterie dont nous parlerons à
la catégorie G.
Enfin M. Surowicz, de Varsovie, a exposé à la section russe une presse de son in¬
vention, à aplatir les plaques de corne façonnées, notamment les plaques de peignes.
Cette machine présente des avantages au point de vue de l’économie de la fabrication ,
car elle permet de traiter des plaques d’épaisseur variable, et elle comprend une série
de plateaux à la surface desquels des creux sont pratiqués pour recevoir les plaques en
corne non pressées. Une disposition spéciale de tuyaux articulés sert au chauffage des
plateaux par la vapeur.
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
553
CATÉGORIE B.
MACHINES À FABRIQUER LES ÉPINGLES, TIRE-BOUCHONS ET CLOUS.
La maison Mays a présenté , dans une exposition importante , une série de machines
des plus intéressantes, inventées, construites et employées par elle pour la fabrication
des épingles et des agrafes de toute nature; aussi le jury de classe lui avait-il attribué
une médaille d’or.
Machine à fabriquer les épingles à cheveux. — Elle a l’avantage de faire huit opéra¬
tions qui avaient exigé jusqu’alors plusieurs machines. Les principales sont : le dres¬
sage du fil en bottes, le coupage, l’appointage, le pliage et le vernissage. Le fil amené
en bottes est d’abord dressé, et sa longueur est réglée à volonté par un amenage spé¬
cial; il se coupe et se roule sur des petites courroies qui l’entraînent vers des meules
en acier taillées en lime qui font la pointe. L’épingle est ensuite pliée par un poin¬
çon; elle est emmenée sur un fil sans fin et entraînée par une chaîne divisée qui em¬
pêche les épingles de se toucher; elle passe ainsi dans un bain de vernis et continue
son chemin en entrant dans une cornue en fonte de 2 mètres de longueur, chauffée à
qoo degrés, dans laquelle le vernis est cuit et séché. Arrivée au bout de cette cornue,
l’épingle est projetée au dehors par une courroie marchant à une vitesse déterminée
et qui permet aux épingles de se placer sur un même plan. Cette machine donne un
beau vernis et des pointes sans bavures aux épingles à cheveux de différentes gran¬
deurs et grosseurs, soit en fer, soit en laiton, et, dans ce dernier cas, le vernissage est
supprimé.
Machine à fabriquer les épingles ordinaires, dites de toilette. — Cette machine, déjà
exposée en 18 y 8, a subi, depuis, quelques modifications, dont la principale consiste
à frapper la tête quatre fois au lieu de deux fois. On peut ainsi employer des fils de
laiton ou de fer plus courants et obtenir un refoulement gradué qui empêche les
épingles de se tordre ou de se casser. La pointe se façonne au moyen d’une petite
meule en acier produisant un petit biseau qui, tout en conservant la finesse de la pointe ,
lui laisse une certaine résistance.
Machine à fabriquer les agrafes crochets et les agrafes fortes. — Toutes les opérations
nécessaires sont faites par les machines. Le fil en laiton ou en fer est amené en
bottes; il se dresse, se coupe à la longueur voulue, se plie, se contourne, s’aplatit et
s’arrondit.
Machine à fabriquer les agrafes dites parisiennes. — Dans cette machine d’invention
toute récente, le fil est pris également en hotte et, par des dispositions spéciales,
l’agrafe très régulièrement faite, tombe complètement terminée.
554
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Gomme machines accessoires, M. Mays a exposé une machine à piquer les épingles
sur le papier, une machine à faire les boîtes en carton et les étuis carrés pour renfer¬
mer et expédier les divers produits de la maison, laquelle fabrique, à Paris, journel¬
lement, 200 kilogrammes d’épingles à cheveux, 45 o kilogrammes d’épingles ordi¬
naires et 200 kilogrammes d’agrafes.
Des machines à épingles se trouvent aussi dans l’exposition de M. Baillet, la plus
ancienne maison française pour la production de l’épingle métallique , et à laquelle le
jury de classe avait attribué une médaille d’argent. Les opérations sont réparties entre
plusieurs machines : l’une dresse, coupe et fait la pointe; l’autre fait la tête, et pour
une production de 4oo kilogrammes d’épingles par jour, io4 machines sont néces¬
saires.
M. Baillet a exposé également une machine à tire-bouchons, du système américain de
Glough, qui figurait à l’Exposition de 1878.
La section des Etats-Unis, dans la galerie des Machines, comprenait une machine
de Glough et Maconnell pour la fabrication automatique des tire-bouchons en fil de fer.
Déjà, en 1875, M. Glough a imaginé un tire-bouchon fait à la machine d’un seul
morceau de fer rond; la machine actuelle, extrêmement ingénieuse, construite depuis
Tannée dernière seulement, permet d’obtenir une fabrication bien plus rapide, plus
perfectionnée et plus écononomique, car elle peut produire 4o tire-bouchons par mi¬
nute, tandis que la machine de 1878 n’en produisait que 16.
Au lieu d’être obligée de dresser, couper et appointer le fil avant de le faire passer
à la machine, la machine actuelle reçoit du fil de fer et livre des tire-bouchons en¬
tièrement finis.
Quatre outils principaux opèrent dans Tordre suivant : i° le transporteur du fil;
20 la cisaille formant la pointe: 3° la griffe formant l’anneau; 4° Toutil dit manchon
faisant l’épaulement et la spirale. Dans le centre d’un arbre se trouve un mandrin à
spirale, et tous deux ont aussi un mouvement longitudinal avant et arrière devant le
fil croisé ; à l’extrémité de l’arbre se trouve une encoche qui saisit le fil et l’enroule
autour d’une spirale qui se trouve dans l’intérieur du manchon à ce moment-là immo¬
bile; c’est ainsi que se forme la spirale du tire-bouchon. Au même moment, l’autre
bout du fil est saisi par un organe qui forme Tépaulement entre la spirale et l’anneau.
Dès que l’arbre a fini son mouvement de rotation , le mandrin à spirale se trouve libre
et, par un mouvement de recul, fait tomber le tire-bouchon entièrement fini.
La machine faisant d'un seul coup le clou de tapissier, exposée par M. Boin, est surtout
remarquable en ce qu’elle paraît être la première qui permet de faire ce clou sans lui
faire subir plusieurs opérations.
La machine est de petit volume, 1 m. 2 5 de longeur sur 0 m. 85 de large, avec
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
555
mécanisme à l’intérieur. On met la bande de cuivre dans un support ou conducteur
placé dans le sens de la largeur, bande animée d’un mouvement de bas en haut au
moyen de rochets et cames, et qui fournit les disques nécessaires. Un poinçon situé à
o m. o 5 environ au-dessus de celui servant à faire le clou, après avoir découpé et
perforé légèrement le disque, le laisse tomber dans une rainure ou tiroir qui a une
pente de 45 degrés. Celui-ci arrive alors au centre d’une pince qui amène un fddefer
venant d’une bobine qui se trouve à l’arrière de la machine, et la traverse dans sa
longueur ; ce fil débouche exactement en face du centre du disque ; un mécanisme in¬
térieur comprime alors ce fil de fer dans le trou préparé au centre du disque. Ces
deux parties, disque et fil de fer, étant réunies, deux couteaux coupent le fil à la longueur
voulue et font en même temps sa pointe; une pince vient ensuite prendre l’objet pour
le transporter au centre d’un poinçon servant à donner la forme au clou et à sertir
la tête de la pointe. Cette opération terminée, un levier emboutit le tout, puis un autre
fait tomber le clou complètement achevé dans une corbeille préparée sous la ma¬
chine.
Cette machine peut faire, d’après l’inventeur, plus de 6o clous par minute. L’ingé¬
niosité dont il fait preuve lui a fait attribuer une médaille d’argent, quoique la machine
n’ait pas encore reçu la consécration de la grande pratique.
Pour clore la série des machines de la catégorie B, mentionnons la machine de
M. Dubos pour fabriquer la pointe de Paris, la cheville ronde pour chaussures, etc.,
machine créée depuis vingt-cinq ans par M. Dubos père, qui en a vulgarisé l’usage en
France et à l’étranger.
La machine exposée permet de fabriquer s5o clous par minute, de o m. o35 de
longueur au maximum et du n° 12 de la jauge de Paris. Elle fait partie de la série
de huit machines à fabriquer la pointe de Paris, construites spécialement par la mai¬
son.
556
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
CATÉGORIE C.
MACHINES À FABRIQUER LES CHAÎNES, TISSUS
ET GRILLAGES MÉTALLIQUES.
Six exposants ont présenté une série de machines dont le fonctionnement attirait
la curiosité des visiteurs : MAU Bellair et Cie et M. Harlé, avec leurs machines à fabri¬
quer la chaîne triangulaire; MM. Bunon et Dve, avec celles qui servent au tissage du
métal; MM. Voitellier frères, avec leur machine à fabriquer mécaniquement le grillage,
et AU Merle, avec celle qui fait la tresse en fds métalliques.
MM. Bellair et Cie ont présenté des machines en fonctionnement pour la manufac¬
ture des chaînes et tissus métalliques , par procédé entièrement mécanique. C’est en
i854 que M. Benjamin Bellair inventa et construisit des machines à fabriquer les
chaînes triangulaires dites épinglettes. Ces machines ont été successivement perfection¬
nées jusqu’aux modèles présentés au jury, et dont l’ingéniosité et la bonne construction
ont été constatées.
Ces machines se composent essentiellement de cinq organes principaux qui dres¬
sent, coupent, courbent le fil, tordent la maille et la serrent. Ces organes sont consti¬
tués par un amenage de fil, un couteau ou cisaille, deux courbeurs du fil, un crochet
servant de suspension pour la chaîne lorsque les broches l’ont abandonnée, et enfin un
serrage pour terminer la chaîne.
Une des machines présentait une disposition spéciale pour le crochet, avec suppres¬
sion de l’engrenage. Chacune des machines est pourvue d’un débrayage automatique
et peut fabriquer des chaînes n° 2 (3 00 maillons au mètre), environ i5o mètres de
chaîne par journée de dix heures.
MM. Bellair et Cle ont présenté en outre une petite machine à fabriquer le tissu mé¬
tallique pour chaînes de montres et diverses applications. Une fois fabriquée, la pièce
est aplatie par le laminage , pour former une espèce de cotte de mailles.
Une machine à fabriquer la chaîne triangulaire a été exposée par MM. Harlé et Cie.
Ua chaîne produite est à maillons très serrés, résistants par conséquent, et propre à la
confection des objets divers de la bijouterie et du doré. La machine fonctionne à
grande vitesse à plus de 100 tours, et elle peut produire huit numéros de chaînes de
différentes grosseurs par un simple changement de quelques pièces. Ces chaînes serrées
sont principalement employées par les fabricants de chapelets. La production par jour¬
née de dix heures varie, suivant les numéros, de 100 à 200 mètres, soit une moyenne
de 1 5 0 mètres par jour.
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
557
Trois machines pour le tissage du métal ont été exposées par M. Bunon, et Ton
peut, avec chacune d’elles, produire i5 mètres de chaîne par heure. Les machines de
M. Bunon ont été remarquées parleur simplicité, leur constitution robuste, ce qui ex¬
plique le nombre relativement grand de machines vendues.
M. Dye a présenté une machine à tissus de construction entièrement métallique pour
l’usage de la bijouterie et de la passementerie.
Une machine originale et très simple a été présentée par MM. Voitellier frères pour
la fabrication du grillage métallique à simple torsion. Elle emploie du fil n° 6 galvanisé,
qui doit être très uniforme et sans défauts; avec un tel fil de choix, la spirale à
quatre hélices se forme dans un mandrin et est guidée dans son avancement par les
spirales précédentes, mais toujours à cette condition que le fil soit sans défauts. On peut
faire, d’après l’inventeur, avec ce système de machine, jusqu’à 20 mètres de largeur.
A l’Exposition, la machine permettait de faire seulement 9 à 10 mètres, la dimension
ayant dû être limitée par suite de l’espace disponible.
Enfin une machine à faire la tresse métallique a été présentée par M. Merle, fabri¬
cant de vannerie métallique. Cette machine, qui n’a pas encore fourni un résultat in¬
dustriel assuré, comporte l’emploi d’un fuseau particulier, dont l’avantage est de pou¬
voir employer de l’or, de l’argent, du cuivre ou autre métal, grâce à un ressort à
boudin qui se trouve dans l’intérieur du tube du fuseau.
558
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
CATÉGORIE D.
OUTILS DE PRÉCISION ET DE GRAVEURS;
OUTILLAGE POUR LA FABRICATION DES OBJETS D’HORLOGERIE,
DE BIJOUTERIE, ETC.
Vingt-deux exposants peuvent être classés dans la catégorie des outils de précision.
L’un d’entre eux a obtenu une médaille d’or. C’est M. Roussel, qui a présenté des limes
fines très remarquables ( marque Raoul aîné ), des outils de graveurs et d’orfèvres, tels
que burins, échoppes, brunissoirs, grattoirs , râpes , alésoirs, etc.
C’est au siècle dernier que le fondateur de la maison laissa son nom comme marque
de fabrique. Il substitua alors l’acier fondu à l’acier corroyé.
M. Roussel, continuant à se préoccuper du meilleur choix des matières premières,
emploie de l’acier chromé d’Unieux (Loire) et traite ce métal avec les soins les plus
minutieux.
Doucement chauffé au charbon de bois, cet acier conserve son homogénéité; la
proportion de carbone n’est pas diminuée, et, sous l’étirage du marteau, il se transforme
en limes dont le grain est resserré par l’opération du planage jusqu’à complet refroi¬
dissement.
Les limes ainsi produites possèdent un grain très fin et ne se laissent pas entamer
par un autre outil, lime ou ciseau, à moins d’un recuit préalable.
La fabrication des limes de taille fine et douce exige une préparation spéciale, un
dressage absolument parfait, afin de recevoir uniformément sur leur surface une taille
si peu profonde qu’elle ne se distingue pas à l’œil nu. 11 faut, de la part des ouvriers,
un toucher extrêmement délicat et une sûreté de main peu ordinaire. Aussi, la taille
extrêmement fine échappe-t-elle à l’habileté de l’ouvrier, et c’est aux procédés méca¬
niques qu’il faut s’adresser pour obtenir la précision désirable. Il reste ensuite à faire la
trempe qui exige des soins tout particuliers pour procurer à ces limes la dureté excep¬
tionnelle qui les caractérise.
Deux autres exposants ont été classés en tête des médailles d’argent en raison de la
supériorité des^outils d’horlogers, bijoutiers et graveurs qu’ils ont exposés. Ce sont
MM. Besançon et les Fils de Weite.
Parmi les outils de M. Besançon, le jury a remarqué les pinces coupantes, l’une à
charnière fraisée, permettant de développer un effort considérable, sans compliquer
en rien ni la fabrication ni l’outil. L’autre est une pince coupante pour cordes de pia^
nos, permettant de couper de l’acier trempé de grande dureté.
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
559
Les Fils de Charles Weité ont présenté des produits remarquables par la régularité
et la finesse des tailles. L’ancienneté et l’importance de la maison sont ainsi expliquées.
Trois autres fabricants : MM. Dumonchel, Garnache frères et Hugoniot-Tissot, ont
également exposé des produits de très bonne fabrication.
M. Dumonchel, successeur de la maison Renard, avait dans sa vitrine des instru¬
ments et outils pour la gravure artistique et industrielle qui ont été très remarqués.
Ces outils varient de plus en plus de forme et de qualité, au fur et à mesure des exi¬
gences des artistes ou des industriels. Les roulettes pour gravure permettent d’obtenir,
en très peu de temps, des effets et des imitations très bien rendus, ou bien encore des
ombres et des fondus qui exigeaient auparavant beaucoup de temps, et par consé¬
quent beaucoup de dépense. La gravure d’anatomie comporte un outillage spécial
pour les chairs et pour la reproduction des insectes. Enfin il y avait des outils spé¬
ciaux en grand nombre pour la gravure sur acier, la photogravure, la chromo sur
bois et sur pierre, la petite sculpture sur bois, etc.
La vitrine de MM. Garnache frères renfermait, outre des outils pour l’horlogerie,
un tour à rouler les pivots de montres et de pendules, ainsi qu’un tour à burin fixe de
disposition nouvelle, qui est appelé à rendre de grands services; enfin, une machine à
arrondir les roues de montres.
M. Hugoniot-Tissot a exposé des outils divers pour horlogerie et bijouterie, des
pinces coupantes et des tours spéciaux.
Mentionnons les outils pour graveurs et les limes pour dentistes très finement tail¬
lées de M. Naze, successeur de M. Nicoud, et les outils de précision de M. Arnoux,
pour calibrer certaines pièces d’horlogerie.
Plusieurs fabricants ont exposé des filières en diamant ou en rubis; ce sont, par
ordre de mérite et d’importance, M. Vianney, M. Favier et M. Ferré.
M. Vianney nous a montré des filières en diamant, en saphir et en rubis, toutes
avec de belles pierres parfaitement polies à l’intérieur de la filière comme à l’exté¬
rieur.
Il y en avait trois séries pour l’étirage du fil de cuivre argenté à 1 o grammes par
i,ooo, jusqu’à un diamètre voisin d’un centième de millimètre. Il faut une filière
absolument parfaite pour obtenir un fil argenté aussi ténu, sans mettre le cuivre à nu.
La maison plus récente créée par M. Favier a exposé des filières aussi parfaites, à
en juger par les produits obtenus. Il faut une habileté rare et une bien grande patience
pour arriver à percer un diamant pour tréfiler un fil d’or ou d’argent aussi fin, plus
fin même que le fil de soie. On est arrivé aujourd’hui à tisser le fil de fer ou d’acier
presque aussi facilement que les fils proprement dits, et à enrichir les étoffes de toutes
qualités par l’introduction de fils dorés ou argentés.
560
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
M. Ferré nous a montré des filières en rubis et en saphir, et des diamants fins pour
tréfiler tous métaux, qui, sans être aussi parfaites que les précédentes, étaient cepen¬
dant de bonne fabrication.
M. Jullien a exposé de beaux modèles d’engrenages pour horlogerie et mécanique
de précision. Cet industriel fait la taille de ces engrenages spéciaux et obtient un fini
parfait.
La machine à arrondir et à égaliser la denture des roues de montres de M. Gan-
derth s’est fait remarquer par sa simplicité et son bas prix (70 à 80 francs), tout en
étant facile pour le travail et bien exécutée.
M. Garnache (Abel) nous a présenté des tours à pivoter, entièrement construits de
ses mains, dits tours Jacot. Leur fabrication en est minutieuse, puisqu’ils servent à
tourner les plus petits pivots de montres, comme les plus gros, à la grosseur exacte,
bien polis, et sans aucun trait. Sur les quatre tours exposés, deux portaient une poulie
sur la broche porte-pivot, pour marcher à la roue; les deux autres étaient destinés à
marcher à l’archet.
M. Chaüdesaigües a exposé un outillage pour graveur sur bois, et l’ouvrier Vilain a
fait, en dehors de son travail et à la main, un petit modèle d’atelier d’orfèvrerie que
le jury a signalé par une mention honorable pour le travail persévérant que sa confec¬
tion a exigé.
Trois exposants nous ont montré des produits qui entrent dans l’outillage des fabri¬
cants de bijouterie et d’orfèvrerie.
Les pierres à brunir en sanguine de M. Harleox ne peuvent être obtenues qu’à la
suite d’un travail de sciage à la main, fort long, puisque deux semaines doivent être
employées au sciage de 2 0 kilogrammes de cailloux produisant seulement un tiers en
poids de pierres à brunir. Par l’emploi d’une machine spéciale à scier, dont les cou¬
lisses montantes sont garanties contre l’usure par l’émeri au moyen de rigoles en
zinc, M. Harleux peut produire, dans les meilleures conditions, des pierres à brunir
en sanguine qui sont fort appréciées pour certains travaux d’orfèvrerie, de bijouterie,
de dorure et d’argenture sur tranche , sur cuir, sur bois , etc.
Les feuilles en baudruche que M. Leroy-Selle fournit aux batteurs d’or de Paris ont
été, depuis dix ans, reconnues supérieures à celles qui avaient été fournies jusque-là
par les fabricants anglais et allemands; les nombreux certificats présentés au jury lui
en ont apporté la preuve. Mais quelques explications sont nécessaires pour bien mon¬
trer l’usage de ces «moules en baudruche».
Primitivement, l’or était battu dans du parchemin, mais les feuilles restaient trop
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
561
épaisses. Plus tard, on fabriqua, à Paris, des feuilles en papier dit papier animal, de
plusieurs forces, dans lesquelles on faisait passer successivement les feuilles d’or qui
purent être obtenues plus minces. Puis, on arriva à employer deux pellicules de boyaux
de bœuf collées ensemble, et c’est ce que l’on a appelé peaux ou baudruches doubles.
Mais le commerce demandait des feuilles d’or de plus en plus minces, et les pellicules
doubles en donnaient de trop épaisses encore.
C’est alors que M. Selle prit une seule pellicule ; il la recouvrit d’un enduit pour la
rendre plus résistante sous le marteau, et d’un vernis spécial pour permettre à l’or de
s’étendre plus facilement, ce à quoi il n’arriva qu’imparfaitement avec le produit qu’il
appela baudruche simple française.
Mais son gendre et successeur emploie, depuis dix ans, une nouvelle méthode de
fabrication, par laquelle il a beaucoup amélioré les moules pour le battage de l’or qui
peut être tiré plus fin sans perdre son bel aspect, tout en permettant de diminuer les
frais de fabrication. Voilà pourquoi une médaille de bronze avait été attribuée à M. Le¬
roy-Selle par le jury de classe.
La Serviette prodigieuse, exposée par M. Renaut, a été l’objet d’une mention hono¬
rable. Cette serviette, composée de bourre de soie, reçoit une préparation spéciale
pour lui donner les qualités requises pour polir et nettoyer les métaux et entretenir
leur brillant. Elle supporte le lavage sans perdre sa propriété.
Il nous reste à parler de deux expositions bien différentes des précédentes, mais
rentrant dans la catégorie D, parce qu’elles contenaient des laminoirs spécialement
destinés aux affineurs de métaux précieux et aux fabricants de bijouterie et d’orfè¬
vrerie.
L’exposition de M. Pernet, qui a succédé tout récemment à M. Ferron, a été beau¬
coup remarquée par le jury, comme par le public; son laminoir pour affineurs a surtout
fait l’admiration des connaisseurs, et cependant le jury, qui avait très peu de mé¬
dailles d’or à sa disposition, n’a pu lui décerner qu’une médaille d’argent.
Ce laminoir, pour travaux de précision, est composé de cylindres de o m. 220 de
diamètre et 0 m. 32 0 de longueur de table, en acier forgé cémenté à la surface, et
percés de part en part d’un trou assez grand pour permettre un meilleur refroidisse¬
ment dans l’opération de la trempe à l’eau. Ce trou central permet en outre de faire
circuler un courant continu d’eau froide pendant le travail, afin d’empêcher le plus
possible Téchauffement des tables et des tourillons, et se mettre ainsi à l’abri du grip¬
page. Les cylindres sont rodés et polis après la trempe, et les soins les plus grands
sont exigés pour obtenir des cylindres à grains aussi fins, sans criques, et susceptibles
d’un aussi beau poli.
Pour diminuer le volume de la machine, c’est-à-dire l’emplacement occupé, condi¬
tion essentielle à Paris, M. Pernet a placé ses engrenages à chevrons à l’intérieur du
bâtis, ce qui procure l’avantage de diminuer les risques d’accidents.
Groupe VI. — iv. 36
IMPRIMERIE NATIONALE.
562
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
M. Pernet a exposé en outre deux autres laminoirs de plus petit calibre, destinés,
l’un aux batteurs d’or, l’autre aux bijoutiers. L’ancien bâti en bois a été remplacé par
un bâti en fonte, plus rigide et moins encombrant, avec engrenages à l’intérieur, et
donnant plus de facilité dans le travail du laminage. Il a joint à ses laminoirs un
découpoir à excentrique, avec mouvement d’amenage automatique pour le découpage
et l’emboutissage de tous métaux en bandes, ainsi qu’un découpoir mécanique perfec¬
tionné, avec un débrayage rapide et à volonté, en haut de la course. Enfin, une
machine à timbrer les capsules d’étain, avec plateau revolver, et une petite presse â
timbrer les chaussures.
M. Delahaye a présenté un laminoir à cylindres gravés ou unis pour bijouterie , un pe¬
tit laminoir de laboratoire, tous deux d’excellente fabrication.
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
563
CATÉGORIE E.
MACHINES À ÉCRIRE.
Les machines à écrire exposées dans la classe 69, et pour le plus grand nombre
dans la section des Etats-Unis, étaient au nombre de 12, de types différents. Cette
variété, à elle seule, prouve les efforts faits par les inventeurs pour simplifier et per¬
fectionner la machine à écrire qui, aujourd’hui, est entrée dans la grande pratique,
principalement aux Etats-Unis et en Angleterre.
Déjà en 1878, on a pu apprécier les avantages du type Writer qui avait été exposé
par MM. Remington et fils, de New-York. Ces avantages ne peuvent plus être mis en
doute aujourd’hui.
Un grand nombre d’administrations, de commerçants et de grands industriels ont
substitué à la plume des machines qui permettent d’atteindre, sans fatigue, une vitesse
bien supérieure à celle que l’on obtient à la main, tout en donnant une écriture des
plus lisibles, puisqu’elle est identique à celle de l’impression typographique, sans que
pour cela on perde l’avantage d’obtenir une reproduction par les moyens ordinaires
du copie de lettres.
L’avantage de cette netteté de l’écriture est surtout appréciable par le destinataire
de la lettre qui dépouille sa correspondance bien plus facilement et plus rapidement,
sans être exposé à des hésitations causées par l’imperfection des écritures à la main.
Les machines les plus perfectionnées que nous avons pu voir fonctionner, telles que
la Calligraphe, la Remington, la Hammond et la Bar-Lock, sont susceptibles d’écrire ou,
autrement dit, d’imprimer, avec une vitesse d’environ 55 à 60 mots à la minute
(5 lettres en moyenne par mot). Mais il faut bien s’entendre quand on parle de la
vitesse d’une machine à écrire, car le résultat à obtenir dépend non seulement des
dispositions de la machine, mais surtout de deux autres conditions que l’on ne fait
pas toujours entrer en ligne de compte : l’habileté de l’opérateur et la connaissance
préalable plus ou moins complète du texte qu’il s’agit de reproduire. Il est facile de
comprendre qu’on écrit beaucoup plus vite une phrase connue à l’avance qu’une autre
dont le texte est inconnu. Car la rapidité de l’action des doigts sur les touches augmente
évidemment quand on sait d’avance que tel mot succède à tel autre mot, et, dans ces
conditions, il a été fait sous nos yeux, en une minute, Aoo caractères, correspondant
à 80 mots de 5 lettres, tandis qu’à la main, on ne peut pas dépasser i5o caractères,
c’est-à-dire 3o mots, et on ne fait généralement que 20 ou 2 5 mots.
Le jury a pensé qu’il ne devait pas se prêter à un concours des machines, au point
de vue de la vitesse, parce qu’il ne pouvait pas apprécier la condition essentielle, celle
86.
564
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
de l’habileté de l’opérateur, mais il a pris connaissance avec intérêt des résultats qui
lui ont été communiqués.
L’examen raisonné des dispositions mécaniques que présentent les diverses machines
conduit tout naturellement à une saine appréciation des facilités que chacune d’elles
offre au point de vue de la rapidité de l’écriture, qualité qui est la plus recherchée,
car tous les efforts des inventeurs se sont portés vers ce but, en faisant aussi légères
que possible toutes les pièces en mouvement et en réduisant les frottements à leur
minimum.
D’autres qualités importantes sont : la beauté de l’impression, la marche silencieuse
et enfin le prix de l’appareil.
Les machines à écrire peuvent se classer en deux catégories : les machines a clavier
et les machines à cadran. C’est parmi les premières que se trouvent les machines les
plus perfectionnées et les plus usitées.
Comme pour les autres machines de la classe 59, nous avons adopté l’ordre de
mérite pour leurs descriptions et mentions.
La Calligraphe ou the Caligraph, exposée par I’American Writing machine C° et pré¬
sentée par MM. Fenwick frères and C°, agents pour la France, appartient à la première
catégorie ; c’est une machine à clavier.
Les caractères quelle imprime sont tous détachés et fixés à l’extrémité de petits
marteaux dont les supports sont disposés en cercle, de telle sorte que, par le mouve¬
ment des touches du clavier, les marteaux viennent frapper et imprimer les caractères
au centre.
Description. — La machine désignée sous le numéro 2 comporte 72 touches cor¬
respondant à autant de caractères comprenant : une série de majuscules, une série de
minuscules, les chiffres, les accents et les signes de ponctuation.
Ces touches sont rondes et disposées sur un seul plan incliné en 6 rangées de 12.
Elles sont en celluloïd et affectent la forme d’une houle de loto. Elles actionnent
des lames de bois très étroites, mesurant 0 m. 4o de longueur.
Ces lames de bois sont des leviers simples. Leur pivot ou point fixe se trouve sous
la partie antérieure de la machine; les touches appuient sur leurs parties médianes, et
leurs points d’attache avec les marteaux se trouvent vers la partie postérieure. Cette
disposition permet, avec une très faible dépression des touches (om. 008 à 0 m. 010),
d’obtenir un déplacement presque double des tiges actionnant les marteaux. Les touches
des trois rangs antérieurs actionnent les marteaux placés dans la demi-circonférence
antérieure de la machine; celle des trois rangs postérieurs actionnent les marteaux
placés postérieurement, de sorte que la résistance se trouve sensiblement équilibrée
sur tout le clavier.
Marteaux. — Les marteaux sont formés d’une feuille d’acier nickelé recourbé en U
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
565
pour leur donner, avec un faible poids, une grande résistance à la flexion. Ils sont
supportés par une branche en cuivre recourbée également en U. Les pivots des mar¬
teaux sont coniques, ce qui permet, au moyen d’une vis joignant les deux branches de
TU, de supprimer, au fur et à mesure de l’usure, le jeu qui se produirait entre les
pivots et leurs supports.
Les caractères, en acier, sont fondus mécaniquement; leurs tiges affectent la forme
d’un tronc de cône. Ils sont fixés aux marteaux par un simple coup de maillet. Il est
donc facile de les changer quand ils sont usés, ou d’en modifier la place suivant la
fantaisie des acheteurs.
Les marteaux au repos pendent verticalement et s’appuient sur un cercle doublé de
feutre qui amortit le choc qui se produirait quand les marteaux retombent à leur place,
et évite par conséquent toute espèce de bruit.
Les supports des marteaux étant disposés en cercle, ceux-ci, par le mouvement des
touches, viennent tous frapper au même point le centre du cercle. Il s’agit donc, pour
produire l’impression d’une série de caractères, de faire mouvoir le papier latéralement.
Ce mouvement du papier est obtenu en le disposant sur un cylindre en caoutchouc
monté postérieurement sur une glissière à deux points de contact, et antérieurement
sur une roulette voyageant sur un rail plat et horizontal.
Mouvement du chariot. — L’impulsion est communiquée automatiquement au chariot
ainsi formé au moyen d’un grand ressort en spirale placé sous la machine et enroulé
sur un noyau qui communique au chariot par une longue bielle et une manivelle. Le
déroulement du ressort nécessaire pour l’avancement d’une ligne complète correspond
à un dixième de la circonférence décrite par l’extrémité de la bielle, et la força d’im¬
pulsion ainsi obtenue ne varie d’un point extrême de la ligne à l’autre que d’une valeur
très minime et qui, dans la pratique, est inappréciable pour la personne qui se sert de
la machine.
Réglage du mouvement. — Deux crémaillères parallèles, l’une fixée au chariot, l’autre
susceptible, par rapport à la première, d’un déplacement longitudinal correspondant
exactement à une dent de la crémaillère, avancent tour à tour d’un cran par le mouve¬
ment de va-et-vient d’un rochet de déclenchement. Les mouvements de ce rochet sont
produits par la dépression de l’une quelconque des touches du clavier.
Le papier est maintenu sur le cylindre en caoutchouc au moyen d’un second cylindre
en caoutchouc également, d’un diamètre plus petit, et faisant pression sur le premier
par deux ressorts métalliques dont la tension peut être réglée au moyen de vis.
Encrage. — Un ruban de coton imbibé d’encre, placé immédiatement au-dessous du
papier, fournit l’encre nécessaire pour l’impression. Il est enroulé des deux côtés de la
machine sur des bobines a axes horizontaux. A chaque dépression des touches, l’un de
ces axes subit un mouvement de rotation réglé par une roue dentée montée sur l’axe
et actionnée par un rochet en rapport avec le levier placé sous les touches.
Le ruban avance donc longitudinalement d’un côté à l’autre de la machine; il pré-
566
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
sente ainsi toujours une nouvelle surface au marteau qui frappe sur le papier. Le con¬
tact du marteau sur le papier est si rapide, que le contour seul des caractères se trouve
imprimé et l’intérieur de la boucle reste en blanc.
Le rouleau de caoutchouc, sur lequel le papier est placé, est polyédrique, présen¬
tant à chaque ligne une surface plane pour s’imprimer et permettant ainsi aux carac¬
tères grands ou petits de marquer également en haut et en bas.
Un timbre avertit l’opérateur quand la ligne est terminée. Pour passer à une autre
ligne, il suffit de faire tourner le rouleau de papier sur son axe d’un dixième ou d’un
vingtième de révolution, au moyen d’un levier ad lioc, placé sur la droite du chariot,
qui actionne une roue dentée formant Tune des extrémités du rouleau, puis de rame¬
ner le chariot au commencement de la ligne.
Le chariot n’étant mû que dans un seul sens est d’une extrême simplicité ; il est
aussi très léger et très compact. Ses points d’appui sont très rapprochés; leur nombre
étant de trois, l’aplomb est toujours parfait.
La machine est peu encombrante, peut se placer sur une table ou un bureau ordi¬
naire. On a cependant remarqué qu’il était préférable de placer le clavier à la hauteur
des coudes pour travailler facilement et sans fatigue.
Pour nous résumer, voici les qualités que nous avons pu constater pour cet appa¬
reil :
i° Simplicité de la manipulation, par suite de la séparation des caractères, ayant
chacun leur touche propre, mais ayant cependant pour conséquence de comporter
deux fois plus de touches;
a0 Beauté de l’impression résultant d’un coup de marteau frappant d’aplomb sur
une surface plane;
3° Régularité de l’alignement, résultat de la proximité de la glissière et du point
de contact du marteau avec le papier, ainsi que du montage des marteaux;
4° Vitesse de l’impression, au moins deux fois plus rapide que la plume, et avec
un bon opérateur ordinaire;
5° Faculté d’obtenir facilement vingt copies simultanées et bien lisibles, jusqu’à
trente copies encore lisibles;
6° Bruit relativement faible produit par la manipulation, inférieur au bruit de la
« Remington » , et surtout de la «Hammond» et de la «Bar-Lock».
Nous ne pouvons passer sous silence un perfectionnement de la « Calligraphe » apporté
par M. Charles Fenwick, qui consiste à donner à chaque caractère l’espace nécessaire
pour lui conserver exactement les proportions qu’on a adoptées pour la typographie.
Avec ce procédé, les lettres à simple jambage, telles que i, l, t, correspondent à un avan¬
cement d’une dent de la crémaillère; les lettres à deux jambages, comme n, g, etc.,
correspondent à deux dents, et les w, m et majuscules à trois dents. Il est à souhaiter
que ce perfectionnement trouve son application dans la pratique : l’écriture de la
«Calligraphe» serait alors parfaite.
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
567
Nous avons cru devoir donner une description complète de la « Calligraphe » , parce
quelle a été classée la première parmi toutes les machines à écrire exposées.
Une autre machine a été aussi hautement appréciée par le jury. C’est la «Reming-
ton», qui est la machine la plus répandue en deçà et au delà de l’Atlantique.
La description de la machine Remington de 1878 a été donnée dans le rapport de
M. Joseph Lévy, de la classe 61, et comme la machine exposée en 1889 ne diffère de
la précédente que par des perfectionnements, il suffira d’en donner une description
sommaire.
Le clavier de la Remington n° 2 se compose aujourd’hui de 38 touches, c’est-à-
dire de la moitié seulement de la machine la a Calligraphe ». Ce clavier a donc cela de
particulier, que chaque touche correspond à deux lettres : une majuscule et une minus¬
cule sur une même tige , au lieu d’avoir une touche pour chaque lettre.
Cette disposition du clavier permet de supprimer la moitié clés pièces du mécanisme :
vis, crochets, pivots, rivets, etc., qu’exigent les machines à 72 ou à 78 touches;
mais, clans celles-ci, le marteau portant un seul caractère n’est pas exposé à frapper à
faux.
Les lettres sont fixées aux tiges à une distance entre elles de 0 m. 01 environ.
Les lettres majuscules se trouvent à l’extrémité des tiges, de manière que les minus¬
cules, dans l’état normal du clavier, restent dans l’axe du cercle. Au moyen d’un méca¬
nisme très simple, le chariot, c’est-à-dire la partie de la machine qui porte le papier,
est déplacé horizontalement d’avant en arrière, d’une distance égale à celle entre les
lettres des tiges. Le papier se présente alors au-dessus des lettres majuscules. Le cha¬
riot peut être tenu par un simple déclenchement dans cette position pour écrire entière¬
ment en majuscules. La simplification du clavier constitue un des points de supériorité
de la machine Remington, car on écrit sans aucun déplacement des mains et sans
être obligé d’apprendre et d’avoir constamment à l’esprit deux alphabets distincts.
L’utilité d’un jeu de touches pour faire les majuscules n’est pas évident, quand on
réfléchit que dans toute correspondance la proportion des majuscules n’est guère plus
que de 2 p. 100.
Les touches sont disposées en gradins et placées tout à fait au bord de la machine,
de façon que les doigts tombent naturellement et sans effort sur le clavier. Dans les
machines à 78 touches, celles-ci se trouvent plus au milieu de la machine; il faut,
par conséquent, tenir les bras allongés pour écrire, ce qui peut fatiguer l’opéra¬
teur.
Le mouvement du chariot de la machine Remington est uniforme du commence¬
ment à la fin de la ligne, parce qu’il est donné au moyen d’une roue-fusée dont le dia¬
mètre, toujours grossissant, vient compenser la perte de force du ressort. Dans le
« Calligraphe » , la force motrice est fournie par un long ressort à spirale, ce qui rend la
tension inégale.
568
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Au point de vue de la perfection de la construction, les machines présentées ont été
très appréciées par le jury. Le bâti est composé de pièces de fonte solidement assem¬
blées et pouvant résister à tous les usages; les tiges des lettres, la crémaillère, les
leviers, glissières, barres, vis, etc., sont en acier nickelé. Les marteaux sont en tiges
pleines et non creuses, ce qui permet de les redresser plus facilement en cas de tor¬
sion, mais les marteaux sont plus lourds que ceux de la « Cal li graphe?? qui ont la sec¬
tion d’un U. Au point de vue de la légèreté du toucher, la «Remington» présente une
infériorité, mais, par contre, le ruban est mû parle ressort principal et non pas par
la pression des touches, ce qui exige un certain effort sous le doigt.
En résumé, la machine Remington est une machine solide, très bien construite,
et possède un clavier qui n’a que 38 touches pour reproduire les majuscules, les minus¬
cules, les chiffres, accents et signes de ponctuation. Elle est, jusqu’ici, la plus généra¬
lement adoptée.
Une autre machine a obtenu, comme les deux précédentes, un diplôme de médaille
d’or. C’est la machine Hammond, qui, quoique étant une machine à clavier, présente
une disposition mécanique toute différente de la « Calligraphe » et de la « Remington ».
Les marteaux multiples de celles-ci sont remplacés par un marteau unique dans les
machines «Hammond»; les caractères sont moulés en forme de cliché sur une roue
divisée en deux parties, gauche et droite; chacune de ces deux parties se déplace sui¬
vant que les touches sont attaquées par la main gauche ou la main droite et vient
présenter la lettre désignée au-devant d’une lunette où elle se trouve frappée par un
seul et unique marteau qui détermine l’impression, et dont l’impulsion étant action¬
née par u'i déclenchement automatique reste toujours la même et ne dépend nulle¬
ment de la force avec laquelle les touches sont déprimées.
Si deux ou plusieurs touches sont frappées à la fois, il n’y a qu’une seule lettre qui
se présente en face du marteau, celle qui se trouve la plus rapprochée de l’opérateur.
De là, impossibilité d’un trouble ou d’une détérioration qui peut se présenter lorsque
plusieurs marteaux viennent frapper à la fois.
La machine est disposée avec des touches s’attaquant par les doigts allongés et à
plat comme pour l’étude du piano, et l’arrangement des lettres de l’alphabet est com¬
biné de façon à mettre le plus facilement à la portée des doigts, et surtout de ceux de
la main droite, les lettres les plus usitées.
Le nombre des touches se trouve diminué dans une proportion considérable, attendu
que 9 a caractères ou signes différents sont exécutés par 3o touches seulement; les
majuscules d’une part, la ponctuation, les accents, les chiffres d’autre part, s’obtiennent
naturellement au moyen de l’abaissement de deux pédales placées dans le centre du
clavier vers la partie la plus à portée de l’opérateur, et à la disposition de l’une ou de
l’autre des deux mains à volonté.
De cette disposition spéciale du clavier, de cet arrangement ingénieux des touches,
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
569
il résulte que les personnes ayant une mauvaise vue ou un manque d’agilité dans les
doigts peuvent arriver à se servir plus aisément de la machine Hammond que des
autres.
Il est facile de comprendre que, tous les caractères formant un cliché unique, le
nettoyage se fait plus facilement que lorsqu’il doit être effectué sur un grand nombre
de marteaux. Il suffit de changer la roue portant les 92 caractères pour écrire avec
des caractères de forme différente, les uns droits, et les autres penchés, ou italiques.
On livre avec chaque machine deux roues garnies de caractères variés.
Le chariot du cylindre se déplace automatiquement, à chaque touche frappée, avec
une vitesse et une distance toujours égales; c’est pourquoi les lettres à plusieurs jam¬
bages sont plus petites et plus serrées que les autres; inconvénient qui se retrouve
dans les autres machines de la même espèce, mais la régularité de la vitesse est un
grand avantage pour la beauté de l’écriture.
Les avantages les plus appréciés de la machine Hammond sont : la facilité de l’ap¬
prentissage, la possibilité de changer rapidement de genre d’écriture, et il y a encore
cet avantage que l’écriture exécutée n’est pas cachée; elle se trouve constamment en
vue, de sorte que l’opérateur peut toujours la relire et se rendre compte de ce qu’il a
écrit, et les corrections peuvent se faire avec facilité. Mais il faut remarquer que le
bruit fait par la «Hammond?? est un peu plus fort que pour les deux précédentes ma¬
chines, parce qu’il se produit un arrêt brusque du cercle des caractères à chaque dé¬
pression des touches.
M. Jacquier, agent de la compagnie en France, a fait une application très intéres¬
sante de la machine Hammond, en disposant les touches avec les caractères Braille,
de sorte que les aveugles font une étude prompte et facile de l’écriture à la machine.
Le jury a reçu la communication d’une attestation du vice-président de l’Association
Valentin Hauy, fondée pour le bien des aveugles. Il résulte de l’usage de la machine,
qui a été fait par un aveugle, que les caractères Braille, marqués en relief sur le cla¬
vier, lui ont permis de reconnaître chaque touche , à tel point qu’après trois ou quatre
jours d’exercice, il a pu écrire de petites lettres ne contenant pas trop de fautes.
La Compagnie américaine de la «machine Columbia?? a exposé une machine assez ré¬
cente que son inventeur a nommée Bar-Lock , et qui a appelé l’attention du jury par
sa grande ingéniosité. Elle se rapproche par son nombre de touches de la Calligraphe,
mais le clavier est double, un pour les majuscules et un pour les minuscules, de sorte
qu’il n’y a qu’un seul alphabet à apprendre et, comme dans la Calligraphe , il n’y a pas à
faire usage de clef pour la transposition des lettres. Les tiges des marteaux sont placées
sur un demi-cercle, de sorte que l’autre moitié de la machine reste ouverte; de plus,
les marteaux sont abaissés par les touches, au lieu d’être soulevés. Il en résulte cet
avantage , que l’écriture est visible pour l’opérateur qui a ainsi la facilité de se con¬
trôler et de corriger les erreurs qu’il aurait pu faire, sans avoir à ouvrir la machine;
570
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
mais il y a cet inconvénient, que les marteaux doivent être munis chacun d’un ressort
pour les relever à leur place après qu’ils ont été abaissés par la touche.
Les tiges des marteaux viennent toutes se poser entre des pointes de sûreté , de telle
façon qu’ils ne peuvent sortir de l’alignement, et c’est pourquoi l’inventeur a donné à
sa machine le nom de Bar-Lock. Il convient toutefois de faire observer que, les mar¬
teaux étant concentrés dans un demi-cercle , au lieu d’un cercle entier, il en résulte un
plus grand rapprochement des extrémités, qui peut avoir des inconvénients dans cer¬
tains cas.
Le jury de classe avait inscrit cette machine parmi les médailles d’or, mais le jury
de groupe ne lui a attribué qu’une médaille d’argent.
Les quatre machines que nous venons de décrire et qui sont appelées à rendre le
plus de services dans les administrations et les grandes maisons de commerce, se
vendent à des prix qui varient de 5oo à 600 francs. C’est là un prix relativement
élevé qui est de nature à limiter leur vulgarisation. Parmi les machines dont nous
avons encore à nous occuper, plusieurs se livrent à bas prix, mais elles sont loin de
présenter les avantages (surtout la rapidité d’écriture) qui sont obtenus par les quatre
machines précédentes.
Le jury a trouvé dans la section anglaise une machine à écrire, la Masquelyne, appe¬
lée aussi à rendre des services, bien étudiée, et à laquelle il a attribué une médaille
d’argent.
La machine possède un échappement différentiel qui donne à chaque lettre l’espace
qui lui est propre, et, l’alignement étant bon, on obtient une excellente impression ty¬
pographique. Déplus, l’écrivain voit ses phrases se former sous ses yeux, aussi facile¬
ment que s’il écrivait avec une plume.
La machine est douce, parce que l’impression est produite directement par le carac¬
tère typographique même, sans emploi de rouleau encreur. Elle n’a que 3 2 touches
avec lesquelles on forme 96 caractères différents, et elle coûte 4o p. 0/0 meilleur
marché ; elle est ainsi plus à la portée de bien des commerçants.
La World Type Writer and G0 a exposé une machine très simple et très bon marché,
dite machine à écrire « Boston», à laquelle le jury a donné aussi une médaille d’argent,
en raison des services qu’elle peut rendre dans certains cas particuliers. Ainsi l’appa¬
reil est facile à emporter, et on peut faire sa correspondance en voyage, en écrivant
aussi vite qu’avec la plume. Il y a le modèle à un alphabet qui se vend 60 francs et
un autre modèle à deux alphabets, majuscules et minuscules, qui se vend 100 francs.
La Boston est une machine à cadran , et Ton s’en sert en amenant à la main une ai¬
guille successivement sur chacune des lettres composant les mots que Ton veut repro¬
duire, et en même temps, et pour chaque caractère, il faut appuyer l’index sur une
tringle qui revient d’elle-même à sa place primitive; on appuie sur une palette pour
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
571
laisser un intervalle entre les mots. Lorsqu’une ligne est terminée, une petite sonnerie
prévient l’opérateur qui ramène le cadran à la position voulue.
Un autre exposant des Etats-Unis, M. Myers, a montré une petite machine à clavier,
Mercury , avec laquelle on écrit au moins aussi vite qu’à la main, et qui ne coûte que
200 francs. C’est une machine à 3 o. touches, à écriture visible, et dont la pratique
s’acquiert rapidement. On conçoit qu’elle puisse ainsi rendre des services pour l’usage
personnel des chefs de maison.
La machine à écrire dite Vélographe suisse , exposée dans la section suisse par
M. Rymtowtt-Prince , se compose de deux disques, l’un fixe, divisé en quatre-vingts,
dont la moitié, c’est-à-dire, quarante, sont occupés par les lettres, chiffres, ponctua¬
tions et abréviations, le tout servant de tableau indicateur pour l’écriture. L’autre
disque est mobile; il tourne autour de son axe et fait un mouvement perpendiculaire
pour imprimer les caractères en caoutchouc qui sont placés autour de son bord exté¬
rieur. Outre cela, ce disque porte deux aiguilles-guides, l’une pour les lettres majus¬
cules et chiffres, l’autre pour les minuscules, la ponctuation et les abréviations; chaque
fois qu’une des aiguilles du disque mobile est ramenée sur la lettre voulue du disque
fixe, on fait une légère pression sur le bouton qui s’y trouve, et la lettre voulue s’im¬
prime sur le papier enroulé autour d’un rouleau, lequel s’avance juste l’espace d’une
lettre, mécaniquement, au moyen d’une crémaillère.
Entre le papier et les lettres à imprimer du disque mobile se trouve un ruban chi¬
mique remplaçant l’encre. Ce ruban est enroulé sur une bobine et se déroule mécani¬
quement aussi pour s’enrouler sur une autre au fur et à mesure de l’impression. Sur le
rouleau porte-papier se trouve un arrêt se réglant à volonté pour toutes les grandeurs
de papier et pour faire varier la largeur de la marge. Il y a un disque dentelé pour
l’espace entre les lignes et une sonnette pour annoncer la fin de la ligne; de plus, un
petit mécanisme se trouve adapté au disque fixe, servant à marquer les accents.
L’appareil entier ne mesure que 28 centimètres de longueur, 22 de largeur, 1 h de
hauteur, et pèse 3 kil. 5 00.
Cet appareil peut faire 28 transpositions pour l’écriture secrète (cryptographie).
Pour cela, on place un second disque sur celui qui est fixe; on arrête celui-là au moyen
d’une vis d’arrêt, mais pouvant se déplacer soit à droite, soit à gauche, de sorte que
toutes les lettres peuvent être transposées suivant le nombre de divisions qu’on avance
ou qu’on recule vis-à-vis de l’aiguille indicatrice placée en arrière, et aussi vis-à-vis de
la lettre normale qui se trouve, à l’ordinaire, au-dessus du rouleau porte-papier.
La Columria Type writer manufacturing C° a présenté une petite machine dite la Co¬
lumbia, à laquelle aurait été attribuée une médaille de bronze, si une récompense
supérieure n’eût pas été donnée à la même Compagnie pour la machine Bar-Lock. Le
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
572
numéro 2, qui contient l’alphabet français en majuscules et minuscules, ne coûte que
160 francs. Après une semaine de pratique, on arrive à écrire presque aussi vite qu’à
la plume. C’est une machine à cadran qui donne un joli spécimen d’écriture avec un
espace proportionné pour les grandes et les petites lettres.
La machine à écrire de M. Hall nécessite l’usage dune main seulement; elle pèse
3 kilogrammes et se vend 210 francs. On a écrit devant nous 1 o5 caractères en une
minute, comprenant la même phrase trois fois répétée. Les caractères sont au nombre
de 78 sur l’alphabet anglais et de 82 sur l’alphabet français, avec tous les signes né¬
cessaires. La machine a une longueur de 3 5 centimètres , une largeur de 1 7 centimètres
et une hauteur de 6 à 7 centimètres. Elle se compose essentiellement d’un chariot im¬
primeur, avec un manipulateur dont la pointe est amenée en tel ou tel point. Après
quoi , on fait une légère pression, et la lettre indiquée parle manipulateur s’imprime
sur le papier.
Il est facile de remplacer l’alphabet en caoutchouc pour changer l’écriture.
Mentionnons enfin la petite imprimeuse de poche de M. Seymour Wade, laquelle
coûte 1 0 francs avec sa boîte, et la machine à écrire de M. Wagner Schneider, qui s’est
attaché surtout à l’approprier pour l’usage des aveugles, avec système Braille.
Il nous reste à parler d’un appareil exposé par M. de Viaris, qui n’est pas une ma¬
chine à écrire et qui, cependant, peut être classé dans la même catégorie. Il s’agit d’un
cryptographe imprimeur. Quelques explications préliminaires sont nécessaires.
Qu’est-ce que la cryptographie? C’est l’art d’écrire avec des signes spéciaux ou con¬
ventionnels un texte qui doit rester caché et qui ne peut être compris que des initiés.
Ceux-ci connaissent la clef du système ou bien la convention suivant laquelle le texte
clair a été transformé en texte convenu ou chiffré, autrement dit en texte secret, que
l’on désigne sous le nom de cryptogramme.
Le cryptographe a pour but de composer et de déchiffrer des cryptogrammes.
M. de Viaris s’est proposé de trouver un appareil qui fût à l’abri des procédés d’in¬
vestigation indiqués jusqu’à ce jour; il a adopté pour cela un système cryptographique
ayant pour bases le dispositif autoclave et une équation spéciale. L’appareil qu’il a
imaginé réalise ses desiderata : il est imprimeur, chiffrant et déchiffrant.
Une médaille d’argent a été attribuée à M. de Viaris pour ses savantes recherches et
pour l’ingéniosité de son appareil, qui trouvera sans doute d’utiles applications, prin¬
cipalement dans la cryptographie militaire.
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
573
CATÉGORIE F.
APPAREILS À COMPTER.
L’Exposition de 1889 a accusé un progrès important en ce qui concerne les appareils
destinés à enregistrer ou à contrôler les recettes d’argent, dont le besoin s’est surtout
fait sentir en Angleterre et aux Etats-Unis. Déjà, en 1878, une telle machine avait été
présentée et hautement récompensée.
Ces machines sont à la fois des machines à écrire des nombres qu’elles enregistrent,
et des machines à contrôler les recettes. Quelques explications sont ici nécessaires.
Dans la pratique ordinaire des magasins de vente, des erreurs volontaires ou invo¬
lontaires peuvent être commises soit au détriment du patron, soit au détriment du
caissier, et il est facile de concevoir qu’il en soit ainsi , en raison du très grand nombre
d’opérations ou d’inscriptions qui sont faites dans la journée, surtout quand il s’agit
de grands magasins où affluent les acheteurs d’articles les plus variés.
Avec un appareil à compter, les erreurs sont bien plus difficiles, car l’appareil se
charge de faire une partie des opérations et laisse des empreintes qui permettent au
contrôleur de faire la vérification à chaque instant entre les sommes inscrites et les
sommes payées, en même temps que l’acheteur se rend compte de la somme qu’il a à
payer.
Quatre machines à enregistrer ont été présentées àJ’Exposition par la Lamson Conso¬
lidated Store Service C°, de Boston; par la Cash registering machine C°, d’Angleterre;
par la National Cash register C°, des Etats-Unis, et enfin par M. Maskelyne, de Man¬
chester. Toutes les quatre ont reçu la sanction de la pratique et ont déjà rendu des
services qui ne pourront que s’accroître.
La plus remarquable d’entre elles et la plus ingénieuse est celle qui a été inventée
par M. Lamson et qu’il a appelée l’Addistrole. Cet appareil fournit automatiquement un
bulletin qu’il découpe après y avoir imprimé un numéro d’ordre et le montant de l’achat.
Ce montant apparaît sur la façade de l’appareil; l’acheteur peut donc se rendre compte
et, de plus, ce montant est à la fois enregistré et additionné au total des ventes pré¬
cédentes.
Le vendeur a à faire une manœuvre des plus simples et des plus rapides. Le méca¬
nisme a paru au jury présenter de grandes garanties de solidité et de sûreté de fonc¬
tionnement.
L’addistrole empêche toute fraude et toutes erreurs; il permet au chef de maison de
voir d’un coup d’œil, après une absence de durée quelconque, quel est le montantTexact
574
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
des ventes effectuées pendant son absence; ce total ne peut être vu par personne, car
il se trouve sous une plaque retenue par un cadenas. L’appareil additionne les ventes
jusqu’à 100,000 francs; il numérote les bulletins jusqu’à 10,000 et revient de lui-
même automatiquement à o. Il est doue appelé à rendre de grands services dans les
maisons qui font quotidiennement de nombreuses ventes au détail, soit que la caisse
soit tenue par un étranger, soit qu’elle soit tenue par un associé , parce que l’appareil
ne se trompe pas, n’oublie pas d’inscrire les ventes, donne le nombre de clients venus
et supprime le système de contrôle par fiches , long et parfois inexact.
Les ventes s’additionnent sans cesse; il est donc utile de prendre note, à l’ouverture
ou à la fermeture de la maison, du montant indiqué : la différence entre ce montant
et le suivant représente la somme des ventes effectuées entre les deux observations.
Pour manœuvrer l’appareil, il faut faire mouvoir les poignées jusqu’à ce que le
montant désiré apparaisse sur un demi-cylindre; il faut alors saisir une manivelle, la
tirer à droite pour la faire sortir d’un cran d’arrêt, lui faire faire un tour complet en
la ramenant derrière le cran d’arrêt. L’appareil présenté a une hauteur de o m. 55 et
une largeur maxima de o m. 45.
En résumé, le caissier automatique de Lamson donne, en une seconde, le montant
de la vente, imprimé sur un ticket avec lequel l’acheteur se présente à la caisse, avec
un numéro d’ordre consécutif. L’appareil additionne automatiquement chaque vente
avec les précédentes et il enregistre à chaque instant le total, de sorte que le chef de
maison peut se rendre compte, par une différence de chiffres, des ventes effectuées
depuis son dernier contrôle.
La machine anglaise dite Cash registering est appelée, elle aussi, à rendre de grands
services pour le contrôle des recettes d’argent; du reste, les attestations produites au
jury en ont apporté la preuve, et les commerçants importants au détail feront de plus
en plus usage de caissiers automatiques, s’ils sont vraiment soucieux de leurs intérêts,
trop souvent sacrifiés par des erreurs volontaires ou involontaires.
Deux appareils ayant quelque analogie avec les précédents, en ce qui touche le but
à obtenir, doivent être cités : ce sont les pinces à contrôler et la presse à dater les cou¬
pons, appareils très bien construits de M. Antoine Fish, de Bruxelles, et le tourniquet
avec compteur totalisateur de Stevens and son.
Il nous reste à parler des appareils à calculer1 de M. Chambon et de la machine à voter
de M. Debayeux.
MM. Chambon et Baye, de Paris, ont exposé dans la classe 6, groupe des arts libé¬
raux, des appareils à calculer et d’instruction qui ont été renvoyés au jugement du
jury de la classe 5q; nous avons examiné un appareil ingénieux pour le calcul des in¬
térêts , que l’inventeur appelle le Tachylemme.
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
575
Le grand modèle donne les intérêts d’un jour à des taux variant depuis 1 jusqu’à
6 p. o/o, et, pour trouver l’intérêt de plusieurs jours, il faut additionner plusieurs
chiffres fournis par l’appareil.
Parmi les autres appareils à calculer, il faut signaler le multiplicateur-diviseur, qui
permet d’effectuer, avec rapidité et sans erreur, les deux opérations de la multiplication
et de la division quand l’un des facteurs est un nombre cl’un chiffre.
Pour la multiplication, il faut relever et additionner les produits partiels donnés par
l’appareil, et pour la division, il est nécessaire de faire des opérations à la main qui
ne sont pas à l’abri des erreurs de calcul.
Un ouvrier fort méritant, M. Debayeux, a exposé une machine à voter pour les grandes
assemblées , ayant exigé un labeur et d’ingénieuses recherches qui ont valu à l’inventeur
une médaille de bronze.
La machine comprend, pour chaque votant, un transmetteur de trois boutons à
contacts électriques persistants, représentant les trois votes : oui, non et abstention. Ce
transmetteur est fait de telle façon qu’un seul bouton puisse rester en contact. Il est
possible au votant de changer son vote jusqu’à la fermeture du scrutin, mais il n’y a
toujours que le dernier vote émis qui reste en contact et qui, par conséquent, puisse
être imprimé.
Le président de l’assemblée dispose du fonctionnement du transmetteur pendant le
temps accordé pour le vote , et cela à l’aide d’une manette posée sur son bureau. Aus¬
sitôt la clôture du scrutin, le président retire la manette du contact et, par cela même,
fixe tous les transmetteurs. C’est alors seulement que les votes émis sont transmis par
le mécanisme commutateur au mécanisme imprimeur. Il y a un plateau commutateur
où viennent les fils des appareils des votants.
Le président de l’assemblée devra , avant l’ouverture de chaque scrutin , faire remettre
tous les appareils au point initiai, et pour cela en donner l’ordre (à Laide d’une son¬
nerie) au préposé à la machine.
576
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
CATÉGORIE G.
MACHINES À RELIER.
C’est dans la section anglaise que le jury a trouvé les machines les plus perfection¬
nées et les plus variées pour la reliure des livres, et ces machines, d’inventions
diverses, ont été exposées par la maison W. C. Horne, de Londres.
La reliure complète d’un livre exige une série d’opérations qu’une seule machine ne
peut pas accomplir. Les diverses machines de reliure ne font qu’une partie du travail
total, lequel se décompose en un grand nombre d’opérations dont voici les principales :
i° Pliure;
2° Laminage;
3° Couture;
lx° Mise en presse;
5° Endossure;
6° Préparation du carton de la couverture;
7° Rognure des têtes, queues et gouttières;
8° Décoration de la couverture.
I. Les machines à plier n’ont pas réussi en France, à cause du bon marché de la
main-d’œuvre des femmes qui font ce travail , mais nous en trouvons une dans 1 ex¬
position anglaise de M. Horne.
C’est la plieuse Martiny qui plie en cahiers réguliers 2,5 oo feuilles à l’heure. Son
mérite consiste surtout en ce qu’elle comprend un système de croisement de lames, tel
que les feuilles ne sont jamais en mouvement sans qu’une lame arrive au centre pour
donner la direction au p]i. La plieuse qui était a l’Exposition faisait trois plis, mais il
en existe qui en font un plus grand nombre.
III. Coulure mécanique. — L’exposition de la maison Horne contenait la Relieuse
Smytli, machine nouvelle, extrêmement remarquable, tant par ses dispositions méca¬
niques que par le travail vraiment extraordinaire qu’elle accomplit.
Elle relie les feuilles ou cahiers d’un livre en obtenant un travail plus solide que le
travail a la main. 11 résulte d’attestations qui ont été fournies au jury que le travail
manuel produit, en large moyenne, 2,5 oo cahiers cousus en un jour, et qu’avec la
machine Smyth, on peut en coudre de i5,ooo à 20,000 par jour, et plus de 3oo de
ces machines fonctionnent tant en Angleterre et en Australie qu’aux Etats-Unis. Le
prix, y compris tous accessoires, est de 176 sf, soit 4,275 francs.
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
577
Voici, en le résumant, en quoi consiste le fonctionnement de la machine :
Les feuilles sont placées Tune après l’autre sur des bras en rayons que projette une
tige verticale. Ces bras, dans leur révolution enlèvent et ajustent la feuille de façon à
la placer dans la position requise sous des aiguilles courbes.
A mesure que chaque bras se lève, de petits trous sont percés au moyen de poin¬
çons à partir de l’intérieur de la feuille, pour faciliter l’entrée et la sortie des ai¬
guilles.
Quand le bras est au plus haut de son parcours, ces poinçons se retirent et les ai¬
guilles courbes entrent à travers le dos de la feuille; le crochet de l’aiguille saisit le
fil, sort dans le pli et amène ce fil à des boudeurs.
Les boudeurs reçoivent alors un mouvement latéral pour serrer le nœud, et ce
mouvement est gradué de façon que le livre soit cousu, serré ou lâche, selon les be¬
soins.
Le cahier cousu est poussé en arrière par une barre de pression le long de la
plate-forme d’ajustage qui est assez longue pour contenir jusqu’à 5o volumes ordi¬
naires que l’on coud en même temps et qu’on sépare ensuite.
Les livres sont cousus sur des rubans distancés, retenus alternativement par chaque
fil de la couture, formant ainsi une complète couture sur rubans.
Les rubans et les fils qui les recouvrent sont entièrement indépendants les uns des
autres et des points de couture; de sorte que, selon les besoins, on peut mettre un,
deux, trois ou quatre rubans, ou même les supprimer tous, comme pour la papeterie.
Cette dernière faculté ajoute un grand avantage à la machine.
Les volumes sont ensuite séparés en coupant le fil de chaque couture indépen¬
dante, et les rubans à la longueur voulue.
Avec les machines d’autres systèmes, le haut et le bas des feuilles restent détachés,
tandis qu’avec la machine Smyth, ces extrémités sont maintenues fermes et solides
par un point de chaînette. Tous les points sont indépendants les uns des autres, et
l’on peut aisément relier ko cahiers par minute.
La maison Horne a exposé en outre :
Une Brocheuse Elliot qui perce les trous, y introduit le fil, le noue, le coupe et en
ressaisit les extrémités pour continuer les mêmes opérations en faisant environ a o cou¬
tures par minute.
La Couseuse métallique Harper qui coud les cahiers placés ouverts et à cheval sur la
selle. La couture est très serrée, et, avec un fil métallique très ténu, elle doit avoir
plus de solidité.
La Presse Hart qui fait un travail plus rapide que la presse hydraulique et permet
de lier l’ouvrage pendant qu’il est sous presse.
Enfin la Rogneuse Démon qui fonctionne à l’aide d’un plateau tournant avec une
grande rapidité, en montant sur un plan incliné et s’ajustant avec précision contre un
couteau fixe.
Groupe VI. — iv.
37
578 EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
M. Ledeuil, constructeur français, a exposé des machines permettant de faire les
cinq dernières opérations indiquées plus haut.
La construction de l’outillage mécanique pour la reliure a suivi, en France, la
marche ascendante de la production du livre, mais elle est restée dans des limites peu
étendues, par la raison que la plupart des relieurs sont des petits industriels ayant a
leur disposition de la main-d’œuvre à bas prix par des femmes et des enfants.
Il y a dix ans, la production annuelle française en outillage mécanique ne réprésen¬
tait que 200,000 à 260,000 francs. Aujourd’hui, il s’en fabrique pour 600,000 francs
exclusivement à Paris, et les machines sont destinées, pour plus de la moitié, à la capi¬
tale.
Voici, suivant l’ordre dans lequel s’accomplissent les opérations de reliure, les cinq
machines exposées par M. Ledeuil :
IV. Mise en presse. — La machine employée est la presse à vis. Cette machine se
compose essentiellement de deux sommiers horizontaux, fixes, réunis par des colonnes
en fer dans le genre de la presse hydraulique, et cl’une vis dont l’écrou fixe est dans le
sommier supérieur. La descente de la vis est obtenue, suivant les cas, soit par la force
directe de l’homme sur un volant, soit par un levier, soit par une percussion qui uti¬
lise la puissance vive d’un volant, soit par une roue cl’angle avec moulinet manœuvré
a bras d’homme, soit par une roue à vis sans fin qui augmente considérablement la
force de la machine.
V. Enclossure. — Les machines à endosser sont de deux sortes :
i° Les étaux qui endossent un volume, quel qu’il soit, sans réglage préalable de la
machine;
20 Les rouleaux qui nécessitent un réglage pour chaque épaisseur de volume, mais
qui permettent d’endosser très rapidement un grand nombre de volumes semblables.
Ces machines se composent de deux mâchoires qui serrent le livre au moyen d’une pé¬
dale, dont on a réglé préalablement l’écartement au moyen de vis spéciales, et d’un
cylindre mobile dont le centre de rotation correspond exactement au centre de cour¬
bure du dos du livre. Ce cylindre est rejeté sur l’arrière de la machine, mais peut être
ramené â sa position de travail au moyen d’un excentrique manœuvré par une seconde
pédale. Dans ces conditions, l’endossure d’un livre pour lequel la machine est réglée
se fait presque instantanément : premier coup de pédale, serrage du volume dans les
mâchoires; deuxième coup de pédale, centrage du rouleau faisant les mors.
La machine exposée présentait un perfectionnement consistant dans l’addition d’une
tablette équerre, susceptible de réglage, sur laquelle on pose le volume.
VI. Préparation de la couverture. — La couverture d’un livre se fait généralement en
carton; ce carton doit être coupé en rectangles exacts correspondant au format du
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
579
livre. La machine que Ton emploie généralement est une cisaille à couteau mobile, très
connue et très simple. Dans tous les établissements de grande production, dans la
grande reliure, on emploie, outre les cisailles ci-dessus qui servent pour les trains déta¬
chés, la cisaille circulaire qui permet de découper simultanément un très grand nombre
de rectangles de carton semblables.
Cette machine se compose de deux arbres d’acier parfaitement parallèles, animés
de la même vitesse de rotation, mais en sens inverse. Ces arbres portent des molettes
en acier, bien planes, bien égales, et dont les plans de rotation sont absolument per¬
pendiculaires à l’axe des cylindres; ces molettes peuvent se placer à un endroit quel¬
conque des arbres, au moyen de vis de pression. On comprend que si l’on rapproche les
molettes de l’arbre inférieur et celles de l’arbre supérieur jusqu’au contact, ces mo¬
lettes tourneront l’une contre l’autre sans s’user, mais aussi sans s’écarter, de telle
sorte qu’une feuille de carton engagée entre les molettes se trouvera cisaillée. A cette
machine sont ajoutés des cylindres, une table et des équerres dans tous les sens, qui
guident la feuille de carton avant, pendant et après la coupe.
VII. Rognure des têtes, queues et gouttières. - — Cette opération se fait dans beaucoup
de petites maisons avec le rabot de relieur ou presse à rogner, mais sa production est
très limitée; aussi a-t-on depuis longtemps disposé des machines à couper le papier
spécialement en vue de la reliure des livres, c’est-à-dire pouvant couper très étroit et
à des dimensions rigoureusement exactes. La machine exposée présente ces avantages,
mais elle permet en outre, au moyen d’un excentrique, d’obtenir l’horizontalité de la
coupe; de plus, le système d’engrenage est combiné de telle manière que la lame re¬
monte trois fois plus vite quelle ne descend, d’où il résulte une économie de temps
considérable.
VIII. Décoration de la couverture. — La couverture des livres de grand prix est dé¬
corée à la main, mais les éditions populaires sont décorées au moyen du balancier et
de la genouillère. Le balancier marche généralement à bras, la genouillère est l’ins¬
trument réellement employé dans les grandes maisons de reliure; elle permet non
seulement d’imprimer en creux ou en relief les couvertures de livres, mais encore de
les imprimer en couleur ou de les vernir.
Cette machine se compose essentiellement d’une table horizontale sur laquelle on
pose la couverture en se guidant par des équerres; d’une autre pièce mobile portant
la gravure, qui peut remonter et descendre au moyen d’une vis, pour diminuer ou
augmenter la pression.
Le mouvement de rotation de la machine permet, à volonté, au moyen d’un em¬
brayage, de venir faire presser la plaque portant la gravure contre la table sur laquelle
se trouve la couverture. M. Ledeuil a ajouté à cette machine un système de rouleau
encreur, avec un encrier et un plateau tournant analogue à celui des presses à im-
37.
580
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889,
primer, qui permet, lorsque la gravure est en haut de sa course, de venir l’enduire
d’encre. Ces rouleaux, placés derrière la machine, viennent se remiser à l’arrière avant
la descente de la gravure.
Un autre bon constructeur français, VI. Barre, a exposé dans la classe 5 9 quatre
machines : une presse anglaise de petite dimension; un petit balancier, col-de-cygne,
muni d’un système pour encrer la plaque; une presse à percussion et à vis sans fin ,
destinée aux brocheurs; et enfin un coupe-papier perfectionné, possédant la pression
automatique du papier, un indicateur de coupe, le déclenchement automatique avec
frein.
Quelques détails sur ce coupe-papier sont intéressants à donner. Le porte-lame
forme, avec deux bielles et un balancier, un parallélogramme articulé. Il résulte de
cette disposition que la lame est tirée dans le sens de la coupe et à ses deux extré¬
mités.
Pression automatique. — La pression automatique du papier est obtenue de la ma¬
nière suivante : le presse-papier est conduit par une vis, laquelle traverse un écrou de
bronze placé dans une traverse réunie avec une traverse inférieure par deux tirants ver¬
ticaux.
Cette traverse inférieure porte un galet sollicité par une came qui, en tournant,
force le système des deux traverses et tirants a descendre. Le presse-papier vient ainsi
serrer le papier avant la coupe de la lame. On règle la hauteur du presse-papier par
une vis, et les tirants sont séparés de la traverse supérieure par des rondelles-ressorts
qui corrigent les erreurs de réglage.
Par ce système, on obtient une très grande pression sur le papier à couper, laquelle
est nécessaire avec des papiers durs pour obtenir une coupe juste.
Indicateur de coupe. — Lorsqu’on 11e se sert pas de régulateur et que l’on veut
couper suivant une ligne ou des repères que l’on a tracés sur le papier à couper, on se
sert de l’inclicateur de coupe. Une plaque de cuivre fixée sous le presse-papier est sou¬
tenue par l’intermédiaire de petites bielles, par des contrepoids. A l’aide d’une pédale
et d’un jeu de leviers et bielles, on peut lutter contre l’action des contrepoids et faire
descendre la plaque indicatrice de coupe qui indique exactement sur le papier la ligne
suivant laquelle viendra couper la lame.
Déclenchement et frein. — L’entraînement du mécanisme de la machine est obtenu
par un système de friction conique entre le volant et la poulie.
Le volant, coulissant sur une clef, entraîne l’arbre de la machine. Lorsque la lame
est au sommet de sa course, un doigt qui maintenait en contact le volant et la poulie
s’efface; sous faction d’un ressort, le volant s’éloigne; la friction n’existant plus, le
coupe-papier s’arrête instantanément, car le volant, dans sa course, est venu s’appuyer
contre un frein. A un moment quelconque de la course, on peut, par une pédale, ob¬
tenir le déclenchement que nous venons de décrire.
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
581
M. Rertrand nous a montré, dans son exposition de presses et outils divers pour
papetiers, un étau a endosser qui présente bien des avantages sur les premiers étaux
employés par les relieurs. Un volume non endossé est dit broché , tandis qu’il s’appelle
relié après l’endossement.
Le livre ayant eu préalablement le dos arrondi avec un marteau, on le met dans
l’étau qui sert a produire la saillie nommée mors , que les longs côtés du dos forment
sur le corps du volume, et qui doit recevoir la couverture en carton.
L’étau à endosser de M. Rertrand consiste en une membrure de fonte montée sur
un bâtis en bois et supportant deux traverses tournées qui servent de glissière à une
mâchoire avançant au moyen d’une vis sur une deuxième mâchoire fixe.
Le volume serré à bout de force peut cependant glisser pendant l’opération; c’est
pourquoi l’appareil porte une chape en bronze filetée à trois filets à l’extérieur, adap¬
tée dans un sommier qui a les mêmes filets que la chape. Celle-ci a, en outre, un
autre filet â l’intérieur dans lequel passe la vis de serrage du livre. En faisant manœu¬
vrer la chape au moyen d’une pédale à levier, on triple la pression, et le volume ne
peut plus glisser. Le livre se trouve donc comprimé, et les longs côtés du dos rabattus
par quelques coups de marteau font alors saillie sur les mâchoires. Il s’agit de des¬
serrer le livre; pour cela, on tire à soi une petite tige située à droite de l’outil;
elle fait manœuvrer un contrepoids, et, le tout se desserrant, les mors du livre sont
faits.
582
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
CATÉGORIE H.
MACHINES k faire les sacs en papier.
L’Exposition de 1889 a accusé un grand progrès dans la disposition et la construc¬
tion des machines à faire les sacs en papier, et conséquemment dans l’emploi des sacs
obtenus mécaniquement.
Les trois machines qui avaient été exposées en 1 8 y 8 n’y figuraient pas, sans doute
parce qu’elles n’avaient pas reçu la sanction d’une pratique ayant conduit à leur succès
commercial; mais elles ont servi puissamment à résoudre les difficultés de fabrication
et à vulgariser l’adoption et l’emploi de formes spéciales de sacs que la fabrication mé¬
canique comporte.
Plus particulièrement depuis deux ou trois ans, de rapides progrès ont été réalisés
dans l’industrie et la fabrication des sacs en papier et l’ont amenée au degré de per¬
fectionnement que cette fabrication a atteint, surtout en Angleterre et aux Etats-
Unis.
La fabrication à la main prévaut encore sur tout le continent. C’est une méthode
primitive qui consiste à couper le papier a la longueur et à la forme voulues et à le
livrer au fabricant qui le plie à l’aide de règles, le colle et le fait sécher. Avec ce svs-
tèmc, un ouvrier très habile produit 5 sacs par minute, c’est-à-dire au plus 3 00 sacs à
l’heure, tandis qu’on peut en fabriquer une moyenne de 7,000 avec la machine an¬
glaise de M. Duerden, inventeur.
Quatre machines ont fonctionné sous les yeux du jury et du public : une anglaise,
une américaine et deux françaises. Aux deux premières, le jury de classe avait décerné
une médaille d’or, tout en signalant la supériorité de la machine anglaise, et aux deux
machines françaises, il avait décerné deux médailles d’argent; mais finalement le jury
de groupe n’a pu décerner qu’une médaille d’or, deux médailles d’argent et une mé¬
daille de bronze.
La machine à fabriquer des sacs en papier du système Euerden, construite et ex¬
posée par MM. Bibby et Baron, constructeurs à Burnley (Angleterre), est la seule qui
permette de fabriquer couramment et en grandes quantités des sacs à fond plat écorné,
de dimensions différentes, sans qu’on soit obligé d’arrêter le rouleau de papier au
cours du pliage, et ce, sans employer un papier spécial, c’est-à-dire en produisant des
sacs uniformes avec la plus grande variété de qualité et d’épaisseur du papier.
La machine est rotative: l’usure des pièces en mouvement est donc réduite au mini¬
mum, et les sacs sont formés et produits d’une façon continu, sans arrêt du papier,
ce qui augmente beaucoup la production. Deux modèles de machines suffisent pour
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
583
faire toutes les dimensions de sacs, depuis la contenance de i oo kilogrammes jusqu’à
6 kilogrammes.
La machine américaine de Leinbach est aussi rotative, mais elle ne se prête pas,
comme la machine Duerden, à la fabrication de sacs de dimensions très différentes.
Ce qui caractérise celle-ci, c’est qu’elle peut produire des sacs de toutes dimensions,
avec toutes qualités de papier. H importe peu que ce dernier soit mince ou épais. Les
sacs varient en longueur et en largeur depuis o m. 1 oo X o m. 1 4o jusqu’à o m. 1 65
X o m. 2 35, pour la machine exposée, avec toutes dimensions intermédiaires et va¬
riations de o m. ooi sur la largeur et o m. 006 sur la longueur. La machine plus
grande permet de produire des sacs variant en dimension depuis o m. 175x0m. 2/10
jusqu’à 0 m. 265xo m. 370.
Description de la machine Duerden. — Un rouleau horizontal de papier, de longueur
appropriée à la dimension du sac à fabriquer, repose sur des coussinets. Au fur et à
mesure que le papier se déroule, la pâte se trouve appliquée sur son côté, à la place
voulue et avec une pression convenable au moyen d’une roue. Plus loin, le papier est
plié en forme d’auge, au moyen de guides latéraux et d’une forme centrale; pendant
qu’il est dans cette position, il y est pratiqué une coupure semi-circulaire qui, d’un
côté, forme une patte formant recouvrement au fond du sac et, de l’autre, ménage une
échancrure à la partie supérieure du sac suivant, ce qui sert à en faciliter l’ouverture
lorqu’on l’emploie.
Quand le papier arrive sur les cylindres principaux de la machine, il a reçu la forme
tubulaire nécessaire, grâce à un guide formeur. Le côté sec est alors mis en contact
avec le côté encollé et pressé entre les cylindres formant ainsi la couture longitudinale
du sac. A son arrivée entre des cylindres coupeurs, il passe tout d’abord librement entre
eux sans y être immédiatement coupé à la longueur requise.
Grâce à une lame plieuse et à un plieur spécial, la formation du premier pli est dis¬
posée de telle sorte que les bords du papier puissent être rapprochés plus étroitement
au centre du pli pour former un fond carré.
Le tube de papier est supporté depuis le premier cylindre jusqu’au plieur par une
tringle animée d’un mouvement de va-et-vient et dont l’extrémité avant, munie cl’un
couple de ressorts plats se détendant extérieurement, ouvre la partie antérieure du
tube pour y recevoir le plieur. Celui-ci ayant amené le premier pli en contact avec les
seconds rouleaux, le tube en papier est maintenant coupé par d’autres rouleaux, tandis
que la pâte est appliquée au milieu du premier pli de forme carrée, au moyen d’un
segment que porte l’arbre d’un rouleau supérieur. Ce segment est placé entre les deux
sections folles sur leurs axes, qui composent le cylindre supérieur de la seconde paire
de cylindres, lesquels sont entraînés à la même vitesse superficielle que la première
paire de rouleaux.
Un segment reçoit la colle d’un auget par l’entremise d’un rouleau alimenteur com-
584
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889
muniquant directement avec le fond de l’auget dans lequel il plonge. L’arrivée de la
pâte est réglée par une lame à coulisse au fond de l’auget.
La longueur du sac est déterminée par l’augmentation ou la diminution de la vitesse
des deux paires de cylindres par rapport à celle des rouleaux coupeurs. La vitesse de
ces derniers peut être augmentée ou diminuée avant ou pendant le coupage du sac,
suivant la vitesse d’entraînement du tube ; dans ce but-, deux disques sont fixés respec¬
tivement sur deux arbres distincts; l’un est muni d’une rainure dans laquelle peut se
mouvoir une goupille fixée à l’autre, de telle façon que quand le centre d’un arbre est
abaissé et par une substitution d’engrenage, un mouvement variable est transmis au
disque qui porte la rainure, lequel est relié aux rouleaux coupeurs et leur transmet
conséquemment à chaque révolution une vitesse différente, plus rapide au moment de
couper le sac.
Le segment à encoller et les deux rouleaux coupeurs achèvent une révolution par
sac, quelle que soit sa longueur.
Pour finir le sac, il reste à former les deux plis croisés du fond, ce qui s’exécute
au moyen de deux plaques plieuses agissant chacune entre deux rouleaux. Au sortir
du dernier rouleau, le dernier pli du sac s’ouvre partiellement; il est enfin définitive¬
ment aplati pendant son transport sur la courroie d’entraînement allant de la machine
au cylindre de séchage. Le sac affecte alors la forme voulue avec les deux angles de
recouvrement collés avec de la pâte, au corps ou au premier pli du sac.
Le fonctionnement de la machine est silencieux, son alimentation est continue; elle
ne nécessite ni règles, ni plaques pour le pliage.
Elle occupe une place de 4 m. 5o X i m. 4o, y compris le cylindre de séchage, et
la force motrice de j/3 de cheval suffit pour l’actionner. Sa production est consi¬
dérable. On fabrique couramment, par minute, 120 sacs à sucre du modèle de 1 kilo¬
gramme, et les sacs plus petits, en quantités plus grandes. Les spécimens de sacs ex¬
posés prouvent l’excellence de la machine.
La machine américaine de Leinbach pour fabriquer des sacs en papier, à fond
carré, s’ouvrant d’eux-mêmes, a déjà rendu et est appelée à rendre de grands services.
Les sacs qui s’ouvrent d’eux-mêmes prennent aussitôt la forme d’une boîte parfaite,
se tiennent bien debout et ouverts, prêts à être remplis. Le fond, très plat, bien collé
et exempt de poche fait qu’il se vide parfaitement.
Les machines sont de onze grandeurs différentes pour la confection de 1 9 dimen¬
sions de sac, depuis 125 grammes jusqu’à 17 kilogr. 5 00, et cela, d’après l’inventeur,
avec un seul conducteur mécanicien aidé de i5 enfants : 4 pour conduire, nettoyer et
pourvoir de papier et de colle, et 1 par machine pour recevoir les sacs et les mettre
en paquets. Les machines sont donc, pour ainsi dire, automatiques, car elles s’arrêtent
lorsqu’un sac imparfait passe par un certain point, ou lorsque la bobine de papier se
trouve achevée.
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
585
La force nécessaire pour mettre les onze machines en mouvement n’excède pas 5 à
6 chevaux-vapeur, et avec le personnel ci-dessus , l’exposant a affirmé qu’il fabriquait ,
par journée de 10 heures de travail, 5oo,ooo sacs, à raison de îoo par minute
pour les sacs de î kilogramme et jusqu’à i3o par minute pour les petits sacs de
i 2 5 grammes.
Voici une description abrégée :
Le papier s’étant déroulé de bobine est d’abord collé; puis il s’enroule autour d’un
former pneumatique qui lui donne la forme sans aucune action mécanique venue du
dehors. Après, il se trouve coupé, plié, imprimé et séché très rapidement.
L’air est aspiré du former, au moyen d’un ventilateur qui produit un vide partiel ,
de sorte que la pression de Pair extérieur comprime le tube en papier, de façon à lui
donner la forme voulue.
Un bras tournant qui passe contre deux lames dentées divise le tube en fragments
pour la longueur qu’il s’agit d’obtenir. Des lames plieuses triangulaires s’introduisent
dans les plis des côtés pour donner à l’un des bouts la forme carrée, et deux doigts
en fer poussent le sac à l’endroit ou il reçoit la colle; après quoi, le fond est plié et
fermé.
La machine Leinbach exige de très bon papier; à l’Exposition, on n’a pu fabriquer
qu’avec du papier spécial d’Amérique. Voilà le point critiquable. Mais la machine est
très bien construite , capable de fournir un long usage et de donner de très beaux pro¬
duits.
La machine exposée par MM. Planche frères de Salins (Jura), possesseurs du
brevet Bilon, a été mise en état de marche industrielle par les soins de M. H. Planche,
qui a modifié heureusement le premier modèle et est parvenu à fabriquer couram¬
ment 3,ooo sacs à l’heure, en papiers très ordinaires, tels que papiers paille, gris,
goudron, etc., qualités le plus employées en France.
La machine tient peu de place et ne demande qu’un moteur de i/5 à î jk de cheval
environ. Elle peut être munie d’une petite imprimeuse rotative pour imprimer le nom
du marchand. Les sacs produits sont bien confectionnés, bien collés et pliés, avec le
moins de plis possible, ce qui diminue les chances de dislocation par l’entassement. La
machine classe les sacs très régulièrement par tas de 2 5 ou autres nombres. Ils peu¬
vent être employés de suite, sans avoir besoin d’être séchés, comme ceux qui ont été
fabriqués à la main.
M. Terrot, constructeur mécanicien à Dijon, a exposé deux machines pour la fabri¬
cation automatique des douilles en papier, de toutes formes, servant à empaqueter les
chicorées, graines, amidons, pâtes alimentaires, etc.
Une machine permet de fabriquer par heure i,5oo à i,8oo douilles ou sacs ronds,
d’une uniformité absolue, très propres, bien collés et ayant meilleur aspect que les
586
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
sacs ronds exécutés à la main. La machine peut produire des sacs de forme ovale ou
carrée, mais chaque modèle nécessite une machine spéciale, de même qu’une machine
ne peut fabriquer qu’une seule dimension, comme l’autre machine française. Les
douilles, à leur sortie de la machine, sont prêtes à être remplies sans avoir besoin
d’être séchées. La consommation de colle (simple colle forte, chauffée par un petit
courant de vapeur) est très minime, à peu près o fr. o5 par 1,000 douilles cou¬
rantes.
Une machine occupe un emplacement de h mètres carrés, et la force motrice ne
dépasse pas i/A de cheval. Une ouvrière suffit au placement des feuilles, et un mé¬
canisme simple lui permet d’arrêter instantanément la machine.
Description et fonctionnement. — L’ouvrière place la feuille préparée sur le transpor¬
teur de la machine; celui-ci la conduit sous l’appareil colleur qui l’enduit, par pres¬
sion, de la colle nécessaire; mais cette pression n’a lieu que si l’ouvrière appuie le
pied sur une pédale. Dans le cas ou l’ouvrière voudrait interrompre ou achever le pla¬
cement des feuilles, il lui suffit d’abandonner la pédale à elle-même, et les tampons
colleurs cessent cl’être en contact avec le transporteur qui, par ce moyen, n’est jamais
maculé par ceux-ci. Afin que la colle imprègne convenablement le papier, la feuille
subit cinq temps d’arrêt avant d’arriver au mandrin. Six feuilles sont donc toujours en
route.
Arrivée au mandrin, la feuille est saisie, enroulée et collée dans le sens de la lon¬
gueur. Alors l’appareil à confectionner le fond de la douille applique, les unes sur les
autres, les languettes découpées de la feuille qui sont ensuite pressées et maintenues
par un tampon en caoutchouc faisant saillie à ce moment. Un repousseur placé dans
le mandrin fait sortir et tomber la douille terminée.
Une machine spéciale avec couteau-matrice découpe les feuilles suivant le modèle
voulu et 11e demande qu’une force d’environ i/5 de cheval-vapeur; elle peut fournir
les feuilles pour 5 à 6 machines à douilles.
Un appareil dont le but touche à celui des précédentes machines a été exposé par
M. E. Sineau pour ensacher et peser les produits pulvérulents.
Cet appareil a pour but d’opérer la mise en sac d’un poids déterminé d’une poudre
quelconque; il a été fait pour des poids de 1 kilogramme, 1 livre et 1 demi-livre de
poudre.
Il présente trois tablettes en tôle reliées par quatre pieds filetés, et une quatrième
tablette mobile.
La tablette inférieure repose par son rebord sur la table d’usine échancrée pour
laisser passer le jeu de balance qui est fixé sous la tôle.
Cette tablette présente à l’avant un évidement qu’occupe, un peu en contre-bas, une
plaque ajourée en cuivre, divisée en deux parties : une fixe au niveau où doit retomber
le sac rempli, une mobile, recevant le sac et formant plateau d’une balance dont l’autre
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
587
plateau est remplacé par un poids fixe; ce poids répond au poids du sac à livrer, un
kilogramme, par exemple, de produit, plus le poids du prospectus et de l’enveloppe.
Une tablette intermédiaire présente une partie rabotée et deux guides latéraux, de
façon à servir au glissement d’une collerette en bronze qui sert de base à un cône en
verre destiné à recevoir le produit. Cette collerette est reliée par deux montants à un
cercle supérieur qui maintient le cône vers sa partie haute, et l’un des montants est
garni d’une poignée en bois.
Dans le cône en verre pénètre un cylindre en cuivre lié à une tablette mobile supé¬
rieure, supportée sur quatre galets en bronze et se mouvant avec le cône en verre. Les
supports de ces galets sont suspendus à une tablette parallèle à la tablette mobile et
placée un peu au-dessus de celle-ci. Cette quatrième tablette repose sur les pieds file¬
tés par quatre écrous, liés à quatre pignons qu’on fait mouvoir en même temps par
une couronne dentée intérieure. Chaque tour de cette couronne produisant trois tours
de chaque pignon, les écrous montent ou descendent tous quatre à la fois, et de quan¬
tités égales; la tablette supérieure monte ainsi ou s’abaisse; elle s’éloigne ou se rap¬
proche de la tablette intermédiaire, en maintenant son parallélisme avec elle.
Par suite, la tablette mobile subissant le même mouvement, le tube en cuivre qu’elle
supporte pénètre plus ou moins profondément dans le cône en verre.
La tablette de dessus porte en outre à sa partie supérieure un tube à coulisse par
lequel arrive le produit pulvérulent; la coulisse permet la jonction avec le tuyau des¬
cendant de l’usine, qui reçoit le produit entraîné par une hélice.
Le produit pulvérulent tombant par le tube remplit le cône et le cylindre. L’espace
compris entre la tablette intermédiaire formant fond et la surface supérieure de la ta¬
blette mobile est occupé par la quantité de produit qui doit répondre au poids désiré ;
.ce poids s’obtient exactement, puisqu’on peut régler à volonté le volume.
En tirant le cône, la tablette suit le mouvement, et en formant couteau à travers
le produit en poudre, elle vient boucher complètement le dessous du tube. Elle forme
obturateur.
Quand le cône arrive au-dessus du trou sous lequel le sac est placé , tout le volume
de produit pulvérulent tombe dans le sac. Le sac ainsi rempli s’abaisse, s’il est au poids
voulu; si l’abaissement n’a pas lieu, c’est que le poids voulu n’est pas atteint; on règle
alors le volume jusqu’à ce que les sacs atteignent le poids demandé.
Cet appareil remplace donc le remplissage, à la main ou à la cuiller, des sacs ou
paquets, et il évite leur pesée. Il réalise ainsi une grande économie de temps. Il est
construit de façon à remédier aux variations de densité des produits et à éviter leur
adhérence. Le coupement du produit par lui-même, dans un glissement horizontal,
évite tout tassement ou agglomération de la poudre, en même temps que toute résis¬
tance, ce qui n’aurait pas lieu si une valve ou un registre avaient à pénétrer à travers
la masse en poudre pour former obturateur.
588
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
CATÉGORIE I.
MACHINES POUR LA FABRICATION DES CIGARETTES ET CIGARES.
Nous trouvons dans cette catégorie spéciale douze exposants dont nous allons exa¬
miner successivement les machines et les appareils.
M. Decoüflé. — Machine à cigarettes sans colle. — Celte machine, une des plus
intéressantes de toutes celles qui étaient exposées dans la classe 5 9, a été adoptée par
les manufactures de l’Etat et fonctionne aujourd’hui dans tous les établissements qui
produisent des cigarettes.
Un des points les plus importants dans cette nouvelle machine, et qui constitue réel¬
lement une invention des plus remarquables, est le mode de formation des tubes des¬
tinés à être ultérieurement remplis de tabac. Dans les nombreuses machines employées
antérieurement, celle de AL Durand (décrite dans le rapport de AL Durand-Claye,
Exposition 1878), celle de AL Leblond, etc., le papier sans fin enroulé en bobines
venait passer, en se déroulant , sous des ciseaux qui le coupaient à la longueur des ci¬
garettes, et chacun des petits rectangles ainsi déterminés venait prendre sur un gom-
meur une certaine quantité de colle, puis s’enroulait autour d’une broche qui lui don¬
nait la forme d’un cylindre, en même temps qu’un dispositif spécial, plus ou moins
compliqué, suivant le type de machine, pressait le tube à l’extérieur et assurait le col¬
lage. Un mécanisme d’entraînement (roue revolver, plan incliné à échelons mobiles, etc.)
amenait ce tube en regard du fouleur destiné à introduire la charge de tabac.
Les opérations nécessaires pour former le tube de papier étaient donc assez nom¬
breuses, les divers mécanismes servant à les produire, délicats et compliqués, de telle
sorte que la vitesse de la machine se trouvait forcément limitée. En réalité même, dans
les machines les plus perfectionnées, les machines Leblond, on n’arrivait pas à dépasser
la vitesse de 3o tours par minute.
Dans la nouvelle machine Decoüflé, la confection du tube est infiniment plus simple
et n’exige pas de colle, ce cpii, au point de vue de la cigarette elle-même, constitue un
sérieux avantage. Le papier sans fin est encore enroulé en bobine, mais le disque qui
le porte est muni d’un petit frein qui lui permet de se dérouler à tension constante.
La bande déroulée passe d’abord sur un appareil de timbrage, subit une courbure
préparatoire dans le sens transversal, qui est produite par un prisme à arête arrondie,
puis vient s’enrouler autour d’une broche, de diamètre variable avec le modèle à fa¬
briquer. Cette broche porte a son extrémité spéciale, très ingénieuse, Y escargot, qui est
percée dans le sens de sa longueur d’une fente extrêmement fine, dont la profondeur
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
589
va en diminuant progressivement jusqu’à l’extrémité où elle se réduit à zéro. Dans
cette fente s’engagent les deux bords de la bande de papier qui, grâce à la broche,
ont été préalablement rabattus à l’intérieur dans une direction radiale. Pour leur pas¬
sage dans l’escargot, ils sont d’abord serrés l’un contre l’autre, puis repliés. Le joint
ainsi déterminé passe ensuite entre deux molettes qui, par la pression qu’elles exercent
et les empreintes qu’elles produisent, lui donnent un grand degré de résistance. Le
tube, coupé â la longueur convenable, est déversé sur un plan incliné à échelons mo¬
biles qui l’amènent par cascades en regard du fouleur de tabac, lequel est en meme
temps la tige de remplissage.
La confection du tube est, comme on le voit, extrêmement simple : ellen’evige qu’un
petit nombre d’organes très ordinaires, â l’exception de l’escargot, qui est une pièce
délicate. Mais, par contre, en raison même de la finesse de la fente, elle exige forcé¬
ment l’emploi de papier d’une très grande régularité d’épaisseur, ne présentant ni
grains ni fils d’aucune sorte. La fabrication d’un papier remplissant ces conditions ne
présente aucune difficulté.
La formation du boudin de tabac destiné à remplir le tube se fait également dans
des conditions plus satisfaisantes qu’avec les machines employées antérieurement. Le
tabac étendu sur une courroie sans fin est entraîné sur une glace fixe, où, par suite du
frottement éprouvé contre la paroi, les divers éléments se rassemblent, se pressent les
uns contre les autres et finissent par former une espèce de galette d’une densité uni¬
forme. A la suite de la glace, dont la longueur est juste suffisante pour produire cet
effet de rassemblement, la couche de tabac est prise par un coin mobile sur trois cy¬
lindres, dont l’un joue le rôle de tendeur.
Grâce à ce mode d’alimentation, la couche de tabac arrive à l’entrée du moule très
régulière, et le détachement de la quantité nécessaire pour remplir ce moule se fait
très nettement. Du point de prise jusqu’au point où se fait la compression, la plaque
supérieure du moule, au lieu d’agir sur le tabac, roule simplement sur des galets, de
telle sorte que la pression n’a lieu qu’a l’extrémité. Les plaques du moule sont donc
moins exposées â s’encrasser, en même temps que le boudin est moins roulé, de telle
sorte qu’on peut employer du tabac au degré ordinaire d’humidité sans avoir besoin de
lui faire subir une dessiccation, comme avec les anciennes machines.
Le boudin, formé dans le moule, est chassé par le fouloir dans le tube de papier
qui est venu au bas de l’échelle, et la cigarette faite est rejetée dans un conduit incliné
qui l’amène â un chargeur automatique.
Par suite de la simplification des organes et de la suppression de la colle, la nou¬
velle machine peut fonctionner â une vitesse bien supérieure à celle des anciennes. En
marche normale, il n’y a aucun inconvénient à aller à A 5 tours.
A côté de la machine â cigarettes, M. Decouflé en exposait une autre, d’aspect plus
simple, destinée simplement à la confection des tubes en papier. D’une manière géné¬
rale, cet appareil semble n’être autre chose qu’une machine à cigarettes, dans laquelle
590
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
on aurait supprimé tous les organes qui se rapportent à la préparation du boudin de
tabac et à son introduction dans le tube en papier. Mais, bien que reposant sur le même
principe, cet appareil est, en général, disposé d’une manière un peu différente, de
façon à permettre la confection de tubes de modules différents par le simple rem¬
placement de pièces de faible importance.
Enfin M. Decouflé exposait encore une petite machine à cigarettes à main. Cet appa¬
reil, extrêmement simple, était destiné à permettre aux fumeurs de préparer eux-mêmes
leurs cigarettes en utilisant les tubes sans colle préparés avec la machine précédente
et qui se trouvaient dans le commerce. Le tube était fixé sur un petit ajutage dont le
creux débouchait dans une petite capacité où se plaçait le tabac, qu’on étalait simple¬
ment en long. Par le rabattement d’un couvercle, on déterminait la formation d’un
boudin qu’on chassait dans le tube en papier, en agissant à la main sur un fouloir.
M. Durand a exposé une série de machines d’excellente construction, dont quelques-
unes, comme les machines à hacher le tabac fin et la picadura, figuraient déjà à l’Ex¬
position de 1878.
Parmi les appareils nouveaux, on peut citer en premier lieu une machine destinée
à utiliser, pour la confection des cigarettes, un tube sans fin, collé à l’avance et aplati
de manière à pouvoir s’enrouler sous forme de bobine. La machine a pour objet de
ramener tout d’abord le tube aplati à la forme du tube à section circulaire, de le couper
ensuite à la longueur convenable et enfin de le remplir de tabac. Les deux dernières
opérations n’offrent rien de bien, particulier. Les organes qui servent à les effectuer se
retrouvent d’une manière générale dans les nombreux types de machines à cigarettes
produits antérieurement. Quant au rétablissement de la forme circulaire du tube, il
s’obtient d’une manière assez ingénieuse, au moyen d’une petite tige pesante, de forme
cylindrique, terminée par un biseau allongé. Pendant que le papier reçoit un mouve¬
ment ascensionnel, la tige, agissant par son biseau, sépare les deux parties de tube
appliquées l’une sur l’autre, et la section se transforme peu à peu pour devenir finale¬
ment circulaire par son passage sur la partie cylindrique de la tige.
Un second appareil sert à préparer des tubes à cigarettes collés, au moyen de papier
sans fin enroulé sur bobine. Cette machine, avec quelques variantes dans les détails,
est la reproduction de la disposition qui, dans le type de la machine à cigarettes de
l’ancienne Société française des tabacs, avait pour objet la formation du tube avant son
remplissage. En principe, le papier sans fin se déroule sur une surface plane, où un
couteau à mouvement alternatif le coupe à longueur convenable pour donner un petit
rectangle, lequel est amené sur un distributeur de gomme liquide pour se garnir sur
une de ses arêtes d’un léger filet de cette gomme. La feuille est saisie ensuite par une
broche d’enroulage qui a pour objet d’en former un véritable tube, en la roulant et en
rapprochant les bords de manière à produire le collage.
Les tubes ainsi préparés peuvent être remplis de tabac au moyen d’un appareil à
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
591
main qui produit un boudin de tabac d’un poids sensiblement constant et l’introduit
dans le tube par l’action d’une tige de refoulement.
M. Leblanc. — Ce constructeur a exposé simplement dans la classe une série de
dessins représentant les différentes machines spéciales qu’il a construites, et très bien
construites, pour le service des manufactures de l’Etat. Ces dessins n’étant que la re¬
production de ceux qui lui ont été remis par les ingénieurs de ce service, il n’y a pas
lieu de s’y arrêter plus longuement.
MM. I. F. Berndes and C°. — Machine à fabriquer les cigares . — Dans le système qui
fait l’objet du brevet Haehnel, exploité par MM. I. F. Berndes and C°, la confection des
cigares comprend trois opérations distinctes :
i° La préparation des intérieurs ou tripes;
2° Le découpage des robes ou capes;
3° L’enroulement des capes.
La préparation des intérieurs se fait à la main. L’ouvrière prend une quantité con¬
venable de tabac en morceaux plus ou moins menus, qu’elle dispose a l’intérieur d’une
sous-cape, feuille de dimensions suffisantes pour former une enveloppe. Le solide ainsi
constitué est placé dans un moule en deux parties (mâle et femelle), reproduisant
exactement en creux la forme du cigare qu’on veut obtenir. Ces moules sont disposés
au nombre de vingt dans des blocs qui s’emboîtent exactement l’un dans l’autre au
moyen de goujons. Lorsque les creux d’un des blocs sont garnis d’intérieurs, on place
le second bloc en faisant pénétrer les goujons dans les trous correspondants. Les fiches
mâles viennent alors s’appliquer sur les intérieurs en tabac. En plaçant une série de
blocs sous une presse et en les y laissant un certain temps, on arrive à donner au tabac
une pression suffisante pour qu’il prenne exactement la forme des moules. Les intérieurs
ainsi pressés sont propres à recevoir les capes ou enveloppes extérieures, destinées à
finir les cigares. Ces capes sont elles-mêmes préparées au moyen d’un outil spécial qui
n’est autre chose qu’un emporte-pièce à déclic. Une lame aiguisée est fixée en saillie
sur un bloc, de manière à donner exactement la forme de la cape qu’on veut obtenir.
Sur cette espèce de couteau, on étale la feuille de tabac en la maintenant tendue avec
la main, et on agit ensuite sur une pédale qui détermine la cbute d’un second bloc. La
pression sépare la cape qui se loge dans le vide du couteau.
La machine à caper sert â enrouler sur les intérieurs les capes ainsi obtenues. Elle
se compose en principe de deux mâchoires ou mordaches, dont Tune peut tourner par
rapport â l’autre. Une toile sans fin pénètre à l’intérieur et, en passant sur une série
de cylindres, peut recevoir à un moment donné un mouvement d’entraînement. Les
intérieurs, placés dans une rigole inclinée, glissent par leur propre poids et viennent
se présenter successivement devant l’ouverture d’un tube où ils pénètrent, pour arriver
automatiquement dans l’intérieur des mâchoires, entre les brins de la toile sans fin.
592
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Los mâchoires étant refermées et la toile mise en mouvement, la cape, introduite à une
extrémité, vient s’enrouler en hélice autour de l’intérieur qui est animé d’un mouve¬
ment de rotation, et Unit par gagner la tête sur laquelle elle se fixe, grâce à une petite
quantité de colle qu’elle reçoit. La tête du cigare prend une forme régulière en tour¬
nant sur des coquilles de forme convenable qu’on ajuste à l’extrémité des mâchoires,
à l’intérieur. Le cigare terminé, un simple mouvement de pédale suffit pour produire
l’ouverture des mâchoires et le rejeter au dehors.
Les intérieurs préparés dans les moules ont une forme régulière, mais il importe
que le tabac mis dans ces moules soit en quantité rigoureusement convenable et que
les morceaux soient bien allongés, de manière à éviter que les cigares soient trop mous
ou trop durs. C’est là, en somme, la préparation de beaucoup la plus importante.
MM. Williams axd C°. — Machine à cigares. — Dans ce système de confection, le
tabac, réduit par un hachage grossier en morceaux suffisamment réguliers, est placé
dans un réservoir d’où, par un dispositif spécial, il est distribué dans une série de
godets dont chacun a reçu la feuille destinée à former la sous-cape. On roule ensuite
cette feuille autour du tabac, et on obtient un intérieur autour duquel il n’v a plus
qu’à enrouler la cape.
Les capes sont découpées au moyen d’un appareil assez ingénieux dans lequel la
feuille est maintenue appliquée sur le couteau par aspiration, au moyen d’un ventila¬
teur; à cet effet, à l’intérieur du couteau est disposée une plaque percée de trous à
travers lesquels se produit l’aspiration. Un rouleau, en passant sur cette plaque, sépare
la cape du reste de la feuille. En rapportant un intérieur sur la cape ainsi maintenue
en place et en le plaçant sous un angle convenable, on arrive à enrouler la cape en la
détachant successivement.
MM. Auguste Lewis et Lewis. — Machine à cigarettes. — MM. A. Lewis et Lewis
ont exposé une machine à cigarettes assez compliquée , dans laquelle le papier, découpé
préalablement sous la forme de feuilles, reçoit la quantité de tabac nécessaire et
vient s’enrouler autour par un mouvement de friction prolongé que détermine une
toile sans fin. Cette machine, dans laquelle on s’est proposé d’éviter les inconvénients
que peut parfois présenter le bourrage dans les machines ordinaires à comprimeurs et
à tiges de refoulement, et de se rapprocher ainsi des cigarettes que le fumeur prépare
lui-même, en roulant à la main la feuille autour du tabac, offre, par contre, le désa¬
vantage d’une production assez irrégulière et assez faible.
M. Chameroy. — Machine à découper le papier à cigarettes. — M. Chameroy a exposé
simplement les dessins d’une machine qu’il a construite pour découper en bandes de
faible largeur les feuilles de papier sans fin destinées à la fabrication des cigarettes.
Cette machine, très bien entendue dans les détails, repose sur l’emploi d’une série de
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
593
molettes qui agissent simultanément sur les feuilles et les découpent en autant de
bandes qui viennent s’enrouler sur des tambours. Le point essentiel qui se trouve par¬
faitement réalisé dans cette machine, c’est que la feuille reste toujours bien unifor¬
mément tendue, de telle sorte que les coupes soient bien nettes et que les bandes
obtenues s’enroulent rigoureusement les unes sur les autres. Cette machine est de celles
qui exigent une grande précision d’exécution.
M. Kosmine (Russie). — A exposé les dessins d’une machine à fabriquer les tubes a
cigarettes.
Il résulte de la note accompagnant ces dessins que la machine de M. Kosmine est
destinée à la préparation des tubes collés pour cigarettes, avec addition à un des bouts
d’un carton roulé, comme on en rencontrait pour les anciennes cigarettes françaises à
la main. Ce carton occupe une certaine longueur de la cigarette et correspond à la
partie à mettre à la bouche. Il est très usité dans les cigarettes russes.
Les diverses opérations se succèdent très méthodiquement; l’ensemble révèle un
esprit très judicieux. La complication du mécanisme tient à la triple opération : prépa¬
ration du tube en papier, préparation du tube en carton et introduction de ce dernier
dans le premier.
D’après la note remise, la machine a été inventée et construite par un jeune homme,
élève de l’Ecole impériale technique de Moscou. Si la machine lui avait été soumise,
le jury eût probablement accordé une récompense supérieure. Car le problème très
complexe de la confection du tube a cigarette avec bout en carton n’avait pas été, au
moins à notre connaissance, résolu mécaniquement, jusqu’ici, d’une manière aussi
complète que l’indiquent les dessins et la note soumis à l’examen du jury.
La machine Lemaire, qui fonctionne à la main, a pour objet de former un boudin
de tabac en le roulant, et de l’enfermer dans une feuille de papier qui vient former
autour de lui un tube collé. Elle comprend essentiellement deux séries de cylindres
cannelés, dont l’un a ses axes portés par un couvercle mobile autour d’une charnière.
Tous ces cylindres peuvent recevoir un mouvement de rotation dans le même sens, par
l’action d’une manivelle et de pignons.
Le couvercle étant ouvert, on dispose, dans le creux formé par les cylindres de la
partie fixe, la quantité de tabac nécessaire pour une cigarette, en ayant soin de la ré¬
partir sur toute la longueur, puis on ferme le couvercle et, en le maintenant à la
main, on donne quelques tours de manivelle pour rouler le tabac. Gela fait, on rabat
le couvercle. Une plaque de colle solide, disposée sur une lame mobile autour d’un
axe excentré, est alors amenée sur une pile de feuilles et enlève la feuille supérieure,
qui, par un second mouvementée bascule, est reportée sur le tabac. On ferme alors de
nouveau le couvercle avec quelques tours de manivelle, on produit l’enroulage de la
feuille autour du tabac en même temps que le collage du tube. Une légère inclinaison
Groupe VI. — iv. 38
IMPQIMER1E NATIONALE*
59/i
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
des cylindres du couvercle sur ceux de la partie fixe facilite la sortie de la cigarette
faite.
M. Blot. — Appareil pour cigarettes, — Dispositif n’offrant aucun intérêt: simple
tube métallique dont une extrémité est coupée obliquement, tandis que l’autre reçoit
un tube de papier qui s’y enfonce d’une certaine quantité. Le tabac introduit par l’autre
extrémité est poussé par le doigt et vient, peu à peu, remplir le tube.
M. S. Martin. — Tube-moule à cigarettes . — Dispositif sans intérêt, ayant unique¬
ment pour but de préparer des tubes destinés à être ultérieurement remplis de tabac.
M. Ciiosselen (Barcelone). — Machine à main pour faire les cigarettes. — Reproduc¬
tion à peu près complète de la petite machine à main Decoutlé.
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
595
CATÉGORIE K.
MACHINES ET APPAREILS DIVERS.
Nous avons rangé dans cette dernière catégorie les appareils qui n’ont pu trouver
place dans l’une des catégories précédentes. Ces appareils ne sont pas susceptibles de
classement; ils seront donc examinés au fur et à mesure qu’ils se présenteront, en sui¬
vant, autant que possible, l’ordre alphabétique, sauf, toutefois, pour les appareils à
marquer le bois à chaud et pour les machines à cartouches dont plusieurs spécimens
figuraient a l’Exposition.
Trois presses pour imprimer à chaud des marques sur les caisses en bois ont été
exposées par MM. Boucheret et Pees, de Cognac; par M. Foucault et par MM. The-
venin et C,c, de Paris. L’impression mécanique se fait au moyen de la pression de
marques gravées en bronze , que l’on chauffe dans l’appareil même.
Des machines pour la fabrication des cartouches ou pour la préparation des tubes à
cartouches ont été présentées.
Le Parc national d’artillerie de la République Argentine a exposé une machine à
charger les cartouches Remington, qui a été inventée par M. Juan Malaspina, chef de
la fabrication des cartouches, et qui a été construite à l’arsenal national. Elle charge
k o cartouches par minute, en faisant toutes les opérations et en séparant les bonnes
cartouches de celles qui doivent être rejetées pour défaut de calibre.
La Manufacture royale d’armes et fonderie de canons de Kragouyevatz, en Serbie,
avait dans sa belle exposition des machines à fabriquer les cartouches, dont la bonne
construction doit être signalée.
M. Gauchot avait apporté au Champ de Mars une de ses machines à cartouches, et
enfin M. Bisson a exposé une machine pour rouler les tubes-papier, soit pour car¬
touches de chasse, soit pour faire de petites boîtes; il avait aussi exposé une machine
tout récemment construite et encore a l’essai, pour calibrer automatiquement les
douilles métalliques des cartouches.
M. Audoye. — Machine pour cirer les chaussures et les harnais. — Elle doit rendre des
services dans les hôtels, car elle peut effectuer a l’heure le décrottage et le cirage de
ko paires de chaussures. Nous avons remarqué un système de brosses sur disques de
fonte de diamètres différents.
38.
59G
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
M. Alary. — Petits appareils pour échantillonnage d’étoffes et cartonnages, etc.
Presse pour la pose des œillets.
MM. Avery and son. — Machine à empaqueter les épingles, faisant un travail régu¬
lier et donnant une grande production journalière.
M. Billet. — Brosses à polir pour le tour et la main, gratte-bosses, etc.
M. Claude a exposé une machine pour faire un support spécial en fil métallique;
cette machine unique a été construite sur les plans de M. Claude et a été remarquée
pour ses dispositions ingénieuses. Quatorze cames permettaient de faire mécanique¬
ment toutes les opérations successives. Le public pouvait les suivre et recevait un des
objets fabriqués sous ses yeux, objet que la machine présentait d’elle-même à la per¬
sonne placée devant elle.
MM. Coquelin et Kaleski. — Tour pour la fabrication des lorgnettes.
M. Dartigues (Millerot, successeur). — Diverses machines pour orfèvres et pour
ferblantiers, notamment : martinet à planer pour orfèvres, marchant à la main; des
machines à arrondir de différentes grosseurs, jusqu’à 1 mètre et 1 m. o5 de table;
divers outils de ferblantiers, et enfin une machine à border les fonds, qui a paru la
plus intéressante, parce quelle peut se prêter à un grand nombre de diamètres et
servir de machine à moulurer et de cisaille circulaire; elle est bien construite et de
nature à rendre de grands services à un petit fabricant faisant lui-même divers tra¬
vaux.
M. Delagarde a exposé les classe-feuilles et serre-tissus dont il est inventeur et fabri¬
cant. Ce sont de petits appareils classeurs d’un emploi prompt et facile pour réunir
les papiers et tissus.
Machine Derlon. — Pour fabriquer un objet bien vulgaire, un fil de fer tourné en
spirale à un bout et terminé à l’autre par un crochet formant ressort, le tout destiné
à constituer un intérieur de fourneau de pipe, M. Derlon a combiné une machine qui
présente plusieurs dispositifs extrêmement ingénieux, grâce auxquels on peut faire
varier :
i° Le nombre des spires formant la couronne ou fond du fourneau;
2° La longueur du crochet;
3° Le diamètre du tambour qui reçoit la couronne de fil de fer.
Ce tambour est à bras extensibles glissant dans des rainures rayonnantes et portant
un bouton saillant qui s’engage dans une rainure hélicoïdale, de sorte qu’en faisant
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX
597
tourner la joue où est pratiquée cette rainure, on écarte ou on rapproche du centre
tous les bras à la fois.
Les diverses combinaisons de cette modeste machine sont certainement susceptibles
d’être appliquées dans nombre de fabrications et méritaient, à ce titre, une mention
spéciale.
M. Derlon a exposé en outre un vilebrequin à commande par joints de cardan,
permettant de percer des trous le long d’une paroi ou dans des angles.
M. Cari Gallauer a exposé une presse à plomber à main dans la section d’Autriche-
Hongrie.
MM. Garrard and son. — Machine à nettoyer les couteaux.
L’ouvrier Hermann a exposé, dans le pavillon de la Ville de Paris, aux Champs-
Elysées, des petites râpes qui lui ont fait donner une mention honorable.
M. Hossard. — Petit métier à la main pour fabriquer les sacs en tissus.
M. Huard fils a exposé des mandrins et plateaux à serrage concentrique sur une
disposition américaine, qui sont employés pour les machines à percer les tours, etc.
La fabrication de M. Huard est remarquable, et le jury lui a attribué une médaille
d’argent. Il a exposé en outre un tour d’horlogerie bien construit.
MM. Hinde and son. — Machine pour creuser des bois ovales de brosses.
M. Isler a exposé, dans la section suisse, des pinces à plomber et à couper de
bonne fabrication.
M. Jacobs. — Une boîte à lettre de sûreté, dans la section anglaise, ayant pour but
d’empêcher la soustraction des lettres et de laisser la trace d’une tentative de sous¬
traction.
La grande maison anglaise Kirby, Beard and G° avait exposé une petite machine à la
main pour envelopper les aiguilles.
M. Labalme. — Un tour à guillocher.
M. Lapipe, fabricant parisien bien connu d’outils à découper et à emboutir, avait
placé dans sa vitrine quelques outils spéciaux pour le travail des métaux.
M. Léon Lebellter. — Machine pour la fabrication des fleurs artificielles.
598
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
M. Leverson. — Dans la section anglaise, un distributeur d’objets du même prix.
La maison française Leroy et fils (successeurs de M. Leroy-Payen) a présenté une
série de machines -outils remarquables pour la fabrication des boutons de nacre,
machines sur lesquelles quelques renseignements intéressants peuvent être donnés.
Machine à découper le bouton. — Elle comporte : un arbre en acier perforé; tension
constante de la griffe de rappel, annulation du jeu dans les brisures par l’emploi des
axes extensibles pour éviter la perte qui se faisait dans la matière par suite d’une pres¬
sion brusquement interrompue; un écrou à pas contraire pour variation de longueur
de tige de traction, afin d’augmenter l’amplitude du mouvement du levier-poignée et,
par suite, la course de l’arbre; déplacement du centre de brisure de la partie supé¬
rieure de la branche de poussée, pour amener cette dernière constamment normale à
l’arbre, lors du mouvement de la fraise.
Au lieu de laisser subsister une baguette-débouchoir dans le corps de l’arbre pour
repousser les boutons découpés, une lanterne à trois ouvertures est intercalée entre
l’extrémité de l’arbre et la fraise pour permettre aux boutons de s’échapper au fur et à
mesure.
Machine à trier le bouton en épaisseur. — Les boutons sont contenus dans une trémie
possédant un mouvement d’oscillation et tombent sur la génératrice commune à deux
cylindres, dont l’un est revêtu d’une hélice conique qui sert à l’entraînement. Les
espaces, devenant de plus en plus grands, permettent aux boutons de tomber suivant
leur épaisseur.
Machine à scier. — C’est une scie circulaire avec guide particulier permettant de
pincer tous les diamètres de boutons et évitant les dangers que ce travail présente.
Machine à tourner. — Un arbre avec pointe et tourillon fdeté à l’extrémité pour
recevoir la boîte à vis formant mandrin porte-bouton. Trois modèles différents : le
premier, au pied ; l’autre , au moteur, et le troisième muni d’un plateau diviseur scru¬
puleusement réglé.
Machine à percer. — Machine fonctionnant au pied, se composant d’un arbre en
acier, recevant un nez porte-aiguille. Une griffe et une branche de poussée donnent à
l’arbre un mouvement de va-et-vient pendant que le pied lui imprime celui de rota¬
tion.
La machine au moteur, avec organes plus robustes, peut percer soit un, deux ou
quatre trous à la fois, suivant la dureté de la matière à travailler.
Machine à encocher , molleter , défoncer, graver, percer, guillocher. — La plus complète
et la plus usitée, par suite de la facilité de changer les outils s’v adaptant pour faire
subir aux boutons les opérations décrites dans l’énumération ci-dessus.
Machine à graver, à hauteur de centre variable. — Elle possède, en plus que la précé¬
dente, un mouvement de chariotage dans les deux sens et une brisure pour travailler
sur les faces bombées.
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX.
599
Machine à reproduire les gravures. — Kllc se compose d’un tour oscillant dans les
deux sens, ensemble ou simultanément, d’un porte-mandrin excentrique monté sur
l'arbre. Ce dispositif permet de reproduire fidèlement, et dans toutes les proportions,
une gravure quelconque.
M,no veuve Letessier. — Un petit tour pour lorgnettes.
M. Luce a exposé une machine a couper les dents de peignes qui mérite une men¬
tion spéciale.
La fabrication des peignes nécessite une assez grande diversité de machines, dont la
plus importante est la machine à couper les dents.
Simplifiant le travail de l’ouvrier, M. Luce a employé un guide nouveau qui permet
a un ouvrier, même médiocre, de couper convenablement les peignes.
Dans les machines ordinaires, la plus grande difficulté pour l’ouvrier consiste à
régler le guide, c’est-à-dire à le fixer de manière que la pièce qui soutient la fraise
coupant la dent soit exactement d’équerre avec cette fraise, sous peine de casser les
dents à mesure qu’elles se font; un ouvrier habile y parvient en poussant sur un côté
ou sur l’autre la broche sur laquelle pivote le guide, au moyen de quatre vis. De plus,
la machine ordinaire possède deux courroies de commandes dont Tune est des plus
gênantes pour l’ouvrier quand il passe son bras pour affûter sa fraise.
M. Luce a supprimé cette courroie qu’il a remplacé par un système de vis sans fin,
marchant par friction, et qui permet de varier la vitesse du volant porte-peigne, sui¬
vant les besoins du travail.
La machine possède deux fraises, dont Tune, dentée sur les côtés, fait la dent poin
tue, et l’autre la coupe dans toute sa profondeur. Quand l’ouvrier met sa machine en
marche, il a soin d’éviter que la première dent ait une pointe du côté de l’oreille du
peigne; mais ce qui se fait facilement à la mise en marche, demande beaucoup d’at¬
tention à la fin, et c’est pourquoi la machine exposée possède un système de débrayage
automatique qui agit à la dernière dent du peigne.
Avant ce débrayage, il arrivait assez fréquemment que l’ouvrier occupé à préparer
ses peignes pendant que la machine marchait, arrivait trop tard pour l’arrêter; ces
peignes, coupés dans toute leur longueur et n’ayant par conséquent qu’une oreille,
étaient complètement perdus. Il y a un second débrayage qui arrête instantanément la
machine tout entière, pour éviter l’usure des arbres de fraises et des pointes, et qui
met en contact une sonnerie électrique avertissant l’ouvrier que la machine est arrêtée.
Ainsi un ouvrier peut aisément conduire huit à dix machines, au lieu de trois ou quatre.
M. Mittenhoff a exposé dans la section algérienne une machine à clouer les caisses,
de son invention , qui a été construite dans les ateliers Abel Pifre pour la Compagnie
de TOued-Rirh, à Biskra. Cette machine, dite extensible, a donné à cette Compagnie un
600
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
clouage mieux fait, un chiffre d’expéditions journalières augmenté. Elle présente les
avantages suivants :
i° Extensibilité permettant de clouer des caisses de tout format, depuis les plus
petites dimensions jusqu’à o m. 6 o ;
2° Possibilité de clouer, d’un seul et même coup, les quatre côtés du couvercle ou
du fond;
3° Réglage facile de la place des clous dans le bois suivant les épaisseurs;
4° Conduite facile n’exigeant pour ainsi dire pas d’apprentissage.
M. Peltier. — Pinces à levier et cisailles pour percer ou découper les métaux.
M. Perille a exposé un outillage de son invention pour la fabrication des anneaux
de clefs de forme spéciale. Une première machine fait les spirales creuses en employant
une bande de métal; une deuxième fait les spirales du centre en fil aplati; la troisième
fait les entailles. Il ne reste plus à opérer que le montage. Avec ces trois machines
simples, on arrive pratiquement à la fabrication d’anneaux de clefs solides.
M. Roger a exposé un procédé pour la fabrication d’objets en un produit qu’il a
appelé ivorine. C’est un composé de différents minéraux pulvérisés, agglomérés au
moyen de corps résineux. Ce composé se présente sous la forme d’une pâte que l’on
passe dans des cylindres et que l’on mélange ensuite à des produits de nuances diverses
pour lui donner l’aspect de variétés de marbres et de bois. Ainsi préparée, l’ivorine,
devenue malléable sur une plaque chauffée à la vapeur ou au gaz, est mise dans des
moules en acier également chauffés qui lui donnent la forme voulue, grâce à une pres¬
sion énergique qui s’exerce en même temps que le refroidissement. L’objet est ensuite
sorti du moule et présente un poli très brillant avec la reproduction exacte du modèle.
M. Rivolet. — - Outillage pour débiter la baleine des Indes.
Une machine des plus intéressantes a été exposée par MM. Schlosser et Maillard
pour la fabrication mécanique des charnières en cuivre ou en fer. La machine exposée
recevait une lame et un fil métallique continus et donnait, sur la face opposée,
6o charnières à la minute, parfaitement faites et bien finies, du type o m. 025
X o m. 018, pesant un peu plus de 3 grammes chacune (3oo pèsent i kilo¬
gramme). La même machine pouvait faire des charnières jusqu’à o m. o5o de lon¬
gueur et était munie d’un déclenchement automatique en cas de résistance anormale.
D’autres machines, existant dans les ateliers des susdits fabricants, permettent de
fabriquer jusqu’à la longueur de o m. 080 des charnières en fer ou en cuivre, et c’est
avec ces machines, véritablement extraordinaires, qui existent d’ailleurs depuis fort
longtemps, que ces habiles fabricants livrent pour 4 fr. 5o un kilogramme de char-
MACHINES ET PROCÉDÉS USITÉS DANS DIVERS TRAVAUX. 601
nières en comprenant 3oo de 26 X 18, et pour 6 francs 1 kilogramme comprenant
1,000 charnières du plus petit modèle, soit iAx ta.
M. Simoulin a exposé une machine à découper les tissus et papiers, avec Temploi
d’une planche qu’il a nommée sommier perpétuel, ayant une composition qu’il tient
secrète et qui a l’avantage d’être plus homogène que le bois et le carton et de pou¬
voir être reconstituée en y rechargeant de la composition. M. Simoulin avait exposé
en outre deux emporte-pièces.
La Société pour la fabrication des coins et étampes en acier a exposé des produits
remarquables, obtenus par un procédé d’enfonçage de poinçons à chaud, qui peut
rendre d’importants services à l’industrie de l’estampage, procédé qui n’est pas nou¬
veau du reste, puisqu’il a été présenté au commencement du siècle par Droz et qu’il
a fait l’objet d’un rapport à l’Académie des sciences par Prony.
Les procédés habituellement en usage pour faire des matrices en acier sont au
nombre de deux. Le premier consiste à graver directement en creux le bloc d’acier au
moyen d’outils, burins, échopes, etc.; on fait ainsi des matrices de toutes dimensions.
Le second consiste à faire un poinçon en acier, à tremper celui-ci et à l’enfoncer à
froid dans un bloc d’acier froid devant faire motrice. Cette opération est très longue,
car elle nécessite un grand nombre de passes à la presse ou au balancier, et après
chaque passe , on est obligé de recuire le bloc d’acier qui reçoit les empreintes succes¬
sives du poinçon. Le procédé du poinçon à froid ne s’emploie que pour de petites
matrices.
Avec la méthode suivie par la Société exposante, toutes les matrices, quelles que
soient leurs grandeurs et la profondeur de la gravure, sont obtenues par poinçons.
Pour obtenir une matrice, il faut avoir soit une sculpture, soit un modèle en
plâtre ou toute autre matière. Avec ce modèle, on fait un moulage en fonte spéciale,
qui servira de poinçon après qu’il aura été retouché légèrement par le graveur ou le
ciseleur.
Pour obtenir la matrice, on fixe le poinçon sous un mouton élevé à une hauteur
convenable, variant avec l’importance de la gravure à obtenir, puis on place au centre
de l’enclume du mouton le bloc d’acier porté à la température du rouge cerise clair;
à ce moment, on déclenche le mouton qui, tombant avec le poinçon, vient enfoncer
celui-ci dans le bloc d’acier chaud.
La surface du bloc d’acier devant recevoir le poinçon est protégée de l’oxydation
par un procédé spécial. Un seul coup de mouton produit la matrice. Le travail de
finissage consiste uniquement à raboter avec la machine les parties extérieures du bloc
d’acier. Après cela, on procède à la trempe.
M. Symon. * — Machine à graver et à sculpter.
G02
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1889.
Un constructeur de TOise, M. Watteeüw, a exposé une machine de son système
pour couper ou tailler les brosses. Avec cette machine, simple, commode, on obtient
à bon marché de plus beaux produits que par le travail à la main. On peut compter
qu’il faut payer en moyenne o fr. 20 pour couper à la main les soies de douze brosses.
Or, avec la machine exposée, on peut tailler quinze à vingt douzaines par heure, ce
qui correspond à 3 ou h francs, alors que la dépense n’atteint pas 1 franc, y compris
entretien et amortissement de la machine.
Ce qui caractérise cette machine et ce qui permet d’obtenir une grande rapidité de
travail c’est l’emploi d’une pince spéciale à ressort qui maintient la brosse 1res solide¬
ment et qui agit, pour ainsi dire, instantanément, soit pour prendre la brosse, soit
pour la rendre après la coupe, laquelle se fait à la forme voulue, droite ou bom¬
bée, etc., grâce à l’emploi d’un gabarit.
M. Veissière a employé devant le public une petite machine à graver sur verre par
une série de petites molettes tournantes. L’habileté de main dont a fait preuve cet
exposant en gravant des objets ayant ainsi un véritable caractère artistique lui a valu
des félicitations de bien des visiteurs et lui a fait décerner une médaille de bronze.
TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
Composition du jury . 54 1
Considérations générales. . . 543
Catégorie A. — Presses, balanciers, découpoirs et autres appareils analogues . 545
Catégorie B. — Machines à fabriquer les épingles, tire-bouchons et clous . 553
Catégorie C. — Machines à fabriquer les chaînes, tissus et grillages métalliques . 556
Catégorie D. — Outils de précision et de graveurs; outillage pour la fabrication des objets
d’horlogerie, de bijouterie, etc . 558
Catégorie K — Machines à écrire . 563
Catégorie F. — Appareils à compter . 5 7 3
Catégorie G. — Machines à relier . , . 576
Catégorie H. — Machines h faire les sacs en papier . 58a
Catégorie I. — Machines pour la fabrication des cigarettes et cigares . 588
Catégorie K. — Machines et appareils divers . 5p5
TABLE GÉNÉRALE DU VOLUME.
Pages.
Classe 53. — Machines-outils. — M. le commandant Ply, rapporteur . 1
Classe 54. — Matériel et procédés de la filature et de la corderie. — M. Imbs, rapporteur . . a85
Classe 55. — Matériel et procédés du tissage. — M. Escher, rapporteur . 355
Classe 56. — Matériel et procédés de la couture et de la confection des vêtements. —
M. G. Alexis-Godillot, rapporteur . 4o5
Classe 57. — Matériel et procédés de la confection des objets de mobilier et d’habitation. —
M. Coüsté, rapporteur . 433
Classe 58. — Matériel et procédés de la papeterie, des teintures et des impressions. —
M. Dehaître, rapporteur . 47 5
Classe 59. — Machines, instruments et procédés usités dans divers travaux. — M. Périsse,
rapporteur . 539
- dH '■ JMB8KP ’WfR 1 W
.P tl "l
« » ' jH^Br «- ^^jÉÜÉà ’ JhH|
jÿfÜaliWËsiE» JB*
lipj|ÉL ’$ÊÊ0i Wr^mÉr^' " fWPfr ^BSp. WvP^t*^ >: JÇH
RjÈpBSSIISBBiBiÉi
»PP-* PPr
^ggPWE^iîhtaf # v
l£2Sfi
* *. «mr ."JB
ffll§BS
8hk #• jg| 54 % ;r t ^
PPMÜftlS * jjpi
i. *JK%9HBK8|
p#aiwi
IW-lF^ • WEWm*9 .*